Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 décembre 2024 6 14 /12 /décembre /2024 00:01

Simone Marie Françoise Loth naît le 16 janvier 1922 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille de Mélanie Marie Louise Lorin et de son époux Auguste Charles Loth, 25 ans, fourreur.

Son père, fourreur, est d’origine alsacienne ; il a été 14 mois prisonnier de guerre en Allemagne en 1917-1918. Sa mère, native de Joinville, est elle-même fille d’un candidat conservateur, sur la liste du Bloc indépendant, aux élections municipales de Joinville en novembre 1919. Ils vivent dans le quartier de Palissy, avenue des Platanes.

En juillet 1946 à Joinville, Simone Loth épouse Jean Louis Albert Pariselle, sculpteur.

Institutrice, Simone Pariselle deviendra directrice de l’école primaire publique de Polangis, qui accueille les enfants des deux quartiers de la rive gauche de la Marne, Palissy et Polangis. Ce dernier quartier étant à cheval sur les communes de Joinville et Champigny, des élèves de cette dernière ville fréquentent également l’école.

Depuis les années 1970 jusqu’aux années 1990, Simone et Jean Louis Pariselle vont être des militants du Parti socialiste. Ils aménagent un bureau dans leur domicile de l’avenue des Platanes, qui sert de bureau à la commission administrative de la section locale.

Simone est membre de cette commission, où elle assume la fonction de trésorière. Jean Louis est élu conseiller municipal de la commune en 1978 et désigné comme adjoint au maire, le communiste Guy Gibout, en charge des affaires scolaires. Il assume cette fonction jusqu’en 1983.

À la fin des années 1990, le couple Pariselle s’installe à Champs-sur-Yonne (Yonne), allée des Chaumes.

Après la mort de son mari, en octobre 2008, Simone va se consacrer à la sauvegarde de l’œuvre de Jean Louis Pariselle. Elle collabore avec Marianne Guyot, qui publie Vie et œuvres de Jean-Louis Pariselle (Vaux éd., 2011).

En janvier 2012, le conseil municipal de la commune accepte le legs des sculptures fait par Simone et « s’engage à ce qu’il reste la propriété inaliénable de la commune ». Une exposition est présentée lors des Journées du Patrimoine 2022 à Champs-sur-Yonne.

Elle assure la transmission de ses outils à l’école Boulle (Paris, 12e arr.), qu’il avait fréquentée. Une exposition est organisée en octobre 2013 dans les locaux de l’établissement ; bien qu’âgée de 91 ans, Simone Pariselle est présente au vernissage.

Simone Pariselle meurt quelques jours plus tard, le 24 octobre 2013 à Champs-sur-Yonne. Elle est inhumée à Joinville-le-Pont, auprès de ses parents et de son époux. Elle était mère d’un fils.

Voir aussi Jean-Louis Pariselle, sculpteur et grand cœur

Simone Pariselle (arch. BW)

 

Partager cet article
Repost0
6 décembre 2024 5 06 /12 /décembre /2024 00:01

Mise à jour de l’article « Vernière et le projet inabouti des logements sociaux de Polangis » du 04/11/2019 après accès à de nouvelles archives.

Albert Jean Baptiste Vernière naît le 9 février 1871 à Montilly (Allier). Il est le fils de Catherine Élisa Guillet et de Pierre Vernière ; ses deux parents sont instituteurs, comme le sera également sa sœur Marie Denise, épouse de Jean Forge (1869-1940).

Pour sa part, Albert Vernière fait des études scientifiques, d’abord à Paris. À 18 ans, il devance l’appel au service militaire et s’engage, pour trois ans, à Paris (3e arr.) en octobre 1889 et est affectée au 125e régiment d'infanterie. Il revient à la vie civile en septembre 1892 et effectue des périodes en tant que réserviste en octobre 1897 et mars 1902.

Il reprend des études en Languedoc, à l’université de Montpellier (Hérault). Albert Vernière enseigne à l’institution Saint-Louis-de-Gonzague, établissement catholique privé à Perpignan (Pyrénées-Orientales). C’est dans cette ville qu’il épouse, en février 1898, Adrienne Micheline Sarda, fille d’un important minotier établi dans le quartier du Haut-Vernet.

Pour l’activité professorale, le couple va s’installer en région parisienne, d’abord à Courbevoie en 1900. Mais il continue à avoir des relations fortes avec l’Occitanie ; c’est à Perpignan, dans la demeure des beaux-parents, que naissent en septembre 1900 et mars 1903 leurs deux premiers enfants. Vernière fait, en octobre 1902 une conférence sur « la liberté d'enseignement » à Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales). Il obtient son certificat d'études, physiques, chimiques et naturelles de la Faculté des sciences de Montpellier en juin 1903.

Désormais installé durablement autour de la capitale, les Vernière vivent à Antony (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1904-1905. Puis après avoir cessé son métier de professeur, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils résident en 1907 quai Beaubourg (act. quai Pierre-Brossolette) puis en 1908 dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, avenue du Chalet (villa Schaken) et en 1909 de nouveau à Joinville, avenue des Platanes.

La Compagnie générale de phonographes, cinématographe et appareils de précision (société Pathé-frères), dirigée par Charles Pathé et implantée à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) se lança dans la fabrication industrielle de films vierges en 1906 et créa les laboratoires de Joinville, dans le quartier de Palissy.

Vernière est, sans doute à partir de 1906, employé de la société Pathé qui lui confie une fonction s’apparentant à celle d’un chargé des relations extérieures. Il dispose d’un statut confortable, puisqu’une voiture et un chauffeur sont mis à sa disposition. Il veut construire des habitations à bon marché sur un terrain dont elle est propriétaire, boulevard de Polangis. La coopérative à capital variable Union des Prévoyants de Polangis est mise en place en juin 1908. C’est, en France, une des premières institutions de ce type. Son siège est fixé chez Paul Alombert, commissaire vérificateur, rue Chapsal, à Joinville. Vernière publie des affiches, informant les joinvillais sur le projet coopératif et sa finalité.

Dotée d’un capital de départ de 30 000 francs, l’institution attire, selon la presse locale, de nombreux souscripteurs, et a placé, en octobre 1908, 3 800 billets pour 19 000 francs. En 1912, le bilan de l’Union des Prévoyants de Polangis mentionne des obligations remises à la caisse des dépôts pour un montant de 66 000 francs. Un rapport de 1922 évalue ses fonds à 200 000 francs. Cependant, il semble qu’aucune construction sociale n’ait été faite par la coopérative, qui n’existe plus au moment de la constitution du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville en avril 1931.

Dans la société Pathé, Vernière s’occupe des rapports avec la municipalité. Les relations sont difficiles, plusieurs élus et d’autres personnalités locales critiquant par exemple la construction de la cheminée. Quand l’usine demande à augmenter son stock de celluloïd, l’assentiment du conseil municipal n’est donné que sous réserve de précautions. Pour faire pression sur les élus, Vernière fait circuler un mot d’ordre de vote contre Henri Vel-Durand, candidat radical-socialiste au conseil d’arrondissement en juin 1908. Il sera cependant réélu, contre un candidat socialiste indépendant, René Martin et un socialiste SFIO, Tranchant.

En avril 1908, Vernière est président d’un comité d’action sociale qui dialogue avec les socialistes SFIO de Joinville, notamment Henri Lacroix. Il aurait été constitué en 1906, alors que Vernière avait demandé à adhérer au comité radical-socialiste. En juillet 1908, Vernière suspend son comité d’action sociale et rejoint le comité républicain-socialiste indépendant, dit évolutionniste, ce qui provoque le départ d’un de ses fondateurs, Eugène Hainsselin.

Hainsselin et Vernière vont cependant se réconcilier rapidement, et ce dernier soutient la publication du journal L’Indépendant, publié par Hainsselin, syndicaliste et ancien socialiste-révolutionnaire puis socialiste SFIO, mais qui a aussi le soutien de Gaston Méry, conseiller municipal réactionnaire de Paris, rédacteur au journal d’extrême-droite La Libre Parole.

En octobre 1908, les évolutionnistes Hainsselin, Martin et Vernière font alliance avec Théophile Leteuil, ancien conseiller municipal radical-socialiste démissionnaire.

Vernière quitte la maison Pathé vers la fin de 1908.

Les années 1900 sont ceux de déboires avec l’armée. Peut-être du fait de ses déménagements qu’il n’aurait pas signifié, il ne répond pas à des appels pour effectuer des périodes de réserve. En novembre 1907, il est déclaré « insoumis », une mesure levée en novembre 1910 pour prescription ; mais il est de nouveau inscrit sur les registres de l’insoumission en mars 1911.

Au cours de la première guerre mondiale, résidant alors à Paris (20e arr.), rue Duris, Albert Vernière est arrêté par la police en septembre 1915. Une ordonnance rendue en octobre prononce un non-lieu à son égard, et il est affecté au 98e régiment territorial d'infanterie. Cependant, il ne rejoint pas son poste, du fait de son statut d’homme marié père de trois enfants vivants.

N'exerçant plus de profession, Albert Vernière vit à Ardillières (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime), sans doute auprès de son père. Il meurt dans ce village de l’Aunis le 25 avril 1918. Âgé de 47 ans, il était divorcé et avait eu quatre enfants, dont un mort en bas âge.

L’usine Pathé à Joinville-le-Pont ; les bâtiments et la cheminée sont toujours existants en 2024

 

Partager cet article
Repost0
14 mai 2024 2 14 /05 /mai /2024 21:11

René Octave Diamin naît le 19 septembre 1900 Paris (14e arr.). Il est le fils de Claire Marguerite Léonide Leblanc, fille d’un fabricant de broderies et de son époux Charles Octave Diamin, alors libraire papetier, rue du Mont-Thabor (1er arr.). Il est issu d’une famille d’imprimeurs lyonnais. La mère de René meurt en octobre 1907, il a alors sept ans. Cette même année, il subit une fracture du fémur gauche qui le laissera ensuite handicapé. Son père se remariera ensuite à deux reprises et redevient imprimeur à Paris. La famille vit rue Beautreillis (4e arr.).

À l’âge de 18 ans, il est instituteur et épouse, en septembre 1919 à Paris (4e arr.) une institutrice et orpheline, Germaine Lucie Charlotte Arnal. Appelé pour faire son service militaire en mars 1920 au sein du 117e régiment d'infanterie, il est renvoyé dans ses foyers deux semaines plus tard, du fait de sa déformation du genou et de la hanche. Il est de nouveau convoqué en avril 1921, incorporé au 46e régiment d'infanterie puis, une fois encore, réformé pour cause de handicap après cinq semaines sous les drapeaux.

En 1920, M. Diamin rejoint l’école du Centre à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Son épouse rejoint l’autre établissement scolaire municipal, celui du quartier de Polangis, où ils vivent avenue du Parc.

S’impliquant dans la vie locale, Diamin devient secrétaire du nouveau club cycliste Joinville sportif en février 1922. Il devient trésorier en décembre 1925 et l’est toujours deux ans plus tard.  

Son engagement est aussi politique. Les deux formations de gauche traditionnelles n’ont plus de structure dans la commune de Joinville au début des années 1920 : la totalité des adhérents du Parti socialiste SFIO a rejoint le nouveau parti communiste, tandis que le comité radical-socialiste a cessé de fonctionner. La création le 15 décembre 1923 de la section de Joinville de la Ligue de la République marque la réapparition de la gauche non communiste. Diamin, qui est proche d’un autre des pionniers de la reconstitution de la SFIO, Léon Berthet, devient secrétaire général de l’organisation qui est présidée par René Caperon, syndicaliste CGT, responsable de la Ligue des droits de l’Homme et conseiller municipal de Joinville.

En mars 1924, la Ligue de la République laisse la place au cartel des gauches, présidé par le tapissier Georges Émile Briolay, radical-socialiste et futur maire de la ville. Diamin est de nouveau secrétaire de l’organisation qui, outre les radicaux et la SFIO, regroupe également des socialistes indépendants et le Parti socialiste-communiste.

En 1926, le couple Diamin vit dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, rue Edmond-Rostand. René Diamin, devient, en janvier 1927 le secrétaire de la section socialiste SFIO de Champigny ; il est aussi le responsable de l’Union des sections du canton de Nogent-sur-Marne. Son épouse adhère elle-aussi à la SFIO.

En 1928, les Diamin sont installés à Paris (20e arr.), dans le quartier Saint-Fargeau. Ils résident rue des Pyrénées tous deux rejoignent la section locale de la SFIO. René Diamin est membre de la commission administrative locale du parti en février 1931. Il est également devenu membre du Syndicat national des instituteurs publics en novembre 1928.

En collaboration avec des organismes mutualistes, la Caisse des écoles du 20e arrondissement a ouvert un établissement d’enseignement spécialisé à Montigny-sur-Loing (Seine-et-Marne). L’initiative en revient à Auguste Bénard (1865-1950), industriel, adjoint au maire du 20e arrondissement (1923-1935), chevalier de la Légion d’honneur. Baptisé Le Nid, il s’agit d’un internant qui accueille, pour 11 mois en internat, des enfants en mauvaise santé, notamment parce qu’ils vivent dans des conditions insalubres, et considérés comme en danger d’attraper la tuberculose.

Les époux Diamin deviennent directeurs de l’établissement. Ils sont en poste à Montigny en 1931, bien qu’ils conservent leur adresse parisienne, et y restent jusqu’en 1942. René Diamin est coopté en janvier 1931 au sein de l’association des Naturalistes de la vallée du Loing.

L’école du Nid, qui accueille 125 élèves dans des classes mixtes, avec un enseignement limité à deux heures par jour, plus de très nombreuses activités de jeu et de découverte sur le terrain. L’activité de René Diamin est évoquée dans de nombreux articles de presse. En juillet 1933, l’hebdomadaire local du 20e arrondissement, Paris-demain, salue « un couple d’éducateurs modernes. »

L’écrivain et journaliste Louis Roubaud publie, en septembre 1934, un long reportage dans Le Petit Parisien, où il reconnaît que son scepticisme originel a été vaincu, attribuant ce qu’il appelle « un petit coin de paradis » à « M. et Mme Diamin qui sont jeunes, simples et bons. »

L'Informateur de Seine-et-Marne évoque en février 1936 « les rares qualités d’éducateurs » du couple Diamin. L'Institut coopératif de l'école moderne (ICEM-Freinet) classe René Diamin parmi les pionniers de la pédagogie Freinet.

Les Diamin, y compris leur jeune fils, sont les témoins d’un accident lors d’une course automobile qui fait huit morts à Fontainebleau en mai 1934. Ils sont tous les trois légèrement blessés.

Pendant la deuxième guerre mondiale, à cause de ses problèmes physiques, René Diamin n’est pas mobilisé. Il est réformé à titre définitif en février 1940.

Le préfet de la Seine fait l’éloge, en novembre 1940, de son comportement pour avoir contribué à l’accueil à Montigny d’enfants évacués de la région parisienne après la défaite de l’armée française en juin 1940.

Il est probablement révoqué de son poste à l’école de plein air de Montigny-sur-Loing à l’été 1942. Son nom figure sur la liste des hauts gradés de la franc-maçonnerie, fustigés par les autorités du régime de Vichy, qui est publiée au Journal officiel en septembre 1942. La loi du 13 août 1940 interdit les « sociétés secrètes », y compris la franc-maçonnerie ; elle exige des fonctionnaires une déclaration d’appartenance ou de non-appartenance. Les francs-maçons sont exclus de la fonction publique.

Sa femme est signalée en octobre 1942 comme intervenant dans un site d’accueil d’enfants envoyés par le Secours national au château de Muides, en bordure du parc de Chambord, à Mer (Loir-et-Cher).

René Octave Diamin meurt le 29 février 1980 à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Il était âgé de 79 ans et père d’un fils.

Son demi-frère, Roger Diamin (1914-1982), artisan électricien, fut un résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, engagé dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Voir aussi Germaine Diamin, directrice d’une école de plein air

René Diamin (arch. fam.)

 

Partager cet article
Repost0
13 mai 2024 1 13 /05 /mai /2024 21:50

Germaine Lucie Charlotte Arnal naît le 12 janvier 1895 à Paris (10e arr.). Elle est la fille d’Eugène Louis Arnal, négociant en vin, et de son épouse, Mélanie Adélaïde Granvau. Elle perd sa mère en avril 1903 et son père en février 1908 ; elle a alors 13 ans.

Devenue institutrice et vivant rue François-Miron dans le quatrième arrondissement de Paris, elle épouse en septembre 1919 dans ce quartier René Octave Diamin, lui aussi instituteur. Ils s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), à Polangis, avenue du Parc. Elle exerce alors dans un établissement privé mais rejoindra peu après l’école publique du quartier.

Le conseil général de la Seine lui octroie, en 1923 et 1924, des gratifications pour assurer des cours d’adultes dans les écoles publiques. Elle enseigne l'arithmétique à Joinville.

En 1926, le couple Diamin vit dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, rue Edmond-Rostand. René Diamin, qui était déjà un militant actif à Joinville, devient, en janvier 1927 le secrétaire de la section socialiste SFIO de Champigny ; il est aussi le responsable de l’Union des sections du canton de Nogent-sur-Marne.

Germaine Diamin est, au moins à partir de septembre 1927, adhérente elle aussi au Parti socialiste SFIO. La part des femmes est faible au sein de toutes les formations politiques entre les deux guerres, d’autant plus qu’elles n’ont pas encore le droit de vote pour les élections. Au sein du parti SFIO, un Comité national des femmes socialistes sera constitué en 1931.

En 1929, les Diamin sont installés à Paris (20e arr.), dans le quartier Saint-Fargeau. Ils résident rue des Pyrénées. Ils ont tous deux rejoint la section locale de la SFIO.

En collaboration avec des organismes mutualistes, la Caisse des écoles du 20e arrondissement a ouvert un établissement d’enseignement spécialisé à Montigny-sur-Loing (Seine-et-Marne). L’initiative en revient à Auguste Bénard (1865-1950), industriel, adjoint au maire du 20e arrondissement (1923-1935), chevalier de la Légion d’honneur. Baptisé Le Nid, il s’agit d’un internant qui accueille, pour 11 mois en internat, des enfants en mauvaise santé, notamment parce qu’ils vivent dans des conditions insalubres, et considérés comme en danger d’attraper la tuberculose.

Les époux Diamin deviennent directeurs de l’établissement. Ils sont en poste en 1931 et y restent, au moins jusqu’au milieu de la deuxième guerre mondiale.

En 1935, Mme Diamin devient membre de l’association des Naturalistes de la vallée du Loing, où elle est présentée par son mari.

L’école du Nid, qui accueille 125 élèves dans des classes mixtes, avec un enseignement limité à deux heures par jour, plus de très nombreuses activités de jeu et de découverte sur le terrain. L’activité de Germaine Diamin est évoquée dans de nombreux articles de presse. En juillet 1933, l’hebdomadaire local du 20e arrondissement, Paris-demain, salue « un couple d’éducateurs modernes. »

L’écrivain et journaliste Louis Roubaud publie, en septembre 1934, un long reportage dans Le Petit Parisien, où il reconnaît que son scepticisme originel a été vaincu, attribuant ce qu’il appelle « un petit coin de paradis » à « M. et Mme Diamin qui sont jeunes, simples et bons. »

L'Informateur de Seine-et-Marne évoque en février 1936 « les rares qualités d’éducateurs » du couple Diamin.

En novembre 1940, le préfet de la Seine fait l’éloge du comportement de son mari, qui a contribué à l’accueil à Montigny d’enfants évacués de la région parisienne après la défaite de l’armée française.

Le nom de René Diamin, toujours en poste à l’école de plein air de Montigny-sur-Loing, figure, en septembre 1942 sur la liste des hauts gradés de la franc-maçonnerie, fustigés par les autorités du régime de Vichy, qui est publiée au Journal officiel. Il a donc probablement dû quitter son poste en application de la loi du 13 août 1940 interdisant les « sociétés secrètes », y compris la franc-maçonnerie ; son épouse a sans doute aussi quitté le Nid. On retrouve une « Mme Diamin, souriante institutrice » (probablement elle), mentionnée dans le quotidien Paris-midi en octobre 1942 accueillant des enfants envoyés par le Secours national au château de Muides, en bordure du parc de Chambord, à Mer (Loir-et-Cher).

Germaine Diamin meurt le 7 juillet 1988 à Avon (Seine-et-Marne). Elle était âgée de 93 ans et mère d’un fils.

L’école de plein air Le Nid de Montigny-sur-Loing

 

Partager cet article
Repost0
14 mars 2024 4 14 /03 /mars /2024 19:40

Aline Marie Hanicka naît le 11 novembre 1933 à Varsovie (Pologne). Elle est la fille de Valéria Constance Mantey et de Witold Hanicki.

Son père est ingénieur. Il est originaire en août 1900 de Tereszky, ville située en Russie selon son état-civil, qu’il faut probablement rattacher à l’Ukraine actuellement.

Sa mère, née en juin 1899 à Paris, exerce la profession de sténodactylo, est la fille d’un directeur de l’Assistance publique de Paris, Donat Émile Mantey, qui a en charge des établissements en banlieue comme Bois-d'Arcy (Seine-et-Oise, act. Yvelines) puis en province tels Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais) ou Abbeville (Somme). La grand-mère maternelle d’Aline Hanicka, Flora Valeria née Desvaux a pour sœur Anita Desvaux, militante socialiste, mariée avec Jean Laurent Frederick Longuet, journaliste, avocat, homme politique socialiste français membre de la SFIO ; c’est un des petits-fils du philosophe et rédacteur du Manifeste du parti communiste, Karl Marx.

Valéria Mantey, bien que née en France et n’ayant résidé que quelques années en Pologne, avait perdu la nationalité française ; elle la retrouvera en novembre 1937, la famille séjournant de nouveau en France, à Taverny (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) où naît le frère d’Aline, Jean, en 1935.

Selon l’historien Jacques Girault, Aline Hanicka fréquente, après la deuxième guerre mondiale, vers 1946-1947, un groupe de jeunes animé par Yvan Craipeau. Militant syndical, ancien résistant et dirigeant d’organisations trotskistes, il est instituteur dans une école de Taverny. Elle-même deviendra également institutrice. Le groupe animé par Crépeau comprend des jeunes communistes, mais aussi des chrétiens progressistes et avait une activité principalement sportive.

C’est grâce à ce groupe qu’elle rencontre Roger Beaumont, qui sera lui aussi instituteur, et séjournant alors en sanatorium à Bouffémont (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), commune voisine de Taverny. Toujours d’après J. Girault, Roger Beaumont et ses camarades de club « suivaient de très près les actions des prêtres-ouvriers ». Il exerçait des responsabilités locales aux scouts de France. Résidant à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il avait été adhérent aux Jeunesses du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste) dans cette ville de 1947 à 1950.

Cependant, fréquentant Aline Hanicka et les membres de son groupe, il change d’opinion et rejoint le parti communiste français (PCF) en décembre 1953 ; elle-même le fait l’année suivante. Ils se marient, en mars 1954 à Joinville-le-Pont et vivent dorénavant dans cette commune.

Roger Beaumont est élu conseiller municipal de la commune voisine de Champigny-sur-Marne, où il enseignait. Après leur divorce et son remariage, il va quitter les bords de Marne pour s’installer à Sens, dans l’Yonne, où il devient inspecteur départemental de l’Éducation nationale.

Aline Hanicka conserve, selon le pédagogue Bernard Furet, la garde de leurs deux garçons. En mars 1999, elle participe à une souscription lancée dans le quotidien communiste L’Humanité aux côtés de militants communistes de Champigny.

Elle meurt le 17 janvier 2007 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Elle était âgée de 73 ans.

Joinville-le-Pont, écoles

 

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

Une des élèves du ténor Émile Engel, la pianiste et cantatrice mezzo-soprano Jane Bathori est engagée en 1901 à la Scala de Milan. Elle l’accompagne en 1908 au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles où il reprend une saison. En 1906, devenu professeur au Conservatoire de musique de la capitale, il poursuit une activité privée avec elle et tous les deux ouvrent leçons et cours de chant dans un salon de la rue de Londres à Paris.

Après avoir divorcé, en décembre 1907 d’avec Marie Garry, il épouse en mai 1908 à Paris (8e arr.) Jane Bathori (alias Jeanne Marie Berthier), qui a 30 ans de moins que lui. Le peintre Charles Léandre et le compositeur Albert Roussel sont ses témoins.

Au cours de la première guerre mondiale, le fils aîné d’Émile Engel, José, déjà trop âgé pour être dans les troupes de combat, est mobilisé en 1916 dans le génie puis mis à disposition du ministère de l’enseignement. Son fils cadet, René, ingénieur chimiste installé aux États-Unis, est affecté à l’artillerie, détaché à la direction générale des poudres et sert d’interlocuteur aux autorités américaines pour l’armement. Il est nommé lieutenant.

Pour leur part, les époux Engel organisent en janvier 1916 une matinée au bénéfice des soldats aveugles.

Contribuant aux efforts patriotiques, Émile Engel met en musique des œuvres poétiques. Il publie au moins cinq œuvres sur des textes de Paul Déroulède (Le bon Gîte en 1916 et Le Clairon l’année suivante), de M.-H. Chantrel (Le Coq gaulois en 1916), d’Alfred de Musset (Le Rhin allemand en 1917) ainsi que de Victor Hugo (Hymne à la France en 1917).

Après la première guerre mondiale, Émile Engel se consacre presqu’exclusivement à son enseignement, principalement au Conservatoire de Paris, ne chantant qu’à l’occasion de concert avec ses élèves.

Son divorce d’avec Jane Bathori est prononcé en juillet 1921 par le tribunal civil de la Seine « à la requête et au profit du mari ». Ce ne sera pas sa dernière union puisqu’en mars 1925 à Paris (10e arr.), il épouse de nouveau une de ses élèves, Rose Joséphine Daumas, fille d’un typographe de Toulon (Var). La différence d’âge est cette fois de 54 ans ; parmi ses témoins, on retrouve le peintre Charles Léandre, qui réalisera son portrait en 1927. Le nouveau couple vit rue Claude-Vellefaux (10e arr.).

Bien qu’âgé alors de 80 ans, Émile Engel, est toujours professeur en 1927 et se confie en juin lors du concours de chant où se présente ses élèves à un rédacteur de Chantecler, qui le dit marchant péniblement, malade et usé : « Je vais mourir d'une minute à l'autre, tant je suis faible ». Il meurt le 18 juillet 1927 à Paris (10e arr.) dans son domicile de l’avenue Claude-Vellefaux. Son successeur à son poste au Conservatoire de musique de Paris voit sa nomination (décidée antérieurement) publiée le jour même de la disparition d’Engel. Chantecler écrit qu’il « est mort à l'heure même où commençait sa retraite », ayant cependant « connu le réconfort d’une affection et l'un dévouement féminins qui lui ont embelli ses derniers moments ». Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (20e arr.).

Une fille, Marie Françoise Antoinette, naît de manière posthume en septembre 1927 à Toulon (Var), où Rose Engel s’était retirée chez sa mère. Mais sa veuve décède elle-même un mois plus tard, laissant le bébé orphelin à la garde de sa grand-mère maternelle. Elle héritera de la vente d’une vaste villa située près de Dieppe, à Hautot-sur-Mer (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), avec ses deux frères aînés (José a 59 ans de plus qu’elle et René en a 40). José est un peintre, dessinateur et illustrateur ; René, qui va prendre la nationalité des États-Unis, est professeur de géologie à l’Institut de technologie de Californie (Caltech), à Pasadena.

De nombreux journaux rendent hommage à Émile Engel. Comme beaucoup d’autres, Comoedia, met en avant, parmi ses créations, Le Rêve d’Alfred Bruneau à la salle Favart de l'Opéra-Comique. Le Journal souligne la « pénible émotion » que provoque sa disparition chez ses nombreux élèves et amis. La Volonté le décrit comme « un chanteur de grande classe ».

La Grande encyclopédie, publiée en 1894, voyait en lui « un artiste de talent, comédien aussi habile que chanteur expressif et expérimenté ». Outre les tableaux de Charles Léandre et José Engel, le photographe Félix Nadar figure par les nombreux auteurs de portraits de l’artiste.

Fin

Émile Engel et Jane Bathori

 

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2023 2 31 /10 /octobre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

En 1885, le ténor Émile Engel s’engage pour au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, où il va passer quatre ans. Il fait cependant quelques apparitions sur des scènes estivales, comme en juillet 1886 à Aix-en-Provence. Il est nommé professeur de chant au Conservatoire de Bruxelles en janvier 1888.

S’il travaille en Belgique, au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, il a installé sa famille en banlieue parisienne, à Chatou (Seine-et-Oise, act. Yvelines), où naît en juin 1887 son second fils, René. Il expédie de cette adresse un don en mai la même année pour venir en aide aux sinistrés de l’incendie de l'Opéra-Comique et accepte de participer à une représentation en faveur des victimes.

L’embauche à l’Opéra de Paris d’Émile Engel participe de la légende. Elle a fait l’objet de nombreux articles dans la presse, souvent romancés. Le critique musical Henri de Lapommeraye, qui en fut témoin, décrit plus sobrement les évènements dans le quotidien Paris. Le 10 décembre 1889, l’Opéra de Paris reprend Lucie de Lammermoor de Donizetti. La salle est pleine, le président de la République, Sadi Carnot, assistant au spectacle avec son épouse. Le ténor Émile Cossira, qui tient le rôle d’Edgard, a un malaise dès sa première apparition et est incapable de poursuivre. « Eh quoi ! on allait être obligé de renvoyer tous ces spectateurs (…) Comment n'avait-on pas eu le soin de garder au théâtre celui qui doit doubler M. Cossira ? C’était un désastre ». Le jeune secrétaire de l’Opéra, M. Mobisson se serait écrié : « La bataille est perdue, mais il n’est que neuf heures et demie et nous avons encore le temps d’en gagner une avant minuit ! ». Il propose au directeur, Eugène Ritt, de requérir Engel, qu’il a aperçu dans la salle et dont il sait qu’il a chanté Lucie en province comme à l'étranger. Il fait remarquer qu’il n’a pas répété… mais accepte, considérant selon Lapommeraye que « c’est tard, mais c’est amusant ». Il est habillé « comme on peut » et reprend la représentation. À la fin de la représentation, à minuit, Engel reçoit une ovation. Dans les années suivantes, Engel reprit aussi, au pied levé, plusieurs rôles dans des conditions comparables, ce qui lui valut le surnom de Terre-Neuve, du nom d’une race de chiens réputée pour sa capacité de sauvetage en mer

Embauché à l’Opéra suite à cette soirée mémorable, Engel y reste un an. On le retrouve ensuite de nouveau à l’Opéra-Comique. En mars 1894, il interprète le rôle de Siegmond dans la Walkyrie de Wagner au théâtre de la Scala de Milan. Pour Le Monde artiste, « Il y a longtemps, que (l’on) n'avait eu un ténor de cette autorité et de ce style. (…) Engel ne cherche pas à lutter avec ces voix énormes [de ses prédécesseurs] ; il se contente d'être lui-même, c'est-à-dire un musicien excellent ; et de mettre au service des personnages qu'on lui confie, toutes les ressources d'un art très fin et très personnel ». Italia del Popolo, journal italien, le qualifie de « grand artiste » et de « savant commentateur de Wagner. »

En juin 1894, M. Charley, directeur de théâtre de Buenos-Aires, assigne Engel devant le la troisième chambre du tribunal civil de la Seine à Paris. Il lui reproche d’avoir quitté l’Argentine, où il l’avait recruté, sans avoir honoré les engagements de représentations. Le procès est l’occasion d’un débat sur le judicatum solvi, la caution que doivent verser les étrangers qui engagent des actions en France. Engel exige qu’elle soit payée par Charley, natif de Belgique, qui répond : « Il est possible que je sois Belge, mais vous êtes Luxembourgeois et vous n'avez pas le droit d'exiger la caution ». Mais Engel produit un décret, signé du président Carnot, prouvant qu’il détenait désormais la nationalité française.

À Paris au théâtre de La Bodinière (9e arr.), Engel crée en décembre 1896 Une heure de musique, où chaque semaine il donne une audition d’œuvres nouvelles, qui se tient début de soirée. Il programme notamment Saint-Saëns, César Franck, Olonne, Bussy, Bréville. Lui-même met en musique des poèmes de Paul Bourget. Il chante aussi à l’Opéra-Comique ou avec les concerts Lamoureux, à Paris et en province. Enfin, il donne des cours et leçons particulières rue des Martyrs puis boulevard Pereire.

Lors de l’exposition universelle de Paris en 1900, José Engel, son fils, présente un portrait de lui dans le « musée des artistes », œuvre que le quotidien Le Soir qualifie de « portrait d’une extrême et puissante originalité. »

À suivre

Émile Engel

 

Partager cet article
Repost0
29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 01:01

Début de la biographie d’Émile Engel

François Pierre Émile Engel naît le 15 février 1847 à Paris et est baptisé le lendemain en l’église catholique Saint-Étienne-du-Mont (5e arr.). Il est le fils s’Élisabeth Staat et de son époux François Engel, fabricant de chaussures, une famille qualifiée de bourgeoise par ses biographes, qui tient boutique rue Saint-Martin (3e arr.). Son père étant luxembourgeois, Émile Engel acquerra la nationalité française par naturalisation.

Élève du collège Henri IV (act. lycée) à Paris (5e arr.), il intègre en 1864 les cours de Gilbert Duprez au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Le quotidien Paris en fait la description en décembre 1889 : « Le front intelligent, large et haut du travailleur ardent, obstiné ; l’œil clair, vif, hardi, où perce une malice enveloppée et caressante. Les cheveux rejetés en arrière ; la barbe courte, broussailleuse, cache, à la commissure des lèvres, un pli d’amertume et d'ironie. Un peu du désenchantement du lutteur opiniâtre et invaincu. (…) Avec une voix sans puissance, il est parvenu à la plus grande force d’expression dans la déclamation lyrique ». Il est classé parmi les ténors légers, ceux qui possèdent la tessiture la plus élevée, la plus agile, et la moins puissante dans cette catégorie.

Tout en poursuivant son instruction dans la classe de Duprez, il se produit dans plusieurs salles parisiennes. Il débute en avril 1866 dans un opéra de Duprez, Jeanne d'Arc, donné au cours d’une soirée privée. La même année, il joue en octobre le rôle de Bastien des Rosières au Théâtre-Italien (act. Opéra-Comique, 2e arr.) puis en décembre aux Fantaisies Parisiennes (act. Théâtre des Nouveautés, 9e arr.) Le Chanteur florentin. La presse apprécie de manière critique ses premières prestations. La Liberté lui reproche ainsi « d’ouvrir trop largement la bouche pour les quelques bagatelles qu’il a à dire (…) Excès de zèle qui passera » tandis que La Comédie le qualifie de « grotesque et emphatique ténor. »

Mais, dès l’année 1867, on trouve des commentaires très favorables. Ainsi, dans Le Figaro en décembre, saluant les chanteurs élèves de Duprez, remarque « un jeune ténor nommé Engel, qui chante dans la manière du maître avec une chaleur et un sentiment bien rares aujourd'hui au théâtre. »

Gilbert Duprez présente en mars 1868 un oratorio qu’il a écrit et qu’il interprète, le Jugement dernier, au Cirque des Champs-Élysées lors d’une soirée au profit de l'Asile des vieillards du faubourg Saint-Martin. Engel en est le premier ténor. À ce moment, il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en compagnie de Marie Garry, fille d’un professeur musique, native de Bergerac, âgée comme lui de 21 ans. Ils ont un enfant en août cette année-là à Joinville, le futur peintre José Engel, puis ils se marient dans la commune en octobre. Duprez est leur témoin. Marie Garry a une sœur homonyme, aînée de 5 ans, née en juillet 1841 également dans la sous-préfecture de la Dordogne, qui fut artiste lyrique.

En août 1868, la presse parisienne mentionne l’engagement d’Émile Engel comme premier ténor d’opéra-comique et de traductions à la Nouvelle-Orléans (Louisiane, États-Unis). Citant Placide Ganonge, un critique de ladite ville, La Comédie relate que « La Traviata a été une révélation pour le jeune ténor Engel. Ses accents ont ému, il y a atteint au sommet de l'art ». M. Ganonge assure : « On n'a jamais mieux pris d'assaut un public. Vivent de pareilles violences ! »

Après son séjour américain, Engel participe à un concert de bienfaisance à Paris en avril 1896. Il est en septembre premier ténor du Grand-Théâtre de Genève (Suisse), dirigé par Louis Mankiewicz. Mais La Comédie relève que « Les premiers débuts de la troupe nouvelle ont eu lieu dans des conditions déplorables au point de vue de l'art et de toute justice ». Selon l’hebdomadaire parisien, « Engel, sait chanter ; il phrase d'une façon remarquable et joue mieux que maint comédien ; il devra réussir ». Cependant, dès la fin du même mois, son contrat est résilié après une séance que le journal qualifie ainsi : « scène scandaleuse, cris, insultes, envahissement de l'orchestre. »

Le ténor entame une tournée en province en France. Il est en novembre 1869 à Rennes, où il interprète dans Lucie de Lammermoor de Gaetano Donizetti, le rôle d’Edgard Ravenswood. Les années suivantes, il chante également à Lyon, Toulouse, Rouen, Nantes, Marseille, Lille, Royan et Valence.

Albert Vizentini l’engage en septembre 1876 au Théâtre lyrique national (act. Gaîté-Lyrique, Paris 3e arr.). Il y reprend La Giralda d’Adolphe Adam. Pour l’hebdomadaire culturel Vert-vert, il « a produit un très grand effet (…) par la pureté de sa voix, par le charme, par l'expression de son chant ». Le Petit Journal voit en lui « un ténor qui donne déjà bien plus que des espérances ». Le Constitutionnel commente : « Sa voix est chaude, expressive et d'une pureté rare. Elle ne manque pas d'étendue. Les cordes hautes sonnent avec une virtuosité puissante ; les phrases harmoniques sont traduites avec une tendresse et un charme dont peu de ténors sont actuellement pourvus à l'égal de M. Engel. Ajoutons à cela qu'il a bonne tournure, et que son jeu est signalé par une sûreté précoce. Le succès de M. Engel a été complet ». Cependant, l’arrivée d’Engel, qui remplaçait Victor Capoul, ne fut pas du goût de tout le public, comme en témoigne le Journal des débats : « Quand la direction du Théâtre-Lyrique, à l'expiration de l'engagement du célèbre ténor, dut le remplacer par M. Engel, les recettes baissèrent considérablement. Certes, M. Engel ne manque pas de talent, mais il manque de prestige ; il n'a pas du moins le prestige de M. Capoul, Et pour un ténor, à Paris surtout, la chose principale, la chose essentielle, c'est d'avoir du prestige. »

Mais les difficultés du Théâtre lyrique national n’étaient pas liées seulement à Engel, et il ferma en janvier 1878. Engel avait déjà été recruté par l’Opéra-Comique en septembre 1877. Il y reste deux ans, avant d’entamer un tour des grandes scènes musicales européennes. On l’entend en janvier 1880 à Naples au théâtre San Carlo, puis pendant trois saisons à Londres, dans la salle de Covent-Garden ; il revient en France, au Grand-Théâtre de Lyon en octobre 1881. Il quitte de nouveau le pays pour passer l’hiver 1882-1883 à Saint-Pétersbourg (Russie), où il rejoint M. Vizentini. Il joue ensuite en Espagne, à Barcelone et Madrid.

À suivre

Émile Engel

 

Partager cet article
Repost0
20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 01:01

Bernard Marie Joseph Thorel naît le 10 août 1905 à Pontlevoy (Loir-et-Cher). Il est le fils de Marie Josèphe Geneviève Madeleine Sausse et de son époux Philippe Charles Louis Thorel.

Il est le deuxième des huit enfants du couple et le premier garçon. La famille est installée en 1911 à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine), où son père est assureur. Il meurt en février 1920, Bernard ayant 14 ans.

Bien que fils aîné d’une veuve, ce qui aurait pu lui valoir une dispense de service militaire, Bernard Thorel passe en 1925 le concours pour devenir élève-officier. Alors soldat au 24e régiment d’infanterie, il est reçu et devient sous-lieutenant. Il effectue probablement sa période dans l’armée au sein de l’École normale de gymnastique et d’escrime qui devient en décembre 1925, l’École supérieure d’éducation physique. Basée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le Bois de Vincennes, elle est rattachée, comme la totalité du Bois en avril 1929 à la ville de Paris. Thorel est nommé lieutenant de réserve en mai 1930.

Engagé dans le mouvement scout, Bernard Thorel, alias Ours des Neiges, est l’un des fondateurs en 1923 de la troupe de L’Île-Saint-Denis avec André Linsi. Il est aussi en mars 1926 le chef de la troupe dite 1re Cuts. En sommeil une partie de l’année, elle se réunit dans l’Oise avec d’autres troupes au Camp de Vieux-Moulin. En janvier 1931, Bernard Thorel crée une nouvelle troupe à Joinville-le-Pont. Il est breveté du centre de formation du scoutisme en France, qui fonctionne au château de Chamarande (Seine-et-Oise, act. Essonne).

Après avoir quitté l’armée, Bernard Thorel entreprend en 1932 des études à la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris. Il est reçu au baccalauréat en 1933 et obtient cette même année des certificats de grec biblique et d'hébreu. Il reçoit, avec mention honorable, le diplôme d'études supérieures de philosophie en novembre 1934. Sa thèse, présentée en Sorbonne, est consacrée au fondateur du mouvement de jeunesse : Le scoutisme de lord Baden-Powell, méthode et vie ; elle est éditée en 1935, avec une préface d’Albert Millot, professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand (Paris).

Ayant connu un important développement, en passant de 10 000 scouts en France en 1920 à 72 700 en 1937, le scoutisme commence à faire l’objet de l’attention des chercheurs. Pour l’hebdomadaire Sept, Thorel montre « la cohérence et le réalisme » du scoutisme français (décembre 1936). Le quotidien catholique La Croix salue « une recherche en profondeur pour l’expliquer, une pensée qui cherche à définir une vie (décembre 1936). Thorel soutient que « l'unité profonde du scoutisme doit être recherchée dans la vie même du Chef-Scout Baden-Powell, colonial et chevalier » selon Les Essais catholiques (octobre 1938). Dans la Revue dominicaine, Ceslas Forest, résume l’ouvrage : « Le scoutisme a pour but de faire d’abord, de la génération de demain, une génération d'hommes sains et forts (…) Le but ? Nous allons dire immédiatement que c’est le service du prochain et l’accomplissement de notre devoir de citoyen. »

Ultérieurement, la thèse de Thorel a servi de référence. Émile Poulat, dans les Archives de Sciences Sociales des Religions, oppose Bernard Thorel, apologiste du scoutisme, à ses adversaires au sein de l’église catholique à son origine (1995). Dans un mémoire de master, Manon Radiguet de la Bastaïe, assure que Thorel précise les principes pédagogiques du scoutisme : le service du prochain, la progression personnelle (2018).

Thorel est également licencié en décembre 1936, toujours à l'Institut catholique.

Pendant son cursus à la Catho de Paris, Bernard Thorel est ordonné prêtre catholique en avril 1935 au séminaire des Carmes, implanté au sein de l’établissement rue d’Assas à Paris (6e arr.). Il est nommé préfet de division au collège Saint-Jean de Passy, institution privée catholique rue Raynouard, dans le 16e arrondissement de Paris. D’abord en charge de la quatrième puis de la première division, il devient préfet des sports en 1937. Pour l’historien du lycée, Jacques Houssain, il donne à cette fonction une « vigoureuse impulsion, organisant entre-autres un camp de neige dans le Jura » (2015). Dans l’hebdomadaire Benjamin, l’abbé Thorel reconnait que l’institution était très en retard en matière d’éducation physique et assure mettre « les bouchées doubles ou même triples » (janvier 1939).

S’il n’est plus directement dans le scoutisme, Bernard Thorel est cependant nommé chef de troupe honoraire en juillet 1936. Il est également nommé aumônier du clan Charles de Foucauld, qui regroupe des scouts de l’école militaire de Saint-Cyr.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le lieutenant Bernard Thorel est aumônier des prisonniers de guerre de l’Oflag X-D, situé à Fischbek, un quartier de l’arrondissement de Hambourg-Harbourg (Allemagne). Sa « valise chapelle » est déposée au Musée de la Libération de Paris (14e arr.). Elle lui avait été offerte par Mgr Léon-Albert Terrier, évêque de Tarentaise et expédiée en 1940 par Jean Rodhain, de l’Aumônerie des prisonniers de guerre de l’église catholique à Paris. Elle porte une étiquette : « Que ma peine d'aujourd'hui comme votre sacrifice, Seigneur, serve à la libération de tous mes frères. »

Établi en mai 1941, l'Oflag X-D a été le lieu de l’invention d’un réchaud de fortune par un officier polonais, baptisé « choubinette » par des officiers belges. En juin et juillet 1942, des prisonniers français organisent une kermesse au profit du Secours national, distributeur des secours en temps de guerre. Pendant un mois, on y organise musique, théâtre, sport, jeux scouts, ventes aux enchères… Le camp est libéré en mai 1945 par les troupes britanniques.

Après son retour de captivité, Bernard Thorel reprend sa fonction de préfet des sports à Saint-Jean de Passy. Il l’exerce jusqu’en 1947. Dans la réserve de l’armée de terre, il est promu capitaine en septembre 1949.

Est-ce lui le « Bernard Thorel, directeur de colonies de vacances » qui est victime, le 22 juillet 1946, d’un accident près de Forbach ? Un autocar transportant une vingtaine d’enfants français s’est écrasé dans un ravin d’une trentaine de mètres, dans la vallée de Ia Murg, causant la mort de trois enfants. Sept autres sont blessés et, comme quatre accompagnateurs adultes, transportés à l’hôpital militaire de Baden-Baden.

Bernard Marie Joseph Thorel meurt le 8 août 1975 à Paris (15e arr.) alors qu’il était hospitalisé. Il résidait alors rue Carnot à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Il était toujours ecclésiastique et âgé de 69 ans.

La « valise chapelle » de Bernard Thorel, Musée de la Libération de Paris

 

Partager cet article
Repost0
12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 02:01

Maurice Simkine naît le 10 juin 1913 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Léa Gelman, couturière, et de son mari, Joël Simkine, ferblantier. Ses parents sont d’origine juive et tous deux natifs d’Ukraine. Ils vivent à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), rue Diderot.

Ayant déménagé dans la commune proche de Joinville-le-Pont, la famille y réside rue du Pont à partir de 1920. Son père, devenu ouvrier tourneur puis comptable, y est militant socialiste SFIO.

Les Simkine quittent Joinville à la fin des années 1920.

Inscrit au lycée Voltaire de Paris, Maurice Simkine suit le Cours préparatoires aux écoles nationales d’arts et métiers. Il est primé au Concours général en 1929 puis en 1930. Ayant acquis la nationalité française, il est appelé au service militaire, probablement en 1934-1935. Il est instituteur en 1937. Il poursuit cependant un cursus au Conservatoire national des arts et métiers, qui lui vaut une récompense en janvier 1939.

À partir de 1937, il réside rue Maurice-Berteaux à Paris (20e arr.). C’est cette même année qu’il épouse, en mai à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Madeleine Marie Mermet.

Il est sans doute mobilisé au début de la deuxième guerre mondiale.

Sa mère est déportée par le convoi n° 12 au départ de Drancy le 29 juillet 1942. Elle est décédée le 3 août 1942 à Auschwitz (Pologne). Le convoi compte 1001 déportés, dont 216 sont gazés à leur arrivée au camp ; il y aura 5 survivants en 1945.

Son père est déporté par le convoi n° 47 au départ de Drancy le 11 février 1943. Il est décédé le 16 février 1943 également à Auschwitz. Le convoi compte 998 déportés, dont 182 enfants ; il y aura 10 survivants en 1945.

Après le conflit, Maurice Simkine réagit à un éditorial du journaliste conservateur et résistant, Émile Buré, qui avait combattu, dès avant-guerre, l’antisémitisme et les accords de Munich. Dans le quotidien qu’il dirige, L’Ordre, Buré, disait le 12 janvier 1946, s’inquiéter « des hitlériens qui restent puissants dans notre pays » et « souhaiter que la Constitution s’inquiète de leurs menées, interdise toute propagande raciale subversive, assassine ». Selon l’éditorialiste, « il n’est que deux moyens, nous en sommes sûrs maintenant, de résoudre le problème juif : assimiler Juifs et « aryens » par le moyen de mariages mixtes, c’est notre solution ; ou assassiner les Juifs, c’est la solution, des hitlériens. »

Dans une lettre que publie le journal le 23 janvier, M. Simkine conteste vivement l’argumentation. « On pourrait dire qu’en somme seule une différence de méthode vous sépare des fascistes, puisque vous ne voyez de solution à l’antisémitisme que dans la disparition des juifs ». Il reconnaît que « Avant la guerre, je pensais comme vous, et je me suis marié à une ‘aryenne’, je ne le regrette pas, mais j’ai ‘reconsidéré’ le problème comme solution. »

Il s’interroge sur « Que sommes-nous ? Une religion ? Une race ? Un peuple ? » Il s’insurge : « Comment pouvez-vous imaginer que les survivants d’une religion, d’une race ou d’un peuple qu’on a voulu supprimer approuvent ce massacre en parachevant eux-mêmes le travail que le temps n’a pas permis d’amener à son terme ? » Et il explique : « Je crois à présent que les survivants (on conserve bien les Indiens, les Maoris) ont le devoir religieux ou social de s’efforcer de ne pas disparaître totalement de l’histoire ». En conclusion, il offre aussi une solution : « C’est la société socialiste. »

Divorcé en mai 1963, il se remarie, en septembre 2002 à Paris (5e arr.) avec Colette Derivry ; il est alors âgé de 89 ans. Il meurt le 10 juin 2005 à Paris (10e arr.).

Il avait eu un fils de son premier mariage. Son petit-fils, Antoine Simkine, est producteur de cinéma en France.

Emile Buré, avec lequel Maurice Simkine polémique (cl. Wikipédia)

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens