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23 juin 2024 7 23 /06 /juin /2024 01:01

Pierre Hélias naît le 17 mai 1860 Vayres, Haute-Vienne fils Jean Hélias & Jeanne Devoyon, lieu-dit de la Grange. Son père, qui porte un nom breton mais est bien originaire du Limousin, est alors coquetier (il fait le commerce d’œufs) puis sera marchand de chevaux.

Lorsqu’il fait son service militaire, en novembre 1881, Pierre Hélias exerce le même métier. Il intègre le 23e régiment de dragons à Limoges. En octobre 1882, il devient trompette dans son unité. Toujours sous les drapeaux, il est condamné en justice civile par le tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne) en août 1884 à six jours de prison pour « outrage public à la pudeur ». Il est démobilisé en septembre 1885.

Il quitte la Haute-Vienne pour s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en tant que jardinier cultivateur dans le quartier de Palissy. Il épouse en novembre 1885 à Joinville Marie Guillion, également jardinière et originaire de Meaux.

Son père vend en septembre 1886 à Pierre Hélias le terrain qu’il exploite rue de Brétigny à Joinville.

Au cours des années 1890, les luttes ouvrières dans le midi suscitent un grand mouvement d’opinion, soutenant les grévistes des mines de charbon puis ceux des verreries. À Joinville, une souscription est lancée en septembre 1895 « Pour les affamés de Carmaux », relayée par un organe de presse radical-socialiste local, Voix des communes. À l’instigation de Victoria et Henry Vaudémont, touts deux coopérateurs, plus de 260 souscripteurs participent à la collecte de fonds, dont environ 180 dans les quartiers de Polangis et Palissy, encore en construction. Hélias fait partie des donateurs dont les noms sont aussi publiés par un quotidien national, La Petite République.

Sa première épouse, Marie Guillion, aura eu quatre enfants pendant leur mariage, et il reconnaîtra la première-née, qui n’était probablement pas de lui. Après son décès en janvier 1891 à 32 ans, Pierre Hélias se retrouve avec cinq enfants de moins de cinq ans.

Il se remarie en mars 1893 à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis) avec Louise Joguin-Rouxelle, elle aussi jardinière. Sa seconde femme accouchera à neuf reprises, donnant naissance à sept enfants vivants ; elle meurt en octobre 1904, alors qu’elle est hospitalisée et que son dernier enfant est sans-vie. Elle n’a alors que 30 ans. L’aînée des douze fils et filles survivantes, Léonie, a 19 ans.

Une nouvelle fois, Pierre Hélias reprend une compagne légale, Claudine Martin, veuve de Charles Frachot, tous les deux originaires du Nivernais. Les noces sont célébrées en avril 1906 à Joinville. Ayant déjà 52 ans, elle ne lui donne pas de descendance, mais les nouveaux époux élèvent une fille qu’elle a eu de son premier mariage.

À partir de 1908, le quartier de Palissy est secoué par une polémique qui touche ensuite toute la commune. Un entrepreneur fait remonter depuis le port sur la Marne les boues issues du dragage de la rivière dans des charrois. Des riverains se plaignent des dégradations de la voirie et des odeurs. D’autres soutiennent l’utilité de cette activité, qui crée de l’emploi. La polémique prend une tournure politique en 1910. Le maire, Eugène Voisin, en poste depuis 1888, est en mauvaise santé, ne veut pas se représenter lors des élections municipales de 1912 et délègue à ses adjoints la situation. L’opposition de droite y voit une opportunité pour dénoncer l’incurie d’une municipalité radicale-socialiste ; elle est rejointe par la gauche, qui vient de fonder le Parti socialiste SFIO. Et aussi par plusieurs figures radicales qui ne voient pas d’un bon œil la succession leur échapper au profit de l’adjoint, Georges Briolay.

Le point d’orgue de cette crise se situe en juillet 1910 : tous les opposants et mécontents appellent à une réunion publique sur le sujet. Hélias fait partie des 19 personnes qui appellent à la tenue de la rencontre, que la municipalité refuse. On trouve aussi les Lebègue, secrétaire de la section socialiste, Leteuil, opposant en pointe, Dalbavie, qui est à la tête des libéraux, le futur maire Stephen Durande… La réunion sera très agitée. Elle provoque une division au sein des radicaux, qui conduira à leur défaite en 1912.

Trop âgé pour être mobilisé pendant la première guerre mondiale, Pierre Hélias perd son fils aîné, Prosper, qui est tué en novembre 1916 dans la bataille de la Somme.

Après le conflit, Hélias continue son activité de maraîchage mais l’exploitation familiale a considérablement diminué. Il cesse vers le milieu des année 1920.

Plusieurs de ses enfants ont des ennuis avec la justice. René, le cinquième du premier lit, est arrêté à Saint-Ouen (Seine, act. Hauts-de-Seine) pour escroquerie en mai 1921. L’avant-dernière, Élise est consignée en avril 1924 après ce qui est qualifié par la presse de « rixe entre femmes ». Elle porte plusieurs coups de couteau à son adversaire, en pleine nuit, rue des Vertus (Paris, 3e arr.), la blessant sans gravité.

À Joinville, Hélias était membre de la section locale de la Société nationale des vétérans des armées de terre et de mer, fondée pour assurer une retraite à ceux qui avaient participé à la guerre de 1870-1871, première association d’anciens combattantes.

Pierre Hélias meut le 3 juin 1937 à Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne), où il était à l’hospice des incurables. Âgé de 77 ans, il avait conçu ou élevé 15 enfants.

Henri Hélias, petit-fils de Pierre Hélias (arch. fam.)

 

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21 juin 2024 5 21 /06 /juin /2024 01:01

Émile Trochard naît le 1er octobre 1880 à Paris (3e arr.). Il est le fils et Maria Bizet et de son époux, Augustin Ferdinand Trochard. Son père est bijoutier et sa mère couturière, ils vivent rue de Belleyme, La famille déménage ensuite rue Froissart, dans le même arrondissement.

Travaillant comme ajusteur, Émile Trochard est condamné, en février 1901, à 16 francs d’amende pour « port d’arme prohibé » par le tribunal correctionnel de la Seine. En novembre la même année, il est mobilisé pour son service militaire au 137e régiment d'infanterie, jusqu’en octobre 1904.

L’ensemble de la famille Trochard s’installe alors en 1904 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, rue du 42e de Ligne. Son père travaille pour un bijoutier de la localité, Jules Méresse, comme le fera aussi une fille d’Émile Trochard. Ce dernier épouse, en octobre 1907, Marguerite Hélène Amélie Joséphine Petersen, bijoutière, et Jules Méresse est un de leurs témoins.

En 1914, Émile Trochard est membre de la section socialiste SFIO de Joinville, qui a fait élire pour la première fois en 1912 des conseillers municipaux dans la commune, tout en restant minoritaire.

Au début de la première guerre mondiale, en août 1914, Émile Trochard est rappelé et affecté au régiment d'infanterie de Melun. Il est blessé en septembre lors de combats en Argonne (Meuse). Plusieurs quotidiens socialistes, dont L’Humanité, citent sont noms dans la rubrique « Les socialistes au combat », soulignant qu’il est « reparti au feu ». Il est détaché en novembre la même année aux établissements Barrière, entreprise de décolletage installée à Paris (11e arr.), rue Saint-Sabin. Transféré au 4e régiment de zouaves en juillet 1917, Trochard est démobilisé en mars 1919.

Après le conflit, Émile Trochard reprend une activité d’abord comme serrurier, puis comme ajusteur chef. La famille quitte le quartier de Palissy pour celui voisin de Polangis, toujours à Joinville, sur la rive gauche de la Marne. Ils élisent domicile d’abord avenue des Lilas (act., avenue Pierre-Allaire) puis avenue Gabrielle.

Avec dix autres membres de la section socialiste SFIO, il participe en mai 1920 à une souscription lancée dans L’Humanité « Pour les victimes de la grève et des violences gouvernementales ». La section vote, à l’unanimité, l’acceptation des conditions posées par l’internationale communiste et adhère ainsi au parti communiste en décembre 1920.

Émile Trochard meut le 15 février 1927 à Joinville. Il était âgé de 46 ans et père de trois enfants.

Marguerite Trochard, épouse d’Émile (arch. fam.)

 

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25 mars 2024 1 25 /03 /mars /2024 01:01

Étienne Charles Joseph Lenugue naît le 6 février 1851 à Paris. Il est le fils de Mélanie Madeleine Thovain et de son époux Julien Émile Lenugue, piqueur des Ponts et Chaussées (surveillant de chantier).

Il s’engage, pendant la guerre franco-prussienne de 1870, dans la légion du génie de la Garde nationale de Paris, au sein de la dixième compagnie. Selon un de ses collègues, et beau-frère, René Talbert, ses états de services militaires portent la mention suivante : « Départ volontaire pour faire sauter un poste allemand installé sur la ligne de Paris-Mulhouse pendant la nuit du 20 octobre 1870 ». Il quitte l’armée en 1871 après la capitulation de Paris, sans doute avec le grade de sergent.

Comme son père, Étienne Lenugue devient piqueur des Ponts et chaussées dans l’administration municipale à Paris. Il est embauché probablement début 1874. Il souscrit, avec de nombreux membres de son service, en solidarité avec les victimes inondations en juillet 1875.

En juin 1874, Étienne Lenugue épouse à Paris (9e arr.) Célestine Élise Boin, femme de chambre originaire de Saint-Aignan-le-Jaillard (Loiret). La famille vit d’abord boulevard Rochechouart (9e arr.) puis rue de Lancry 10e arr.) où elle est installée en 1885.

En 1895, Étienne Lenugue adhère à la Société des Vétérans des armées de terre et de mer, organisme fondé en janvier 1893, qui a deux objectifs : verser des pensions de retraites à ses cotisants, après 25 années de versement (donc en principe à partir de 1918 pour les premiers participants) et assurer « le souvenir des souffrances endurées en 1870 71 » pendant la guerre contre l’Allemagne. En janvier 1896, Étienne Lenugue est élu membre du conseil général, instance d’administration de la société ; l’assemblée lui vote également des félicitations pour sa contribution à la préparation de la réunion.

Il est nommé délégué pour la formation de la section de Vétérans dans le 10e arrondissement de Paris, et en est élu président en novembre 1897. L’association compte 33 500 adhérents au moment de son assemblée générale de janvier 1898, quand Lenugue est réélu.

Particulièrement actif dans ses deux fonctions, on trouve dans les 403 exemplaires du journal parus de son vivant ou peu après sa mort au moins 1 078 mentions d’Étienne Lenugue. Le panégyrique prononcé après son décès par Joseph Sansbœuf (1848-1938), architecte d’origine alsacienne, président depuis 1903, mentionne : « Fort régulier aux séances du Conseil Général et de ses Commissions, il ne l'était pas moins à celles de nos Congrès annuels. Partisan convaincu de l'utilité des cérémonies patriotiques, il ne manquait aucune occasion de s'y rendre, le plus souvent accompagné d'une nombreuse délégation de sa Section. Souvent il y prenait la parole, soit au nom de ses Camarades, soit comme délégué du Conseil Général. C'est en ces moments que Lenugue donnait la mesure de son patriotisme éprouvé. »

Parallèlement à son engagement pour les Vétérans, Étienne Lenugue était un des administrateurs du Comité du 10e arrondissement de Paris de la Croix-Rouge Française depuis sa fondation en 1910. Il avait également rejoint le Touring-club de France en mars 1896. La famille acquière une résidence secondaire à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) qu’elle occupe sans doute principalement l’été. Le mariage de la fille du couple, Charlotte, est prononcé dans cette commune en juin 1909.

Devenu piqueur principal en janvier 1896, Étienne Lenugue prend sa retraite en mars 1911 avec le grade d’adjoint technique de classe exceptionnelle. Il s’installe alors, avec son épouse, définitivement à Joinville. Leur maison est située rue du 42e-de-Ligne, du nom d’un régiment de volontaires parisiens constitué par Charles Floquet pour défendre la capitale pendant le siège allemand de 1870. Elle se situe dans le quartier de Palissy, qui fut (avec le quartier voisin de Polangis) un des sites de la bataille de Champigny, en décembre 1870.

Après avoir déménagé à Joinville, Étienne Lenugue quitte la direction de la section des Vétérans du 10e arrondissement de Paris, dont il est nommé président d’honneur. Il continue de siéger au conseil général de la société, où il est réélu en mai 1914 par 59 051 voix sur 61 952 votants.

Étienne Lenugue meurt le 6 juin 1914 dans son domicile de Joinville-le-Pont. Il était âgé de 63 ans, père de trois enfants et malade depuis quelques mois. Son fils aîné, Julien, fut également piqueur des Ponts et chaussées à Paris mais mourut à 23 ans de maladie pulmonaire ; son deuxième garçon décéda à l’âge d’un an.

Le journal de la Société des Vétérans consacre deux pages entières de son numéro du 20 juin à sa nécrologie, agrémentée d’une photo, ce qui est rare dans cette publication austère. Dans ce texte, il est présenté comme « l'un des meilleurs serviteurs de la cause sacrée ». La société lui avait décerné un titre de « délégué honoraire avec médaille d'honneur. »

Titulaire de la médaille de 1870, Étienne Lenugue était décoré de la médaille de bronze de la mutualité depuis avril 1903, puis d’une médaille d’argent en juillet 1908. Toujours au titre de son activité associative, il avait reçu les Palmes académiques comme officier d'académie en janvier 1902 et officier de l’instruction publique en juillet 1908. Dans le domaine professionnel, il avait été fait chevalier du Mérite agricole en avril 1905 pour plus de 30 ans de services notamment comme magasinier comptable du camp retranché de Paris ; il a été promu officier en avril 1913. Il était également attributaire de la médaille du sauvetage et de celle du travail.

Portrait d’Étienne Lenugue, journal Le Vétéran, 20/06/1914

 

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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 00:01

Antoine Joseph Léon Bouise naît le 2 septembre 1872 à Honfleur (Calvados). Il est le fils d’Aline Ernestine Chouquet et de son époux Pierre Bouise, cordonnier et bottier. La famille s’installe ensuite au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), rue de Bordeaux.

Devançant l’appel pour le service militaire, Antoine Bouise s’engage dans l’armée pour quatre ans en mars 1892. Il est affecté au 26e bataillon de chasseurs à pied. En septembre, il est nommé caporal. Il ne fera cependant qu’un an sous les drapeaux puisque, en avril 1893, il est démobilisé en tant que fils unique de veuve, son père étant décédé.

En 1898, Antoine Bouise est à Paris (17e arr.), dans le quartier des Batignolles, rue Nollet. Il est nommé en juin commis dans l’administration des ponts et chaussées. En août, il épouse une parisienne, Henriette Françoise Creyssels. Ils vivent en 1904 dans le 15e arrondissement, place du Commerce.

C’est en janvier 1904 que l’admission d’Antoine Bouise dans la franc-maçonnerie est acceptée. Il rejoint la loge L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste, affiliée au Grand-Orient de France, et qui se réunit à son siège, rue Cadet (9e arr.). Il sera mentionné dans la presse comme en faisant partie jusqu’en 1914.

La loge L'École Mutuelle est mentionnée en 1878 ; elle devient L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste en mai 1897. Quand Bouise la rejoint, elle a pour vénérable Pierre Morel, conseiller municipal de Paris. Elle organise, mi-mai 1904, comme elle l’avait fait plusieurs années précédentes, une Fête du travail dans la salle Wagram (17e arr.), « Pour la glorification du travail et l'affirmation des revendications sociales ». Un grand nombre d’autres loges s’associent à l’initiative, qui se conclut par un banquet et un bal. La presse rend fréquemment compte des activités de L'École Mutuelle et l’Atelier Socialiste. Elle prend des positions publiques, par exemple en publiant un ordre du jour en novembre 1904, critiquant me fait que certains députés francs-maçons n’aient pas voté en faveur de « l’épuration des fonctionnaires factieux », allusion à la situation dans l’armée du fait de l’affaire Dreyfus. On verra également les membres de la loge s’associer à des souscriptions lancées dans le quotidien socialiste L’Humanité, comme en juillet 1907 « pour les familles des camarades incarcérés pour leurs idées » ou en octobre 1909 en faveur de l’érection d’un monument pour la militante révolutionnaire et écrivaine Louise Michel.

Les travaux de la loge portent sur des thèmes sociaux, comme le syndicalisme (1909-1910), la crise sociale (avril 1911), les conditions d'application de la loi sur le repos hebdomadaire (juin 1911) ou la désertion des campagnes à la même date. Les questions économiques figurent à son agenda, avec la crise industrielle (juillet 1910), l'abrogation du privilège des propriétaires (avril 1912), l'administration coopérative (novembre 1912). La thématique de l’éducation est très présente, comme en juin 1910 (la crise d’apprentissage), en mars 1913 (instruction dans une démocratie) ou en juillet la même année (l'éducation dans une démocratie, au point de vue industriel, commercial, agricole et technique) puis en février 1914 (l’éducation sociale dans la profession et les relations de l’art et de la démocratie). Les questions philosophiques font partie des échanges, avec l'idée de solidarité dans Auguste Comte (juillet 1910), la morale (mai 1912), puis le mariage (mars 1914) et la morale laïque (avril 1914).

Une partie importante des tenues est consacrée aux questions militaires comme, en mai 1911, « Le leurre de l'armée indigène » et le droit de vote des militaires de carrière ou l’affaire Marix, traitée en janvier 1913, une histoire de concussion d’un capitaine d'artillerie rapporteur du conseil de guerre.

Probablement du fait de sa composition, les thèmes politiques semblent dominants. On voit la loge inscrire à ses échanges la décentralisation administrative et politique en juin 1910, la vie municipale à l'étranger en mars 1911, les partis politiques sous la République et le fonctionnement du parlementarisme en avril 1912, le bilan des 15 années de mandat au conseil municipal de Pierre Morel en décembre 1912 ou le danger que représenterait pour la République la représentation proportionnelle en décembre 1913 et encore le collectivisme en mai 1914. Juste avant la première guerre mondiale, la loge s’interroge sur « les journaux pour tous » en juillet 1914.

La participation d’Antoine Bouise fait qu’il est mentionné à plusieurs reprises par des publications antimaçonniques, à l’image du quotidien de Drumont, La Libre Parole.

Sur le plan professionnel, il est rattaché au service de la navigation de la Seine. Il quitte Paris pour s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où la famille réside quai Moisson, sur les bords de Marne. Il est transféré au service de la navigation de la Marne en mai 1913, comme adjoint du chef de la division de Charenton-le-Pont. Il reste en poste pendant la première guerre mondiale. Il se qualifie de dessinateur lors du recensement de la population en 1921 puis devient architecte, disposant de ce titre en 1923.

En juillet 1923, Antoine Bouise est l’un des fondateurs et secrétaire adjoint du Club du chien de défense et de police de Saint-Maur. Il est présidé par René Stussi, natif de Constantinople (empire Ottoman, act. Istamboul, Turquie), résidant au Parc-Saint-Maur et également vice-président du club cycliste Joinville sportif. Des clubs comparables existent à Courbevoie, Sartrouville ou Eaubonne en région parisienne, ou en province à Lyon, Lille et Angers. Le vice-président du club est Julien Périn, adjoint au maire de Joinville, ancien militant socialiste avant-guerre.

Antoine Bouise meurt le 17 décembre 1928 à Paris (13e arr.) où il a été hospitalisé. Il était toujours domicilié à Joinville-le-Pont. Âgé de 56 ans et père de deux filles, dont une décédée en bas âge, il est inhumé à Ivry-sur-Seine et ne laisse pas d’actif successoral.

 

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 01:01

Suite de la biographie d’Eugène Ramelet

Chef machiniste de l’Opéra-comique, Eugène Ramelet est mobilisé comme 150 autres salariés de l’institutions dès le début de la première guerre mondiale. Du fait de son âge, 42 ans à la mobilisation en août 1914, il aurait dû être affecté à la réserve de l’armée territoriale. Cependant, il se porte volontaire pour rejoindre, en tant que sous-officier, les troupes combattantes.

En septembre, il rejoint le bataillon de marche du 1er régiment de la légion étrangère. Il est nommé adjudant-chef en octobre puis promu officier, en novembre la même année, en tant que sous-lieutenant. Il est blessé gravement à Belloy (Oise) à la tête de sa section de mitrailleuses « qu’il avait installée dans les conditions les plus difficiles sur la position conquise ». Dans une citation à l’ordre de l’armée, il est qualifié comme « Officier de réserve ayant la plus haute conception du devoir. »

Devenu lieutenant en février 1918, il est remis à disposition de son institution d’origine, l’Opéra-comique, pour réaliser une mission aux États-Unis. Il embarque à Bordeaux sur La Lorraine pour rejoindre New-York en septembre. Il est invité à visiter le Metropolitan Opera House. La revue Musical America le présente comme « l'une des plus grandes autorités dans les coulisses de théâtre ». Il soutient l’idée que la scénographie de l'opéra présente une spécificité en fonction de chaque œuvre.

Démobilisé juste après l’armistice, le 13 novembre 1918, Eugène Ramelet est nommé directeur technique de l’Opéra-comique. Il dispose d’un entrepôt, boulevard Berthier (17e arr.).

Encore avec l’architecte Ferret, il collabore en 1923 à la réorganisation du Théâtre du Capitole à Toulouse (Haute-Garonne).

Sans lien direct avec son activité principale, Eugène Ramelet constitue en juillet 1922 avec un tailleur italien, Gaston Venditti, installé rue des Filles-Saint-Thomas (2e arr.), une société, dénommée Ramelet et Venditti, destinée à commercialiser des machines à coudre portatives. Les deux associés dissoudront leur entreprise en septembre 1925 et feront apport de son actif au fabricant des machines.

Ayant quitté l’Opéra-comique, Ramelet est en 1927 directeur technique du Théâtre Mogador, dans la rue éponyme à Paris (9e arr.). Le Figaro salue en avril cette même année à propos de Rose Marie (Otto Harbach) « La conception des décors, la machinerie font le plus grand honneur à l'habileté de M. Ramelet » tandis que Le Gaulois considère qu’il a « monté cette, œuvre de la façon la plus heureuse et la plus somptueuse en même temps ». Mais, quand il réalise Le Chant du Désert du même Harbach, en avril 1930, Le Figaro est plus critique : « On frémit, en lisant sur l'affiche qu'un M. Ramelet a apporté sa direction technique à ces déhanchements de l'ancien Rat Mort. Où la technicité va-t-elle se nicher ? »

Il retrouve la faveur du quotidien du matin parisien pour La Bataille de Claude Farrère à la Gaité-Lyrique en mars 1931, celui-ci saluant « La machinerie ingénieuse et pittoresque de l'excellent technicien, M. Ramelet », tandis que son confrère du soir, Le Temps, juge que « les décors de MM. Bertin et Ramelet font merveille. »

L’hebdomadaire Gringoire félicite Ramelet pour la machinerie de L'Auberge du Cheval-Blanc (Ralph Benatzky), que le Théâtre Mogador affiche en octobre 1932. En septembre1934, c’est pour La Vie Parisienne d’Offenbach que félicite comme ayant fourni un « luxe de présentation scénique », jugé « fort heureux » et ayant produit une mise en scène « extrêmement vivante ». Plusieurs autres journaux ont également des appréciations positives, comme Le Temps qui assure que décors et costumes « charment et éblouissent ». Quant à L’Ami du peuple, après avoir considéré que « Tout » la machinerie fonctionne à souhait », il conclut « bravo, Eugène Ramelet. »

Cette présentation du chef-d’œuvre d’Offenbach est la dernière dont on trouve la trace dans la presse comme attribuée à Ramelet. Il a alors 62 ans. Depuis 1933, il est domicilié à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il vit avec sa deuxième épouse, Marie Jeanne Albertine Euphrasie Leblanc, originaire de Haute-Marne. Ils s’étaient mariés en décembre 1925 à Paris (17e arr.) et l’associé de Ramelet, Eugène Ferret, était son témoin. Ils résident avenue d’Hill, une voie rebaptisée avenue de la Plage peu après leur installation, dans le quartier de Palissy.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement français de Vichy publie le nom d’Eugène Ramelet dans une « liste des dignitaires (hauts gradés et officiers de loge) de la franc-maçonnerie » dans l’objectif des les ostraciser. Curieusement, il y figure à deux reprises, à son adresse joinvillaise en tant que directeur technique de théâtre et à l’adresse de son entrepôt parisien sous le qualificatif de chef machiniste. Son grade (18e degré dans le rite écossais) est bien mentionné. Il est considéré comme membre de la loge Les Admirateurs de l'Univers, fondée au début du XIXe siècle.

Eugène Ramelet meurt le 26 juillet 1949 à Joinville-le-Pont. Il était âgé de 77 ans et vivait toujours dans le quartier de Palissy, avenue de la Plage. Il semble n’avoir eu qu’un enfant, une fille de sa première épouse, décédée en juin 1903 quelques jours après sa naissance.

Décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie en janvier 1905 puis officier de l’instruction publique en mars 1911, Eugène Ramelet avait obtenu la Croix de guerre en août 1916 et était chevalier de la Légion d’honneur depuis avril 1917.

Son neveu et homonyme, Eugène François Louis Ramelet (1903-1987), originaire du même village que son père (Séchin, Doubs), a été enregistré par le Service historique de la Défense dans un dossier administratif de résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale.

Fin

Eugène Ramelet en 1924 (Lectures pour tous)

 

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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 01:00

Début de la biographie d’Eugène Ramelet

Eugène François Marie Ramelet naît le 14 mars 1872 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Salomé Bülher et de son époux Eugène Ramelet, gardien de la paix. Sa mère est d’origine alsacienne, sa famille ayant fui l’invasion allemande de 1870 tandis que son père est natif de Franche-Comté (Doubs). Ils vivent rue de la Folie-Méricourt.

Alors qu’il est étudiant et réside rue Pierre-Nys (11e arr.), Eugène Ramelet fils s’engage pour trois ans dans l’armée en mars 1890 à Paris (7e arr.). Il est affecté au 52e régiment d'infanterie. En octobre de cette année-là, il devient caporal. Nommé sous-officier, avec le grade de sergent, en juillet 1891, il finit son service militaire en mars 1893.

Devenu chef machiniste l'Opéra-Comique, théâtre lyrique de Paris (2e arr.), Eugène Ramelet est remarqué par la presse à l’occasion de la programmation de Grisélidis, de Jules Massenet en novembre 1901. Gil Blas commente « l’admirable organisation de la machinerie qui a opéré des prodiges », saluant le « jeune et distingué chef machiniste » grâce auquel le fonctionnement de la machinerie « a été absolument merveilleux ». Pour le quotidien parisien, « M. Eugène Ramelet s'est révélé hier comme un maître de machinerie de tout premier ordre ». Parmi d’autres journaux culturels, Le Gaulois qualifie Ramelet « d'habile chef machiniste » (janvier 1904) tandis que Comœdia le classe parmi « les trois mousquetaires qui ont la garde et le souci du plateau de l'Opéra-Comique, de ses frises et de ses dessous » (janvier 1909).

En juillet 1902, à Paris (3e arr.), Eugène Ramelet, qui vit alors rue Richelieu, épouse Hélène Blanche Chap, fleuriste. Ils s’installent dans le 2e arrondissement, rue d’Aboukir puis rue du Sentier. Ils divorceront en juillet 1914.

Secrétaire de l'Association des chefs machinistes en septembre 1909, reçoit avec une délégation de son organisation, le nouvellement créé syndicat des machinistes, affilié à la Confédération générale du travail (CGT). Il y adhérera. Il défend la revendication d’amélioration de leur situation matérielle, remarquant dans Comœdia que les députés viennent de s’octroyer 66% d’augmentation. Avec le soutien des autres chefs machinistes, L'Association des directeurs de théâtres de Paris signe un accord avec le syndicat.

Un an plus tard, à l’occasion d’une grève des machinistes en octobre 1910, Eugène Ramelet regrette son engagement syndical. Il s’en expliquera en mai 1912. Selon lui, « toute entente était impossible avec les révolutionnaires de la CGT » et il mettait en garde « contre les principes dissolvants des organisations révolutionnaires ». Il poursuit son engagement social en étant président en juillet 1912 de l'Œuvre de la maison de retraite du personnel du spectacle, qui installe une maison d’accueil en forêt de Montmorency à Saint-Brice (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise).

En juin 1911, Ramelet embarque vers Buenos-Aires. La traversée en bateau dure 21 jours. Il débarque en avant-garde afin de recevoir les décors envoyés de l'Opéra-Comique pour une tournée dans la capitale de l’Argentine. Il recrute une équipe italo-espagnole afin de disposer la scène de l'Opéra de Buenos-Aires et manier les décors. Prévue pour 36 représentations, la troupe, dirigée par Albert Wolff en fera 39, pour répondre à une très forte demande. Elle crée dans la ville Pelléas et Mélisande (Claude Debussy), puis présente Louise (Gustave Charpentier), La Reine Fiammette (Xavier Leroux), Le Roi d'Ys (Édouard Lalo), Le Mariage de Télémaque (Claude Terrasse), Fortunio (André Messager), Carmen (Georges Bizet), Manon, Griselidis, Le Jongleur de Notre-Dame, ainsi que Werther (Jules Massenet), Lakmé (Léo Delibes), Mignon et Caïd (Ambroise Thomas), et enfin, seule œuvre non française, Madame Butterfly (Giacomo Puccini). Les spectacles rencontrent un franc succès.

Toujours chef machiniste à l'Opéra-Comique, Eugène Ramelet crée en décembre 1910 avec deux ingénieurs, le constructeur Abel Pifre et l’architecte Eugène Ferret, une société anonyme appelée Constructions scéniques et théâtrales ; ils la dissolvent cependant, sans qu’elle ait eu d’activité, en mars 1911.

La collaboration de Ramelet avec Ferret va cependant se poursuivre, notamment pour l’aménagement du théâtre du Casino de Trouville (Calvados) en 1912. Il intervient également à Paris pour la Gaîté lyrique (3e arr.).

Lors du départ d’Albert Carré, directeur de l’Opéra-Comique, en janvier 1914, c’est Ramelet qui s’exprime au nom du personnel de l’établissement.

Plusieurs organismes opposés à la franc-maçonnerie signalent qu’il y est affilié depuis 1906. Au cours d’une cérémonie tenue au siège du Grand Orient de France, rue Cadet (9e arr.), il est initié au 18e degré selon le rite écossais, ce qui lui octroie le titre de « Souverain Prince Chevalier Rose-Croix ». La cérémonie était organisée par les loges Les Amis Bienfaisants et Les Vrais Amis Réunis.

À suivre

Symbole de la loge maçonnique Les Admirateurs de l'Univers

 

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26 août 2023 6 26 /08 /août /2023 18:30

Madeleine Vinsonneau naît le 16 mai 1904 à Paris (6e arr.). Elle est la fille d’une domestique vivant rue de Verneuil à Paris, Eugénie Séraphine Vinsonneau. Elle prend le nom de son père, Jean-François Gallion, après le mariage de ses parents en juillet 1906 à Paris (7e arr.).

Le père, jusqu’ici monteur de piano, est embauché comme employé de la firme Pathé cinéma et s’installe avant 1911 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où cette société a une usine. Ils vivent d’abord rue de Créteil (act. rue du maréchal Leclerc).

En mai 1923, Madeleine, qui est alors bijoutière, épouse à Joinville Robert Sicre, également bijoutier. Ils vivent d’abord aux Lilas (Seine, act. Seine-Saint-Denis), rue du Bois puis, au début des années 1930, s’installent à Joinville, avenue Bizet, dans le quartier de Palissy. Son mari sera conseiller municipal communiste de Joinville-le-Pont (1950-1959).

Le frère aîné de Madeleine, Henri Gallion (1902-1938), mécanicien à la société Télégic (optique), implantée dans le quartier de Polangis à Joinville, est militant communiste et candidat sur les listes du PCF dans cette commune lors des élections municipales de 1929 et 1935, sans être élu. Robert Sicre est en avril 1925 à Joinville témoin du mariage en d’Henri Gallion avec Louise Émilie Perrot.

En novembre 1950, le quotidien communiste L’Humanité publie le nom de Madeleine Sicre parmi une liste de personnes transmettant des vœux à Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, en vue du rétablissement de sa santé. Elle réside alors avenue Courtin, dans le quartier de Polangis.

Ce même mois, ledit journal prend exemple sur elle pour promouvoir la diffusion de son Almanach Ouvrier et Paysan pour l’année 1951. « Depuis dimanche après-midi, j’ai eu le plaisir de vendre 11 almanachs et 9 calendriers dans onze foyers. Je ne sors pas sans avoir l'un et l’autre. Certains, pour qui 100 francs est une grosse somme, prennent le calendrier ; d’autres me prennent deux almanachs afin d’en offrir un à un ami. Si chaque camarade faisait ainsi, tous les almanachs et calendriers seraient vite placés. »

Madeleine Sicre meurt le 23 septembre 1989 à Férolles-Attilly (Seine-et-Marne). Elle était âgée de 85 ans. Son fils, Georges Sicre (1925-2023), outilleur, fut un des animateurs de l’association de locataires CNL de Joinville et siégea au conseil municipal, dans le groupe PCF de 1977 à 1983. Il était candidat, sous la même étiquette, sur la liste d’Union de la gauche en 2001 mais ne fut pas élu.

L'Almanach de l'Humanité, 1950

 

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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

Le professeur de biologie, publiciste et dirigeant de l’Association philotechnique, société d’éducation populaire, Albert Kownacki exprime en octobre 1907 son opinion sur l’utilité de l’enseignement philotechnique : « donner au jeune homme une éducation plus complète, plus coûteuse par conséquent. Le courage, le labeur incessant ne suffisent pas, il faut le travail aidé du savoir ». Il analyse que si, « Aux États-Unis, les fabricants disent que s'ils peuvent lutter contre l'Europe avec des salaires deux fois plus élevés, c'est que leurs ouvriers plus instruits travaillent plus vite, mieux et savent tirer meilleur parti des machines ». Il considère que cette « influence prépondérante de l'instruction sur la puissance de production apparaît partout et en tout temps ». Il prend un exemple : « dès le XVIIIe siècle, l'Écossais, naguère pauvre et ignorant, l'emportait sur l'Anglais dans toutes les carrières parce que le Parlement d'Édimbourg avait doté le pays d'un enseignement public. »

Ses conférences, en 1907, sont toujours extrêmement centrées sur Herbert Spencer et sa sociologie : la conservation de l’espèce, l’évolution de la famille, les institutions cérémonielles, la genèse des institutions politiques, la religion, la morale évolutionniste… En mai, il aborde cependant un sujet décalé : La transmission de la pensée, à partir d’un cas de télépsychie. Il ose, pour sa conférence d’ouverture des cours, en octobre, un titre provocateur : « Ici on forme des lâches. »

Le père d’Albert Kownacki, Joseph, qui était venu les rejoindre à Joinville-le-Pont, meurt à l’âge inhabituel de 101 ans en janvier 1908. Il est célébré par la communauté polonaise émigrée en France comme le dernier officier survivant de l’insurrection contre les russes en 1830. La même année, Kownacki devient président de l’association philotechnique de Joinville. Il est également fondateur et président des associations philotechnique de Vitry et de La Varenne, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Au long de ses cours, le fils poursuit en 1908 son regard sur l’œuvre du sociologue anglais Herbert Spencer, développant l’approche morale : égoïsme, altruisme, vie individuelle. Puis, après avoir causé en mai sur L’idée de justice à travers les âges, et avoir établi en octobre que La Terre est la seule planète habitable, il entame un nouveau cycle consacré à Karl Marx et au Capital à partir de décembre. Il poursuit à partir du même matériau en 1909.

La villa des Kownacki, dans le quartier de Palissy, est inondée pendant les crues séculaires de la Marne entre janvier et mars 1910. Cependant, Kownacki refuse de demander une indemnisation. Au contraire, il participe à l’organisation d’une Loterie lancée par le docteur Chéhadé Charles Zalta en faveur des sinistrés ; il prononce une allocution lors du versement des aides aux sinistrés.

La même année 1910, Albert Kownacki publie une Histoire de douze ans (1898-1910), consacrée à l’expérience de La Coopération des idées, une université populaire implantée faubourg Saint-Antoine à Paris (11e arr.). Ses conférences de l’année, dont le rythme semble fléchir, s’intéressent à Auguste Comte et au positivisme. Mais il persiste à communiquer aussi sur la cosmologie, entretenant les auditeurs de la Coopération des Idées, qui devient le lieu principal de son enseignement, de La fin du monde d'après la science.

Il consacre un autre livre, en 1911, à Jules Ferry et l’enseignement populaire. Ses premiers cours de l’année, en automne, sont sur Le Pragmatisme, de William James, Bergson et Le régime des eaux dans le bassin de la Seine. À partir de novembre, il entame une série consacrée au corps humain. Il s’interroge en décembre que Comment on se meut.

L’approche du corps humain par Kownacki se poursuit en 1912 : travail, fatigue, repos en janvier, apport des aliments et de l’air en mars, dépuration et protection en avril, transmission des informations en mai, direction et contrôle du cerveau en juin. Mais il n’oublie pas les techniques, évoquant en mai Les grands paquebots et la sécurité des voyageurs.

Les interventions de Kownacki en 1913 se font toutes à l’université populaire du Faubourg Saint-Antoine, nouvelle appellation de la Coopération des Idées. Son programme comporte huit séances consacrées à la philosophie de Bergson : la vie consciente, déterminisme et problème de la liberté, représentation du monde et système nerveux, matière et mémoire, mémoire et cerveau, mémoire et esprit, union de l’âme au corps.

Il démarre en décembre une deuxième série de son enseignement bergsonien par l’Évolution créatrice. Elle continue en mai et juin 1914.

Albert Kownacki est hospitalisé en septembre 1914 pendant trois semaines « en vue d’une opération grave. »

À la suite de cette détérioration de son état de santé, il poursuit son activité associative, mais ne donne plus que rarement de cours ni de conférences – sauf, à une occasion, en juin 1920 sur Les maladies du langage et de la personnalité pour L'Émancipation de Vincennes.

Il vit depuis au moins 1926 et toujours en 1936 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Victor-Hugo, à l’hospice Lenoir-Jousserand, un établissement desservi par des employés laïques, ce qui était encore rare dans les organismes hospitaliers. S’il n’a plus d’activités physiques, il conserve cependant certaines responsabilités et correspond probablement avec ses interlocuteurs. Il organise ainsi en novembre 1927 les 25 ans de la société d’éducation populaire joinvillaise.

Il est présent, jusqu’en juillet 1934, aux manifestations organisées dans les écoles de Joinville. Cette année-là, Kownacki est toujours vice-président de l’Union des philotechniques, fondée en 1901, alors présidée par Paul Strauss, ancien ministre et président du sénat.

Devenu membre titulaire de la Société astronomique de France en mai 1934, Albert Kownacki, s'inscrit comme membre perpétuel de cette association en 1941. Il est alors âgé de 90 ans.

La date et le lieu de son décès ne sont pas connus. Si celui-ci a eu lieu à Saint-Mandé, il serait postérieur à 1942. Il était père de trois enfants ; ses deux filles, Gabrielle et Marthe Kownacka, furent artistes peintres, comme leur mère et leur grand-père. Son fils Marcel fut deux fois blessé et fait prisonnier pendant la première guerre mondiale, où il obtint la Croix de guerre et la Médaille militaire.

Décoré des médailles de bronze (1888), d’argent (1906) et de vermeil de l’instruction des adultes, Kownacki avait obtenu les Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1888 et officier de l’instruction publique en juillet 1896. Il était titulaire du Mérite agricole et avait été fait, en juillet 1914, chevalier de la Légion d’honneur.

Fin

Bulletin de l'union des associations philotechniques de 1934. Albert Kownacki en est alors vice-président

 

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15 juin 2023 4 15 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

La part la plus importante de l’engagement public du professeur Albert Kownacki est son engagement dans l’éducation populaire.  

À parti de 1881, il s’implique dans l'Association Philotechnique où il assure un enseignement gratuit pour adultes comme professeur et conférencier. En novembre 1881, il cause sur « Comment on arrive » au lycée Fontanes de Paris. En janvier 1882, son thème d’intervention est l'Origine de l'homme. Il développe en mars 1883 les principes de l'éducation intégrale. Au lycée Charlemagne, en février 1888, on l’entend sur La dernière catastrophe.

Devant la section des sciences économiques et sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques de Paris, en juin 1887, Kownacki présente une contribution sur les effets de l’enseignement professionnel et technique donné par l'Association philotechnique au point de vue de l'économie politique. Créée en 1848, l’association connait depuis 1870 un grand développement avec 10 000 auditeurs dans ses 330 cours donnés dans 22 sections. Kownacki que le programme « cherche à se plier aux besoins, aux exigences de l'industrie et du commerce contemporains ». Aux cours commerciaux qu’elle délivrait à l’origine, elle a adjoint l’horlogerie, la menuiserie, le travail des métaux, l'électricité, la reliure. Faute de professeurs, elle n'a pu établir un enseignement de pâtisserie, mais par contre elle a réussi à créer un cours d'arabe. Depuis 1870, des femmes ont été admises parmi les auditeurs et parmi les professeurs.

Au sein de l’École de sociologie de la rue Cadet, il traite, en 1888 de l'Évolution de la morale puis de la morale évolutionniste en avril, de l'Évolution organique et de la morale en mai. Le même mois, il poursuit sur les sentiments égoïstes et altruistes, En juin, il se consacre aux conceptions primitives.

En juillet 1889, Kownacki est élu au bureau de l’association, présidé par Ed. Jacques, président du Conseil général de la Seine. Il en devient secrétaire l’année suivante, sous la présidence de Jules Ferry. Avec l’ancien ministre de l’éducation Léon Bourgeois, Kownacki prononce le discours d'ouverture des cours en décembre 1893. Il devient secrétaire général en juillet 1896, Ferdinand Buisson étant devenu le président. Puis il est désigné l’année suivante comme vice-président, toujours avec le même.

On retrouve des conférences de Kownacki en octobre 1892 au lycée Charlemagne sur L'œil et la vision. Il discourt en avril 1894 à propos d’une femme poète : Simone Arnaud. En octobre 1896, à l'école communale de la rue de Belzunce (10e arr.), il parle de L'Art de prolonger la vie.

Le Féminisme est un thème qu’il traite dans une autre école, celle de la rue La Vieuville (18e arr.) en mars 1898 ; l’annonce précise que « Les dames sont invitées » à l’invitation de la Société républicaine des Conférences populaires. Kownacki examine d’abord les raisons économiques qui sont selon lui la « cause première du mouvement féministe : l'homme détenteur de tous les avantages sociaux forçant la femme à une sorte de lutte pour la concurrence sur le marché du travail ». Postulant que « Tout ce qui est juste finit par triompher », Kownacki « déduit du passé oppresseur la justesse et la justice des revendications féminines et sa déduction de l'avenir est que les deux pôles humains reposeront un jour sur l'assise de droits équivalents et d'égalité fraternelle ». Pour y arriver, il « exhorte les femmes à évoluer sans heurts, méthodiquement ». Il remarque que « Trois États de l'Amérique du Nord ont accordé aux femmes leurs droits politiques. Il y est déjà reconnu qu'elles les exercent avec un grand discernement ». Pour lui, « la femme est appelée par la force des choses à triompher sur le terrain politique, comme sur le terrain économique ». Il qualifie « d'infâme trafic » les mariages d'argent et conclut en citant le dirigeant social-démocrate allemand August Bebel « La femme jouira dans la société future des mêmes droits et des mêmes avantages que les hommes ». Il reprendra ce thème en septembre 1900, à l’occasion d’un congrès féministe, devant L'Égalité, université populaire du 7e arrondissement.

Parmi les nouveaux sujets qu’il aborde au tournant du siècle figure Matière brute et matière vivante en novembre 1900 et L'Origine des espèces un mois plus tard. Au début du 20e siècle, il évoque Les Origines de la civilisation en février 1901 puis la Civilisation primitive, morale et religieuse en mars. Il se consacre, avec des projections, à L'Homme primitif en avril. En mai, il s’intéresse à une Tournée d'inspection dans les couvents de Camaldules par un général de l'ordre, une très ancienne congrégation religieuse catholique bénédictine, disparue au 18e siècle. En octobre, Kownacki parle de La Maladie des mystiques. Il interroge, le mois suivant : Peut-on démontrer la vérité ? Puis, pour clôturer l’année, en décembre à Vincennes expose L'art d'arriver au vrai.

C’est accompagné de pièces anatomiques que, de nouveau à Vincennes, on retrouve le professeur de biologie venant parler du Squelette en janvier 1902. Il se consacre ensuite aux questions religieuses, avec Un autodafé au dix-septième siècle le même mois à Paris (11e arr.) puis L’Inquisition en février, de retour à Vincennes. Il étudie le linceul du Christ en juin. La biologie revient au premier rang avec Le cerveau et la pensée ainsi que La physiologie et la question sociale et Le mécanisme de la pensée en mai. En juin, Les maladies du langage et de la personnalité, puis en juillet Le cerveau et ses fonctions et en août Les maladies de la mémoire et du langage sont à son programme. En octobre, il examine L’inconscient et le spiritisme, un mois plus tard La folie et l’éducation. Les sciences de la Terre concernent Kownacki aussi, comme Les volcans et la constitution du globe en août.

L’association philotechnique de Joinville-le-Pont est créée en 1902. Elle inaugure ses cours le 22 novembre en présence du député radical Adolphe Maujan. Kownacki en confie la présidence à Henri Vel-Durand, conseiller d’arrondissement également radical. Kownacki a quitté sa fonction de vice-président de l’association-sœur de Paris et est devenu délégué de la Ligue de l’enseignement. Il prononce, chaque année en novembre, les discours d’ouvertures des cours, qui sont accompagnés d’une partie musicale, avec des élèves des cours de musique. Les élèves de la société d’enseignement populaire installée à Joinville participent à ces manifestations, notamment en jouant de la musique, sous la direction de Louise Allaire.

Au cours de l’année 1903, les thèmes politiques et philosophiques sont mis au premier plan. En janvier, Kownacki discute de La liberté, d’après Stuart Mill puis en mars L’individu contre l’État de Herbert Spencer. Il aborde la Question d'Alsace-Lorraine en mars et les Deux Républiques en avril puis Comment on est devenu transformiste. Démocratie et parlementarisme est à l’ordre du jour en mai puis La révolte de l’homme en septembre. L’intolérance à travers l’histoire est son sujet d’octobre. L’astronomie en images est au programme de novembre autour des Étoiles filantes. Les deux thèmes se retrouvent en décembre, encore avec des illustrations, pour Histoire du calendrier.

Pour l’an 1904, philosophie, économie et politique montrent la diversité des centres d’intérêt de Kownacki. Il organise d’abord en janvier un débat autour de Deux années d'action républicaine (1902-1903). Il discute ensuite ce même mois Les conseils d’un milliardaire, M. Andrew Carnegie. Puis il profite de son centenaire pour exposer la philosophie de Kant en février, avant d’examiner l’idéal américain d’après le président Roosevelt en mai. L’Hygiène humane l’occupe en octobre, puis il revient à la philosophie d’Herbert Spencer (l’inconnaissable) et à Darwin en novembre (les origines des espèces).

Les conférences d’Albert Kownacki en 1905 vont mélanger les questions biologiques et astronomiques. Il débute par La planète Mars en janvier, enchaîne L'air et la vie, se consacrant surtout à Herbert Spencer : philosophie, principes de biologie, développement de l’intelligence, psychologie, métaphysique, religion… L’œuvre du théoricien du darwinisme social (1820-1903) nourrit de très nombreuses séances dans les universités populaires, comme la Coopération des Idées ou l’Aube sociale.

À suivre

Joseph Kownacki, père d'Albert, officier polonais émigré et centenaire

 

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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 01:01

Début de la biographie d’Albert Kownacki

Stanislas Albert Jean Kownacki naît le 6 juin 1850 à Noyon (Oise). Il est le septième enfant d’Alexandrine Bullet et de son époux Joseph Kownacki. Son père, jeune officier polonais réfugié en France, a été un des artisans de l’insurrection polonaise contre l’occupation russe en 1830 ; il avait d’abord été ingénieur dans les chemins de fer et était devenu professeur de dessin.

Après avoir vécu à Noyon, Albert Kownacki suit un cours de rhétorique au lycée Charlemagne à Paris (4e arr.). Au cours la guerre franco-allemande de 1870, Kownacki se retrouve enfermé dans la capitale pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Âgé de 20 ans, il décide de s’engager dans l’armée, mais le bureau de recrutement de la mairie du quatrième arrondissement refuse sa candidature à cause de sa petite taille (il fait 1 mètre 49) et de son état maladif. Il tente alors de rejoindre la garde nationale, milice supplétive, sans plus de succès. Enfin, il rejoint le Bataillon des jeunes qu’organisait Joachim Durandeau, directeur du journal Le Baccalauréat. Mais le commandant de la place de Paris, le général Louis Jules Trochu s’écria, selon le témoignage de Kownacki : « Il ne manquait plus que cela : jouer aux soldats ! ». Et il refusa l’autorisation de constituer la nouvelle unité et de lui fournir des armes.

Faute de pouvoir combattre, Albert Kownacki passe son baccalauréat à la session de novembre 1870. Il réside en 1877 rue du Petit-Musc, dans le quartier du Marais (4e arr.). L’année suivante, Kownacki devient directeur associé de l'institution Mary, une école privée de Clichy-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine) ; il y vit, rue de Neuilly.

En mars 1877 à Paris (3e arr.), Albert Kownacki, qui vit alors rue du Petit-Musc (4e arr.), épouse Gabrielle Krahnass, artiste peintre qui expose aux salons de Paris sous le nom de Gabrielle Kownacka après l’avoir fait à Poitiers (Vienne) sous son patronyme. Elle est, comme lui, fille d’un officier polonais réfugié en France, François Krahnass, devenu comptable.

Membre de l’Association française pour l’avancement des sciences, Kownacki présente une communication sur les maîtres d’études à son congrès de Montpellier en 1879 et y constitue, l’année suivante une section pédagogique. Il est l’un des principaux orateurs et le secrétaire général du Congrès de l'Éducation et de l'Enseignement qui se tient à Paris en octobre 1879 puis en mars 1880.

Ayant déménagé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), le couple s’installe en 1883 d’abord dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. Avenue du Président-Wilson) puis sur la rive droite, avenue de la Marne. En 1891, la famille retourne à Palissy, rue du 42e de Ligne, où elle restera installée des dizaines d’années.

Kownacki enseigne la biologie en lycée et est notamment chargé du cours de morale à l’École de sociologie à Paris en 1887. Il est connu par ses idées anticléricales. Mais son activité principale est celle de publiciste. Il collabore notamment à des publications à vocation pédagogique : Bien Public, Estafette du Nord, La Science pour tous, Le Journal du lundi, Cahiers de l’Université populaire, Bulletin de l'Association philotechnique, L'Union morale (organe de la ligue française d'éducation).

Il consacre en 1889 un ouvrage au directeur d’une de ces publications, Le Journal du lundi, Émile Baras, journaliste économique, ancien responsable de La Semaine financière, un auteur dont il vantait la probité.

Dans son nouveau territoire de résidence, Albert Kownacki est délégué cantonal de l’Éducation nationale pour la circonscription de Saint-Maur et membre de la commission d’examen du certificat d’études.

Albert Kownacki est affilié à la franc-maçonnerie française. Il donne en février 1883, une Conférence intitulée « La France maçonnique et le gouvernement de la République d'après les cléricaux » pour l’installation des officiers de la loge L'École mutuelle, du Grand-Orient de France. À partir de 1884, il est orateur et surveillant de la loge L'Avant-Garde Maçonnique, dont le temple se situe au siège du Grand-Orient, rue Cadet. Il en est le vénérable en 1886. Il rejoint en 1903 la loge Les Rénovateurs de Clichy, dont le ministre de la guerre, Maurice Berteaux, a été le vénérable.

À suivre

Le premier ouvrage d'Albert Kownacki

 

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