Fulcran Raymond Charles Costes naît probablement en 1826 à Villefranche-de-Panat (Aveyron). Il est le fils de Marie Anne Savignac et Auguste Costes.
Il épouse Zoé Chibon dite Gibon. En 1860, à la naissance de leur premier enfant, Emélie Victorine, ils vivent à Livry, Seine-et-Oise (Seine, act. Livry-Gargan, Seine-Saint-Denis). Exerçant une activité de négociant, la famille Costes réside à Saint-Pétersbourg (Russie) où leur seconde fille, Zoé Andrette, voit le jour en octobre 1865. Elle est baptisée par le curé de de la colonie française, Ange Konomavitch, en février 1866. Le dernier fils, Auguste Paul, est enregistré en décembre 1870 dans la commune d’origine du père, Villefranche-de-Panat.
Au cours de cette décennie, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où elle vit avenue Molette, dans le quartier central. Elle conserve cependant une adresse parisienne, où elle réside sans doute pendant la période hivernale, rue Brézin (14e arr.).
Lors des élections de mai 1881, Costes est élu conseiller municipal de Joinville. Le maire, réélu, est le républicain modéré Gabriel Pinson. La nouvelle assemblée accueille quelques personnalités radicales, ouvertement anticléricales, comme le futur député Jules Ferdinand Baulard ou Alphonse Demeestère, pilier du mouvement radical dans la région.
Peut-être Costes fait-il partie des candidats conservateurs qui ont pris part aux élections municipales de mai 1884 à Joinville ; ils ont alors obtenu une moyenne de 56 voix, contre une moyenne de 310 voix pour les candidats républicains et radicaux, élus sur la liste du maire Gabriel Pinson, soit respectivement 15 et 85% des suffrages exprimés.
En septembre 1885, Costes est signataire d’un appel du Comité conservateur de la Seine, qui se présente comme « l'opposition conservatrice » et soutient une liste de candidats qui réclame « le rétablissement de la paix religieuse », s’oppose aux conquêtes coloniales et réclame l'allègement des charges publiques. Deux autres joinvillais signent ce document, diffusé dans plusieurs journaux comme Le Gaulois et la Gazette nationale, Arnoux et Jules Gaconnet . Les conservateurs avaient organisé dans une salle de Joinville une réunion de soutien à la liste d’Édouard Hervé et du baron Haussmann le 29 septembre 1885 au cours de laquelle un de leurs candidats, Georges Berry, conseiller municipal de Paris, a pris la parole. Les radicaux et républicains, qui constituaient – selon leur journal local Voix des communes – la majorité des assistants, assurent que, malgré une infructueuse tentative de scander « vive l’empereur », c’est aux cris de « vive la République ! » que l’assemblée se sépare. Le scrutin législatif montre une progression, dans la commune de Joinville, des votes conservateurs, avec 130 voix au second tour (90 au premier), contre 365 aux républicains et radicaux sur 518 exprimés (soit respectivement 25 et 70%).
Un conflit démarre en juillet 1884 entre la municipalité et le conseil de fabrique (administration de la paroisse catholique) à propos des sommes qui seraient indûment conservées par le curé sur les recettes des pompes funèbres. Le conseil comprend, outre le maire et le curé, deux personnes nommés par l'archevêque de Paris et deux par le Préfet du département de la Seine. Au vu des irrégularités constatées dans les comptes, le ministre de l’intérieur et des cultes avait pris en février 1885 un arrêté qui révoquait les fabriciens (membres du conseil) en exercice. Pour constituer le nouveau conseil, le préfet désigne deux conseillers municipaux de la commune, Jules Ferdinand Baulard et Honoré Jullien, tous deux notoirement anticléricaux. Mais, sous prétexte que l'archevêque n’avait pas désigné ses représentants, le curé Ernest Jouin refuse de voir les nouveaux membres siéger dans la réunion qu’il convoque le 11 avril, et tente de tenir la séance avec les quatre révoqués Albert Rogat, rédacteur au journal le Pays, Victor Durand, rentier; Costes et Pierre Deubory, ancien capitaine. Pinson protestant contre cette réunion illégale, l'un des anciens membres du Conseil, M. Durand, se précipita sur le maire, le saisit au collet et le fit rouler à terre selon le quotidien Le Petit Parisien. Il est condamné en juillet 1885 par le tribunal correctionnel de la Seine pour violences et voies de fait à six jours de prison et à des dommages-intérêts envers le maire.
Le prêtre, Ernest Jouin, essayiste réputé, est connu pour le combat qu’il mène contre la franc-maçonnerie et pour ses positions antisémites.
L’année suivante, les tribunaux ont à se prononcer sur le fond. En mars, la chambre correctionnelle de la cour d'appel de Paris inflige à chacun des anciens fabriciens 25 francs d'amende pour avoir continué d'exercer leurs fonctions bien que révoqués. Dans un arrêt du 30 octobre 1886, la cour de cassation confirme définitivement la sentence.
Charles Costes meurt le 17 février 1891 à Joinville-le-Pont. Il résidait avenue Molette, dans le centre-ville, et était âgé de 64 ans.
Ernest Jouin

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