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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie d’André Courtin

Pendant la première guerre mondiale, André Courtin s’efforce à contribuer au ravitaillement, ce qui lui vaudra des félicitations. Son épouse Eugénie est infirmière bénévole, dans les hôpitaux de Romorantin et de Salbris d'août 1914 à fin janvier 1916, et sera décorée de ce fait de la médaille de bronze de la reconnaissance française.

Après le conflit, les Courtin reviennent à Salbris, au château de L’Isle. André Courtin participe, en septembre 1922 à la fête de l’agriculture organisée à Salbris. Il fait partie des invités d’honneur à côté de son ancien adversaire, Pichery, devenu sénateur, du maire, du préfet et du curé.

Retiré du domaine politique, André Courtin va accroître son implication dans les organisations professionnelles. Il troque son mandat de secrétaire général contre celui de vice-président de la Société des agriculteurs de France. Avec le même président, il est aussi vice-président de la Chambre syndicale de l’Union centrale des syndicats des agriculteurs de France. On trouve de fréquentes contributions de sa part à la Revue des agriculteurs de France depuis 1928, par exemple sur la décalcification, ou le monopole des engrais.

Un ouvrage de Courtin, paru en 1920, Les congrès nationaux des syndicats agricoles, est salué dans la presse professionnelle.

En mai 1928, il prend position sur la question de La main-d’œuvre agricole et l’immigration. Pour Courtin, il faut créer « Des comités franco-étrangers, sous la haute surveillance des gouvernements intéressés, grâce au concours de l’organisme professionnel français, pourraient avantageusement maintenir le contact entre les émigrants, leur conserver certaines habitudes morales et religieuses du pays d’origine. Une telle organisation est pour les émigrants eux-mêmes un bienfait, en leur apportant un peu de l’air de leur pays natal ; ils seraient moins désorientés, et leur équilibre moral se maintenant plus facilement, nous éviterons, en partie tout au moins, les dangers que fait courir à notre Nation l’introduction de certains ferments aisément nocifs, par cette immigration qui est indispensable cependant, durant les longues années nécessaires à la natalité française pour reconstituer le nombre d’hommes que réclame l'exploitation intensive de notre terre de France. »

En 1932, à 72 ans, André Courtin quitte ses fonctions à la chambre syndicale. Il fait de même en 1934 à la Société des agriculteurs de France, qui l’élit alors vice-président honoraire. Il porte toujours ce titre en 1939.

L’épouse d’André Courtin, Eugénie née Roger-Marvaise, meurt en novembre 1933 à Salbris. Son époux continue à se partager entre la Sologne et la région parisienne.

La date de décès d’André Joseph Courtin n’est pas connue. Pendant la deuxième guerre mondiale, il réside à Clamart (Seine, act. Hauts-de-Seine), où une carte d’alimentation lui a été délivrée ; il avait 83 ans en 1942. Il était veuf et n’a pas eu d’enfant.

Récompensé d’une médaille d’or lors de l’exposition universelle de Paris, en 1900, André Courtin, fait peut-être partie des personnes décorées du Mérite agricole par Noulens, sous-secrétaire d’État à la guerre en novembre 1910. Il a reçu en septembre 1917 une lettre d’éloges du ministre du ravitaillement, Maurice Viollette pour son action pendant la première guerre mondiale. Fait chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1923, Courtin voyait son parcours de syndicaliste récompensé : « Après s'être consacré pendant près de trente ans à l'exploitation d'un grand domaine en Sologne, apporte à la défense des intérêts agricoles comme secrétaire général adjoint d'une puissante union des syndicats agricoles, le concours le plus actif et le plus apprécié. »

Fin

La propriété Le Péage à Pierrefitte-sur-Sauldre

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

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20 novembre 2024 3 20 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie d’André Courtin

Comme son père, son grand-père paternel ou son beau-père, André Courtin va avoir un engagement civique. Il est en 1893 secrétaire de la Société des agriculteurs de France. Et il prend part, en juillet cette année-là, aux élections législatives dans la circonscription de Romorantin. Il s’affiche comme candidat républicain libéral et progressiste. Son positionnement amène son père, alors maire de Salbris et conseiller général du Loir-et-Cher à publier une lettre dans laquelle il explique que son fils « grâce aux trésors d'illusion que possède la jeunesse, s'est avisé de croire subitement à l'avenir d'une République honnête et libérale » mais il ajoute que cet optimisme conviendrait mal à mon âge ». Le quotidien La Lanterne, écrit que pour Courtin père, « monarchiste impénitent », voir « son fils passer tout d'un coup à l'ennemi et se déclarer républicain » ce doit être cruel, « après une vie tout entière consacrée à combattre la République ». Mais le journal, qui se situe à gauche, considère que « M. Courtin fils est resté assez réactionnaire pour ne pas mentir à ses origines » et appelle les électeurs à lui donner « en guise de bienvenue dans la République, une veste des mieux conditionnées ».

De fait, c’est le député sortant, Philippe Émile Jullien, radical-socialiste, qui est largement réélu. Courtin obtient 4 893 voix sur 13 508 votants (36%) pour 17 034 électeurs inscrits.

Membre de la Société d'économie sociale depuis 1891, André Courtin adhère aussi en 1896 à la Société internationale des études pratiques d'économie sociale. Il préside en 1903 la société Saint-Georges, structure de secours mutuels de Salbris, constituée en 1868 et qui compte alors 188 membres. Continuant son activité agricole, il participe à l’exposition universelle de 1900 dans la capitale. En 1904, André Courtin prend la présidence de la Société coopérative de l’union centrale des syndicats des agriculteurs de France.

Malgré leur antagonisme politique antérieur, c’est à son fils qu’Auguste Courtin transmet, en mai 1900, le poste de maire de Salbris.

En juin la même année, il est également élu, sans concurrent, conseiller d’arrondissement pour le canton de Salbris. Puis, en juillet 1901, il devient conseiller général du Loir-et-Cher dans le même ressort, poste qu’avait occupé Courtin père jusqu’en 1895.

En vue des élections législatives de 1902, « Un groupe d’électeurs » sollicite André Courtin dans l’hebdomadaire conservateur L'Écho de la Sologne pour représenter les républicains modérés, assurant qu’il est « d’un républicanisme sage et modéré » et doté de « connaissances très étendues en agriculture ». Mais il n’est finalement pas candidat.

Au sein du conseil général, Courtin proteste en avril 1904 contre l’appui qu’apportent les élus au président de la République, Émile Loubet et au ministre de l’intérieur Émile Combes pour « l’œuvre d’action laïque et de progrès social qu’ils poursuivent avec une grande fermeté ». Pour sa part, il fustige « une œuvre de désorganisation sociale » avec la séparation proposée entre l’église et l’État.

Réélu, dès le premier tour, conseiller municipal puis maire de Salbris en mai 1904, André Courtin revient à la politique nationale avec les élections législatives de mai 1906, toujours dans la circonscription de Romorantin. Il conserve son étiquette de républicain libéral et affronte le député sortant radical, Pierre Pichery. Le quotidien l'Union libérale, conteste son positionnement, assurant que Courtin est un « conservateur, affublé pour la circonstance d’un faux nez républicain auquel personne ne s’était laissé prendre ». Le programme qu’il présente est fort à droite : « l’ordre, la paix sociale, la liberté religieuse, le rétablissement des finances par la réduction du trop grand nombre de fonctionnaires, le respect du drapeau et de l’armée » ; il repousse l’impôt sur le revenu mais admet la création de retraites ouvrières par la mutualité. Courtin rappelle qu’il a « combattu l’œuvre du Bloc sur la Séparation de l’Église et de l’État. Cette loi est à ses yeux (…) exigée par les Francs-Maçons, et les Juifs, qui veulent détruire la religion catholique, comme ils veulent désorganiser l’armée et les finances pour pousser la France à la ruine et la réduire à leur merci ». Il obtient un résultat en net retrait sur son score de 1893, avec 2 761 voix pour environ 16 200 suffrages exprimés, soit 17% ; Pichery est réélu.

Lors du scrutin de juillet 1907 pour le poste de conseiller général, face à deux candidats présentés comme favoris par la presse locale, Courtin ne se représente pas. Il est par contre de nouveau réélu, dès le premier tour, maire en mai 1908.

Après la mort de son père, en avril 1908, sa succession fait l’objet d’une mise au enchères, qui comprend notamment le château du Chesne et sa propriété de 1 380 hectares. André Courtin et son épouse emménagent dans une autre demeure, plus modeste, le château de La Moussaye.

André Courtin ne se représente pas aux élections municipales de 1912. Le couple est installé dans le village voisin de Pierrefitte-sur-Sauldre, au lieu-dit Le Péage.

À suivre

Le château du Chesne à Salbris

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

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18 novembre 2024 1 18 /11 /novembre /2024 08:00

Début de la biographie d’André Courtin

André Joseph Courtin naît le 10 août 1859 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au château de Polangis. Il est le fils d’Anna Caroline Spooner, fille d’un industriel des États-Unis, fabricant de produits chimiques. Son père est Auguste Courtin (1825-1908), alors rentier et maire de Joinville. Ce dernier est le fils naturel de Charles Pierre Chapsal (1787-1858), Charles-Pierre Chapsal, (1787-1858), professeur au lycée Louis-le-Grand (Paris), grammairien, professeur de grammaire générale au lycée Louis-Le-Grand à Paris, maire de Joinville-le-Pont (1843-1848 et 1852-1858), qui avait fait l’acquisition du château de Polangis ; il est également le fils adoptif de son épouse Adélaïde Favray (1783-1880) et hérite, à sa disparition, du domaine de Polangis.

Pendant le siège de Paris au cours de la guerre de 1870, la population de Joinville est déplacée dans la capitale, y compris la municipalité. Les très violents combats de la bataille de Champigny en novembre et décembre 1870 entraînent la mort de plusieurs milliers de soldats, notamment dans le quartier de Polangis. Le pont de Joinville est détruit. Le retour des Joinvillais se fait en janvier 1871. La commune est ensuite occupée par les troupes bavaroises et wurtembergeoises jusqu’au 24 septembre 1871.

Après avoir mis fin, avant terme, à ses fonctions municipales en 1876, pour des raisons inconnues, Auguste Courtin quitte Joinville en 1877. Il vend le domaine de Polangis en février 1881 à la Société immobilière de Polangis qui lotit le terrain et démolit le château.

La famille s’installe en Sologne, à Salbris (Loir-et-Cher), où elle achète en 1880 le château du Chesne et un très vaste terrain. Devenu un agriculteur, réputé pour son activité modernisatrice, Auguste Courtin reprend des fonctions électives, comme maire de Salbris (1884-1900) et conseiller général du Loir-et-Cher (1889-1895), de tendance très nettement conservatrice.

Pour sa part, André Courtin intègre en juillet 1878 l'Institut national agronomique de Paris, reconstitué en 1876 à Paris, hébergé dans les locaux du Conservatoire national des arts et métiers, rue Réaumur, et disposant de champ d'expériences dans le Bois de Vincennes. Il obtient en juillet 1880 le diplôme d’ingénieur agronome. Il a eu notamment comme professeur Édouard Lecouteux (1819-1893), agronome réputé, qui a mis en place en Sologne, à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher) une ferme modèle dans son château de Cerçay. Il a été conseiller général du département (1871-1874) puis maire de Lamotte-Beuvron (1886-1893).

Probablement après son service militaire, André Courtin devient un « châtelain-agriculteur » selon l’expression de son ancien maître, Lecouteux, qui lui rend visite en janvier 1883, se félicitant que « son excellent ami » fait partie de ceux qui « savent faire aimer la vie rurale ». Il assurera en juillet 1892 qu’il fait « le plus grand honneur à son école ». Ce dernier avait été le fondateur, en mai 1868, de la Société des agriculteurs de France, dont Courtin deviendra un des piliers.

Au cours des années 1880 et 1890, il participe très activement aux comices agricoles, et publie des rapports ou ouvrages sur la culture du blé, l’élevage bovin, les plantations d’arbres ou l'irrigation des prairies.

En avril 1887 à Paris (9e arr.), André Courtin, qui réside à Salbris et dispose d’un pied-à-terre rue de Penthièvre (8e arr.), épouse Eugénie Thérèse Roger-Marvaise. Elle est la fille de Théophile Roger-Marvaise, avocat à la Cour de cassation, chevalier de la Légion d’honneur, alors sénateur d’Ille-et-Vilaine. Leur domicile, rue de la Victoire, deviendra entre les deux guerres l’adresse parisienne du couple Courtin.

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

À suivre

Portrait d’André Courtin (arch. fam.)

 

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12 août 2024 1 12 /08 /août /2024 01:01

Suite de la biographie de Harry Kaganoff

Ayant fermé en 1931 son cabinet de Champigny-sur-Marne pour en ouvrir un à Paris (10e arr.), rue de la Grange-aux-Belles, le docteur Harry Kaganoff va se spécialiser en gynécologie, et notamment dans les accouchements. Il déplacera son activité dans le 17e arrondissement, boulevard Malesherbes en 1937 et s’associera à la création d’une clinique médicale, chirurgicale et obstétricale rue Geoffroy-Saint-Hilaire dont il est, à parité avec M. Alphonse Barroso-Rebello, le premier porteur de parts.

Parallèlement à son activité libérale, le docteur Kaganoff intervient dans des établissements visant en particulier la population juive pauvre, en particulier immigrée. C’est le cas, à partir de 1931 du dispensaire Linas-Hatzédek à Belleville et de la clinique W. Tiomkine rue du Buisson-Saint-Louis (11e arr.) en 1933. Le Dr Kaganoff précise que cette institution accueille plus de 50 malades par jour et que Juifs et non-Juifs du quartier en bénéficient. Dans sa spécialité, il participe également en 1937 au dispensaire La Mère et l’Enfant, situé rue Amelot (11e arr.). Le docteur poursuit également son activité de conférencier, avec en décembre 1931, une intervention à Pavillons-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis) pour soutenir la vaccination antituberculeuse. Il contribue également régulièrement aux collectes effectuées par les instances communautaires juives.

L’activité publique de Kaganoff va prendre une dimension sioniste, en appui à l’installation des Juifs dans la Palestine mandataire et au lien de leur communauté avec les Juifs de France.

En 1929, le Dr Kaganoff devient un cadre du Sporting-Club Maccabi, établissement sportif international qui dispose d’une section française. Lors d’une manifestation du club en mars 1931, il explique : « Le peuple juif était devenu un peuple cérébral. Mais avec le cerveau on ne peut pas construire des routes, labourer la terre, il faut des muscles. Le Maccabi prépare ce type juif, sain de corps et d’esprit, qui s’est si bien développé en Palestine. »

Lors d’un autre évènement en mai 1933, à laquelle participait lord Melchett, président d’honneur de l’Union mondiale Maccabi, ainsi que l’ancien ministre Henry Paté, le Dr Kaganoff précisa ses conceptions. Pour lui, il y avait « nécessité, pour les nouvelles générations, de se développer physiquement, surtout dans les pays où les Juifs sont constamment menacés ». Parlant de de la France, il souligna son rôle dans la défense des juifs persécutés. Pour lui, se référant à son expérience personnelle, « Si la France, dit-il, était à nouveau menacée, la jeunesse juive immigrée n’hésiterait pas à imiter ceux qui, en 1914, sont allés aux Invalides s’engager dans l’armée française. »

C’est dans les locaux du Maccabi France que le Dr. Kaganoff, président, rend compte en juin 1934 de son voyage en « Eretz-Israël ». Il décrit Jaffa « ville essentiellement arabe », Sarona, « village allemand » (au sens de peuplé de Juifs allemands), et Tel-Aviv, dont « l’aspect général est celui d’une cité américaine », dont il regrette qu’elle soit construite en béton armé et estime qu’il « faudra un jour [la] balayer et reconstruire sans hâte ». Selon Harry Kaganoff, « Pour retrouver le style juif, il faut aller à Jérusalem, la ville conservatrice par excellence ». Commentant la situation générale, il estime, dans le compte-rendu qu’en fait L'Univers israélite, que « Le travail ! c’est la raison d’être des Juifs palestiniens. Et l’on travaille moins pour s’enrichir que pour servir le pays. Rendre la Palestine capable de recevoir des milliers de frères, c’est là leur rêve. »

Harry Kaganoff embarque une nouvelle fois en mars 1935 de Marseille pour la Palestine. Il assiste à la deuxième Maccabia, évènement sportif qu’il compare à des Jeux olympiques juifs. Il est réélu président du club français en novembre.

La Conférence palestinienne de France se tient en octobre 1936, dans les Salons de l'Hôtel Lutétia à Paris. Elle rassemble 150 délégués des associations juives de Paris et de province. Elle donne naissance à un comité dénommé Vaad Bitzaron Oubitahon, pour faire campagne pour la sécurité du peuple juif après les attentats dans le territoire sous contrôle britannique. Le Dr Kaganoff en est membre. Il est l’un des fondateurs, en mai 1937, encore à Paris, de l’Association des sionistes traditionalistes Mizrahi et l’un des membres de son comité ; le mouvement assure qu’il continue « la tradition française de libéralisme et de foi. »

En janvier 1939 fait l’historique du travail de reconstruction en Palestine devant le Cercle amical féminin propalestinien, rendant hommage notamment aux premiers colons, des intellectuels ayant fui les pogromes russes.

Sur le plan professionnel, le docteur Harry Kaganoff fait face, en mars 1939 à une mise en cause qui lui vaut d’être arrêté pour « manœuvres criminelles abortives » en compagnie d’une sage-femme, propriétaire d'une clinique d'accouchement rue de Chabrol à Paris (10e arr.). ayant choisi Me Etienne Nouveau comme défenseur, il « proteste de sa parfaite correction » et indique que ses interventions ont toujours été faites sur des femmes qui présentaient un commencement de fausse-couche et qu’elles étaient motivées dans l'intérêt de la santé des patientes pour éviter un accident.

L’hebdomadaire d’extrême-droite Le Défi, dirigé par l’avocat antisémite Jean Charles Legrand, créateur du Front de la jeunesse, même campagne contre « la vaste entreprise des médecins étrangers, Juifs et Allemands, montée pour estropier et mutiler les femmes françaises ». Il se réjouit de l’incarcération, commentant l'enquête qui aurait établi « les crimes commis par ce Kaganoff contre notre race. »

L’affaire ne semble pas avoir de suites, et, en 1955, le casier judiciaire de Kaganoff est vierge de toute condamnation. C’est cependant cette même année que Harry Kaganoff est inscrit au Fichier central de la Sûreté nationale, qui recense des personnes dont l’activité publique, notamment politique, est sous surveillance.

La situation de Harry Kaganoff pendant la deuxième guerre mondiale et l’occupation allemande n’est pas connue. Ni lui ni sa famille directe ne sont victimes du conflit et sa mère, comme ses sœurs et son frère ou sont épouse survivent aux persécutions antisémites. Par contre, plusieurs membres de la famille de sa femme meurent en déportation.

Après le conflit, le docteur Kaganoff poursuit son activité, d’abord à Paris (7e arr.), avenue Duquesne, puis dans le 17e arrondissement, avenue du Colonel-Moll.

Son engagement public se concentre désormais sur la vie de deux organisations de soldats : l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs dont il a été un des fondateur et vice-président depuis 1919 puis président en 1947. Et l’association des anciens combattants volontaires juifs, à la vice-présidence de laquelle il accède en 1946. Il ouvre le sociétariat de ces mouvements aux combattants du deuxième conflit mondial.

En juin 1935, Kaganoff était déjà intervenu, au nom des combattants Juifs palestiniens, lors de la Conférence mondiale des anciens combattants Juifs, qui avait réuni à Paris, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne les représentants de quinze nations.

Il préside, en juin 1964, la manifestation du souvenir organisée au cimetière de Bagneux (Seine, act. Hauts-de-Seine) rendant hommage aux « martyrs morts pour la France, pour la liberté » et souhaitant « Shalom » à tous les pays, ajoutant « et surtout à Israël qui en a tant besoin. »

Une de ses dernières interventions publiques est l’inauguration, en janvier 1965, à Levens (Alpes-de-Haute-Provence) de la Maison de repos et de convalescence des anciens combattants.

Harry Kaganoff meurt le 9 septembre 1967 à Paris (17e arr.), dans son domicile de la rue du Colonel-Moll. Il était âgé de 74 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

Fin

Portrait de Harry Kaganoff (Notre volonté, 06/1964)

 

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8 août 2024 4 08 /08 /août /2024 01:01

Début de la biographie de Harry Kaganoff

Harry Hirsch Kaganoff-Kagan naît le 2 juin 1893 à Mstislawe, ville alors en Russie (act. Biélorussie). Il est d’origine juive, fils de Rebecca Ratner et de son époux Joseph Kaganoff-Kagan. Selon le recensement de l'Empire russe de 1897, la ville comptait 49% de Juifs ; il y en avait toujours 20% lors du recensement soviétique de 1939. Tous ceux qui résidaient encore dans la ville, soit entre 850 à 1 300, sont assassinés le 15 octobre 1941 par les forces allemandes dans le cadre de la « Shoah par balles. »

La famille Kaganoff quitte Mstislawe, deux sœurs de Harry voyant le jour en 1907 et 1910 à Zaporijia (Russie, act. Ukraine).

La situation sociale de la famille n’est pas connue. Elle est cependant probablement confortable. En 1916, Harry Kaganoff fait des études de médecine à Bordeaux (Gironde). Il s’engage volontairement, en juillet, dans la légion étrangère pour la durée de la première guerre mondiale et sert donc avec les troupes françaises. Il est nommé en novembre 1917 médecin sous-aide-major (sous-officier, grade équivalent à celui d’adjudant-chef). Promu officier en septembre 1918, comme médecin aide-major de deuxième classe (sous-lieutenant), il est affecté au 172 régiment d'infanterie. Au cours des combats, qui lui valent deux citations, il est blessé au front par un « petit projectile ». Il obtiendra en février 1920 une première pension chiffrée à 20%, doublée en janvier 1922, sa brèche osseuse entraînant une « baisse de l’aptitude au travail et à la mémoire. »

Après la fin du conflit, Harry Kaganoff reprend ses études médicales à Bordeaux. Il présente en novembre 1919, avec deux collègues, MM. Rocher et Lescalle, le cas de cinq blessés guéris de pseudarthrose par la méthode de Delagénière, c’est-à-dire par greffons ostéopériostiques tibiaux. Adhérent à la Société anatomoclinique de Bordeaux en décembre 1919, il exerce à Orléans (Loiret) en janvier 1922, date à laquelle il est naturalisé français par décret.

Il soutient sa thèse à la faculté de médecine bordelaise en avril 1924. Devenu docteur, Harry Kaganoff exerce comme médecin dans l’Orne, installé en août la même année dans la commune de Le Sap, où il signale à la justice le meurtre d’une cultivatrice du village voisin d’Orville.

Rejoignant la région parisienne, Harry Kaganoff ouvre un cabinet à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est installé rue Mignon avec sa mère, un frère et deux sœurs. En plus de son activité médicale, Kaganoff prend des responsabilités civiques. Depuis 1919, il est vice-président de l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs. Il assure, à titre honorifique, le même rôle dans le Vélo-club de Champigny en décembre 1927.

En novembre 1926, des juifs ayant quitté l’empire russe suite à la révolution bolchévique, constituent une association cultuelle, considérant que leurs besoins ne sont pas couverts par les institutions dépendant du Consistoire israélite de Paris, pour des raisons de langue et d’usages. Baptisée Ohel Jacob, elle finance notamment la création d’écoles à Paris et dans quelques villes de banlieue. Les israélites de Joinville et de Champigny se regroupent pour former une école (Talmud Tora), située à Champigny, route de Villiers, mais fréquentée par une majorité de joinvillais. Elle est financée par l’association Ohel Jacob et le docteur Kaganoff en est le président en 1928.

En 1929, on compte 9 écoles du réseau Ohel Jacob ; 3 sont situées à Paris et comptent 250 élèves. Les 9 de banlieue totalisent et celle de Joinville Champigny est la plus importante, avec 45 élèves.

Tout en maintenant ses cours, l’union israélite locale change de dénomination et de caractère en 1930. Elle devient l’association Ohavé Shalom (Les Amis de la Paix), abandonnant son identité d’origine russe. L’hebdomadaire Tribune juive considère que « ce groupement a ceci de remarquable qu’il se compose d’israélites originaires les uns de Pologne et les autres de Turquie. »

Personnalité identifiée, Harry Kaganoff donne des conférences qui sont mentionnées dans la presse. En avril 1928, Les Cahiers des droits de l'homme (LDH), signalent son intervention à Champigny. La même année, en novembre, L’Univers israélite évoque sa causerie au Cercle Salonicien, à Paris, devant l’Union des femmes juives françaises pour la Palestine. Il participe aussi à des réunions de nature politique. Il est ainsi, en juin 1929, un des orateurs du meeting de protestation organisé « Contre les pogromes de Lemberg » (Pologne, act. Lviv, Ukraine) par la Ligue internationale contre l’antisémitisme. De nombreux intellectuels et personnalité sont présents.

Le docteur Kaganoff inaugure, en tant que président de l’association Ohavé Shalom, en mai 1930 un oratoire implanté dans leur local campinois. Il s’exprime, dans la ville proche d’Alfortville, en octobre 1930, toujours au titre de cette fonction. Il cesse cependant probablement de l’exercer l’année suivante, lorsqu’il déménage pour installer son cabinet à Paris. C’est sans doute dans la première moitié des années 1930 que se produit le mariage d’Harry Kaganoff avec Rebecca Wygodzka, native de Vilnius (Pologne, act. Lituanie).

À suivre

Rue de Villiers à Champigny-sur-Marne (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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4 août 2024 7 04 /08 /août /2024 01:01

Georges Guy Gérard Legras naît le 3 juin 1927 à Tours (Indre-et-Loire). Il est le fils d’Adrienne Élisabeth Lelong et de son mari Jacques Georges Ernest Legras, voyageur de commerce. Ils vivent, avec les grands-parents paternels, rue Avisseau, dans le quartier de la cathédrale.

En 1931, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au centre-ville, rue Émile-Moutier. Le père est devenu projectionniste ; il sera ensuite ingénieur du son. La ville de Joinville comporte plusieurs sites importants consacrés au cinéma (studios de production et entreprises de traitement des films notamment).

Pendant la deuxième guerre mondiale, on trouve un « Georges Legras » enregistré, sans autre précision, dans les Dossiers administratifs de résistants conservés par les archives du Service historique de la Défense.

Après le conflit, Georges Legras est assistant monteur en cinéma. Le 10 novembre 1949, il se trouve dans l’immeuble du 19, rue Saint-Georges à Paris (9e arr.). Anciennement utilisé par la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) pendant l'occupation allemande de Paris, il a été affecté après la Libération à plusieurs organisations liées au parti communiste, notamment le Front national, qui y a son siège, comme des mouvements d’anciens combattants.

Georges Legras et une de ses collègues, Ina Brocki, travaillaient au 4e étage. Ils sont retrouvés recroquevillés, complètement carbonisés, par les sauveteurs sur le palier du 3e étage. L’accident a fait une autre victime, Germaine Fromentin, et huit blessés.

Plusieurs sociétés d’exploitation de films avaient une activité dans l’immeuble : Armor, Miramar et le studio Saint-Georges. L’enquête a estimé que le feu aurait pris dans les sous-sols, suite à un court-circuit, et aurait embrasé des pellicules de film stockées dans les caves, dans des conditions non conformes à la règlementation. Il s’est ensuite propagé très rapidement dans les étages.

Georges Legras a été déclaré mort le 10 novembre 1949 à Paris (9e arr.). Il était célibataire, âgé de 22 ans et toujours domicilié chez ses parents à Joinville-le-Pont et son corps a été inhumé dans le cimetière communal de cette ville.

Des obsèques solennelles ont été organisées pour deux des trois victimes, Germaine Fromentin et Georges Legras. Elles se sont déroulées le 19 novembre à la Maison des Métallurgistes, rue Jean-Pierre-Timbaud à Paris (11e arr.). Tous les deux ont été salués comme des camarades de lutte et des militants par des dirigeants du Front National, tels Laurent Casanova, Pierre Villon. Plusieurs hauts responsables communistes étaient présents, comme Léon Mauvais et Charles Tillon.

Jacques, le père de Georges Legras, a été candidat communiste lors des élections municipales de Joinville-le-Pont en mars 1965.

Lutte contre l’incendie dans l’immeuble, L’Humanité, 11/11/1949

 

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30 juillet 2024 2 30 /07 /juillet /2024 14:35

Jacques Georges Ernest Legras naît le 25 juillet 1903 à Paris (20e arr.). Il est le fils Blanche Ernestine Marie Denis et de son époux Georges Victor Alexis Legras. Ils vivent cours de Vincennes et son père est voyageur de commerce. Son père avait été marié une première fois en janvier 1894, mais son épouse était décédée dix jours plus tard ; il avait contracté une nouvelle union avec Blanche six mois plus tard.

La famille d’installe dans la commune de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), située de l’autre côté du Bois de Vincennes, où ils résident rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc), dans le centre-ville, en 1911. Après la première guerre mondiale, pendant laquelle ni le père, trop âgé, ni le fils, trop jeune, ne sont pas mobilisés, les Legras déménagent à Tours (Indre-et-Loire), d’abord rue Bernard-Palissy puis rue Avisseau, dans le centre de la commune. Jacques épouse en décembre 1925 à Saint-Calais (Sarthe), Adrienne Elisabeth Lelong, couturière. Il est voyageur de commerce, comme son père. Suite au décès de celui-ci, en janvier 1927, puis à la naissance de leur enfant en juin, le nouveau couple et la mère de Jacques reviennent à Joinville-le-Pont.

Ils vivent dans le quartier central, rue Émile-Moutier. Toujours employé commercial en 1931, Jacques Legras devient projectionniste de cinéma ; il sera ingénieur du son en 1949. En novembre cette année-là, son fils unique, Georges, âgé de 22 ans et qui travaille également dans le cinéma, comme assistant monteur, meurt dans un incendie à Paris (9e arr.). Il se trouvait alors dans l’immeuble de la rue Saint-Georges qui abritait plusieurs organisations liées au Parti communiste, dont le Front national ; ainsi que des maisons d’édition ou des sociétés cinématographiques. Les obsèques des trois victimes du feu rassemblent de nombreuses personnalités proches du PCF.

Vivant toujours à Joinville-le-Pont, Jacques Legras est candidat, en mars 1965 lors des élections municipales sur la liste d’Union démocratique conduite par Henri Bideaux, ancien conseiller municipal et commerçant. Redevenu représentant de commerce, Legras figure en quatorzième position, avec l’étiquette communiste comme 24 des autres postulants, mais la liste comprend également un socialiste, un radical-socialiste et un républicain.

Au premier tour, la liste communiste arrive en deuxième position, avec une moyenne de 2 316 suffrages soit 29,9% des 7 758 exprimés pour 7 974 votants et 10 441 inscrits. Elle est devancée par le maire sortant, Georges Defert (divers droite), qui obtient 45,4% et précède une liste gaulliste, qui a 26,6% des votes et se retire. Au second tour, la liste communiste recueille 38,1% des bulletins déposés. Elle n’a pas d’élu.

Jacques Legras meurt le 4 février 1980 à Paris (13e arr.) où il était hospitalisé. Il résidait toujours à Joinville-le-Pont, rue des Réservoirs, était veuf et âgé de 76 ans.

Obsèques de Georges Legras, fils de Jacques Legras, 19 novembre 1949

 

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19 juillet 2024 5 19 /07 /juillet /2024 01:01

Léopold Augustin Chauveau naît le 30 mai 1874 à Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire). Il est le fils d’Augustine Deffond, lingère et de son mari, Léopold Chauveau, sabotier.

En octobre 1892, dans la préfecture du département, à Tours, Léopold Chauveau est l’auteur d’une agression de nuit sur le boulevard Heurteloup, près de la gare du chemin de fer d’Orléans. Croisant deux promeneurs, il veut s’emparer de la canne de l’un d’entre eux, mais, comme celui-ci résiste, il sort un couteau-revolver et lui loge une balle dans l’œil gauche. Arrêté, il passe quatre semaines en détention préventive.

La presse locale est surprise que l’affaire n’ait pas été soumise à la cour d’assises, n’ayant pas été qualifiée de crime, malgré la gravité des faits. Il est jugé début mai par le tribunal correctionnel. Chauveau assure qu’il ne se souvient de rien, ayant été complètement ivre. Selon le Journal d'Indre-et-Loire, les parents, « négociants très honorables de Sainte-Maure, sont désespérés de ce que vient de faire leur fils ». Chauveau est condamné à 16 francs d’amende et deux ans de prison. N’ayant pas d’antécédent judiciaire, il bénéficie du sursis, notion créée en 1885 par loi Bérenger.

Dix jours après sa condamnation, devançant le service militaire de deux ans, Léopold Chauveau s’engage dans l’armée, signant en novembre 1892 un contrat de quatre ans et rejoignant le 6e bataillon de chasseurs à pied. En septembre, 1893, nommé caporal, il devient moniteur à l’École normale de gymnastique et d’escrime de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Promu sergent dans le même établissement, situé dans le Bois de Vincennes, en janvier 1894, il prolonge de cinq ans son contrat en 1896, puis de deux ans en 1901 et pour trois ans supplémentaires en 1903. Il est sergent major instructeur de gymnastique en octobre 1904.

Le sergent Chauveau est, à son tour, victime d’une agression en mars 1897, alors qu’il revenait de Charenton-le-Pont en traversant le Bois de Vincennes. Il est frappé à la nuque d’un violent coup de bâton, mais échappe à ses agresseurs, qu’il tente de poursuivre, sans y arriver.

Pratiquant de nombreuses activités sportives, Chauveau participe aux Jeux olympiques de Paris, organisés en 1900 en même temps que l’exposition universelle. Son équipage de quatre rameurs remporte l’épreuve, une course réservée aux instructeurs de l'école de gymnastique de Joinville en yoles franches.

Léopold Chauveau épouse en mai 1906, à Joinville Marie Thérèse Lucie Latulippe, originaire d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne). Ils vivent quai Beaubourg à Joinville (act. quai Pierre-Brossolette). Poursuivant sa carrière militaire à l’école de Joinville, il est commissionné en septembre 1907, et obtient le grade d’adjudant, toujours comme instructeur de gymnastique. Il quitte l’armée active en novembre 1910.

En septembre 1908, en compagnie d’un autre (instructeur à l’école de gymnastique de Joinville, Antoine Poulitou, il devient vice-président de la Société Athlétique de Joinville, qui a à sa tête Albert Gallas, artisan mouleur en cuivre, également président du comité radical-socialiste de Joinville.

Au milieu des années 1900, le sergent-major Chauveau dirige les séances de gymnastique de l'Orphelinat de la Seine, installé à La Varenne, dans la commune de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il leur apprend à se développer physiquement par la gymnastique suédoise et les jeux en plein air. Son activité est mise en avant par la Ligue française pour l'hygiène scolaire à partir de 1909. Elle est présentée au troisième Congrès international d'hygiène scolaire, qui se tient à Paris en 1911 puis encore au congrès de l'éducation physique, encore à Paris en mars 1913.

L’adjudant Chauveau, en 1909, accompagne à Sucy-en-Brie (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne) La Laborieuse, société de gymnastique et d’instruction militaire.

Ayant quitté l’armée active, Chauveau est en 1910 l’entraîneur d’une société de préparation militaire, Le Jeune soldat. Il s’installe avec sa famille à Saint-Maur en 1911, dans le quartier de La Varenne-Saint-Hilaire, d’abord avenue Adam puis avenue du Bac, avant de rejoindre la rue de la République puis la rue Émile-Zola.

C’est probablement en janvier 1907 que Chauveau rejoint une loge affiliée au Grand-Orient de France, Les Philanthropes Réunis. Il y retrouve le secrétaire général de la mairie de Joinville, Eugène Doret. Sa participation à la franc-maçonnerie vaut à Chauveau plusieurs attaques dans la presse d’extrême-droite. En juin 1910, le quotidien Le Conservateur reproduit une affiche de l’Association antimaçonnique de France placardée à Paris (1er et 2e arr.) : « La Franc-Maçonnerie, Société secrète, dont toutes les décisions tous les actes, permettent de dire qu’elle est, en France, l'agent de l’Étranger, a créé, depuis quelques années, des écoles spéciales de préparation militaire, dans lesquelles ses adeptes essaient de s’emparer de l'esprit de nos jeunes gens. La Société qui a pour titre Le Jeune Soldat et qui a son siège 6, rue Louvois (2e arrondissement), est de celles-là. (…) Un de ses professeurs les plus assidus, M. Chauveau, adjudant à l'École de Gymnastique de Joinville le-Pont, est un f.*. »

Le quotidien antisémite La Libre parole publie son nom à deux reprises, en mai 1912 puis en avril 1914, mettant en avant ses activités auprès de l’orphelinat et des sociétés de préparation militaire. Un grand nombre de sous-officiers de Joinville, comme Paul André Giansilj ou Antoine Poulitou, sont également francs-maçons.

Au déclenchement de la première guerre mondiale, Léopold Chauveau est rappelé en août 1914 et affecté au 69e régiment d'infanterie. Il est promu officier, avec le grade de sous-lieutenant en octobre la même année puis devient lieutenant en octobre 1916. Il est démobilisé par le 46e régiment d'infanterie en décembre 1918. Dans la réserve, il accède en juillet 1922 au grade de capitaine.

Après la fin du conflit, Léopold Chauveau devient associé de la société Boulbain et Cie, qui pour objet l’exploitation par la fabrication et la vente d’appareils indicateurs de location pour de sièges de théâtre ou de chemins de fer. Elle est basée avenue Émile-Zola, à Saint-Maur, où il fixe son domicile.

Toujours professeur d’éducation physique, âgé de 53 ans, Léopold Chauveau meurt le 9 avril 1928 à Saint-Maur-des-Fossés. Il avait eu une fille, morte en bas âge, et un fils, enseignant à l’Éducation nationale après avoir été prisonnier pendant la deuxième guerre mondiale.

Entre 1894 et 1910, Léopold Chauveau avait reçu près de 25 récompenses et médailles pour ses activités sportives et associatives. Son rôle d’instructeur lui avait valu les Palmes académiques comme officier d'académie en mai 1908. Il avait été décoré de la Médaille militaire en décembre 1910. Il avait aussi été récompensé pour son rôle actif lors des graves inondations de la Marne au premier trimestre 1910.

École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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15 juillet 2024 1 15 /07 /juillet /2024 01:01

Édouard Fortuné Chauveau naît le 22 mai 1864 à Tours (Indre-et-Loire), dans le quartier Saint-Symphorien. Il est le fils de Louise Silvine Breton et de son mari, Fortuné Chauveau. Sa mère, fille d’un tailleur de pierre tourangeau, est d’abord couturière, puis ouvrière en soie. Le père est tisseur en soie.

En 1884, Édouard Chauveau est doreur sur bois à Tours et membre de la société de gymnastique locale. Il est recruté pour le service militaire en décembre 1885 et affecté au 31e régiment d'infanterie. Nommé caporal en octobre 1886, il est transféré en janvier 1887 à l’École normal de gymnastique et d’escrime de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), établissement militaire situé dans le Bois de Vincennes (act. Paris, 12e arr.). Il devient moniteur de gymnastique en août 1887. À la fin de ses quatre années de service, il s’engage pour cinq ans en novembre 1889 et est devenu sous-officier, avec le grade de sergent.

Parallèlement à son activité militaire, Chauveau participe à des manifestations sportives, comme lors d’une fête vélocipédique organisée à la Varenne Saint Hilaire (Saint-Maur-des-Fossés) en août 1887, une course de tricycles réservée aux militaires. Il participe à un concours de tir à Tours en juin 1889.

Le mariage d’Édouard Chauveau avec Marie Augustine Louise Joséphine Lemoine est célébré à Paris (11e arr.), en avril 1890. D’origine bretonne, Marie est couturière, native de Saint-Georges-de-Reintembault (Ille-et-Vilaine). Les parents de la mariée, Auguste Lemoine et Marie Hautebas, viennent également s’installer à Joinville-le-Pont, dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson). Auguste Lemoine, qui est menuisier, devient membre du comité radical-socialiste communal.

Pour leur part, Édouard et Marie Chauveau résident dans la Ferme de la Faisanderie, dépendance de l’établissement militaire, au sein du Bois de Vincennes. Marie Chauveau est membre du comité des dames de la section de Saint-Maur, Joinville et Charenton de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge).

Promu maître de gymnastique en juin 1890, Édouard Chauveau se réengage, de nouveau pour cinq ans, en novembre 1894 et devient sergent-major en août 1895. Il est commissionné à l’issue de son contrat en novembre 1899 et quitte l’armée, en juillet 1901, bénéficiant d’une retraite proportionnelle au temps passé dans l’armée, soit 15 ans et 8 mois, d’un montant de 576 francs. Affecté dans la réserve, il fait une période d’exercice en septembre 1906 puis est libéré des obligations militaires en octobre 1910.

Comme ancien sous-officier, Chauveau peut théoriquement postuler pour des emplois réservés (agent d’octroi, facteur, magasinier ou garçon de bureau par exemple). Il fait le choix de devenir professeur de gymnastique au collège et aux écoles communales de la ville de Pontoise (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). La famille s’y installe, d’abord rue Victor-Hugo puis rue d’Ennery et enfin rue Gambetta. Il donne également des leçons particulières de gymnastique, de boxe, de canne, de bâton d’escrime, de gymnastique médicale et de natation.

Dans sa nouvelle commune de résidence, Chauveau devient le moniteur chef de Société de tir du 12e territorial, régiment d'infanterie de réserve. C’est peut-être à son domicile pontoisien que, en août 1929, un jardinier qui descendait à la cave avec une baladeuse à la main, a été électrocuté et tué sur le coup.

Son épouse Marie étant décédée en septembre 1921, Édouard Chauveau va contracter une nouvelle union avec Esther Eugénie Guillot en septembre 1928 à Barbonne-Fayel (Marne). Ils résident dans cette commune en 1931, alors qu’il a pris sa retraite. Il se remariera une troisième fois en août 1941 à Pontoise avec Berthe Léa Vallier ; ils résideront à Barbonne-Fayel où il meurt le 25 décembre 1945, âgé de 81 ans.

Après avoir obtenu des médailles d’argent et de vermeil pour son activité de gymnastique et d’escrime de 1889 à 1893, Édouard Chauveau reçoit la Médaille militaire en janvier 1902. Son fils unique, Marcel, officier d’infanterie, meurt au combat durant la première guerre mondiale.

École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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13 juillet 2024 6 13 /07 /juillet /2024 01:01

Célestin Alexis Narcisse Chauveau naît le 22 mars 1881 à Saint-Victor-de-Buthon (Eure-et-Loir). Il est le fils de Régina Céline Gouache, qui sera ultérieurement employée des Postes, et de son mari Eugène Célestin Chauveau, instituteur. Ils s’installent ensuite à Lèves, commune de la banlieue de Chartres, dans le même département, où ils résident en 1896. Le père, Eugène Célestin Chauveau, y est directeur d’école, impliquée dans la vie locale, et décoré des Palmes académiques.

Célestin Chauveau fait des études au lycée Marceau, à Chartres. C’est dans cette même ville qu’il s’engage pour trois ans dans l’armée en février 1901. Il rejoint le 102e régiment d'infanterie où il est promu en septembre caporal puis en août 1902 sergent. Il est affecté en décembre de la même année à l’École normale de gymnastique de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) avec la fonction de secrétaire de trésorerie. Il renouvelle ensuite son engagement à chaque échéance et reste dans la même école, où il est promu sergent major vaguemestre en décembre 1905.

À Grandvilliers (Oise), en décembre 1906, Célestin Chauveau épouse Jeanne Adèle Berquier, employée des Postes. Ils vivent dans le centre-ville de Joinville, rue de Paris. Chauveau poursuit son activité à l’École gymnastique de Joinville, et est nommé adjudant vaguemestre en janvier 1914.

Toujours militaire d’active, Célestin Chauveau est retransféré au début de la première guerre mondiale, en août 1914, dans son unité d’origine, le 102e RI. Il est tué à l’ennemi lors de la bataille de l’Aisne le 25 septembre 1915 à Aubérive-sur-Suippe (Marne). Il était âgé de 34 ans et père d’un enfant.

Déclaré Mort pour la France, il est cité à l’ordre du corps d’armée pour avoir entraîné « bravement sa section à l’assaut des tranchées ennemies ». En novembre 1920, il reçoit, à titre posthume, la Médaille militaire.

Le nom de Célestin Chauveau figure sur les monuments aux morts de Joinville-le-Pont et du lycée Marceau de Chartres. Son corps est transféré au cimetière de Lèves. Sur sa tombe, le sculpteur Alberto Cappabianca, qui résidait dans cette commune, a gravé un médaillon en pierre.

École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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