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12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 19:44

Auguste Jules Forgeot naît le 25 septembre 1874 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Lucien Étienne Forgeot et de son épouse Anna Caroline Courtin, qui sont domiciliés à Châtellerault où son père est en garnison.

Il voit le jour au château de Polangis dont son grand-père maternel, Auguste Courtin, est le propriétaire. Celui-ci est également alors le maire de cette commune. Il la quittera l’année suivante pour s’installer à Salbris (Loir-et-Cher), où il exploite un domaine agricole, devenant de nouveau maire de Salbris et conseiller général du Loir-et-Cher. Auguste Courtin était le fils adoptif, et probablement le fils naturel de Charles Chapsal, grammairien, qui fut son prédécesseur comme maire et Joinville et avait acheté le domaine de Polangis.

La famille paternelle d’Auguste Forgeot remonte à de riches marchands de grains, bourgeois de Paris au XVIIe siècle. Claude-Etienne Forgeot (1728-1788) fut Premier apothicaire du Roi de 1769 à 1779 tandis que son épouse, Louise Routier, était femme de chambre de la fille de Louis XV, Madame Sophie.

Leurs descendants firent carrière dans l’armée. Etienne-Henry Forgeot (1774-1853) a été commissaire des subsistances de la Marine et chevalier de la Légion d’honneur. Jules-Etienne Forgeot (1809-1877), officier d'artillerie, fut général de division et élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. Enfin, son père, Lucien Etienne Forgeot (1844-1910), colonel d'artillerie, était officier de la Légion d'honneur.

À l’instar de ses ascendants, Auguste Forgeot, qui est l’aîné de sa fratrie de trois garçons, s’inscrit à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et est admis à concourir aux épreuves orales en juin 1895. Il s’engage pour trois ans dans l'artillerie et est intégré en novembre 1895 comme canonnier au 32e régiment d'artillerie (RA). Il est promu brigadier en avril 1896 puis sous-officier, comme maréchal des logis en mai 1897. Il prolonge son contrat pour deux ans en 1898 puis est admis, en mars 1900, à suivre les cours de l'école militaire de l'artillerie et du génie, devenant officier en avril et renouvelant son contrat pour trois années de plus. Il sort diplômés en mars 1901 en tant que sous-lieutenant, affecté au 37e RA.

Le mariage de Joséphine Marie Madeleine Lasserre, fille d’un négociant, avec Auguste Forgeot est célébré à Bayonne (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques) en avril 1902. Le Pays basque deviendra désormais le lieu principal de vie de la nouvelle famille, en dehors des casernements militaires.

Devenu lieutenant en avril 1903, Auguste Forgeot est promu capitaine en septembre 1911, il est placé en congé spécial pour trois ans sans solde à compter de décembre la même année, semble-t-il pour raisons de santé. Il s’installe à Anglet (Basses-Pyrénées, act. Pyrénées-Atlantiques), dans la villa Mirambeau. Sa propriété est une exploitation agricole. Il obtient en 1912 un prix pour les taureaux qu’il élève.

Rappelé dès le début de la première guerre mondiale, Auguste Forgeot dirige une batterie au sein du 14e RA. Il sera cinq fois cité, à l’ordre de la division, de l’armée et du corps d’armée. En juillet 1915, on vante sa « grande habileté technique ». En juillet 1916, c’est son « dévouement inlassable » joint à une bravoure et une conscience remarquable qui sont récompensés. Pour le 14 juillet 1917, il est signalé comme s’étant « particulièrement distingué devant Verdun », « avec autorité et compétence ». On loue en juin 1918 « son calme et son énergie ». Enfin, en octobre 1918, son « exemple extrême » est cité comme ayant « soutenu le moral de sa troupe exténuée de fatigue. »

Un fait original est remarqué des autorités militaires : alors que son activité ne l’y conduisait pas, Forgeot fait en juin 1916 un séjour dans des tranchées au milieu des soldats, faisant lui-même le coup de feu au cours d’une attaque ennemie. Cette démarche lui aurait permis de rapporter « des renseignements de première importance », dont la nature n’est cependant pas précisée.

Vers la fin de la guerre, Auguste Forgeot, qui avait rejoint le 202e RA l’année passée, est nommé chef d’escadron (commandant) en juillet 1918 d’abord à titre provisoire, puis confirmé à titre définitif en septembre. Il est démobilisé en décembre 1918. Il était alors au 258e RA.

Reprenant une activité civile à Anglet, Forgeot exerce au sein d’une société industrielle, la maison Léglise, implantée au Pays Basque et exploitant le bois des Landes pour réaliser notamment des traverses destinées aux chemins de fer. Elle est en particulier spécialiste du créosotage, l’imprégnation chimique du bois pour en assurer la conservation. Albert Lasserre, beau-père de Forgeot, est le Pdg de cette société.

Poursuivant en parallèle son exploitation agricole, il fait figure de pionnier dans la culture du lin en 1920.

Apparaissant comme une personnalité locale, Auguste Forgeot va assurer un nombre important de responsabilités associatives. Il adhère en 1917 à la Société des sciences, lettres, arts et d'études régionales de Bayonne et en fait toujours partie en 1926. Il est le président de la section locale de l’Union des combattants d'Anglet en 1923 et exerce encore ce mandat en 1927. Il est également à la tête du Syndicat agricole d’Anglet en 1925 et conserve la fonction en 1927 ; il finançait des prix pour l’élevage depuis 1923, une dotation qui continuera après sa disparition ; il adhère aussi à la Société des agriculteurs de France. Forgeot fait partie des fondateurs et administrateurs de la Caisse d’épargne et de prévoyance de la ville et de l’arrondissement de Bayonne en 1924.

Enfin, en mai 1924, il participe à la relance de la Société d'Encouragement de Bayonne-Biarritz pour l'amélioration de la race chevaline, qui se donne pour objectif « d’organiser chaque année un des plus beaux meetings de France » dans son hippodrome de la côte basque. Elle est présidée par Maurice Labrouche, ancien maire de Tamos (Landes) et Forgeot en est le secrétaire.

En tant que personnalité influente, Auguste Forgeot est sollicité par le sénateur-maire d'Anglet, également conseiller général des Basses-Pyrénées, Albert Le Bariller. Il figure en mai 1925 sur sa liste, qui est étiquetée Union Républicaine (centre-droite). Anglet, comme les autres communes de la côte basque, est dirigée par des élus de cette tendance, sauf Bayonne, plus à gauche. Forgeot arrive en 4e position des candidats élus dès le 1er tour, avec un score meilleur que celui de Le Bariller. Leur liste emporte tous les sièges. Si Forgeot ne fait pas partie des trois adjoints au maire élus en 1927, il sera présenté en 1927 comme ayant cette fonction par plusieurs personnes lui rendant hommage, mais pas par la presse.

Avant d’être définitivement relevé de ses obligations militaires, il est nommé, dans la réserve, au titre de lieutenant-colonel en décembre 1926.

Auguste Forgeot meurt le 14 septembre 1927 à Anglet, selon l’état-civil. Cependant, le quotidien Paris-soir précise que son décès est intervenu « au cours d'un voyage d'affaires à Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées) » ; pour L'Indépendant des Basses-Pyrénées c’est à Saint-Christau, village adjacent à Oloron et dépendant de la commune de Lurbe-Saint-Christau, qu’il est mort. Il était âgé de 72 ans et est inhumé dans le caveau familial du cimetière de Marracq à Bayonne.

Dans leurs nécrologies, L'Indépendant des Basses-Pyrénées le qualifie d’« Officier d’artillerie des plus distingués » ; La Gazette de Bayonne estime qu’il était « dévoué à foules les œuvres patriotes et de bienfaisance. »

Décoré de la Croix de guerre, Auguste Forgeot était chevalier de la Légion d’honneur depuis juillet 1917 et avait été élevé au grade d’officier en juillet 1926. Une rue d’Anglet porte le nom d’impasse Colonel-Forgeot.

Le couple Forgeot a donné naissance à six enfants. L’aîné, André (1904-1940), agent général d'assurances à Lille (Nord), était lieutenant de cavalerie pendant la deuxième guerre mondiale ; il fut tué à l'ennemi en juin 1940 lors de combats dans les Vosges et fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Un autre fils, Bertrand, se distingua lors de combats en juillet 1944, au cours de la campagne d'Italie et fut décoré de la Croix de guerre. Une de ses filles, Marie Thérèse, fut religieuse salésienne et missionnaire en Inde.

Parmi leurs petits-enfants, Dom Antoine Forgeot (1933-2020) est un moine et prêtre catholique. Il a été le troisième Père abbé de Notre-Dame de Fontgombault, dans l'Indre, abbaye bénédictine de la congrégation de Solesmes.

Auguste Forgeot, arch. fam.

 

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