Émile Adolphe Guichard naît le 7 mai 1849 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Anne Camus et de son époux, Étienne Ambroise Guichard. Ses deux parents sont originaires de l’Yonne. Son père est entrepreneur de peinture et vitrerie.
Devenu également peintre en bâtiment, Émile Guichard épouse en juillet 1878 à Joinville Marie Julie Nerrant, fille d’un journalier de l’Indre. Il reprend puis gère l’entreprise familiale.
Comme son père et son frère Eugène, Émile Guichard soutient en juillet 1888, avec 17 personnes formant un « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », la candidature d’un mécanicien, Amédée Gosset, pour une élection municipale complémentaire après la mort du maire Gabriel Pinson. Gosset, héritier d’une dynastie politique locale, est appuyé par le journal Voix des communes, qui a pour chroniqueur un radical-socialiste classé à gauche, Henri Vaudémont. Il est élu conseiller municipal et le républicain Eugène-Voisin devient maire. En mai 1896, Guichard est l’un des quatre membres du bureau qui organise le compte-rendu du mandat des élus municipaux de Joinville.
L’engagement local d’Émile Guichard se fait principalement au sein de la compagnie de sapeurs-pompiers de Joinville, où il s’engage en 1875, à 25 ans. Il en est le responsable avec le grade de sous-lieutenant en décembre 1892. Il sera nommé lieutenant en 1898. Son frère Eugène sert également dans la même compagnie.
En février 1895, l’explosion d'une chaudière à l'usine du Bi-Métal, installée à Joinville, fait cinq morts, dont un nouveau-né, et trois blessés graves. Les pompiers de Joinville sont mobilisés, avec les compagnies des communes alentour et les militaires de l’école de gymnastique du Bois de Vincennes. L’émotion est très forte dans la ville.
Les sapeurs-pompiers organisent chaque année un banquet, en novembre ou décembre, pour mobiliser des fonds de soutien. Émile Guichard quitte ses fonctions actives en 1900, pour raison de santé ; on lui remet une épée d’honneur à Guichard pour ses 25 ans de service. Mais il reste secrétaire de la Société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de Joinville dont il a été le fondateur.
Émile Guichard meurt le 6 janvier 1911 à Joinville. Il était âgé de 61 ans. Il avait reçu cinq médailles pour actes de dévouement, dont, en décembre 1907, une médaille d’honneur pour ses 30 ans de service. Il avait aussi été attributaire de trois décorations au titre de son activité mutualiste, dont une médaille d’argent en juillet 1906. Il avait aussi été décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie en juin 1906. Enfant, il était lieutenant honoraire.
Lors de ses obsèques au cimetière de Joinville, c’est l’adjoint au maire Georges Briolay qui, en l’absence du maire, malade, lui rend hommage aux côtés d’officiers des sapeurs-pompiers de Joinville et des villes voisines. Son rôle mutualiste est particulièrement mis en avant. Le fils d’Émile, Jules Charles Guichard, sera également officier des sapeurs-pompiers de Joinville.
Émile Jean Baptiste Mousseaux naît le 8 juin 1843 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Élisabeth Reine et de son époux, Louis Adolphe Mousseaux, menuisier.
En janvier 1866 à Joinville, il épouse Julie Marie Guyot, fille de jardiniers vivant dans la commune, qui devient blanchisseuse. Émile Mousseaux poursuit l’activité de menuiserie de son père, qui est en 1868 à des deux artisans exerçant ce métier à Joinville.
Avant 1870, il rejoint la compagnie de sapeurs-pompiers de la commune. Elle est, en 1868, commandée par FerdinandRousseau, également capitaine de la garde nationale et futur maire de Joinville.
En novembre 1881, son épouse décède des suites d’un avortement clandestin. Elle avait mis au monde six enfants vivants et déclare au médecin qui l’examine peu avant son décès qu’elle avait déjà procédé à un autre avortement, un acte à l’époque considéré comme un crime. La sage-femme, supposée l’avoir aidée dans cet avortement, est jugée et acquittée en avril 1882.
L’entreprise Mousseaux connaît des difficultés d’exploitation. Comme cela avait déjà été le cas pour son père (deux fois en 1851 et 1857), Émile Mousseaux doit se déclarer en faillite en novembre 1886. Il réussit à clôturer l’opération par un concordat avec ses créanciers en janvier 1887 et reprend ensuite son activité.
Émile Mousseaux, qui réside alors rue des Marronniers, meurt à Joinville le 26 septembre 1908. Il était âgé de 65 ans. Son fils Ernest poursuivra l’activité de menuiserie. Il était membre de la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de Joinville.
En janvier 1900, il avait obtenu une mention honorable pour son activité de sapeur-pompier à la compagnie de Joinville-le-Pont. En décembre la même année, il est gratifié d’une médaille d’argent et d’un diplôme d'honneur pour avoir plus de trente années de services et avoir constamment fait preuve de dévouement. Lors de ses obsèques à Joinville, il est qualifié de « doyen des sapeurs-pompiers » et une allocution est prononcée par le lieutenant Coubleaux, chef de la subdivision. Sont présents notamment le maire, Eugène-Voisin, ses adjoints Paul Villain et Georges Émile Briolay (futur maire), Henri Vel-Durand, conseiller d’arrondissement et également futur maire, ainsi que dix conseillers municipaux. L’hebdomadaire, Voix des communes souligne qu’il s’était fait remarquer « par de belles actions. »
Étienne Ambroise Guichard naît le 25 janvier 1821 à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (Seine, act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne). Il est le fils de Geneviève Bourdillat, originaire de l’Yonne et de son époux Charles Félix Guichard, natif de Paris. Ils sont jardiniers et vivaient à Charenton puis à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) avant de rejoindre le village de La Branche. Étienne est le cadet de leurs six enfants.
Son épouse, Anne Camus, une couturière avec laquelle il se marie en août 1843 à Joinville, est également issue d’un village de l’Yonne.
Devenu entrepreneur en peinture et vitrerie, Étienne Guichard se voit attribuer, en septembre 1853, le lot correspondant pour la construction de l’église de Joinville-le-Pont, nouveau nom de sa commune de naissance ; très rare commune sans lieu de culte, Joinville va se doter de sa première église avec d’importants dons de la famille du maire, Charles Pierre Chapsal. Guichard constitue une société pour gérer son activité en 1861. Elle est basée dans le centre-ville, rue de Paris, là où il vit également.
En juillet 1875, Guichard participe, comme une très grande part de la population locale, à la souscription en faveur des inondés.
Sur le plan politique, la municipalité joinvillaise est restée conservatrice après l’établissement de la troisième République, même si les élus bonapartistes ont été éliminés. Après la mort du maire, Gabriel Pinson, une élection municipale complémentaire est convoquée en juillet 1888. Étienne Guichard fait partie, avec ses deux fils Émile et Eugène, du « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », 17 électeurs qui soutiennent la candidature d’un mécanicien, Amédée Gosset. Le journal Voix des communes, qui a pour chroniqueur un radical-socialiste classé à gauche, Henri Vaudémont, commente ainsi : « L’homme est sympathique (…) Ses capacités sont moyennes, son ambition des plus modérées, ses idées d’un progressisme médiocre. »
En matière sociale, Étienne Guichard est trésorier de la société de Saint-Nicolas, une société de secours mutuels basée à Saint-Maur-des-Fossés.
Étienne Guichard meurt le 14 janvier 1893 à Joinville. Il était âgé de 72 ans, décoré en juillet 1889 de la médaille d’argent de la mutualité et père de trois enfants. Son fils Émile continuera à l’exploiter l’entreprise de peinture et vitrerie, le second, Eugène, s’établissant comme menuisier.
L’hebdomadaire Voix des communes, anticlérical, s’étonne certes qu’il ait un enterrement chrétien mais lui rend hommage : « Le père Guichard, brave homme, franc-parler, causticité toute gauloise. Allocution de Marin, secrétaire de la société de secours mutuel Saint-Nicolas [futur maire de Saint-Maur] ; présence de Baulard [futur député radical-socialiste] et Vaudémont. »
L’église Saint-Charles-Borromée de Joinville-le-Pont
Gaston Alfred Jean Riou naît le 28 août 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de d’Hermance Coralie Denière, journalière, et de Jean Riou, alors militaire, chasseur 9e bataillon, stationné au fort de Gravelle, dans le Bois de Vincennes, sur le territoire de Joinville. Ses parents ne sont alors pas mariés mais leur union a lieu à Joinville en mai 1864. À ce moment, ses parents sont tous deux tailleurs d’habits et résident rue du Pont. Ils y sont encore lors du décès de leur deuxième enfant, en mars 1866. En 1872, la famille est installée dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, rue du Pont-de-Créteil.
Effectuant son service militaire, probablement en 1883, Gaston Riou est mobilisé dans le 84e régiment d'infanterie. Il quitte l’armée avec le grade de sergent major et effectuera comme sous-officiers plusieurs périodes dans la réserve.
Au moins à partir de 1892, il est négociant en vin, installé rue du Bois-Guimier, dans le quartier du Vieux Saint-Maur. Il acquiert également en 1900 auprès de son frère cadet, Fernand, un entrepôt de bière.
En août 1892 à Saint-Maur, Gaston Riou épouse Alexandrine Léonie Duplessis, fille de bouchers dans la même ville.
Accompagné de Léon Roy, Gaston Riou est le fondateur en 1900 de l’Amicale des anciens élèves des écoles de Saint-Maur-des-Fossés, société mutuelle et post-scolaire, dont il est le président. Il participe également à l’administration de la Caisse des écoles et du patronage laïque.
Toujours dans le domaine mutualiste, Gaston Riou est le trésorier de la société d’assurance La Fraternelle de Nogent-Joinville. Il préside l’Union des commerçants et industriels de Saint-Maur.
Pendant la première guerre mondiale, Gaston Riou s’intéresse au problème du financement des entreprises. Il exerce la fonction de correspondant de la Banque de France. Il s’intéresse à la loi du 13 mars 1917, portée par le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, Étienne Clémentel, qui autorise la constitution d’établissements financiers coopératifs et de sociétés de caution mutuelle.
À la fin du conflit, pour contribuer à l’accès au crédit des artisans, commerçants et petits industriels, il fonde, en octobre 1919 à Vincennes, avec Louis-Alexandre Dagot, Ambroise Leuret et Paul Muris, la Banque populaire de la banlieue Est, s’inspirant d’un modèle né à Angers en 1878. Aucun des quatre fondateurs n’a d’expérience professionnelle en tant que banquier. Gaston Riou en est administrateur délégué puis vice-président. À côté de l’agence centrale de Vincennes, qui démarre ses activités en décembre 1919, deux bureaux auxiliaires sont installés à Nogent-sur-Marne et Saint-Maur ; ils deviennent des agences à part entière en 1924. Ayant démarré avec trois salariés en 1919, la banque en compte 365 en 1930, dont le fils cadet de Gaston Riou, Germain.
Rebaptisée ultérieurement Banque régionale d'escompte et de dépôts puis BRED Banque populaire, l’établissement est dans les années 2020 la plus importante des banques populaires françaises, au sein du groupe BPCE. Après avoir été implantée à Créteil, elle a installé ses bureaux en 2014 à Joinville-le-Pont.
Lors des élections municipales de novembre 1919 à Saint-Maur-des-Fossés, Gaston Riou, figure sur la liste d’Union républicaine des anciens combattants et des comités d’action économique et d’intérêts généraux conduite par Auguste Marin, maire sortant, autrefois radical-socialiste et allié, dans la logique d’union ayant prévalu pendant la guerre, avec une partie des conservateurs et libéraux saint-mauriens.
Dans le domaine professionnel, Gaston Riou exerce son mandat de direction de la Banque populaire au siège de Vincennes en 1921. Il est ensuite agent général de la compagnie d’assurance La Nationale.
Comme Gaston Riou, Auguste Marin et un autre colistier, Émile Galtier, son futur concurrent, sont natifs de Joinville. La liste d’Union républicaine emporte dès le premier tour les 30 sièges à pourvoir, avec 53% des suffrages face à la liste socialiste à 31% et à une liste d’intérêt local.
Lors du scrutin, Gaston Riou arrive en tête du vote avec 3 603 voix sur 6 450 votants et 10 846 inscrits, soit 55% des votants. Marin n’arrive qu’en 29e position, avec 3 317 votes. Lors du conseil municipal qui suit l’élection, Marin est réélu maire, deux adjoints sont élus, Naudin et Chaligné, tandis que Riou complète la municipalité en étant désigné en tant que syndic.
Sur la même liste, Gaston Riou est réélu en mai 1925. Le nombre de postes d’adjoint ayant été augmenté, il est nommé troisième des cinq adjoints au maire. Il est désigné en juin 1927 comme représentant cantonal des sociétés de secours mutuels pour la gestion des allocations militaires de la banlieue.
Lors du scrutin de mai 1929, qui voit de nouveau la victoire de Marin, Gaston Riou est reconduit, arrivant au 4e rang des candidats. Il se retrouve deuxième adjoint au maire. Il représente Saint-Maur en mai 1929 dans la commission locale professionnelle, qui supervise l'enseignement technique.
L’élection de 1935 voit, à 78 ans, une sixième reconduction de Marin au poste de maire, même s’il arrive une nouvelle fois uniquement en 25e position dans l’élection. Gaston Riou arrive au huitième rang lors du premier tour, recevant 5 880 votes, soit 49% des 12 001 suffrages exprimés sur 12 347 votants et 15 547 inscrits. Il est réélu au second tour.
La majorité municipale écarte cependant sa reconduction au conseil municipal, l’hebdomadaire l’Union régionale signalant que ça se passe « sans douleur mais non sans injustice », jugeant que « Riou est un vieux saint-maurien bien connu, un honnête homme. »
Gaston Riou meurt le 3 janvier 1939 à Saint-Maur-des-Fossés, à l’âge de 76 ans, à son domicile de la rue Émile-Zola, dans le quartier d’Adamville. Il était toujours agent général d’assurance et conseiller municipal ; l’assemblée locale de Saint-Maur prononce son éloge le 7 janvier.
Gaston Riou avait obtenu de nombreuses décorations, dont trois au titre de la Mutualité avec le bronze en mars 1912, l’argent en février 1921 et l’or en mars 1925. Dans les Palmes académiques, il était officier d'académie en juillet 1912 puis officier de l’instruction publique en juin 1913. Enfin, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en août 1927 au titre du ministère du commerce pour son rôle à la Banque populaire.
Les époux Riou ont eu trois fils. L’aîné, Roger (né en 1893) fut lieutenant pendant la première guerre mondiale, décoré de la Croix de guerre et chevalier de la Légion d’honneur. Le second, Marcel (1898-1981) a été directeur à la Banque de France. Le dernier, Germain, travaillait en 1931 à la Banque populaire.
L’Amicale des Anciens Élèves de Saint-Maur-Centre rendit hommage en octobre 1950, à l’occasion de son cinquantenaire, à ses deux fondateurs, Gaston Riou et Léon Roy.
La direction de la Banque populaire à Vincennes (dont Gaston Riou)
Antoine Démont naît le 16 nivôse an 10 (6 janvier 1802) à Villié (act. Villié-Morgon, Rhône). Il est le fils d’Anne Cholet et de son époux Antoine Demont.
Après avoir perdu sa mère assez jeune, sans doute quand il avait huit ans, il vit avec son père, qui était probablement vigneron, à Corcelles (act. Corcelles-en-Beaujolais, Rhône).
Il fait un tour de France en tant que compagnon charpentier en 1829. À partir de septembre, il réside dans un hôtel garni à Paris (12e arr.), rue du faubourg Saint-Martin, haut lieu des métiers du bois dans la capitale.
En novembre 1829 à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (Seine, act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne), Antoine Démont épouse Henriette Apolline Destouches. Elle est la fille de Louis Destouches(1760-1850), limonadier et marchand de vin, conseiller municipal de la commune de 1818 à 1843. Ce sont d’ailleurs deux élus locaux qui sont ses témoins, Hippolyte Pinson, menuisier et Jean Marie Molette, instituteur tandis que ceux du mari sont des charpentiers.
Devenu, comme son beau-père, marchand de vin, vit quai Beaubourg (act. quai Pierre-Brossolette). Il s’engage dans la garde nationale de Paris où il est élu en avril 1834 lieutenant du 3e bataillon de la 3e Légion de banlieue, qui couvre la commune de Joinville-le-Pont.
Il semble se séparer de son épouse, puisque celle-ci est recensée seule en 1841 à Joinville alors qu’ils l’étaient tous les deux en 1836. Le divorce, institué pendant la période révolutionnaire, avait été supprimé sous la Restauration.
Présenté comme nouvel entrant, Démont rejoint la 2e Compagnie de chasseurs de la Garde nationale, qui est basée à Saint-Maur. Il est élu sous-lieutenant en mars 1846, Hacar étant capitaine. En avril 1852, il est lieutenant dans la 4e compagnie du 4e bataillon.
En matière professionnelle, Démont a repris son métier de charpentier. Profitant de l’élan donné à la formation de coopératives depuis la révolution de février 1848, et malgré la persistance de la loi Le Chapelier qui empêchait en principe les coalitions professionnelles, va être à l’initiative de ce que la presse décrit comme un « curieux essai d’association entre patrons et ouvriers ». Il rassemble les patrons et ouvriers charpentiers des villages de Joinville-le-Pont, Saint-Maur, Saint-Maurice pour soumissionner pour les travaux publics, et notamment ceux du canal latéral à la Marne. Le Moniteur industriel remarque qu’un décret récent permettait ces groupements, et qu’on avait également vu une société de 6000 ouvriers et 60 patrons soumissionner pour les travaux du chemin de fer de Paris à Lyon.
Outre son activité d’entrepreneur de bâtiment rue du Port-Créteil, à Saint-Maur, Antoine Démont installe sur la Marne, à Joinville-le-Pont, un bateau-lavoir. En juillet 1854, il s’y trouve quand il aperçoit un canot, chargé de huit personnes, emporté vers le barrage. Il plonge et le ramène vers le rivage. Mais en en descendant, une des passagères tombe à l’eau ; un de ses compagnons qui tente de la secourir, mais ils sont tous deux entraînés par la violence du courant. Démont les ramène cependant l'un et l'autre. Cependant, quelques instants à peine ensuite, un palefrenier tombe lui aussi dans la rivière en faisant baigner deux chevaux. Démont le sauve, puis rattrape également les deux animaux. Plusieurs journaux de la presse parisienne, mais aussi de province, rendent compte de ses exploits et soulignent qu’il reçut les applaudissements de nombreux spectateurs.
Un décret le désigne, en août 1865, en tant que conseiller municipal de Saint-Maur. Il exerce le mandat jusqu’en 1870.
Antoine Démont meurt le 23 juin 1875 à Saint-Maur, rue du Pont-de-Créteil. Il était âgé de 73 ans. Peut-être était-il père d’une fille.
Paul Jean Marie Bénit naît le 10 mars 1856 à Belleville (Seine, act. Paris). Il est le fils de Marguerite Charre et de son époux Alexandre Modeste Bénit, alors bronzier, plus tard marchand de journaux. Ils vivent rue des Jardins Saint-Paul à Paris (4e arr.), dans le quartier du Marais. Sa mère meurt quand il a quatre ans.
En décembre 1878 à Paris (15e arr.), Paul Jean Bénit épouse Émelie Julienne Zoé Blanchet, couturière. Ils vivent passage des Fourneaux dans cet arrondissement. Ils habitent en 1891 rue d’Angoulême (11e arr.) puis, à compter de 1896, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue de Joinville.
Paul Jean Bénit travaille en tant qu’opticien. En 1878, il est employé à la Société des lunetiers (SL). La SL est l’ancêtre du groupe Essilor, fondée en tant que coopérative en 1849 avant d’évoluer progressivement vers une structure de société plus classique. Il est voisin en 1901 à Joinville d’un autre opticien de la SL, Eugène Duhamel. En 1926, Bénit est toujours mentionné comme travaillant à la Société des lunetiers.
Une dizaine de personnalités de Joinville ont été associés à la Société des lunetiers : François Blaize, une des fondateurs et conseiller municipal ; Eugène Videpied, Pierre Jules et Stéphane Albert Tireau, ainsi qu’Eugène Thybaut, militants radicaux-socialistes ; Maurice Poitevin, tué lors de la première guerre mondiale ; Émile Cornu et Eugène Duhamel. Plus tard, Bernard Maitenaz, également joinvillais, sera aussi un des piliers d’Essilor, qui héritera d’une unité industrielle dans la commune, provenant de son autre ancêtre, SILOR.
Au mois d’août 1880, Bénit souscrit avec 81 autres personnes de la Société des lunetiers pour l'érection d'une statue d’Alexandre-Auguste, avocat et républicain progressiste, ministre de l'Intérieur du gouvernement provisoire institué lors de la révolution de février 1848, qui proclame la Deuxième République. Il fit notamment adopter le suffrage universel masculin.
La famille quitte Joinville, d’abord pour le boulevard Voltaire à Paris (11e arr.) en 1906 puis pour Saint-Maur-des-Fossés, commune limitrophe de Joinville en 1909. Ils résident avenue de Marinville et hébergent en 1926 les deux enfants de leur fils aîné, Paul Louis, devenu opticien, comme le cadet, Gaston Henri. Leur petit-fils, Roger Paul (fils de Paul Louis) le sera lui aussi.
Paul Jean Bénit meurt le 13 juin 1937 à Saint-Maur. Il était âgé de 81 ans.
André Louis Jacques Aclément naît le 19 octobre 1890 à Guérigny (Nièvre). Il est le fils de Marie Augustine Allary, couturière, et de son mari Nestor Pierre Adolphe Aclément, employé dans un établissement de la marine nationale, les Forges de Guérigny. Il deviendra chef du laboratoire de chimie, avec un grade d’officier, et sera décoré des Palmes académiques et de la médaille de bronze de la mutualité.
Devenu, comme sa sœur aînée, instituteur, après avoir suivi une école normale à Paris, André Aclément fait son service militaire en octobre 1911 au 13e régiment d’infanterie. Il est versé en décembre 1912 à la 8e section secrétaires d’état-major et démobilisé en novembre 1913.
En novembre 1913, il est instituteur à l’école du Centre de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).
Nestor Aclément, portrait mairie d’Urzy
Rappelé lors de la déclaration de guerre en août 1914, André Aclément est évacué malade d’une bronchite en décembre 1916. Déclaré inapte au service armé mais apte à la formation en novembre 1917, il retourne à la 8e section secrétaires d’état-major puis, en janvier 1919, à la 20e section. Il est démobilisé en août 1919. En juillet 1922, il est reconnu comme ayant une invalidité inférieure à 10%, avec « une sclérose très discrète des sommets, anémie et pâleur » ; il est considéré comme pouvant accomplir un service armé.
Son comportement pendant la guerre lui a valu une citation à l’ordre de la division en décembre 1918 : « Au front depuis le début de la campagne, a fait preuve d’un grand dévouement. A montré sous les bombardements de l’ennemi le plus grand sang-froid. »
En avril 1916, André Aclément épouse à Joinville Germaine Marie Barbier, également institutrice dans cette ville. Ils s’installent chez les beaux-parents, impasse Jules-Rousseau.
Son épouse adhère, en juin 1926 au Syndicat national des instituteurs, affilié à la Confédération générale du travail (CGT), organisation proche des socialistes.
André Aclément signe, en mai 1927, une pétition en faveur de Sacco et Vanzetti, accusés aux États-Unis d’espionnage en faveur de l’Union soviétique. Avec 43 autres joinvillais, ils demandent, dans le quotidien Le Soir, au gouverneur du Massachusetts de leur accorder une grâce parès leur condamnation à mort.
En mai 1932, en tant que membre de la section de Joinville du parti socialiste SFIO, Aclément participe à une « souscription de défense socialiste et républicaine pour la paix et le désarmement. »
La même année, il est collecteur de la société scolaire de secours mutuels et de retraite du 12e arrondissement de Paris.
Il quitte Joinville pour rejoindre en octobre 1933 l’école de garçons du quartier Belle-Épine à Orly (Seine, act. Val-de-Marne). Il divorce en juin 1934. Il est nommé directeur d'école publique à Colombes (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1937.
André Louis Jacques Aclément meurt le 4 février 1975 à La Charité-sur-Loire, dans la Nièvre, son département natal. Il était âgé de 84 ans. Décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze, il avait obtenu une mention honorable pour son action mutualiste en juin 1932 et les Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie, en juillet 1939.
Jules de Drouard de la Croisette naît le 17 juin 1867 à Beaumont-sur-Sarthe, Sarthe. Il est le fils naturel de Marie Joséphine Louise de Drouard de la Croisette et d’un père non dénommé.
À la naissance de Jules, Marie Joséphine est domiciliée chez Louis Mathieu, baron de Drouard de la Croisette (1781-1867), son grand-père, ancien employé supérieur du ministère des finances et gestionnaire du domaine privé du roi Louis-Philippe, époux de Louise Jeanne Joséphine de Bastriés. Elle est alors veuve, son premier mari, Félix André Charles Prosper de Pozac étant mort en avril 1866. En avril 1889 à Paris (17e arr.), elle épouse Auguste François Hamon, officier, qui le reconnaît alors pour son fils. Il porte désormais son nom.
Alors employé de commerce et vivant rue de Rome à Paris (11e arr.), Jules Hamon épouse dans cet arrondissement en mai 1894 Lucie Delphine Couvreur, papetière, elle aussi fille d’une mère célibataire.
Ils vivent dans les 10e et 19e arrondissements, rue du faubourg du Temple et boulevard de La Villette, avant de s’installer en 1899 à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), rue du Bois-Lhuillier puis en 1901 à Saint-Maurice (également Seine, act. Val-de-Marne), où ils ont plusieurs domiciles successifs dans la Grande-Rue.
En mars 1914, Hamon est élu au sein du bureau de la section de Saint-Maurice du parti socialiste SFIO. Il est délégué à l'Union des sections de la circonscription de Charenton-le-Pont ; Émile Gambon en est secrétaire depuis au moins 1909.
Pendant la première guerre mondiale, Jules Hamon, qui semble ne pas avoir fait de service militaire et a dépassé l’âge mobilisation, reste à Saint-Maurice. Il est actif, en 1915, au sein de la coopérative L’Avenir de Gravelle, important établissement installé à la limite du Bois de Vincennes, dans la commune de Saint-Maurice. La coopérative de consommation, créée en 1901, compte plus d’une centaine de membres. Elle joue un rôle dans les mouvements sociaux, comme la grande grève du Bi-Métal au début de l’année 1910 et accueille le siège de la section socialiste SFIO.
Toujours avec Gambon, Hamon constitue, en juillet 1915, un Comité de défense des intérêts des familles de mobilisés, qui a son siège à la coopérative.
En octobre 1918, Jules Hamon est désigné comme secrétaire de la section SFIO de Saint-Maurice ; il assure, en outre, la fonction de trésorier. Comme beaucoup d’autres, la structure locale a été très réduite du fait de la guerre.
Lors de la préparation du congrès de Tours de la SFIO, en décembre 1920, c’est toujours Hamon qui assume la fonction de secrétaire. L’approbation de l’adhésion à la troisième internationale est très majoritaire et, sur les 21 adhérents de la section, seuls deux restent dans la SFIO maintenue, les 19 autres, dont Hamon, rejoignant le nouveau parti communiste (qui porte initialement le nom de parti socialiste SFIC).
Pour le renouvellement du bureau de la section communiste, en mars 1921, Émile Gambon redevient secrétaire tandis que Jules Hamon est trésorier. Jusqu’en 1930, c’est lui qui verse les collectes faites suites aux appels à souscription lancées dans le quotidien L’Humanité.
La famille a déménagé en 1924 dans la commune limitrophe de Joinville-le-Pont, rue de la Liberté, dans le quartier du centre. Jules Hamon est devenu papetier, à l’instar de son épouse. Bien qu’issus tous deux de familles monoparentales, les Hamon conservent d’étroits liens familiaux ; les trois garçons survivants (les deux premiers enfants sont morts très jeunes) vivent avec les parents, même après leurs mariages. Les deux aînés se marient d’ailleurs, le même jour, en septembre 1924 à Joinville. Et Jules Hamon partage, avec ces deux derniers (Léon et Georges) le même engagement politique : ils sont tous deux candidats sur la liste communiste lors des élections municipales de mai 1929 à Joinville.
Pour le scrutin suivant, en mai 1935, c’est Jules Hamon qui figure sur la liste des candidats du parti communiste pour les municipales de Joinville, conduite par Robert Deloche. Il est possible que ce soit son fils éponyme, Jules Hamon, cependant ce dernier, papetier comme son père, ne réside plus dans la commune en 1936, contrairement au reste de la famille.
Il paraît donc plus probable que ce soit Jules Hamon père qui recueille au premier tour 668 voix pour 2 856 suffrages exprimés (23,4%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.
Au second tour, la liste communiste, arrivée en troisième position derrière les conservateurs et les radicaux-socialistes, fusionne avec les socialistes dans le contexte de la mise en place du Front populaire. La liste unifiée est conduite par un indépendant, André Blocher, mais comporte une majorité de membres du PCF. Elle échoue de peu et emporte deux sièges sur les 27 à pourvoir. Jules Hamon ne figure pas sur la liste fusionnée pour la deuxième partie du scrutin, bien qu’il ait été en neuvième position au premier tour et que 16 communistes se soient présentés. Le conservateur Léon Lesestre est élu maire.
Jules Hamon meurt le 17 janvier 1943 à Joinville. Il est inhumé le 20 dans le cimetière communal. Âgé de 75 ans, il avait eu cinq enfants.
La coopérative Avenir de Gravelle à Saint-Maurice en 1907
Ambroise Denis naît le 04 décembre 1870 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Rosalie Ernot, chapelière et de Guillaume Denis, tourneur qui vivent rue de Montreuil et ne sont alors pas mariés. Ils s’épouseront en mai 1875 à Paris (12e arr.).
Son père est de nationalité belge puis acquit la nationalité française après la loi de juin 1889. En conséquence, Ambroise Denis est appelé à faire son service militaire en 1893, mais obtient un sursis de trois mois en novembre cette année-là, étant malade. Il est incorporé en février 1894 au 115e régiment d’infanterie mais réformé en novembre, sa tuberculose ayant été détectée.
Il exerce la profession de tourneur sur bois et vit d’abord dans le 11e arrondissement de Paris, rue Saint-Bernard, puis dans le 12e rue de Reuilly, ensuite passage Montgallet et enfin rue Érard. Il a pour compagne Marie Louise Moerman, corsetière de nationalité belge, avec laquelle il a trois enfants entre 1897 et 1901, dont il reconnaît être le père.
Devenu débitant de boisson et restaurateur, Ambroise Denis gère en 1909 un établissement situé avenue Pauline à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Entre cette date et 1914, la salle Denis accueille notamment cinq réunions du parti socialiste SFIO et une autre d’une coopérative, La Travailleuse de Champigny-Joinville.
Lors de la constitution de la société de secours mutuels Assurance fraternelle de Joinville-Nogent, en octobre 1909, Denis en est le trésorier. Le président est Chéri Arnaud, industriel, alors conseiller municipal et futur adjoint au maire de Joinville.
En 1911, Marie Louise Moerman et Ambroise Denis sont installés tous deux à Joinville, mais dans des résidences séparées, elle rue du Cimetière, dans le quartier de Palissy, lui avenue Pauline, dans le quartier de Polangis. Leurs enfants sont recensés aux deux adresses.
Au cours de la première guerre mondiale, Ambroise Denis est mobilisé pour effectuer un service non armé, d’abord à Joinville-le-Pont puis à Vincennes. Il a cessé d’exploiter le restaurant, qui est repris par Nouyrit en 1915 et continue d’abriter des réunions d’associations et de formations politiques, socialistes et communistes. Après sa reprise par Masson puis par Raymond Vialatelle, l’établissement restera toujours un lieu important de la vie politique locale jusqu’en 1936.
Après-guerre, Ambroise Denis reprend son activité de tourneur sur bois. Il vit toujours en 1921 avenue Pauline, avec son frère aîné Henri, également tourneur sur bois. Puis il s’installe dans le centre-ville, avenue Molette où il est installé en 1931 et 1936. Il est sans emploi à cette dernière date.
Ambroise Denis meurt le 16 avril 1950 à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne). Il résidait probablement encore à Joinville.
Un autre établissement a porté le même nom, la Maison Denis, située rue Chapsal, dans le centre-ville de Joinville et accueillait également des réunions du parti socialiste SFIO entre 1927 et 1929. Elle était exploitée par Émile Denis, qui n’a pas de lien familial avec Ambroise Denis.
La Maison Denis, avenue Pauline à Polangis (Joinville-le-Pont)
Eugène Petit naît le 23 juin 1873 à Paris (17e arr.). Il est le fils d’Eugénie Martin et de son mari, Jules Petit, coiffeur. Ils vivent rue des Dames.
Ayant perdu son père, Eugène Petit fait un service militaire réduit à un an à partir de novembre 1894, au sein du 162e régiment d’infanterie. Il est alors employé de commerce.
Devenu comptable, Eugène Petit épouse en mars 1900 à Paris (17e arr.) Juliette Léonie Loyauté, institutrice à Clichy (Seine, act. Hauts-de-Seine). Ils s’installent d’abord dans cette ville, avenue du Bois puis reviennent à Paris, rue Legendre (17e arr.) et ensuite rue Lamarck (18e arr.).
Début 1911, ils viennent vivre à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le centre-ville, rue de Paris.
Mobilisé au début de la première guerre mondiale au sein du 12e régiment territorial d’infanterie en août 1914, Eugène Petit, atteint de surdité, est affecté à partir de septembre 1915 à des services auxiliaires. Il rejoint, en mars 1916 la 20e section de commis et ouvriers d’administration et est nommé caporal, en juin 1917. Il est détaché, en octobre la même année, au grand magasin des Nouvelles Galeries à Paris puis hospitalisé en juin 1918. Après la guerre, il sera définitivement réformé en décembre 1921 et obtient une pension de 10% pour paralysie générale.
Lors des élections municipales de décembre 1919, Eugène Petit est candidat à Joinville-le-Pont sur la liste d’Henri Vel-Durand (radical dissident), qui comprend également les radicaux-socialistes et des socialistes indépendants. Elle obtient au premier tour 44,8% des votes, contre 29,0% aux socialistes SFIO et 26,2% au Bloc indépendant (droite). Au second tour, sa liste emporte les 23 sièges à pourvoir avec 65,5% devant les socialiste (34,5%). Petit recueille 962 voix pour 1 518 suffrages exprimés (63,4%) sur 1 537 votants et 2 491 inscrits. Vel-Durand est élu maire.
En octobre 1920, Petit accompagne le maire à une réunion de l’Association des commerçants de la ville.
Parallèlement à ses activités politiques, Eugène Petit est membre du conseil d’administration de la société de secours mutuels des comptables de la Seine.
Eugène Petit meurt le 18 janvier 1922 à Paris (14e arr.), au sein de l’hôpital Sainte-Anne où il était sans doute hospitalisé depuis plusieurs mois puisqu’il n’avait pas, contrairement à sa famille, été recensé en 1921. Il était toujours considéré comme comptable et domicilié à Joinville. Âgé de 48 ans, il était père de deux garçons. En février 1921, il avait été décoré de la médaille d'argent de la Mutualité.