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22 mars 2024 5 22 /03 /mars /2024 01:01

Léon Auguste Couppé naît le 27 août 1853 à Paris. Il est le fils de Louise Félicie Samson et de son époux Nicolas François Couppé.

Son père, alors fabricant de bronze se présentera ensuite comme doreur sur métaux. La famille vit rue de Thorigny (3e arr.), où se situe leur atelier. Elle dispose également, au cours des années 1870, d’une résidence secondaire à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier tout nouvellement créé de Palissy, avenue Hugédé. Son père sera élu, à peu près sans interruption, de 1878 à 1904, au conseiller municipal de la commune dont 16 ans en tant qu’adjoint au maire. Il était républicain modéré, de tendance radicale.

Effectuant un service militaire en tant qu’engagé, au 88e régiment d'infanterie, Léon Couppé est nommé sous-lieutenant en octobre 1884. Il travaille comme fabricant de bronze dans l’atelier familial. En septembre 1887, il se marie à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne) avec Marthe Julie Henriette Lennuyeux. Ils vivent à pays, à l’adresse de leur boutique.

Le bourg de Joinville, où la famille devait vivre pendant la belle saison, est célèbre pour ses activités nautiques, natation et bateaux.

Léon Couppé devient membre de la Société nautique de la Marne, un des deux plus grands clubs d’aviron de la région parisienne, avec le Rowing club ; les deux rivaux se mesurent, chaque année par une course de bateaux à huit rameurs sur la Seine. La SN Marne est basée sur l’Île Fanac à Joinville, où elle dispose d’un remarquable garage.

En avril 1884, Léon Couppé est élu secrétaire-trésorier du conseil d’administration de la société, dont Henri Philippe est le président. Il est reconduit dans la même fonction en février 1885. Il continue de siéger comme administrateur en mars 1886 et est toujours dans cette fonction en août 1891.

L’assemblée générale le désigne comme président de la société en février 1894. Son mandat dure un an. Sur la proposition du commissaire général de l'Exposition universelle de 1900, Couppé est nommé en novembre 1894 membre de la commission des concours d'exercices physiques qui seront organisés dans le cadre de cette manifestation.

On retrouve, en juin 1895, Léon Couppé en tant que président du comité des Régates internationales organisées dans le bassin d’Asnières-Courbevoie sur la Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine).

À l’échéance de sa présidence, il devient vice-président de la SN Marne et est réélu dans cette fonction en janvier 1896.

Toujours à Joinville-le-Pont, Léon Couppé est membre du bureau de 740e section des Vétérans des armées de terre et de mer, association de secours mutuel et de mémoire, présidée localement par Théodore Létang, industriel, officier pendant la guerre franco-prussienne de 1870, et également conseiller municipal de Joinville-le-Pont. Chaque année, la société commémore la bataille de Champigny, qui s’est tenue dans cette commune mais aussi à Joinville et avait fait plus de 2 000 morts en décembre 1870.

Léon Couppé meurt le 7 janvier 1904 à Neuilly-sur-Marne (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est présenté dans l’état-civil comme sans profession, veuf, et domicilié à Joinville-le-Pont, où son décès est retranscrit. Il était âgé de 50 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

Voir aussi : François Nicolas Couppé

 

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6 mars 2024 3 06 /03 /mars /2024 00:01

Georges Pierre Lambert naît le 21 mai 1886 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il est le fils de Berthe Lévy et de son époux, Jules Lambert. Son père est capitaine d’infanterie de marine, basé à Rochefort (Charente-Maritime). Ses parents, tous deux originaires de Nancy, sont de confession israélite.

La famille s’installe à Vanves (Seine, act. Hauts-de-Seine). Ils résident en 1906 rue Diderot. Pierre Lambert, qui est alors étudiant en sciences, s’engage pour trois ans dans l’armée en octobre 1905. Il est cependant démobilisé un an plus tard, du fait de ses études. Il réintègre l’armée en 1907. Il est chimiste à la poudrerie nationale de Sevran-Livry (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il reste probablement en fonction pendant la plus grande partie de la première guerre mondiale, mais il reçoit cependant une blessure de guerre par balle, qui lui vaudra, en 1933, une pension d’invalidité partielle.

En mai 1918, il épouse à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Marie Stieffel, fille d’un médecin de la commune, lui aussi d’une famille juive, qui était installée à sa naissance à Oran (Algérie), mais venait antérieurement d’Alsace. Son épouse deviendra une artiste peintre et exposera régulièrement dans les salons parisiens.

Devenu chimiste principal en 1924, Pierre Lambert est affecté en 1930 au Laboratoire central des poudres, quai Henri-IV à Paris (4e arr.). Le couple s’installe à Joinville-le-Pont avec le docteur Stieffel, rue de Paris. Ils y sont recensés en 1931 et résident là toujours en 1938.

Pendant la deuxième guerre mondiale, malgré ses origines familiales, Pierre Lambert continue son activité. Il est muté en novembre 1940 au service des industries chimiques, à Montpellier (Hérault). Il est intégré en février 1944 au corps des ingénieurs, puis est reclassé, après-guerre, dans cette même fonction rétroactivement en février 1942. Il prend sa retraite comme ingénieur chimiste en chef en mai 1946.

Fait chevalier, à titre militaire, en janvier 1931, il est promu officier de la Légion d’honneur juste après avoir quitté son poste, en juin 1943.

La base de données Léonore (Légion d’honneur) signale que son dossier a été clôturé en 1976, ce qui indique probablement que Pierre Lambert est décédé cette année-là. Il aurait eu 89 ou 90 ans et ne semble pas avoir eu d’enfants.

Il ne doit pas être confondu avec Pierre Raymond Lambert (1910-1964), employé de banque, résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, membre de la délégation spéciale à la Libération puis conseiller municipal (1944-1947) et adjoint au maire de Joinville-le-Pont (1959-1964).

Poudrerie nationale de Sevran-Livry, bâtiment de la direction (ph. Wikipédia)

 

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17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Léon Emmanuel Tallet naît le 12 septembre 1914 à Royan (Charente-Inférieure, act. Charente maritime). Il est le fils de Jeanne Louise Cadot et de son mari Emmanuel Jean Amédée Tallet, hôtelier et maître d’hôtel

Avec sa mère, Jean Tallet vit en 1926 chez sa grand-mère maternelle à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Champignol, avenue Parmentier. Ses deux parents sont devenus secrétaire dans la même entreprise, mais ils vivent séparément, son père résidant à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne). Il meurt en 1932 hospitalisé à Paris, en ayant repris le métier de cuisinier.

Pour sa part, Jean Tallet suit les cours au collège à Saint-Maur puis fait des études.

C’est probablement lui qui est présenté dans la presse locale comme membre de la Ligue des Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite présidé par Pierre Taittinger. Active notamment à Joinville-le-Pont depuis 1927, la ligue y fait campagne, en mai 1935, en faveur de Léon Lesestre, candidat de la droite contre le maire sortant radical-socialiste Georges Briolay et contre la coalition socialiste et communiste. Il publie un appel dans le journal libéral l‘Union régionale : « Le devoir des JP, des membres du Front national et des nationaux est de barrer la route au Front commun et faire bloc sur la liste d’Union républicaine. »

Après son élection au poste de maire, Jean Tallet s’exprime au nom du comité d’arrondissement des Jeunesses patriotes : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. Le National en vente le dimanche au marché et à l’église. »

C’est encore sans doute lui qui, sous la signature J. Tallet, adresse un message de soutien au dirigeant du mouvement royaliste Action française en novembre 1936.

Toujours domicilié à Saint-Maur avec sa mère, Jean Tallet fait son service militaire, probablement en 1936. Son comportement pendant la deuxième guerre mondiale n’est pas connu ; il existe cependant un Jean Tallet, qui n’est pas identifié plus explicitement, sur la liste des Dossiers administratifs de résistants éditée par le Service historique de la Défense. Contrairement à d’autres mouvement d’extrême-droite, les organisations liées à Pierre Taittinger ont fourni des résistants à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, comme lui-même.

Ce fut le cas de Louis Richard (1896-1971), employé de chemin de fer, candidat conservateur à Joinville-le-Pont (1929), syndicaliste CFTC, décoré de la Médaille militaire. En 1935, il militait avec Jean Tallet.

Jean Tallet s’engage dans l’armée active (peut-être dès son service militaire) et devient sous-officier. Il a le grade d’adjudant en 1946. Après le décès de sa mère en 1968, il réside dans la caserne de Reuilly à Paris (12e arr.). Il y est économe en 1970.

Revenu à Saint-Maur, il épouse dans cette ville en juin 1975, à 60 ans, une de ses anciennes voisines, Simonne Francine Paudrat, sa cadette de 17 ans, qui avait suivi des études de droit.

Jean Tallet meurt le 9 juin 1994 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 79 ans.

Léon Lesestre, sympathisant de l’extrême-droite et maire de Joinville-le-Pont

 

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5 octobre 2023 4 05 /10 /octobre /2023 01:11

Pierre Jules Guillet naît le 26 juin 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue, où sa famille s’est récemment installée. Il est le fils d’Élisabeth Louise Clémence Brot et de son époux, Pierre Louis Gustave Guillet. Son grand-père maternel est un ingénieur des mines parisien ; son aïeul paternel est quant à lui un ancien danseur et professeur de danse à l’Opéra de Paris, maître des ballets à l’Opéra-Comique, et auteur de livrets de pièces musicales. Le père, Pierre Gustave Guillet se présente comme artiste à la naissance de Pierre Jules ; il est probablement musicien.

Parmi les témoins de la naissance de Pierre Jules, qui se présentent en mairie de Saint-Mandé, outre son grand-père Jean Simon Guillet, figure le grammairien et homme de lettres Charles Pierre Chapsal, qui réside alors à Paris (3e arr.), boulevard Beaumarchais.

En septembre 1835, Chapsal acquiert le château de Polangis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Pour sa part, Pierre Gustave Guillet prend en charge l’exploitation de la vaste ferme attenante au château, située sur cette commune et sur celle de Champigny-sur-Marne. Le quartier de Polangis, comme toute la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec une vingtaine de personnes sur les quelques 660 habitants de Joinville. Chapsal et Pierre Gustave Guillet resteront liés, ce dernier déclarant le décès du premier en 1858.

C’est à l'École nationale vétérinaire d'Alfort, à Maisons-Alfort, commune voisine de Joinville, que Pierre Jules Guillet fait ses études à partir de 1848. Il obtient un 2e prix à la fin de sa deuxième année en 1850 puis est reçu, en octobre 1853 au deuxième rang sur 72 reçus. À son entrée dans l’établissement, il a signé un engagement dans l’armée. Il intègre le 3e escadron des équipages, sa compagnie étant basée à Constantine (Algérie) avec le grade d’aide vétérinaire de 2e classe, qui le range parmi les officiers d’état-major. Il sert avec le même grade au 1er régiment de cuirassiers, basé à Lille (Nord) en 1857 puis l’année suivante au 2e régiment de carabiniers, stationné à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

Promu, dans la même unité, vétérinaire en 2e en septembre 1858, il a un nouveau casernement à Vendôme (Loir-et-Cher). Il est transféré en 1865 dans les carabiniers de la garde impériale, à Melun (Seine-et-Marne). Il devient vétérinaire en 1er en août 1866 au sein du 7e régiment de dragons à Verdun (Meuse), son grade étant équivalent à celui de commandant. Il rejoint, en décembre 1869, le régiment des cuirassiers de la garde impériale, à Saint-Germain (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

Il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870. Après la capitulation du 28 octobre, il est fait prisonnier et interné en Allemagne à Soest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son frère aîné, Jean Clément, alors chef d’escadron et qui sera plus tard général, est incarcéré dans le même camp que lui. Ils réussissent, en janvier 1871, à transmettre en France un message, envoyé par pigeon voyageur à Paris, la capitale étant alors encerclée par les troupes allemandes. Adressé à leur sœur, il était le suivant : « Guillet commandant, Guillet vétérinaire, prisonniers à Soest Westphalie, bien portants. »

Il est libéré suite à la signature de la paix, en avril 1871. Il sert alors au 12e régiment de cuirassiers basé au Mans (Sarthe) puis au 14e régiment d'artillerie à Tarbes (Hautes-Pyrénées). C’est dans cette unité qu’il prend sa retraite en décembre 1873, après plus de 25 ans de service militaire et sept campagnes. Il indique être domicilié en Algérie.

Pierre Jules Guillet figure dans le Livre d'or de la Légion d’honneur en tant que souscripteur ayant contribué à la reconstitution du Palais de cette institution, détruit pendant les derniers moments de l’insurrection de la Commune de Paris, le 23 mai 1871. Il participera à une autre levée de fonds, en février 1886 pour élever un monument à la mémoire d’Henri Bouley (1814-1885), qui fut son professeur à l'École vétérinaire d'Alfort, dont il fut le directeur.

Entre 1889 et 1893, Pierre Jules Guillet séjourne durant le premier semestre en Algérie, puis le reste de l’année chez sa sœur Caroline, épouse d’un tapissier, Ernest Pierre Tétrel, qui vivent rue de Seine à Seine-Port (Seine-et-Marne).

Pierre Jules Guillet meurt le 26 avril 1905 à Seine-Port. Il est âgé de 73 ans et déclaré comme étant rentier. Depuis mars 1870, il est chevalier de la Légion d'honneur, à titre militaire.

Le domaine de Polangis à Joinville-le-Pont vers 1886

 

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2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Clément Gustave Guillet naît le 3 août 1829 à Paris. Il est le fils d’Élisabeth Louise Clémence Brot et de son époux, Pierre Louis Gustave Guillet. Son grand-père maternel est un ingénieur des mines parisien ; son aïeul paternel est quant à lui un ancien danseur et professeur de danse à l’Opéra de Paris, maître des ballets à l’Opéra-Comique, et auteur de livrets de pièces musicales.

Le père, Pierre Gustave Guillet se présente comme artiste à la naissance de Jean Clément ; il est probablement musicien. La famille s’installe en 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue, puis, en 1835, de l’autre côté du Bois de Vincennes, à Joinville-le-Pont. Pierre Gustave Guillet prend en charge l’exploitation de la vaste ferme de Polangis, située sur cette commune et sur celle de Champigny-sur-Marne. Le quartier de Polangis, comme toute la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec une vingtaine de personnes sur les quelques 660 habitants de Joinville.

En août 1848, à l’âge 19 ans, il s’engage dans l’armée et est affecté au 1er régiment du génie, en tant que sapeur. Pour sa génération, il est d’assez grande taille (1 m. 82). Ayant déjà une bonne éducation, il intègre, après concours l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (Seine-et-Oise, act. Yvelines), en novembre 1850. C’est la 34e promotion de l’établissement, fondé par Napoléon en 1802, alors basée à Fontainebleau. Elle porte le nom de Kabylie. En octobre 1852, il est diplômé, au 27e rang des 270 élèves, et nommé sous-lieutenant au 1er régiment de chasseurs. Mais il poursuit son cursus en intégrant en janvier 1853 l’École d’application d’état-major, située à Compiègne (Oise). Il sort (7e sur 30) et rejoint le 41e régiment d’infanterie de ligne. Nommé lieutenant d’état-major en octobre 1854, Guillet fait un stage dans l’infanterie au 40e de ligne à Rome (Italie) puis un autre dans la cavalerie au 4e dragons, à Limoges (Puy-de-Dôme).

Nommé capitaine en octobre 1856, il est pris comme aide de camp par le général Joachim Ambert, qui était également écrivain. En mai 1859, le capitaine Guillet intègre l’état-major de l’armée d’Italie, qui va permettre l’unification du pays en combattant l’empire autrichien. Revenu en France en juin 1860, il devient l’aide de camp du général Lapérouse à Lyon. Il est appelé à participer en mai 1863 à une autre expédition, celle au Mexique, en soutien à l’empereur Maximilien. Il restera presque quatre ans sur place. Son comportement lui vaudra trois citations : en novembre 1863, pour la bataille de Maravatio-Tacámbaro, dans laquelle la légion belge, alliée des impériaux mexicains et des français, sera battue par les troupes républicaines ; en janvier 1865, pour les combats de Las Higueras ; puis en mai de la même année, pour ceux de La Pasion. Il est rapatrié en mars 1867 avec le retour des troupes françaises.

Toujours capitaine, il rejoint l’état-major général de la garde impériale, avec laquelle il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870. Il combat pour la défense de Metz en août et septembre, mois où il est promu chef d’escadron (commandant). Après la capitulation du 28 octobre, il est fait prisonnier et interné en Allemagne à Soest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son frère cadet, Pierres Jules, également officier vétérinaire, est incarcéré dans le même camp que lui. Ils réussissent, en janvier 1871, à transmettre en France le message suivant, qui sera envoyé par pigeon voyageur à Paris, la capitale étant alors encerclée par les troupes allemandes. Adressé à leur sœur, le message était le suivant : « Guillet commandant, Guillet vétérinaire, prisonniers à Soest Westphalie, bien portants. »

Après la signature de la paix, en avril 1871, il revient en France et est affecté à l’armée de Versailles, qui combat la Commune de Paris insurrectionnelle. Il est envoyé à Dijon (Côte-d'Or) en novembre 1873 comme chef d’état-major de la 15e division d’infanterie.

C’est à la fin de cette mission qu’il épouse, en février 1876 à Paris (8e arr.) Marguerite Madeleine Pagès. Le nouveau couple s’installe à Paris, où il est appelé au 2e bureau de l’état-major général du ministre de la guerre, en février 1876. Il y est chargé de la statistique et de l’étude des armées étrangères. Promu lieutenant-colonel en août la même année, nommé chef d’état-major de la 10e division d’infanterie à Rennes.

En novembre 1880, Guillet quitte pour un temps les fonctions d’état-major pour prendre, avec le grade de colonel, la tête du 91e puis du 95e régiment d’infanterie à Bourges (Cher).

Redevenu chef d’état-major du 7e corps d’armée à Besançon (Doubs) en mars 1886, il obtient, en conservant ce poste, le grade de général de brigade en juillet la même année. Dans la capitale de la Franche-Comté, le général Guillet est une personnalité publique en vue, participant à de nombreuses cérémonies officielles ou actions caritatives. Atteint par la limite d’âge, il quitte l’armée active en août 1891, à l’âge de 62 ans.

Il ne va cependant pas cesser son activité militaire. Dans le cadre de réserve, il est appelé pour diriger des manœuvres impliquant troupes régulières et réservistes territoriaux. C’est le cas en septembre 1892 à Orléans (Loiret) puis en mai 1893 à Belfort et de nouveau en septembre la même année, avec son ancien 7e corps d’armée.

Au moment où il a quitté ses fonctions d’active, le général Guillet, domicilié à Besançon, est désigné comme délégué régional de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge). Il renonce à cette fonction en février 1893, mais accepte d’être élu vice-président du comité de Besançon de cette association en mai la même année.

Jean Guillet meurt le 26 juillet 1898 à Besançon, dans son domicile de la Grande-Rue. Il était âgé de 68 ans. Il ne semble pas avoir eu d’enfants.

Dans la Légion d’honneur, Jean Guillet était chevalier depuis novembre 1863, officier en novembre 1872 et commandeur en mai 1889. Il avait reçu les médailles commémoratives de la campagne d’Italie et de la campagne du Mexique. Il disposait également de la médaille de la Valeur de Sardaigne depuis mars 1860 et de la décoration Notre-Dame de Guadalupe du Mexique depuis novembre 1867.

Le chanoine Joseph Eugène Payen (1853-1938), aumônier militaire du 7e corps d’armée, officier de la Légion d’honneur, a publié en 1904 à Besançon Le Général Guillet 1829-1898 Quarante-quatre ans de vie militaire au XIXe siècle 1848-1892 (éd. Jacquin).

Le général Guillet à Orléans en septembre 1893

 

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20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 01:01

Bernard Marie Joseph Thorel naît le 10 août 1905 à Pontlevoy (Loir-et-Cher). Il est le fils de Marie Josèphe Geneviève Madeleine Sausse et de son époux Philippe Charles Louis Thorel.

Il est le deuxième des huit enfants du couple et le premier garçon. La famille est installée en 1911 à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine), où son père est assureur. Il meurt en février 1920, Bernard ayant 14 ans.

Bien que fils aîné d’une veuve, ce qui aurait pu lui valoir une dispense de service militaire, Bernard Thorel passe en 1925 le concours pour devenir élève-officier. Alors soldat au 24e régiment d’infanterie, il est reçu et devient sous-lieutenant. Il effectue probablement sa période dans l’armée au sein de l’École normale de gymnastique et d’escrime qui devient en décembre 1925, l’École supérieure d’éducation physique. Basée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le Bois de Vincennes, elle est rattachée, comme la totalité du Bois en avril 1929 à la ville de Paris. Thorel est nommé lieutenant de réserve en mai 1930.

Engagé dans le mouvement scout, Bernard Thorel, alias Ours des Neiges, est l’un des fondateurs en 1923 de la troupe de L’Île-Saint-Denis avec André Linsi. Il est aussi en mars 1926 le chef de la troupe dite 1re Cuts. En sommeil une partie de l’année, elle se réunit dans l’Oise avec d’autres troupes au Camp de Vieux-Moulin. En janvier 1931, Bernard Thorel crée une nouvelle troupe à Joinville-le-Pont. Il est breveté du centre de formation du scoutisme en France, qui fonctionne au château de Chamarande (Seine-et-Oise, act. Essonne).

Après avoir quitté l’armée, Bernard Thorel entreprend en 1932 des études à la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris. Il est reçu au baccalauréat en 1933 et obtient cette même année des certificats de grec biblique et d'hébreu. Il reçoit, avec mention honorable, le diplôme d'études supérieures de philosophie en novembre 1934. Sa thèse, présentée en Sorbonne, est consacrée au fondateur du mouvement de jeunesse : Le scoutisme de lord Baden-Powell, méthode et vie ; elle est éditée en 1935, avec une préface d’Albert Millot, professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand (Paris).

Ayant connu un important développement, en passant de 10 000 scouts en France en 1920 à 72 700 en 1937, le scoutisme commence à faire l’objet de l’attention des chercheurs. Pour l’hebdomadaire Sept, Thorel montre « la cohérence et le réalisme » du scoutisme français (décembre 1936). Le quotidien catholique La Croix salue « une recherche en profondeur pour l’expliquer, une pensée qui cherche à définir une vie (décembre 1936). Thorel soutient que « l'unité profonde du scoutisme doit être recherchée dans la vie même du Chef-Scout Baden-Powell, colonial et chevalier » selon Les Essais catholiques (octobre 1938). Dans la Revue dominicaine, Ceslas Forest, résume l’ouvrage : « Le scoutisme a pour but de faire d’abord, de la génération de demain, une génération d'hommes sains et forts (…) Le but ? Nous allons dire immédiatement que c’est le service du prochain et l’accomplissement de notre devoir de citoyen. »

Ultérieurement, la thèse de Thorel a servi de référence. Émile Poulat, dans les Archives de Sciences Sociales des Religions, oppose Bernard Thorel, apologiste du scoutisme, à ses adversaires au sein de l’église catholique à son origine (1995). Dans un mémoire de master, Manon Radiguet de la Bastaïe, assure que Thorel précise les principes pédagogiques du scoutisme : le service du prochain, la progression personnelle (2018).

Thorel est également licencié en décembre 1936, toujours à l'Institut catholique.

Pendant son cursus à la Catho de Paris, Bernard Thorel est ordonné prêtre catholique en avril 1935 au séminaire des Carmes, implanté au sein de l’établissement rue d’Assas à Paris (6e arr.). Il est nommé préfet de division au collège Saint-Jean de Passy, institution privée catholique rue Raynouard, dans le 16e arrondissement de Paris. D’abord en charge de la quatrième puis de la première division, il devient préfet des sports en 1937. Pour l’historien du lycée, Jacques Houssain, il donne à cette fonction une « vigoureuse impulsion, organisant entre-autres un camp de neige dans le Jura » (2015). Dans l’hebdomadaire Benjamin, l’abbé Thorel reconnait que l’institution était très en retard en matière d’éducation physique et assure mettre « les bouchées doubles ou même triples » (janvier 1939).

S’il n’est plus directement dans le scoutisme, Bernard Thorel est cependant nommé chef de troupe honoraire en juillet 1936. Il est également nommé aumônier du clan Charles de Foucauld, qui regroupe des scouts de l’école militaire de Saint-Cyr.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le lieutenant Bernard Thorel est aumônier des prisonniers de guerre de l’Oflag X-D, situé à Fischbek, un quartier de l’arrondissement de Hambourg-Harbourg (Allemagne). Sa « valise chapelle » est déposée au Musée de la Libération de Paris (14e arr.). Elle lui avait été offerte par Mgr Léon-Albert Terrier, évêque de Tarentaise et expédiée en 1940 par Jean Rodhain, de l’Aumônerie des prisonniers de guerre de l’église catholique à Paris. Elle porte une étiquette : « Que ma peine d'aujourd'hui comme votre sacrifice, Seigneur, serve à la libération de tous mes frères. »

Établi en mai 1941, l'Oflag X-D a été le lieu de l’invention d’un réchaud de fortune par un officier polonais, baptisé « choubinette » par des officiers belges. En juin et juillet 1942, des prisonniers français organisent une kermesse au profit du Secours national, distributeur des secours en temps de guerre. Pendant un mois, on y organise musique, théâtre, sport, jeux scouts, ventes aux enchères… Le camp est libéré en mai 1945 par les troupes britanniques.

Après son retour de captivité, Bernard Thorel reprend sa fonction de préfet des sports à Saint-Jean de Passy. Il l’exerce jusqu’en 1947. Dans la réserve de l’armée de terre, il est promu capitaine en septembre 1949.

Est-ce lui le « Bernard Thorel, directeur de colonies de vacances » qui est victime, le 22 juillet 1946, d’un accident près de Forbach ? Un autocar transportant une vingtaine d’enfants français s’est écrasé dans un ravin d’une trentaine de mètres, dans la vallée de Ia Murg, causant la mort de trois enfants. Sept autres sont blessés et, comme quatre accompagnateurs adultes, transportés à l’hôpital militaire de Baden-Baden.

Bernard Marie Joseph Thorel meurt le 8 août 1975 à Paris (15e arr.) alors qu’il était hospitalisé. Il résidait alors rue Carnot à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Il était toujours ecclésiastique et âgé de 69 ans.

La « valise chapelle » de Bernard Thorel, Musée de la Libération de Paris

 

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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 01:00

Début de la biographie d’Eugène Ramelet

Eugène François Marie Ramelet naît le 14 mars 1872 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Salomé Bülher et de son époux Eugène Ramelet, gardien de la paix. Sa mère est d’origine alsacienne, sa famille ayant fui l’invasion allemande de 1870 tandis que son père est natif de Franche-Comté (Doubs). Ils vivent rue de la Folie-Méricourt.

Alors qu’il est étudiant et réside rue Pierre-Nys (11e arr.), Eugène Ramelet fils s’engage pour trois ans dans l’armée en mars 1890 à Paris (7e arr.). Il est affecté au 52e régiment d'infanterie. En octobre de cette année-là, il devient caporal. Nommé sous-officier, avec le grade de sergent, en juillet 1891, il finit son service militaire en mars 1893.

Devenu chef machiniste l'Opéra-Comique, théâtre lyrique de Paris (2e arr.), Eugène Ramelet est remarqué par la presse à l’occasion de la programmation de Grisélidis, de Jules Massenet en novembre 1901. Gil Blas commente « l’admirable organisation de la machinerie qui a opéré des prodiges », saluant le « jeune et distingué chef machiniste » grâce auquel le fonctionnement de la machinerie « a été absolument merveilleux ». Pour le quotidien parisien, « M. Eugène Ramelet s'est révélé hier comme un maître de machinerie de tout premier ordre ». Parmi d’autres journaux culturels, Le Gaulois qualifie Ramelet « d'habile chef machiniste » (janvier 1904) tandis que Comœdia le classe parmi « les trois mousquetaires qui ont la garde et le souci du plateau de l'Opéra-Comique, de ses frises et de ses dessous » (janvier 1909).

En juillet 1902, à Paris (3e arr.), Eugène Ramelet, qui vit alors rue Richelieu, épouse Hélène Blanche Chap, fleuriste. Ils s’installent dans le 2e arrondissement, rue d’Aboukir puis rue du Sentier. Ils divorceront en juillet 1914.

Secrétaire de l'Association des chefs machinistes en septembre 1909, reçoit avec une délégation de son organisation, le nouvellement créé syndicat des machinistes, affilié à la Confédération générale du travail (CGT). Il y adhérera. Il défend la revendication d’amélioration de leur situation matérielle, remarquant dans Comœdia que les députés viennent de s’octroyer 66% d’augmentation. Avec le soutien des autres chefs machinistes, L'Association des directeurs de théâtres de Paris signe un accord avec le syndicat.

Un an plus tard, à l’occasion d’une grève des machinistes en octobre 1910, Eugène Ramelet regrette son engagement syndical. Il s’en expliquera en mai 1912. Selon lui, « toute entente était impossible avec les révolutionnaires de la CGT » et il mettait en garde « contre les principes dissolvants des organisations révolutionnaires ». Il poursuit son engagement social en étant président en juillet 1912 de l'Œuvre de la maison de retraite du personnel du spectacle, qui installe une maison d’accueil en forêt de Montmorency à Saint-Brice (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise).

En juin 1911, Ramelet embarque vers Buenos-Aires. La traversée en bateau dure 21 jours. Il débarque en avant-garde afin de recevoir les décors envoyés de l'Opéra-Comique pour une tournée dans la capitale de l’Argentine. Il recrute une équipe italo-espagnole afin de disposer la scène de l'Opéra de Buenos-Aires et manier les décors. Prévue pour 36 représentations, la troupe, dirigée par Albert Wolff en fera 39, pour répondre à une très forte demande. Elle crée dans la ville Pelléas et Mélisande (Claude Debussy), puis présente Louise (Gustave Charpentier), La Reine Fiammette (Xavier Leroux), Le Roi d'Ys (Édouard Lalo), Le Mariage de Télémaque (Claude Terrasse), Fortunio (André Messager), Carmen (Georges Bizet), Manon, Griselidis, Le Jongleur de Notre-Dame, ainsi que Werther (Jules Massenet), Lakmé (Léo Delibes), Mignon et Caïd (Ambroise Thomas), et enfin, seule œuvre non française, Madame Butterfly (Giacomo Puccini). Les spectacles rencontrent un franc succès.

Toujours chef machiniste à l'Opéra-Comique, Eugène Ramelet crée en décembre 1910 avec deux ingénieurs, le constructeur Abel Pifre et l’architecte Eugène Ferret, une société anonyme appelée Constructions scéniques et théâtrales ; ils la dissolvent cependant, sans qu’elle ait eu d’activité, en mars 1911.

La collaboration de Ramelet avec Ferret va cependant se poursuivre, notamment pour l’aménagement du théâtre du Casino de Trouville (Calvados) en 1912. Il intervient également à Paris pour la Gaîté lyrique (3e arr.).

Lors du départ d’Albert Carré, directeur de l’Opéra-Comique, en janvier 1914, c’est Ramelet qui s’exprime au nom du personnel de l’établissement.

Plusieurs organismes opposés à la franc-maçonnerie signalent qu’il y est affilié depuis 1906. Au cours d’une cérémonie tenue au siège du Grand Orient de France, rue Cadet (9e arr.), il est initié au 18e degré selon le rite écossais, ce qui lui octroie le titre de « Souverain Prince Chevalier Rose-Croix ». La cérémonie était organisée par les loges Les Amis Bienfaisants et Les Vrais Amis Réunis.

À suivre

Symbole de la loge maçonnique Les Admirateurs de l'Univers

 

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12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 19:44

Auguste Jules Forgeot naît le 25 septembre 1874 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Lucien Étienne Forgeot et de son épouse Anna Caroline Courtin, qui sont domiciliés à Châtellerault où son père est en garnison.

Il voit le jour au château de Polangis dont son grand-père maternel, Auguste Courtin, est le propriétaire. Celui-ci est également alors le maire de cette commune. Il la quittera l’année suivante pour s’installer à Salbris (Loir-et-Cher), où il exploite un domaine agricole, devenant de nouveau maire de Salbris et conseiller général du Loir-et-Cher. Auguste Courtin était le fils adoptif, et probablement le fils naturel de Charles Chapsal, grammairien, qui fut son prédécesseur comme maire et Joinville et avait acheté le domaine de Polangis.

La famille paternelle d’Auguste Forgeot remonte à de riches marchands de grains, bourgeois de Paris au XVIIe siècle. Claude-Etienne Forgeot (1728-1788) fut Premier apothicaire du Roi de 1769 à 1779 tandis que son épouse, Louise Routier, était femme de chambre de la fille de Louis XV, Madame Sophie.

Leurs descendants firent carrière dans l’armée. Etienne-Henry Forgeot (1774-1853) a été commissaire des subsistances de la Marine et chevalier de la Légion d’honneur. Jules-Etienne Forgeot (1809-1877), officier d'artillerie, fut général de division et élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. Enfin, son père, Lucien Etienne Forgeot (1844-1910), colonel d'artillerie, était officier de la Légion d'honneur.

À l’instar de ses ascendants, Auguste Forgeot, qui est l’aîné de sa fratrie de trois garçons, s’inscrit à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et est admis à concourir aux épreuves orales en juin 1895. Il s’engage pour trois ans dans l'artillerie et est intégré en novembre 1895 comme canonnier au 32e régiment d'artillerie (RA). Il est promu brigadier en avril 1896 puis sous-officier, comme maréchal des logis en mai 1897. Il prolonge son contrat pour deux ans en 1898 puis est admis, en mars 1900, à suivre les cours de l'école militaire de l'artillerie et du génie, devenant officier en avril et renouvelant son contrat pour trois années de plus. Il sort diplômés en mars 1901 en tant que sous-lieutenant, affecté au 37e RA.

Le mariage de Joséphine Marie Madeleine Lasserre, fille d’un négociant, avec Auguste Forgeot est célébré à Bayonne (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques) en avril 1902. Le Pays basque deviendra désormais le lieu principal de vie de la nouvelle famille, en dehors des casernements militaires.

Devenu lieutenant en avril 1903, Auguste Forgeot est promu capitaine en septembre 1911, il est placé en congé spécial pour trois ans sans solde à compter de décembre la même année, semble-t-il pour raisons de santé. Il s’installe à Anglet (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques), dans la villa Mirambeau. Sa propriété est une exploitation agricole. Il obtient en 1912 un prix pour les taureaux qu’il élève.

Rappelé dès le début de la première guerre mondiale, Auguste Forgeot dirige une batterie au sein du 14e RA. Il sera cinq fois cité, à l’ordre de la division, de l’armée et du corps d’armée. En juillet 1915, on vante sa « grande habileté technique ». En juillet 1916, c’est son « dévouement inlassable » joint à une bravoure et une conscience remarquable qui sont récompensés. Pour le 14 juillet 1917, il est signalé comme s’étant « particulièrement distingué devant Verdun », « avec autorité et compétence ». On loue en juin 1918 « son calme et son énergie ». Enfin, en octobre 1918, son « exemple extrême » est cité comme ayant « soutenu le moral de sa troupe exténuée de fatigue. »

Un fait original est remarqué des autorités militaires : alors que son activité ne l’y conduisait pas, Forgeot fait en juin 1916 un séjour dans des tranchées au milieu des soldats, faisant lui-même le coup de feu au cours d’une attaque ennemie. Cette démarche lui aurait permis de rapporter « des renseignements de première importance », dont la nature n’est cependant pas précisée.

Vers la fin de la guerre, Auguste Forgeot, qui avait rejoint le 202e RA l’année passée, est nommé chef d’escadron (commandant) en juillet 1918 d’abord à titre provisoire, puis confirmé à titre définitif en septembre. Il est démobilisé en décembre 1918. Il était alors au 258e RA.

Reprenant une activité civile à Anglet, Forgeot exerce au sein d’une société industrielle, la maison Léglise, implantée au Pays Basque et exploitant le bois des Landes pour réaliser notamment des traverses destinées aux chemins de fer. Elle est en particulier spécialiste du créosotage, l’imprégnation chimique du bois pour en assurer la conservation. Albert Lasserre, beau-père de Forgeot, est le Pdg de cette société.

Poursuivant en parallèle son exploitation agricole, il fait figure de pionnier dans la culture du lin en 1920.

Apparaissant comme une personnalité locale, Auguste Forgeot va assurer un nombre important de responsabilités associatives. Il adhère en 1917 à la Société des sciences, lettres, arts et d'études régionales de Bayonne et en fait toujours partie en 1926. Il est le président de la section locale de l’Union des combattants d'Anglet en 1923 et exerce encore ce mandat en 1927. Il est également à la tête du Syndicat agricole d’Anglet en 1925 et conserve la fonction en 1927 ; il finançait des prix pour l’élevage depuis 1923, une dotation qui continuera après sa disparition ; il adhère aussi à la Société des agriculteurs de France. Forgeot fait partie des fondateurs et administrateurs de la Caisse d’épargne et de prévoyance de la ville et de l’arrondissement de Bayonne en 1924.

Enfin, en mai 1924, il participe à la relance de la Société d'Encouragement de Bayonne-Biarritz pour l'amélioration de la race chevaline, qui se donne pour objectif « d’organiser chaque année un des plus beaux meetings de France » dans son hippodrome de la côte basque. Elle est présidée par Maurice Labrouche, ancien maire de Tamos (Landes) et Forgeot en est le secrétaire.

En tant que personnalité influente, Auguste Forgeot est sollicité par le sénateur-maire d'Anglet, également conseiller général des Basses-Pyrénées, Albert Le Bariller. Il figure en mai 1925 sur sa liste, qui est étiquetée Union Républicaine (centre-droite). Anglet, comme les autres communes de la côte basque, est dirigée par des élus de cette tendance, sauf Bayonne, plus à gauche. Forgeot arrive en 4e position des candidats élus dès le 1er tour, avec un score meilleur que celui de Le Bariller. Leur liste emporte tous les sièges. Si Forgeot ne fait pas partie des trois adjoints au maire élus en 1927, il sera présenté en 1927 comme ayant cette fonction par plusieurs personnes lui rendant hommage, mais pas par la presse.

Avant d’être définitivement relevé de ses obligations militaires, il est nommé, dans la réserve, au titre de lieutenant-colonel en décembre 1926.

Auguste Forgeot meurt le 14 septembre 1927 à Anglet, selon l’état-civil. Cependant, le quotidien Paris-soir précise que son décès est intervenu « au cours d'un voyage d'affaires à Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées) » ; pour L'Indépendant des Basses-Pyrénées c’est à Saint-Christau, village adjacent à Oloron et dépendant de la commune de Lurbe-Saint-Christau, qu’il est mort. Il était âgé de 72 ans et est inhumé dans le caveau familial du cimetière de Marracq à Bayonne.

Dans leurs nécrologies, L'Indépendant des Basses-Pyrénées le qualifie d’« Officier d’artillerie des plus distingués » ; La Gazette de Bayonne estime qu’il était « dévoué à foules les œuvres patriotes et de bienfaisance. »

Décoré de la Croix de guerre, Auguste Forgeot était chevalier de la Légion d’honneur depuis juillet 1917 et avait été élevé au grade d’officier en juillet 1926. Une rue d’Anglet porte le nom d’impasse Colonel-Forgeot.

Le couple Forgeot a donné naissance à six enfants. L’aîné, André (1904-1940), agent général d'assurances à Lille (Nord), était lieutenant de cavalerie pendant la deuxième guerre mondiale ; il fut tué à l'ennemi en juin 1940 lors de combats dans les Vosges et fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Un autre fils, Bertrand, se distingua lors de combats en juillet 1944, au cours de la campagne d'Italie et fut décoré de la Croix de guerre. Une de ses filles, Marie Thérèse, fut religieuse salésienne et missionnaire en Inde.

Parmi leurs petits-enfants, Dom Antoine Forgeot (1933-2020) est un moine et prêtre catholique. Il a été le troisième Père abbé de Notre-Dame de Fontgombault, dans l'Indre, abbaye bénédictine de la congrégation de Solesmes.

Auguste Forgeot, arch. fam.

 

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17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 00:01

Louis Édouard Burgard naît le 11 janvier 1888 à Troyes (Aube). Il est le fils de Sophie Mathern et de son mari Louis Napoléon Burgard, employé de la compagnie des Chemins de fer de l’Est. Ils résident rue Traversière. Ses parents sont originaires d’Alsace, ayant quitté le pays suite à l’occupation allemande de 1870. Ils sont germanophones et profondément catholiques.

Inscrit au Petit-Séminaire de Troyes, Édouard Burgard se classe chaque année en première ou deuxième place des élèves et est reçu, avec mention, au baccalauréat en juillet 1905. Il avait obtenu en 1904 un accessit en version latine au concours général de l’institut catholique de Paris.

Le 30 juin 1907, Édouard Burgard est ordonné prêtre dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes par Mgr Sébastien Herscher, évêque de Langres. Il devient professeur au Collège Urbain IV, établissement catholique privé de Troyes.

D’octobre 1909 à septembre 1911, il fait son service militaire au sein du 37e régiment d'infanterie. Il devient caporal en avril 1910 puis sous-officier, comme sergent, en septembre la même année.

Édouard Burgard s’implique dans le mouvement catholique progressiste La Jeune République, fondé après la dissolution du Sillon, dans la fidélité aux idées de Marc Sangnier. Il signe, en septembre 1912 dans l’hebdomadaire de la formation politique un article intitulé Élections d’autrefois où il entend « calmer un peu les irréductibles de l’Action française », parti royaliste et antisémite. Il illustre la corruption des mœurs politiques sous la Restauration.

Il livrera plusieurs articles, de février à juin 1914, consacrés à la situation de l’Alsace, en utilisant le pseudonyme d’Édouard Oberlé. Parlant de la région d’origine de sa famille, il estime qu’elle « remplirait, dans la liberté, ce qui semble bien être sa mission providentielle, sa vocation : rapprocher et réunir deux grands peuples, deux races, deux génies ». Il considère qu’elle « se vengera du pangermanisme en semant la Liberté ! » Il qualifie la politique allemande comme une « oppression économique de l’Alsace-Lorraine. »

Poète, il a obtenu au premier semestre 1914 une lyre d’or au concours du Palinod pour À l’Alsace éternelle.

Son frère cadet, Raymond, lui est manifestement lié. Il suit également ses études secondaires au Petit-Séminaire (transféré à Saint-Dizier, après la séparation de l’église et de l’État en 1905) et est également, à compter de 1914, engagé dans La Jeune République.

Les deux frères se rendent à l’enterrement de leur grand-père paternel, François Michel Burgard, cultivateur, âgé de 83 ans, décédé le 22 juillet 1914 à Niederlauterbach où il était né, dans le nord de l’Alsace. Ils sont toujours en Allemagne le 1er août, quand fut publié l’ordre français fixant le premier jour de la mobilisation générale au 2 août.

Comme ce fut le cas en France à la même date pour les sujets Allemands et Autrichiens, les Français présents sur le territoire de l’empire n’ont plus le droit de le quitter et sont internés dans des camps. C’est le cas de Raymond, qui sera conduit à Holzminden, dans le Brunswick. Par contre, Édouard put, non sans difficulté selon les témoignages, regagner la frontière et rentrer en France.

Immédiatement, il fut réincorporé à son ancien régiment, le 37e d’infanterie qui est alors divisé, lui-même étant incorporé au 237e. Il est envoyé sur la frontière lorraine, toujours comme sergent. Le 25 août 1914, il participe à la contre-attaque initiée par le général Édouard de Castelnau. Il est déclaré disparu.

Il a été tué dans des circonstances racontées par un officier, non nommé, dont la lettre est publiée par la Revue catholique de Troyes (1915/04/24) : « Arrivés à 600 mètres de la lisière ouest du bois, nous sommes tombés sous un feu intense de mitrailleuses. Burgard, qui se trouvait en serre-file, la section placée à ma gauche, s’est détaché pour venir m’offrir ses bons offices. Ceci était le résultat de conversations antérieures au cours desquelles je luis avais dit : « Le jour où ça chauffera, bien qu’en temps ordinaire je ne sois pas pratiquant, je compte sur vous pour me mettre en règle avec ma conscience ». Esclave du devoir, mon brave sergent s’est donc rapproché de moi. Je me trouvais en ce moment à genoux, face au bois. Burgard se mit face à moi, me couvrant, pour ainsi dire de son corps. Il commença la conversation. (…) Je ne lui avais pas encore répondu qu’il ouvrit les bras, ouvrit de grands yeux que je revois encore, et, tombant sur moi, il eut la force de me dire : Ils m’assassinent ! Il avait reçu, par derrière, à travers son sac, une balle qui était allée droit au cœur. Il n’a pas souffert. Je suis convaincu que, dans la circonstance, il m’avait peut-être sauvé la vie puisque j’étais sur la trajectoire. (…) Voilà ce que, encore tout contristé, je puis vous dire sur les derniers moments du fidèle et loyal soldat que nous avons le devoir de pleurer. »

La missive est reprise par différents organes de presse, comme La Croix, Courrier breton, La Grande guerre du XXe siècle.

Le date de son décès diffère selon les sources : son livret militaire et le Journal officiel mentionnent le 10 octobre 1914 ; ce dernier organe précisant, pour l’attribution de la Médaille militaire, qu’il est « mort glorieusement pour la France au combat de Champenoux » qui ont lieu à cette date. Cependant, un jugement du tribunal civil de Troyes, rendu le 11 septembre 1917, précise que cette date est celle de la découverte de son corps et fixe la mort au jour de sa disparition, le 25 août 1914. C’est cette même date qui était déjà, antérieurement à la décisions judiciaire, mentionnée dans la presse et par sa famille.

Le lieu du trépas est lui aussi variable dans les mentions qui en sont faites, qui le situent toutes dans le département de Meurthe-et-Moselle. En accord cette fois avec les sources militaires, le jugement le fixe à Champenoux. Cependant, le témoignage de l’officier parle de la ferme Saint-Libaire, dans la commune de Serres. La famille cite le village limitrophe de Courbesseaux, situé à huit kilomètres de Champenoux. Il est probable que cette commune fut celui où le corps fut transporté et la mort constatée, les combats du 25 août s’étant déroulés principalement autour de Courbesseaux. Le décès eut donc probablement lieu dans cette commune ou dans celle de Serres.

À titre posthume, Édouard Burgard a été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze et, en avril 1921, de la Médaille militaire. Il est mentionné dans le Livre d'or du clergé et des congrégations. Son nom est sur le monument aux morts de la ville de Troyes.

Le quotidien La Croix considère qu’il s’agit d’une « Belle figure de prêtre soldat ». En septembre 1918 dans Nos annales de guerre, publié par La Jeune République, son frère Raymond, libéré et transféré en Suisse, lui rend hommage : « Il fut prêtre, Alsacien et démocrate. Et il fut fout cela passionnément, car une âme ardente se cachait sous son masque tranquille et parfois un peu sévère. C’est pour ce triple idéal, d'ailleurs, qu’il mourût. Il fut frappé d’une balle au moment où il protégeait de son corps son capitaine, afin de pouvoir entendre sa confession, et il tomba dans cette guerre où nos soldats veulent conquérir, à la pointe de leurs baïonnettes, et la liberté du monde et cette Alsace qu’il chérissait d’un amour filial. Tempérament fortement trempé et d’un parfait équilibre, esprit largement ouvert et très cultivé, heureux de vivre, parce que vivre c’est agir, il avait devant lui une vie pleine de promesses. »

En juin 1973, la Société académique de l'Aube, consultée pour proposer Des noms pour les rues de Troyes mentionna « Les frères Burgard : l'un, Raymond, résistant, a été exécuté à la hache à Cologne en 1944 ; le second, Edouard, sergent, a été tué en Lorraine en 1914 ». la ville ne retint que celui de Raymond pour le nommage d’une de ses voies.

Édouard Burgard (arch.)

 

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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 00:01

Fernand Ignacio Paraïso naît le 12 août 1892 à Porto-Novo (Dahomey, act. Bénin). Il est le fils de Fernande Séhéfi et d’Ignacio Souleyman Paraïso dont elle est la troisième femme. Conseiller du roi de Porto-Novo, chef de la communauté musulmane, exploitant d’une plantation agricole, Ignacio Souleyman Paraïso était devenu une personnalité du Dahomey, seul indigène nommé membre du conseil d’administration de la colonie française et conseiller municipal de Porto-Novo, qui en était la capitale. Il était lui-même le fils d’Odio dit José Piquino Paraïso, déporté comme esclave au Brésil puis revenu Afrique au service d’un trafiquant d’esclave, devenu à la mort de ce dernier au service du roi. Elepo, le père d’Odio et donc l’arrière-grand-père de Fernand Paraïso, était un prince Yoruba de l’actuel Nigéria, dont une partie de la famille fut prise en esclavage après la perte de son village natale au cours de guerres intestines.

Ignacio Paraïso avait environ 55 enfants avec au moins quatre épouses. S’il était un notable islamique, il avait été baptisé et à peu près de la moitié de ses enfants étaient catholiques et élevés dans des écoles chrétiennes, ce qui fut sans doute le cas de Fernand. Ignacio Paraïso participa à l’Exposition universelle de Paris en 1900 et fut décoré du Mérite agricole ainsi que chevalier de la Légion d’honneur.

Fernand Paraïso, qui aurait également porté le prénom africain d’Aboudou, bénéficia d’une bourse de l’Alliance française pour poursuivre des études en France. Il intégra en 1909 l’Institution du Parangon, école coloniale située à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dirigée par le docteur Henri Rousseau. Parmi ses condisciples, on peut citer le Vietnamien Nguyen Thé Truyen, qui fut compagnon d’Hô-Chi-Minh avant de s’en éloigner.

Dès la première année, le parcours scolaire de Fernand Paraïso fut brillant : prix d'excellence en août 1910 ; brevet d'aptitude militaire et médaille de bronze au tir en juillet 1911, en plus de ses mentions en horticulture et topographie ; prix de Géographie en juillet 1912 et nouvelle médaille de tir, dont il était devenu militaire ; prix « colonial » en juillet 1913, médaille d'or de tir. Enfin, il reçoit le prix de la fondation Ferdinand Rousseau (ancien maire de Joinville-le-Pont) en juillet 1914.

Non concerné par des obligations militaires du fait de son statut d’indigène, Fernand Paraïso s’engage cependant le 1er septembre 1914 pour la durée de la guerre à Paris (12e arr.), probablement au fort de Vincennes. Il est affecté au 163e régiment d’infanterie. En novembre 1914, il devient caporal puis en avril 1915, sergent. Il rejoint le 36e régiment d’infanterie en juin 1916. Naturalisé français en décembre 1917, et de ce fait soumis au service militaire, Fernand Paraïso reste dans l’armée après la fin de la guerre. Il devient aspirant, donc officier, en février 1919 et est démobilisé en août la même année.

Son comportement pendant le conflit lui a value deux citations. En octobre 1916, il est cité à l’ordre de la 5e division d’infanterie : « Sous-officier très brave, très discipliné, a été blessé 5 septembre 1916 au cours d’une patrouille ayant pour mission l’attaque d’un petit poste ennemi. Malgré sa blessure, a conservé le commandement de sa patrouille et a pu, grâce à son énergie, ramener tous ses hommes ».

Il est de nouveau cité à l’ordre du 3e corps d’armées en septembre 1917 : « Le 10 septembre 1917, volontaire pour une expédition dans les lignes allemandes, a été grièvement blessé en abordant résolument et avec un entrain digne de tous les éloges, un poste avancé. Quoique blessé, persistait à poursuivre son but. Ne s’est replié que sur l’ordre de son chef de patrouille. »

Plusieurs blessures ont affectées Fernand Paraïso : en avril 1915 à Flirey (Meurthe-et-Moselle), il a des plaies à la tête et au bras, dues à des éclats d’obus ; en septembre 1916 aux Éparges (Meuse), il est victime d’éclats de grenade au bras droit ; en septembre 1917 à Heurtebise, c’est sa face qui est touchée de nouveau par des éclats de grenade.

Après-guerre, Fernand Paraïso reste vivre à Joinville, quai de la Marne. Il exerce comme caissier-comptable. En 1921, il a comme compagne Blanche Berthier, couturière à façon. Il est l’un des fondateurs, en octobre 1919, de l’association Union sportive de Joinville (USJ) dont le président est Stephen Durande, futur maire de Joinville. Paraïso en est le secrétaire ; il est remplacé dans cette fonction l’année suivante par Antoine Liou, employé d’octroi et conseiller municipal.

En février 1925 à Joinville, Fernand Paraïso, qui a déménagé impasse Jules Rousseau, toujours à Joinville, épouse Clara Alphonsine Suzanne Janvier, employée de banque. Ils s’installent à Paris rue Vavin.

Dans la réserve de l’armée, Fernand Paraïso est affecté à l'infanterie coloniale et nommé sous-lieutenant en juin 1929 puis lieutenant en août 1930. Il travaille toujours comme comptable pour les papeteries Navarre. La famille est installée en 1936 à Villemomble (Seine, act. Seine-Saint-Denis), boulevard d’Aulnay.

Pendant la deuxième guerre mondiale, s’engage dans la résistance à l’occupation allemande en tant que membre des Forces françaises de l’intérieur.

Après la guerre, Fernand Paraïso est nommé capitaine des troupes de marine. Il quitte ses fonctions en 1949 et est admis à l’honorariat.

Fernand Ignacio Paraïso naît le 12 août 1892 à Porto-Novo (Dahomey, act. Bénin). Il est le fils de Fernande Séhéfi et d’Ignacio Souleyman Paraïso dont elle est la troisième femme. Conseiller du roi de Porto-Novo, chef de la communauté musulmane, exploitant d’une plantation agricole, Ignacio Souleyman Paraïso était devenu une personnalité du Dahomey, seul indigène nommé membre du conseil d’administration de la colonie française et conseiller municipal de Porto-Novo, qui en était la capitale. Il était lui-même le fils d’Odio dit José Piquino Paraïso, déporté comme esclave au Brésil puis revenu Afrique au service d’un trafiquant d’esclave, devenu à la mort de ce dernier au service du roi. Elepo, le père d’Odio et donc l’arrière-grand-père de Fernand Paraïso, était un prince Yoruba de l’actuel Nigéria, dont une partie de la famille fut prise en esclavage après la perte de son village natale au cours de guerres intestines.

Ignacio Paraïso avait environ 55 enfants avec au moins quatre épouses. S’il était un notable islamique, il avait été baptisé et à peu près de la moitié de ses enfants étaient catholiques et élevés dans des écoles chrétiennes, ce qui fut sans doute le cas de Fernand. Ignacio Paraïso participa à l’Exposition universelle de Paris en 1900 et fut décoré du Mérite agricole ainsi que chevalier de la Légion d’honneur.

Fernand Paraïso, qui aurait également porté le prénom africain d’Aboudou, bénéficia d’une bourse de l’Alliance française pour poursuivre des études en France. Il intégra en 1909 l’Institution du Parangon, école coloniale située à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dirigée par le docteur Henri Rousseau. Parmi ses condisciples, on peut citer le Vietnamien Nguyen Thé Truyen, qui fut compagnon d’Hô-Chi-Minh avant de s’en éloigner.

Dès la première année, le parcours scolaire de Fernand Paraïso fut brillant : prix d'excellence en août 1910 ; brevet d'aptitude militaire et médaille de bronze au tir en juillet 1911, en plus de ses mentions en horticulture et topographie ; prix de Géographie en juillet 1912 et nouvelle médaille de tir, dont il était devenu militaire ; prix « colonial » en juillet 1913, médaille d'or de tir. Enfin, il reçoit le prix de la fondation Ferdinand Rousseau (ancien maire de Joinville-le-Pont) en juillet 1914.

Non concerné par des obligations militaires du fait de son statut d’indigène, Fernand Paraïso s’engage cependant le 1er septembre 1914 pour la durée de la guerre à Paris (12e arr.), probablement au fort de Vincennes. Il est affecté au 163e régiment d’infanterie. En novembre 1914, il devient caporal puis en avril 1915, sergent. Il rejoint le 36e régiment d’infanterie en juin 1916. Naturalisé français en décembre 1917, et de ce fait soumis au service militaire, Fernand Paraïso reste dans l’armée après la fin de la guerre. Il devient aspirant, donc officier, en février 1919 et est démobilisé en août la même année.

Son comportement pendant le conflit lui a value deux citations. En octobre 1916, il est cité à l’ordre de la 5e division d’infanterie : « Sous-officier très brave, très discipliné, a été blessé 5 septembre 1916 au cours d’une patrouille ayant pour mission l’attaque d’un petit poste ennemi. Malgré sa blessure, a conservé le commandement de sa patrouille et a pu, grâce à son énergie, ramener tous ses hommes ».

Il est de nouveau cité à l’ordre du 3e corps d’armées en septembre 1917 : « Le 10 septembre 1917, volontaire pour une expédition dans les lignes allemandes, a été grièvement blessé en abordant résolument et avec un entrain digne de tous les éloges, un poste avancé. Quoique blessé, persistait à poursuivre son but. Ne s’est replié que sur l’ordre de son chef de patrouille. »

Plusieurs blessures ont affectées Fernand Paraïso : en avril 1915 à Flirey (Meurthe-et-Moselle), il a des plaies à la tête et au bras, dues à des éclats d’obus ; en septembre 1916 aux Éparges (Meuse), il est victime d’éclats de grenade au bras droit ; en septembre 1917 à Heurtebise, c’est sa face qui est touchée de nouveau par des éclats de grenade.

Après-guerre, Fernand Paraïso reste vivre à Joinville, quai de la Marne. Il exerce comme caissier-comptable. En 1921, il a comme compagne Blanche Berthier, couturière à façon. Il est l’un des fondateurs, en octobre 1919, de l’association Union sportive de Joinville (USJ) dont le président est Stephen Durande, futur maire de Joinville. Paraïso en est le secrétaire ; il est remplacé dans cette fonction l’année suivante par Antoine Liou, employé d’octroi et conseiller municipal.

En février 1925 à Joinville, Fernand Paraïso, qui a déménagé impasse Jules Rousseau, toujours à Joinville, épouse Clara Alphonsine Suzanne Janvier, employée de banque. Ils s’installent à Paris rue Vavin.

Dans la réserve de l’armée, Fernand Paraïso est affecté à l'infanterie coloniale et nommé sous-lieutenant en juin 1929 puis lieutenant en août 1930. Il travaille toujours comme comptable pour les papeteries Navarre. La famille est installée en 1936 à Villemomble (Seine, act. Seine-Saint-Denis), boulevard d’Aulnay.

Pendant la deuxième guerre mondiale, s’engage dans la résistance à l’occupation allemande en tant que membre des Forces françaises de l’intérieur.

Après la guerre, Fernand Paraïso est nommé capitaine des troupes de marine. Il quitte ses fonctions en 1949 et est admis à l’honorariat. Il résidait toujours à Villemomble.

Selon une source généalogique, Fernand Paraïso serait décédé en 1977. Il aurait été âgé de 84 ou 85 ans. Décoré de la Croix de guerre, avec deux étoiles d’argent et de vermeil, il a reçu en mars 1947 la Médaille de la Résistance française. Chevalier de la Légion d’honneur depuis juin 1929, il a été promu officier en décembre 1958.

Son fils Michel Paraïso a adopté le patronyme de Fernand-Paraïso, qui est porté par ses descendants.

Société de préparation militaire du Parangon ; Fernand Paraïso est probablement à gauche des moniteurs

 

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