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30 novembre 2023 4 30 /11 /novembre /2023 00:01

Ernest Desouches naît le 23 octobre 1839 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Julie Fayard et de son mari, Louis Guillaume Desouches, négociant en bois. Il voit le jour en même temps qu’un jumeau, qui porte le prénom paternel Louis Guillaume, et qui ne semble pas avoir vécu longtemps ; ils étaient les septième et huitième – et derniers – enfants du couple. Le père était lui-même fils d’un ancien garde-meuble de l’empereur et du roi ; il avait fait breveter, en 1837, des appareils mécaniques servant au débitage, poinçonnage, fendage et empilage du bois. Il décède quand Ernest a 14 ans.

Il devient également négociant et épouse en novembre 1864 à Paris (11e arr.) Jeanne Louise Marguerite Blondel, fille d’un graveur. Ils vivent rue Saint-Maur-Popincourt.

En 1871, la mairie de Paris loue à Ernest Desouches une filature de Soie, située dans le quartier de Gravelle, aux limites des communes de Saint-Maurice et Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). L’adresse est sur la première de ces villes, rue des Usines. Un élevage de vers à soie est présent sur le site. En septembre 1872 la société Ernest Desouches et Cie est constituée pour exploiter l’activité, et il en est le gérant. C’est elle qui acquiert les terrains et bâtiments, quand le conseil municipal de Paris les met en vente en juillet 1872.

En janvier 1876, Ernest Desouches est élu, sous l’étiquette républicaine, délégué du conseil municipal de Saint-Maurice pour les élections sénatoriales.

Il est probablement à l’origine d’une pétition d’habitants du quartier de Gravelle, demandant que celui-ci soit détaché de Saint Maurice et réuni à la commune de Joinville. La revendication est présentée au conseil municipal de Paris en novembre 1876 par son frère aîné Eugène Desouches, marchand de bois, conseiller municipal de Paris depuis 1871, représentant le quartier Saint-Merri. Le conseil de Paris fait également office de conseil général du département de la Seine ; il donne suite à la pétition, et une partie du quartier, avec des terrains voisins de Saint-Maur-des-Fossés, est rattaché à Joinville en 1877. L’usine aura désormais son siège dans cette ville.

Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1878, Desouches et Cie obtient une médaille de bronze pour ses produits de filature et déchets de soie. Ernest Desouches est un des fondateurs de l’Association de l’industrie française, fondée en juillet cette même année.

Il s’associe, en décembre 1891, aux démarches à propos du prix des fils lancées par des industriels de Lyon, du Nord, de Troyes et des Vosges, grandes régions textiles.

Selon des sources familiales, Ernest Desouches fait l’acquisition, en 1894 d'une filature de soie à Sielce, aujourd’hui quartier de l'arrondissement de Mokotów à Varsovie (Russie, act. Pologne). Sa troisième fille, Suzanne, épouse le capitaine de cavalerie Victor Juchnowsky, qui exerce alors la fonction de commissaire de police de Varsovie.

La famille Desouches revient en France au début du 20e siècle, mais Suzanne reste sur place et son mari meurt à Moscou, peu après le renversement du gouvernement impérial en mars 1917. Elle sera rapatriée par la Croix-Rouge en 1921, avec ses deux plus jeunes enfants, tandis que les aînées reviendront par leurs propres moyens, toujours selon les archives familiales.

Ernest Desouches est en 1921 directeur de l’Assurance du Travail et vie dans la quartier Necker de Paris (15e), rue Edmond-Guillout. Devenu veuf en juillet 1923, il vit avec sa benjamine Denise ainsi que la cadette Suzanne et les quatre filles de cette dernière, rapatriées après la révolution bolchévique.

Ernest Desouches meurt le 24 janvier 1929 à Paris (15e arr.), à son domicile. Il était âgé de 89 ans et père de cinq enfants. Il est enterré au cimetière du Montparnasse.

Il n’a pas de lien avec Gaston Desouches (1878-1965), entrepreneur de menuiserie et candidat conservateur à Joinville-le-Pont.

Eugène Desouches, conseiller municipal de Paris (1871-1878), frère d’Ernest Desouches

 

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14 novembre 2023 2 14 /11 /novembre /2023 00:01

Léon Lewinski naît le 15 août 1892 à Paris (3e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent rue Vieille-du-Temple, dans un quartier comportant une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Ils vivront ensuite boulevard Beaumarchais (quartier Saint-Ambroise, 11e arr.). Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Isaac, dit Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Léon est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en décembre 1913 au 130e régiment d'infanterie. Il est donc sous les drapeaux au début de la guerre début août 1914. Mais il est rapidement fait prisonnier, le 22 août, et emprisonné en Thuringe. Il séjourne d’abord dans village d’Ohrdruf puis dans le vaste camp de prisonniers de Langensalza, érigé à proximité, qui va accueillir 28 000 prisonniers, principalement français et russes. Les conditions de vie dans le camp sont difficiles, deux épidémies de typhus provoquant un millier de décès en 1915. Léon Lewinski sera lui-même malade et transféré, sous les auspices de la Croix-Rouge, en Suisse où il est hospitalisé en juillet 1918. Il est rapatrié peu après l’armistice, le 20 novembre 1918. En février 1919, il sera reconnu comme souffrant de bronchite chronique et de bégaiement et affecté dans la réserve à des services auxiliaires non armés ; il sera réformé en avril 1933, du fait d’une instabilité cardiaque et d’une forme légère de tuberculose, qui le classent avec un taux d’infirmité de 10%.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille, y compris s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Léon est toujours fourreur, mais il assiste le reste la famille dans la gestion du studio. Son atelier, qu’il partage avec Jules, est situé à l’ancienne adresse familiale du boulevard Beaumarchais. À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, en application d’une loi du gouvernement de Vichy de septembre 1940 prévoit la saisie des biens appartenant à des Juifs. La société Consorts Lewinski, dont le siège est à Joinville-le-Pont et qui est propriétaire de l'immeuble des studios, avenue Gallieni, est placée en octobre 1941 sous administration provisoire.

Fuyant la persécution, les frères Léon et Jules fuient d’abord à Montpellier, où les autorités vont remarquer qu’ils ne se sont pas fait recenser en tant que Juifs.

Ils vont se rendre ensuite en Savoie à Aix-les-Bains, où ils résident rue de Chambéry. Jules y est arrêté, transféré en mai 1944 au camp d'internement de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) d’où il est déporté par les autorités allemandes au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne).

Bien qu’il ait survécu à l’occupation allemande, Léon Lewinski meurt le 2 novembre 1944 à Saint-Maur-des-Fossés, commune voisine de Joinville-le-Pont où il était revenu depuis Aix-les-Bains. Il était âgé de 52 ans et n’était pas marié.

Les studios Pathé de Joinville, exploités par la société Cinéromans en 1929. L’ex-studio Lewinski est le studio B.

 

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12 novembre 2023 7 12 /11 /novembre /2023 22:13

Jules Lewinski naît le 13 janvier 1897 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Pauline Zaremberg ancienne couturière, et de son époux Joseph Lewinski, tapissier. Tous les deux sont originaires de Podlachie, alors dans l’empire russe, actuellement dans le nord-est de la Pologne. Ils se sont mariés à Paris en novembre 1889. Ils vivent boulevard Beaumarchais, dans le quartier Saint-Ambroise, qui abrite une importante communauté juive venant d’Europe orientale. Leur nom est très souvent orthographié Levinsky, parfois Levinski ou Lewinsky.

Le père, Joseph Lewinski, sera, à partir de 1900, marchand et loueur de meubles. Il fournira Gaumont, à Paris et Pathé-Cinéma qui dispose d’ateliers à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne), comprenant un théâtre de prise de vue. Son garde-meubles se situe à Vincennes.

La famille compte trois fils, Isaac, dit Henri, Léon et Jules. Le premier gèrera avec son père les affaires que ce dernier développera après la première guerre mondiale ; les deux autres seront fourreurs, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne.

Jules est de nationalité française (ses parents l’obtiendront en 1928) et est donc convoqué pour effectuer son service militaire. Il est mobilisé en janvier 1918, avec sa classe, alors qu’il était à ce moment employé de banque. Il sert d’abord dans le 104e régiment d'infanterie, puis dans le 101e.

Son comportement lui avait valu une citation à l’ordre du régiment, qui lui sera notifiée trois jours avant l’armistice : « Très bon soldat, courageux, s’est particulièrement distingué au cours de combats du 5 au 13 octobre 1918, se dépensant sans compter pour assurer la liaison avec les éléments voisins sous de violents tirs d’artillerie et de mitrailleuses. »

Il est démobilisé en mai 1919 alors qu’il sert dans le 16e régiment d'infanterie. Les autorités militaires vont décider cependant que c’était à tort qu’il avait été rendu à la vie civile, et il est rappelé en janvier 1920 pour poursuivre pendant un an son service au sein du 46e régiment d'infanterie.

Après son retour à la vie civile, Jules devient fourreur, profession assez développée parmi les juifs immigrés de Pologne ; il travaille dans l’atelier de son frère Henri, à l’adresse familiale du boulevard Beaumarchais.

Lorsque Pathé-Cinéma se déplace ses usines dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, en 1923, Joseph Lewinski acquiert un vaste terrain à proximité. Il y installe un dépôt, puis le transforme en petit studio avant de construire, en 1923, le premier studio de cinéma moderne de France. Il le revend à Pathé-Cinéma en 1924, qui en confie l’exploitation à Ciné-Romans.

Toute la famille, y compris s’installe à Joinville, dans le quartier de Polangis, avenue du Parc. Jules assiste la famille dans la gestion du studio, dont s’occupe principalement son frère aîné Isaac, dit Henri. À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage. Jules se présente comme négociant depuis 1931.

Jules Lewinski épouse au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) en décembre 1931, Cécile Suzanne Kahn, fille d’un casquettier et d’une marchande. Ils vivent dans cette ville rue Jules-Lecesne puis cours de la République. Leur mariage sera rapidement dissous par divorce, lors d’un jugement de décembre 1933 du tribunal civil de la Seine, à Paris. Jules revient alors s’installer dans la demeure familiale de Joinville.

À la mort de son père, en janvier 1937, les trois frères gèrent en commun, avec leur mère, le patrimoine issu de son héritage.

Lors de la deuxième guerre mondiale, Jules Lewinski est mobilisé au sein du 220e régiment d’artillerie. Il est fait prisonnier et interné en Allemagne au Stalag III-A de Luckenwalde, dans le Brandebourg, où il est répertorié en décembre 1940. Le camp regroupait des militaires de dix pays différents. 5 000 d’entre eux, surtout des Soviétiques, y périrent à cause du froid et des privations. Il rentrera en France à une date non connue.

En application d’une loi du gouvernement de Vichy de septembre 1940 prévoit la saisie des biens appartenant à des Juifs. La société Consorts Lewinski, dont le siège est à Joinville-le-Pont et qui est propriétaire de l'immeuble des studios, avenue Gallieni, est placée en octobre 1941 sous administration provisoire.

Fuyant la persécution, les frères Jules et Léon fuient d’abord à Montpellier, où les autorités vont remarquer qu’ils ne se sont pas fait recenser en tant que Juifs.

Ils vont se rendre ensuite en Savoie à Aix-les-Bains et ils résident rue de Chambéry. Jules y est arrêté, transféré au camp d'internement de Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis) où il arrive le 23 mai 1944. Il est déporté par les autorités allemandes au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) par le convoi n° 75 qui quitte Drancy le 30 mai 1944. Il meurt à son arrivée au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne) le 4 juin 1944.

En mars 2008, un arrêté du secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants décide l’apposition de la mention « Mort en déportation » sur son acte de décès. Le nom de Jules Lewinski figure sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah à Paris (dalle n° 25, colonne n° 9, rangée n° 1).

Depuis novembre 1918, Jules Lewinski était décoré de la Croix de guerre. Il ne semble pas avoir eu d’enfant.

Les studios Pathé de Joinville, exploités par la société Cinéromans en 1925. L’ex-studio Lewinski est le studio B.

 

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2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

Une des élèves du ténor Émile Engel, la pianiste et cantatrice mezzo-soprano Jane Bathori est engagée en 1901 à la Scala de Milan. Elle l’accompagne en 1908 au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles où il reprend une saison. En 1906, devenu professeur au Conservatoire de musique de la capitale, il poursuit une activité privée avec elle et tous les deux ouvrent leçons et cours de chant dans un salon de la rue de Londres à Paris.

Après avoir divorcé, en décembre 1907 d’avec Marie Garry, il épouse en mai 1908 à Paris (8e arr.) Jane Bathori (alias Jeanne Marie Berthier), qui a 30 ans de moins que lui. Le peintre Charles Léandre et le compositeur Albert Roussel sont ses témoins.

Au cours de la première guerre mondiale, le fils aîné d’Émile Engel, José, déjà trop âgé pour être dans les troupes de combat, est mobilisé en 1916 dans le génie puis mis à disposition du ministère de l’enseignement. Son fils cadet, René, ingénieur chimiste installé aux États-Unis, est affecté à l’artillerie, détaché à la direction générale des poudres et sert d’interlocuteur aux autorités américaines pour l’armement. Il est nommé lieutenant.

Pour leur part, les époux Engel organisent en janvier 1916 une matinée au bénéfice des soldats aveugles.

Contribuant aux efforts patriotiques, Émile Engel met en musique des œuvres poétiques. Il publie au moins cinq œuvres sur des textes de Paul Déroulède (Le bon Gîte en 1916 et Le Clairon l’année suivante), de M.-H. Chantrel (Le Coq gaulois en 1916), d’Alfred de Musset (Le Rhin allemand en 1917) ainsi que de Victor Hugo (Hymne à la France en 1917).

Après la première guerre mondiale, Émile Engel se consacre presqu’exclusivement à son enseignement, principalement au Conservatoire de Paris, ne chantant qu’à l’occasion de concert avec ses élèves.

Son divorce d’avec Jane Bathori est prononcé en juillet 1921 par le tribunal civil de la Seine « à la requête et au profit du mari ». Ce ne sera pas sa dernière union puisqu’en mars 1925 à Paris (10e arr.), il épouse de nouveau une de ses élèves, Rose Joséphine Daumas, fille d’un typographe de Toulon (Var). La différence d’âge est cette fois de 54 ans ; parmi ses témoins, on retrouve le peintre Charles Léandre, qui réalisera son portrait en 1927. Le nouveau couple vit rue Claude-Vellefaux (10e arr.).

Bien qu’âgé alors de 80 ans, Émile Engel, est toujours professeur en 1927 et se confie en juin lors du concours de chant où se présente ses élèves à un rédacteur de Chantecler, qui le dit marchant péniblement, malade et usé : « Je vais mourir d'une minute à l'autre, tant je suis faible ». Il meurt le 18 juillet 1927 à Paris (10e arr.) dans son domicile de l’avenue Claude-Vellefaux. Son successeur à son poste au Conservatoire de musique de Paris voit sa nomination (décidée antérieurement) publiée le jour même de la disparition d’Engel. Chantecler écrit qu’il « est mort à l'heure même où commençait sa retraite », ayant cependant « connu le réconfort d’une affection et l'un dévouement féminins qui lui ont embelli ses derniers moments ». Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (20e arr.).

Une fille, Marie Françoise Antoinette, naît de manière posthume en septembre 1927 à Toulon (Var), où Rose Engel s’était retirée chez sa mère. Mais sa veuve décède elle-même un mois plus tard, laissant le bébé orphelin à la garde de sa grand-mère maternelle. Elle héritera de la vente d’une vaste villa située près de Dieppe, à Hautot-sur-Mer (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), avec ses deux frères aînés (José a 59 ans de plus qu’elle et René en a 40). José est un peintre, dessinateur et illustrateur ; René, qui va prendre la nationalité des États-Unis, est professeur de géologie à l’Institut de technologie de Californie (Caltech), à Pasadena.

De nombreux journaux rendent hommage à Émile Engel. Comme beaucoup d’autres, Comoedia, met en avant, parmi ses créations, Le Rêve d’Alfred Bruneau à la salle Favart de l'Opéra-Comique. Le Journal souligne la « pénible émotion » que provoque sa disparition chez ses nombreux élèves et amis. La Volonté le décrit comme « un chanteur de grande classe ».

La Grande encyclopédie, publiée en 1894, voyait en lui « un artiste de talent, comédien aussi habile que chanteur expressif et expérimenté ». Outre les tableaux de Charles Léandre et José Engel, le photographe Félix Nadar figure par les nombreux auteurs de portraits de l’artiste.

Fin

Émile Engel et Jane Bathori

 

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31 octobre 2023 2 31 /10 /octobre /2023 00:01

Suite de la biographie d’Émile Engel

En 1885, le ténor Émile Engel s’engage pour au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, où il va passer quatre ans. Il fait cependant quelques apparitions sur des scènes estivales, comme en juillet 1886 à Aix-en-Provence. Il est nommé professeur de chant au Conservatoire de Bruxelles en janvier 1888.

S’il travaille en Belgique, au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, il a installé sa famille en banlieue parisienne, à Chatou (Seine-et-Oise, act. Yvelines), où naît en juin 1887 son second fils, René. Il expédie de cette adresse un don en mai la même année pour venir en aide aux sinistrés de l’incendie de l'Opéra-Comique et accepte de participer à une représentation en faveur des victimes.

L’embauche à l’Opéra de Paris d’Émile Engel participe de la légende. Elle a fait l’objet de nombreux articles dans la presse, souvent romancés. Le critique musical Henri de Lapommeraye, qui en fut témoin, décrit plus sobrement les évènements dans le quotidien Paris. Le 10 décembre 1889, l’Opéra de Paris reprend Lucie de Lammermoor de Donizetti. La salle est pleine, le président de la République, Sadi Carnot, assistant au spectacle avec son épouse. Le ténor Émile Cossira, qui tient le rôle d’Edgard, a un malaise dès sa première apparition et est incapable de poursuivre. « Eh quoi ! on allait être obligé de renvoyer tous ces spectateurs (…) Comment n'avait-on pas eu le soin de garder au théâtre celui qui doit doubler M. Cossira ? C’était un désastre ». Le jeune secrétaire de l’Opéra, M. Mobisson se serait écrié : « La bataille est perdue, mais il n’est que neuf heures et demie et nous avons encore le temps d’en gagner une avant minuit ! ». Il propose au directeur, Eugène Ritt, de requérir Engel, qu’il a aperçu dans la salle et dont il sait qu’il a chanté Lucie en province comme à l'étranger. Il fait remarquer qu’il n’a pas répété… mais accepte, considérant selon Lapommeraye que « c’est tard, mais c’est amusant ». Il est habillé « comme on peut » et reprend la représentation. À la fin de la représentation, à minuit, Engel reçoit une ovation. Dans les années suivantes, Engel reprit aussi, au pied levé, plusieurs rôles dans des conditions comparables, ce qui lui valut le surnom de Terre-Neuve, du nom d’une race de chiens réputée pour sa capacité de sauvetage en mer

Embauché à l’Opéra suite à cette soirée mémorable, Engel y reste un an. On le retrouve ensuite de nouveau à l’Opéra-Comique. En mars 1894, il interprète le rôle de Siegmond dans la Walkyrie de Wagner au théâtre de la Scala de Milan. Pour Le Monde artiste, « Il y a longtemps, que (l’on) n'avait eu un ténor de cette autorité et de ce style. (…) Engel ne cherche pas à lutter avec ces voix énormes [de ses prédécesseurs] ; il se contente d'être lui-même, c'est-à-dire un musicien excellent ; et de mettre au service des personnages qu'on lui confie, toutes les ressources d'un art très fin et très personnel ». Italia del Popolo, journal italien, le qualifie de « grand artiste » et de « savant commentateur de Wagner. »

En juin 1894, M. Charley, directeur de théâtre de Buenos-Aires, assigne Engel devant le la troisième chambre du tribunal civil de la Seine à Paris. Il lui reproche d’avoir quitté l’Argentine, où il l’avait recruté, sans avoir honoré les engagements de représentations. Le procès est l’occasion d’un débat sur le judicatum solvi, la caution que doivent verser les étrangers qui engagent des actions en France. Engel exige qu’elle soit payée par Charley, natif de Belgique, qui répond : « Il est possible que je sois Belge, mais vous êtes Luxembourgeois et vous n'avez pas le droit d'exiger la caution ». Mais Engel produit un décret, signé du président Carnot, prouvant qu’il détenait désormais la nationalité française.

À Paris au théâtre de La Bodinière (9e arr.), Engel crée en décembre 1896 Une heure de musique, où chaque semaine il donne une audition d’œuvres nouvelles, qui se tient début de soirée. Il programme notamment Saint-Saëns, César Franck, Olonne, Bussy, Bréville. Lui-même met en musique des poèmes de Paul Bourget. Il chante aussi à l’Opéra-Comique ou avec les concerts Lamoureux, à Paris et en province. Enfin, il donne des cours et leçons particulières rue des Martyrs puis boulevard Pereire.

Lors de l’exposition universelle de Paris en 1900, José Engel, son fils, présente un portrait de lui dans le « musée des artistes », œuvre que le quotidien Le Soir qualifie de « portrait d’une extrême et puissante originalité. »

À suivre

Émile Engel

 

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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 01:01

Début de la biographie d’Émile Engel

François Pierre Émile Engel naît le 15 février 1847 à Paris et est baptisé le lendemain en l’église catholique Saint-Étienne-du-Mont (5e arr.). Il est le fils s’Élisabeth Staat et de son époux François Engel, fabricant de chaussures, une famille qualifiée de bourgeoise par ses biographes, qui tient boutique rue Saint-Martin (3e arr.). Son père étant luxembourgeois, Émile Engel acquerra la nationalité française par naturalisation.

Élève du collège Henri IV (act. lycée) à Paris (5e arr.), il intègre en 1864 les cours de Gilbert Duprez au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Le quotidien Paris en fait la description en décembre 1889 : « Le front intelligent, large et haut du travailleur ardent, obstiné ; l’œil clair, vif, hardi, où perce une malice enveloppée et caressante. Les cheveux rejetés en arrière ; la barbe courte, broussailleuse, cache, à la commissure des lèvres, un pli d’amertume et d'ironie. Un peu du désenchantement du lutteur opiniâtre et invaincu. (…) Avec une voix sans puissance, il est parvenu à la plus grande force d’expression dans la déclamation lyrique ». Il est classé parmi les ténors légers, ceux qui possèdent la tessiture la plus élevée, la plus agile, et la moins puissante dans cette catégorie.

Tout en poursuivant son instruction dans la classe de Duprez, il se produit dans plusieurs salles parisiennes. Il débute en avril 1866 dans un opéra de Duprez, Jeanne d'Arc, donné au cours d’une soirée privée. La même année, il joue en octobre le rôle de Bastien des Rosières au Théâtre-Italien (act. Opéra-Comique, 2e arr.) puis en décembre aux Fantaisies Parisiennes (act. Théâtre des Nouveautés, 9e arr.) Le Chanteur florentin. La presse apprécie de manière critique ses premières prestations. La Liberté lui reproche ainsi « d’ouvrir trop largement la bouche pour les quelques bagatelles qu’il a à dire (…) Excès de zèle qui passera » tandis que La Comédie le qualifie de « grotesque et emphatique ténor. »

Mais, dès l’année 1867, on trouve des commentaires très favorables. Ainsi, dans Le Figaro en décembre, saluant les chanteurs élèves de Duprez, remarque « un jeune ténor nommé Engel, qui chante dans la manière du maître avec une chaleur et un sentiment bien rares aujourd'hui au théâtre. »

Gilbert Duprez présente en mars 1868 un oratorio qu’il a écrit et qu’il interprète, le Jugement dernier, au Cirque des Champs-Élysées lors d’une soirée au profit de l'Asile des vieillards du faubourg Saint-Martin. Engel en est le premier ténor. À ce moment, il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en compagnie de Marie Garry, fille d’un professeur musique, native de Bergerac, âgée comme lui de 21 ans. Ils ont un enfant en août cette année-là à Joinville, le futur peintre José Engel, puis ils se marient dans la commune en octobre. Duprez est leur témoin. Marie Garry a une sœur homonyme, aînée de 5 ans, née en juillet 1841 également dans la sous-préfecture de la Dordogne, qui fut artiste lyrique.

En août 1868, la presse parisienne mentionne l’engagement d’Émile Engel comme premier ténor d’opéra-comique et de traductions à la Nouvelle-Orléans (Louisiane, États-Unis). Citant Placide Ganonge, un critique de ladite ville, La Comédie relate que « La Traviata a été une révélation pour le jeune ténor Engel. Ses accents ont ému, il y a atteint au sommet de l'art ». M. Ganonge assure : « On n'a jamais mieux pris d'assaut un public. Vivent de pareilles violences ! »

Après son séjour américain, Engel participe à un concert de bienfaisance à Paris en avril 1896. Il est en septembre premier ténor du Grand-Théâtre de Genève (Suisse), dirigé par Louis Mankiewicz. Mais La Comédie relève que « Les premiers débuts de la troupe nouvelle ont eu lieu dans des conditions déplorables au point de vue de l'art et de toute justice ». Selon l’hebdomadaire parisien, « Engel, sait chanter ; il phrase d'une façon remarquable et joue mieux que maint comédien ; il devra réussir ». Cependant, dès la fin du même mois, son contrat est résilié après une séance que le journal qualifie ainsi : « scène scandaleuse, cris, insultes, envahissement de l'orchestre. »

Le ténor entame une tournée en province en France. Il est en novembre 1869 à Rennes, où il interprète dans Lucie de Lammermoor de Gaetano Donizetti, le rôle d’Edgard Ravenswood. Les années suivantes, il chante également à Lyon, Toulouse, Rouen, Nantes, Marseille, Lille, Royan et Valence.

Albert Vizentini l’engage en septembre 1876 au Théâtre lyrique national (act. Gaîté-Lyrique, Paris 3e arr.). Il y reprend La Giralda d’Adolphe Adam. Pour l’hebdomadaire culturel Vert-vert, il « a produit un très grand effet (…) par la pureté de sa voix, par le charme, par l'expression de son chant ». Le Petit Journal voit en lui « un ténor qui donne déjà bien plus que des espérances ». Le Constitutionnel commente : « Sa voix est chaude, expressive et d'une pureté rare. Elle ne manque pas d'étendue. Les cordes hautes sonnent avec une virtuosité puissante ; les phrases harmoniques sont traduites avec une tendresse et un charme dont peu de ténors sont actuellement pourvus à l'égal de M. Engel. Ajoutons à cela qu'il a bonne tournure, et que son jeu est signalé par une sûreté précoce. Le succès de M. Engel a été complet ». Cependant, l’arrivée d’Engel, qui remplaçait Victor Capoul, ne fut pas du goût de tout le public, comme en témoigne le Journal des débats : « Quand la direction du Théâtre-Lyrique, à l'expiration de l'engagement du célèbre ténor, dut le remplacer par M. Engel, les recettes baissèrent considérablement. Certes, M. Engel ne manque pas de talent, mais il manque de prestige ; il n'a pas du moins le prestige de M. Capoul, Et pour un ténor, à Paris surtout, la chose principale, la chose essentielle, c'est d'avoir du prestige. »

Mais les difficultés du Théâtre lyrique national n’étaient pas liées seulement à Engel, et il ferma en janvier 1878. Engel avait déjà été recruté par l’Opéra-Comique en septembre 1877. Il y reste deux ans, avant d’entamer un tour des grandes scènes musicales européennes. On l’entend en janvier 1880 à Naples au théâtre San Carlo, puis pendant trois saisons à Londres, dans la salle de Covent-Garden ; il revient en France, au Grand-Théâtre de Lyon en octobre 1881. Il quitte de nouveau le pays pour passer l’hiver 1882-1883 à Saint-Pétersbourg (Russie), où il rejoint M. Vizentini. Il joue ensuite en Espagne, à Barcelone et Madrid.

À suivre

Émile Engel

 

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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 01:01

Gaston Alfred Jean Riou naît le 28 août 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de d’Hermance Coralie Denière, journalière, et de Jean Riou, alors militaire, chasseur 9e bataillon, stationné au fort de Gravelle, dans le Bois de Vincennes, sur le territoire de Joinville. Ses parents ne sont alors pas mariés mais leur union a lieu à Joinville en mai 1864. À ce moment, ses parents sont tous deux tailleurs d’habits et résident rue du Pont. Ils y sont encore lors du décès de leur deuxième enfant, en mars 1866. En 1872, la famille est installée dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, rue du Pont-de-Créteil.

Effectuant son service militaire, probablement en 1883, Gaston Riou est mobilisé dans le 84e régiment d'infanterie. Il quitte l’armée avec le grade de sergent major et effectuera comme sous-officiers plusieurs périodes dans la réserve.

Au moins à partir de 1892, il est négociant en vin, installé rue du Bois-Guimier, dans le quartier du Vieux Saint-Maur. Il acquiert également en 1900 auprès de son frère cadet, Fernand, un entrepôt de bière.

En août 1892 à Saint-Maur, Gaston Riou épouse Alexandrine Léonie Duplessis, fille de bouchers dans la même ville.

Accompagné de Léon Roy, Gaston Riou est le fondateur en 1900 de l’Amicale des anciens élèves des écoles de Saint-Maur-des-Fossés, société mutuelle et post-scolaire, dont il est le président. Il participe également à l’administration de la Caisse des écoles et du patronage laïque.

Toujours dans le domaine mutualiste, Gaston Riou est le trésorier de la société d’assurance La Fraternelle de Nogent-Joinville. Il préside l’Union des commerçants et industriels de Saint-Maur.

Pendant la première guerre mondiale, Gaston Riou s’intéresse au problème du financement des entreprises. Il exerce la fonction de correspondant de la Banque de France. Il s’intéresse à la loi du 13 mars 1917, portée par le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, Étienne Clémentel, qui autorise la constitution d’établissements financiers coopératifs et de sociétés de caution mutuelle.

À la fin du conflit, pour contribuer à l’accès au crédit des artisans, commerçants et petits industriels, il fonde, en octobre 1919 à Vincennes, avec Louis-Alexandre Dagot, Ambroise Leuret et Paul Muris, la Banque populaire de la banlieue Est, s’inspirant d’un modèle né à Angers en 1878. Aucun des quatre fondateurs n’a d’expérience professionnelle en tant que banquier. Gaston Riou en est administrateur délégué puis vice-président. À côté de l’agence centrale de Vincennes, qui démarre ses activités en décembre 1919, deux bureaux auxiliaires sont installés à Nogent-sur-Marne et Saint-Maur ; ils deviennent des agences à part entière en 1924. Ayant démarré avec trois salariés en 1919, la banque en compte 365 en 1930, dont le fils cadet de Gaston Riou, Germain.

Rebaptisée ultérieurement Banque régionale d'escompte et de dépôts puis BRED Banque populaire, l’établissement est dans les années 2020 la plus importante des banques populaires françaises, au sein du groupe BPCE. Après avoir été implantée à Créteil, elle a installé ses bureaux en 2014 à Joinville-le-Pont.

Lors des élections municipales de novembre 1919 à Saint-Maur-des-Fossés, Gaston Riou, figure sur la liste d’Union républicaine des anciens combattants et des comités d’action économique et d’intérêts généraux conduite par Auguste Marin, maire sortant, autrefois radical-socialiste et allié, dans la logique d’union ayant prévalu pendant la guerre, avec une partie des conservateurs et libéraux saint-mauriens.

Dans le domaine professionnel, Gaston Riou exerce son mandat de direction de la Banque populaire au siège de Vincennes en 1921. Il est ensuite agent général de la compagnie d’assurance La Nationale.

Comme Gaston Riou, Auguste Marin et un autre colistier, Émile Galtier, son futur concurrent, sont natifs de Joinville. La liste d’Union républicaine emporte dès le premier tour les 30 sièges à pourvoir, avec 53% des suffrages face à la liste socialiste à 31% et à une liste d’intérêt local.

Lors du scrutin, Gaston Riou arrive en tête du vote avec 3 603 voix sur 6 450 votants et 10 846 inscrits, soit 55% des votants. Marin n’arrive qu’en 29e position, avec 3 317 votes. Lors du conseil municipal qui suit l’élection, Marin est réélu maire, deux adjoints sont élus, Naudin et Chaligné, tandis que Riou complète la municipalité en étant désigné en tant que syndic.

Sur la même liste, Gaston Riou est réélu en mai 1925. Le nombre de postes d’adjoint ayant été augmenté, il est nommé troisième des cinq adjoints au maire. Il est désigné en juin 1927 comme représentant cantonal des sociétés de secours mutuels pour la gestion des allocations militaires de la banlieue.

Lors du scrutin de mai 1929, qui voit de nouveau la victoire de Marin, Gaston Riou est reconduit, arrivant au 4e rang des candidats. Il se retrouve deuxième adjoint au maire. Il représente Saint-Maur en mai 1929 dans la commission locale professionnelle, qui supervise l'enseignement technique.

L’élection de 1935 voit, à 78 ans, une sixième reconduction de Marin au poste de maire, même s’il arrive une nouvelle fois uniquement en 25e position dans l’élection. Gaston Riou arrive au huitième rang lors du premier tour, recevant 5 880 votes, soit 49% des 12 001 suffrages exprimés sur 12 347 votants et 15 547 inscrits. Il est réélu au second tour.

La majorité municipale écarte cependant sa reconduction au conseil municipal, l’hebdomadaire l’Union régionale signalant que ça se passe « sans douleur mais non sans injustice », jugeant que « Riou est un vieux saint-maurien bien connu, un honnête homme. »

Gaston Riou meurt le 3 janvier 1939 à Saint-Maur-des-Fossés, à l’âge de 76 ans, à son domicile de la rue Émile-Zola, dans le quartier d’Adamville. Il était toujours agent général d’assurance et conseiller municipal ; l’assemblée locale de Saint-Maur prononce son éloge le 7 janvier.

Gaston Riou avait obtenu de nombreuses décorations, dont trois au titre de la Mutualité avec le bronze en mars 1912, l’argent en février 1921 et l’or en mars 1925. Dans les Palmes académiques, il était officier d'académie en juillet 1912 puis officier de l’instruction publique en juin 1913. Enfin, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en août 1927 au titre du ministère du commerce pour son rôle à la Banque populaire.

Les époux Riou ont eu trois fils. L’aîné, Roger (né en 1893) fut lieutenant pendant la première guerre mondiale, décoré de la Croix de guerre et chevalier de la Légion d’honneur. Le second, Marcel (1898-1981) a été directeur à la Banque de France. Le dernier, Germain, travaillait en 1931 à la Banque populaire.

L’Amicale des Anciens Élèves de Saint-Maur-Centre rendit hommage en octobre 1950, à l’occasion de son cinquantenaire, à ses deux fondateurs, Gaston Riou et Léon Roy.

La direction de la Banque populaire à Vincennes (dont Gaston Riou)

 

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5 octobre 2023 4 05 /10 /octobre /2023 01:11

Pierre Jules Guillet naît le 26 juin 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue, où sa famille s’est récemment installée. Il est le fils d’Élisabeth Louise Clémence Brot et de son époux, Pierre Louis Gustave Guillet. Son grand-père maternel est un ingénieur des mines parisien ; son aïeul paternel est quant à lui un ancien danseur et professeur de danse à l’Opéra de Paris, maître des ballets à l’Opéra-Comique, et auteur de livrets de pièces musicales. Le père, Pierre Gustave Guillet se présente comme artiste à la naissance de Pierre Jules ; il est probablement musicien.

Parmi les témoins de la naissance de Pierre Jules, qui se présentent en mairie de Saint-Mandé, outre son grand-père Jean Simon Guillet, figure le grammairien et homme de lettres Charles Pierre Chapsal, qui réside alors à Paris (3e arr.), boulevard Beaumarchais.

En septembre 1835, Chapsal acquiert le château de Polangis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Pour sa part, Pierre Gustave Guillet prend en charge l’exploitation de la vaste ferme attenante au château, située sur cette commune et sur celle de Champigny-sur-Marne. Le quartier de Polangis, comme toute la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec une vingtaine de personnes sur les quelques 660 habitants de Joinville. Chapsal et Pierre Gustave Guillet resteront liés, ce dernier déclarant le décès du premier en 1858.

C’est à l'École nationale vétérinaire d'Alfort, à Maisons-Alfort, commune voisine de Joinville, que Pierre Jules Guillet fait ses études à partir de 1848. Il obtient un 2e prix à la fin de sa deuxième année en 1850 puis est reçu, en octobre 1853 au deuxième rang sur 72 reçus. À son entrée dans l’établissement, il a signé un engagement dans l’armée. Il intègre le 3e escadron des équipages, sa compagnie étant basée à Constantine (Algérie) avec le grade d’aide vétérinaire de 2e classe, qui le range parmi les officiers d’état-major. Il sert avec le même grade au 1er régiment de cuirassiers, basé à Lille (Nord) en 1857 puis l’année suivante au 2e régiment de carabiniers, stationné à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

Promu, dans la même unité, vétérinaire en 2e en septembre 1858, il a un nouveau casernement à Vendôme (Loir-et-Cher). Il est transféré en 1865 dans les carabiniers de la garde impériale, à Melun (Seine-et-Marne). Il devient vétérinaire en 1er en août 1866 au sein du 7e régiment de dragons à Verdun (Meuse), son grade étant équivalent à celui de commandant. Il rejoint, en décembre 1869, le régiment des cuirassiers de la garde impériale, à Saint-Germain (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

Il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870. Après la capitulation du 28 octobre, il est fait prisonnier et interné en Allemagne à Soest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son frère aîné, Jean Clément, alors chef d’escadron et qui sera plus tard général, est incarcéré dans le même camp que lui. Ils réussissent, en janvier 1871, à transmettre en France un message, envoyé par pigeon voyageur à Paris, la capitale étant alors encerclée par les troupes allemandes. Adressé à leur sœur, il était le suivant : « Guillet commandant, Guillet vétérinaire, prisonniers à Soest Westphalie, bien portants. »

Il est libéré suite à la signature de la paix, en avril 1871. Il sert alors au 12e régiment de cuirassiers basé au Mans (Sarthe) puis au 14e régiment d'artillerie à Tarbes (Hautes-Pyrénées). C’est dans cette unité qu’il prend sa retraite en décembre 1873, après plus de 25 ans de service militaire et sept campagnes. Il indique être domicilié en Algérie.

Pierre Jules Guillet figure dans le Livre d'or de la Légion d’honneur en tant que souscripteur ayant contribué à la reconstitution du Palais de cette institution, détruit pendant les derniers moments de l’insurrection de la Commune de Paris, le 23 mai 1871. Il participera à une autre levée de fonds, en février 1886 pour élever un monument à la mémoire d’Henri Bouley (1814-1885), qui fut son professeur à l'École vétérinaire d'Alfort, dont il fut le directeur.

Entre 1889 et 1893, Pierre Jules Guillet séjourne durant le premier semestre en Algérie, puis le reste de l’année chez sa sœur Caroline, épouse d’un tapissier, Ernest Pierre Tétrel, qui vivent rue de Seine à Seine-Port (Seine-et-Marne).

Pierre Jules Guillet meurt le 26 avril 1905 à Seine-Port. Il est âgé de 73 ans et déclaré comme étant rentier. Depuis mars 1870, il est chevalier de la Légion d'honneur, à titre militaire.

Le domaine de Polangis à Joinville-le-Pont vers 1886

 

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2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Clément Gustave Guillet naît le 3 août 1829 à Paris. Il est le fils d’Élisabeth Louise Clémence Brot et de son époux, Pierre Louis Gustave Guillet. Son grand-père maternel est un ingénieur des mines parisien ; son aïeul paternel est quant à lui un ancien danseur et professeur de danse à l’Opéra de Paris, maître des ballets à l’Opéra-Comique, et auteur de livrets de pièces musicales.

Le père, Pierre Gustave Guillet se présente comme artiste à la naissance de Jean Clément ; il est probablement musicien. La famille s’installe en 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue, puis, en 1835, de l’autre côté du Bois de Vincennes, à Joinville-le-Pont. Pierre Gustave Guillet prend en charge l’exploitation de la vaste ferme de Polangis, située sur cette commune et sur celle de Champigny-sur-Marne. Le quartier de Polangis, comme toute la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec une vingtaine de personnes sur les quelques 660 habitants de Joinville.

En août 1848, à l’âge 19 ans, il s’engage dans l’armée et est affecté au 1er régiment du génie, en tant que sapeur. Pour sa génération, il est d’assez grande taille (1 m. 82). Ayant déjà une bonne éducation, il intègre, après concours l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (Seine-et-Oise, act. Yvelines), en novembre 1850. C’est la 34e promotion de l’établissement, fondé par Napoléon en 1802, alors basée à Fontainebleau. Elle porte le nom de Kabylie. En octobre 1852, il est diplômé, au 27e rang des 270 élèves, et nommé sous-lieutenant au 1er régiment de chasseurs. Mais il poursuit son cursus en intégrant en janvier 1853 l’École d’application d’état-major, située à Compiègne (Oise). Il sort (7e sur 30) et rejoint le 41e régiment d’infanterie de ligne. Nommé lieutenant d’état-major en octobre 1854, Guillet fait un stage dans l’infanterie au 40e de ligne à Rome (Italie) puis un autre dans la cavalerie au 4e dragons, à Limoges (Puy-de-Dôme).

Nommé capitaine en octobre 1856, il est pris comme aide de camp par le général Joachim Ambert, qui était également écrivain. En mai 1859, le capitaine Guillet intègre l’état-major de l’armée d’Italie, qui va permettre l’unification du pays en combattant l’empire autrichien. Revenu en France en juin 1860, il devient l’aide de camp du général Lapérouse à Lyon. Il est appelé à participer en mai 1863 à une autre expédition, celle au Mexique, en soutien à l’empereur Maximilien. Il restera presque quatre ans sur place. Son comportement lui vaudra trois citations : en novembre 1863, pour la bataille de Maravatio-Tacámbaro, dans laquelle la légion belge, alliée des impériaux mexicains et des français, sera battue par les troupes républicaines ; en janvier 1865, pour les combats de Las Higueras ; puis en mai de la même année, pour ceux de La Pasion. Il est rapatrié en mars 1867 avec le retour des troupes françaises.

Toujours capitaine, il rejoint l’état-major général de la garde impériale, avec laquelle il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870. Il combat pour la défense de Metz en août et septembre, mois où il est promu chef d’escadron (commandant). Après la capitulation du 28 octobre, il est fait prisonnier et interné en Allemagne à Soest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son frère cadet, Pierres Jules, également officier vétérinaire, est incarcéré dans le même camp que lui. Ils réussissent, en janvier 1871, à transmettre en France le message suivant, qui sera envoyé par pigeon voyageur à Paris, la capitale étant alors encerclée par les troupes allemandes. Adressé à leur sœur, le message était le suivant : « Guillet commandant, Guillet vétérinaire, prisonniers à Soest Westphalie, bien portants. »

Après la signature de la paix, en avril 1871, il revient en France et est affecté à l’armée de Versailles, qui combat la Commune de Paris insurrectionnelle. Il est envoyé à Dijon (Côte-d'Or) en novembre 1873 comme chef d’état-major de la 15e division d’infanterie.

C’est à la fin de cette mission qu’il épouse, en février 1876 à Paris (8e arr.) Marguerite Madeleine Pagès. Le nouveau couple s’installe à Paris, où il est appelé au 2e bureau de l’état-major général du ministre de la guerre, en février 1876. Il y est chargé de la statistique et de l’étude des armées étrangères. Promu lieutenant-colonel en août la même année, nommé chef d’état-major de la 10e division d’infanterie à Rennes.

En novembre 1880, Guillet quitte pour un temps les fonctions d’état-major pour prendre, avec le grade de colonel, la tête du 91e puis du 95e régiment d’infanterie à Bourges (Cher).

Redevenu chef d’état-major du 7e corps d’armée à Besançon (Doubs) en mars 1886, il obtient, en conservant ce poste, le grade de général de brigade en juillet la même année. Dans la capitale de la Franche-Comté, le général Guillet est une personnalité publique en vue, participant à de nombreuses cérémonies officielles ou actions caritatives. Atteint par la limite d’âge, il quitte l’armée active en août 1891, à l’âge de 62 ans.

Il ne va cependant pas cesser son activité militaire. Dans le cadre de réserve, il est appelé pour diriger des manœuvres impliquant troupes régulières et réservistes territoriaux. C’est le cas en septembre 1892 à Orléans (Loiret) puis en mai 1893 à Belfort et de nouveau en septembre la même année, avec son ancien 7e corps d’armée.

Au moment où il a quitté ses fonctions d’active, le général Guillet, domicilié à Besançon, est désigné comme délégué régional de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge). Il renonce à cette fonction en février 1893, mais accepte d’être élu vice-président du comité de Besançon de cette association en mai la même année.

Jean Guillet meurt le 26 juillet 1898 à Besançon, dans son domicile de la Grande-Rue. Il était âgé de 68 ans. Il ne semble pas avoir eu d’enfants.

Dans la Légion d’honneur, Jean Guillet était chevalier depuis novembre 1863, officier en novembre 1872 et commandeur en mai 1889. Il avait reçu les médailles commémoratives de la campagne d’Italie et de la campagne du Mexique. Il disposait également de la médaille de la Valeur de Sardaigne depuis mars 1860 et de la décoration Notre-Dame de Guadalupe du Mexique depuis novembre 1867.

Le chanoine Joseph Eugène Payen (1853-1938), aumônier militaire du 7e corps d’armée, officier de la Légion d’honneur, a publié en 1904 à Besançon Le Général Guillet 1829-1898 Quarante-quatre ans de vie militaire au XIXe siècle 1848-1892 (éd. Jacquin).

Le général Guillet à Orléans en septembre 1893

 

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26 septembre 2023 2 26 /09 /septembre /2023 01:01

Henri Adolphe Louis Laurent naît le 15 décembre 1830 à Valenciennes (Nord). Il est le fils de Rose Alexandrine Dauchy et de son mari, Philippe Louis Laurent, marchands épiciers. Son père meurt quand il a tout juste un an. Sa mère, fille de cultivateurs, qui a quatre enfants, se remarie avec Jean Baptiste Victor Wacheux.

En 1857, Henri Laurent est employé au ministère de la guerre à Paris. Il vit rue de l’Université (7e arr.). Il épouse dans cet arrondissement, dans l’église Saint-Pierre du Gros-Caillou, Lydie Adèle Desrousseaux, d’origine normande, qui suit des cours de peinture. Lui-même va étudier ledit art auprès de Joseph (Giuseppe) Palizzi (1812-1888), artiste d’une famille italienne de quatre peintres. Il a également pour maîtres les français Ernest Hébert (1817-1908) et Alexandre Defaux (1826-1900), un des membres de l'École de Barbizon.

Le couple d’Henri et Lydie Laurent séjourne en 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), probablement dans l’hôtel tenu Alphonse Demeestère, situé quai Beaubourg. C’est une personnalité politique locale, président du comité radical-socialiste de la circonscription, très influent, conseiller municipal de sa commune et militant dans les groupes de libre-pensée. C’est dans cet établissement que naît en juillet leur fils Henri Alphonse Louis.

Ils partagent un atelier d’abord rue de Grammont à Paris (2e arr.), puis rue Lamartine (9e arr.) et enfin, à partir de 1879, rue Hippolyte-Lebas, dans le même arrondissement où il restera jusqu’à la fin de sa vie.

Son épouse signait avant son mariage Lydie Desrousseaux ; elle prend l’identité de Lydie Laurent puis Lydie Laurent-Desrousseaux. Elle présente ses œuvres depuis 1857 au Salon de peinture et de sculpture de Paris. Henri Laurent commence à présenter ses œuvres au même salon à partir de 1866, avec des Moutons aux champs. Il donne en 1868 la Falaise de Saint-Valery-sur-Somme. En 1878 il présente Dans la forêt de Dourdan (Seine-et- Oise). Le Chemin de Tracy à Fontenailles (Calvados) en 1879 lui vaut une récompense sous forme de mention honorable. Il accroche en 1880 La mare de Guédone (Seine-et-Oise). Le Moulin de Chantemilare, figure dans les collections du musée des Beaux-Arts de Bordeaux. L’Académie des beaux-arts luis accorde une mention lors de l’attribution du prix Troyon en septembre 1883 à Adolphe Marais. Il présente ensuite des paysages jusqu’en 1885, recevant une nouvelle mention honorable ; il cesse ensuite d’exposer.

Il devient fin 1884 le caissier principal de l'Académie nationale de musique, qui gère l’Opéra de Paris. Il est embauché par Pedro Gailhard (1848-1918), artiste lyrique, directeur de 1884 à 1891 puis de 1893 à 1907. Il exercera la fonction pendant 15 ans.

Henri Laurent meurt le 24 juillet 1900 à Valmondois (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise), alors qu’il séjournait chez son fils. Les journaux assurent qu’il a été victime « d'une longue maladie ». Le Journal le qualifie de « vieux et fidèle serviteur de l’Opéra ». La cérémonie funéraire a lieu en l'église Notre-Dame de Lorette (Paris, 9e arr.), puis il est inhumé au cimetière de Montparnasse (14e arr.). Il était âgé de 69 ans.

Son fils, Henri (1862-1906), artiste peintre, céramiste et illustrateur, signe Henri Laurent-Desrousseaux, sans doute pour éviter la confusion avec son père.

Voir aussi Henri Laurent-Desrousseaux : transparence inouïe

Œuvre d’Henri Laurent

 

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