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20 avril 2024 6 20 /04 /avril /2024 13:25

Émile Jean Sercelier naît le 16 mars 1887 à Paris (5e arr.). Il est déclaré comme fils d’Adeline Sercelier (dont le nom est également orthographié Cercelier) et d’un père non dénommé. Elle est polisseuse et vit rue des Chamaillards (act. rue Albert), dans le 13e arrondissement ; elle sera ensuite marchande de fleurs. Sa naissance est légitimée par le mariage de sa mère en mars 1889 dans le 11e arrondissement avec Jean Kedinger. Originaire de Creutzwald (Moselle), il travaille comme cordonnier, déménageur puis employé au métropolitain.

La famille, dont Émile est l’aîné des quatre enfants, vit dans le 11e arrondissement. Il fait son service militaire à partir d’octobre 1908 et jusqu’en septembre 1910 au 8e régiment d’artillerie. Il dispose du permis de conduire.

Alors ouvrier journalier et domicilié passage de la Folie-Regnault (11e arr.), il épouse en octobre 1911, dans ce même arrondissement, Pauline Marguerite Augustine Chabaille, journalière également. Ils vivent dans le même quartier, d’abord rue Saint-Ambroise, puis rue Servan et rue Pache.

Émile Kedinger est classé en août 1913, dans la réserve militaire, comme affecté à un service auxiliaire du fait d’une cicatrice dans la région inguinale. De ce fait, il est rappelé au début de la première guerre mondiale, en septembre 1914, dans une section d’ouvriers de l’armement. En août 1915, il est réaffecté à un service armé, mais en octobre 1915, il est détaché auprès des usines Renault à Billancourt. Il revient dans les forces combattantes au sein du 21e régiment d'infanterie coloniale en juillet 1917. Il est démobilisé en avril 1919.

Après la fin du conflit, le couple et leurs deux enfants s’installent à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord dans le quartier du centre, rue de Paris puis, sur la rive gauche de la Marne, dans le quartier de Polangis, avenue du Château (act. avenue Foch). La commune comporte plusieurs sites liés à l’industrie du cinéma, et Émile Kedinger est électricien à la société Est Lumière tandis que son épouse vend des gâteaux.

En novembre 1919, lors des premières élections municipales après-guerre, Émile Kedinger est candidat, en 14e position des 25 candidats, sur la liste socialiste SFIO conduite par Georges Laruelle. Allié en 1912 avec des radicaux dissidents et des libéraux, opposés à l’ancienne municipalité radicale-socialiste, les socialistes se présentent cette fois de manière indépendante, tandis que les deux groupes radicaux se coalisent (incluant quelques anciens socialistes) et que les libéraux et conservateurs constituent la troisième liste. Au premier tour, la gauche arrive au deuxième rang, avec 30,1% des suffrages exprimés. Elle se maintient au second tour, face aux seuls radicaux et obtient 34,3% en moyenne ; il n’y a pas d’élu socialiste SFIO.

Émile Kedinger a obtenu 494 voix au premier tour, soit 29,2% des 1694 suffrages exprimés pour 1715 votants sur 2491 inscrits. Il recueille 504 voix au second tour, soit 33,2% des 1518 suffrages exprimés pour 1537 votants.

Lors des votes internes qui se concluent par le congrès de Tours en décembre 1920, toute la section SFIO de Joinville se prononce comme la majorité du parti, en faveur de l’adhésion à l’Internationale communiste. Elle devient ensuite la section du PCF-SFIC.

Toujours salarié d’Est Lumière, dont l’usine est en partie aussi sur la commune de Champigny-sur-Marne, dans le même quartier de Polangis, Émile Kedinger est inspecteur en 1936.

Il meurt le 3 mai 1937 à Joinville. Âgé de 50 ans, il était père de trois enfants.

Avenue du château, à Polangis (Joinville-le-Pont)

 

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4 mars 2024 1 04 /03 /mars /2024 19:58

Marie Stieffel naît le 1er octobre 1897 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle est la fille du docteur Alfred Isaac Stieffel, médecin, et de son épouse Jeanne Strauss.

Ses deux parents sont d’origine juive alsacienne, la famille paternelle ayant émigré en Algérie. Son grand-père, Henri Stieffel, y était un des responsables de la communauté israélite à Oran.

Le docteur Stieffel était domicilié à Joinville en 1890 et y restera jusqu’à son décès en 1936. Sa fille réside encore à ce moment avec lui. Ils résident d’abord rue de Créteil (act. rue de-Lattre-de-Tassigny) puis rue de Paris, dans le quartier du Centre.

En janvier 1916, Marie Stieffel participe à une souscription lancée par la Croix-Rouge Française pour un hôpital auxiliaire.

Après avoir probablement suivi une scolarité secondaire à l’école supérieure de Saint-Maur-des-Fossés, commune voisine de Joinville, Marie Stieffel fréquente le cours de dessin d’Antoinette Gatsoup, rue de Charonne à Paris (11e arr.). Elle épouse à Joinville en mai 1918 Georges Pierre Lambert, ingénieur militaire, officier d’active dans l’armée, affecté au service des poudres. Il a été blessé par balle pendant la première guerre mondiale et deviendra officier de la Légion d’honneur. Pierre Lambert est né à Nancy en mai 1886 d’un père capitaine d’infanterie de marine et de Berthe Lévy.

Après le conflit, Pierre Lambert est affecté, jusqu’en 1930, à la poudrerie nationale de Sevran-Livry (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Marie Lambert va suivre des cours de peinture à l’école nationale des Beaux-Arts de Paris auprès de Jules Adler (1865-1952), peintre de la naturaliste, issu d’une famille juive alsacienne. Ayant acquis un dessin de son professeur, Le Vacher (dans l'étable), Marie Lambert en fera don à un petit cousin, François Meyer, lequel l’a lui-même transmis au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme de Paris.

Pierre Lambert est affecté au Laboratoire central des poudres, quai Henri-IV à Paris (4e arr.) et le couple s’installe à Joinville-le-Pont avec le docteur Stieffel, rue de Paris. Ils y sont recensés en 1931 et résident là toujours en 1938.

Devenue artiste peintre, Marie Lambert participe à des expositions, notamment au Salon d'automne de Paris entre 1932 et 1938 ou au Salon des artistes indépendants en 1936 et 1937.

Elle figure dans le groupe de peintres modernes qui se produit avenue Kléber à Paris dans la galerie d'art du Quotidien, en compagnie notamment de Georges Seurat et Paul Signac. Le Mercure de France la situe parmi les jeunes de valeur : « Mme Marie Lambert, avec de pénétrantes notations de menues villes suburbaines, de leurs échappées de toits pressés et leurs orées lointaines de petites rues. »

Les talents de coloriste de Marie Lambert sont souvent mis en avant, par exemple par le quotidien Le Temps qui voir, en novembre 1932 dans son Paysage de banlieue « un bien joli goût de couleur ». Un autre journal, La Liberté, décrit en avril 1934 « Le Petit Café, au bariolage amusant », puis estime, un an plus tard que « Peu d'envois valent pour la couleur l'original Panorama de Joinville » et continue en février 1936 en louant « La finesse primesautière de Mme Marie Lambert, coloriste de mérite. »

Toujours en février 1936 année, la revue Beaux-arts a un point de vue plus nuancé : « Marie Lambert a entrepris de peindre un intérieur moderne : c’est un peu vide. Sa petite nature morte a plus de chaleur. »

Plusieurs autres œuvres de Marie Lambert évoquent les bords de Marne, comme L’église de Saint-Maur (1933) ou Canal à Joinville (1935). Elle livre en 1937 Le marchand de couleurs puis en 1938 Portrait de Mademoiselle O. K.

Pendant la deuxième guerre mondiale, la carrière de Pierre Lambert est ralentie. Mais il fait l’objet d’un rattrapage après le conflit, devenant ingénieur-chef en juillet 1944 (avec effet de manière rétroactive en avril 1942), puis étant fait en juin 1946 officier de la Légion d’honneur.

Marie Lambert meurt le 13 novembre 1992 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Elle était âgée de 95 ans et ne semble pas avoir eu d’enfants.

Voir aussi : Alfred Stieffel, de la communauté juive d’Algérie aux bords de Marne

Jules Adler, Le Vacher, coll. Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme

 

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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 00:01

Isaac Lewinski naît le 30 octobre 1890 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils s’installeront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky. Isaac prendra « Henri » comme prénom d’usage.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Henri Lewinski est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en octobre 1911 au 3e régiment de zouaves. En octobre 1912 il devient soldat musicien. Il retourne à la vie civile en novembre 1913, mais pour peu de temps car il est rappelé en août 1914 au début de la première guerre mondiale.

Blessé à la tête par des éclats d’obus à Craonne, lors de la première bataille de l'Aisne en septembre 1914, Henri Lewinski est réformé en décembre 1915 pour « blessure de guerre, trépanation, confusion mentale, amnésie, céphalée occipitale, hallucinations ». Son statut de réformé est confirmé en mars 1916, et il obtient en mars 1917 une pension de 300 francs du fait de son état « incohérence mentale, légers tremblements ». En juin 1930, sa dispense de service sera confirmée, en lien avec ses troubles neuropathiques.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Henri est le principal collaborateur de son père. Il s’occupe notamment des installations électriques et de la gestion d’ensemble du studio. Lorsque, fin 1923, la famille comprend qu’elle n’a pas assez de moyens pour développer l’entreprise, même après avoir ouvert une antenne à Paris, c’est Henri qui va négocier la vente de l’activité à la société Pathé-Cinéma, qui en confie l’exploitation en avril 1924 à Cinéromans. Il signe le bail des studios, la famille restant propriétaire du terrain.

À la mort de leur père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Pendant la deuxième guerre mondiale, contrairement à ses frères, Henri Lewinski reste au moins un temps à Joinville, où une carte alimentaire à son nom lui est délivrée. Jules fuit d’abord à Montpellier puis à Aix-le-Bais, où il est arrêté en mai 1944, déporté et tué au camp de concentration d’Auschwitz. Léon qui l’avait accompagné en France meurt à Saint-Maur-des-Fossés en décembre 1944.

Après la deuxième guerre mondiale, Henri Lewinski vit toujours dans le pavillon familial, en compagnie de sa mère. Il prend part, en février 1947, à la constitution d’une société coopérative « ayant pour objet, par la coopération de techniciens et ouvriers, tous intéressés à la gestion et aux bénéfices de l’entreprise » dans la construction, l’aménagement, la transformation, la décoration de bâtiments, les ouvrages d’art. Elle a pour gérant l’architecte Yvon Boudet.

En juillet 1954, la commune de Joinville-le-Pont s’approprie une partie des terrains Lewinski, dont il est l’héritier, pour la construction, avenue Ratel, sur environ 3 000 m² de l’école maternelle du quartier de Polangis.

Le reste des terrains est cédé en juillet 1959 à la société Franstudio.

Henri Lewinski meurt le 13 août 1976 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Il était âgé de 85 ans et ne semble pas avoir été marié.

Atelier de mécanique des studios Pathé de Joinville (ex-Lewinski)

 

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4 décembre 2023 1 04 /12 /décembre /2023 00:01

Gaston Henri Eugène Desouches naît le 14 novembre 1878 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Louise Bonnard et de son époux Eugène Jules Desouches, employé, qui vivent rue de Villehardouin.

Devenu menuisier, il débute son service militaire en novembre 1899 dans la 7e section de commis-ouvriers, mais est réformé en mars l’année suivante pour surdité.

S’étant établi comme entrepreneur de menuiserie, Mantes (Seine-et-Oise, act. Yvelines), rue Thiers, il épouse en décembre 1902 à Boulogne-sur-Mer Jeanne Ernestine Dubois, fille d’un charpentier.

La famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, d’abord dans la zone de La Péniche, où ils sont en 1911 puis avenue du Château (act. avenue Foch).

Pendant la première guerre mondiale, Gaston Desouches, qui réside désormais est mobilisé dans des services auxiliaires en mars 1915 dans la 22e section de commis-ouvriers. La même année, il est nommé caporal en juin puis sergent en novembre. Placé en sursis d’appel, il est affecté à l’entreprise de Raoul Jourdan, entrepreneur de travaux publics, située à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Gambetta. Il est associé au capital de cette entreprise. En mars 1918, il est affecté à une entreprise parisienne, Chadlon (4e arr.).

L’entreprise Jourdan-Desouches a obtenu une commande importante de maisons démontables pour le compte du ministère du Blocus et des régions libérées. Elle est vendue, en septembre 1918 à l’Industrielle Foncière, dont le siège est rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Gaston Desouches rejoint la 24e section de commis-ouvriers en septembre 1918 puis est démobilisé en février 1919.

Son épouse Jeanne est, en mars 1918 une des membres du comité de la société de l’Allaitement maternel, une institution caritative de Joinville-le-Pont. Elle en devient vice-présidente et assume la responsabilité de l’association à la disparition de sa présidente d’honneur, Mme Lenormand en décembre 1921. Elle est encore engagée dans l’action sociale dans la même association comme dame enquêteuse en décembre 1923.

Gaston Desouches est candidat lors des élections municipales de novembre 1919 sur la liste du Bloc indépendant. Elle est conduite par Jules Beauvais, bijoutier, conseiller municipal sortant, de tendance libérale, et le docteur Georges Bitterlin, militant de l’Action française (royaliste). Elle s’oppose à une liste menée par Henry Vel-Durand, adjoint sortant, libéral dissident, qui regroupe également des radicaux-socialistes et des socialistes dissidents, ainsi qu’à une liste socialiste SFIO.

Au premier tour, la liste arrive en troisième position avec 26,2%, derrière celle de Vel-Durand à 44,8% et la gauche à 29,0%. Desouches obtient 405 voix (23,9%) pour 1 694 suffrages exprimés sur 1 715 votants et 2 491 inscrits. Le Bloc indépendant retire sa candidature avant le second tour et n’a pas d’élu.

Desouches est toujours résident à Joinville et patron d’une entreprise de menuiserie en 1921, mais il ne l’est plus en 1926. Il déplace son activité à Lyon (3e arr.) où il est actif en 1931.

Gaston Desouches meurt le 2 avril 1965 à Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées). Il était âgé de 86 ans, veuf, père de deux enfants et domicilié à Lourdes, dans le même département. Il ne laisse pas de succession.

Il n’a pas de lien avec Ernest Desouches (1839-1929), industriel dans la soie à Saint-Maurice (France) et Varsovie (Pologne) puis directeur de société d’assurance, républicain et artisan du rattachement du quartier de Gravelle à Joinville-le-Pont (1876-1878).

Une villa à Polangis

 

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14 novembre 2023 2 14 /11 /novembre /2023 00:01

Léon Lewinski naît le 15 août 1892 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils vivront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Isaac, dit Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Léon est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en décembre 1913 au 130e régiment d'infanterie. Il est donc sous les drapeaux au début de la guerre début août 1914. Mais il est rapidement fait prisonnier, le 22 août, et emprisonné en Thuringe. Il séjourne d’abord dans village d’Ohrdruf puis dans le vaste camp de prisonniers de Langensalza, érigé à proximité, qui va accueillir 28 000 prisonniers, principalement français et russes. Les conditions de vie dans le camp sont difficiles, deux épidémies de typhus provoquant un millier de décès en 1915. Léon Lewinski sera lui-même malade et transféré, sous les auspices de la Croix-Rouge, en Suisse où il est hospitalisé en juillet 1918. Il est rapatrié peu après l’armistice, le 20 novembre 1918. En février 1919, il sera reconnu comme souffrant de bronchite chronique et de bégaiement et affecté dans la réserve à des services auxiliaires non armés ; il sera réformé en avril 1933, du fait d’une instabilité cardiaque et d’une forme légère de tuberculose, qui le classent avec un taux d’infirmité de 10%.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille, y compris s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Léon est toujours fourreur, mais il assiste le reste la famille dans la gestion du studio. Son atelier, qu’il partage avec Jules, est situé à l’ancienne adresse familiale du boulevard Beaumarchais. À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, en application d’une loi du gouvernement de Vichy de septembre 1940 prévoit la saisie des biens appartenant à des Juifs. La société Consorts Lewinski, dont le siège est à Joinville-le-Pont et qui est propriétaire de l'immeuble des studios, avenue Gallieni, est placée en octobre 1941 sous administration provisoire.

Fuyant la persécution, les frères Léon et Jules fuient d’abord à Montpellier, où les autorités vont remarquer qu’ils ne se sont pas fait recenser en tant que Juifs.

Ils vont se rendre ensuite en Savoie à Aix-les-Bains, où ils résident rue de Chambéry. Jules y est arrêté, transféré en mai 1944 au camp d'internement de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) d’où il est déporté par les autorités allemandes au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne).

Bien qu’il ait survécu à l’occupation allemande, Léon Lewinski meurt le 2 novembre 1944 à Saint-Maur-des-Fossés, commune voisine de Joinville-le-Pont où il était revenu depuis Aix-les-Bains. Il était âgé de 52 ans et n’était pas marié.

Les studios Pathé de Joinville, exploités par la société Cinéromans en 1929. L’ex-studio Lewinski est le studio B.

 

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 22:13

Jules Lewinski naît le 13 janvier 1897 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg ancienne couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent boulevard Beaumarchais, dans le quartier Saint-Ambroise, qui abrite une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Isaac, dit Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Jules est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en janvier 1918, avec sa classe, alors qu’il était à ce moment employé de banque. Il sert d’abord dans le 104e régiment d'infanterie, puis dans le 101e.

Son comportement lui avait valu une citation à l’ordre du régiment, qui lui sera notifiée trois jours avant l’armistice : « Très bon soldat, courageux, s’est particulièrement distingué au cours de combats du 5 au 13 octobre 1918, se dépensant sans compter pour assurer la liaison avec les éléments voisins sous de violents tirs d’artillerie et de mitrailleuses. »

Il est démobilisé en mai 1919 alors qu’il sert dans le 16e régiment d'infanterie. Les autorités militaires vont décider cependant que c’était à tort qu’il avait été rendu à la vie civile, et il est rappelé en janvier 1920 pour poursuivre pendant un an son service au sein du 46e régiment d'infanterie.

Après son retour à la vie civile, Jules devient fourreur, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne ; il travaille dans l’atelier de son frère Henri, à l’adresse familiale du boulevard Beaumarchais.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille, y compris s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Jules assiste la famille dans la gestion du studio, dont s’occupe principalement son frère aîné Isaac, dit Henri. À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage. Jules se présente comme négociant depuis 1931.

Jules Lewinski épouse au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) en décembre 1931, Cécile Suzanne Kahn, fille d’un casquettier et d’une marchande. Ils vivent dans cette ville rue Jules-Lecesne puis cours de la République. Leur mariage sera rapidement dissous par divorce, lors d’un jugement de décembre 1933 du tribunal civil de la Seine, à Paris. Jules revient alors s’installer dans la demeure familiale de Joinville.

À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Lors de la deuxième guerre mondiale, Jules Lewinski est mobilisé au sein du 220e régiment d’artillerie. Il est fait prisonnier et interné en Allemagne au Stalag III-A de Luckenwalde, dans le Brandebourg, où il est répertorié en décembre 1940. Le camp regroupait des militaires de dix pays différents. 5 000 d’entre eux, surtout des Soviétiques, y périrent à cause du froid et des privations. Il rentrera en France à une date non connue.

En application d’une loi du gouvernement de Vichy de septembre 1940 prévoit la saisie des biens appartenant à des Juifs. La société Consorts Lewinski, dont le siège est à Joinville-le-Pont et qui est propriétaire de l'immeuble des studios, avenue Gallieni, est placée en octobre 1941 sous administration provisoire.

Fuyant la persécution, les frères Jules et Léon fuient d’abord à Montpellier, où les autorités vont remarquer qu’ils ne se sont pas fait recenser en tant que Juifs.

Ils vont se rendre ensuite en Savoie à Aix-les-Bains et ils résident rue de Chambéry. Jules y est arrêté, transféré au camp d'internement de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) où il arrive le 23 mai 1944. Il est déporté par les autorités allemandes au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) par le convoi n° 75 qui quitte Drancy le 30 mai 1944. Il meurt à son arrivée au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) le 4 juin 1944.

En mars 2008, un arrêté du secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants décide l’apposition de la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès. Le nom de Jules Lewinski figure sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah à Paris (dalle n° 25, colonne n° 9, rangée n° 1).

Depuis novembre 1918, Jules Lewinski était décoré de la Croix de guerre. Il ne semble pas avoir eu d’enfant.

Les studios Pathé de Joinville, exploités par la société Cinéromans en 1925. L’ex-studio Lewinski est le studio B.

 

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31 octobre 2023 2 31 /10 /octobre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

En 1885, le ténor Émile Engel s’engage pour au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, où il va passer quatre ans. Il fait cependant quelques apparitions sur des scènes estivales, comme en juillet 1886 à Aix-en-Provence. Il est nommé professeur de chant au Conservatoire de Bruxelles en janvier 1888.

S’il travaille en Belgique, au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, il a installé sa famille en banlieue parisienne, à Chatou (Seine-et-Oise, act. Yvelines), où naît en juin 1887 son second fils, René. Il expédie de cette adresse un don en mai la même année pour venir en aide aux sinistrés de l’incendie de l'Opéra-Comique et accepte de participer à une représentation en faveur des victimes.

L’embauche à l’Opéra de Paris d’Émile Engel participe de la légende. Elle a fait l’objet de nombreux articles dans la presse, souvent romancés. Le critique musical Henri de Lapommeraye, qui en fut témoin, décrit plus sobrement les évènements dans le quotidien Paris. Le 10 décembre 1889, l’Opéra de Paris reprend Lucie de Lammermoor de Donizetti. La salle est pleine, le président de la République, Sadi Carnot, assistant au spectacle avec son épouse. Le ténor Émile Cossira, qui tient le rôle d’Edgard, a un malaise dès sa première apparition et est incapable de poursuivre. « Eh quoi ! on allait être obligé de renvoyer tous ces spectateurs (…) Comment n'avait-on pas eu le soin de garder au théâtre celui qui doit doubler M. Cossira ? C’était un désastre ». Le jeune secrétaire de l’Opéra, M. Mobisson se serait écrié : « La bataille est perdue, mais il n’est que neuf heures et demie et nous avons encore le temps d’en gagner une avant minuit ! ». Il propose au directeur, Eugène Ritt, de requérir Engel, qu’il a aperçu dans la salle et dont il sait qu’il a chanté Lucie en province comme à l'étranger. Il fait remarquer qu’il n’a pas répété… mais accepte, considérant selon Lapommeraye que « c’est tard, mais c’est amusant ». Il est habillé « comme on peut » et reprend la représentation. À la fin de la représentation, à minuit, Engel reçoit une ovation. Dans les années suivantes, Engel reprit aussi, au pied levé, plusieurs rôles dans des conditions comparables, ce qui lui valut le surnom de Terre-Neuve, du nom d’une race de chiens réputée pour sa capacité de sauvetage en mer

Embauché à l’Opéra suite à cette soirée mémorable, Engel y reste un an. On le retrouve ensuite de nouveau à l’Opéra-Comique. En mars 1894, il interprète le rôle de Siegmond dans la Walkyrie de Wagner au théâtre de la Scala de Milan. Pour Le Monde artiste, « Il y a longtemps, que (l’on) n'avait eu un ténor de cette autorité et de ce style. (…) Engel ne cherche pas à lutter avec ces voix énormes [de ses prédécesseurs] ; il se contente d'être lui-même, c'est-à-dire un musicien excellent ; et de mettre au service des personnages qu'on lui confie, toutes les ressources d'un art très fin et très personnel ». Italia del Popolo, journal italien, le qualifie de « grand artiste » et de « savant commentateur de Wagner. »

En juin 1894, M. Charley, directeur de théâtre de Buenos-Aires, assigne Engel devant le la troisième chambre du tribunal civil de la Seine à Paris. Il lui reproche d’avoir quitté l’Argentine, où il l’avait recruté, sans avoir honoré les engagements de représentations. Le procès est l’occasion d’un débat sur le judicatum solvi, la caution que doivent verser les étrangers qui engagent des actions en France. Engel exige qu’elle soit payée par Charley, natif de Belgique, qui répond : « Il est possible que je sois Belge, mais vous êtes Luxembourgeois et vous n'avez pas le droit d'exiger la caution ». Mais Engel produit un décret, signé du président Carnot, prouvant qu’il détenait désormais la nationalité française.

À Paris au théâtre de La Bodinière (9e arr.), Engel crée en décembre 1896 Une heure de musique, où chaque semaine il donne une audition d’œuvres nouvelles, qui se tient début de soirée. Il programme notamment Saint-Saëns, César Franck, Olonne, Bussy, Bréville. Lui-même met en musique des poèmes de Paul Bourget. Il chante aussi à l’Opéra-Comique ou avec les concerts Lamoureux, à Paris et en province. Enfin, il donne des cours et leçons particulières rue des Martyrs puis boulevard Pereire.

Lors de l’exposition universelle de Paris en 1900, José Engel, son fils, présente un portrait de lui dans le « musée des artistes », œuvre que le quotidien Le Soir qualifie de « portrait d’une extrême et puissante originalité. »

À suivre

Émile Engel

 

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12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 19:44

Auguste Jules Forgeot naît le 25 septembre 1874 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Lucien Étienne Forgeot et de son épouse Anna Caroline Courtin, qui sont domiciliés à Châtellerault où son père est en garnison.

Il voit le jour au château de Polangis dont son grand-père maternel, Auguste Courtin, est le propriétaire. Celui-ci est également alors le maire de cette commune. Il la quittera l’année suivante pour s’installer à Salbris (Loir-et-Cher), où il exploite un domaine agricole, devenant de nouveau maire de Salbris et conseiller général du Loir-et-Cher. Auguste Courtin était le fils adoptif, et probablement le fils naturel de Charles Chapsal, grammairien, qui fut son prédécesseur comme maire et Joinville et avait acheté le domaine de Polangis.

La famille paternelle d’Auguste Forgeot remonte à de riches marchands de grains, bourgeois de Paris au XVIIe siècle. Claude-Etienne Forgeot (1728-1788) fut Premier apothicaire du Roi de 1769 à 1779 tandis que son épouse, Louise Routier, était femme de chambre de la fille de Louis XV, Madame Sophie.

Leurs descendants firent carrière dans l’armée. Etienne-Henry Forgeot (1774-1853) a été commissaire des subsistances de la Marine et chevalier de la Légion d’honneur. Jules-Etienne Forgeot (1809-1877), officier d'artillerie, fut général de division et élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. Enfin, son père, Lucien Etienne Forgeot (1844-1910), colonel d'artillerie, était officier de la Légion d'honneur.

À l’instar de ses ascendants, Auguste Forgeot, qui est l’aîné de sa fratrie de trois garçons, s’inscrit à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et est admis à concourir aux épreuves orales en juin 1895. Il s’engage pour trois ans dans l'artillerie et est intégré en novembre 1895 comme canonnier au 32e régiment d'artillerie (RA). Il est promu brigadier en avril 1896 puis sous-officier, comme maréchal des logis en mai 1897. Il prolonge son contrat pour deux ans en 1898 puis est admis, en mars 1900, à suivre les cours de l'école militaire de l'artillerie et du génie, devenant officier en avril et renouvelant son contrat pour trois années de plus. Il sort diplômés en mars 1901 en tant que sous-lieutenant, affecté au 37e RA.

Le mariage de Joséphine Marie Madeleine Lasserre, fille d’un négociant, avec Auguste Forgeot est célébré à Bayonne (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques) en avril 1902. Le Pays basque deviendra désormais le lieu principal de vie de la nouvelle famille, en dehors des casernements militaires.

Devenu lieutenant en avril 1903, Auguste Forgeot est promu capitaine en septembre 1911, il est placé en congé spécial pour trois ans sans solde à compter de décembre la même année, semble-t-il pour raisons de santé. Il s’installe à Anglet (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques), dans la villa Mirambeau. Sa propriété est une exploitation agricole. Il obtient en 1912 un prix pour les taureaux qu’il élève.

Rappelé dès le début de la première guerre mondiale, Auguste Forgeot dirige une batterie au sein du 14e RA. Il sera cinq fois cité, à l’ordre de la division, de l’armée et du corps d’armée. En juillet 1915, on vante sa « grande habileté technique ». En juillet 1916, c’est son « dévouement inlassable » joint à une bravoure et une conscience remarquable qui sont récompensés. Pour le 14 juillet 1917, il est signalé comme s’étant « particulièrement distingué devant Verdun », « avec autorité et compétence ». On loue en juin 1918 « son calme et son énergie ». Enfin, en octobre 1918, son « exemple extrême » est cité comme ayant « soutenu le moral de sa troupe exténuée de fatigue. »

Un fait original est remarqué des autorités militaires : alors que son activité ne l’y conduisait pas, Forgeot fait en juin 1916 un séjour dans des tranchées au milieu des soldats, faisant lui-même le coup de feu au cours d’une attaque ennemie. Cette démarche lui aurait permis de rapporter « des renseignements de première importance », dont la nature n’est cependant pas précisée.

Vers la fin de la guerre, Auguste Forgeot, qui avait rejoint le 202e RA l’année passée, est nommé chef d’escadron (commandant) en juillet 1918 d’abord à titre provisoire, puis confirmé à titre définitif en septembre. Il est démobilisé en décembre 1918. Il était alors au 258e RA.

Reprenant une activité civile à Anglet, Forgeot exerce au sein d’une société industrielle, la maison Léglise, implantée au Pays Basque et exploitant le bois des Landes pour réaliser notamment des traverses destinées aux chemins de fer. Elle est en particulier spécialiste du créosotage, l’imprégnation chimique du bois pour en assurer la conservation. Albert Lasserre, beau-père de Forgeot, est le Pdg de cette société.

Poursuivant en parallèle son exploitation agricole, il fait figure de pionnier dans la culture du lin en 1920.

Apparaissant comme une personnalité locale, Auguste Forgeot va assurer un nombre important de responsabilités associatives. Il adhère en 1917 à la Société des sciences, lettres, arts et d'études régionales de Bayonne et en fait toujours partie en 1926. Il est le président de la section locale de l’Union des combattants d'Anglet en 1923 et exerce encore ce mandat en 1927. Il est également à la tête du Syndicat agricole d’Anglet en 1925 et conserve la fonction en 1927 ; il finançait des prix pour l’élevage depuis 1923, une dotation qui continuera après sa disparition ; il adhère aussi à la Société des agriculteurs de France. Forgeot fait partie des fondateurs et administrateurs de la Caisse d’épargne et de prévoyance de la ville et de l’arrondissement de Bayonne en 1924.

Enfin, en mai 1924, il participe à la relance de la Société d'Encouragement de Bayonne-Biarritz pour l'amélioration de la race chevaline, qui se donne pour objectif « d’organiser chaque année un des plus beaux meetings de France » dans son hippodrome de la côte basque. Elle est présidée par Maurice Labrouche, ancien maire de Tamos (Landes) et Forgeot en est le secrétaire.

En tant que personnalité influente, Auguste Forgeot est sollicité par le sénateur-maire d'Anglet, également conseiller général des Basses-Pyrénées, Albert Le Bariller. Il figure en mai 1925 sur sa liste, qui est étiquetée Union Républicaine (centre-droite). Anglet, comme les autres communes de la côte basque, est dirigée par des élus de cette tendance, sauf Bayonne, plus à gauche. Forgeot arrive en 4e position des candidats élus dès le 1er tour, avec un score meilleur que celui de Le Bariller. Leur liste emporte tous les sièges. Si Forgeot ne fait pas partie des trois adjoints au maire élus en 1927, il sera présenté en 1927 comme ayant cette fonction par plusieurs personnes lui rendant hommage, mais pas par la presse.

Avant d’être définitivement relevé de ses obligations militaires, il est nommé, dans la réserve, au titre de lieutenant-colonel en décembre 1926.

Auguste Forgeot meurt le 14 septembre 1927 à Anglet, selon l’état-civil. Cependant, le quotidien Paris-soir précise que son décès est intervenu « au cours d'un voyage d'affaires à Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées) » ; pour L'Indépendant des Basses-Pyrénées c’est à Saint-Christau, village adjacent à Oloron et dépendant de la commune de Lurbe-Saint-Christau, qu’il est mort. Il était âgé de 72 ans et est inhumé dans le caveau familial du cimetière de Marracq à Bayonne.

Dans leurs nécrologies, L'Indépendant des Basses-Pyrénées le qualifie d’« Officier d’artillerie des plus distingués » ; La Gazette de Bayonne estime qu’il était « dévoué à foules les œuvres patriotes et de bienfaisance. »

Décoré de la Croix de guerre, Auguste Forgeot était chevalier de la Légion d’honneur depuis juillet 1917 et avait été élevé au grade d’officier en juillet 1926. Une rue d’Anglet porte le nom d’impasse Colonel-Forgeot.

Le couple Forgeot a donné naissance à six enfants. L’aîné, André (1904-1940), agent général d'assurances à Lille (Nord), était lieutenant de cavalerie pendant la deuxième guerre mondiale ; il fut tué à l'ennemi en juin 1940 lors de combats dans les Vosges et fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Un autre fils, Bertrand, se distingua lors de combats en juillet 1944, au cours de la campagne d'Italie et fut décoré de la Croix de guerre. Une de ses filles, Marie Thérèse, fut religieuse salésienne et missionnaire en Inde.

Parmi leurs petits-enfants, Dom Antoine Forgeot (1933-2020) est un moine et prêtre catholique. Il a été le troisième Père abbé de Notre-Dame de Fontgombault, dans l'Indre, abbaye bénédictine de la congrégation de Solesmes.

Auguste Forgeot, arch. fam.

 

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15 juillet 2023 6 15 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Charles Monsarrat

Toujours en place fin 1920 comme commissaire spécial de police des Halles centrales, dont il a tenu la fonction pendant toute la durée de la première guerre mondiale, Charles Monsarrat est désormais une personnalité en vue : il accueille des visites de parlementaires, de délégués étrangers, par exemple de représentants de la municipalité de Moscou, de jeunes ou d’intellectuels.

Il poursuit son travail de médiation en matière sociale. Ainsi, il va transmettre en décembre 1921 au préfet de police une protestation du syndicat des ouvriers de la viande contre l'emploi des Jeunes gens au-dessous de 17 ans, dans les abattoirs de la Villette et de Vaugirard. En novembre 1928, il s’efforce de mettre fin à la grève des abattoirs, conduite par le syndicat communiste CGTU, en réunissant les patrons camionneurs, commissionnaires et débardeurs pour fixer les nouveaux prix de camionnage et de transport.

Outre ses fonctions quotidiennes, Monsarrat s’exprime sur le devenir du marché. Il convainc, en novembre 1920, le conseil de Paris de déplacer plusieurs équipements. Il s’exprime, en septembre 1921 dans Le Petit Journal, assurant qu’il faut « Réformer les Halles ». Il doute cependant que cela puisse se faire à l'emplacement qu’elles occupent alors, dans le cœur de Paris. Il est conscient des problèmes hygiéniques et sanitaires : « au pavillon de la viande, la marchandise s'accumule sur le sol ; au pavillon de la triperie, on n'ose y pénétrer sans revêtir, une blouse. Le carreau forain n'est même pas couvert ; les légumes sont déchargés sur les trottoirs, sur la chaussée même, parmi le crottin et autres immondices ! » Il aimerait un endroit desservi par voie d’eau et le réseau ferré. Il se félicite cependant d’avoir fait installer, le mois précédent, un entrepôt frigorifique. Il veut le départ du commerce de détail qui occupe alors une grande partie des pavillons. Mais il souligne aussi la nécessité de maintenir un contrôle sur les opérations des commerçants, le marché n’ayant pas encore, selon lui, retrouvé une production normale.

En décembre 1925, Le Journal, qui conclut par un long entretien avec lui une vaste enquête, le présente comme « le vice-roi des Halles » où ses fonctions lui ont valu sympathies et inimitiés. Le journaliste Germain Mandle assure qu’il est « actif et plus documenté qu'un bénédictin ». Il assure qu’il faut agrandir les Halles, de préférence en surface mais aussi en sous-sol.

Prenant sa retraite de la police en juillet 1930, Charles Monsarrat part avec le titre honorifique de commissaire divisionnaire.

Ayant poursuivi ses responsabilités associatives antérieures, il s’est laissé convaincre de participer à certains organismes caritatifs liés au marché des Halles. Il est ainsi Président d’honneur de l’œuvre des orphelins des forts des Halles rn 1927, de la Chanson au sanatorium, de l’association philanthropique La Butte libre de Montmartre et de la colonie de vacances Les P’tits Quinquins.

Sa fonction de président des Enfants de Gayant de Paris l’amène à mettre en place une colonie de vacances qui portera le nom de Charles Monsarrat. Les 25 ans de son mandat à la tête de cette institution son célébrés, avec un peu de retard en 1933 et les 30 ans en janvier 1939, la presse assurant qu’il s’agit d’une « belle œuvre. »

Après son départ de la police, il prend une activité professionnelle dans le secteur privé, comme inspecteur d’assurance en 1931 puis au sein d’une imprimerie en 1936.

Son engagement associatif va se renforcer durant la deuxième guerre mondiale. Il est le président de la Fédération des Retraités de la Seine en 1940 et devient délégué général de la fédération des retraités communaux, départementaux et hospitaliers de France en 1942.

N’ayant pas été mis en cause pour son comportement vis-à-vis des autorités d’occupation, il devient vice-président de la Confédération générale des retraités en 1946.

Charles Monsarrat meurt le 27 octobre 1947 à Paris (13e arr.) où il était hospitalisé. Il résidait toujours rue des Pyrénées où il était installé déjà en 1926. Âgé de 72 ans, il était père de trois enfants. C’est un médaillé de la Résistance, Émile Lerouge, qui déclare son décès.

Le commissaire Monsarrat était titulaire d’une douzaine de décorations. Trois récompensaient des actes de courage et de dévouement : une médaille de bronze en octobre 1902 pour la « capture périlleuse d’un fou furieux armé », une autre en mai 1907 pour la « capture dangereuse d’un meurtrier » puis une médaille de vermeil en août 1910 pour son comportement, en début d’année, lors des inondations séculaires de la Marne. Détenteur des Palmes académiques, en tant qu’officier d'académie en août 1908, il avait été fait officier de l’instruction publique en février 1930 pour « services rendus aux œuvres scolaires. »

Les croix de chevalier puis d’officier du Mérite agricole étaient venues saluer son activité aux Halles de Paris en août 1922 et en juillet 1930. Son travail de médiation entre employeurs et employés a été cause de l’attribution du titre de chevalier du Mérite social en 1928.

La Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge) lui avait remis une médaille d’or en mai 1926 pour son assistance aux soldats et réfugiés du département du Nord au cours de la première guerre mondiale.

Enfin, sur proposition du ministre de l’agriculture, Charles Monsarrat était devenu chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1928, notamment pour avoir « concouru à l’étude des questions relatives au renchérissement de la vie et s’est acquitté de ses délicates fonctions avec autant d’activité que de tact et d’autorité ». C’est au titre du ministère de la santé publique et de la population qu’il était devenu officier de la Légion d’honneur en juillet 1947, trois mois avant sa disparition. Ce sont notamment les secours aux soldats, prisonniers de guerre et réfugiés, ainsi que son activité en faveur des enfants, qui étaient alors récompensés.

La ville de Douai a donné à une de ses voies le nom de « rue Charles Monsarrat ». D’une longueur de 230 mètres, elle relie la rue du Quatre-septembre (où ses parents ont vécu) à la rue Émile-Morlaix ainsi qu’au boulevard Delebecque. Elle dessert le parc Charles-Bertin et abrite notamment un établissement, hébergeant l’Association des centres sociaux de Douai et le Centre social Gayant. La plaque de rue porte la mention « bienfaiteur de la ville, fondateur des Enfants de Gayant de Paris (1874-1947). »

Fin

Plaque de la rue Charles Monsarrat à Douai

 

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13 juillet 2023 4 13 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Charles Monsarrat

En juin 1911, Charles Monsarrat est promu commissaire de police de la Ville de Paris et chargé du quartier de la Monnaie (6e arr.). Il laisse la place de Joinville-le-Pont à Louis Gourdel, venu de Montreuil. En janvier 1913, il est transféré à Belleville (20e arr.). En mai, il arrête rue de Ménilmontant, Gabriel Bonton, dit Gaby, âgé de vingt-huit ans, accusé d’avoir frappé à coups de canne plombée un agent de police lors d’une manifestation faubourg du Temple, le soir du 1er mai. Il est considéré comme liés aux milieux anarchistes des quartiers de Belleville et Ménilmontant. Des brochures révolutionnaires et antimilitaristes sont découvertes chez lui, ainsi que sa canne plombée et deux couteaux-poignards.

Alors qu’il n’était jamais resté très longtemps dans ses postes précédents, le record étant de 30 mois à Joinville, Monsarrat va obtenir, en janvier 1914 une affectation où il va s’installer durablement : celle de commissaire de police spécial des Halles centrales de Paris. Il est chargé des marchés d’approvisionnement de la Ville de Paris, mais aussi des abattoirs de La Villette et de Vaugirard. Il publie, dans le cadre du VIe congrès des pêches maritimes, qui se tient à Tunis en mars 1914, un article sur Le Marché du poisson à Paris.

Sa fonction aux Halles sera primordiale pendant la première guerre mondiale mais aussi à son issue, alors que l’alimentation de la capitale est compliquée par les combats, les destructions et les pénuries.

En 1909, alors qu’il dirigeait le commissariat de Pantin, Charles Monsarrat créa une association, dont il restera le président jusqu’à sa disparition, Les Enfants de Gayant de Paris. Les personnages de la famille Gayant sont des symboles de la ville de Douai depuis le 16e siècle. Chaque année, en juillet, des mannequins géants (signification du mot de gayant dans le parler artésien), sont transportés dans la ville, symbolisant sa défense contre les attaques dont elle a été victime. Le terme Enfants de Gayant désigne les habitants du territoire, et un square de la commune porte ce nom. La société amicale et philanthropique fondée par Monsarrat organise notamment un banquet et un bal annuels, généralement en novembre, pour financer ses activités. Elle apporte ses services aux originaires de cet arrondissement du département du Nord.

Pendant la première guerre mondiale, l’association va avoir une importante action humanitaire. Douai et ses environs sont occupés par l’armée allemande en octobre 1914. C’est toujours le cas en septembre 1918, quand toute la population restante est évacuée vers la Belgique puis que le centre-ville est pillé et incendié, notamment la place d’Armes où avait vécu la famille Monsarrat. Les Enfants de Gayant de Paris apportent 80 000 francs de secours en nature aux soldats du front ou prisonniers de guerre et procurent plusieurs centaines d’emplois aux réfugiés.

Peu avant l’armistice, le 4 novembre 1918, Monsarrat fait adopter, au siège social, rue de Richelieu à Paris, le vœu suivant : « Que les Allemands soient tenus de réparer Intégralement tous les dommages causés et que tous les crimes commis soient justement châtiés en la personne de leurs auteurs responsables ; Qu'avant toute conclusion d’un armistice l’ennemi sait tenu de rapatrier, dans des conditions de transport humaines et convenables, toutes les populations évacuées par la force et emmenées en esclavage ; Que non seulement l'Allemagne soit tenue de rendre matériel pour matériel, outil pour outil, mais soit astreinte à fournir la main-d’œuvre nécessaire à la reconstruction des usines et des immeubles détruits. »

Après l’arrêt des combats, il appelle les originaires de Douai à participer à la manifestation patriotique en l’honneur de l’Alsace-Lorraine organisée place des Ternes à Paris le dimanche 17 novembre.

Dans son activité de surveillance du marché des Halles, Monsarrat a mis en place, le 7 août 1914, soit moins d’une semaine après le début de la guerre, une commission comprenant des marchands de bestiaux, des bouchers, tripiers et charcutiers ainsi qu’un représentant du syndicat des travailleurs des Halles. Il la réunit chaque semaine pour fixer les prix maximums pour les viandes. En octobre 1915, il étend la détermination d’un prix-plafond à toutes les marchandises vendues aux Halles.

Une fois la guerre terminée, Monsarrat doit intervenir pour calmer les affrontements entre les commerçants et groupements de consommateurs. Lors d’une manifestation en août 1919, organisée par les crémiers qui refusaient de vendre leur marchandise moins cher qu'ils ne l'avaient achetée, un journaliste est molesté. Monsarrat se fit d'abord conspuer, puis applaudir quelques instants après, lorsqu'il proposa de soumettre les doléances des mécontents au préfet de police. 100 gardes républicains et 50 agents étaient venus renforcer l’effectif du commissariat. Mais les blocages et incidents conduisirent à la perte de beaucoup de produits, que la chaleur empêchait de conserver. Monsarrat fait arrêter plusieurs spéculateurs sur le marché aux veaux.

En septembre, ce sont les employés des Halles qui expriment leur mécontentement. Au cours d'une réunion syndicale, ils demandent au commissaire Monsarrat d'intervenir pour éviter d’avoir à se mettre en grève.

C’est de nouveau lui que, en janvier 1920, les ouvriers des abattoirs de la Villette et de Vaugirard, en grève, proposent comme arbitre. Il organise et préside la commission d’arbitrage, ce qui permet la reprise du travail.

En mars la même année, il provoque une réunion des bouchers et des tripiers pour traiter du prix des abats qui connaît une hausse « fantastique » selon L’Écho de Paris. Monsarrat l’attribue à la surenchère de centres de production de province pour avoir le monopole de ces ventes. Le commissaire assure que « Ces pratiques, non seulement il les condamne, mais il est résolu à poursuivre, sans pitié, ces spéculateurs. »

À suivre

Charles Monsarrat, commissaire de police en 1907

 

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