Louis Ernest François Cadet naît le 9 août 1894 à Lyon (4e arr.). Il est le fils de Louise Pierrette Muriat et de son mari, François Cadet, droguistes, qui vivent passage Lamure, dans le quartier de la Croix-Rousse.
Son père, qui est originaire de Haute-Savoie, décède en novembre 1909, quand Louis Ernest a 15 ans. Pendant toute son enfance, Louis Ernest Cadet n’est pas recensé avec ses parents dans leur domicile de Lyon ; peut-être a-t-il été confié à quelqu’un de la famille. Cependant, son adresse légale demeure celle de Lyon en 1913.
En octobre 1913, il signe un engagement volontaire dans l’armée pour trois ans et rejoint le 14e escadron du train des équipages.
Il est déjà sous les drapeaux au moment de la déclaration de guerre en août 1914. Il est affecté en mai 1915 au 82e régiment d'infanterie puis, le même mois au 4e régiment de zouaves. Nommé caporal en juin 1916, il passe sergent en juillet la même année puis devient officier avec le grade d’aspirant en septembre, toujours de l’année 1916. Il séjourne à l’école de gymnastique militaire de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), qui prépare de manière accélérée des cadres pour les armées. Il réside alors dans l’Île Fanac, à Joinville, située au milieu de la Marne.
Rejoignant les troupes coloniales, il sert au sein du 1er régiment de marche d’Afrique au sein de l’armée d’Orient. Il est une première fois blessé par balle à l’omoplate dans le village d’Orizari (Serbie, act. Macédoine-du-Nord) en novembre 1916.
Son comportement lui vaut une citation à l’ordre du corps d’armée : « Blessé alors qu’ayant fait contact avec les petits postes bulgares il poursuivait sa mission en conduisant bravement une reconnaissance de nuit en Serbie. Gradé expérimenté, très audacieux et d’un dévouement à tout épreuve, s’étant déjà fait remarquer au cours de l’expédition aux Dardanelles pour son calme et sa ténacité devant l’ennemi. »
C’est suite à une nouvelle blessure qu’il meurt, le 17 avril 1917 à Dihovo (Serbie, act. Macédoine-du-Nord). Il est déclaré mort pour la France.
Décoré de la Croix de guerre pour son action saluée par la citation, il reçoit, à titre posthume en février 1920 la Médaille militaire.
Le nom de Louis Ernest figure sur les monuments aux morts de Joinville-le-Pont et de Lyon, ainsi que sur la plaque commémorative de l'église Saint-Denis de la Croix-Rousse (Lyon).
Salle d'armes de l'école de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)
Robert Deloche naît le 20 novembre 1909 à Lyon (2e arr.). Il est le fils de Marie Eugénie Deloche, couturière, et d’un père non dénommé. Sa mère, qui est veuve depuis avril 1906, le reconnaît le 1er décembre ; ils résident place de la Miséricorde.
En 1924, Robert Deloche est apprenti ouvrier fourreur à Lyon, âgé de 14 ans. Selon les historiens René Lemarquis et Claude Pennetier (auteur de sa biographie dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, dit le Maitron), il quitta Lyon en 1928 et travailla quelques mois dans une société de fourrures, place de la République à Paris. En 1929, il fut manœuvre dans quelques scieries puis retrouva en novembre un emploi dans la fourrure rue de Vaugirard.
C’est également en 1929 que, devant effectuer son service militaire, Robert Deloche s’engage dans l’armée pour deux ans. Affecté au 2e régiment de spahis, il sert au Maroc. Dans le Maitron, on mentionne qu’il quitte l’armée connaissant un peu la langue arabe et avec le grade de brigadier. L’hebdomadaire l’Union régionale lui attribue celui de sergent, c’est-à-dire sous-officier, le terme équivalent en usage dans la cavalerie étant de maréchal des logis.
D’après Lemarquis et Pennetier, à son retour, probablement fin 1931 ou début 1932, Robert Deloche habitait chez sa mère, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) dans le quartier du Parc, avenue Curti, jusqu'en 1935.
Selon sa notice publiée sur la base AJPN (Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie), il fut commis de bibliothèque au journal communiste l’Humanité, avant de rejoindre le service de propagande du Parti communiste. Lemarquis et Pennetier remarquent qu’il ne cite pas cette fonction dans son autobiographie de 1933, mais peut-être l’exerça-t-il ultérieurement.
C’est en tout cas en 1932 que Deloche s’engage dans l’action publique, en adhérant en mai 1932 au parti communiste. Il est membre de la cellule 1306 de Saint-Maur, qui appartient au rayon de Charenton. L’Humanité le cite, le 11 novembre, comme étant le responsable du départ depuis Saint-Maur des participants à une manifestation à Paris des Comités de lutte contre la guerre.
Présenté comme chômeur, il est élu, en février 1933, trésorier du Syndicat des ouvriers et ouvrières fourreurs de la Seine, membre de la confédération CGTU (proche des communistes). Inscrit en tant que demandeur d’emploi à Saint-Maur, il est membre du comité de chômage de Champigny-sur-Marne, dont il est trésorier puis secrétaire. Lemarquis et Pennetier mentionnent son rôle lors de la grève de la fourrure aux Galeries Lafayette en mai 1933 ; alors secrétaire de la Fédération unitaire du vêtement, il est arrêté pour distribution de tracts et prise de parole. Cette même année, les historiens signalent sur la base de son autobiographie, qu’il est membre du Secours ouvrier, des Amis de l'Union soviétique et du Secours rouge international. Il représente le comité local de cette organisation lors de meeting à Saint-Maur en mars puis juillet 1934.
À partir d’avril de la même année, il est désormais présenté habituellement comme un responsable du parti communiste. Délégué à la conférence régionale communiste de l'Est-Parisien en janvier 1933, il suit une école régionale de formation du CPF et est inscrit à un Cercle d'études marxiste. Il intègre la commission d'agit-prop (propagande) du rayon communiste de Charenton-le-Pont (qui inclut Saint-Maur) et devient, à partir d’avril 1934, un orateur régulier du parti communiste lors de réunions internes ou avec des partenaires. Ainsi, il est un des intervenants d’un « Grand meeting d'unité » à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en août 1934 aux côtés de responsables socialistes. Il est également un des négociateurs, le même mois, d’un accord entre la Fédération socialiste de Seine-et-Marne et la région Est-Parisien du Parti communiste. S’inscrivant dans la lignée du pacte d'unité d'action signé par les organismes centraux des deux partis, les fédérations se sont engagées « à mener d'un commun accord l'action contre la guerre et le fascisme et de s'abstenir, au cours de cette action commune d'attaques et de critiques contre les organisations et militants participant loyalement ». Deloche intervient, le 15 août, à une réunion d'unité d'action à Villeparisis (Seine-et-Marne), organisée conjointement par la SFIO et le PCF.
On retrouve Deloche à l’affiche de réunions publiques au Pré-Saint-Gervais (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en août 1934, « contre les manœuvres de guerre » ; en septembre à Charenton pour la libération du militant communiste allemand Thaelmann ; en octobre aux Lilas (Seine, act. Seine-Saint-Denis) pour le compte-rendu de mandat du député socialiste de la Seine Marsais ; et en novembre à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne) contre la menace l'interdiction de l'Etoile Nord-Africaine d’Algérie.
Albert Joseph Antoine Guichard naît le 5 mars 1924 à Saint-Bonnet-le-Château (Loire). Il est le fils de Simone Lombardin et de son mari Joannès Guichard, quincailler, originaires de Saint-Jean-Soleymieux (Loire). Il n’est pas recensé avec ses parents entre 1926 et 1936, contrairement à ses deux sœurs et à son frère aînés, et a donc été probablement confié à de la famille. Selon les historiens André Caudron et Nathalie Viet-Depaule, il est élève au lycée Ampère de Lyon (Rhône) de la sixième à la seconde, puis en classe de première au petit séminaire de Montbrison (Loire). Pendant la deuxième guerre mondiale, il passe son bac en tant que candidat libre puis s’inscrit en première année de sciences politiques à Lyon. A la fin de la deuxième guerre mondiale, Albert Guichard fait deux années de service social au Secours national puis à l'Entraide française qui lui succède à la Libération,, où il fait fonction de chef de service.
En 1945, Albert Guichard rejoint le séminaire de la Mission de France à Lisieux (Calvados). Selon Oscar Cole Arnal, il fut attiré par la Mission « elle représentait... un vent de révolution dans l’église, une rénovation dans tous les domaines ». Il fait un stage d’un an dans une des équipes de prêtres-ouvriers, à Givors (Rhône), où il est chargé du catéchisme et des colonies de vacances. Il est ordonné prêtre du diocèse de Lyon le 24 mai 1951. Incorporé à la Mission de France, il poursuit des études supérieures à la Faculté de théologie de Lyon dont il est licencié.
Toujours selon des témoignages confiés à André Caudron et Nathalie Viet-Depaule, ses parents, hostiles à sa vocation, lui avaient refusé toute aide financière. Il est pris en charge matériellement par la paroisse catholique lyonnaise de Saint-Pothin (3e arr.). Domicilié à Vénissieux (Rhône), il y anime des groupes d'action catholique. Durant l’été, Albert Guichard, alors âgé de 26 ans, obtient du cardinal-archevêque de Lyon, Mgr Gerlier, l'autorisation d'entrer au travail et devient ainsi un des derniers prêtres-ouvriers, ainsi qu’un des plus jeunes. Il est en usine à Saint-Étienne (Loire).
Le 1er mars 1954, le pape Pie XI interdit aux prêtres de travailler en usine. Albert Guichard décide de refuser, avec 72 autres prêtres-ouvriers Ils publient un texte dans lequel ils déclarent « Nous ne pensons pas que notre vie d’ouvriers nous ait jamais empêchés de rester fidèles à notre foi et à notre sacerdoce. (…) La classe ouvrière n’a pas besoin de gens qui se « penchent sur sa misère » mais d’hommes qui partagent ses luttes et ses espoirs. En conséquence, nous affirmons que nos décisions seront prises dans un respect total de la condition ouvrière et de la lutte des travailleurs pour leur libération. »
Il figure parmi les dix réfractaires de l’équipe de Lyon, Saint-Étienne et Givors qui envoient, le 23 mars 1954, une lettre adressée à l'archevêque de Lyon, Albert Guichard mentionnant son appartenance à la Confédération générale du travail (CGT) et au Mouvement de la paix, organismes proches du parti communiste à cette période.
D’après la notice que lui consacrent André Caudron et Nathalie Viet-Depaule dans le Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français), Albert Guichard fait partie, en mai 1955, d’une commission des insoumis qui se réunit à pour traiter de la question « Comment, coupés de l'Église, garder une vie de foi ? » Dans une lettre du 13 janvier 1955, il écrit : « Il paraît impensable à un nombre de plus en plus grand de croyants et de prêtres dont je suis que les membres de l'Église et en particulier sa hiérarchie se bloquent indéfiniment et s'enferment dans l'ancien monde, la société et le régime bourgeois qui s'opposent par la force à l'établissement du monde plus fraternel qui se fait. Le seul vœu que je forme en ce début d'année, c'est donc celui pour lequel j'ai engagé ma vie : que le message évangélique ne soit pas injustement rendu inaccessible à des millions d'hommes "nouveaux" par la faute de ceux qui le lient en fait au monde bourgeois, quelles que soient leurs intentions ou leurs inconsciences. Ce ne sont pas des mots pour nous, mais une profonde réalité, puisqu'y être fidèle entraîne pour nous ruptures, incompréhensions, discrédit, sanctions et écueils pour notre foi elle-même. »
En 1957, Albert Guichard rejoint le bureau d’études en urbanisme BERU, fondé sous forme de société coopérative ouvrière de production (SCOP) par Max Stern, qui regroupe des chrétiens progressistes dont un autre prêtre, Maurice Ducreux. Il est sociologue et économiste. Le BERU travaille, souvent avec les municipalités communistes, à la rénovation de la banlieue parisienne. À l'automne 1958, Albert Guichard rejoint la CEGOS, organisme privé de formation continue professionnelle.
Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il quitte définitivement sa condition de prêtre et obtient sa réduction à l'état laïc des instances catholiques à Rome. Il épouse à Joinville, en février 1963, Paule Goubely, technicienne en publicité à Sedan (Ardennes), elle-même divorcée. Ils se séparent en automne 1965.
S’étant spécialisé dans l'étude de l'aménagement urbain des pays du Tiers-Monde, Albert Guichard séjourne au Brésil. Il épouse, en mai 1967 à Paris (12e arr.), Estella Pereira de Macedo. Il poursuit son activité, notamment pour le compte du ministère français de la Coopération et du secrétariat des missions d'urbanisme et d'habitat.
Albert Guichard meurt le 6 mars 2006 à Recife (Brésil). Il était âgé de 82 ans.
Jules Serval est désigné pour siéger au conseil municipal provisoire qui se met en place le 3 septembre 1944 à Lyon après la Libération de la ville et comprend également d’anciens élus écartés par le régime de Vichy. Il sera élu dans cette même assemblée en avril 1945 puis en octobre 1947, siégeant toujours au sein du groupe communiste. Membre du conseil d’administration des hospices de Lyon, il est aussi délégué cantonal de l’enseignement pour le 7e arrondissement.
En février 1948 à Lyon (7e arr.), Jules Serval épouse sa compagne Henriette Raymonde Barbotte. Ils vivent rue de l'Abbé-Rozier à Lyon (1er arr.).
En matière syndicale, Jules Serval remplace Paul Entzmann comme secrétaire de l’Union départementale de la CGT du Rhône en août 1945. Il plaide pour l’abandon du « cadre trop strict de la Charte d’Amiens » qui régit les rapports entre le syndicalisme cégétiste et les formations politiques, appelant les syndicalistes à jouer un rôle économique et politique. En décembre 1951, il est poursuivi pour « incitation de militaires à la désobéissance » devant le tribunal correctionnel de Lyon pour avoir appelé à manifester contre le départ des troupes en Indochine.
Il prend sa retraite de la société PLM, démissionne du conseil municipal de Lyon et quitte alors la région pour devenir à Paris secrétaire de l’Union CGT des cheminots retraités. Avec son épouse, ils s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1952.
Dans sa nouvelle commune, il réside dans le quartier de Polangis et adhère à la cellule locale. En avril 1965, il envoie une lettre au maire Georges Defert (Rassemblement des gauches républicaines, centre-droit), qui vient d’être réélu, estimant qu’il était injurieux d’écrire, comme il l’avait fait dans ses affiches « Contre les communistes, votez nationaux ». Il fait état de ses titres de combattant 1914-1918 décoré, de combattant volontaire de la Résistance, d’interné politique et d’ex-capitaine FFI. Son épouse avait été candidate sur la liste d’Union démocratique, opposée à celle du maire.
En septembre 1968, Jules Serval quitte ses fonctions syndicales. Avec son épouse, ils rejoignent Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. Une soirée d’adieux est organisée pour eux le 25 septembre 1968 par les communistes joinvillais.
Dans sa nouvelle résidence, il s’occupe, au témoignage de Moissonnier, de la diffusion de la presse dans la cellule Julian-Grimau de la section de Vénissieux-Centre du PCF.
Jules Serval meurt le 2 septembre 1978 à Bron (Rhône). Il est inhumé le 6 septembre au cimetière de Vénissieux. Âgé de 82 ans, il était décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze. Une voie publique de la commune de Vénissieux a été baptisée « rue Jules-Serval. »
Jules Serval naît le 2 juin 1896 à La Ricamarie (Loire). Il est le fils de Marie Françoise Alphonsine Gardes et de son mari, François Serval, ouvrier mineur.
Devenu lui-même mineur et vivant à Saint-Étienne (Loire), il est mobilisé, en avril 1915, à l’âge de 18 ans, dans le 5e régiment d’infanterie coloniale. Passant ensuite au 38e régiment d’infanterie coloniale, il est envoyé en décembre 1916 rejoindre l’armée d’Orient et débarqué à Salonique (Grèce). Il revient en France en juin 1918, et rejoint le 6e régiment d’infanterie coloniale. Son comportement lui vaut d’être, en novembre 1917, cité à l'ordre du régiment : très bon soldat, toujours volontaire pour les missions périlleuses, s'est offert spontanément dans la nuit du 21 octobre 1917 immédiatement après une tentative de coup de main de l'ennemi pour aller chercher au petit poste un camarade blessé.
Alors qu’il est caserné au fort Saint-Irénée, à Lyon, Jules Serval est accusé, en janvier 1919, du vol à l'esbroufe d’un sac de femme contenant 100 francs. Traduit en mars 1919 devant le conseil de guerre de Lyon en mars 1919, il est condamné à deux mois de prison pour vol simple avec circonstances atténuantes. Il est amnistié en avril 1921 et démobilisé en septembre 1919.
Revenu à la vie civile, Jules Serval entre à la compagnie de chemins de fer PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) et réside à Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis), rue Lecuyer. Selon l’historien Maurice Moissonnier, il adhère en 1922 au parti communiste.
Il est en 1926 affecté à la gare PLM de Lyon-Perrache et vit chemin Saint-Fiacre (5e arr.). Poursuivant son activité politique, il est, d’après Moissonnier, en 1926 membre de la cellule n° 7, en charge de la publication d’un bulletin bimensuel, L’Œil de Perrache.
Adhérent de l’Union unitaire des syndicats de cheminots du réseau PLM, syndicat affilié à la CGTU, il en était archiviste en 1926. Il fait partie des candidats unitaires au Conseil supérieur des chemins de fer en janvier 1928. Il prend la parole au nom de la confédération à la manifestation tenue à Gerland « contre le fascisme, les décrets-lois et la guerre », organisée par le PCF et le parti socialiste SFIO. Quittant le métier de roulant, il devient en 1935, pour raisons de santé, facteur aux écritures. Ses horaires de bureau lui permettent de renforcer son activité syndicale et il est secrétaire du syndicat unitaire du PLM à Lyon et membre de la commission exécutive de l’Union départementale. Après la réunification au sein de la Confédération générale du travail (CGT), Jules Serval fait partie en novembre 1937 d’une délégation de cheminots lyonnais qui se rend à Madrid auprès des combattants républicains espagnols. Serval participe au 31e congrès de la CGT à Nantes (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique). Il compte parmi les organisateurs de la grève du 30 novembre 1938 qui fut, d’après Moissonnier, un échec à Perrache.
En matière politique, est secrétaire du rayon communiste (groupement de sections) de Lyon-Ville (2e arr.). Lors des élections cantonales d’octobre 1937, Jules Serval représente le parti communiste dans le canton de Lyon-2. Il obtient 163 voix pour 2 412 suffrages exprimés soit 6,8% ; le candidat de droite est élu dès le premier tour. Il siège au comité régional du PCF depuis décembre 1937 et participe, le même mois, au 9e congrès national qui se tient à Arles (Bouches-du-Rhône).
Au cours de la deuxième guerre mondiale, Jules Serval est affecté spécial au sein de la SNCF. Après la signature, en août 1939, du Pacte germano-soviétique, comme pour de nombreux militants communistes, la situation de Serval change. Caserné au fort Lamothe à Lyon puis au 21e régiment d’infanterie coloniale à Paris-Clignancourt (18e arr.), il est réformé en février 1940 pour raisons de santé et renvoyé dans ses foyers. Il vit à Lyon avec Henriette Barbotte. Tous les deux reprennent contact avec le parti communiste, devenu une organisation clandestine, et récupèrent le matériel nécessaire à la fabrication de la presse clandestine. Déplacé à Langogne (Lozère) au premier semestre 1940, il est révoqué en octobre de la même année.
D’après Moissonnier, il quitte la Lozère début 1941 pour Saint-Étienne puis passe dans la clandestinité, logeant à Beauvallon (Drôme). Le parti communiste lui a confié la direction politique de la région Drôme-Ardèche et devient le responsable du Front national pour cette zone. Dans la résistance, il utilise le pseudonyme d’Adrien. Il est arrêté le 30 avril 1942 à Montélimar puis emprisonné à Lyon (Montluc), au camp de Mauzac (Haute-Garonne) puis à la prison militaire de Bergerac (Dordogne). Son rôle exact dans la résistance n’ayant pas été identifié, il en est libéré pour raison médicale, revient à Saint-Étienne puis est arrêté de nouveau et interné à la prison de Toulouse. Selon son témoignage dans le journal Le Réveil (1968/09/27), il aurait été condamné à mort par la Gestapo ; la Libération de Toulouse et de la prison par la Résistance le 19 août 1944 lui permet d’y échapper. Ancien membre des Francs-tireurs et partisans, il se voit reconnaître le grade de capitaine dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI). Il siège, à ce titre, au sein de la cour martiale de Toulouse.
Henriette Raymonde Barbotte naît le 5 février 1905 à Bouilland (Côte-d'Or). Elle est la fille de Jeanne Marie Hoffner et de son mari, Pierre Barbotte, manouvrier.
Elle épouse, à Bouilland, en novembre 1923, Émile Mény, ouvrier des PTT (Postes, télégraphe et téléphone) à Dijon. Ils s’installent dans cette ville, chemin des Saules, puis dans un village proche, Marsannay-la-Côte, rue du Carré, où son mari est devenu employé des chemins de fer de la compagnie PLM (Paris-Lyon-Méditerranée). Ils divorcent en 1935.
Henriette Barbotte devient alors serveuse dans un café à Lyon-Perrache ; elle réside à Saint-Didier-au-Mont-d'Or, Rhône. Elle fait la rencontre de Jules Serval, ouvrier aux chemins de fer PLM, syndicaliste et militant communiste, qu’elle épousera en février 1948 à Lyon (7e arr.).
Selon l’historien Maurice Moissonnier, Henriette Barbotte adhère au Parti communiste en 1935 et participe à la grande grève des employés de café qui se déroule à ce moment à Lyon.
Pendant la deuxième guerre mondiale, toujours d’après la notice de Moissonnier dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Henriette Barbotte contribue à la récupération de matériel d'impression et de reproduction destiné au parti communiste clandestin. Elle assure ensuite les liaisons de Jules Serval, qui est devenu résistant, responsable du parti communiste et du Front national pour la Drôme et l'Ardèche. Après l’arrestation de Serval, elle se rend d’abord à Montpellier (Hérault). Moissonnier indique qu’en 1943 et 1944, elle fut l'une des responsables des organisations de la Résistance féminine à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Après le conflit, Henriette Barbotte et Jules Serval reviennent en région lyonnaise, et lui devient conseiller municipal de Lyon. Elle travaille comme ouvrière à l'usine de matériel électrique Grammont de la ville.
Ayant pris sa retraite en 1951, Jules Serval devient secrétaire de l’Union CGT des cheminots retraités. Henriette et Jules Serval s’installent alors à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis.
En 1953, Henriette Serval devient responsable du comité de l'Union des femmes françaises de Joinville, organisation proche du parti communiste. Elle conduit notamment, en 1967, une collecte en faveur du Vietnam. Elle est également membre du bureau de la cellule de Polangis et du comité de la section locale du PCF à Joinville.
Lors des élections municipales de mars 1965, Henriette Serval est candidate avec l’étiquette communiste sur la liste d'Union démocratique, conduite par Henri Bideaux, qui comprend essentiellement des communistes mais également un socialiste, un radical-socialiste et une personnalité républicaine qualifiée d’indépendante. La liste obtient au premier tour une moyenne de 29,9% des voix, derrière le maire sortant Georges Defert (Rassemblement des gauches républicaines, centre-droit) à 43,6% et devant les gaullistes à 26,6%. Au second tour, les candidats de Defert emportent les 27 sièges à pourvoir avec 60,4% des suffrages exprimés, les communistes se situant à 38,1% en moyenne. Henriette Serval n’est pas élue.
Jules et Henriette Serval ayant décidé de se retirer en région lyonnaise, les communistes de Joinville organisent pour eux une soirée d’adieux le 25 septembre 1968. Ils s’installent à Vénissieux (Rhône). Henriette Serval entre au bureau local de l'UFF, milite à à la section de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants patriotes (FNDIRP) et fait partie de l'Amicale rhodanienne des Vétérans du PCF.
Henriette Serval meurt le 23 octobre 1990 à Bron (Rhône). Elle était âgée de 85 ans et mère de quatre filles, issues de son premier mariage.