Jean Baptiste Gripon naît le 21 août 1864 à Mouliherne, Maine-et-Loire. Il est le fils Louise Courtin et de son mari, Jean François Gripon.
Après des études de médecine, Gripon est reçu comme officier de santé en juillet 1888 et est enregistré en mai 1889 comme exerçant rue Oberkampf à Paris (11e arr.). Il est mentionné dans la presse comme ne réussissant pas à ranimer une mère abandonnée qui se suicide en janvier 1890 à Paris ni à sauver un jeune homme qui se noie à Nanterre en été 1892.
Il se marie en décembre 1893 à Paris (18e arr.) avec Joséphine Zélie Caron, et est alors domicilié rue Ravignan. Il s’installe ensuite à Pierrelaye (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise), où naît son premier enfant et où il est appelé en avril 1898 pour secourir deux ouvriers ensevelis dans un accident de chantier ; un des deux meurt.
Gripon s’installe à l’été 1898 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où il va exercer d’abord rue Chapsal (quartier du Centre) puis, à partir de 1901, route de la Brie (quartier de Palissy). Il soutient en 1903 une thèse sur le traitement de la tuberculose pulmonaire où il souligne l’effet positif du sirop Thiocol (Roche).
Lors de l’affaire Dreyfus, Gripon signe en novembre 1898 une protestation « au nom du droit méconnu, contre les poursuites et les persécutions qui frappent le colonel Picquart, l'héroïque artisan de la révision, à l'heure même où celle-ci s'accomplit. »
En décembre 1907, le Dr Gripon est candidat au poste de médecin inspecteur des écoles de la commune, nouvellement créé. Sa candidature est présentée devant la délégation cantonale scolaire qui la retient par 9 voix contre 6 à son concurrent, le Dr Vallat, conseiller municipal. Contre la règle, le préfet nomme pourtant le candidat arrivé second après une enquête suite à ce que Gripon qualifie de « insinuations malveillantes » alors qu’il avait présenté une attestation d’honorabilité signée de 846 personnes. L’hebdomadaire radical Voix des communes considère que « le vaincu aurait dû se retirer ». Gripon fait appel à une sorte de jury d’honneur, composée de Louis Parisot, conseiller général de la Seine (Courbevoie) et de Paul Guelpa, dirigeant du parti radical. Les deux hommes concluent à l’absence de responsabilité dans les insinuations malveillantes qui auraient motivé l’enquête préfectorale. Gripon publie une lettre de Gripon dans laquelle il écrit : « Je fus dévalisé ! Je pensais qu’en m’en prenant à celui qui profitait de mes dépouilles, je découvrirais les coupables, mais je me trompais. Le Dr Vallat est bien innocent. (…) Nous chercherons ailleurs les responsabilités. »
Bien que le Dr Vallat ne se représente pas aux élections municipales de mai 1908 à Joinville, Gripon décide d’être candidat indépendant face à la liste du maire sortant, le radical-socialiste Eugène Voisin, à une liste du comité socialiste évolutionniste (anciens socialistes et libéraux) et à quelques socialistes unifiés (SFIO). Les radicaux-socialistes emportent 21 sièges, les évolutionnistes en ont un et Gripon est élu. Il a recueilli 526 voix au second tour pour 1 188 suffrages exprimés (44,3%) sur 1 319 inscrits. Il en avait obtenu 493 au premier tour.
Au conseil municipal, Gripon va adopter une position très critique vis-à-vis du maire et de Louis Rey, un des principaux animateurs du radical-socialisme dans la commune et teneur de la rubrique locale dans Voix des communes. En juillet, Gripon accuse le maire Voisin d’avoir payé ses employés avec des bons du bureau de bienfaisance ; la préfecture, saisie de l’accusation après que Gripon ait refusé de se soumettre à un jury d’honneur, lave la majorité municipale des accusations.
Tout au long de l’année 1908, la polémique est entretenue dans les journaux locaux, notamment Voix des communes, l’Écho républicain (libéral) et L’Indépendant, publié par Eugène Hainsselin, ancien syndicaliste et un des animateurs du comité évolutionniste. Louis Rey traite Gripon de misérable, petit homme, fou et morphinomane ; un autre conseiller radical, Léon Roux, qui l’avait défendu dans sa tentative de devenir médecin scolaire, estime qu’il est de ceux qu’il ne salue plus.
L’attitude agressive de Gripon lors du vote sur le compte administratif en octobre 1908 et l’agitation encouragée par Hainsselin, mais contestée dans les rangs de la droite, provoquent une bagarres entre nationalistes à la fin d’une séance du conseil municipal. À la fin du même mois, quand le bureau de bienfaisance tente de réorganiser le service médical de l’état-civil dans la commune, quatre médecins sur six refusent de collaborer avec Gripon pour « fautes graves entachant l’honneur. »
La vie privée de Gripon est également fort agitée. Gripon avait placardé des affiches pendant la campagne électorale de 1908 où il figurait en bon père de familles tenant ses enfants dans les bras en photo. Mais en avril 1909, une décision de justice lui a enlevé la garde de ses enfants, et la sentence est exécutée par le commissaire de police publiquement, un jour de marché, devant un attroupement de personnes. Le jugement faisait suite à une enquête judiciaire qui établissait que ses enfants étaient battus, mal traités et mal nourris. Gripon prétend que, s’il a perdu son procès, c’est en son absence alors qu’il procédait à un accouchement.
En juillet la même année, Gripon quitte Joinville pour s’installer rue d'Angoulême à Paris (8e arr.) et exercer dans le 11e arrondissement. Après un scrutin partiel la provoqué par la démission de cinq dissidents et qui voit la défaite de la majorité municipale, Gripon revient siéger et se solidarise des sept opposants au maire radical-socialiste. Cependant, Gripon avait mis en cause dans une réunion avant ce vote, comme faisant partie des cinq élus municipaux ayant quitté la commune. Il n’est pas réélu lors des municipales de 1912.
Cette même année, ses deux fils aînés vont être victimes d’un drame qui marque l’opinion publique. Se baignant en août dans l’anse de Piégu, près de Val-André, dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d’Armor) avec quatre de leurs parents, Jean (16 ans) et Jacques (13 ans) sont entraînés vers le large et meurent noyés sous les yeux de leur mère.
Jean Baptiste Gripon, qui continuait d’exercer comme médecin à Paris, meurt le 11 septembre 1920 à Paris (11e arr.). Il était malade et âgé de 56 ans.
