Lucie Glasener naît le 6 août 1891 à Bionville, Meurthe-et-Moselle. Elle est la fille de Marie Amélie Petit et de son époux Jean Nicolas Augustin Glasener. Son père, natif du village, est d’abord ouvrier agricole puis tisserand (comme une grande part de la famille) et aurait été ensuite voiturier. Sa mère est originaire du village voisin, Allarmont, situé dans le département des Vosges même s’il n’est séparé de Bionville que par une modeste rivière, La Plaine. Le couple a eu huit enfants, dont sept filles, Lucie étant l’avant-dernière.
La famille vit dans le hameau des Noires Colas, qui compte, en 1896, 140 habitants sur les 509 de la commune ; il n'en aura plus que 57 en 1921, Bionville ayant alors perdu plus de la moitié de sa population (227 h.). Après l’an 2000, on compte un peu plus de 100 personnes dans le territoire. Un oncle de Lucie, Jean Baptiste Glasener, fabricant de broderies, était adjoint au maire du village en 1876.
En 1911, Lucie Glasener est domestique, au service de Charles Lecuve, industriel du bois, qui vit à Allarmont, dont il est maire depuis 1904. Il a trois enfants.
Au début de la première guerre mondiale, les villages de Bionville et Allarmont sont envahis par l’armée allemande, comme toute la partie supérieure de la vallée de la Plaine. Comme d’autres otages pris dans les communes voisines, le maire Charles Lecuve et le curé d’Allarmont, l'abbé Alphonse Mathieu sont arrêtés le 24 août 1914, sans justification particulière. Ils sont fusillés à quelques centaines de mètres, sur le territoire de Celles au lieu-dit le carrefour de la Soye.
Lucie Glasener reste au service de Maria Julie née Mathieu, l’épouse de Charles Lecuve et s’occupe des trois enfants, Charlotte, Pierre et Marthe. Le village reste sous occupation allemande pendant toute la durée du conflit.
En 1926, Lucie Glasener est toujours à Allarmont avec Maria Lecuve et ses deux cadets. Elle répond, en août 1931 à un appel de la sous-section de Bionville de l’association des anciens combattants pour financer le drapeau des anciens combattants de la commune. La plus jeune des filles Lecuve, Marthe, y participe aussi « en mémoire de son père fusillé par les Allemands ». Toutes les deux ont versé cinq francs, et la collecte totale est de 521 francs.
C’est le 6 septembre 1931, sous une pluie battante, que les dix-huit anciens poilus de Bionville reçoivent leur drapeau, en présence de camarades venus de Badonviller et d'Allarmont, avec une fanfare. C’est le colonel Chanal, commandant le 158e régiment d'infanterie, qui procède à la remise, auprès de Fortier, président de la sous-section locale.
En 1936, Lucie Glasener vit à Aubervilliers, rue des Cités, dans la maison de Paul Vatelot, industriel de la literie, et de son épouse Charlotte, la fille aînée de Maria Lecuve. Ils ont trois enfants, Bernard, Nicole et Françoise. Ils retournent tous les étés dans la maison d’Allarmont et s’y trouvent au moment de la nouvelle occupation allemande en 1940. Une grande partie de la maison Lecuve est réquisitionnée par l’armée allemande.
Ayant pris sa retraite, Lucie Glasener réside en 1966 dans une partie de sa maison natale, aux Noires Colas.
Lucie Glasener meurt le 30 mars 1980 à Raon-l’Étape (Vosges), où elle était hospitalisée. Elle était âgée de 89 ans.
Mise à jour de l’article « Vernière et le projet inabouti des logements sociaux de Polangis » du 04/11/2019 après accès à de nouvelles archives.
Albert Jean Baptiste Vernière naît le 9 février 1871 à Montilly (Allier). Il est le fils de Catherine Élisa Guillet et de Pierre Vernière ; ses deux parents sont instituteurs, comme le sera également sa sœur Marie Denise, épouse de Jean Forge (1869-1940).
Pour sa part, Albert Vernière fait des études scientifiques, d’abord à Paris. À 18 ans, il devance l’appel au service militaire et s’engage, pour trois ans, à Paris (3e arr.) en octobre 1889 et est affectée au 125e régiment d'infanterie. Il revient à la vie civile en septembre 1892 et effectue des périodes en tant que réserviste en octobre 1897 et mars 1902.
Il reprend des études en Languedoc, à l’université de Montpellier (Hérault). Albert Vernière enseigne à l’institution Saint-Louis-de-Gonzague, établissement catholique privé à Perpignan (Pyrénées-Orientales). C’est dans cette ville qu’il épouse, en février 1898, Adrienne Micheline Sarda, fille d’un important minotier établi dans le quartier du Haut-Vernet.
Pour l’activité professorale, le couple va s’installer en région parisienne, d’abord à Courbevoie en 1900. Mais il continue à avoir des relations fortes avec l’Occitanie ; c’est à Perpignan, dans la demeure des beaux-parents, que naissent en septembre 1900 et mars 1903 leurs deux premiers enfants. Vernière fait, en octobre 1902 une conférence sur « la liberté d'enseignement » à Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales). Il obtient son certificat d'études, physiques, chimiques et naturelles de la Faculté des sciences de Montpellier en juin 1903.
Désormais installé durablement autour de la capitale, les Vernière vivent à Antony (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1904-1905. Puis après avoir cessé son métier de professeur, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils résident en 1907 quai Beaubourg (act. quai Pierre-Brossolette) puis en 1908 dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, avenue du Chalet (villa Schaken) et en 1909 de nouveau à Joinville, avenue des Platanes.
La Compagnie générale de phonographes, cinématographe et appareils de précision (société Pathé-frères), dirigée par Charles Pathé et implantée à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) se lança dans la fabrication industrielle de films vierges en 1906 et créa les laboratoires de Joinville, dans le quartier de Palissy.
Vernière est, sans doute à partir de 1906, employé de la société Pathé qui lui confie une fonction s’apparentant à celle d’un chargé des relations extérieures. Il dispose d’un statut confortable, puisqu’une voiture et un chauffeur sont mis à sa disposition. Il veut construire des habitations à bon marché sur un terrain dont elle est propriétaire, boulevard de Polangis. La coopérative à capital variable Union des Prévoyants de Polangis est mise en place en juin 1908. C’est, en France, une des premières institutions de ce type. Son siège est fixé chez Paul Alombert, commissaire vérificateur, rue Chapsal, à Joinville. Vernière publie des affiches, informant les joinvillais sur le projet coopératif et sa finalité.
Dotée d’un capital de départ de 30 000 francs, l’institution attire, selon la presse locale, de nombreux souscripteurs, et a placé, en octobre 1908, 3 800 billets pour 19 000 francs. En 1912, le bilan de l’Union des Prévoyants de Polangis mentionne des obligations remises à la caisse des dépôts pour un montant de 66 000 francs. Un rapport de 1922 évalue ses fonds à 200 000 francs. Cependant, il semble qu’aucune construction sociale n’ait été faite par la coopérative, qui n’existe plus au moment de la constitution du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville en avril 1931.
Dans la société Pathé, Vernière s’occupe des rapports avec la municipalité. Les relations sont difficiles, plusieurs élus et d’autres personnalités locales critiquant par exemple la construction de la cheminée. Quand l’usine demande à augmenter son stock de celluloïd, l’assentiment du conseil municipal n’est donné que sous réserve de précautions. Pour faire pression sur les élus, Vernière fait circuler un mot d’ordre de vote contre Henri Vel-Durand, candidat radical-socialiste au conseil d’arrondissement en juin 1908. Il sera cependant réélu, contre un candidat socialiste indépendant, René Martin et un socialiste SFIO, Tranchant.
En avril 1908, Vernière est président d’un comité d’action sociale qui dialogue avec les socialistes SFIO de Joinville, notamment Henri Lacroix. Il aurait été constitué en 1906, alors que Vernière avait demandé à adhérer au comité radical-socialiste. En juillet 1908, Vernière suspend son comité d’action sociale et rejoint le comité républicain-socialiste indépendant, dit évolutionniste, ce qui provoque le départ d’un de ses fondateurs, Eugène Hainsselin.
Hainsselin et Vernière vont cependant se réconcilier rapidement, et ce dernier soutient la publication du journal L’Indépendant, publié par Hainsselin, syndicaliste et ancien socialiste-révolutionnaire puis socialiste SFIO, mais qui a aussi le soutien de Gaston Méry, conseiller municipal réactionnaire de Paris, rédacteur au journal d’extrême-droite LaLibre Parole.
En octobre 1908, les évolutionnistes Hainsselin, Martin et Vernière font alliance avec Théophile Leteuil, ancien conseiller municipal radical-socialiste démissionnaire.
Vernière quitte la maison Pathé vers la fin de 1908.
Les années 1900 sont ceux de déboires avec l’armée. Peut-être du fait de ses déménagements qu’il n’aurait pas signifié, il ne répond pas à des appels pour effectuer des périodes de réserve. En novembre 1907, il est déclaré « insoumis », une mesure levée en novembre 1910 pour prescription ; mais il est de nouveau inscrit sur les registres de l’insoumission en mars 1911.
Au cours de la première guerre mondiale, résidant alors à Paris (20e arr.), rue Duris, Albert Vernière est arrêté par la police en septembre 1915. Une ordonnance rendue en octobre prononce un non-lieu à son égard, et il est affecté au 98e régiment territorial d'infanterie. Cependant, il ne rejoint pas son poste, du fait de son statut d’homme marié père de trois enfants vivants.
N'exerçant plus de profession, Albert Vernière vit à Ardillières (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime), sans doute auprès de son père. Il meurt dans ce village de l’Aunis le 25 avril 1918. Âgé de 47 ans, il était divorcé et avait eu quatre enfants, dont un mort en bas âge.
L’usine Pathé à Joinville-le-Pont ; les bâtiments et la cheminée sont toujours existants en 2024
Désiré Guille naît le 25 mai 1895 à Paris (14e arr.). Il est le fils d’Adèle-Hermantine Guille, journalière, qui réside 13, rue Brézin. Son père, qui n’est pas nommé alors, le reconnaît lors de son mariage, en août 1896, en même temps que son frère aîné Eugène ; il s’appelle également Désiré Peteau et est cocher. Il disparaît cependant en 1900, année où naît sa sœur Maryse.
Devenu plombier couvreur, Désiré Peteau est mobilisé au cours de la première guerre mondiale. Il rejoint le 39e régiment d'infanterie en décembre 1914, passe au 176e en mai 1915, au 148e en janvier 1916 puis au 70e en décembre 1917. Malade, il est évacué le 3 janvier 1918 et ne sort de l’hôpital qu’un an plus tard. Démobilisé en septembre 1919, il se voit refuser la délivrance d’un certificat de bonne conduite. Après-guerre, il se verra reconnaître que le paludisme dont il souffre est imputable à son service militaire, et il se verra accorder, en juin 1931, une pension d’invalidité de 10%.
Avant de quitter l’armée, Désiré Peteau épouse en avril 1919 à Paris (11e arr.) Isabelle Alexandrine Colas, couturière. Ils vivent d’abord rue Keller puis, dans la seconde moitié des années 1920, rejoignent Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, quai d’Anjou. Il connaissait sans doute déjà l’endroit, car il avait participé en juin 1913 à un grand-prix des débutants organisé couru entre la commune voisine de Champigny-sur-Marne et Soignolles-en-Brie (Seine-et-Marne).
Travaillant comme artisan indépendant, Désiré Peteau milite au sein de la section locale du Parti socialiste SFIO. Il est candidat, au nom de sa formation, pour les élections municipales de mai 1929 sur la liste du Groupement des gauches républicain, conduite par le tapissier Georges Briolay, radical-socialiste. La liste comprend 11 radicaux, 10 socialistes indépendants et 6 socialistes SFIO. Au premier tour, elle affronte les sortants de la Liste de concentration républicaine, conduite par le maire Stephen Durande et soutenue par les formations de droite, ainsi qu’une liste dite du Bloc ouvrier et paysan, soutenue par le parti communiste.
Les candidats de la municipalité sortante sont en tête au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant la liste de Briolay (35,9%) et les communistes (16%). Peteau obtient 713 voix pour 2 126 exprimés (33,5%) sur 2 969 inscrits. Bien qu’il n’y ait pas d’accord véritable, le PCF retire sa liste pour le second tour. Les candidats de centre-gauche remportent 22 des sièges à pourvoir, la droite empochant les 5 derniers, le maire Durande étant battu. Sur leurs six candidats, les socialistes SFIO en envoient quatre dans l’assemblée municipale, dont Georges Roger, employé au Gaz de Paris, qui devient adjoint au maire. Peteau, pour sa part, n'est pas élu.
En mai 1930, il fait partie des 14 membres de la section SFIO de Joinville qui souscrivent pour soutenir le quotidien du parti, Le Populaire.
En juin la même année, il recueille la contribution des ouvriers communaux pour l’apporter au Comité de Joinville-le-Pont pour les victimes des inondations du Midi.
Au cours de la deuxième guerre mondiale, Désiré Peteau est rappelé le 13 septembre 1939. Il est renvoyé dans ses foyers dès le 4 octobre de cette année-là. Il meurt le 21 novembre 1941 à Courbevoie, où il est hospitalisé, résidant toujours à Joinville. Selon la généalogie qui lui est consacrée par Jean Jacques Guille, la cause de son décès est « très probablement un accident du travail vers Courbevoie ». Il est père de trois enfants, dont l’aîné porte également le nom de Désiré Peteau.
Alfred Jean Baptiste Daudé naît le 10 mars 1882 à Carmaux (Tarn). Il est le fils de Philippine Mors et de son époux Jean Daudet, ouvrier verrier comme les deux témoins de la naissance. Ils vivent dans le quartier des Ginestes, situé entre le centre-ville et la verrerie. Un jugement rendu en mars 1897 modifiera son patronyme en « Daudet. »
Alors garçon limonadier, Alfred Daudet effectue son service militaire en novembre 1903 au sein du 17e régiment d'infanterie. Il est promu caporal en septembre 1904 et démobilisé en septembre 1906.
Son livret militaire mentionne qu’il séjourne en janvier 1909 au sein de l’école supérieure de la guerre, avenue de la Motte-Picquet à Paris (7e arr.). Peut-être faut-il l’assimiler avec le participant au Tournoi d’épée de Béziers en mai de cette même année, décrit ainsi par La Vie biterroise « M. Daudet, qui fut longtemps à Joinville et à l'école de Guerre est de la force d'un grand maître d'armes. Handicapé par une indisposition, il a bravement lutté jusqu'au bout ». Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) accueillait l’école normale de gymnastique et d’escrime. Mais il s’agit plus probablement de son frère, Gabriel Daudet, brigadier d’escrime à l’école du Génie et d’artillerie de Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).
En février 1907 à Carmaux, Alfred Daudet, dont les parents résident désormais à Albi, a épousé Aurélie Décuq, modiste. Ils vivent à Alfortville en 1909 puis à Vincennes en 1910, où il est cuisinier en 1911 et à Joinville-le-Pont en 1913, route de Brie (act. avenue Galliéni), dans le quartier de Polangis.
Au cours de la première guerre mondiale, Alfred Daudet est mobilisé en août 1914, après le diagnostic d‘une tachycardie, il est affecté en juillet 1915 à un service non armé pour deux mois, puis rejoint le 76 régiment d'infanterie. Malade, il est évacué en avril 1916 et de nouveau retiré des unités combattantes. Il travaille à partir d’octobre 1917 dans le service de gestion des prisonniers de guerre. Il est démobilisé en mars 1919.
Vivant toujours à Joinville-le-Pont, Alfred Daudet et son épouse sont tous deux employés à Ciné-Studio, une est entreprises cinématographiques de la commune. Ils emménagent en décembre 1924 rue du 42e de Ligne, dans le quartier de Palissy.
Dans sa commune, Alfred Daudet s’engage au sein de l'Union socialiste-communiste, organisation créée en avril 1923 par la fusion de deux regroupement d’anciens responsables communistes, qui ont refusé de se plier aux injonctions leur interdisant d’être francs-maçons ou membre de la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen. Localement, c’est Jules Edmond Neumann, professeur d’allemand, qui a fondé la section locale de l’USC. En décembre 1924, Neumann et Daudet participent à la constitution du cartel des gauches à Joinville-le-Pont. Ils entrent dans la commission chargée d’élaborer un programme politique et municipal commun, aux côtés de deux radicaux-socialistes, le tapissier et futur maire Georges Briolay (1863-1940), ainsi que l’ouvrier d’imprimerie Émile Herluison (1887-1952). Il y a aussi deux socialistes SFIO, le mécanicien Léon Berthet (1895-1969) et le comptable Claude Noizat (1890-1945),
Comme la majorité des membres de l’USC, Daudet rejoint ensuite le Parti socialiste SFIO. Il est membre de la section en 1930 et désigné, en janvier 1931, pour participer au comité de presse, chargé de la diffusion du quotidien Le Populaire.
En juillet 1934, dans l’hebdomadaire radical local, Alfred Daudet publie une lettre ouverte au maire, Georges Briolay. Il rappelle d’abord qu’il a pour lui, depuis dix ans, estime et amitié. Puis il le félicite « pour et le courage avec lesquels [il a] fait de Joinville la cité moderne que nous connaissons aujourd’hui ». Mais il considère que son « travail n’est pas fini » et qu’il ne doit pas se reposer sur ses lauriers. En effet, l’élargissement de l’avenue Galliéni, qu’il approuve, entraîne des dangers pour ceux qui traversent. Aussi, il lui demande « d’envisager de toute urgence soit la pose de clous, soit l’installation de refuges ou de signaux d’arrêt. »
Alfred Daudet meurt le 31 mars 1955 à Mirandol-Bourgnounac (Tarn) où il avait pris sa retraite. Il était âgé de 73 ans et avait un fils, qui travaillait comme dessinateur industriel.
René Louis Malpart naît le 28 décembre 1897 à Lorient (Morbihan). Il est le troisième fils d’Adolphine Louise Peyrecave et de son mari Jules Émile Malpart. Ils vivent rue Paul-Bert puis s’installent à Brest (Finistère).
Son père, marchand forain ambulant, meurt, à 26 ans, en juin 1898 à Brest alors qu’il était hospitalisé. Sa mère se remarie en juillet 1900 à Brest avec Charles Louis Laudic, commissionnaire, avec lequel elle aura sept autres enfants. La famille vit entre Brest, principalement, et Lorient (1911-1913). Selon la généalogie de Laure Titelein, Louise Peyrecave, fille naturelle d’une chanteuse en février 1875 à Nantes, aurait elle-même été chanteuse de rue, sans doute après le décès son deuxième époux en mai 1937 à Brest. Elle-même décède en avril 1956 à Colombes, sans-domicile.
Devenu sculpteur sur bois, René Louis Malpart est appelé, à 18 ans, pour son service militaire au cours de la première guerre mondiale. Il est affecté au 62e régiment d'infanterie puis passe en septembre la même année au 161e. En janvier 1917, il est évacué suite à des blessures au poignet gauche par coup de feu et à des troubles de l’audition à l’oreille gauche, qui lui vaudront une reconnaissance partielle d’invalidité. Son comportement au combat est salué en juillet la même année par une citation à l’ordre du régiment : « Belle conduite au feu. »
Le 15 juillet 1918, Malpart est fait prisonnier par l’armée allemande à La Neuville-au-Larris (Marne). Il est détenu à Bad Langensalza (Thuringe), d’où il est rapatrié en janvier 1919. Il est alors affecté au 19e régiment d'infanterie et démobilisé en septembre 1919.
Revenu à Brest, René Louis Malpart, domicilié rue de Sébastopol, travaille comme docker. En mai 1920, il est arrêté après avoir « été surpris volant des marchandises sur les quais du port de commerce, au préjudice de l'armée serbe » selon La Dépêche de Brest. Il est condamné à un mois de prison avec sursis, sa peine étant amnistiée en avril 1921. Il séjourne alors à Granville, dans la Manche.
Ayant repris son métier de sculpteur, René Louis Malpart épouse en juillet 1921 Marie Félicité Jan, native d’une commune de l’agglomération brestoise. Ils vont s’installer en région parisienne, à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Leur domicile se situe rue Jeanne-d’Arc, dans le quartier de Polangis, qui est partagé avec la commune de Joinville-le-Pont. De fait, René Louis Malpart aura une activité civique dans cette dernière ville.
Il rejoint l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), créée en 1917 et présidée par l’écrivain Henri Barbusse. Il est trésorier de la section de Joinville. Il est également membre du Parti communiste français.
En avril 1927, René Malpart participe au grand prix cycliste de L’Humanité, organe du PCF
René Louis Malpart meurt le 1er juillet 1928 à Champigny-sur-Marne, âgé de 30 ans. Il était décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze, et avait aussi obtenu la médaille de la victoire et la médaille commémorative.
Le quotidien communiste L’Humanité publie un article expliquant que « Notre camarade René Malpart se noie accidentellement dans la Marne », rappelant son rôle à la section de l’ARAC de Joinville et son adhésion au parti communiste. L’appel à participer aux obsèques est relayé également par la section de Joinville du Secours rouge international, l’organisation communiste du secteur appelant à venir avec drapeaux et insignes.
Louis Ernest François Cadet naît le 9 août 1894 à Lyon (4e arr.). Il est le fils de Louise Pierrette Muriat et de son mari, François Cadet, droguistes, qui vivent passage Lamure, dans le quartier de la Croix-Rousse.
Son père, qui est originaire de Haute-Savoie, décède en novembre 1909, quand Louis Ernest a 15 ans. Pendant toute son enfance, Louis Ernest Cadet n’est pas recensé avec ses parents dans leur domicile de Lyon ; peut-être a-t-il été confié à quelqu’un de la famille. Cependant, son adresse légale demeure celle de Lyon en 1913.
En octobre 1913, il signe un engagement volontaire dans l’armée pour trois ans et rejoint le 14e escadron du train des équipages.
Il est déjà sous les drapeaux au moment de la déclaration de guerre en août 1914. Il est affecté en mai 1915 au 82e régiment d'infanterie puis, le même mois au 4e régiment de zouaves. Nommé caporal en juin 1916, il passe sergent en juillet la même année puis devient officier avec le grade d’aspirant en septembre, toujours de l’année 1916. Il séjourne à l’école de gymnastique militaire de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), qui prépare de manière accélérée des cadres pour les armées. Il réside alors dans l’Île Fanac, à Joinville, située au milieu de la Marne.
Rejoignant les troupes coloniales, il sert au sein du 1er régiment de marche d’Afrique au sein de l’armée d’Orient. Il est une première fois blessé par balle à l’omoplate dans le village d’Orizari (Serbie, act. Macédoine-du-Nord) en novembre 1916.
Son comportement lui vaut une citation à l’ordre du corps d’armée : « Blessé alors qu’ayant fait contact avec les petits postes bulgares il poursuivait sa mission en conduisant bravement une reconnaissance de nuit en Serbie. Gradé expérimenté, très audacieux et d’un dévouement à tout épreuve, s’étant déjà fait remarquer au cours de l’expédition aux Dardanelles pour son calme et sa ténacité devant l’ennemi. »
C’est suite à une nouvelle blessure qu’il meurt, le 17 avril 1917 à Dihovo (Serbie, act. Macédoine-du-Nord). Il est déclaré mort pour la France.
Décoré de la Croix de guerre pour son action saluée par la citation, il reçoit, à titre posthume en février 1920 la Médaille militaire.
Le nom de Louis Ernest figure sur les monuments aux morts de Joinville-le-Pont et de Lyon, ainsi que sur la plaque commémorative de l'église Saint-Denis de la Croix-Rousse (Lyon).
Salle d'armes de l'école de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)
Louis Georges Touchard naît le 13 juillet 1886 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Joséphine Eugénie Gandon et de Marie Anatole Edgard Touchard. Ses parents vivent dans le centre-ville, quai Beaubourg (act. quai Pierre-Brossolette). Son père est receveur buraliste, et ses deux grands-pères sont également receveurs des contributions indirectes. Il meurt en mai 1895, trois mois après la naissance de leur fille, quand Georges a huit ans.
Un soir de juillet 1897, Georges vient d’avoir 11 ans et sa sœur Pauline en a deux, sont emmenés en début de soirée par leur mère pour une partie de canot sur la Marne, rivière qui passe devant leur domicile. Joséphine Touchard avait installé sa fille sur ses genoux, tandis que Georges ramait. Une fausse manœuvre, peut-être pour éviter un autre bateau, provoque la chute de la maman et de son bébé dans l’eau. Pendant un temps, Mme Touchard réussit à tenir la fillette à bout de bras hors de l’eau, puis elle perdit ses forces et la lâcha. Un marinier, qui s’était jeté dans le fleuve pour venir à leur secours, réussit à ramener la mère sur la rive, mais ne retrouva pas l’enfant. Ramenée chez elle, en état d’hébétude, elle reçoit, vers dix heures, le cadavre de Pauline qui venait d’être repêchée. Elle monte alors dans sa chambre, saisit un revolver et se tue. La mort fut instantanée.
La presse nationale a largement rendu compte du naufrage. Le terme de drame revient souvent : « terrible », pour Le Peuple français, « émouvant » dans XIXe siècle et Le Rappel. La notion d’accident est aussi fréquente : « bien triste », écrit le Journal des débats, « terrible » de nouveau, selon La Petite République. Le sort de la veuve est mis en avant : « désespoir d’une mère » pour La Souveraineté nationale, « Pauvre mère ! » dans Le Figaro.
Après la disparition de ses parents, les deux enfants survivants, Adolphe (14 ans) et Georges quittent pour un temps Joinville, probablement avec leur grand-père paternel. Ils sont de retour à Joinville en 1901, vivant alors dans leur établissement du quai Beaubourg chez les grands-parents maternels, qui sont désignés comme tuteurs.
Travaillant alors comme employé de commerce, Georges Touchard fait son service militaire en octobre 1907 au sein du 76e régiment d'infanterie. Il devient caporal en novembre 1908 puis est blessé le mois suivant en tentant de rejoindre son groupe au cours d’une marche militaire. Sa plaie au genou gauche lui vaudra, dans les années 1960, une reconnaissance de son invalidité. Il finit sa période sous les drapeaux en septembre 1909.
Au cours de la première guerre mondiale, Georges Touchard est mobilisé début août 1914. Lors des combats de la Marne, il est blessé au pied droit près de Soissons (Aisne) en janvier 1915. En juin de cette année-là, il est transféré au 176e régiment d'infanterie et envoyé en Orient, face aux troupes autrichiennes. Il rentre en France en février 1917 au 143e régiment d'infanterie et est démobilisé en avril 1919, avec une pension pour sa blessure de guerre.
Touchard monte une activité de cristaux et verrerie, avec un atelier de production et une boutique à Paris (10e arr.), rue du Faubourg-Saint-Martin. Il produit notamment des lampes et lustres, mais aussi des cristaux d’art, coupes gravées et bonbonnières.
En février 1920, Georges Touchard épouse Jeanne Catherine Marie Duran, gérante en chaussures, à Paris (4e arr.). Ils s’installent dans la demeure familiale de Joinville.
S’impliquant dans la vie locale, Georges Touchard fait partie, en avril 1925, des fondateurs du Constitution du comité d’union et d’action républicaines, qui regroupe la plupart des libéraux et conservateurs de Joinville. Présidé par Félix Soulié (1858-1934), négociant en tissus, il comprend également notamment Georges Defert (1896-1975), menuisier puis directeur de société, futur maire de Joinville (1953-1975).
Suite à la mort à l’hôpital d’un sommelier parisien en juillet 1927, les époux Touchard recueillent sa fille Odette. Ils l’adoptent officiellement en janvier 1946.
En mars 1936, Touchard fait partie des donateurs qui appuient le vestiaire municipal. Il est membre, en novembre la même année, du conseil d’administration de la Mutualité scolaire de Joinville, présidée par Ernest Gillot (1872-1947), ébéniste puis électricien, ancien conseiller municipal radical indépendant.
Louis Georges Touchard meurt le 28 mars 1977 à Nice, un mois après épouse. Il n’avait pas eu d’autre enfant que celle qu’il avait adoptée. Il avait été décoré en juin 1931 de la Médaille commémorative serbe pour son engagement au cours de la première guerre mondiale dans l’armée d’Orient.
Ayant fermé en 1931 son cabinet de Champigny-sur-Marne pour en ouvrir un à Paris (10e arr.), rue de la Grange-aux-Belles, le docteur Harry Kaganoff va se spécialiser en gynécologie, et notamment dans les accouchements. Il déplacera son activité dans le 17e arrondissement, boulevard Malesherbes en 1937 et s’associera à la création d’une clinique médicale, chirurgicale et obstétricale rue Geoffroy-Saint-Hilaire dont il est, à parité avec M. Alphonse Barroso-Rebello, le premier porteur de parts.
Parallèlement à son activité libérale, le docteur Kaganoff intervient dans des établissements visant en particulier la population juive pauvre, en particulier immigrée. C’est le cas, à partir de 1931 du dispensaire Linas-Hatzédek à Belleville et de la clinique W. Tiomkine rue du Buisson-Saint-Louis (11e arr.) en 1933. Le Dr Kaganoff précise que cette institution accueille plus de 50 malades par jour et que Juifs et non-Juifs du quartier en bénéficient. Dans sa spécialité, il participe également en 1937 au dispensaire La Mère et l’Enfant, situé rue Amelot (11e arr.). Le docteur poursuit également son activité de conférencier, avec en décembre 1931, une intervention à Pavillons-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis) pour soutenir la vaccination antituberculeuse. Il contribue également régulièrement aux collectes effectuées par les instances communautaires juives.
L’activité publique de Kaganoff va prendre une dimension sioniste, en appui à l’installation des Juifs dans la Palestine mandataire et au lien de leur communauté avec les Juifs de France.
En 1929, le Dr Kaganoff devient un cadre du Sporting-Club Maccabi, établissement sportif international qui dispose d’une section française. Lors d’une manifestation du club en mars 1931, il explique : « Le peuple juif était devenu un peuple cérébral. Mais avec le cerveau on ne peut pas construire des routes, labourer la terre, il faut des muscles. Le Maccabi prépare ce type juif, sain de corps et d’esprit, qui s’est si bien développé en Palestine. »
Lors d’un autre évènement en mai 1933, à laquelle participait lord Melchett, président d’honneur de l’Union mondiale Maccabi, ainsi que l’ancien ministre Henry Paté, le Dr Kaganoff précisa ses conceptions. Pour lui, il y avait « nécessité, pour les nouvelles générations, de se développer physiquement, surtout dans les pays où les Juifs sont constamment menacés ». Parlant de de la France, il souligna son rôle dans la défense des juifs persécutés. Pour lui, se référant à son expérience personnelle, « Si la France, dit-il, était à nouveau menacée, la jeunesse juive immigrée n’hésiterait pas à imiter ceux qui, en 1914, sont allés aux Invalides s’engager dans l’armée française. »
C’est dans les locaux du Maccabi France que le Dr. Kaganoff, président, rend compte en juin 1934 de son voyage en « Eretz-Israël ». Il décrit Jaffa « ville essentiellement arabe », Sarona, « village allemand » (au sens de peuplé de Juifs allemands), et Tel-Aviv, dont « l’aspect général est celui d’une cité américaine », dont il regrette qu’elle soit construite en béton armé et estime qu’il « faudra un jour [la] balayer et reconstruire sans hâte ». Selon Harry Kaganoff, « Pour retrouver le style juif, il faut aller à Jérusalem, la ville conservatrice par excellence ». Commentant la situation générale, il estime, dans le compte-rendu qu’en fait L'Univers israélite, que « Le travail ! c’est la raison d’être des Juifs palestiniens. Et l’on travaille moins pour s’enrichir que pour servir le pays. Rendre la Palestine capable de recevoir des milliers de frères, c’est là leur rêve. »
Harry Kaganoff embarque une nouvelle fois en mars 1935 de Marseille pour la Palestine. Il assiste à la deuxième Maccabia, évènement sportif qu’il compare à des Jeux olympiques juifs. Il est réélu président du club français en novembre.
La Conférence palestinienne de France se tient en octobre 1936, dans les Salons de l'Hôtel Lutétia à Paris. Elle rassemble 150 délégués des associations juives de Paris et de province. Elle donne naissance à un comité dénommé Vaad Bitzaron Oubitahon, pour faire campagne pour la sécurité du peuple juif après les attentats dans le territoire sous contrôle britannique. Le Dr Kaganoff en est membre. Il est l’un des fondateurs, en mai 1937, encore à Paris, de l’Association des sionistes traditionalistes Mizrahi et l’un des membres de son comité ; le mouvement assure qu’il continue « la tradition française de libéralisme et de foi. »
En janvier 1939 fait l’historique du travail de reconstruction en Palestine devant le Cercle amical féminin propalestinien, rendant hommage notamment aux premiers colons, des intellectuels ayant fui les pogromes russes.
Sur le plan professionnel, le docteur Harry Kaganoff fait face, en mars 1939 à une mise en cause qui lui vaut d’être arrêté pour « manœuvres criminelles abortives » en compagnie d’une sage-femme, propriétaire d'une clinique d'accouchement rue de Chabrol à Paris (10e arr.). ayant choisi Me Etienne Nouveau comme défenseur, il « proteste de sa parfaite correction » et indique que ses interventions ont toujours été faites sur des femmes qui présentaient un commencement de fausse-couche et qu’elles étaient motivées dans l'intérêt de la santé des patientes pour éviter un accident.
L’hebdomadaire d’extrême-droite Le Défi, dirigé par l’avocat antisémite Jean Charles Legrand, créateur du Front de la jeunesse, même campagne contre « la vaste entreprise des médecins étrangers, Juifs et Allemands, montée pour estropier et mutiler les femmes françaises ». Il se réjouit de l’incarcération, commentant l'enquête qui aurait établi « les crimes commis par ce Kaganoff contre notre race. »
L’affaire ne semble pas avoir de suites, et, en 1955, le casier judiciaire de Kaganoff est vierge de toute condamnation. C’est cependant cette même année que Harry Kaganoff est inscrit au Fichier central de la Sûreté nationale, qui recense des personnes dont l’activité publique, notamment politique, est sous surveillance.
La situation de Harry Kaganoff pendant la deuxième guerre mondiale et l’occupation allemande n’est pas connue. Ni lui ni sa famille directe ne sont victimes du conflit et sa mère, comme ses sœurs et son frère ou sont épouse survivent aux persécutions antisémites. Par contre, plusieurs membres de la famille de sa femme meurent en déportation.
Après le conflit, le docteur Kaganoff poursuit son activité, d’abord à Paris (7e arr.), avenue Duquesne, puis dans le 17e arrondissement, avenue du Colonel-Moll.
Son engagement public se concentre désormais sur la vie de deux organisations de soldats : l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs dont il a été un des fondateur et vice-président depuis 1919 puis président en 1947. Et l’association des anciens combattants volontaires juifs, à la vice-présidence de laquelle il accède en 1946. Il ouvre le sociétariat de ces mouvements aux combattants du deuxième conflit mondial.
En juin 1935, Kaganoff était déjà intervenu, au nom des combattants Juifs palestiniens, lors de la Conférence mondiale des anciens combattants Juifs, qui avait réuni à Paris, dans l’amphithéâtre de La Sorbonne les représentants de quinze nations.
Il préside, en juin 1964, la manifestation du souvenir organisée au cimetière de Bagneux (Seine, act. Hauts-de-Seine) rendant hommage aux « martyrs morts pour la France, pour la liberté » et souhaitant « Shalom » à tous les pays, ajoutant « et surtout à Israël qui en a tant besoin. »
Une de ses dernières interventions publiques est l’inauguration, en janvier 1965, à Levens (Alpes-de-Haute-Provence) de la Maison de repos et de convalescence des anciens combattants.
Harry Kaganoff meurt le 9 septembre 1967 à Paris (17e arr.), dans son domicile de la rue du Colonel-Moll. Il était âgé de 74 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.
Fin
Portrait de Harry Kaganoff (Notre volonté, 06/1964)
Harry Hirsch Kaganoff-Kagan naît le 2 juin 1893 à Mstislawe, ville alors en Russie (act. Biélorussie). Il est d’origine juive, fils de Rebecca Ratner et de son époux Joseph Kaganoff-Kagan. Selon le recensement de l'Empire russe de 1897, la ville comptait 49% de Juifs ; il y en avait toujours 20% lors du recensement soviétique de 1939. Tous ceux qui résidaient encore dans la ville, soit entre 850 à 1 300, sont assassinés le 15 octobre 1941 par les forces allemandes dans le cadre de la « Shoah par balles. »
La famille Kaganoff quitte Mstislawe, deux sœurs de Harry voyant le jour en 1907 et 1910 à Zaporijia (Russie, act. Ukraine).
La situation sociale de la famille n’est pas connue. Elle est cependant probablement confortable. En 1916, Harry Kaganoff fait des études de médecine à Bordeaux (Gironde). Il s’engage volontairement, en juillet, dans la légion étrangère pour la durée de la première guerre mondiale et sert donc avec les troupes françaises. Il est nommé en novembre 1917 médecin sous-aide-major (sous-officier, grade équivalent à celui d’adjudant-chef). Promu officier en septembre 1918, comme médecin aide-major de deuxième classe (sous-lieutenant), il est affecté au 172 régiment d'infanterie. Au cours des combats, qui lui valent deux citations, il est blessé au front par un « petit projectile ». Il obtiendra en février 1920 une première pension chiffrée à 20%, doublée en janvier 1922, sa brèche osseuse entraînant une « baisse de l’aptitude au travail et à la mémoire. »
Après la fin du conflit, Harry Kaganoff reprend ses études médicales à Bordeaux. Il présente en novembre 1919, avec deux collègues, MM. Rocher et Lescalle, le cas de cinq blessés guéris de pseudarthrose par la méthode de Delagénière, c’est-à-dire par greffons ostéopériostiques tibiaux. Adhérent à la Société anatomoclinique de Bordeaux en décembre 1919, il exerce à Orléans (Loiret) en janvier 1922, date à laquelle il est naturalisé français par décret.
Il soutient sa thèse à la faculté de médecine bordelaise en avril 1924. Devenu docteur, Harry Kaganoff exerce comme médecin dans l’Orne, installé en août la même année dans la commune de Le Sap, où il signale à la justice le meurtre d’une cultivatrice du village voisin d’Orville.
Rejoignant la région parisienne, Harry Kaganoff ouvre un cabinet à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Il est installé rue Mignon avec sa mère, un frère et deux sœurs. En plus de son activité médicale, Kaganoff prend des responsabilités civiques. Depuis 1919, il est vice-président de l’Association des anciens combattants engagés volontaires juifs. Il assure, à titre honorifique, le même rôle dans le Vélo-club de Champigny en décembre 1927.
En novembre 1926, des juifs ayant quitté l’empire russe suite à la révolution bolchévique, constituent une association cultuelle, considérant que leurs besoins ne sont pas couverts par les institutions dépendant du Consistoire israélite de Paris, pour des raisons de langue et d’usages. Baptisée Ohel Jacob, elle finance notamment la création d’écoles à Paris et dans quelques villes de banlieue. Les israélites de Joinville et de Champigny se regroupent pour former une école (Talmud Tora), située à Champigny, route de Villiers, mais fréquentée par une majorité de joinvillais. Elle est financée par l’association Ohel Jacob et le docteur Kaganoff en est le président en 1928.
En 1929, on compte 9 écoles du réseau Ohel Jacob ; 3 sont situées à Paris et comptent 250 élèves. Les 9 de banlieue totalisent et celle de Joinville Champigny est la plus importante, avec 45 élèves.
Tout en maintenant ses cours, l’union israélite locale change de dénomination et de caractère en 1930. Elle devient l’association Ohavé Shalom (Les Amis de la Paix), abandonnant son identité d’origine russe. L’hebdomadaire Tribune juive considère que « ce groupement a ceci de remarquable qu’il se compose d’israélites originaires les uns de Pologne et les autres de Turquie. »
Personnalité identifiée, Harry Kaganoff donne des conférences qui sont mentionnées dans la presse. En avril 1928, Les Cahiers des droits de l'homme (LDH), signalent son intervention à Champigny. La même année, en novembre, L’Univers israélite évoque sa causerie au Cercle Salonicien, à Paris, devant l’Union des femmes juives françaises pour la Palestine. Il participe aussi à des réunions de nature politique. Il est ainsi, en juin 1929, un des orateurs du meeting de protestation organisé « Contre les pogromes de Lemberg » (Pologne, act. Lviv, Ukraine) par la Ligue internationale contre l’antisémitisme. De nombreux intellectuels et personnalité sont présents.
Le docteur Kaganoff inaugure, en tant que président de l’association Ohavé Shalom, en mai 1930 un oratoire implanté dans leur local campinois. Il s’exprime, dans la ville proche d’Alfortville, en octobre 1930, toujours au titre de cette fonction. Il cesse cependant probablement de l’exercer l’année suivante, lorsqu’il déménage pour installer son cabinet à Paris. C’est sans doute dans la première moitié des années 1930 que se produit le mariage d’Harry Kaganoff avec Rebecca Wygodzka, native de Vilnius (Pologne, act. Lituanie).
À suivre
Rue de Villiers à Champigny-sur-Marne (Arch. dép. Val-de-Marne)
Marcel Édouard Chauveau naît le 11 janvier 1893 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Augustine Louise Joséphine Lemoine et de son époux Édouard Fortuné Chauveau. Sa mère est couturière, tandis que son père est sous-officier à l'École normale de gymnastique. Ils résident dans la Ferme de la Faisanderie, à Joinville, située dans le Bois de Vincennes, à proximité de l'École. Ils s’installeront ensuite dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson), à proximité des grands-parents maternels. Son grand-père, Auguste Lemoine, est menuisier et membre du comité radical-socialiste de la ville.
En 1902, Édouard Chauveau père quitte la carrière militaire. Il devient professeur de gymnastique au collège et aux écoles communales de la ville de Pontoise (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise) et donne également des leçons particulières de gymnastique, de boxe, de canne, de bâton d’escrime, de gymnastique médicale et de natation. La famille s’installe dans cette ville, d’abord rue Victor-Hugo puis rue d’Ennery et enfin rue Gambetta.
Fréquentant le collège de Pontoise, Marcel Chauveau est fréquemment mentionné de 1902 à 1904 comme figurant au tableau honneur de sa classe et recevant des félicitations pour ses résultats trimestriels. Fréquentant la Société de Gymnastique pontoisienne, dont son père est un des moniteurs, Marcel reçoit plusieurs récompenses, dont un premier prix en novembre 1906.
En 1911, ayant alors 18 ans, il est employé de bureau à la Compagnie des chemins de fer du Nord.
Il débute son service militaire en mars 1913, au sein du 51e régiment d'infanterie. Il devient caporal en avril 1914. Il est affecté comme moniteur à l’école de gymnastique de Joinville, où avait servi son père. Toujours sous les drapeaux au début de la deuxième guerre mondiale, il est promu sergent fin août 1914.
Blessé en février 1915, il va en traitement à l’hôpital de Privas (Ardèche) ; il aura quatre blessures de guerre. En mars 1915, il est promu officier en tant que sous-lieutenant et passe au 1er puis au 412e régiment d'infanterie. En juillet 1916, il rejoint le 65e bataillon de chasseurs à pied.
Son comportement lui vaut plusieurs citations dont, à l’ordre de l’armée pour ses actions en janvier 1916, alors qu’il était sous-lieutenant au 412e régiment d'infanterie : « a pris le commandement de la compagnie, dont le capitaine et deux officiers avaient été tués ou blessés. L'a énergiquement maintenue dans la position conquise après un violent combat. Deux fois blessé au cours de la campagne. »
En août 1916, il est remarqué à l’ordre de la brigade : « au cours d’une opération de nuit, s’est élancé à la tête de la section et arrivé le 1er dans la tranchée allemande a abattu un allemand d’un coup de revolver. En a tué plusieurs à la grenade, donnant à tous le plus bel exemple de courage et de mépris du danger. »
De nouveau blessé le 6 octobre 1916, il quitte le poste d’infirmerie le lendemain, pour participer à une attaque. Il prend le commandement de la compagnie et l’a conduite à son objectif malgré trois blessures reçues en cours de route.
Après avoir été promu lieutenant en mars 1917, on le voit de nouveau félicité en avril : « Jeune et brillant officier d’un superbe courage et d’un dévouement à toute épreuve. S’est distingué sur la Somme, puis aux combats des 17 et 18 avril où il a entraîné magnifiquement sa section, contribuant dans une large mesure au succès de la journée. »
Marcel Chauveau meurt le 29 mars 1918 à Courtemanche (Somme), lors des combats de la bataille de Montdidier. Il était âgé de 25 ans et est déclaré mort pour la France. Son nom est gravé sur les monuments aux morts de Joinville-le-Pont et de Pontoise.
Le lieutenant Chauveau a été décoré de la Croix de guerre, avec deux étoiles de bronze et de vermeil ainsi qu’une palme. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en mai 1917.
École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)