Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 juin 2018 2 19 /06 /juin /2018 01:01

Marc Félix Broutta naît le 24 novembre 1819 à Marquise (Pas-de-Calais). Il est le fils de Marie Louise Claudine Routtier et de son époux Armand Marc Antoine Fidel Broutta, notaire royal.

En octobre 1839, il est admis à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr (Seine-et-Oise, act. Yvelines) et suit sa scolarité avec la promotion de Mazagran. À la sortie, devenu sous-lieutenant, il choisit la cavalerie. Il sert au sein du 10e régiment de cuirassiers, est nommé lieutenant en 1845 puis capitaine en 1847 et commandant en 1848, en garnison à Vesoul (Haute-Saône), Amiens et Abbeville (Somme).

Ayant rejoint la Garde impériale à Compiègne en 1858, il devient chef d’escadron en 1860 intègre le 4e régiment de cuirassiers où il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1862. Il y est toujours en juin 1869 quand il est décoré officier de la Légion d’honneur. C’est sans doute peu après qu’il devient directeur de l'École de cavalerie de Saumur (Maine-et-Loire). Cependant, le lieutenant-colonel Broutta ne figure pas sur la liste des dirigeants de l’école publiée par le général de Fornel de La Laurencie dans sa monographie de 1935. C‘est probablement parce qu’il n’exerce son mandat que brièvement, Broutta rejoignant son régiment à l’été 1870 pour la guerre avec la Prusse et la confédération allemande.

Le 6 août 1870, lors des combats qui eurent lieu à Froeschwiller-Woerth (Bas-Rhin), la bataille Reichshoffen, Broutta commande en tant que chef d’escadron, le 4e régiment de cuirassiers qui subit de très lourdes pertes lors de charges, présentées ensuite comme héroïques, sur les positions allemandes de Morsbronn et d'Elsasshausen. Après la bataille, le maréchal Mac-Mahon aurait dit : « Des cuirassiers, il n'en reste plus ». Broutta lui-même fut blessé et amputé de l'avant-bras droit par un obus.

Il raconte ainsi son sort : « A Frœschwiller, lors de la grande charge des cuirassiers de la division de Bonnemains, le colonel Billet, qui commandait le 4e cuirassiers (…) était pris par un violent mal de gorge qui l’empêchait de parler. Au moment où nous reçûmes l’ordre de charger, le colonel me confia le commandement du régiment comme étant le plus ancien chef d’escadron. La charge eut lieu ; le colonel en tête. Quelques instants après, M. Billet était grièvement atteint. Moi-même, l’avant-bras droit emporté, je tombai sous les pieds des chevaux ». « Je fus, à la tête (…) renversé par plusieurs balles, qui m'enfoncèrent la poitrine, et par un éclat d'obus, qui m'emporta le bras droit. Le maréchal des logis Michel me trouva par terre presque sans connaissance. (…) Au milieu de cette malheureuse retraite, il me soutint et me porta sur ses épaules durant l'espace de sept kilomètres pour trouver une ambulance et un autre médecin. Fait prisonnier avec moi au village de Reichshoffen, il ne cessa de me donner des soins, couchant sur le carreau auprès de mon lit. »

Après sa libération, il est mis en non activité en mai 1871 pour infirmité et quitte officiellement en juin ses fonctions de commandant de l’école de cavalerie de Saumur. Il envisage d’abord de se fixer à Barèges (Hautes-Pyrénées) mais décide finalement de rejoindre Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Au cours d’un conseil de guerre siégeant à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) en février 1872, le lieutenant-colonel Broutta témoigne en faveur du maréchal des logis Michel, qui, ivre, avait insulté un adjudant avant la bataille de Reichshoffen. Bien que les faits n’aient pas été contestés, l’intervention de Broutta ayant soulevé une vive émotion, Michel fut acquitté au milieu des applaudissements de l'auditoire.

Les charges cuirassiers de Reichshoffen devinrent une épopée tragique, dont « l'héroïque Broutta » - comme le qualifiait le quotidien Le Gaulois – était un des rares survivants.

A suivre.

 

Partager cet article
Repost0
10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 01:01

Denis Jacques André Lavogade naît le 30 juin 1920 à Bry-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Vogel, employée de commerce, et de Maurice Lavogade, bijoutier et champion de natation.

La famille Lavogade compte de nombreux responsables associatifs, syndicalistes et militants politiques. Son grand-père, Charles Lavogade, est militant socialiste-révolutionnaire et coopérateur à Paris. Son oncle, Charlot Lavogade, est militant socialiste et à la Ligue des droits de l’Homme au Plessis-Robinson. Son autre oncle, Bébé Lavogade, champion de natation, est militant communiste à Joinville-le-Pont. Son cousin, Simon Lavogade, est également militant communiste à Joinville-le-Pont, combattant dans les Brigades internationales en Espagne et activiste du Mouvement de la Paix.

D’abord coiffeur, Denis Lavogade a passé avec succès en janvier 1938 le brevet élémentaire de mécanicien d'aviation, qui l’autorise à apprendre à piloter ; il rejoint l'école d'Angers-Avrillé. Il devient pilote militaire le 9 mars 1940, à Istres (Bouches-du-Rhône), et est affecté dans la chasse à La Rochelle (Charente-Maritime). Il ne participe pas aux combats de mai et juin contre l’Allemagne et l'armistice le trouva à Pau (Pyrénées-Atlantiques).

Démobilisé et revenu en région parisienne, il a le désir de rejoindre les Forces Aériennes Libres comme son condisciple Roger Forget. Nourri des œuvres de Joseph Kessel, Lavogade rêve de se présenter à Londres devant le général de Gaulle.

Robert Forget, pour éviter le départ en Allemagne, est entré dans la police.

Le 7 janvier 1943 au soir, grâce à sa carte et à des complicités dans l'usine, Forget réussit à pénétrer chez Caudron-Renault, à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine), derrière le Ministère de l'Air, occupé par la Luftwaffe. L'usine, réquisitionnée par les Allemands, travaille pour Messerschmitt, fabriquant le Caudron C-445 Goéland bimoteur. Denis Lavogade, pénètre ensuite dans les hangars et rejoint Forget dans le hall de peinture, d’où les avions sortent de l'usine. Brisant un plomb de sécurité, Forget et Lavogade s’entassent tête bèche dans le petit compartiment toilette.

Mais, juste avant le décollage, un dernier contrôle découvre le forçage et ils sont arrêtés puis emmenés au commissariat de Montrouge, où ils sont torturés. Ils sont ensuite incarcérés à la prison du Cherche-Midi à Paris. Ils comparaissent le 5 février 1943 devant le tribunal de l'air allemand à Paris et sont condamnés à mort pour vol d'un avion allemand. Ils sont exécutés le 7 juillet 1943 au stand de tir Balard à Paris (15e arr.).

Germaine L’Herbier-Montagnon publie (Cap sans retour) en 1948 sa dernière lettre :  « Prison du Cherche-Midi. Notre exécution aura lieu à 11 heures ce matin. Je ne regrette absolument rien. Je vais mourir pour mon idéal. Pas besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Je me suis préparé depuis longtemps à ce qui m'arrive, aussi je ne suis pas loin de considérer la chose comme toute naturelle. Aujourd'hui, le ciel est bleu, un vrai temps de pilote ! Je suis prêt. Comme Guynemer, je vais "faire face". Adieu à tous. Adieu au Goéland !... Denis Lavogade. »

Denis Lavogade est inhumé à Bagneux. Après-guerre, sa dépouille est transférée à Bry à la demande de ses parents. Il est déclaré mort pour la France. Son dossier administratif de résistant au Service historique de la défense précise qu’il est homologué DIR (Déportés et Internés résistants).

L’ancienne avenue de Villebois-Mareuil à Bry-sur-Marne, où il naquit, porte le nom de rue Denis-Lavogade depuis 1944. Son nom est gravé sur la plaque commémorative apposée avenue de la Porte-de-Sèvres à Paris (15e arr.).

Caudron C-445 Goéland

Partager cet article
Repost0
9 mars 2018 5 09 /03 /mars /2018 00:01

Charles Antoine Banos naît le 9 septembre 1876 à Mézos (Landes). Il est le fils de Marguerite Mélanie Salis, couturière, et de son mari Bertrand Hubert Banos, horloger.

Il s’engage dans l’armée en décembre 1894 ; peut-être avait-il auparavant fréquenté une école d’enfants de troupes, car lorsqu’il quitte l’armée en février 1911, il obtient une pension de retraite de 880 francs pour avoir effectué 21 ans et 9 mois de service. Il aurait ainsi été dans un établissement de préparation militaire en mai 1889, à 12 ans. Banos est adjudant au 103e régiment d'infanterie à la fin de sa période.

Il bénéficie d’un emploi réservé à la préfecture de la Seine en tant que commis expéditionnaire. Affecté en février 1911 au musée Galliéra, il est muté le mois suivant à la mairie du 1er arrondissement de Paris puis un mois plus tard à la Caisse municipale, affecté à la Direction des Finances. Il y devient commis principal et y reste jusqu’en 1929.

Résidant avec sa mère rue des Tournelles à Paris (4e arr.), Charles Banos épouse en octobre 1911 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Henriette Marie Pélissier, fille d’Henri Pélissier, chevalier de la Légion d’honneur, conseiller municipal de Joinville et président de la Chambre syndicale des constructeurs et loueurs de bateaux.

Les nouveaux époux s’installent également, avant 1913 sur l’île Fanac à Joinville, où réside la famille Pélissier.

Charles Banos participe à la reconstitution, en mai 1923, de la : société amicale de pêcheurs à la ligne Le Gardon, désormais basée sur l’île Fanac. Il en est le président jusqu’à son décès. Il va notamment être, en même temps que son beau-père Henri Pélissier, un actif défenseur des sociétés de pêche, en contestant la taxe sur les batelets, fixée à 120 francs par an en 1927 et déclarée illégale par le Conseil d’État en 1928.

Charles Antoine Banos meurt le 30 avril 1929 à Joinville, à l’âge de 52 ans, trois ans après le décès de son épouse. Banos avait été décoré en 1910 de la médaille militaire.

Son fils Henri Banos, alors âgé de 12 ans, sera élevé dans la famille Pélissier. Il devient champion de France d'aviron.

 

Partager cet article
Repost0
3 mars 2018 6 03 /03 /mars /2018 00:01

Antoine Maurice Poulitou naît le 8 novembre 1878 à Bordeaux (Gironde). Il est le fils de Françoise Rosalie Lanuza et de son époux, Mathieu Poulitou, employé.

Militaire de carrière, Poulitou est affecté au 53e régiment d’infanterie de ligne en garnison à Tarbes (Tarn). Puis, à partir de 1905, il est sergent instructeur à l’École normale de gymnastique à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Il est sélectionné pour participer, le 10 septembre 1905 à la traversée de Paris organisée par le quotidien sportif L'Auto et la Société d'encouragement à la natation. Qualifiée d’épreuve « monstre » dans la presse, elle se nage sur 12 kilomètres entre le pont National et le viaduc d'Auteuil et jouit d’une couverture médiatique considérable. Sept nageurs et une nageuse y sont inscrits, venant de Grande-Bretagne d’Australie ou de France. L'Auto décrit ainsi Poulitou, nouveau venu dans les courses de fond : « un gaillard de tout premier ordre, un homme courageux par excellence, qui représentera l'Ecole de Joinville où il est attaché, sa bonne ville natale Bordeaux et... la France, bien entendu ! » Un autre quotidien, La Croix, estime qu’il est « l'un des meilleurs moniteurs de notre Ecole nationale de Joinville. »

S’il est le seul joinvillais à nager, deux autres athlètes de la commune sont présents dans les bateaux suiveurs d’autres nageurs, les frères Lavogade. Les journaux mentionnent que Poulitou s’entraînait avec ardeur et était dans forme splendide. Cependant, après une heure et demi de course, Poulitou abandonne et monte à bord du bateau suiveur alors qu’il est au niveau du pont au Change, au tiers du parcours. La raison donnée officiellement est qu’il est « à bout de forces ». Cependant, la plus grande partie des journaux veut croire à une autre raison : c’est contre son gré que Poulitou est obligé de s'arrêter. Un capitaine de l'Ecole militaire de Joinville lui aurait ordonné d’arrêter, sur ordre venu du ministère la Guerre, car il aurait négligé de demander à ses chefs, avant de se mettre l’eau, une autorisation régulière lui permettant de prendre part à la course.

Entraîneur dans divers sports (boxe, gymnastique), Poulitou participe également à la préparation militaire, par exemple avec la société Le Jeune Soldat en 1906. Il assume également des responsabilités dans divers clubs, devenant en 1906 membre du comité du Cercle Athlétique de Paris et trésorier de la Société athlétique de Joinville.

Installé avenue Jamin, dans le quartier de Polangis, Poulitou épouse en juillet 1907 à Joinville Élise Mahé, qui vient du quartier voisin de Palissy.

Sans avoir d’engagement politique connu, Poulitou fréquente de nombreux radicaux-socialistes, par exemple Albert Gallas, président de la Société athlétique de Joinville et du comité radical-socialiste de la ville.

Comme nombre de ces derniers, Poulitou est franc-maçon, à l’instar d’ailleurs de bien des officiers et sous-officiers de l’école de Joinville. Le quotidien d’extrême droite La Libre Parole en recense sept en 1912. C’est d’ailleurs le lieutenant Paul-André Giansilj qui est le vénérable de la loge Germinal, installée rue Transversale à Joinville, à laquelle Poulitou est affilié. En avril 1908, il présente un rapport sur « Les productions coloniales et l’intérêt qu’elles présentent pour la métropole » au temple d’une autre loge, La Solidarité nogentaise, à Nogent-sur-Marne.

Devenu adjudant, Poulitou lance début septembre 1911 une section d'éducation militaire préparatoire à la Société d'enseignement moderne de Paris (12e arr.), initiative remarquée par la grande presse. Il meurt cependant quelques jours plus tard. Le lieu et la date exacte de son décès ne sont pas connus ; il avait 32 ans et n’avait pas eu d’enfant.

Décoré d’une médaille de bronze pour le sauvetage de trois personnes en danger de se noyer (deux en 1905 au Perreux et une l’année suivante à Joinville), Poulitou avait également obtenu en 1910 les Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie. Il avait aussi reçu la même année la médaille d'honneur de la Ligue du bien public.

 

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 00:01

Camille Albert Bachelet naît le 13 janvier 1861 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Julie Albertine Catherine Bachelet, teinturière ; le mariage de sa mère avec Pierre Raoult en février 1865 légitime sa naissance.

Il va servir dans l’armée française, étant promu en mai 1888 au grade de sous-lieutenant dans le 4e régiment de zouaves. Il quitte l’armée en 1890 et, basculé dans la réserve, est nommé lieutenant en 1900, affecté au service du chemin de fer.

En février 1897 Camille Raoult, propriétaire, épouse à Paris (16e arr.) Joséphine Anne Bassez, née en 1849 dans la ville, alors occupée par l’Allemagne de Metz. Elle est la sœur d’Adèle Eugénie Bassez, née en 1845 dans la même ville et décédée à Joinville en octobre 1896, qui était la compagne de Raoult. L’importante différence d’âge entre les sœurs Bassez et Raoult est masquée lors de leurs déclarations aux agents recenseurs ; entre 1896 et 1911, Adèle est rajeunie de 14 ans et Anne de 10 ans.

À partir de 1896, Camille Raoult est représentant de commerce, représentant de Deutsch et compagnie. Il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), 35, rue de Paris, au moins depuis 1886 et fait construire à cette adresse un immeuble de rapport en 1893. Il exerce plusieurs activités sociales dans la commune : membre du bureau de la 740* section de la société d’anciens combattants Les Vétérans, trésorier de la société de tir en 1886, membre fondateur et secrétaire en 1890 de L’Espérance, société littéraire, musicale et dansante.

En mai 1900, Raoult est candidat sur la liste républicaine, soutenue par le comité radical-socialiste et conduite par Eugène Voisin, maire sortant. Elle emporte les 23 sièges à pourvoir, face à une liste du comité électoral socialiste-révolutionnaire. Raoult obtient 547 voix, le maire en recueillant 704.

Cependant, Raoult s’écarte rapidement sur le plan politique de ses collègues du conseil municipal, majoritairement radicaux. En mars 1902, il préside une conférence de Léon Fatoux, candidat nationaliste aux élections législatives et membre du comité directeur de la Patrie française. L’hebdomadaire radical Voix des communes l’accuse de faire partie d’une « bande de nationalistes » dont il serait « l’homme à tout faire » et lui reproche d’avoir tenté d’empêcher de parler Adolphe Maujan, le candidat radical aux mêmes élections lors d’une autre réunion publique. Au sein du conseil municipal, Raoult est le seul à s’abstenir lors d’un vote contre l’autorisation d’installation des Sœurs enseignantes de la Providence en juin 1902 ; 13 élus votent contre et 5 approuvent l’installation.

Toujours dans Voix des communes, Raoult est identifié en juin 1902 comme Fatouillard de Camors, pseudonyme d’un rédacteur du journal Liberté de Saint-Maur, conservateur. Il lui est reproché d’être un « conseiller félon », qui combat à outrance Voisin après avoir sollicité une place sur sa liste.

En juillet 1902, Raoult est le candidat de sa famille politique dans le canton de Saint-Maur pour les élections au conseil d’arrondissement de Sceaux. Il recueille au premier tour 1121 (38,7%) contre 1653 à Henri Vel-Durand, alors radical-socialiste et futur maire de Joinville. Il y avait 2894 votants sur 8788 inscrits. Le second tour, organisé du fait de la faible participation, voit la victoire de Vel-Durand par 1631 voix contre 967 à Raoult.

Lors des élections municipales de mai 1904, Raoult fait partie d’un groupe de quatre conseillers dissidents de la municipalité sortante, avec Dalbavie, Provin et Moulinet qui montent une liste concurrente de celle du maire, qui lui s’affiche très clairement radical-socialiste. Même si cette liste prétend ne pas vouloir de politique au conseil municipal, ses adversaires estiment que cette position cache « le nationalisme, le cléricalisme et la réaction ». Une liste socialiste-révolutionnaire (Lacroix, Lebègue) est également de la partie.

La liste de droite aura un seul élu, Moulinet. Raoult recueille 391 voix pour 1119 votants sur 1363 inscrits, soit 34,9%.

Après sa défaite, Raoult quitte Joinville en 1906. Il est propriétaire à Paris d’un immeuble  113, rue de Ménilmontant (20e arr.) qui est exproprié en février 1914 lors de l’élargissement de la voie. Il est alors domicilié à Vétheuil (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise).

Camille Raoult meurt le 6 mars 1918 à Vétheuil. Il était âgé de 57 ans et n’avait pas eu d’enfant.

Partager cet article
Repost0
10 novembre 2017 5 10 /11 /novembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Henri Martinet

Le domaine social est également investi par Henri Martinet qui, dès mars 1897, est secrétaire de la Fédération des abonnés à la semaine, une organisation qui revendique l’amélioration des conditions de transport des salariés. Elle plaide l’élargissement des abonnements à la semaine aux employés et le droit pour tous d’utiliser tous les omnibus et non les quelques trains qui leur étaient réservés. Une demi-douzaine de comités existent dans les communes des bords de Marne ; ils ont souvent le soutien des élus radicaux-socialistes, comme le député Jules Ferdinand Baulard. Martinet exerce toujours cette fonction fin 1899.

Martinet est en novembre 1902, avec Lucien Delanchy fondateur de l’association communiste des ouvriers menuisiers du département de la Seine, baptisée « Les Égaux, menuiserie ouvrière communiste ». La Société anonyme de production à personnel et capital variables est basée 10, rue Marcadet, à Paris (18e arr.). Elle est constituée avec 1 000 francs, portés à 5 000 francs l’année suivante, par dix menuisiers vivant à Paris pour huit d’entre eux, l’un résidant à Vincennes et Martinet demeurant à Joinville ; la qualité de syndiqué est exigée des ouvriers qui demandent à en faire partie. Par délibération du conseil d'administration en août 1903, Martinet a été nommé directeur. Ayant déménagé au 125, rue de Montreuil (Paris, 11e arr.), la coopérative est déclarée en faillite le 5 mai 1905.

Réinstallé à Champigny probablement en 1903, Henri Martinet dirige une liste du Parti socialiste de France (PSdF) lors des élections municipales de mai 1904 dans cette commune. Albert Thomas, professeur à l’université et futur ministre est lui à la tête de celle du PSF, de tendance plus modérée. Au second tour, les deux listes socialistes fusionnent mais ne présentent que six candidats, nombre correspondant aux sièges qu’ils auraient eu si le scrutin était proportionnel. La liste unifiée comporte cinq noms du PSF et un du PSdF (Martinet). Les radicaux-socialistes l’emportent et Albert Thomas est le seul élu de leur liste. Le conseil est composé de 9 radicaux-socialistes, 5 radicaux, 4 progressistes, 4 cléricaux et un socialiste.

Le même mois, Martinet affronte pour l’élection au conseil général dans le canton de Charenton Amédée Chenal, conseiller général radical-socialiste sortant, qui est réélu. Martinet a recueilli 2 612 voix (34,9%) sur 7 484 votants pour 13 264 inscrits.

Bien qu’officier de réserve, Martinet participe en décembre 1904 puis en janvier 1905 à deux réunions de l’Association internationale antimilitariste des travailleurs à Champigny ; lors de la deuxième, où Martinet représente le PSdF, des incidents sont signalés avec des nationalistes.

Après l’unification socialiste de 1905, Martinet développe la doctrine socialiste lors d’une conférence en novembre à Créteil de la 37e section du Parti socialiste SFIO. Il préside en janvier 1906 une réunion du même parti à Champigny pour commémorer les massacres du 22 janvier 1905 à Saint-Pétersbourg tandis qu’Albert Thomas, rédacteur à L’Humanité et conseiller municipal, confère sur la Révolution russe. Cette même année, Martinet prend part à la fondation d’un hebdomadaire couvrant la 2e circonscription de l’arrondissement Sceaux (Seine), Réveil socialiste, dans lequel il écrit régulièrement. Il collaborera de la même façon à une autre publication hebdomadaire sur le même territoire, en 1909-1910, Voix socialiste.

À suivre.

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2017 3 08 /11 /novembre /2017 00:01

Henri François Louis Martinet naît le 4 juillet 1865 à Paris (1er arr.). Il est le fils d’Anne Siblot, couturière et de son époux Pierre Louis Martinet, garçon de salle.

Après un service militaire à la fin des années 1880 dans l’infanterie, il est promu officier, sous-lieutenant de réserve.

Menuisier, résidant 53bis, bd St Germain à Paris (5e arr.), Henri Martinet se marie en octobre 1895 à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne) avec Eulalie Jeanne Burgalat. Un des témoins du mariage est Prudent-Dervillers, maitre tailleur, fondateur du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, conseiller municipal de Paris en 1889 et député de la Seine depuis 1893. Les époux vont d’abord vivre à Champigny, 68, avenue des Deux-Communes, puis à partir de 1899, 8, rue du Pont à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Son épouse est marchande de poissons.

Il s’engage publiquement en politique auprès de l’extrême-gauche, avec le  groupe socialiste internationaliste du parti ouvrier socialiste-révolutionnaire (POSR) dans la 2e circonscription législative de l’arrondissement Sceaux (Seine) dès février 1898 et dans la structure locale du POSR, l’Union socialiste révolutionnaire de Champigny et Joinville dont il est secrétaire en 1899. Il est délégué au congrès de la salle Wagram de la Fédération des travailleurs socialistes de France de 1900, par son groupe et par l’union syndicale des ouvriers menuisiers du département de la Seine.

Le 26 avril 1900, le comité électoral socialiste-révolutionnaire de Joinville tient une réunion pour l’élaboration d'une liste de candidats lors des élections municipales de mai ; Martinet y participe peut-être. Lors du scrutin, les 23 candidats de la liste du maire radical-socialiste Eugène Voisin sont élus ou réélus.

En novembre 1900, en tant que secrétaire de l’Union socialiste révolutionnaire de Champigny-sur-Marne, adhérente à la Fédération socialiste révolutionnaire internationaliste de la 2e circonscription de Sceaux, Martinet appelle les groupements qui en faisaient partie à rejoindre la Fédération socialiste révolutionnaire de la Seine, fondée le 1er avril 1900. Il devient le secrétaire de la section de la 2e circonscription de Sceaux de la nouvelle entité et préside, en décembre, une réunion plénière extraordinaire. Désigné en mars 1901 comme suppléant de Jean Longuet au comité général du Parti socialiste, où il représente la FTSF, Martinet est un des orateurs de la formation dans les réunions publiques de Champigny, Saint-Maur, Créteil, Le Perreux ou Joinville notamment. Martinet représenta la FTSF au congrès du PSF à Tours (1902).

A suivre.

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 00:01

René Henri Desouche naît le 25 mai à 1900 Paris (12e arr.). Il est le fils de Louise Desouche et d’Henri Alexandre Émile Graillat, comptable, qui le reconnaît à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne) en juin 1903. Ses parents se marient en juin 1905 à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il porte ensuite le nom de René Graillat. La famille vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où le père est conseiller municipal socialiste et la mère responsable d’une association humanitaire.

À 17 ans, René Graillat s’engage volontairement en juin 1917, devançant l’appel de sa classe. Mobilisé dans les chasseurs à pied, il devient caporal en juin 1918 puis sergent en juin 1919. Il participe aux forces d’occupation françaises en Allemagne entre octobre 1919 et sa démobilisation en juin 1920. Il fait l’objet de deux citations, mettant en avant son influence sur ses hommes et son entrain.

Après-guerre, il est employé et se marie en novembre 1920 à Joinville avec Antoinette Irène Schmeler, dont il divorce en juin 1926. Il se remarie le mois suivant, toujours à Joinville, avec Paule Angéla Lépine, dont il se sépare également en octobre 1929. Il célèbre sa troisième union, à Saint-Maur-des-Fossés cette fois (Seine, act. Val-de-Marne) en janvier 1933 avec Jeanne Anaïs Gibertaud.

C’est dans le monde associatif que René Graillat, qui est également sportif, s’est impliqué. Il participe à ces compétitions de natation et est, jusque 1924 secrétaire général du club cycliste Joinville sportif. Il est également trésorier de la société de secours mutuels Caisse mutuelle Wander à Champigny. À ce titre il est décoré du mérite social en 1937.

En 1936, après s’être installé en 1933 route de Joinville, à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), il est responsable de la section des cantons de Nogent et de Saint-Maur de la Fédération des sous-officiers de réserve républicains. Une cicatrice abdominale lui vaut d’être classé en service auxiliaire dans la réserve militaire en juin 1934 ; cependant, à sa demande, il est reclassé en service armé en octobre 1938.

Rappelé en septembre 1939, il est affecté dans un bataillon d’ouvriers d’armement aux Forges de Paris puis, en janvier 1940 dans une compagnie d’instruction à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise). Ayant rejoint l’infanterie en avril 1940, il est fait prisonnier le 22 juin 1940 et incarcéré en Allemagne. Il est rapatrié et démobilisé en novembre de la même année.

Membre du mouvement Front national, Graillat sert dans le groupe de Champigny du secteur Seine Est des Forces françaises de l’intérieur du 18 au 25 août 1944, avec le grade d’adjudant-chef. Après la Libération, il poursuit son engagement au sein du mouvement du 1er au 20 septembre.

Sur proposition du comité local de Libération de Champigny; René Graillat est nommé en septembre 1944 membre de la délégation spéciale chargée d'administrer provisoirement la commune de Champigny-sur-Marne. Il fait fonction de conseiller municipal.

Vivant désormais boulevard Aristide-Briand, toujours à Champigny, Graillat devient président de la mutuelle du personnel de la Fédération mutualiste de la Seine, poste qu’il occupe en 1960 et 1969.

René Graillat meurt le 30 janvier 1978 à Créteil (Val-de-Marne). Il était âgé de 77 ans et décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, ainsi que de la médaille militaire. Son grand-père, Laurent Graillat, communard, tonnelier et conseiller prud’homme avait été conseiller municipal de Saint-Maur au titre du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire.

Partager cet article
Repost0
18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 01:01

Nous entamons ici une série d’articles consacrés à la famille Graillat qui, de la Révolution française à la Ve République, a contribué à la vie politique et sociale en France.

On retrouve trace dès le 17e siècle des Graillat dans à Saint-Vallier (act. Drôme), gros bourg qui deviendra une cité industrielle dès le siècle suivant et dans le village voisin de Ponsas. Les Graillat exercent des activités commerciales, industrielles et artisanales, notamment dans la poterie, disposant manifestement d’un certain statut social.

Pendant la Révolution française, deux Graillat vont jouer un rôle militaire. Flavien Graillat, né en 1770, est incorporé en septembre 1792 fera toutes les campagnes de l’empire et finira chef de bataillon en 1813 après avoir été blessé en Espagne et chevalier de la Légion d’honneur. Ayant acquis le château de Saleton, il devient maire de la commune d'Anneyron (Drôme) et y meurt en fonction le 29 décembre 1840.

Son frère Pierre Augustin Graillat, né en 1771, échappe à l'état ecclésiastique qui lui était promis et s’engage également dans l’armée le 25 avril 1789. En messidor an VI, il aide à sauver la flottille française attaquée par des Mamelucks en Italie. Devenu également en 1807 chef de bataillon, il est tué à la tête de ses hommes à Heilsberg, en Prusse (act. Lidzbark Warmiński, Pologne), le 10 juin 1807.

Plusieurs Graillat seront au cours du 19e siècle conseillers municipaux, adjoints ou maires de diverses communes de la Drôme comme Ponsas, Épinouze, Châteauneuf-de-Galaure et Érome.

C’est la descendance de Laurent Graillat (1785-1836), maçon à Saint-Vallier et de son épouse Marie Françoise Graillat (1777-1849) que nous suivrons dans les prochains articles.

Wikipédia, La ville et du château de Saint-Vallier en 1809, d'après un tableau à l'huile de C.L. Panckoucke

Partager cet article
Repost0
28 septembre 2017 4 28 /09 /septembre /2017 01:01

Adolphe Gervais Morandy naît à Soissons (Aisne) le 7 mars 1833 d’un père, tambour-major dans un régiment d’infanterie, Antoine Joseph Morandy et d’une mère, alors hébergée dans un hôtel, Julie Philippine Hochapffel. Les parents s’étaient mariés en 1825 à Wissembourg, Bas-Rhin, lieu d’origine de la mère.

Adolphe Morandy exercera plusieurs métiers (garçon de bureau à l’Assistance publique, serrurier, lithographe) mais son activité principale semble avoir été illégale.

Encore mineur, vivant à Paris, il est incarcéré le 11 septembre 1850 à la prison de Mazas à Paris (12e arr.) pour le délit de vagabondage et libéré trois semaines plus tard. Le 13 janvier 1853, alors qu’il a adopté le pseudonyme de Pierre Renault, il est de nouveau incarcéré le à Mazas pour vol, condamné le 27 du même mois à six mois de prison puis transféré à la prison des Madelonnettes (Paris, 3e arr.) le  22 mars. Il cumule de 1849 à 1868, huit condamnations dont six pour vol à des peines variant d’un mois à cinq ans de prison.

Lieutenant au 2e bataillon des Francs-tireurs de Paris pendant la guerre franco-allemande en 1870, il était à Versailles quand éclata l’insurrection du 18 mars 1871 (Commune de Paris). Vers le 10 avril, il s’engagea dans les Vengeurs de Paris et fut élu, huit jours après, lieutenant à la 3e compagnie du 2e bataillon. Au témoignage de ses chefs, il avait eu une bonne conduite et montré de la bravoure pendant le premier siège, et il aurait été proposé pour une décoration. Le 23 juin 1871, il se mit volontairement à la disposition de la justice. Condamné, le 27 décembre 1871, par le 3e conseil de guerre, à vingt ans de détention, il obtint une remise de deux ans le 4 février 1878, de trois ans le 12 décembre 1878, puis du reste de sa peine le 24 juillet 1879.

Il est malade à la fin de sa peine et plusieurs journaux auraient annoncé qu’il était mort. Sa grâce est prononcée le 2 août 1879. Il sort finalement de l’hôpital parisien de l’Hôtel-Dieu le 13 septembre et s’installe au sein de sa famille, chemin de Brétigny, dans le quartier de Palissy à Joinville-le-Pont (Seine, Val-de-Marne). Sans ressource, et incapable de travailler, il suscite l’intérêt d’Alphonse Demeestère*, conseiller municipal de la ville qui lance le 15 du même mois une souscription en sa faveur. Cette initiative soulève une polémique, le maire s’y opposant et faisant appel à la police pour l’empêcher. Une majorité du conseil municipal vote un blâme contre Demeestère tandis qu’au contraire plusieurs journaux républicains (Le Petit Parisien, Le Rappel) soutiennent son action. Un sous-comité d'aide aux amnistiés est formé à Joinville-le-Pont pour secourir Morandy ; il est composé du député de la Seine Alfred Talandier* ainsi que de deux conseillers municipaux, Louis Vaudey* et Demeestère.

Le 17 septembre, Morandy demande, dans des lettres aux journaux qui avaient lancé des appels en sa faveur, de reverser le reste du produit à la caisse de secours aux amnistiés pour ses « malheureux compagnons d'infortune ». Il estime avoir reçu suffisamment pour pouvoir attendre avant de « gagner par [son] travail de quoi vivre honorablement. »

Morandy connaîtra de nouveaux ennuis avec la justice. Il est condamné une neuvième fois pour vol en 1889 et reste deux ans en prison. En décembre 1891, deux mois après sa sortie, il se présente de lui-même au commissariat de police parisien du quartier Saint-Germain l’Auxerrois. Il réside alors à Paris, rue Saint-Maur. Il s’accuse d’un vol et de deux tentatives puis assure que si, en sortant de prison, il s’était « juré d'être honnête à l’avenir », il considère que « la maladie du vol » l'a repris. Il demande à être incarcéré, ce qu’il obtient du commissaire de police. Le quotidien La Justice, qui relate l’évènement, trouve que son cas paraît relever « plutôt des aliénistes que des tribunaux ». Morandy était alors âgé de 58 ans et avait déjà passé plus de quinze ans derrière les barreaux.

Adolphe Gervais Morandy meurt le 13 avril 1894 à Paris (12e arr.). Il était célibataire, âgé de 61 ans, domicilié rue des Entrepreneurs et exerçait la profession de lithographe.

Prison de Mazas, Wikipédia

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens