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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 00:01

Isaac Lewinski naît le 30 octobre 1890 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils s’installeront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky. Isaac prendra « Henri » comme prénom d’usage.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Henri Lewinski est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en octobre 1911 au 3e régiment de zouaves. En octobre 1912 il devient soldat musicien. Il retourne à la vie civile en novembre 1913, mais pour peu de temps car il est rappelé en août 1914 au début de la première guerre mondiale.

Blessé à la tête par des éclats d’obus à Craonne, lors de la première bataille de l'Aisne en septembre 1914, Henri Lewinski est réformé en décembre 1915 pour « blessure de guerre, trépanation, confusion mentale, amnésie, céphalée occipitale, hallucinations ». Son statut de réformé est confirmé en mars 1916, et il obtient en mars 1917 une pension de 300 francs du fait de son état « incohérence mentale, légers tremblements ». En juin 1930, sa dispense de service sera confirmée, en lien avec ses troubles neuropathiques.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Henri est le principal collaborateur de son père. Il s’occupe notamment des installations électriques et de la gestion d’ensemble du studio. Lorsque, fin 1923, la famille comprend qu’elle n’a pas assez de moyens pour développer l’entreprise, même après avoir ouvert une antenne à Paris, c’est Henri qui va négocier la vente de l’activité à la société Pathé-Cinéma, qui en confie l’exploitation en avril 1924 à Cinéromans. Il signe le bail des studios, la famille restant propriétaire du terrain.

À la mort de leur père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Pendant la deuxième guerre mondiale, contrairement à ses frères, Henri Lewinski reste au moins un temps à Joinville, où une carte alimentaire à son nom lui est délivrée. Jules fuit d’abord à Montpellier puis à Aix-le-Bais, où il est arrêté en mai 1944, déporté et tué au camp de concentration d’Auschwitz. Léon qui l’avait accompagné en France meurt à Saint-Maur-des-Fossés en décembre 1944.

Après la deuxième guerre mondiale, Henri Lewinski vit toujours dans le pavillon familial, en compagnie de sa mère. Il prend part, en février 1947, à la constitution d’une société coopérative « ayant pour objet, par la coopération de techniciens et ouvriers, tous intéressés à la gestion et aux bénéfices de l’entreprise » dans la construction, l’aménagement, la transformation, la décoration de bâtiments, les ouvrages d’art. Elle a pour gérant l’architecte Yvon Boudet.

En juillet 1954, la commune de Joinville-le-Pont s’approprie une partie des terrains Lewinski, dont il est l’héritier, pour la construction, avenue Ratel, sur environ 3 000 m² de l’école maternelle du quartier de Polangis.

Le reste des terrains est cédé en juillet 1959 à la société Franstudio.

Henri Lewinski meurt le 13 août 1976 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Il était âgé de 85 ans et ne semble pas avoir été marié.

Atelier de mécanique des studios Pathé de Joinville (ex-Lewinski)

 

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14 novembre 2023 2 14 /11 /novembre /2023 00:01

Léon Lewinski naît le 15 août 1892 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils vivront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Isaac, dit Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Léon est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en décembre 1913 au 130e régiment d'infanterie. Il est donc sous les drapeaux au début de la guerre début août 1914. Mais il est rapidement fait prisonnier, le 22 août, et emprisonné en Thuringe. Il séjourne d’abord dans village d’Ohrdruf puis dans le vaste camp de prisonniers de Langensalza, érigé à proximité, qui va accueillir 28 000 prisonniers, principalement français et russes. Les conditions de vie dans le camp sont difficiles, deux épidémies de typhus provoquant un millier de décès en 1915. Léon Lewinski sera lui-même malade et transféré, sous les auspices de la Croix-Rouge, en Suisse où il est hospitalisé en juillet 1918. Il est rapatrié peu après l’armistice, le 20 novembre 1918. En février 1919, il sera reconnu comme souffrant de bronchite chronique et de bégaiement et affecté dans la réserve à des services auxiliaires non armés ; il sera réformé en avril 1933, du fait d’une instabilité cardiaque et d’une forme légère de tuberculose, qui le classent avec un taux d’infirmité de 10%.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille, y compris s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Léon est toujours fourreur, mais il assiste le reste la famille dans la gestion du studio. Son atelier, qu’il partage avec Jules, est situé à l’ancienne adresse familiale du boulevard Beaumarchais. À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, en application d’une loi du gouvernement de Vichy de septembre 1940 prévoit la saisie des biens appartenant à des Juifs. La société Consorts Lewinski, dont le siège est à Joinville-le-Pont et qui est propriétaire de l'immeuble des studios, avenue Gallieni, est placée en octobre 1941 sous administration provisoire.

Fuyant la persécution, les frères Léon et Jules fuient d’abord à Montpellier, où les autorités vont remarquer qu’ils ne se sont pas fait recenser en tant que Juifs.

Ils vont se rendre ensuite en Savoie à Aix-les-Bains, où ils résident rue de Chambéry. Jules y est arrêté, transféré en mai 1944 au camp d'internement de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) d’où il est déporté par les autorités allemandes au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne).

Bien qu’il ait survécu à l’occupation allemande, Léon Lewinski meurt le 2 novembre 1944 à Saint-Maur-des-Fossés, commune voisine de Joinville-le-Pont où il était revenu depuis Aix-les-Bains. Il était âgé de 52 ans et n’était pas marié.

Les studios Pathé de Joinville, exploités par la société Cinéromans en 1929. L’ex-studio Lewinski est le studio B.

 

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 22:13

Jules Lewinski naît le 13 janvier 1897 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg ancienne couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent boulevard Beaumarchais, dans le quartier Saint-Ambroise, qui abrite une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Isaac, dit Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Jules est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en janvier 1918, avec sa classe, alors qu’il était à ce moment employé de banque. Il sert d’abord dans le 104e régiment d'infanterie, puis dans le 101e.

Son comportement lui avait valu une citation à l’ordre du régiment, qui lui sera notifiée trois jours avant l’armistice : « Très bon soldat, courageux, s’est particulièrement distingué au cours de combats du 5 au 13 octobre 1918, se dépensant sans compter pour assurer la liaison avec les éléments voisins sous de violents tirs d’artillerie et de mitrailleuses. »

Il est démobilisé en mai 1919 alors qu’il sert dans le 16e régiment d'infanterie. Les autorités militaires vont décider cependant que c’était à tort qu’il avait été rendu à la vie civile, et il est rappelé en janvier 1920 pour poursuivre pendant un an son service au sein du 46e régiment d'infanterie.

Après son retour à la vie civile, Jules devient fourreur, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne ; il travaille dans l’atelier de son frère Henri, à l’adresse familiale du boulevard Beaumarchais.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille, y compris s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Jules assiste la famille dans la gestion du studio, dont s’occupe principalement son frère aîné Isaac, dit Henri. À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage. Jules se présente comme négociant depuis 1931.

Jules Lewinski épouse au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) en décembre 1931, Cécile Suzanne Kahn, fille d’un casquettier et d’une marchande. Ils vivent dans cette ville rue Jules-Lecesne puis cours de la République. Leur mariage sera rapidement dissous par divorce, lors d’un jugement de décembre 1933 du tribunal civil de la Seine, à Paris. Jules revient alors s’installer dans la demeure familiale de Joinville.

À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Lors de la deuxième guerre mondiale, Jules Lewinski est mobilisé au sein du 220e régiment d’artillerie. Il est fait prisonnier et interné en Allemagne au Stalag III-A de Luckenwalde, dans le Brandebourg, où il est répertorié en décembre 1940. Le camp regroupait des militaires de dix pays différents. 5 000 d’entre eux, surtout des Soviétiques, y périrent à cause du froid et des privations. Il rentrera en France à une date non connue.

En application d’une loi du gouvernement de Vichy de septembre 1940 prévoit la saisie des biens appartenant à des Juifs. La société Consorts Lewinski, dont le siège est à Joinville-le-Pont et qui est propriétaire de l'immeuble des studios, avenue Gallieni, est placée en octobre 1941 sous administration provisoire.

Fuyant la persécution, les frères Jules et Léon fuient d’abord à Montpellier, où les autorités vont remarquer qu’ils ne se sont pas fait recenser en tant que Juifs.

Ils vont se rendre ensuite en Savoie à Aix-les-Bains et ils résident rue de Chambéry. Jules y est arrêté, transféré au camp d'internement de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) où il arrive le 23 mai 1944. Il est déporté par les autorités allemandes au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) par le convoi n° 75 qui quitte Drancy le 30 mai 1944. Il meurt à son arrivée au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) le 4 juin 1944.

En mars 2008, un arrêté du secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants décide l’apposition de la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès. Le nom de Jules Lewinski figure sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah à Paris (dalle n° 25, colonne n° 9, rangée n° 1).

Depuis novembre 1918, Jules Lewinski était décoré de la Croix de guerre. Il ne semble pas avoir eu d’enfant.

Les studios Pathé de Joinville, exploités par la société Cinéromans en 1925. L’ex-studio Lewinski est le studio B.

 

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17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Léon Emmanuel Tallet naît le 12 septembre 1914 à Royan (Charente-Inférieure, act. Charente maritime). Il est le fils de Jeanne Louise Cadot et de son mari Emmanuel Jean Amédée Tallet, hôtelier et maître d’hôtel

Avec sa mère, Jean Tallet vit en 1926 chez sa grand-mère maternelle à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Champignol, avenue Parmentier. Ses deux parents sont devenus secrétaire dans la même entreprise, mais ils vivent séparément, son père résidant à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne). Il meurt en 1932 hospitalisé à Paris, en ayant repris le métier de cuisinier.

Pour sa part, Jean Tallet suit les cours au collège à Saint-Maur puis fait des études.

C’est probablement lui qui est présenté dans la presse locale comme membre de la Ligue des Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite présidé par Pierre Taittinger. Active notamment à Joinville-le-Pont depuis 1927, la ligue y fait campagne, en mai 1935, en faveur de Léon Lesestre, candidat de la droite contre le maire sortant radical-socialiste Georges Briolay et contre la coalition socialiste et communiste. Il publie un appel dans le journal libéral l‘Union régionale : « Le devoir des JP, des membres du Front national et des nationaux est de barrer la route au Front commun et faire bloc sur la liste d’Union républicaine. »

Après son élection au poste de maire, Jean Tallet s’exprime au nom du comité d’arrondissement des Jeunesses patriotes : « Félicitations à notre ami Lesestre, menons une active propagande pour faire aboutir la révolution nationale. Le National en vente le dimanche au marché et à l’église. »

C’est encore sans doute lui qui, sous la signature J. Tallet, adresse un message de soutien au dirigeant du mouvement royaliste Action française en novembre 1936.

Toujours domicilié à Saint-Maur avec sa mère, Jean Tallet fait son service militaire, probablement en 1936. Son comportement pendant la deuxième guerre mondiale n’est pas connu ; il existe cependant un Jean Tallet, qui n’est pas identifié plus explicitement, sur la liste des Dossiers administratifs de résistants éditée par le Service historique de la Défense. Contrairement à d’autres mouvement d’extrême-droite, les organisations liées à Pierre Taittinger ont fourni des résistants à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, comme lui-même.

Ce fut le cas de Louis Richard (1896-1971), employé de chemin de fer, candidat conservateur à Joinville-le-Pont (1929), syndicaliste CFTC, décoré de la Médaille militaire. En 1935, il militait avec Jean Tallet.

Jean Tallet s’engage dans l’armée active (peut-être dès son service militaire) et devient sous-officier. Il a le grade d’adjudant en 1946. Après le décès de sa mère en 1968, il réside dans la caserne de Reuilly à Paris (12e arr.). Il y est économe en 1970.

Revenu à Saint-Maur, il épouse dans cette ville en juin 1975, à 60 ans, une de ses anciennes voisines, Simonne Francine Paudrat, sa cadette de 17 ans, qui avait suivi des études de droit.

Jean Tallet meurt le 9 juin 1994 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 79 ans.

Léon Lesestre, sympathisant de l’extrême-droite et maire de Joinville-le-Pont

 

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20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 01:01

Bernard Marie Joseph Thorel naît le 10 août 1905 à Pontlevoy (Loir-et-Cher). Il est le fils de Marie Josèphe Geneviève Madeleine Sausse et de son époux Philippe Charles Louis Thorel.

Il est le deuxième des huit enfants du couple et le premier garçon. La famille est installée en 1911 à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine), où son père est assureur. Il meurt en février 1920, Bernard ayant 14 ans.

Bien que fils aîné d’une veuve, ce qui aurait pu lui valoir une dispense de service militaire, Bernard Thorel passe en 1925 le concours pour devenir élève-officier. Alors soldat au 24e régiment d’infanterie, il est reçu et devient sous-lieutenant. Il effectue probablement sa période dans l’armée au sein de l’École normale de gymnastique et d’escrime qui devient en décembre 1925, l’École supérieure d’éducation physique. Basée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le Bois de Vincennes, elle est rattachée, comme la totalité du Bois en avril 1929 à la ville de Paris. Thorel est nommé lieutenant de réserve en mai 1930.

Engagé dans le mouvement scout, Bernard Thorel, alias Ours des Neiges, est l’un des fondateurs en 1923 de la troupe de L’Île-Saint-Denis avec André Linsi. Il est aussi en mars 1926 le chef de la troupe dite 1re Cuts. En sommeil une partie de l’année, elle se réunit dans l’Oise avec d’autres troupes au Camp de Vieux-Moulin. En janvier 1931, Bernard Thorel crée une nouvelle troupe à Joinville-le-Pont. Il est breveté du centre de formation du scoutisme en France, qui fonctionne au château de Chamarande (Seine-et-Oise, act. Essonne).

Après avoir quitté l’armée, Bernard Thorel entreprend en 1932 des études à la Faculté de théologie de l'Institut catholique de Paris. Il est reçu au baccalauréat en 1933 et obtient cette même année des certificats de grec biblique et d'hébreu. Il reçoit, avec mention honorable, le diplôme d'études supérieures de philosophie en novembre 1934. Sa thèse, présentée en Sorbonne, est consacrée au fondateur du mouvement de jeunesse : Le scoutisme de lord Baden-Powell, méthode et vie ; elle est éditée en 1935, avec une préface d’Albert Millot, professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand (Paris).

Ayant connu un important développement, en passant de 10 000 scouts en France en 1920 à 72 700 en 1937, le scoutisme commence à faire l’objet de l’attention des chercheurs. Pour l’hebdomadaire Sept, Thorel montre « la cohérence et le réalisme » du scoutisme français (décembre 1936). Le quotidien catholique La Croix salue « une recherche en profondeur pour l’expliquer, une pensée qui cherche à définir une vie (décembre 1936). Thorel soutient que « l'unité profonde du scoutisme doit être recherchée dans la vie même du Chef-Scout Baden-Powell, colonial et chevalier » selon Les Essais catholiques (octobre 1938). Dans la Revue dominicaine, Ceslas Forest, résume l’ouvrage : « Le scoutisme a pour but de faire d’abord, de la génération de demain, une génération d'hommes sains et forts (…) Le but ? Nous allons dire immédiatement que c’est le service du prochain et l’accomplissement de notre devoir de citoyen. »

Ultérieurement, la thèse de Thorel a servi de référence. Émile Poulat, dans les Archives de Sciences Sociales des Religions, oppose Bernard Thorel, apologiste du scoutisme, à ses adversaires au sein de l’église catholique à son origine (1995). Dans un mémoire de master, Manon Radiguet de la Bastaïe, assure que Thorel précise les principes pédagogiques du scoutisme : le service du prochain, la progression personnelle (2018).

Thorel est également licencié en décembre 1936, toujours à l'Institut catholique.

Pendant son cursus à la Catho de Paris, Bernard Thorel est ordonné prêtre catholique en avril 1935 au séminaire des Carmes, implanté au sein de l’établissement rue d’Assas à Paris (6e arr.). Il est nommé préfet de division au collège Saint-Jean de Passy, institution privée catholique rue Raynouard, dans le 16e arrondissement de Paris. D’abord en charge de la quatrième puis de la première division, il devient préfet des sports en 1937. Pour l’historien du lycée, Jacques Houssain, il donne à cette fonction une « vigoureuse impulsion, organisant entre-autres un camp de neige dans le Jura » (2015). Dans l’hebdomadaire Benjamin, l’abbé Thorel reconnait que l’institution était très en retard en matière d’éducation physique et assure mettre « les bouchées doubles ou même triples » (janvier 1939).

S’il n’est plus directement dans le scoutisme, Bernard Thorel est cependant nommé chef de troupe honoraire en juillet 1936. Il est également nommé aumônier du clan Charles de Foucauld, qui regroupe des scouts de l’école militaire de Saint-Cyr.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le lieutenant Bernard Thorel est aumônier des prisonniers de guerre de l’Oflag X-D, situé à Fischbek, un quartier de l’arrondissement de Hambourg-Harbourg (Allemagne). Sa « valise chapelle » est déposée au Musée de la Libération de Paris (14e arr.). Elle lui avait été offerte par Mgr Léon-Albert Terrier, évêque de Tarentaise et expédiée en 1940 par Jean Rodhain, de l’Aumônerie des prisonniers de guerre de l’église catholique à Paris. Elle porte une étiquette : « Que ma peine d'aujourd'hui comme votre sacrifice, Seigneur, serve à la libération de tous mes frères. »

Établi en mai 1941, l'Oflag X-D a été le lieu de l’invention d’un réchaud de fortune par un officier polonais, baptisé « choubinette » par des officiers belges. En juin et juillet 1942, des prisonniers français organisent une kermesse au profit du Secours national, distributeur des secours en temps de guerre. Pendant un mois, on y organise musique, théâtre, sport, jeux scouts, ventes aux enchères… Le camp est libéré en mai 1945 par les troupes britanniques.

Après son retour de captivité, Bernard Thorel reprend sa fonction de préfet des sports à Saint-Jean de Passy. Il l’exerce jusqu’en 1947. Dans la réserve de l’armée de terre, il est promu capitaine en septembre 1949.

Est-ce lui le « Bernard Thorel, directeur de colonies de vacances » qui est victime, le 22 juillet 1946, d’un accident près de Forbach ? Un autocar transportant une vingtaine d’enfants français s’est écrasé dans un ravin d’une trentaine de mètres, dans la vallée de Ia Murg, causant la mort de trois enfants. Sept autres sont blessés et, comme quatre accompagnateurs adultes, transportés à l’hôpital militaire de Baden-Baden.

Bernard Marie Joseph Thorel meurt le 8 août 1975 à Paris (15e arr.) alors qu’il était hospitalisé. Il résidait alors rue Carnot à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Il était toujours ecclésiastique et âgé de 69 ans.

La « valise chapelle » de Bernard Thorel, Musée de la Libération de Paris

 

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15 juillet 2023 6 15 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Charles Monsarrat

Toujours en place fin 1920 comme commissaire spécial de police des Halles centrales, dont il a tenu la fonction pendant toute la durée de la première guerre mondiale, Charles Monsarrat est désormais une personnalité en vue : il accueille des visites de parlementaires, de délégués étrangers, par exemple de représentants de la municipalité de Moscou, de jeunes ou d’intellectuels.

Il poursuit son travail de médiation en matière sociale. Ainsi, il va transmettre en décembre 1921 au préfet de police une protestation du syndicat des ouvriers de la viande contre l'emploi des Jeunes gens au-dessous de 17 ans, dans les abattoirs de la Villette et de Vaugirard. En novembre 1928, il s’efforce de mettre fin à la grève des abattoirs, conduite par le syndicat communiste CGTU, en réunissant les patrons camionneurs, commissionnaires et débardeurs pour fixer les nouveaux prix de camionnage et de transport.

Outre ses fonctions quotidiennes, Monsarrat s’exprime sur le devenir du marché. Il convainc, en novembre 1920, le conseil de Paris de déplacer plusieurs équipements. Il s’exprime, en septembre 1921 dans Le Petit Journal, assurant qu’il faut « Réformer les Halles ». Il doute cependant que cela puisse se faire à l'emplacement qu’elles occupent alors, dans le cœur de Paris. Il est conscient des problèmes hygiéniques et sanitaires : « au pavillon de la viande, la marchandise s'accumule sur le sol ; au pavillon de la triperie, on n'ose y pénétrer sans revêtir, une blouse. Le carreau forain n'est même pas couvert ; les légumes sont déchargés sur les trottoirs, sur la chaussée même, parmi le crottin et autres immondices ! » Il aimerait un endroit desservi par voie d’eau et le réseau ferré. Il se félicite cependant d’avoir fait installer, le mois précédent, un entrepôt frigorifique. Il veut le départ du commerce de détail qui occupe alors une grande partie des pavillons. Mais il souligne aussi la nécessité de maintenir un contrôle sur les opérations des commerçants, le marché n’ayant pas encore, selon lui, retrouvé une production normale.

En décembre 1925, Le Journal, qui conclut par un long entretien avec lui une vaste enquête, le présente comme « le vice-roi des Halles » où ses fonctions lui ont valu sympathies et inimitiés. Le journaliste Germain Mandle assure qu’il est « actif et plus documenté qu'un bénédictin ». Il assure qu’il faut agrandir les Halles, de préférence en surface mais aussi en sous-sol.

Prenant sa retraite de la police en juillet 1930, Charles Monsarrat part avec le titre honorifique de commissaire divisionnaire.

Ayant poursuivi ses responsabilités associatives antérieures, il s’est laissé convaincre de participer à certains organismes caritatifs liés au marché des Halles. Il est ainsi Président d’honneur de l’œuvre des orphelins des forts des Halles rn 1927, de la Chanson au sanatorium, de l’association philanthropique La Butte libre de Montmartre et de la colonie de vacances Les P’tits Quinquins.

Sa fonction de président des Enfants de Gayant de Paris l’amène à mettre en place une colonie de vacances qui portera le nom de Charles Monsarrat. Les 25 ans de son mandat à la tête de cette institution son célébrés, avec un peu de retard en 1933 et les 30 ans en janvier 1939, la presse assurant qu’il s’agit d’une « belle œuvre. »

Après son départ de la police, il prend une activité professionnelle dans le secteur privé, comme inspecteur d’assurance en 1931 puis au sein d’une imprimerie en 1936.

Son engagement associatif va se renforcer durant la deuxième guerre mondiale. Il est le président de la Fédération des Retraités de la Seine en 1940 et devient délégué général de la fédération des retraités communaux, départementaux et hospitaliers de France en 1942.

N’ayant pas été mis en cause pour son comportement vis-à-vis des autorités d’occupation, il devient vice-président de la Confédération générale des retraités en 1946.

Charles Monsarrat meurt le 27 octobre 1947 à Paris (13e arr.) où il était hospitalisé. Il résidait toujours rue des Pyrénées où il était installé déjà en 1926. Âgé de 72 ans, il était père de trois enfants. C’est un médaillé de la Résistance, Émile Lerouge, qui déclare son décès.

Le commissaire Monsarrat était titulaire d’une douzaine de décorations. Trois récompensaient des actes de courage et de dévouement : une médaille de bronze en octobre 1902 pour la « capture périlleuse d’un fou furieux armé », une autre en mai 1907 pour la « capture dangereuse d’un meurtrier » puis une médaille de vermeil en août 1910 pour son comportement, en début d’année, lors des inondations séculaires de la Marne. Détenteur des Palmes académiques, en tant qu’officier d'académie en août 1908, il avait été fait officier de l’instruction publique en février 1930 pour « services rendus aux œuvres scolaires. »

Les croix de chevalier puis d’officier du Mérite agricole étaient venues saluer son activité aux Halles de Paris en août 1922 et en juillet 1930. Son travail de médiation entre employeurs et employés a été cause de l’attribution du titre de chevalier du Mérite social en 1928.

La Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge) lui avait remis une médaille d’or en mai 1926 pour son assistance aux soldats et réfugiés du département du Nord au cours de la première guerre mondiale.

Enfin, sur proposition du ministre de l’agriculture, Charles Monsarrat était devenu chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1928, notamment pour avoir « concouru à l’étude des questions relatives au renchérissement de la vie et s’est acquitté de ses délicates fonctions avec autant d’activité que de tact et d’autorité ». C’est au titre du ministère de la santé publique et de la population qu’il était devenu officier de la Légion d’honneur en juillet 1947, trois mois avant sa disparition. Ce sont notamment les secours aux soldats, prisonniers de guerre et réfugiés, ainsi que son activité en faveur des enfants, qui étaient alors récompensés.

La ville de Douai a donné à une de ses voies le nom de « rue Charles Monsarrat ». D’une longueur de 230 mètres, elle relie la rue du Quatre-septembre (où ses parents ont vécu) à la rue Émile-Morlaix ainsi qu’au boulevard Delebecque. Elle dessert le parc Charles-Bertin et abrite notamment un établissement, hébergeant l’Association des centres sociaux de Douai et le Centre social Gayant. La plaque de rue porte la mention « bienfaiteur de la ville, fondateur des Enfants de Gayant de Paris (1874-1947). »

Fin

Plaque de la rue Charles Monsarrat à Douai

 

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13 juillet 2023 4 13 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Charles Monsarrat

En juin 1911, Charles Monsarrat est promu commissaire de police de la Ville de Paris et chargé du quartier de la Monnaie (6e arr.). Il laisse la place de Joinville-le-Pont à Louis Gourdel, venu de Montreuil. En janvier 1913, il est transféré à Belleville (20e arr.). En mai, il arrête rue de Ménilmontant, Gabriel Bonton, dit Gaby, âgé de vingt-huit ans, accusé d’avoir frappé à coups de canne plombée un agent de police lors d’une manifestation faubourg du Temple, le soir du 1er mai. Il est considéré comme liés aux milieux anarchistes des quartiers de Belleville et Ménilmontant. Des brochures révolutionnaires et antimilitaristes sont découvertes chez lui, ainsi que sa canne plombée et deux couteaux-poignards.

Alors qu’il n’était jamais resté très longtemps dans ses postes précédents, le record étant de 30 mois à Joinville, Monsarrat va obtenir, en janvier 1914 une affectation où il va s’installer durablement : celle de commissaire de police spécial des Halles centrales de Paris. Il est chargé des marchés d’approvisionnement de la Ville de Paris, mais aussi des abattoirs de La Villette et de Vaugirard. Il publie, dans le cadre du VIe congrès des pêches maritimes, qui se tient à Tunis en mars 1914, un article sur Le Marché du poisson à Paris.

Sa fonction aux Halles sera primordiale pendant la première guerre mondiale mais aussi à son issue, alors que l’alimentation de la capitale est compliquée par les combats, les destructions et les pénuries.

En 1909, alors qu’il dirigeait le commissariat de Pantin, Charles Monsarrat créa une association, dont il restera le président jusqu’à sa disparition, Les Enfants de Gayant de Paris. Les personnages de la famille Gayant sont des symboles de la ville de Douai depuis le 16e siècle. Chaque année, en juillet, des mannequins géants (signification du mot de gayant dans le parler artésien), sont transportés dans la ville, symbolisant sa défense contre les attaques dont elle a été victime. Le terme Enfants de Gayant désigne les habitants du territoire, et un square de la commune porte ce nom. La société amicale et philanthropique fondée par Monsarrat organise notamment un banquet et un bal annuels, généralement en novembre, pour financer ses activités. Elle apporte ses services aux originaires de cet arrondissement du département du Nord.

Pendant la première guerre mondiale, l’association va avoir une importante action humanitaire. Douai et ses environs sont occupés par l’armée allemande en octobre 1914. C’est toujours le cas en septembre 1918, quand toute la population restante est évacuée vers la Belgique puis que le centre-ville est pillé et incendié, notamment la place d’Armes où avait vécu la famille Monsarrat. Les Enfants de Gayant de Paris apportent 80 000 francs de secours en nature aux soldats du front ou prisonniers de guerre et procurent plusieurs centaines d’emplois aux réfugiés.

Peu avant l’armistice, le 4 novembre 1918, Monsarrat fait adopter, au siège social, rue de Richelieu à Paris, le vœu suivant : « Que les Allemands soient tenus de réparer Intégralement tous les dommages causés et que tous les crimes commis soient justement châtiés en la personne de leurs auteurs responsables ; Qu'avant toute conclusion d’un armistice l’ennemi sait tenu de rapatrier, dans des conditions de transport humaines et convenables, toutes les populations évacuées par la force et emmenées en esclavage ; Que non seulement l'Allemagne soit tenue de rendre matériel pour matériel, outil pour outil, mais soit astreinte à fournir la main-d’œuvre nécessaire à la reconstruction des usines et des immeubles détruits. »

Après l’arrêt des combats, il appelle les originaires de Douai à participer à la manifestation patriotique en l’honneur de l’Alsace-Lorraine organisée place des Ternes à Paris le dimanche 17 novembre.

Dans son activité de surveillance du marché des Halles, Monsarrat a mis en place, le 7 août 1914, soit moins d’une semaine après le début de la guerre, une commission comprenant des marchands de bestiaux, des bouchers, tripiers et charcutiers ainsi qu’un représentant du syndicat des travailleurs des Halles. Il la réunit chaque semaine pour fixer les prix maximums pour les viandes. En octobre 1915, il étend la détermination d’un prix-plafond à toutes les marchandises vendues aux Halles.

Une fois la guerre terminée, Monsarrat doit intervenir pour calmer les affrontements entre les commerçants et groupements de consommateurs. Lors d’une manifestation en août 1919, organisée par les crémiers qui refusaient de vendre leur marchandise moins cher qu'ils ne l'avaient achetée, un journaliste est molesté. Monsarrat se fit d'abord conspuer, puis applaudir quelques instants après, lorsqu'il proposa de soumettre les doléances des mécontents au préfet de police. 100 gardes républicains et 50 agents étaient venus renforcer l’effectif du commissariat. Mais les blocages et incidents conduisirent à la perte de beaucoup de produits, que la chaleur empêchait de conserver. Monsarrat fait arrêter plusieurs spéculateurs sur le marché aux veaux.

En septembre, ce sont les employés des Halles qui expriment leur mécontentement. Au cours d'une réunion syndicale, ils demandent au commissaire Monsarrat d'intervenir pour éviter d’avoir à se mettre en grève.

C’est de nouveau lui que, en janvier 1920, les ouvriers des abattoirs de la Villette et de Vaugirard, en grève, proposent comme arbitre. Il organise et préside la commission d’arbitrage, ce qui permet la reprise du travail.

En mars la même année, il provoque une réunion des bouchers et des tripiers pour traiter du prix des abats qui connaît une hausse « fantastique » selon L’Écho de Paris. Monsarrat l’attribue à la surenchère de centres de production de province pour avoir le monopole de ces ventes. Le commissaire assure que « Ces pratiques, non seulement il les condamne, mais il est résolu à poursuivre, sans pitié, ces spéculateurs. »

À suivre

Charles Monsarrat, commissaire de police en 1907

 

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11 juillet 2023 2 11 /07 /juillet /2023 01:01

Début de la biographie de Charles Monsarrat

Charles Jules Oscar Monsarrat naît le 21 décembre 1874 à Douai (Nord). Il est le fils de Philomène Marie Joseph Ponce et de son époux Étienne Louis Monsarrat, cordier. Ils résident place d’Armes. Sa sœur jumelle, Rosa Julia Philomène, meurt six mois plus tard. Son père (1836-1928) a été président d’honneur des anciens combattants de 1870-1871 dans son département et chevalier de la Légion d’honneur. Le frère aîné de Charles, Jules Monsarrat (1870-1934), docteur vétérinaire, sera officier de la Légion d’honneur.

Après avoir obtenu son baccalauréat, Charles Monsarrat s’engage dans l’armée pour quatre ans en mars 1895. Il est envoyé en Algérie, servant dans le 1er régiment de zouaves et y reste pendant toute la durée de son contrat. Il devient caporal en mai 1896 puis sergent en mars 1898.

Revenu à la vie civile, il épouse à Lille en mars 1900 Gabrielle Aimée Félicie Adèle Vandrisse. Le couple s’installe d’abord à Paris, rue Papillon (9e arr.). Embauché par la préfecture de police du département de la Seine, il est secrétaire de commissariat, adjoint du commissaire.

En mai 1900, il est affecté au commissariat de police d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne). Il désarme en août 1902, un « étudiant en médecine, parent d'un des plus grands artistes peintres du siècle », selon Le Matin, qui menaçait les passants avec plusieurs armes et qu’on estima victime du surmenage avant de l’hospitaliser à la demande de sa famille. Il est ensuite en poste à Boulogne (Seine, act. Hauts-de-Seine) puis nommé à Paris au quartier de la Roquette. Il occupe ce poste lorsqu’il est le premier reçu, en juin 1905, au concours annuel pour le grade de commissaire de police ou d’officier de paix. Il est nommé inspecteur principal des gardiens de la paix du sixième arrondissement.

Lors des grandes manifestations parisiennes pour le 1er mai 1906, Monsarrat dirige le service d’ordre fixe qui protège l'Institut de France, l'école des beaux-arts, l'école de médecine, ainsi que les patrouilles cyclistes, chargées de la surveillance des imprimeries.

Promu commissaire de police des communes de la Seine, c’est dans à nouveau à Ivry qu’il est nommé pour la première fois en janvier 1907. Il prend la succession de Gustave Pichenot, qui s'est suicidé. Il doit gérer, en août cette année-là, la disparition d’une enfant, dont la famille craint qu’elle ait été violée et assassinée ; elle sera retrouvée et le responsable du rapt arrêté. Plusieurs articles dans la presse relatent les recherches conduites par le commissaire.

Nommé en septembre 1908 à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), Monsarrat va y passer un peu plus d’une année jusqu’en décembre 1909.

Charles Monsarrat rejoint le poste de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commissariat important avec une trentaine d’agents, dont la circonscription comprend des villes comme Saint-Maur-des-Fossés, Champigny-sur-Marne et Nogent-sur-Marne. Il est identifié en tant que franc-maçon par le Bulletin hebdomadaire des groupes du Grand-Orient de France, mentionnant une adresse à Paris, rue de Charenton (12e arr.) et sa fonction à Joinville. Il résidera dans cette ville route de la Brie (act. avenue Galliéni).

Dès sa nomination, la rivière qui arrose toutes les communes de sa circonscription, la Marne, connaît une crue séculaire. Champigny est une des localités les plus éprouvées, avec une superficie d'environ 300 hectares complètement submergée. Monsarrat organise un service de bacs pour évacuer les habitants en danger et les faire héberger dans des hôtels de la commune. Avec le début de la décrue, en février 1910, il faut prendre de « rigoureuses mesures d'hygiène » pour éviter la propagation de maladies, et la presse remarque que M. Monsarrat, son secrétaire et de tout son personnel font preuve d’un « inlassable dévouement », n’ayant pas pris un seul moment de repos depuis le début de la crue.

En même temps que la lutte contre les inondations, le territoire doit faire face à un profond conflit social : la grève des métallurgistes de l’usine du Bi-Métal, qui dure trois mois, est soutenue par plusieurs autres groupes d’ouvriers de la Canalisation électrique, à Saint-Maurice, ou Leclère de Montreuil et conduite par la Confédération générale du travail (CGT). Des bagarres se produisent quand les propriétaires de l’usine tentent de faire remplacer les ouvriers qui ont arrêté le travail par des « nettoyeurs », qui doivent également dégager les installations qui ont été recouvertes de boues par la montée des eaux. Une centaine de grévistes conspuent et frappent la vingtaine de « jaunes », tandis que les agents qui viennent s’interposer sont accueillis avec des coups de revolver. Six des meneurs du mouvement sont arrêtés, dont le secrétaire du syndicat, Ingweiller, porteur d’une arme. Cependant, la troupe commandée par Monsarrat ne fit pas feu.

Le comportement du commissaire n’est pas apprécié par les grévistes. Le 20 mars 1910, lors d’une réunion publique tenue dans la commune voisine de Saint-Maurice, ils adoptent la motion suivante : « À Sa Majesté le commissaire de police. Depuis quelques années, de même qu'un empereur vous commandez en chef. Non content de cette quasi-majesté, vous vouliez nous faire subir le régime de votre bon plaisir ; vous vous êtes trompé, nous ne sommes pas vos esclaves, soyez-en persuadé, en prenant connaissance de l'ordre du jour suivant : Les compagnons révolutionnaires de Saint-Maurice protestent contre les brutalités du tyran, chef de la police de Joinville, cherchant par tous les moyens à faire un nouveau Villeneuve, et préviennent tous les exploiteurs que les camarades sont prêts à descendre dans la rue ». Les syndicalistes font référence à la répression du mouvement social des cheminots de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, act. Val-de-Marne), qui fit quatre morts le 30 juillet 1908 et 200 blessés parmi les ouvriers, ainsi que 69 blessés dans les forces de l'ordre.

Une demi-douzaine des remplaçants sont arrêtés par Monsarrat pour avoir volé des matériaux dans l’établissement, et l’usine finit par renoncer à briser la grève. Les personnes arrêtées sont condamnées à des peines modérées de quelques jours de prison avec sursis, à l’exception du responsable de la CGT, condamné à six mois fermes. Le quotidien L’Humanité considéra que l'affaire des grévistes du Bi-Métal avait été « machinée dans les conditions scandaleuses que nous avons déjà signalées, par le commissaire de police Monsarrat », qui aurait été « d'accord avec les patrons ». Le journal socialiste en veut la preuve dans la comparution d’un des témoins cités par l'accusation, Lucien Achille Zo qui assura que s’il avait fait une déposition utilisée contre les accusés, c'était « qu'il y avait été forcé par le commissaire de police. »

En octobre 1910, une délégation de la société des vétérans du Wurtemberg (Allemagne) vient inaugurer, à Champigny un monument aux morts, commémorant les pertes lors de la très meurtrière bataille qui eut lieu en novembre et décembre 1870. Compte tenu du contexte nationaliste dans ce haut lieu du souvenir de la défaite française, un service d'ordre très important fut mis en place par le commissaire Monsarrat. Il n’y eut pas d’incident, et une couronne fut déposée avec l'inscription « Les vétérans wurtembergeois à leurs camarades français. »

Le même mois d’octobre 1910, les forces du commissariat de Joinville sont de nouveau mobilisées pour un mouvement social. Deux cents maçons grévistes armés de matraques ont parcouru les communes de Champigny et Saint-Maur cherchant à débaucher les ouvriers qui travaillaient dans les chantiers. Dans cette dernière ville, quai de la Varenne, apercevant trois « renards », ils leur donnèrent l’ordre de cesser immédiatement le travail. Deux des ouvriers obéirent, mais comme le troisième se faisait prier, les grévistes se saisirent de lui et le frappèrent à coups de pied et de poing. Monsarrat avait obtenu le renfort d’un peloton de dragons, et, après une bagarre en arrêta trois pour entrave à la liberté du travail, rébellion et insultes aux agents.

À suivre

Charles Monsarrat, commissaire de police en 1907 (à gauche)

 

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28 avril 2023 5 28 /04 /avril /2023 02:01

Suite de la biographie de Mayer List

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier du Centre, rue Chapsal en 1939 après son départ d’Espagne, Mayer List est dans une situation dangereuse après l’occupation allemande en juin 1940. Juif apatride, il ne parle pas le français à son arrivée en France ; cependant, comme il maîtrisait déjà six langues, il a sans doute une capacité à apprendre cette langue et, en 1943, il sera capable de l’écrire correctement.

Selon l’historien David Diamant (pseudonyme de David Erlich), c’est à l’automne 1941 que Mayer List apprend la formation de groupes juifs au sein de la Résistance communiste. Bien qu’il soit toujours en mauvaise santé, il intègre le 2e détachement de l'Organisation spéciale-MOI (main-d’œuvre immigrée), qui devient en 1942 les Francs-tireurs et partisans (FTP-MOI) ; il est membre du triangle de direction avec Samuel Weissberg et Léon Pakin. Il en devient le responsable politique et prend la direction opérationnelle en juin 1942, suite à l'arrestation de Léon Pakin. Dans la clandestinité, il utilise notamment le pseudonyme de Markus.

D’après Fabrice Bourrée, « Mayer List est à l’origine d’une ruse de guerre très efficace : des partisans organisent une diversion dans une rue voisine du lieu qui devait être attaqué. Les gardiens de police accourent, quittant leur poste. Pendant ce temps, un autre groupe s’approche rapidement de l’objectif et dépose les bombes à retardement. »

Selon un bilan établit par Boris Holban (pseudonyme de Baruch Bruhman, fondateur et chef militaire des FTP-MOI), entre le 8 juillet 1942 et le 31 mai 1943, le détachement de List a mené cinquante-huit actions contre les troupes d’occupation : incendies de camions, dépôts de bombes à retardement devant des hôtels occupés par des Allemands, grenadage de restaurants fréquentés par l'occupant, de détachements militaires...

Le site Paris révolutionnaire situe cinq opérations dans la capitale. En 1942, il répertorie quatre attaques à la grenade : le 2 décembre 1942, un bureau d’embauche allemand avenue de Breteuil (7e arr.) ; le 12 du même mois, un groupe de militaires allemands place de la Nation (11e arr.) ; encore le même mois, le jour de Noël, un camion allemand rue Desaix (8e arr.) ; le lendemain, 26 décembre, un restaurant fréquenté par des officiers allemands faubourg du Roule (8e arr.). Le détachement de Markus établit rue de Meaux (19e arr.), à la mi-mai 1943, une cache de matériel pour les FTPF, destinée à préparer des déraillements de trains.

Depuis fin avril 1943, des inspecteurs de la 2e brigade spéciale (BS2) de la police parisienne l’ont identifié, lui ont attribué le surnom « Lunettes », et procèdent à sa filature.

Mayer List est arrêté le 2 juillet 1943. Son arrestation a lieu, si l’on en croit le site Paris révolutionnaire, dans un bistrot de la rue aux Ours où il mangeait régulièrement. Mais Jean-Pierre Besse et Daniel Grason, qui signent sa biographie dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, l’interpellation a eu lieu vers 10h30 « alors qu’il se présentait au domicile de Régine Castellane (Ruchla Widerker), avenue Pauline à Joinville-le-Pont ». Des perquisitions infructueuses des furent faites dans les deux adresses de Joinville, rue Chapsal et avenue Pauline.

L’opération menée par la BS2 provoque 77 arrestations au sein des FTP-MOI. List est trouvé en possession d’une fausse carte d’identité française au nom d’Oscar Maguin, né à Teruel (Espagne), d’un certificat de travail et d’une feuille de démobilisation au même nom. Lors de son interrogatoire, le même jour, il donne son vrai nom et se déclare « de nationalité polonaise et de race juive », de profession tailleur d’habits, mais sans activité, domicilié rue Chapsal à Joinville-le-Pont. Il nie appartenir au parti communiste clandestin et à une organisation dite terroriste.

Mayer List est livré aux nazis et jugé par le tribunal militaire allemand du Gross-Paris rue Boissy-d'Anglas (6e arr.), avec quatre co-inculpés, le 20 septembre 1943, qualifiés comme lui d’israélites. Selon Fabrice Bourrée, « Les faits qui leur sont reprochés montrent qu’ils n’ont rien avoué si ce n’est des éléments déjà connus de la police. Mayer List ne cache rien de ses activités au sein des Brigades internationales mais reste muet quant à ses actions résistantes. »

Mayer List André Engros, Boruch Lerner et Nonnique Tuchklaper sont condamnés à mort et exécutés le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine). Le cinquième FTP, Hirsch Loberbaum, est condamné à une peine de déportation d’où il ne reviendra pas. Ruchla Widerker, déportée à Auschwitz, aurait survécu et émigré après-guerre en Argentine.

Avant d’être fusillé, Mayer List adresse une lettre à sa famille en Argentine. Elle est également destinée à sa femme. À ses parents, Mayer List indique « Ma femme s’appelle Lamba Bluss » et qu’elle réside à Riga (Union soviétique, act. Lettonie), ce qui permet de supposer qu’ils ne la connaissaient pas, et donc que, probablement, elle n’était pas avec lui en Argentine. Selon David Diamant elle s’appelait Louba Bluss Bliumas, native de Riga en 1907. Peut-être l’a-t-il connue au Brésil, si Mayer List y a séjourné ? Des personnes d’origine lituanienne portant les noms de Bluss et Bliumas y sont signalés. Il conclut à son attention « Ma chère Lamba, j’ai déjà dit que ce n’était pas de ma faute de ne pouvoir ensemble vivre et arranger notre vie heureuse, alors je te souhaite une vie félice et travaille pour pouvoir aider mon frère ». Vu le ton de ce courrier, on peut supposer qu’il l’encourage à poursuivre un engagement politique.

L’une des deux compagnies de Juifs polonais qui se constituèrent à la Libération au sein du bataillon 51/22 dit bataillon Liberté prit le nom de Markus, en souvenir de Mayer List.

La mention « Mort pour la France » lui est attribuée le 12 juillet 2007.

Fin

Communiqué FTP-MOI

 

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26 avril 2023 3 26 /04 /avril /2023 02:01

Suite de la biographie de Mayer List

Les frères List Izhak, Herschs, Mayer et Shlomo ont émigré tous les quatre de Pologne en Argentine en 1929, où ils se font désormais appeler Jacob, Marcos, Gregorio et Julio. Ils deviennent membres du parti communiste argentin (PCA) et d’organisations syndicales, poursuivant les activités dans lesquelles ils étaient engagées avant le coup d’État polonais de 1926, selon les informations de Chaja Palgon-Urlant, chroniqueur des Juifs originaires d’Ostrów Mazowiecka. Marcos (Mayer) devient éditeur d’un journal édité en yiddish.

Il est membre actif du PCA lors du coup d’État argentin de septembre 1930, qui porte au pouvoir le lieutenant-général José Félix Uriburu. Le nouveau dictateur fit interdire le PCA et voter une loi prévoyant l'expulsion des militants d'origine étrangère. Une « section spéciale de lutte contre le communisme » est chargé de la mise en œuvre de ces mesures.

D’abord arrêté, Marcos (Mayer) émigre ensuite en Uruguay, en compagnie notamment de son frère Jacob (Izhak). Ce dernier, rentré clandestinement en Argentine, organise en septembre 1931 une grève des ouvriers du bâtiment à Rosario de Santa Fe pendant laquelle il trouve la mort.

Revenu également de manière illégale à Buenos Aires, Marcos est arrêté à plusieurs reprises, incarcéré à la prison du quartier de Devoto où il est torturé, d’après le témoignage familial d’Ezequiel Goldberg. Il y conduit une grève de la faim pour y obtenir de meilleures conditions de détention.

Devenu influent au sein du PCA clandestin, Marcos List est à la tête d’un groupe de choc, qui prépare notamment une tentative révolutionnaire au Brésil. Cependant, le Bureau sud-américain de l’Internationale communiste jugera que cette opération était « mal coordonnée » et avait des « objectifs équivoques. »

En mars 1936, Marcos est expulsé d'Argentine en compagnie de plusieurs personnes, dont son frère Gregorio (Herschs) sur un bateau à destination de la ville libre de Dantzig (act. Gdansk, Pologne). Il s’évade lors d’une escale au Brésil mais est repris par la police locale et doit poursuivre son voyage. Il fuit une deuxième fois à l’occasion d’une autre escale à Vigo (Galice, Espagne). Il participe, en juillet 1936, aux manifestations organisées à Vigo pour protester contre le putsch du général Franco. Il est arrêté avec deux autres polonais. Ils obtiennent un sauf-conduit du consul polonais, sous prétexte de retourner en Pologne. Marcos List stoppe son trajet à Paris. Selon Jean-Pierre Besse et Daniel Grason, qui signent sa biographie dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Jean Maitron, il aurait demandé l’asile politique en France, qui lui aurait été refusé.

Il se rend au siège du parti communiste français pour s’engager dans les Brigades internationales qui viennent de se créer et luttent pour défendre le régime républicain espagnol contre les forces nationalistes. En septembre, il est envoyé à Valence.

Marcos List parlait plusieurs langues : l'hébreu, le yiddish, l'espagnol, le portugais, l'allemand et le russe. Il est recruté en tant qu’interprète au sein du Bataillon Dombrowski, constitué en octobre 1936 par 600 hommes, originaires de Pologne, placés sous le commandement de Stanislaw Ulanowski, et intégrés à la XIe Brigade Internationale puis en décembre à la XIIe.

Avec son bataillon, Marcos List combat sur les fronts de Motril (Andalousie), de Bilbao, de Santander, des Asturies, de Teruel et de Castellón. Il est blessé dans un accident à Valence et ensuite est employé au ministère de la Défense nationale.

La dissolution des Brigades internationales est décidée en septembre 1938 par le gouvernement républicain, suite à une décision de la Société des Nations. Les volontaires étrangers sont renvoyés dans leur pays. N’ayant plus de nationalité, Marcos List, qui ne peut retourner ni en Argentine, ni en Uruguay, dont il avait été expulsé auparavant, souhaite se rendre à Moscou. Cependant, le récit d’Ezequiel Goldberg assure que les cadres du parti communiste espagnol se méfiaient de lui, comme de beaucoup d'autres étrangers, considérés comme des espions ou des trotskistes. Il présentait d'excellentes références du PCA et du parti communiste d'Uruguay, mais son frère David List, qui était adhérent du parti bolchevique et membre d’un soviet de Moscou avait été, en novembre 1937, victime des purges staliniennes dans cette ville.

Marcos List entre clandestinement en France à Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) au printemps 1939, réussissant à ne pas être repéré par les gardes-frontières. Selon l’historien David Diamant, il arrive sans papier et sans moyen de subsistance, dans la région de Toulouse. Il est contrôlé, couché dans un champ et à demi-évanoui, par des gendarmes, qui ne l’arrêtent pas, du fait de son état de santé, étant tuberculeux. Il gagne Paris.

À suivre

Photo Mayer List, arch. fam.

 

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