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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 00:01

Jean Jacques Raymond Burgard naît le 20 juin 1926 à Fort-de-France, en Martinique, alors colonie française. Il est le fils de fils Clémentine Thérèse Marie Francey, originaire de Suisse et docteure ès-lettres, et de son mari, Raymond Burgard, professeur de lettres au lycée Victor-Schoelcher.

À partir de l’automne 1928, la famille vit à Tunis, État sous protectorat de la France, le père enseignant au lycée Carnot. Professeur agrégé, il obtient un poste au lycée parisien Buffon et ils résident rue Pérignon (7e arr.).

Jean Jacques Burgard est élève dans l’établissement où professe son père, comme son frère aîné Marc Édouard. Ce dernier est arrêté, en compagnie d’une centaine d’étudiants, pour avoir manifesté à l’Arc de Triomphe le 11 novembre 1940, relâché, il s’engagera dans la résistance à l’occupation allemande. Leur père, fondateur du réseau Valmy et collaborateur de La France continue en fut un des pionniers ; il est fait prisonnier en avril 1942, condamné à mort et exécuté en Allemagne en juin 1944. La sœur aînée, Georgette Epiney-Burgard, est aussi une résistante active.

Ayant obtenu son bac à tout juste 17 ans, en juillet 1943, Jean Jacques Burgard fait des études à l’Université de Paris, obtient une licence de droit puis un diplôme de troisième cycle d’économie politique et de sciences économiques. Il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (Science Po) puis Élève à l’École nationale d’administration (ENA), reçu quatrième au concours d’entrée. Son mémoire porte sur la Politique administrative du peuplement pour le département du Morbihan.

À sa sortie, après un service militaire comme élève-officier, il intègre l’Inspection des Finances. Ses premiers postes le voient en Afrique, auprès des autorités coloniales de la Haute-Volta, au sein de la Caisse centrale de la France d’outre-mer puis s’occupant de l’équipement public à la Caisse d’équipement pour le développement de l’Algérie. Après l’indépendance, il continue à suivre ce pays, en tant que chef du service de la coopération économique et financière au secrétariat d’État aux Affaires algériennes jusqu’en 1964. Passant brièvement par la préfecture de la région Nord, il retourne en 1965 en Afrique, conseiller économique et financier auprès du Premier ministre congolais à Léopoldville (act. Kinshasa).

D’abord marié à Nicole Lepoutre, qui meurt très jeune en 1962, Jean Jacques Burgard épouse ensuite Monique Verhille. La cérémonie religieuse a lieu à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor) en mai 1965. La famille vit à Paris (15e arr.), square Charles-Laurent. Ils auront cinq enfants.

Travaillant désormais sur le territoire métropolitain, Jean Jacques Burgard est adjoint au chef du service de l’Inspection générale des finances en 1966 puis secrétaire général de la Commission des opérations de Bourse de 1968 à 1974. Il publie en 1970 un ouvrage, L’Information des actionnaires (Dunod).

À la fin de son mandat, Burgard intègre la Société nationale des chemins de fer français, dont il est secrétaire général jusqu’en 1980. Devenu inspecteur général des Finances en 1977, il est désigné en tant que délégué général de l’Association française des banques quand il quitte la SNCF et le reste jusqu’en 1992, quand il prend sa retraite. Il avait rédigé en 1988 La Banque en France (Dalloz), un livre régulièrement réédité.

Parallèlement à ses fonctions principales, il est professeur à Sciences Po de 1980 à 1988. Il publie plusieurs articles, comme celui sur le Crédit pour l'Encyclopædia Universalis‎, L'inspection des finances a cent cinquante ans (Le Monde, 31/10/1966) ou Le crédit cher (Revue des Deux Mondes, avril 1987).

Très engagé dans les milieux chrétiens, Jean Jacques Burgard y affiche des opinions conservatrices. Ainsi, en septembre 1971, contestant l’expression publique de Christian Kerboull, ancien prêtre qui s’est marié, il considère que « cet abbé est un parjure. »

Il assume d’importantes responsabilités dans des organisations confessionnelles. Administrateur du Secours catholique depuis 1988, il en est vice-président en 1992 puis président en 1997-1998. Il devient ensuite président de l'Office chrétien des personnes handicapées (1998-2001). Il a également assumé de nombreuses fonctions dans des organismes caritatifs ou hospitaliers. Dans le domaine culturel, il fut vice-président de l’Union des arts décoratifs de 1967 à 1992.

Jean Jacques Burgard meurt le 23 novembre 2003 à Paris (14e arr.). Commandeur de l’ordre national du Mérite, il est promu officier de la Légion d’honneur en juillet 1988.

 

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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 00:01

Marc Édouard Burgard naît le 22 janvier 1923 à Sarreguemines (Moselle). Il est le fils de Clémentine Thérèse Marie Francey, originaire de Suisse, docteure ès-lettres et de son mari Raymond Burgard, professeur au lycée de la ville, natif de Troyes (Aube) et issu d’une ascendance alsacienne.

La famille quitte la Lorraine en 1925 pour la Martinique, puis en 1928 pour la Tunisie, où Raymond Burgard enseigne aux lycées de Fort-de-France et de Tunis. Il obtient un poste de professeur agrégé au lycée Buffon de Paris en 1932. Ils s’installent alors rue Pérignon dans le quartier École militaire (7e arrondissement).

Élève de ce même établissement, Marc Édouard Burgard effectue en 1938 un séjour à New York (États-Unis), ayant voyagé sur le paquebot Champlain, de la Compagnie générale transatlantique. Il obtient son baccalauréat en août 1940. Il poursuit ses études au lycée Saint-Louis, intègre l’Université de Paris pour préparer une licence de droit. Il entre à l'École libre des sciences politiques (Sciences Po, section finances privées).

Le 15 novembre 1940, Marc Édouard Burgard est incarcéré à la prison de la Santé. Il fait partie d’un groupe de 92 personnes, dont 79 étudiants, accusées d’avoir participé à une manifestation place de l’Etoile le 11 novembre 1940, pour commémorer la fin de la première guerre mondiale. Son registre d’écrou précise que, le 9 décembre 1940, il est remis aux autorités allemandes qui vont le libérer.

Comme son père, fondateur du réseau Valmy, et sa sœur Georgette, Marc Édouard Burgard est activement engagé dans des activités de résistance à l’occupation allemande. Il écrit des tracts, diffusés à Sciences Po.

Il commence à travailler comme fonctionnaire, en tant que rédacteur auxiliaire au secrétariat d'État à la production industrielle (1942-1943).

Selon son dossier conservé par le Service historique de la Défense, il rejoint la résistance organisée en février 1944 au sein du réseau Samson, dont il est reconnu comme agent P2 le 1er juin la même année. Cette catégorie répertorie les « membres ayant une activité permanente, consacrant la totalité de leur temps au service et se soumettant à une discipline totale, en particulier quant au lieu d'emploi et genre d'activité à exercer ».

Son pseudonyme est Marc. Le réseau Samson, créé en 1943 par Robert Masson (Compagnon de la Libération), a pour mission de collecter des renseignements militaires sur l’armée d’occupation et de rendre compte au BCRA de la France Libre.

Pas encore informé de la mort de son père, décapité à Cologne (Allemagne) le 15 juin 1944, Marc Édouard Burgard s’engage dans l’armée en novembre 1944. Avec le grade d’aspirant, il rejoint le 5e régiment de chasseurs d’Afrique, qui dépend de la Première armée. Il participe à la libération de l’Alsace.

Revenu à la vie civile, Marc Édouard Burgard est, en 1946, rédacteur principal à la direction des finances tunisiennes, le pays étant alors sous protectorat français. Il rejoint cette même année comme secrétaire de direction le Groupement de la construction navale.

Il quitte le service public en 1948 pour devenir fondé de pouvoir de la compagnie commerciale Optorg en Extrême-Orient jusqu’en 1953. Il reprend une activité militaire en 1950, étant affecté aux troupes coloniales servant dans le nord de l’Indochine puis participe à la guerre entre les forces communistes vietnamiennes et celles d’occupation françaises.

Après l’évacuation de l’Indochine par la France, Marc Édouard Burgard revient en France en 1953, comme adjoint au directeur administratif et financier de la Snecma (moteurs d’avions) puis, l’année suivante, en tant qu’attaché à la direction générale du groupe Unilever en France. Il quitte cette fonction en 1960 pour celle de secrétaire général de la Compagnie Continentale France (import). En parallèle, il est de 1955 à 1962 maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po).

Il reprend une carrière internationale en tant qu’administrateur de sociétés. Il dirige ainsi la Societè de Sucreries Brésiliennes en 1967 à São Paulo, la société Goldschmidt (café, cacao, bois) en Afrique de 1969 à 1972 avant de collaborer avec la même entreprise de nouveau au Brésil, tout en étant administrateur de l'Union financière pour l'Europe et l'Afrique (1971).

Auteur d’une dizaine d’ouvrages, dont plusieurs sous le pseudonyme de B. La Marque, Marc Édouard Burgard signe des œuvres de fictions, comme La croisière de l'Arcturus, « roman scout » en 1948 ou Laura ou le Marais profond, roman (1999). Il produit des recueils de poésie tels Mirliton (1989) et De Cœur et de carreau (1995). Son œuvre comprend également des essais : l'Économie des mandarins (1956), Paris brûlera (1963), l‘Économie de la corruption (1976), Les taxis et les anges (1991) ou 1995-2065 : prévisions pour un siècle à venir (1994). Parlant du premier, l’économiste Alfred Sauvy en parle comme étant « Un livre troublant, disons même vertigineux » qui y voit « pour le lecteur un excellent exercice, qui lui permettra parfois de sourire, souvent de communier, toujours de s'inquiéter ». Il produit aussi un récit, les Chroniques de la Pergola (1985).

Dans ses livres, Marc Édouard Burgard donne une vision du monde marquée par son engagement patriotique, sa critique de l’intervention administrative et du syndicalisme sur le fonctionnement de l’entreprise et une attention à la montée de l’Asie et de la Russie dans l‘économie et les relations internationales.

Membre de l'Automobile-Club de France, décoré de la Croix de guerre 1939-1945, Marc Édouard Burgard était également chevalier de la Légion d’honneur. Il avait épouse Nicole Baudez dont il avait eu cinq enfants et s’en était séparé.

Marc Édouard Burgard meurt le 1er octobre 1999 au Brésil. Il était âgé de 76 ans et avait été domicilié avenue Mozart à Paris (16e arr.).

Marc Édouard Burgard en 1961 (arch. Brésil)

 

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8 janvier 2023 7 08 /01 /janvier /2023 00:01

André Louis Jacques Aclément naît le 19 octobre 1890 à Guérigny (Nièvre). Il est le fils de Marie Augustine Allary, couturière, et de son mari Nestor Pierre Adolphe Aclément, employé dans un établissement de la marine nationale, les Forges de Guérigny. Il deviendra chef du laboratoire de chimie, avec un grade d’officier, et sera décoré des Palmes académiques et de la médaille de bronze de la mutualité.

Devenu, comme sa sœur aînée, instituteur, après avoir suivi une école normale à Paris, André Aclément fait son service militaire en octobre 1911 au 13e régiment d’infanterie. Il est versé en décembre 1912 à la 8e section secrétaires d’état-major et démobilisé en novembre 1913.

En novembre 1913, il est instituteur à l’école du Centre de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Nestor Aclément, portrait mairie d’Urzy

Rappelé lors de la déclaration de guerre en août 1914, André Aclément est évacué malade d’une bronchite en décembre 1916. Déclaré inapte au service armé mais apte à la formation en novembre 1917, il retourne à la 8e section secrétaires d’état-major puis, en janvier 1919, à la 20e section. Il est démobilisé en août 1919. En juillet 1922, il est reconnu comme ayant une invalidité inférieure à 10%, avec « une sclérose très discrète des sommets, anémie et pâleur » ; il est considéré comme pouvant accomplir un service armé.

Son comportement pendant la guerre lui a valu une citation à l’ordre de la division en décembre 1918 : « Au front depuis le début de la campagne, a fait preuve d’un grand dévouement. A montré sous les bombardements de l’ennemi le plus grand sang-froid. »

En avril 1916, André Aclément épouse à Joinville Germaine Marie Barbier, également institutrice dans cette ville. Ils s’installent chez les beaux-parents, impasse Jules-Rousseau.

Son épouse adhère, en juin 1926 au Syndicat national des instituteurs, affilié à la Confédération générale du travail (CGT), organisation proche des socialistes.

André Aclément signe, en mai 1927, une pétition en faveur de Sacco et Vanzetti, accusés aux États-Unis d’espionnage en faveur de l’Union soviétique. Avec 43 autres joinvillais, ils demandent, dans le quotidien Le Soir, au gouverneur du Massachusetts de leur accorder une grâce parès leur condamnation à mort.

En mai 1932, en tant que membre de la section de Joinville du parti socialiste SFIO, Aclément participe à une « souscription de défense socialiste et républicaine pour la paix et le désarmement. »

La même année, il est collecteur de la société scolaire de secours mutuels et de retraite du 12e arrondissement de Paris.

Il quitte Joinville pour rejoindre en octobre 1933 l’école de garçons du quartier Belle-Épine à Orly (Seine, act. Val-de-Marne). Il divorce en juin 1934. Il est nommé directeur d'école publique à Colombes (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1937.

André Louis Jacques Aclément meurt le 4 février 1975 à La Charité-sur-Loire, dans la Nièvre, son département natal. Il était âgé de 84 ans. Décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze, il avait obtenu une mention honorable pour son action mutualiste en juin 1932 et les Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie, en juillet 1939.

École du Centre à Joinville-le-Pont

 

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2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 00:01

Suite de la biographie de Michèle Aumont

La dernière usine dans laquelle Michèle Aumont travaille en tant qu’ouvrière est la SNECMA, entreprise aéronautique à Paris (13e arr.), où elle commence comme ouvrière spécialisée (OS) avant, après une formation, de devenir tourneur avec le statut d’ouvrier professionnel (OP). Elle sera l’une des premières femmes diplômées d’un CAP dans ce métier. Elle témoigne de la difficulté de cette évolution dans En usine, pourquoi (1958).

Cette expérience la fait recruter en 1963 par la direction des relations du travail de la SNECMA, ce qu’elle accepte pour « découvrir le volet patronal de la vie d’entreprise ». Elle expose dans une étude sociologique, Construire l’entreprise, considérant que ce sont les « intentions créatrices et productrices des hommes qui la construisent incessamment ». Pierre Drouin (Le Monde) souligne qu’elle distingue les deux groupes d’ouvriers : les OP se séparant des OS ; elle estime que les fils des premiers ne seront pas ouvriers. S’agissant des cadres, elle pense qu’ils rejoignent la contestation du pouvoir patronal. Collaborant avec le ministère du travail, elle est consultée sur la transformation des centres de formation et de promotion.

À partir de 1966, quittant les sociétés industrielles, Michèle Aumont devient conseillère de synthèse, rejoignant l’équipe Dr André Gros, fondateur de ce métier en 1947. Pour la Société internationale des conseillers de synthèse (SICS), dont Mme Aumont est membre, celui-ci est «  pour le chef d’entreprise l’interlocuteur extérieur, solidaire mais indépendant, qui peut par la maïeutique l’aider à devenir un philosophe en action comme l’y invitait Gaston Berger. »

Avec André Gros, Michèle Aumont publie, en 1965, La reconstruction du citoyen. L’économiste Alfred Sauvy salue « l'ardente militante attachée à la vie et à la cause ouvrières » mais s’étonne que, par une « étrange pudeur », elle ne s’interroge pas sur « l'influence des groupes » qui serait devenue, selon lui, « un des éléments essentiels de la politique, l'individu n'osant jamais s'opposer à leur action. »

Outre leur place en usine, Michèle Aumont consacre plusieurs livres aux questions féminines, s’opposant nettement aux thèses féministes. Dans La Chance d’être femme (1959), elle plaide pour une complémentarité hommes-femmes : « Il est l'architecture et c'est beau ; elle est l'âme des édifices et ce n'est pas moins beau ». Son livre Jeune fille, lève-toi (1960), est considéré comme « excellent » par le prêtre et théologien Paul Winninger.

Ayant participé aux travaux du concile de l’église catholique Vatican II en 1962, Michèle Aumont y consacre un ouvrage, L’Église écoute (1967). Elle poursuit avec Le prêtre homme du sacré (1969) dans sa recherche sur la prospective spirituelle de l’humanité.

Elle s’installe en 1968 à Crozon (Finistère), petite ville qu’elle découvre en 1966 lors d’un séjour à l’abbaye de Landévennec. Elle y avait trouvé « la beauté, la rudesse conservée et une mystérieuse simplicité » qui selon le quotidien breton Le Télégramme l’« empoignaient littéralement. »

Au cours des années 1970, elle étudie deux groupes d’âge. Avec Jeunes dans un monde nouveau (1973) elle relate que « Beaucoup de jeunes estiment non seulement qu'il faut déscolariser l'école, mais encore que l'école est de moins en moins nécessaire pour acquérir des connaissances » et que « Les jeunes se montrent aisément tous solidaires contre l'autorité ». Ce que le directeur du Monde, Pierre Viansson-Ponté, conteste au vu de « l'afflux de candidats à l'enseignement et à la police. »

Lors du colloque national sur l'éducation, organisé par le ministre de l’éducation Joseph Fontanet en novembre 1973, Michèle Aumont est rapporteure de la commission sur L'école et le mode extérieur. Selon le journaliste du Monde, Guy Herzlich, « En dépit de l'optimisme inébranlable de Mlle Michèle Aumont », « cette commission est caractéristique du blocage qui est apparu surtout le premier jour du colloque : on a assisté tantôt à une succession de monologues, tantôt à de classiques affrontements entre ceux qui prônent une large ouverture sur l'extérieur, et ceux qui redoutent avant tout les risques que cela comporte. »

Plaidant Pour le troisième âge (1975), Michèle Aumont critique la vision de l’écrivaine Simone de Beauvoir qui aurait, dans La Vieillesse (1970), entretenu « l'humiliation d'être vieux ». Elle souligne « la part des responsabilités personnelles (…) qui permet à l'être humain de tenir dans la tempête, de se redresser, s'il est courbé par la défaite ou le sort, et de résister envers et contre tout, en temps de guerre comme en temps de paix, selon les normes de sa conscience - cette voix que nul au monde n'a le pouvoir de faire taire. »

À partir des années 1990, tous en poursuivant ses travaux précédents, Michèle Aumont s’intéresse à plusieurs figures du christianisme, tous prêtres, comme Eugen Drewermann,  théologien et psychanalyste allemand ; le jésuite français, résistant, philosophe et théologien Gaston Fessard ; Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus ; Henri Bremond, jésuite également, historien et critique littéraire, membre de l'Académie française.

Elle écrit plusieurs témoignages autobiographiques et relate son voyage en Chine à l’automne 1982. Entre 1953 et 2017, Michèle Aumont a publié trente ouvrages, plus de nombreuses notes et articles.

Michèle Aumont meurt le 22 mars 2019 à Crozon (Finistère). Elle était âgée de 96 ans. Pour Le Télégramme, c’était une « humaniste, brillante, ouverte. »

Chevalière de la Légion d’honneur, Michèle Aumont avait obtenu plusieurs récompenses pour ses livres : prix social 1954 de l’Académie d’Éducation et d’Entraide sociale pour Dialogues de la vie ouvrière ; prix Fabien de l’Académie française en 1959 pour En usine, pourquoi ; prix de Joest de l’Académie française en 1964 pour Construire l’entreprise. Une association existe à Crozon, intitulée Les Amis de Michèle Aumont, parrainée par le philosophe et académicien François Cheng.

Fin

Michèle Aumont (2012, arch. fam.)

 

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31 décembre 2022 6 31 /12 /décembre /2022 00:01

Début de la biographie de Michèle Aumont

Michèle Jeanne Aumont naît le 7 septembre 1922 à Haiphong (Tonkin, act. Vietnam). Elle est la fille Maurice d’Anne-Marie Marcelle Serizay, secrétaire, et de son mari Charles Louis Aumont, directeur d'établissement d'une société d'import-export. Ils vivent ensuite à Hanoï, toujours au nord du Vietnam. Le Tonkin, comme le reste de l’Indochine, est alors sous protectorat français. Sa mère avait déjà eu quatre enfants d’un précédent mariage et en aura deux ensuite.

La famille revient en métropole en 1933, à Bordeaux (Gironde). Après son lycée, Michèle Aumont entre en khâgne, mais elle doit abandonner en 1940, suite à un départ pour Alger, également territoire français à l’époque. Elle s’inscrit à l’université et obtient une licence, qui lui permet ensuite d’enseigner, à partir de 1943, la philosophie au lycée de garçons d’Alger, succédant, selon l’historienne Michèle Rault, à Roger Garaudy, qui deviendra ensuite dirigeant du parti communiste français puis défenseur de thèses révisionnistes sur la deuxième guerre mondiale. Élevée dans un milieu chrétien, Michèle Aumont s’intéresse aux œuvres de Pierre Teilhard de Chardin, apprend à connaître l’islam et prend conscience de la condition des femmes algériennes.

Rentrée en France en 1946, elle passe l’agrégation de philosophie à la Sorbonne (université de Paris). Elle fréquente les conférences du Collège libre en sciences sociales, se rapproche des de l’Action populaire (jésuites) et rencontre au sein du mouvement Économie et humanisme les pères Joseph Lebret, économiste, Henri Desroches, sociologue, et Jacques Loew, prêtre ouvrier. En été 1947, elle fait un stage en tant que manœuvre dans une usine d’emballage de dattes à Marseille (8e arr.).

Selon le récit qu’en fait Michèle Rault d’après ses propres témoignages, Michèle Aumont rentre en novembre 1947 dans une usine de fabrication de tubes à Montrouge (Seine, act. Hauts-de-Seine) puis est peu après embauchée dans un établissement cinématographique de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle monte des appareils photos, se syndique à la Confédération générale du travail (CGT) et est élue déléguée du personnel et membre du comité d’entreprise.

Fin 1949, elle est embauchée dans une usine automobile Citroën, d’où elle sera licenciée fin 1951 à cause de son activité syndicale. Toujours d’après Michèle Rault, Michèle Aumont est femme de ménage ou travaille dans de petites usines de Paris ou de banlieue jusqu’en 1956.

Elle commence à publier des ouvrages issus de son expérience, le premier, Femmes en usines, s’intéresse aux ouvrières de la métallurgie. Selon Informations sociales, c’est un « témoignage intense, douloureux ». Elle poursuit avec Dialogues de la vie ouvrière (1954), Le même bulletin considère qu’elle présente « le monde ouvrier, aux prises avec les difficultés d'embauche, l'insécurité du travail, les continuels soucis pécuniaires, et la préoccupation des enfants à élever, sans espoir d'en sortir ». Elle souligne l’opposition entre ceux, les communistes, qui veulent un changement radical du régime actuel, au besoin par la violence, et « souhaitent seulement quelques transformations de structure qui pourraient se réaliser d'un commun accord entre patrons et ouvriers ». Souhaitant « l'unité ouvrière et humaine », elle appelle un dialogue entre ses deux et se démarque des prêtres ouvriers. Dans Monde ouvrier méconnu (1956), d’après Cité chrétienne, Michèle Aumont « fait pénétrer dans toute la vie ouvrière : dans l'usine, en famille, dans la camaraderie, dans l'engagement syndical ». Dans Le Monde, Pierre Drouin remarque que « sa plume s'échauffe parfois, parce que la raison du cœur et la soif de justice sont trop fortes ». Il y voit « le déroulement de la vie concrète d'un ouvrier spécialisé, d’une bobineuse » et indique qu’elle appelle à un « sursaut ouvrier », fondé sur l’approche chrétienne de « l'espérance en la fraternité de tous les hommes. »

À suivre

Femmes en usine (1953)

 

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25 novembre 2022 5 25 /11 /novembre /2022 00:01

Jean Louis Barberet naît le 4 mars 1919 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Lucie Marie Reverso, comptable, et de son époux Louis Bernard Barberet, alors serrurier. Son père produira ensuite de la literie puis dirigera une usine. Sa mère adhérera au parti communiste après la deuxième guerre mondiale. En 1936, la famille vit dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, boulevard Maurice-Berteaux.

Après des études à l'École normale d'instituteurs de Paris, Jean Barberet, qui se présentera ultérieurement comme ayant été anticommuniste à cette période, adhère au Syndicat national des instituteurs (SNI) en 1937 ; il assure avoir condamné le pacte germano-soviétique de 1939. Il est appelé pour son service militaire au début de la deuxième guerre mondiale et sert dans la cavalerie de novembre 1939 à octobre 1942. En avril 1943, il épouse à Saint-Maur Marcelle Dehaye, également institutrice à Paris. Il dirige un centre d'enfants évacués dans le Doubs ; l’établissement, selon lui, serait devenu un dépôt d'armes et une infirmerie ayant hébergé des résistants.

Ayant repris un poste d’enseignant en région parisienne après la Libération, Jean Barberet adhère au parti communiste en janvier 1946. Il devient un cadre de son organisation syndicale, défendant la tendance unitaire, c’est-à-dire partisane du maintien dans la Confédération générale du travail (CGT) après le départ de cette organisation de Force ouvrière. Il regrette le passage de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) à l’autonomie et tout en restant adhérent du SNI (partie constitutive de la FEN), il est un des fondateurs de la FEN-CGT, dont il devient à la fois le secrétaire général permanent au plan national et dans le département de la Seine.

Jean Barberet participe à la création de la tendance Unité et Action, qui rassemble principalement des communistes au sein du SNI, en décembre 1948. Toujours partisan de la double appartenance à la FEN et à la CGT, Barberet émit des réserves quand le bureau politique du parti communiste invita en janvier 1954 les instituteurs à militer exclusivement au sein du SNI.

La famille Barberet vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où Marcelle Barberet est institutrice et responsable de la section locale du SNI. En mai 1965, Jean Barberet figure en huitième position sur la liste d'union démocratique pour l’élection municipale de Joinville, conduite par Henri Bideaux, ancien conseiller municipal et commerçant. Comme celui-ci, il figure parmi les 24 communistes de cette liste, aux côtés d’un socialiste SFIO, d’un radical-socialiste et d’un indépendant de gauche. Au premier tour, la liste obtient une moyenne de 2 316 voix pour 7 758 suffrages exprimés (29,9%) sur 7 974 votants et 10 441 inscrits, derrière la liste du maire Georges Defert (divers-droite). Au second tour, elle est battue par cette dernière en recueillant 2 818 votes pour 7 406 suffrages exprimés (38,1%) sur 7 622 votants ; elle n’a aucun élu.

Sur le plan professionnel, Jean Barberet devient le directeur de l'école de la rue Le Vau à Paris (20e arr.) dont il fait un établissement expérimental en s’impliquant dans le Groupe français d'éducation nouvelle (GFEN). Il en est le secrétaire général de 1968 à 1971. Il prend sa retraite en 1974.

Après avoir vécu à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis), la famille Barberet s’installe en 1972 à Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Il est élu conseiller municipal en mars 1977, devient président du groupe communiste et adjoint au maire socialiste, chargé des délégations à l'enfance et à l'immigration. Réélu conseiller municipal en 1983, il démissionne en 1985 pour raisons de santé. Il quitte le parti communiste en 1986, faisant part d’un désaccord sur les formes d'organisation.

En 1982, Jean Barberet est membre de la Société mycologique de France.

Jean Barberet meurt le 16 avril 1998 à Férolles-Attilly (Seine-et-Marne). Il était âgé de 79 ans, père d’un enfant et résidait toujours à Pontault-Combault.

Il est l’auteur de deux ouvrages pédagogiques : L'école, nouveau milieu de vie (1969) et, avec Robert Gloton, À la recherche de l'école de demain (1970). Une école maternelle publique de la commune de Pontault-Combault a été baptisée du nom de Jean Barberet.

Pontault-Combault école maternelle Jean Barberet (cl. FCPE)

 

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10 octobre 2022 1 10 /10 /octobre /2022 05:01

Louis Frédéric Marie Petit naît le 28 mai 1907 à Pézenas (Hérault). Il est le fils de Thérèse Philippine Guillaumine Fonteneau et de son mari, Guillaume Frédéric Petit, coiffeur. Tous deux sont originaires du département voisin de l’Aude.

Pendant l’année 1935, Louis Petit est maréchal des logis dans le 1er groupe de cavaliers de l’École supérieure de guerre à Paris (7e arr.). Il a donc vraisemblablement souscrit un engagement, puisque son service militaire à dû se dérouler vers 1928-1930.

En décembre 1935, Louis Petit épouse à Paris (7e arr.) Juliette Ernestine Marie Mercier, femme de chambre, également originaire de l’Aude. Il est toujours domicilié dans la caserne de l’École supérieure de guerre.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Louis Petit s’engage dans la Résistance à l’occupation allemande et rejoint les Forces françaises de l’intérieur.

Après le conflit, Louis Petit est inspecteur de l’Éducation primaire. Il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Lors des élections municipales de novembre 1947, il figure sur la liste d’Union républicaine et résistante, conduite par le maire sortant, Robert Deloche (PCF), qui comprend principalement des communistes mais aussi des personnalités radicales, indépendantes ou classées divers-gauche ; selon le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Petit est communiste. Avec 3 017 voix pour 6 974 suffrages exprimés (43,3%, 13 sièges) sur 7 073 votants et 8 376 inscrits, la liste arrive en seconde position derrière celle du Rassemblement du peuple français (gaulliste, 44%, 13 sièges également) et devant les socialistes SFIO (6,5%, 1 siège) et les démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire (5,8%, pas d’élu). Petit rentre au conseil municipal en treizième et dernière position. Grâce au conseiller socialiste, Deloche est réélu maire.

Le mandat est politiquement agité : le socialiste quitte son poste d’adjoint et démissionne ; le groupe des élus de droite implose. Deloche, pour sa part est exclu du parti communiste et démissionne de ses fonctions électives. Il est remplacé, en février 1953, par Amélie Trayaud, également communiste.

Le mandat de Petit prend fin en lors des élections municipales de mai 1953. Un Louis Petit avait été candidat sous l’étiquette communiste lors des élections municipales de 1929 à Joinville, mais il s’agit très probablement d’un homonyme.

Louis Frédéric Marie Petit meurt le 9 mai 1984 à Ollioules (Var). Il était âgé de 76 ans. Son épouse meurt au même endroit cinq mois plus tard.

Joinville-le-Pont vers 1960

 

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23 avril 2022 6 23 /04 /avril /2022 00:01

Lucien François Georges Epin naît le 4 février 1899 à Besançon (Doubs). Il est le fils de Marie Louise Schaffner et de son mari, François Pierre Jacques Epin, chef armurier au 4e régiment d’artillerie. Ses parents sont tous deux originaires de Châtellerault (Vienne).

Devenu orphelin de père à l’âge de sept ans, il est probablement dispensé de service militaire et épouse en septembre 1924 à Ploubezre (Côtes-d’Armor) Marie Le Lagadec, fille de commerçants.

En 1926, Lucien Epin est directeur de l'institution Palissy à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il s’agit d’un établissement catholique privé, installé avenue des Platanes. Au milieu des années 1930, l’institution accueille une centaine d’élèves.

La revue L'Éducation physique décrit, en juillet 1935, l’école comme étant un centre hébertiste, s’appuyant sur la Méthode Naturelle de Georges Hébert en éducation physique. Pour le journal, « l'Institution Palissy de Joinville-le-Pont, remarquablement dirigée par un éducateur de choix, M. L. Epin, fait pratiquer la gymnastique naturelle à sa centaine d'élèves depuis deux ans. Quelques massifs de fleurs de son petit parc ombragé ont été supprimés pour faire place à un plateau de travail ; un léger portique a été dressé, et un sautoir organisé dans le coin d'une allée. Installation très simple mais largement suffisante pour pratiquer un enseignement intéressant et complet ». Le même organe de presse conclut que l’expérience « pourrait servir d'exemple contre nos méthodes routinières et sans joie. »

Dans le domaine politique, Lucien Epin devient, en novembre 1932 membre de la commission de propagande du Comité d’union républicaine et d’action sociale (CURAS, fondé en 1912), qui rassemble les conservateurs et libéraux de la commune de Joinville et est présidé par Émile Lecuirot. En janvier 1934, il en devient le secrétaire général. Après les manifestations violentes de février 1934 à Paris, le CURAS débat, en mai la même année, de la rénovation des institutions. Il lance un appel : « Fermement résolu à créer et maintenir l’union entre les citoyens sincèrement républicains qui sont décidés à maintenir la paix sociale en s’opposant aux partis de violences quels qu’ils soient, décide d’intensifier son action afin de grouper dans un large libéralisme les citoyens de bonne volonté n’ayant en vue que l’intérêt général ».

Lors d’une réunion en juillet 1934, dans la perspective d’élections municipales complémentaires qui sont organisées en octobre, le CURAS indique qu’il a reçu de Georges Briolay, maire radical-socialiste, une proposition verbale de trève politique. La décision d’entrer en pourparlers avec le parti radical-socialiste est acceptée à l’unanimité. La liste du Comité de concentration républicaine pour la défense des intérêts de Joinville affiche les objectifs suivants : apaisement et concorde selon l’exemple du gouvernement, hommes nouveaux, réduire le budget à son strict minimum ; sa plus grande préoccupation affirmée est la situation pénible des chômeurs. Elle emporte les dix sièges à pourvoir, dont quatre radicaux et six membres du CURAS.

En mars 1935, le CURAS se transforme en Union des républicains. Epin est membre du bureau. Il lance en avril un appel à la séparation de l’administration municipale et de la politique et adopte un programme, dont Epin est signataire, revendiquant la « diminution des charges écrasantes », l’atténuation des dépenses publiques, la simplification des rouages administratifs et l’application des lois sociales. Le CURAS décide également de rompre avec les radicaux-socialistes : « L’Union des républicains de Joinville, se souvenant des fusillades du 6 février, des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons, a décidé de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ».  Lors des élections municipales générales de mai 1935, l’Union des républicains devance au premier tour les radicaux-socialistes et l’emporte au second tour devant la gauche unie.

En février 1934, Lucien Epin a accédé à la présidence de la société de secours mutuels Assurance fraternelle de Joinville-Nogent, fondée en 1909 dans le but de fournir une assistance en cas de décès. Il prend la succession de Paul Jouve, employé de banque. La mutuelle, qui a son siège à Joinville, avenue Galliéni, compte plus de 300 membres et est affiliée à l’Union mutuelle nationale pour l’assurance. Epin en est toujours le président en 1946.

S’il conserve son adresse à Joinville et continue de s’impliquer dans la vie sociale locale, Lucien Epin se consacre à un nouveau projet professionnel : l’ouverture d’un établissement scolaire privé laïc à Vitry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne). Pour la rentrée 1936, l’Institution Epin accueille dans un parc 3000 m², avec une pension au « régime familial » des garçons rue Eugène-Pelletan.

En 1950, Lucien Epin vend l'établissement à M. Noetinger, mais il va conserver son nom et devient le lycée Epin lorsqu’il est racheté 1955 par Pierre Jacob. Il est toujours en exploitation sous ce nom au 21e siècle, groupant un collège avec un lycée général et technologique pour plus de 600 élèves.

Lucien François Georges Epin meurt âgé de 81 ans le 11 mai 1980 à Châtellerault, commune d’origine de ses parents où il avait conservé des attaches, puisque sa fille y était née en 1930 ; elle a enseigné dans l’établissement Epin de Vitry.

Lucien Epin avait reçu plusieurs lettres de félicitations pour son activité éducative en janvier 1935 et mai 1936. Il avait été décoré de la médaille de bronze de l’Éducation physique en mai 1936 puis de la médaille d'argent en avril 1937. Enfin, il était chevalier du Mérite social pour son activité mutualiste depuis février 1939.

Lucien Epin à l'Institution Palissy en 1935 (probablement)

 

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26 février 2022 6 26 /02 /février /2022 00:01

Pierre Auguste Victor Marie Brasseul naît le 27 juillet 1909 à Degré (Sarthe). Il est le fils de Céline Laloue et de son mari, Pierre Auguste Brasseul, instituteur. Dans la ligne paternelle, son grand-père et son arrière-grand-père se prénommaient également Pierre.

Admis en 1927 à l'école normale supérieure de Saint-Cloud (Seine, act. Hauts-de-Seine), il en sort classé deuxième comme professeur de langue et littérature françaises en juillet 1931. Il participe, avec 70 autres étudiants de l’ENS, à une pétition contre les menées des mouvements d’extrême-droite en France en mars 1931. Brasseul reçoit deux bourses, de l’ENS Saint-Cloud et du Conseil général de la Sarthe pour un séjour en Angleterre au cours de l'année scolaire 1931-1932 où il est inscrit à l'Université de Londres.

Il est d’abord affecté en 1932 dans un collège du Nord puis est détaché comme professeur à l'École supérieure de commerce de Rouen (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) de 1933 à 1938.

Selon les historiens Alain Dalançon et Jacques Girault, Pierre Brasseul adhéré au Parti communiste français en 1935 et devient en 1937 membre du comité de la région communiste de Seine-Inférieure.

À Rouen, il est secrétaire de l’association des Amis de Commune ; il participe à la vie de la section de Ciné-liberté et est un des fondateurs d’une Maison de la Culture. En août 1937, Pierre Brasseul épouse à Paris (13e arr.) Jacqueline Alexandrine Augustine Letellier, également professeure.

Muté en 1938 à l'Institut Diderot de Lille (Nord), Brasseul assure dans cette ville le secrétariat de la Maison de la Culture. En 1943, Brasseul devient enseignant au collège de Lamballe (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d’Armor), puis, en 1944 à celui de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il s’installe dans la commune voisine de Joinville-le-Pont et devient professeur au collège Lavoisier à Paris (5e arr.).

Militant dans le syndicat des professeurs des écoles primaires supérieures (SNEPS) en 1938, Pierre Brasseul rejoint à Paris le Syndicat national des collèges modernes qui a pris sa succession. Élu à la commission administrative, il s’oppose à la volonté d’autonomie de la majorité syndicale et plaide en faveur du maintien du lien avec la Confédération générale du travail (CGT). Il devient en 1949 secrétaire de la Fédération de l'éducation nationale (FEN-CGT), membre de la commission administrative du Syndicat national de l'enseignement secondaire (SNES) et milite également à la Fédération internationale des syndicats des enseignants. Il se charge notamment relations avec les enseignants des pays anglophones.

Il exerce également des mandats liés à son engagement syndical, comme celui de secrétaire de la Commission laïque permanente jusqu'en 1951 et contribue à l'organisation de comités pour la défense de la paix. Il intervient au cours de rencontres internationales d’enseignants à Varsovie (Pologne, juillet 1949) et Vienne (Autriche, juillet 1950) où il discourt sur « La coopération des enseignants et la classe ouvrière dans la lutte pour la paix et la démocratie ». Lors d'un voyage en URSS avec une délégation d'enseignants français, en octobre 1950, Brasseul rapporta qu’il avait constaté « les progrès de l'Union soviétique dans tous les domaines », mais Dalançon et Girault citent un rapport du service international du Soviet central des syndicats de travailleurs, selon lequel il s'intéressa beaucoup trop « à l'environnement », apparaissant comme « un intellectuel raffiné ».

Dans plusieurs articles en 1949 et 1950, Pierre Brasseul critique la situation faite aux syndicalistes enseignants aux États-Unis. Il présente un rapport sur « les enseignants et la lutte pour la paix » au congrès de la FEN-CGT à Montreuil en juillet 1950. Il insiste sur l’aspect nouveau que prend, selon lui, la lutte pour la paix à la suite de la campagne pour la signature de l’appel de Stockholm et de l’intervention américaine en Corée. Il insiste également sur « le rôle des agents titistes qui portent aujourd’hui leurs efforts sur le corps enseignant pour jeter le trouble et la défection dans ses rangs et sur la nécessité de démasquer le caractère de la soi-disant autonomie des dirigeants syndicaux sécessionnistes dans la lutte pour la paix qui se placent de plus en plus ouvertement sur les positions de l’impérialisme américain ». Il fait ainsi allusion aux partisans d’un communisme non stalinien, comprenant notamment les trotskistes et des dissidents. Les délégués au congrès, selon le compte-rendu qu’en donne le quotidien communiste L’Humanité, « ont stigmatisé l’attitude des agents titistes fauteurs de guerre qui essayent par la corruption et l’organisation de voyages en Yougoslavie de séparer les enseignants de la classe ouvrière et d’en faire les ennemis de celle-ci. »

Lors des élections municipales de mai 1953, Pierre Brasseul est candidat sur la liste d’Union républicaine et résistante, présentée par le parti communiste et comprenant des personnalités divers-gauche. La liste arrive en tête et obtient 10 sièges, devant deux listes de droite RGR (divers droite, 6 sièges) et RPF (gaulliste, 6 sièges également), la liste socialiste SFIO alliée aux radicaux-socialistes (3 sièges) et la liste MRP (démocrates-chrétiens, 2 sièges). Les suffrages du RGR, du RPF et du MRP permettent à Georges Defert (RGR) d’être élu maire. Brasseul n’est pas élu. Il est cependant proclamé conseiller municipal le 18 novembre 1958, suite au départ de sa fonction d’un conseiller communiste ; il démissionne rapidement, devant quitter la commune fin décembre et est remplacé au sein de l’assemblée communale par René Lehuic, tourneur sur métaux, proclamé conseiller municipal communiste le 9 janvier 1959. Son mandat prit fin avec les élections municipales générales de mars la même année.

À partir de 1951, Brasseul a cessé son activité syndicale. Il prend par contre des responsabilités dans la Mutuelle générale de l'Éducation nationale (MGEN). Une fois à la retraite, il devient responsable du club des retraités de la MGEN. À ce titre, il publie dans le quotidien Le Monde en octobre 1984 une tribune en faveur du développement des universités du troisième âge, dont il devient un spécialiste. Il préface le livre de Philippe Carre, Retraite et formation (ERES, Toulouse, 1981).

Au moment de sa création en 1981, Brasseul est vice-président de l'Union française des universités du troisième âge (UFUTA), association présidée par le professeur René Frentz (Nancy). Elle a depuis été rebaptisée Union française des universités tous âges.

Pierre Brasseul meurt le 5 septembre 1988 à Paris (10e arr.). Il était âgé de 79 ans et avait été décoré des Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1947.

Joinville-le-Pont, années 1960

 

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20 février 2022 7 20 /02 /février /2022 00:01

Jeanne Eugénie Marie Richard naît le 15 avril 1876 à Paris (10e arr.). Elle est la fille d’Alphonsine Marie Richard et de son époux, Jean Émile Narcisse Richard, entrepreneur de maçonnerie, qui vivent rue de la Grange-aux-Belles.

En 1901, la famille acquiert une propriété quai du Barrage à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Son père est devenu architecte ; après sa mort, Jeanne Richard devient professeur de sténodactylographie. Elle travaille de manière indépendante, puis dans des institutions à Vincennes et à l’école primaire supérieure de La Varenne à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Elle est membre, en 1925, de l'Association sténographique unitaire. En avril 1945, l’immeuble du quai du Barrage est acquis, à l'amiable, par la commune de Joinville qui souhaite y construire un établissement de bains-douches et un lavoir municipaux. Il servira en fait pour l’édification d’un ensemble de deux immeubles de logements sociaux ; la grille de l’ancienne propriété Richard a été conservée.

Jeanne Richard meurt le 4 juin 1947 à Joinville. Elle était âgée de 71 ans, n’était pas mariée et n’avait pas eu d’enfant. Elle avait été décorée des Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie en février 1925 puis comme officier de l’instruction publique en juillet 1933.

Le portail de l'ancienne propriété Richard à Joinville-le-Pont

 

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