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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 16:39

Laurent Joseph Marie Lozet naît le 9 septembre 1868 à Paris (4e arr.). Il est le fils de Brigide Raffort, couturière, et de son époux Antoine Auguste Lozet, journalier. Mal orthographié sur l’acte de naissance qui porte « Lezet », son nom est rectifié par jugement en mars 1886. Ses parents sont tous deux originaire du village d’Aigueblanche (Savoie). Le père meurt en juillet 1879, quand Joseph a dix ans.

C’est peut-être leur situation d’orphelins qui explique que ni Joseph ni ses deux frères aînés ne semblent pas avoir été convoqués pour le service militaire.

Devenu marchand ambulant brossier, Lozet se fournit dans l’usine métallurgique Ollagnier de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). En avril et juin 1903, il intervient à Paris dans plusieurs réunions de l’Alliance, syndicat des marchands ambulants.

En matière politique, c’est probablement Joseph Lozet qui, désigné dans les sources seulement en tant que Lozet, milite dans les organisations socialistes à Paris. En 1900-1901, Lozet est un trois membres suppléants, au côté d’autant de titulaires, de la Fédération des travailleurs socialistes de France qui participe aux discussions pour la tenue d’un congrès général des socialistes. Avec comme secrétaire Aristide Briand, le comité général de préparation groupe également le Parti socialiste révolutionnaire, l’Alliance communiste et des fédérations départementales autonomes. Entre 1901 et 1905, Lozet est membre des comités électoraux lors des élections législatives et municipales du 20e arrondissement, dans le quartier de Charonne, mais il est parfois également invité à des réunions dans le 14e arrondissement, quartiers de Plaisance et de Montparnasse. C’est par exemple lui qui, en mars 1904, apporte la contradiction lors d’une réunion radicale-socialiste, boulevard de Charonne, dans laquelle il oppose la candidature socialiste de Le Page à celle du sortant radical Patenne. Le groupe Charonne s’affilie à la Section française de l’internationale ouvrière dès sa fondation par la fusion des organisations socialiste en avril 1905. En juin la même année, avec son groupe local, il souscrit « Pour la lutte révolutionnaire en Russie. »

Courant 1906 ou début 1907, Joseph Lozet s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Canal, quartier limitrophe de Saint-Maur, à proximité de l’usine de son fournisseur Ollagnier.

Lors des élections municipales de mai 1908 à Joinville, Lozet est candidat au 1er tour sur la liste socialiste unifiée (SFIO), qui est conduite par Henri Lacroix. Il obtient 172 voix sur 1319 suffrages exprimés (13%). La liste, qui ne comportait que sept noms pour 21 postes à pourvoir, s’opposait à une liste dite socialiste évolutionniste, comprenant d’anciens socialistes comme Eugène Hainsselin, et à la liste radicale-socialiste d’Eugène Voisin, le maire sortant, réélu. Les socialistes SFIO n’ont aucun élu. Pendant la campagne, Lozet est l’orateur socialiste au cours d’un débat contradictoire avec des représentants des trois listes.

Lozet représente, avec Lacroix et Émile Lebègue, la section SFIO de Joinville lors d’une réunion de l’Union cantonale de Saint-Maur en mai 1909.

En mai 1911, Lozet réside à Joinville avec Marie Antoinette Joséphine Raffort, sa cousine maternelle, employée chez Ollagnier. Elle est également sa belle-sœur, vivant séparée de son frère aîné, Anatole Lozet, lequel mourra en mai 1921. Joseph et Marie Lozet continueront à vivre ensemble, au moins jusqu’en 1931, avec un petit-fils d’Anatole, Louis. Ils sont installés à l’automne 1911 à Saint-Maur, place Garibaldi.

Le quotidien socialiste L’Humanité rend compte de la mort de Louis Anatole Lozet, neveu de Joseph, fils de sa compagne Marie et père de Louis qu’ils élèvent. Également brossier, il s’était engagé dans l’infanterie coloniale en octobre 1909 et avait été envoyé au Maroc où la France s’implantait. L’article, paru le 23 octobre 1911 dans le Carnet militaire raconte le drame :

« L'aventure marocaine et sa rançon. La prise de possession du Maroc sera une affaire d'or pour les flibustiers du groupe des coloniaux du Parlement dont l'indigène est la proie. C'est avec le sang du peuple et le deuil d'une foule de familles ouvrières que sera payée la rançon de la conquête. La famille Lozet qui habite dans la Seine, à Saint-Maur-des-Fossés, paie une partie de cette rançon. Un de ses membres, Louis Lozet, du 21e régiment d'infanterie coloniale vient de mourir à l'hôpital militaire de Marseille, à l'âge de 23 ans. Il fit six mois d'une rude campagne dans la colonne Gouraud. Il fut épargné par les balles. Mais la fièvre le prit. La dysenterie l'exténua. Il revint vers les siens pour se réfugier dans la mort après quinze jours d'atroces souffrances. L'inhumation a eu lieu le 20 de ce mois à Saint-Maur-des-Fossés. »

Joseph Lozet, encore marchand ambulant et domicilié à Saint-Maur, meurt hospitalisé à Paris (13e arr.) le 18 juin 1932. Il était âgé de 64 ans et est inhumé au cimetière parisien de Thiais (Seine, act. Val-de-Marne).

Lors de son décès, en avril 1934 à Saint-Maur, son ancienne compagne Marie Lozet, née Raffort, sera considérée comme indigente.

Rue du Canal à Joinville-le-Pont

 

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14 mai 2024 2 14 /05 /mai /2024 21:11

René Octave Diamin naît le 19 septembre 1900 Paris (14e arr.). Il est le fils de Claire Marguerite Léonide Leblanc, fille d’un fabricant de broderies et de son époux Charles Octave Diamin, alors libraire papetier, rue du Mont-Thabor (1er arr.). Il est issu d’une famille d’imprimeurs lyonnais. La mère de René meurt en octobre 1907, il a alors sept ans. Cette même année, il subit une fracture du fémur gauche qui le laissera ensuite handicapé. Son père se remariera ensuite à deux reprises et redevient imprimeur à Paris. La famille vit rue Beautreillis (4e arr.).

À l’âge de 18 ans, il est instituteur et épouse, en septembre 1919 à Paris (4e arr.) une institutrice et orpheline, Germaine Lucie Charlotte Arnal. Appelé pour faire son service militaire en mars 1920 au sein du 117e régiment d'infanterie, il est renvoyé dans ses foyers deux semaines plus tard, du fait de sa déformation du genou et de la hanche. Il est de nouveau convoqué en avril 1921, incorporé au 46e régiment d'infanterie puis, une fois encore, réformé pour cause de handicap après cinq semaines sous les drapeaux.

En 1920, M. Diamin rejoint l’école du Centre à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Son épouse rejoint l’autre établissement scolaire municipal, celui du quartier de Polangis, où ils vivent avenue du Parc.

S’impliquant dans la vie locale, Diamin devient secrétaire du nouveau club cycliste Joinville sportif en février 1922. Il devient trésorier en décembre 1925 et l’est toujours deux ans plus tard.  

Son engagement est aussi politique. Les deux formations de gauche traditionnelles n’ont plus de structure dans la commune de Joinville au début des années 1920 : la totalité des adhérents du Parti socialiste SFIO a rejoint le nouveau parti communiste, tandis que le comité radical-socialiste a cessé de fonctionner. La création le 15 décembre 1923 de la section de Joinville de la Ligue de la République marque la réapparition de la gauche non communiste. Diamin, qui est proche d’un autre des pionniers de la reconstitution de la SFIO, Léon Berthet, devient secrétaire général de l’organisation qui est présidée par René Caperon, syndicaliste CGT, responsable de la Ligue des droits de l’Homme et conseiller municipal de Joinville.

En mars 1924, la Ligue de la République laisse la place au cartel des gauches, présidé par le tapissier Georges Émile Briolay, radical-socialiste et futur maire de la ville. Diamin est de nouveau secrétaire de l’organisation qui, outre les radicaux et la SFIO, regroupe également des socialistes indépendants et le Parti socialiste-communiste.

En 1926, le couple Diamin vit dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, rue Edmond-Rostand. René Diamin, devient, en janvier 1927 le secrétaire de la section socialiste SFIO de Champigny ; il est aussi le responsable de l’Union des sections du canton de Nogent-sur-Marne. Son épouse adhère elle-aussi à la SFIO.

En 1928, les Diamin sont installés à Paris (20e arr.), dans le quartier Saint-Fargeau. Ils résident rue des Pyrénées tous deux rejoignent la section locale de la SFIO. René Diamin est membre de la commission administrative locale du parti en février 1931. Il est également devenu membre du Syndicat national des instituteurs publics en novembre 1928.

En collaboration avec des organismes mutualistes, la Caisse des écoles du 20e arrondissement a ouvert un établissement d’enseignement spécialisé à Montigny-sur-Loing (Seine-et-Marne). L’initiative en revient à Auguste Bénard (1865-1950), industriel, adjoint au maire du 20e arrondissement (1923-1935), chevalier de la Légion d’honneur. Baptisé Le Nid, il s’agit d’un internant qui accueille, pour 11 mois en internat, des enfants en mauvaise santé, notamment parce qu’ils vivent dans des conditions insalubres, et considérés comme en danger d’attraper la tuberculose.

Les époux Diamin deviennent directeurs de l’établissement. Ils sont en poste à Montigny en 1931, bien qu’ils conservent leur adresse parisienne, et y restent jusqu’en 1942. René Diamin est coopté en janvier 1931 au sein de l’association des Naturalistes de la vallée du Loing.

L’école du Nid, qui accueille 125 élèves dans des classes mixtes, avec un enseignement limité à deux heures par jour, plus de très nombreuses activités de jeu et de découverte sur le terrain. L’activité de René Diamin est évoquée dans de nombreux articles de presse. En juillet 1933, l’hebdomadaire local du 20e arrondissement, Paris-demain, salue « un couple d’éducateurs modernes. »

L’écrivain et journaliste Louis Roubaud publie, en septembre 1934, un long reportage dans Le Petit Parisien, où il reconnaît que son scepticisme originel a été vaincu, attribuant ce qu’il appelle « un petit coin de paradis » à « M. et Mme Diamin qui sont jeunes, simples et bons. »

L'Informateur de Seine-et-Marne évoque en février 1936 « les rares qualités d’éducateurs » du couple Diamin. L'Institut coopératif de l'école moderne (ICEM-Freinet) classe René Diamin parmi les pionniers de la pédagogie Freinet.

Les Diamin, y compris leur jeune fils, sont les témoins d’un accident lors d’une course automobile qui fait huit morts à Fontainebleau en mai 1934. Ils sont tous les trois légèrement blessés.

Pendant la deuxième guerre mondiale, à cause de ses problèmes physiques, René Diamin n’est pas mobilisé. Il est réformé à titre définitif en février 1940.

Le préfet de la Seine fait l’éloge, en novembre 1940, de son comportement pour avoir contribué à l’accueil à Montigny d’enfants évacués de la région parisienne après la défaite de l’armée française en juin 1940.

Il est probablement révoqué de son poste à l’école de plein air de Montigny-sur-Loing à l’été 1942. Son nom figure sur la liste des hauts gradés de la franc-maçonnerie, fustigés par les autorités du régime de Vichy, qui est publiée au Journal officiel en septembre 1942. La loi du 13 août 1940 interdit les « sociétés secrètes », y compris la franc-maçonnerie ; elle exige des fonctionnaires une déclaration d’appartenance ou de non-appartenance. Les francs-maçons sont exclus de la fonction publique.

Sa femme est signalée en octobre 1942 comme intervenant dans un site d’accueil d’enfants envoyés par le Secours national au château de Muides, en bordure du parc de Chambord, à Mer (Loir-et-Cher).

René Octave Diamin meurt le 29 février 1980 à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Il était âgé de 79 ans et père d’un fils.

Son demi-frère, Roger Diamin (1914-1982), artisan électricien, fut un résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, engagé dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Voir aussi Germaine Diamin, directrice d’une école de plein air

René Diamin (arch. fam.)

 

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 01:01

Suite de la biographie d’Eugène Ramelet

Chef machiniste de l’Opéra-comique, Eugène Ramelet est mobilisé comme 150 autres salariés de l’institutions dès le début de la première guerre mondiale. Du fait de son âge, 42 ans à la mobilisation en août 1914, il aurait dû être affecté à la réserve de l’armée territoriale. Cependant, il se porte volontaire pour rejoindre, en tant que sous-officier, les troupes combattantes.

En septembre, il rejoint le bataillon de marche du 1er régiment de la légion étrangère. Il est nommé adjudant-chef en octobre puis promu officier, en novembre la même année, en tant que sous-lieutenant. Il est blessé gravement à Belloy (Oise) à la tête de sa section de mitrailleuses « qu’il avait installée dans les conditions les plus difficiles sur la position conquise ». Dans une citation à l’ordre de l’armée, il est qualifié comme « Officier de réserve ayant la plus haute conception du devoir. »

Devenu lieutenant en février 1918, il est remis à disposition de son institution d’origine, l’Opéra-comique, pour réaliser une mission aux États-Unis. Il embarque à Bordeaux sur La Lorraine pour rejoindre New-York en septembre. Il est invité à visiter le Metropolitan Opera House. La revue Musical America le présente comme « l'une des plus grandes autorités dans les coulisses de théâtre ». Il soutient l’idée que la scénographie de l'opéra présente une spécificité en fonction de chaque œuvre.

Démobilisé juste après l’armistice, le 13 novembre 1918, Eugène Ramelet est nommé directeur technique de l’Opéra-comique. Il dispose d’un entrepôt, boulevard Berthier (17e arr.).

Encore avec l’architecte Ferret, il collabore en 1923 à la réorganisation du Théâtre du Capitole à Toulouse (Haute-Garonne).

Sans lien direct avec son activité principale, Eugène Ramelet constitue en juillet 1922 avec un tailleur italien, Gaston Venditti, installé rue des Filles-Saint-Thomas (2e arr.), une société, dénommée Ramelet et Venditti, destinée à commercialiser des machines à coudre portatives. Les deux associés dissoudront leur entreprise en septembre 1925 et feront apport de son actif au fabricant des machines.

Ayant quitté l’Opéra-comique, Ramelet est en 1927 directeur technique du Théâtre Mogador, dans la rue éponyme à Paris (9e arr.). Le Figaro salue en avril cette même année à propos de Rose Marie (Otto Harbach) « La conception des décors, la machinerie font le plus grand honneur à l'habileté de M. Ramelet » tandis que Le Gaulois considère qu’il a « monté cette, œuvre de la façon la plus heureuse et la plus somptueuse en même temps ». Mais, quand il réalise Le Chant du Désert du même Harbach, en avril 1930, Le Figaro est plus critique : « On frémit, en lisant sur l'affiche qu'un M. Ramelet a apporté sa direction technique à ces déhanchements de l'ancien Rat Mort. Où la technicité va-t-elle se nicher ? »

Il retrouve la faveur du quotidien du matin parisien pour La Bataille de Claude Farrère à la Gaité-Lyrique en mars 1931, celui-ci saluant « La machinerie ingénieuse et pittoresque de l'excellent technicien, M. Ramelet », tandis que son confrère du soir, Le Temps, juge que « les décors de MM. Bertin et Ramelet font merveille. »

L’hebdomadaire Gringoire félicite Ramelet pour la machinerie de L'Auberge du Cheval-Blanc (Ralph Benatzky), que le Théâtre Mogador affiche en octobre 1932. En septembre1934, c’est pour La Vie Parisienne d’Offenbach que félicite comme ayant fourni un « luxe de présentation scénique », jugé « fort heureux » et ayant produit une mise en scène « extrêmement vivante ». Plusieurs autres journaux ont également des appréciations positives, comme Le Temps qui assure que décors et costumes « charment et éblouissent ». Quant à L’Ami du peuple, après avoir considéré que « Tout » la machinerie fonctionne à souhait », il conclut « bravo, Eugène Ramelet. »

Cette présentation du chef-d’œuvre d’Offenbach est la dernière dont on trouve la trace dans la presse comme attribuée à Ramelet. Il a alors 62 ans. Depuis 1933, il est domicilié à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il vit avec sa deuxième épouse, Marie Jeanne Albertine Euphrasie Leblanc, originaire de Haute-Marne. Ils s’étaient mariés en décembre 1925 à Paris (17e arr.) et l’associé de Ramelet, Eugène Ferret, était son témoin. Ils résident avenue d’Hill, une voie rebaptisée avenue de la Plage peu après leur installation, dans le quartier de Palissy.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement français de Vichy publie le nom d’Eugène Ramelet dans une « liste des dignitaires (hauts gradés et officiers de loge) de la franc-maçonnerie » dans l’objectif des les ostraciser. Curieusement, il y figure à deux reprises, à son adresse joinvillaise en tant que directeur technique de théâtre et à l’adresse de son entrepôt parisien sous le qualificatif de chef machiniste. Son grade (18e degré dans le rite écossais) est bien mentionné. Il est considéré comme membre de la loge Les Admirateurs de l'Univers, fondée au début du XIXe siècle.

Eugène Ramelet meurt le 26 juillet 1949 à Joinville-le-Pont. Il était âgé de 77 ans et vivait toujours dans le quartier de Palissy, avenue de la Plage. Il semble n’avoir eu qu’un enfant, une fille de sa première épouse, décédée en juin 1903 quelques jours après sa naissance.

Décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie en janvier 1905 puis officier de l’instruction publique en mars 1911, Eugène Ramelet avait obtenu la Croix de guerre en août 1916 et était chevalier de la Légion d’honneur depuis avril 1917.

Son neveu et homonyme, Eugène François Louis Ramelet (1903-1987), originaire du même village que son père (Séchin, Doubs), a été enregistré par le Service historique de la Défense dans un dossier administratif de résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale.

Fin

Eugène Ramelet en 1924 (Lectures pour tous)

 

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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 01:00

Début de la biographie d’Eugène Ramelet

Eugène François Marie Ramelet naît le 14 mars 1872 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Salomé Bülher et de son époux Eugène Ramelet, gardien de la paix. Sa mère est d’origine alsacienne, sa famille ayant fui l’invasion allemande de 1870 tandis que son père est natif de Franche-Comté (Doubs). Ils vivent rue de la Folie-Méricourt.

Alors qu’il est étudiant et réside rue Pierre-Nys (11e arr.), Eugène Ramelet fils s’engage pour trois ans dans l’armée en mars 1890 à Paris (7e arr.). Il est affecté au 52e régiment d'infanterie. En octobre de cette année-là, il devient caporal. Nommé sous-officier, avec le grade de sergent, en juillet 1891, il finit son service militaire en mars 1893.

Devenu chef machiniste l'Opéra-Comique, théâtre lyrique de Paris (2e arr.), Eugène Ramelet est remarqué par la presse à l’occasion de la programmation de Grisélidis, de Jules Massenet en novembre 1901. Gil Blas commente « l’admirable organisation de la machinerie qui a opéré des prodiges », saluant le « jeune et distingué chef machiniste » grâce auquel le fonctionnement de la machinerie « a été absolument merveilleux ». Pour le quotidien parisien, « M. Eugène Ramelet s'est révélé hier comme un maître de machinerie de tout premier ordre ». Parmi d’autres journaux culturels, Le Gaulois qualifie Ramelet « d'habile chef machiniste » (janvier 1904) tandis que Comœdia le classe parmi « les trois mousquetaires qui ont la garde et le souci du plateau de l'Opéra-Comique, de ses frises et de ses dessous » (janvier 1909).

En juillet 1902, à Paris (3e arr.), Eugène Ramelet, qui vit alors rue Richelieu, épouse Hélène Blanche Chap, fleuriste. Ils s’installent dans le 2e arrondissement, rue d’Aboukir puis rue du Sentier. Ils divorceront en juillet 1914.

Secrétaire de l'Association des chefs machinistes en septembre 1909, reçoit avec une délégation de son organisation, le nouvellement créé syndicat des machinistes, affilié à la Confédération générale du travail (CGT). Il y adhérera. Il défend la revendication d’amélioration de leur situation matérielle, remarquant dans Comœdia que les députés viennent de s’octroyer 66% d’augmentation. Avec le soutien des autres chefs machinistes, L'Association des directeurs de théâtres de Paris signe un accord avec le syndicat.

Un an plus tard, à l’occasion d’une grève des machinistes en octobre 1910, Eugène Ramelet regrette son engagement syndical. Il s’en expliquera en mai 1912. Selon lui, « toute entente était impossible avec les révolutionnaires de la CGT » et il mettait en garde « contre les principes dissolvants des organisations révolutionnaires ». Il poursuit son engagement social en étant président en juillet 1912 de l'Œuvre de la maison de retraite du personnel du spectacle, qui installe une maison d’accueil en forêt de Montmorency à Saint-Brice (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise).

En juin 1911, Ramelet embarque vers Buenos-Aires. La traversée en bateau dure 21 jours. Il débarque en avant-garde afin de recevoir les décors envoyés de l'Opéra-Comique pour une tournée dans la capitale de l’Argentine. Il recrute une équipe italo-espagnole afin de disposer la scène de l'Opéra de Buenos-Aires et manier les décors. Prévue pour 36 représentations, la troupe, dirigée par Albert Wolff en fera 39, pour répondre à une très forte demande. Elle crée dans la ville Pelléas et Mélisande (Claude Debussy), puis présente Louise (Gustave Charpentier), La Reine Fiammette (Xavier Leroux), Le Roi d'Ys (Édouard Lalo), Le Mariage de Télémaque (Claude Terrasse), Fortunio (André Messager), Carmen (Georges Bizet), Manon, Griselidis, Le Jongleur de Notre-Dame, ainsi que Werther (Jules Massenet), Lakmé (Léo Delibes), Mignon et Caïd (Ambroise Thomas), et enfin, seule œuvre non française, Madame Butterfly (Giacomo Puccini). Les spectacles rencontrent un franc succès.

Toujours chef machiniste à l'Opéra-Comique, Eugène Ramelet crée en décembre 1910 avec deux ingénieurs, le constructeur Abel Pifre et l’architecte Eugène Ferret, une société anonyme appelée Constructions scéniques et théâtrales ; ils la dissolvent cependant, sans qu’elle ait eu d’activité, en mars 1911.

La collaboration de Ramelet avec Ferret va cependant se poursuivre, notamment pour l’aménagement du théâtre du Casino de Trouville (Calvados) en 1912. Il intervient également à Paris pour la Gaîté lyrique (3e arr.).

Lors du départ d’Albert Carré, directeur de l’Opéra-Comique, en janvier 1914, c’est Ramelet qui s’exprime au nom du personnel de l’établissement.

Plusieurs organismes opposés à la franc-maçonnerie signalent qu’il y est affilié depuis 1906. Au cours d’une cérémonie tenue au siège du Grand Orient de France, rue Cadet (9e arr.), il est initié au 18e degré selon le rite écossais, ce qui lui octroie le titre de « Souverain Prince Chevalier Rose-Croix ». La cérémonie était organisée par les loges Les Amis Bienfaisants et Les Vrais Amis Réunis.

À suivre

Symbole de la loge maçonnique Les Admirateurs de l'Univers

 

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6 août 2023 7 06 /08 /août /2023 01:01

Suite de la biographie de Marie Rose Astié de Valsayre

Au tournant du 20e siècle, installée à Joinville-le-Pont, Astié de Valsayre poursuit de manière régulière son activité politique, sociale et féministe. On la voit ainsi participer de manière rituelle à tous les anniversaires de la libre-pensée ou sur socialisme révolutionnaire, où elle prononce des discours de circonstance mentionnés dans la presse : le 9 janvier pour l’anniversaire de la mort du révolutionnaire Auguste Blanqui, 18 mars, pour le début de la Commune de Paris, le 1er mai, en souvenir des massacres des ouvriers de Chicago et de ceux de Fourmies, le 28 mai, pour la fin de la Commune, le 3 août pour l’anniversaire de la naissance et de la mort d’Étienne Dolet, brûlé vif après avoir été condamné par l’Inquisition…

La vie privée d’Astié de Valsayre, qualifiée par un journaliste comme « Une des plus jolies femmes de Paris », intéresse la presse. On annonce en 1893 son divorce d’avec Albin Rousselet, son compagnon depuis une dizaine d’années ; on annonce aussi son mariage avec Louis Champy. Elle dément les deux. Elle annonce une candidature à l’Académie française, à laquelle elle ne donne guère de suite. Mais elle va effectivement se consacrer, de plus en plus à des travaux littéraires.

Des nouvelles signées d’Astié de Valsayre paraissent dans Le Cri du Peuple, L’Express et dans L’Humanité. Le secret d'Hermine sort sous le pseudonyme de Fernand Marceau ; l’anarchiste Han Ryner n’aime pas ce « petit feuilleton très sombre, très patriotique, très révolutionnaire et très empoignant » où un « ange féminin et français » fait face à un « salaud de prince allemand. »

Dans les œuvres on compte aussi un conte grivois, L'Amour à la hussarde, réédité en 2022.

En compagnie de Camille Hayot, qui est sans doute un acteur ayant vécu à Lausanne, Astié de Valsayre s’essaie à l’art dramatique, en proposant deux pièces au Théâtre-Populaire de Belleville en 1904 et 1905. Mais ni La Grande Coupable, ni La Chasse aux millions ne semblent avoir été jouées.

La dernière intervention publique connue d’Astié de Valsayre fut, en avril 1914, le discours qu’elle fit, en compagnie de Séverine avec celle que la presse qualifiait de doyenne des féministes, Hubertine Auclert.

Claire Tastayre, alias Marie Rose Astié de Valsayre, meurt le 8 juin 1915 à Paris (13e arr.), à l’hôpital de la Salpêtrière. Elle était âgée de 68 ans et toujours domiciliée à Joinville-le-Pont. Le contexte de la guerre fait qu’il n’y a pas eu de notices nécrologiques dans les journaux de l’époque. Par contre, plusieurs publications ultérieures rendront compte de son activité et de sa personnalité ; elles feront l’objet d’un article prochain.

Fin

Marie Rose Astié de Valsayre

 

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4 août 2023 5 04 /08 /août /2023 01:01

Suite de la biographie de Marie Rose Astié de Valsayre

Après avoir dissout en décembre 1889 la Ligue des femmes socialistes, Astié de Valsayre constitue, en juillet 1890, la Ligue de l’affranchissement des femmes. Elle a la participation de citoyenne Léonie Rouzade et le soutien de dirigeants socialistes, comme Jean Allemane, qui vient de fonder le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire après avoir quitté la FTSF, ou Henry Louis Champy, un ancien communard et conseiller prud’homme. Une des premières actions de la nouvelle ligue est d’ailleurs de solliciter l’inscription des ouvrières comme électrices aux prochaines élections générales prud'homales. Le ministre du commerce répond en août qu’il ne le peut pas, renvoyant la demande à la commission parlementaire compétente ; le quotidien y voit Le Soleil « un bel enterrement de première classe ! » En novembre, le syndicat des blanchisseuses tentera, sans succès, de présenter des candidates à son instigation.

Astié de Valsayre participe à la création de la Revue européenne, dans les bureaux de laquelle elle installe le siège de sa ligue. Le féminisme connaît toujours des polémiques internes ; la Ligue de l’affranchissement des femmes adresse ainsi « un blâme sévère » à Séverine, la journaliste libertaire Caroline Rémy, coupable, à leurs yeux, d’avoir demandé à son compagnon, Georges de Labruyère, de sa battre pour elle en duel face à un homme partisan du boulangisme. La Ligue considère « que toute, femme, qui ne veut pas avoir la responsabilité de ses actes, en obligeant un homme à se battre pour elle, commet un crime en toute circonstance. »

Lors des grèves des ouvriers des dentelles de Calais, en octobre 1890, Astié de Valsayre, encourage « l'union défensive des sexes ». Elle poursuit son combat anticlérical, participant au congrès de la Libre-Pensée et déclarant que « le prêtre est l'ennemi mortel de l'amélioration du sort de la femme ». En décembre, sa ligue assimile le budget des cultes à un « vol légal. »

En décembre, commentant une affaire d’avortement jugée à Toulon (Var), la Ligue de l’affranchissement des femmes s’insurge contre « la coutume de blâmer les femmes, qui disposent de ce qui leur appartient le mieux : leur corps ». L’année suivante, après un nouveau drame à Paris, elle est plus explicite : « l’état social donne ainsi à la femme le droit d’avortement. »

En janvier 1891, Astié de Valsayre est secrétaire du Syndicat des couturières qui organise son congrès de fondation le mois suivant avec une cinquantaine d’ouvrières. Elle dénonce aussi la concurrence des « congrégations religieuses exploitant sur une grande échelle l'industrie du blanchissage » et responsables ainsi de « la misère féminine ».

En mars, elle tente également, sans y parvenir cette fois, de constituer un Syndicat des filles de brasserie, les « verseuses. »

La Ligue de l'affranchissement des femmes quitte parfois le terrain social, comme en mars 1891 où elle demande « la suppression en France des courses de taureaux, ces inutiles scènes de boucherie. »

Astié de Valsayre participe à la naissance de l'Union universelle des femmes, annoncée à Paris en avril 1891. Clémence Royer y proclame : « Surtout ne demandons rien, mais prenons tout. Un jour viendra où le monde sera entre nos mains. »

Manifestant le 1er mai à Paris Astié de Valsayre s’est plaint d’avoir reçu, place de la Concorde des coups de pèlerine. Mais elle n’en veut pas aux sergents de ville, qu’elle traite de « vils esclaves » selon le quotidien La République française.

Polémiquant avec d’autres militants, elle regrette que l’on ait refusé qu’elles puissent signer la pétition en faveur d’un chemin de fer métropolitain.

Faisant une conférence en juin 1891 sur La question féminine à Paris, Astié de Valsayre elle a de nouveau plaidé pour faire la femme l’égale de l’homme, relevant que la liberté du costume puisqu'elle a pour but de donner ainsi aux femmes accès à beaucoup de professions, que leur ferment justement leurs vêtements.

Cette même année, en septembre, Astié de Valsayre signale qu’elle réside désormais à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) ; sa villa sera dévalisée en décembre 1898, lors de vacances qu’elle passait dans le sud de la France.

Elle est en 1891 la compagne du docteur Albin Rousselet, rédacteur en chef de la revue de l’Assistance publique. Sa vie familiale n’est pas sans heurts ; le deuxième fils qu’elle a eu de son défunt mari, Gaston, né en 1872, a quitté le domicile familial dès ses 13 ans. Il a de nombreux ennuis avec la police, arrêté une première fois pour vagabondage puis, en novembre 1891 pour vol. La presse parisienne ne manque pas de relater l’inconduite du fils. Elle-même le traite de « vaurien ». À ses intervieweurs, Astié de Valsayre assurera qu’elle avait un enfant « presque tous les ans » ; cependant, seuls deux garçons survécurent, tandis qu’une fille ne vécut que quelques mois.

L’installation sur les bords de Marne permet à Astié de Valsayre de pratiquer plus régulièrement le cyclisme.

En décembre 1892, la Ligue de l'affranchissement des femmes décide de présenter une quinzaine de candidates pour les élections municipales à Paris. Elles essaient, sans y réussir, d’enrôler l’actrice Sarah Bernhardt. Astié de Valsayre ne fait pas partie de la liste « faute de pouvoir tout faire ». Mais elle prépare avec elles le programme : protection de l'enfant, de la femme et des faibles, lutte contre la spéculation, dénonciation des guerres coloniales, comme au Tonkin, demande d’exclusion des curés des activités sociales. Face à plusieurs défections, Astié de Valsayre rejoint la demi-douzaine de candidates. Elle adresse dans le même temps une pétition à la Chambre des députés, demandant l’inscription de certaines femmes sur les listes électorales ; une commission rejette sa demande.

Une réunion électorale, organisée en avril 1893 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève à Paris (5e arr.), est totalement perturbée par les lazzis des étudiants qui y sont venus pour s'amuser. Comme en 1889, les bulletins de vote à son nom dans le 7e arrondissement ne sont pas décomptés.

Les élections sénatoriales de janvier 1894 voient de nouveau Astié de Valsayre se présenter, sous l’étiquette de « candidate à perpète ». Elle prend un programme original « 1° N'aller au Sénat que pour dormir ; 2° N'y ouvrir la bouche que pour bailler ; 3° Porter une perruque blanche, pour avoir l'air suffisamment abrutie. »

En novembre 1895, après avoir démenti des rumeurs répandues dans la presse sur sa retraite politique, Astié de Valsayre fait partie du comité d’accueil de Louise Michel qui débarque gare Saint-Lazare à Paris, revenant de son exil à Londres. Elle l’accompagne à son meeting de la salle Tivoli-Vauxhall. Au retour de la longue tournée en province de l’ancienne communarde et déportée, Astié de Valsayre intervient à ses côtés dans la conférence qu’elle tient en juin 1897 sur L’imminence et la nécessité de la révolution sociale.

Exclue d’un Congrès féministe, tenu à Paris en avril 1896, Astié de Valsayre, proteste par une lettre contre « ces affreuses bourgeoises, qui ne connaissent pas le premier mot de la question ouvrière, qui semblent ignorer que la galanterie n'est concédée aux femmes qu'en échange de leurs droits et qui, véritables accapareurs, prétendent garder les deux ».

L’activité d’Astié de Valsayre ne se limite pas au domaine politique. Elle devient secrétaire d’un patronage de jeunes filles du 6e arrondissement de Paris en septembre 1890. Il les accueille gratuitement les dimanches et fêtes pour leur offrir des activités sportives et récréatives.

Au cours des années 1890, Astié de Valsayre rédige, en le signant Mère Marthe, un petit ouvrage, L’Aisance par l'économie (1892), d’une tonalité très classique à l’image des livres sur la vie domestique, expliquant que la femme doit se lever tôt, travailler beaucoup et savoir se taire. Le relatif succès du livre fait qu’il est réédité en 1902 et signé alors Grand-Mère Marthe. Ce texte est très éloigné des thèses défendues par ailleurs par Astié de Valsayre.

Renouant avec la littérature patriotique, en 1896, Le Secret d'Hermine est publié sous le nom de Fernand Marceau. Reprenant le pseudonyme de Jehan des Etrivières, elle donne peu après un texte érotique, L'Amour à la hussarde.

Dans son Histoire de la littérature française, parue en 1909, le critique Léo Claretie range Astié de Valsayre parmi les écrivains socialistes, au côté de Jules Guesde et Paul Lafargue notamment. Mais le journaliste anarchiste Han Ryner considère qu’elle a une écriture de « cantinière. »

L’activité principale d’Astié de Valsayre est toujours le journalisme. Elle fonde et dirige, de 1897 à 1901, La Femme de l'avenir, où elle publie en particulier des articles sur l'instruction des jeunes filles ou sur l'hygiène.

Sensible au thème du racisme, qu’elle fustige à plusieurs reprises, Astié de Valsayre écrit en décembre 1898 à un journal antisémite : « J’apprends que L'Antijuif organise une équipe de photographes pour prendre les instantanés des Françaises achetant chez les Juifs, et que ces photographies seront exposées dans la salle des dépêches. Je serais particulièrement flattée de figurer dans celte galerie de « mises à l’index ». Craignant donc d'être absente quand se braqueront les appareils, je m’empresse de vous faire savoir que ma photographie est à votre disposition. Un mot m’apprenant que vous me faites l’honneur de m’admettre, et mon photographe vous l’enverra immédiatement. Astié de Valsayre, secrétaire général de l’affranchissement ». Le directeur de l’hebdomadaire, qui publie sa lettre, Jules Guérin, estime qu’elle est « une des plus jolies femmes de Paris », oratrice distinguée, élégante et spirituelle. Mais il lui reproche d’avoir « demandé qu’on coupât les curés en morceaux », même s’il y voit une fantaisie d’artiste.

À suivre

Marie Rose Astié de Valsayre

 

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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Marie Rose Astié de Valsayre

S’intéressant toujours à la médecine, Astié de Valsayre qui avait été mordue en juillet 1878 par un chien enragé à son domicile de la rue Saint-Jacques, avait elle-même cautérisé ses plaies au fer rouge, selon son témoignage, avec l’aide de son mari d’après ce dernier. Le docteur Astié meurt en juin 1881. Il lui lègue un certain capital.

Suivant, dans la presse, les travaux de Louis Pasteur, elle lui propose, en novembre 1884, soit plus de six mois avant qu’il n’en fasse les premiers essais, de lui inoculer son vaccin antirabique. Le chimiste lui répond : « Il serait très dangereux, madame, de tenter l'épreuve ». Elle insiste, sans succès, en mettant les journaux au courant de ses démarches.

En avril 1886, ayant entendu que le docteur Gruselbach, de l'Université d'Uppsala (Suède) aurait mis au point un dispositif de conservation d’être humain en les plongeant dans le froid pendant plusieurs années (cryonie) elle lui écrit pour se porter candidate. Elle n’aura pas de réponse.

Marie Rose Astié de Valsayre publie dans la seconde partie des années 1880, des textes littéraires généralement courts, comme Le retour de l'exilé, poème patriotique, qu’elle signe Jean Misère, en 1887 ou une épître, la Deuxième aux Pharisiens, la même année où elle s’adresse au grand quotidien, Le Petit Journal, en lui demandant de cesser de publier des annonces mercantiles pour les « somnambules et tireuses de cartes. »

L’intérêt d’Astié de Valsayre pour le sport, joint à sa préoccupation de l’émancipation féminine et à son patriotisme, vont provoquer sa notoriété d’une manière spectaculaire.

En octobre 1884, un journaliste du quotidien le Cri du Peuple, ayant traité Astié de Valsayre de « Veuve vautour », elle lui demanda une réparation par les armes. Mais le publiciste, nommé Polignac refusa de se battre avec une femme ; en compagnie de deux personnes, dont son compagnon Albin Rousselet, elle le roua de coups dans un café.

En décembre 1885, reconnaissant que ce qu’elle avait écrit dans les Amazones du siècle pouvait être considéré comme une offense à certaines des personnes visées, Astié de Valsayre se mit à leur disposition si elles voulaient se battre et le signifia notamment à Eugénie Pierre. Cette dernière refusa : « Je suis absolument contre le duel, et le sexe des combattants ne changerait pas mon opinion. Le duel, ce reste de barbarie, n’a jamais rien prouvé. Si Mme de Valsayre a pu m'offenser, elle m'a loyalement demandé de lui tendre la main en signe de pardon, ce que j'ai fait. »

C’est au tour d’une Américaine, miss Shelby, de se frotter, en mars 1886, à la vindicte belliqueuse d’Astié de Valsayre. Lors d’une conversation, la féministe américaine affirme la supériorité dés doctoresses françaises sur les doctoresses américaines. Comme Astié de Valsayre conteste l’affirmation, elle la traite d’idiote ; la française lui jette alors son gant au visage. Elles conviennent de régler leur différend à l’épée, sur le champ de bataille de Waterloo (Belgique). N’ayant pas trouvé de français acceptant ce rôle, les quatre témoins seront tous américains. Au second engagement, l’Américaine a été légèrement touchée au bras ; puis elle présente ses excuses à Astié de Valsayre, qui salue alors la noblesse de son comportement.

Un mois plus tard, elle s’en prend à la maréchale Booth, anglaise et responsable en France de l'Armée du Salut. Elle lui reproche les « doctrines pernicieuses » de son organisation et lui intime de quitter la France ou d’accepter son défi. La missionnaire protestante refuse de se battre, et se dérobe également au débat public que la militante laïque française veut lui imposer.

Quelques semaines après, Astié de Valsayre tint seule, et devant un petit public, une conférence sur L’escrime et la femme mettait en avant son opinion que la pratique de l’escrime contribuait à leur réhabilitation physique tout en renforçant leur rôle central de leur mission en tant que mères.

Une pétition contre « l’abus des droits paternels » est adressée à chambre des députés en janvier 1887 par Maria Martin, militante féministe qui la signe au nom du « suffrage des femmes », et Astié de Valsayre, qui s’exprime « pour les mères de France. »

C’est toujours sous la forme pétitionnaire auprès des élus du peuple que Astié de Valsayre soulève, en juillet 1887 une autre question qui va soulever une considérable masse d’articles dans la presse. Elle y demande, pour les femmes, « la liberté du costume ». L’assemblée charge une commission d’étudier les arguments. Elle explique : « Dans toutes les bagarres de terre ou d'eau, la femme, en raison de son costume, est une victime prédestinée à la mort, et les accidents de tramways survenant pour le même motif sont quotidiens. À la seule pensée des malheureuses ainsi empêchées de fuir lors de l'incendie de l'Opéra-Comique, il semble logique et humain d'éliminer la loi routinière qui interdit aux femmes de porter le costume masculin, tout aussi décent, quoi qu'on en puisse dire, surtout Incontestablement plus hygiénique. Au nom de celles qui ne sont pas esclaves du luxe, je viens vous prier, messieurs, de bien vouloir décréter la liberté du costume, liberté qui, après tout, ne peut nuire à personne. »

Un an plus tard, la 17e commission de la Chambre des députés considère « qu'il n'y a pas matière à œuvre législative » du fait que « Aucune loi n'impose aux femmes les vêtements compliqués dont elle se recouvrent et le port de l'habit masculin n'est interdit aux femmes que par mesure de police. »

Poursuivant son engagement, Astié de Valsayre rejoint une des premières organisations socialistes, l'union fédérative du centre, adhérente à la Fédération des Travailleurs socialistes de France (FTSF). Elle participe au congrès d’août 1887 en tant que déléguée du groupe le Droit des femmes, qui se présente comme une société du suffrage des femmes. Elle intervient pour défendre l’existence de l'Assistance publique, en se félicitant de sa laïcisation. La FTSF, de tendance possibiliste, est dirigée par Paul Brousse. Astié de Valsayre interviendra désormais régulièrement dans ses débats.

A suivre

Marie Rose Astié de Valsayre

 

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11 juin 2023 7 11 /06 /juin /2023 01:01

Cécile Élisabeth naît le 12 décembre 1866 à Paris (14e arr.) et est déclarée par la sage-femme à l’état-civil sous le nom de « Baptiste », un des prénoms de sa mère, couturière qui se nomme en réalité Jeanne Baptiste Virginie Badoz ; son père n’est pas dénommé. Sa mère, qui ne la reconnaît pas alors, vit rue du Géorama (act. rue Maurice Ripoche).

En juillet 1875, sa mère, qui est marchande de chaussures à Levallois-Perret (Seine, act. Hauts-de-Seine), rue Saint-Louis, est déclarée en faillite. Redevenue couturière et vivant rue de La Glacière à Paris (14e arr.), elle épouse en octobre 1878 à Paris (13e arr.) Alexandre Jérôme Marcou, charpentier. Près de trois ans plus tard, en août 1881, les deux époux reconnaissent Cécile Élisabeth comme leur fille. Elle prend alors, à 14 ans, le nom de Marcou.

À l’âge de 16 ans, Cécile Marcou rentre à l’administration des Postes en mai 1883. Elle travaille à la poste centrale de Paris, rue du Louvre.

En septembre 1889 à Paris (14e arr.), elle se marie avec Lismon Tamisier, également postier. Elle change de fonction en entrant à la direction de la Caisse nationale d’épargne, qui dépend de la même administration. Son salaire continue, de manière régulière à augmenter, de 1 100 francs en 1888 à 1 900 en 1898.

Lors de la constitution des conseils de discipline des services postaux centraux, en mai 1907, Cécile Tamisier fait partie des trois élues de l’instance qui couvre la Caisse nationale d’épargne.

En janvier de la même année, son mari a été promu receveur des postes et nommé à l'Isle-sur-Sorgue (Vaucluse). Elle le suit quelques temps plus tard et est affectée dans la même ville comme employée de la poste, mais son salaire a été considérablement baissé, puisqu’il est fixé à 1 500 francs en 1909. Ils résident avec leurs deux filles quai Rouget-de-l’Isle. Madeleine, l’aînée a épousé à l'Isle-sur-Sorgue, en septembre 1912, Émile Eugène Jouvent, également employé des postes, qui, sergent dans un régiment de génie, sera tué au combat en dans l’Aisne en juillet 1917.

Lismon Tamisier est muté en 1913 à Saint-Just-en-Chaussée (Oise). Trop âgé pour être mobilisé pendant la première guerre mondiale, il est promu en 1917 au bureau de Neufchâtel-en-Bray (Seine-Maritime).

Après le conflit, la famille revient en région parisienne ; ils sont installés, en 1921, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où les deux parents travaillent dans le bureau local. Leur fille aînée, Madeleine, devenue mère et veuve, vit avec eux et est aussi employée des postes. Leur fille cadette, Suzanne, épouse à Joinville en mars 1921 le beau-frère de sa sœur, Léon Stanislas Jouvent, tailleur, et ils vivent dans une rue voisine.

Le service postal est assuré à Joinville-le-Pont par le bureau central, quai du Barrage, et une annexe, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. En octobre 1923, Lismon Tamisier fait valoir ses droits à une pension de retraite et la structure auxiliaire de Joinville Polangis devient un bureau de plein exercice. En quittant sa fonction, la famille doit déménager. Ils vont résider à Paris (12e arr.), rue Taine, toujours avec leur fille aînée et leur petit-fils, tandis que leur fille cadette occupe l’appartement voisin.

Cécile Tamisier poursuit sans doute son activité. Elle était probablement retournée à la Caisse d’épargne, en tant que surveillante, fonction dans laquelle elle prend sa retraite en 1925.

Elle décède le 22 octobre 1936 à Paris (12e arr.), dans son logement. Elle était âgée de 69 ans.

La Poste à Joinville

 

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24 avril 2023 1 24 /04 /avril /2023 02:01

Début de la biographie de Mayer List

Mayer List naît le 7 octobre 1907 (ou le 10 juillet) en Pologne, dans le village de Małkinia, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville d’Ostrów Mazowiecka, en Mazovie, dans le nord-est de l’actuelle Pologne. Il est le fils de Judes Liba Aida Kavouch ou Kaczorek, originaire de la ville proche de Łomża, et de son mari Israël (ou Srul) Berl List, chauffeur. Ils auront 9 enfants, 5 garçons et 4 filles.

Cette partie de la Pologne comporte une importante proportion de Juifs. Lors du recensement de 1897, la ville comptait 10 500 habitants dont 54% étaient Juifs.

Son prénom est parfois retranscrit en tant que Meier ou Mejer ; son surnom est orthographié Markus, Marcus ou Marcos. Son lieu de naissance est parfois désigné dans certains documents comme Ostrawa, localité polonaise de Basse-Silésie, mais l’origine familiale est bien située à Ostrów Mazowiecka, dont dépend le village de Małkinia.

D’après Chaja Palgon-Urlant, chroniqueur des Juifs originaires d’Ostrów Mazowiecka, Mayer List est, à 16 ans, ouvrier fabricant de chaussures dans une usine de sa ville et un membre actif du syndicat des chausseurs d’Ostrów Mazowiecka. Selon Ezequiel Goldberg, qui fait l’histoire familiale des Lis, Mayer est, comme sa famille, adhérent au Parti socialiste polonais (PPS), engagé dans la fraction soutenant l’Internationale communiste et impliqué dans le Secours rouge.

Il s’installe ensuite à Varsovie, devenu tailleur, et il y poursuit son activité syndicale. Le coup d’État de mai 1926, voit Józef Piłsudski, aidé de l'armée, imposer une dictature ; même s’il fut, à l’origine, soutenu par le PPS, le régime autoritaire oblige les militants communistes à passer dans l’illégalité. Arrêté, Mayer List est déchu de sa citoyenneté polonaise.

La famille List était soumise à deux menaces, étant engagée dans le mouvement ouvrier et, comme les autres Juifs, sujette à des persécutions. Tous vont quitter le territoire national entre 1923 et 1935. Son frère aîné Izhak dit Jacob part pour l’Argentine en 1923 et le troisième, David, passe la même année en Union soviétique, à Minsk (URSS, act. Biélorussie).

Pour sa part, Mayer List embarque le 4 août 1928 à Brème (Allemagne) à bord d’un paquebot de la compagnie Norddeutscher Lloyd à destination de Montevideo (Uruguay) via Baltimore (États-Unis). Il voyage en troisième classe, est mentionné comme apatride et résidant à Varsovie, exerçant le métier de compagnon tailleur.

Il passe en Argentine où il obtient le statut de réfugié politique d’après Ezequiel Goldberg. Il retrouve à Buenos-Aires son frère Izhak et sa sœur Fejga (Felisa). Son père ainsi que ses deux frères Herschs et Shlomo suivront l’année suivante. Ses trois autres sœurs viendront plus tard, tandis que sa mère fera le voyage en 1932.

À suivre

Photo Mayer List, arch. fam.

 

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18 avril 2023 2 18 /04 /avril /2023 02:01

Izhak Yankl List (dit Jacob ou Jacobo), naît en 1898 en Pologne, probablement dans le village de Małkinia, situé à une quinzaine de kilomètres de la ville d’Ostrów Mazowiecka, en Mazovie, dans le nord-est de l’actuelle Pologne. Il est le fils de Judes Liba Aida Kavouch ou Kaczorek, originaire de la ville proche de Łomża, et de son mari Israël (ou Srul) Berl List. Ils auront 9 enfants, 5 garçons et 4 filles.

Cette partie de la Pologne comporte une importante proportion de Juifs, sujets à des persécutions qui vont inciter les List à quitter le territoire.

Jacob fut le premier parmi eux à émigrer en Argentine. Il arriva à Rosario en juillet 1923. Militant communiste, il joue un rôle important dans la grève des bûcherons en 1930, est arrêté puis libéré. Il aurait été assassiné par son patron, avec la complicité de la police, le 22 septembre 1931 à Santa Fe. Selon Chaja Palgon-Urlant, qui a tenu une chronique des originaires d’Ostrów Mazowiecka, déjà mourant, il aurait abattu son agresseur.

Photo Jacob List, arch. fam.

 

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