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20 décembre 2024 5 20 /12 /décembre /2024 00:01

Louis Victor Lorin naît le 6 juillet 1868 à Gentilly (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils Émile d’Emélie Marguerite Julienne Lambert et d’Antoine Lorin. Son père est maçon ; il meurt en février 1875, lorsque Louis a 6 ans. Sa mère est repasseuse puis blanchisseuse ; elle se remarie en janvier 1880 avec Stanislas Noël Moncouteau. Ils vivent à Gentilly, rue du Parroy.

Devenu employé de commerce, et malgré une myopie prononcée de l’œil droit, qui lui a valu d’être exempté du service militaire, Louis Lorin s’engage pour cinq ans à Villejuif en mars 1888. Il est affecté au 3e régiment de zouaves et sert en Algérie. Cependant, la cour de réforme de Constantine décide son retour dans ses foyers, ayant considéré qu’il était inapte pour amaurose du même œil.

Exerçant désormais comme marchand de vin, Louis Lorin épouse en novembre 1892 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Marie Emmeline Reinbold, fille de cultivateurs alsaciens, territoire alors sous occupation allemande. Ils s’installent dans la commune, avenue des Platanes, dans le quartier de Palissy, où Louis Lorin devient distillateur.

Lors des élections municipales organisées en novembre 1919, Louis Lorin est candidat sur la liste dite du Bloc indépendant, conduite par le bijoutier Jules Beauvais, libéral, conseiller municipal sortant avec un autre sortant, le docteur Georges Bitterlin, militant de l’Action française (royaliste). Leur liste arrive en troisième position, derrière l’Union républicaine et sociale du premier adjoint sortant, Henri Vel-Durand, radical dissident, et après la liste socialiste unifiée (SFIO) de Georges Laruelle.

Au premier tour de scrutin, Lorin obtient 385 voix soit 23% des 1694 suffrages exprimés pour 1715 votants sur 2491 inscrits. La liste se retire avant le second tour, Henri Vel-Durand devient maire, remplaçant Achille Mermet, qui meurt le jour du vote.

Louis Lorin meurt le 25 mai 1920 à Joinville, à l’âge de 51 ans, dans son domicile du quartier Palissy. Il était veuf et père de six enfants.

Sa fille Mélanie (1895-1972), épouse du fourreur Charles Loth, est elle-même la mère de Simone (1922-2013), directrice d’école et militante socialiste à Joinville, mariée avec Jean Louis Pariselle (1917-2008), sculpteur et maire adjoint socialiste de Joinville (1978-1983). Ils avaient conservé, lors de leur séjour dans la commune, la maison familiale des Lorin.

Le fils Émile Lorin (1897-1974), comptable, prisonnier des allemands lors de la première guerre mondiale, est candidat en mai 1929 à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne) sur la liste de concentration socialiste montée par Edmond Neumann, qui regroupe des personnalités indépendantes du Parti communiste et du Parti socialiste SFIO. Il a lui-même un fils, résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, Maurice Lorin (1924-1990), engagé dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Voir aussi :

Simone Pariselle et la transmission du savoir et des arts

Edmond Neumann (1) : Un anti-syndicaliste et patriote alsacien

Edmond Neumann (2) : Conversion au socialisme

Edmond Neumann (3) : communisme contre Ligue des droits de l’Homme

Jules Beauvais et les inondations à Joinville (1/2)

Jules Beauvais, radical opportuniste puis libéral (2/2)

Vue de Joinville-le-Pont

 

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6 décembre 2024 5 06 /12 /décembre /2024 00:01

Mise à jour de l’article « Vernière et le projet inabouti des logements sociaux de Polangis » du 04/11/2019 après accès à de nouvelles archives.

Albert Jean Baptiste Vernière naît le 9 février 1871 à Montilly (Allier). Il est le fils de Catherine Élisa Guillet et de Pierre Vernière ; ses deux parents sont instituteurs, comme le sera également sa sœur Marie Denise, épouse de Jean Forge (1869-1940).

Pour sa part, Albert Vernière fait des études scientifiques, d’abord à Paris. À 18 ans, il devance l’appel au service militaire et s’engage, pour trois ans, à Paris (3e arr.) en octobre 1889 et est affectée au 125e régiment d'infanterie. Il revient à la vie civile en septembre 1892 et effectue des périodes en tant que réserviste en octobre 1897 et mars 1902.

Il reprend des études en Languedoc, à l’université de Montpellier (Hérault). Albert Vernière enseigne à l’institution Saint-Louis-de-Gonzague, établissement catholique privé à Perpignan (Pyrénées-Orientales). C’est dans cette ville qu’il épouse, en février 1898, Adrienne Micheline Sarda, fille d’un important minotier établi dans le quartier du Haut-Vernet.

Pour l’activité professorale, le couple va s’installer en région parisienne, d’abord à Courbevoie en 1900. Mais il continue à avoir des relations fortes avec l’Occitanie ; c’est à Perpignan, dans la demeure des beaux-parents, que naissent en septembre 1900 et mars 1903 leurs deux premiers enfants. Vernière fait, en octobre 1902 une conférence sur « la liberté d'enseignement » à Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales). Il obtient son certificat d'études, physiques, chimiques et naturelles de la Faculté des sciences de Montpellier en juin 1903.

Désormais installé durablement autour de la capitale, les Vernière vivent à Antony (Seine, act. Hauts-de-Seine) en 1904-1905. Puis après avoir cessé son métier de professeur, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils résident en 1907 quai Beaubourg (act. quai Pierre-Brossolette) puis en 1908 dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, avenue du Chalet (villa Schaken) et en 1909 de nouveau à Joinville, avenue des Platanes.

La Compagnie générale de phonographes, cinématographe et appareils de précision (société Pathé-frères), dirigée par Charles Pathé et implantée à Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) se lança dans la fabrication industrielle de films vierges en 1906 et créa les laboratoires de Joinville, dans le quartier de Palissy.

Vernière est, sans doute à partir de 1906, employé de la société Pathé qui lui confie une fonction s’apparentant à celle d’un chargé des relations extérieures. Il dispose d’un statut confortable, puisqu’une voiture et un chauffeur sont mis à sa disposition. Il veut construire des habitations à bon marché sur un terrain dont elle est propriétaire, boulevard de Polangis. La coopérative à capital variable Union des Prévoyants de Polangis est mise en place en juin 1908. C’est, en France, une des premières institutions de ce type. Son siège est fixé chez Paul Alombert, commissaire vérificateur, rue Chapsal, à Joinville. Vernière publie des affiches, informant les joinvillais sur le projet coopératif et sa finalité.

Dotée d’un capital de départ de 30 000 francs, l’institution attire, selon la presse locale, de nombreux souscripteurs, et a placé, en octobre 1908, 3 800 billets pour 19 000 francs. En 1912, le bilan de l’Union des Prévoyants de Polangis mentionne des obligations remises à la caisse des dépôts pour un montant de 66 000 francs. Un rapport de 1922 évalue ses fonds à 200 000 francs. Cependant, il semble qu’aucune construction sociale n’ait été faite par la coopérative, qui n’existe plus au moment de la constitution du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville en avril 1931.

Dans la société Pathé, Vernière s’occupe des rapports avec la municipalité. Les relations sont difficiles, plusieurs élus et d’autres personnalités locales critiquant par exemple la construction de la cheminée. Quand l’usine demande à augmenter son stock de celluloïd, l’assentiment du conseil municipal n’est donné que sous réserve de précautions. Pour faire pression sur les élus, Vernière fait circuler un mot d’ordre de vote contre Henri Vel-Durand, candidat radical-socialiste au conseil d’arrondissement en juin 1908. Il sera cependant réélu, contre un candidat socialiste indépendant, René Martin et un socialiste SFIO, Tranchant.

En avril 1908, Vernière est président d’un comité d’action sociale qui dialogue avec les socialistes SFIO de Joinville, notamment Henri Lacroix. Il aurait été constitué en 1906, alors que Vernière avait demandé à adhérer au comité radical-socialiste. En juillet 1908, Vernière suspend son comité d’action sociale et rejoint le comité républicain-socialiste indépendant, dit évolutionniste, ce qui provoque le départ d’un de ses fondateurs, Eugène Hainsselin.

Hainsselin et Vernière vont cependant se réconcilier rapidement, et ce dernier soutient la publication du journal L’Indépendant, publié par Hainsselin, syndicaliste et ancien socialiste-révolutionnaire puis socialiste SFIO, mais qui a aussi le soutien de Gaston Méry, conseiller municipal réactionnaire de Paris, rédacteur au journal d’extrême-droite La Libre Parole.

En octobre 1908, les évolutionnistes Hainsselin, Martin et Vernière font alliance avec Théophile Leteuil, ancien conseiller municipal radical-socialiste démissionnaire.

Vernière quitte la maison Pathé vers la fin de 1908.

Les années 1900 sont ceux de déboires avec l’armée. Peut-être du fait de ses déménagements qu’il n’aurait pas signifié, il ne répond pas à des appels pour effectuer des périodes de réserve. En novembre 1907, il est déclaré « insoumis », une mesure levée en novembre 1910 pour prescription ; mais il est de nouveau inscrit sur les registres de l’insoumission en mars 1911.

Au cours de la première guerre mondiale, résidant alors à Paris (20e arr.), rue Duris, Albert Vernière est arrêté par la police en septembre 1915. Une ordonnance rendue en octobre prononce un non-lieu à son égard, et il est affecté au 98e régiment territorial d'infanterie. Cependant, il ne rejoint pas son poste, du fait de son statut d’homme marié père de trois enfants vivants.

N'exerçant plus de profession, Albert Vernière vit à Ardillières (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime), sans doute auprès de son père. Il meurt dans ce village de l’Aunis le 25 avril 1918. Âgé de 47 ans, il était divorcé et avait eu quatre enfants, dont un mort en bas âge.

L’usine Pathé à Joinville-le-Pont ; les bâtiments et la cheminée sont toujours existants en 2024

 

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30 novembre 2024 6 30 /11 /novembre /2024 00:01

Désiré Guille naît le 25 mai 1895 à Paris (14e arr.). Il est le fils d’Adèle-Hermantine Guille, journalière, qui réside 13, rue Brézin. Son père, qui n’est pas nommé alors, le reconnaît lors de son mariage, en août 1896, en même temps que son frère aîné Eugène ; il s’appelle également Désiré Peteau et est cocher. Il disparaît cependant en 1900, année où naît sa sœur Maryse.

Devenu plombier couvreur, Désiré Peteau est mobilisé au cours de la première guerre mondiale. Il rejoint le 39e régiment d'infanterie en décembre 1914, passe au 176e en mai 1915, au 148e en janvier 1916 puis au 70e en décembre 1917. Malade, il est évacué le 3 janvier 1918 et ne sort de l’hôpital qu’un an plus tard. Démobilisé en septembre 1919, il se voit refuser la délivrance d’un certificat de bonne conduite. Après-guerre, il se verra reconnaître que le paludisme dont il souffre est imputable à son service militaire, et il se verra accorder, en juin 1931, une pension d’invalidité de 10%.

Avant de quitter l’armée, Désiré Peteau épouse en avril 1919 à Paris (11e arr.) Isabelle Alexandrine Colas, couturière. Ils vivent d’abord rue Keller puis, dans la seconde moitié des années 1920, rejoignent Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, quai d’Anjou. Il connaissait sans doute déjà l’endroit, car il avait participé en juin 1913 à un grand-prix des débutants organisé couru entre la commune voisine de Champigny-sur-Marne et Soignolles-en-Brie (Seine-et-Marne).

Travaillant comme artisan indépendant, Désiré Peteau milite au sein de la section locale du Parti socialiste SFIO. Il est candidat, au nom de sa formation, pour les élections municipales de mai 1929 sur la liste du Groupement des gauches républicain, conduite par le tapissier Georges Briolay, radical-socialiste. La liste comprend 11 radicaux, 10 socialistes indépendants et 6 socialistes SFIO. Au premier tour, elle affronte les sortants de la Liste de concentration républicaine, conduite par le maire Stephen Durande et soutenue par les formations de droite, ainsi qu’une liste dite du Bloc ouvrier et paysan, soutenue par le parti communiste.

Les candidats de la municipalité sortante sont en tête au premier tour, avec 42,6% des suffrages exprimés, devant la liste de Briolay (35,9%) et les communistes (16%). Peteau obtient 713 voix pour 2 126 exprimés (33,5%) sur 2 969 inscrits. Bien qu’il n’y ait pas d’accord véritable, le PCF retire sa liste pour le second tour. Les candidats de centre-gauche remportent 22 des sièges à pourvoir, la droite empochant les 5 derniers, le maire Durande étant battu. Sur leurs six candidats, les socialistes SFIO en envoient quatre dans l’assemblée municipale, dont Georges Roger, employé au Gaz de Paris, qui devient adjoint au maire. Peteau, pour sa part, n'est pas élu.

En mai 1930, il fait partie des 14 membres de la section SFIO de Joinville qui souscrivent pour soutenir le quotidien du parti, Le Populaire.

En juin la même année, il recueille la contribution des ouvriers communaux pour l’apporter au Comité de Joinville-le-Pont pour les victimes des inondations du Midi.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Désiré Peteau est rappelé le 13 septembre 1939. Il est renvoyé dans ses foyers dès le 4 octobre de cette année-là. Il meurt le 21 novembre 1941 à Courbevoie, où il est hospitalisé, résidant toujours à Joinville. Selon la généalogie qui lui est consacrée par Jean Jacques Guille, la cause de son décès est « très probablement un accident du travail vers Courbevoie ». Il est père de trois enfants, dont l’aîné porte également le nom de Désiré Peteau.

Vue de Polangis à Joinville-le-Pont

 

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28 novembre 2024 4 28 /11 /novembre /2024 00:01

Alfred Jean Baptiste Daudé naît le 10 mars 1882 à Carmaux (Tarn). Il est le fils de Philippine Mors et de son époux Jean Daudet, ouvrier verrier comme les deux témoins de la naissance. Ils vivent dans le quartier des Ginestes, situé entre le centre-ville et la verrerie. Un jugement rendu en mars 1897 modifiera son patronyme en « Daudet. »

Alors garçon limonadier, Alfred Daudet effectue son service militaire en novembre 1903 au sein du 17e régiment d'infanterie. Il est promu caporal en septembre 1904 et démobilisé en septembre 1906.

Son livret militaire mentionne qu’il séjourne en janvier 1909 au sein de l’école supérieure de la guerre, avenue de la Motte-Picquet à Paris (7e arr.). Peut-être faut-il l’assimiler avec le participant au Tournoi d’épée de Béziers en mai de cette même année, décrit ainsi par La Vie biterroise « M. Daudet, qui fut longtemps à Joinville et à l'école de Guerre est de la force d'un grand maître d'armes. Handicapé par une indisposition, il a bravement lutté jusqu'au bout ». Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) accueillait l’école normale de gymnastique et d’escrime. Mais il s’agit plus probablement de son frère, Gabriel Daudet, brigadier d’escrime à l’école du Génie et d’artillerie de Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

En février 1907 à Carmaux, Alfred Daudet, dont les parents résident désormais à Albi, a épousé Aurélie Décuq, modiste. Ils vivent à Alfortville en 1909 puis à Vincennes en 1910, où il est cuisinier en 1911 et à Joinville-le-Pont en 1913, route de Brie (act. avenue Galliéni), dans le quartier de Polangis.

Au cours de la première guerre mondiale, Alfred Daudet est mobilisé en août 1914, après le diagnostic d‘une tachycardie, il est affecté en juillet 1915 à un service non armé pour deux mois, puis rejoint le 76 régiment d'infanterie. Malade, il est évacué en avril 1916 et de nouveau retiré des unités combattantes. Il travaille à partir d’octobre 1917 dans le service de gestion des prisonniers de guerre. Il est démobilisé en mars 1919.

Vivant toujours à Joinville-le-Pont, Alfred Daudet et son épouse sont tous deux employés à Ciné-Studio, une est entreprises cinématographiques de la commune. Ils emménagent en décembre 1924 rue du 42e de Ligne, dans le quartier de Palissy.

Dans sa commune, Alfred Daudet s’engage au sein de l'Union socialiste-communiste, organisation créée en avril 1923 par la fusion de deux regroupement d’anciens responsables communistes, qui ont refusé de se plier aux injonctions leur interdisant d’être francs-maçons ou membre de la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen. Localement, c’est Jules Edmond Neumann, professeur d’allemand, qui a fondé la section locale de l’USC. En décembre 1924, Neumann et Daudet participent à la constitution du cartel des gauches à Joinville-le-Pont. Ils entrent dans la commission chargée d’élaborer un programme politique et municipal commun, aux côtés de deux radicaux-socialistes, le tapissier et futur maire Georges Briolay (1863-1940), ainsi que l’ouvrier d’imprimerie Émile Herluison (1887-1952). Il y a aussi deux socialistes SFIO, le mécanicien Léon Berthet (1895-1969) et le comptable Claude Noizat (1890-1945),

Comme la majorité des membres de l’USC, Daudet rejoint ensuite le Parti socialiste SFIO. Il est membre de la section en 1930 et désigné, en janvier 1931, pour participer au comité de presse, chargé de la diffusion du quotidien Le Populaire.

En juillet 1934, dans l’hebdomadaire radical local, Alfred Daudet publie une lettre ouverte au maire, Georges Briolay. Il rappelle d’abord qu’il a pour lui, depuis dix ans, estime et amitié. Puis il le félicite « pour et le courage avec lesquels [il a] fait de Joinville la cité moderne que nous connaissons aujourd’hui ». Mais il considère que son « travail n’est pas fini » et qu’il ne doit pas se reposer sur ses lauriers. En effet, l’élargissement de l’avenue Galliéni, qu’il approuve, entraîne des dangers pour ceux qui traversent. Aussi, il lui demande « d’envisager de toute urgence soit la pose de clous, soit l’installation de refuges ou de signaux d’arrêt. »

Alfred Daudet meurt le 31 mars 1955 à Mirandol-Bourgnounac (Tarn) où il avait pris sa retraite. Il était âgé de 73 ans et avait un fils, qui travaillait comme dessinateur industriel.

La Vague, journal socialiste-communiste

 

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26 novembre 2024 2 26 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie de Henry Coëylas

La toile donnée par Henry Coëylas au Salon de Paris de mai 1890 L’Atelier de maroquiniers de la rue Croulebarbe, est considéré dans La Nation par Alexandre Duchemin comme la meilleure composition de la salle : « Jamais l’artiste n’a été mieux inspiré et jamais il n’a traité un sujet avec autant de maestria et de sûreté ». Selon Olivier Merson (1822-1902) peintre et critique d'art, qui écrit dans Le Monde illustré, « Son tableau est tout bonnement très vrai. Une odeur sui generis vous prend au nez quand on le regarde ; vous sentez que vous êtes bien avec des gens qui lavent, brossent et ratissent des peaux ». L’œuvre est achetée par la Ville de Paris.

Continuant dans la représentation du travail, Coëylas expédie au Salon des Champs-Élysées en mars 1891 Les Trieuses de la cartonnerie Lourdelet à Aubervilliers, que le quotidien Le Public assure être « Un très beau tableau plein de vie et de vérité. »

En janvier 1892, Coëylas participe au concours pour la décoration de la salle à manger de l’Hôtel de Ville, avec un grand plafond qui représente la synthèse des Halles.

S’intéressant à l’histoire, Coëylas remet au Salon des Champs Élysées d’avril 1894 Marie-Stuart et François II qui est décrit ainsi dans Le Public : « La gracieuse et malheureuse reine était à l’époque choisie par le peintre dans tout l’éclat de sa beauté (1550). Son pauvre petit mari de seize ans, le roi François II, tout malingre, s’appuie contre elle d’un mouvement câlin et la contemple avec adoration. »

Une immense toile, représentant Une Séance du Conseil municipal de Paris, est réalisée en 1897. Il fait figurer les 80 conseillers, deux préfets et une soixantaine de personnes de l’administration ou de journalistes. Son travail est jugé assez sévèrement dans la presse parisienne. Pour L’Éclair, M. Coeylas « a fait un gros effort, mais un effort devant lequel les passions désarmeront ». L’avocat Léon Roger-Milès (1859-1928), signataire de l’article, estime que « cela manque de gaîté : je sais bien que beaucoup de têtes d’élus manquent de caractère ; c’est là une qualité que ne peut pas donner le suffrage universel ». Assurant que la toile est « d’un intérêt relatif », il conclut, en historien, en pensant à ce que pourront dire les futurs spectateurs : « Était-ce donc possible que ces gens-là fussent quelque chose, puisque leur souvenir n'est plus rien aujourd’hui ! »

Dans L’Événement, le romancier Léo Claretie (1862-1924) est encore plus sévère : « M. Coeylas a condamné une grande toile qui ne lui avait rien fait à supporter les figures de tous les conseillers municipaux en séance pour la discussion du budget de 1897. Voilà-t-il pas un événement à fixer sur le lin ? L’effet est piètre. C'est tout noir, vert et rouge, noir pour les redingotes, vert pour les banquettes, et rouge par les murs. »

Une des toiles les plus reproduites de Cœylas est celle qu’il montra au Salon de 1903, Au Muséum, Laboratoire de Taxidermie, Reconstitution du Dronte. Le dronte, ou dodo de l’île Maurice, est un animal disparu, dont la reproduction par le taxidermiste parisien est devenue célèbre.

On retrouve des travaux de Coeylas lors des expositions de la Société des artistes français, dont il était membre : en avril 1904, Le Gave, puis en 1906, Le Coin d'église. Il cesse de figurer sur les annuaires avec mention de son activité de peintre en 1913. Il réside alors rue de Navarre, dans le 5e arrondissement.

Pendant la première guerre mondiale, en juin 1916, Henry Coeylas répond à une enquête, lancée par la revue Les Annales politiques et littéraires sur le mot « poilu » et son remplacement éventuel par un autre mot exprimant la même idée. Il propose le mot diamant : « C'est peut-être moins sonore, mais plus riche de vérité. Diamant en grec, signifie indomptable : l'héroïsme de nos défenseurs n'est-il pas aussi pur, aussi brillant, aussi limpide, aussi résistant que le diamant ? (…) Les trois règnes de la nature auraient ainsi trois vocables dans l'armée, les représentant : Le règne animal : Marsouin, le règne végétal : Bleuet, le règne minéral : Diamant. »

Après-guerre, Henry et Jeanne Coëylas s’installent à Draveil (Seine-et-Oise, act. Essonne), à proximité de leur fils cadet.

L’aîné, Auguste, né en novembre 1875, docteur en médecine et dentiste, meurt pendant la première guerre mondiale en novembre 1914, mais sans doute pas du fait du conflit car il n’était pas mobilisé.

Le second, René, né en juin 1879 fut également artiste, en tant que dessinateur et sculpteur. Il devint fonctionnaire, notamment au ministère des finances et dans des instances publiques et ministérielles. Il fut un militant socialiste très actif au sein de la SFIO à Paris, en Seine-et-Oise (et notamment à Draveil) ainsi que dans le Var. Résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, René Coëylas fit fonction de maire de Saint-Raphaël à la Libération (1944-1945) puis fut conseiller municipal de cette ville (1947-1959) où il mourut en août 1961.

Henry Coëylas meurt le 12 avril 1923 à Draveil, à son domicile du boulevard Beauséjour, à l’âge de 78 ans. Il est incinéré le 16 au cimetière du Père-Lachaise à Paris (20e arr.) et inhumé dans la tombe familiale, dans la 60e division. Il était décoré des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie depuis janvier 1904.

En 2024, le Musée de Bruges (Belgique) présente une œuvre de Henry Coeylas dans le cadre de son exposition Rebel Garden. Son travail est également rappelé en, mars 2024, lors d’une nouvelle présentation du dodo de l’île Maurice au Muséum national d’histoire naturelle de Paris.

Fin

Henry Coëylas, L’Atelier de taxidermie

 

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24 novembre 2024 7 24 /11 /novembre /2024 00:01

Début de la biographie de Henry Coëylas

Marie Henry Coëylas naît le 7 juin 1844 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). il est le fils de Louise Pauline Aubusson et de son époux Pierre Auguste Maximilien Coëylas Soupessendet, buraliste receveur des contributions indirectes. Par un jugement de janvier 1875, sa mère (avec ses frères et neveux) obtient de reprendre le nom patronymique « Aubusson de Cavarlay », que son propre père avait abandonné sous la Révolution, pendant la Terreur. L’acte de naissance de Henry Coëylas est alors rectifié.

Selon l’homme de lettres d'origine polonaise Apollon Mlochowski de Belina, qui dresse en juin 1882 un portrait de lui dans le quotidien La Presse, « Coeylas a commencé ses études artistiques en 1865, dans l'Académie artistique de la rue de l'École de Médecine. L'année suivante il entra à l'École nationale des beaux-arts, dans l'atelier de Pils, où il faisait déjà des progrès rapides quand des raisons particulières l'obligèrent à interrompre ses études. »

Ses premiers maîtres sont Isidore Pils, peintre militaire et orientaliste (1815-1875) et Gabriel Ferrier (1847-1914) également orientaliste.

Devenu employé de commerce, Henry Coëylas fait en janvier 1875 à Paris (1er arr.) ce que de Belina qualifie comme « un assez brillant mariage » avec Hélène Jeanne Jolly, fille de teinturiers de la rue de Rivoli. Il établit lui-même une teinturerie spéciale de noir rue du Jour (1er arr.) qu’il exploite en 1877 et jusqu’en 1884.

Parallèlement, Henry Coëylas a repris ses travaux artistiques dans l'atelier de Gustave Boulanger (1824-1888, orientaliste) et Jules Lefebvre (1834-1912, représentant de l'art académique). À partir de 1877, sans abandonner encore son métier de teinturier, il se présente comme artiste peintre.

La première fois qu’il expose, au Salon de Paris, en mai 1879, il présente un Portrait. C’est l’année suivante, en 1880, qu’il est remarqué par la critique, avec Cyparisse, pleurant le cerf qu’il vient de tuer. Pour de Belina, c’est « une toile véritablement remarquable ». Le poète Émile Blémont (1839-1927) lui envoie de « sympathiques encouragements » dans Le Réveil social trouvant le tableau « un peu grêle et un peu pâteux, mais d’un bon travail et d’une très sincère impression (…) avec une rare intuition synthétique. »

Le Pardon ! qu’il présente au Salon de Versailles en juillet 1882 est, pour le critique littéraire Jules de Marthold (1847-1927) « une scène sentimentale de la vie moderne avec un tact exquis et une couleur absolument juste » avec lequel il « est pardieu bien sûr d’avoir pour lui tous les cœurs et aussi les amateurs ». La toile lui vaut une médaille de vermeil.

Il reçoit une médaille d’argent au Salon d’Amiens (Somme) en juin 1883 puis la même année en septembre une médaille d’or à l’Exposition de Rochefort (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime) et, le même mois, de nouveau une médaille de vermeil à Versailles.

La Société des artistes indépendants présente La Jeune fille au papillon d’Henry Coëylas en 1884 à côté d’Odilon Redon, Georges Seurat ou Paul Signac. Il accroche au Salon de Paris en juin la même année L’Atelier de teinture, jugé comme « une très bonne étude » dans La Cravache parisienne qui voit « L’opposition de lumière ou plutôt la dissemblance de jour des deux salles de la teinturerie, celle où se passe la scène et celle de droite, éclairée d’en haut par un vitrail, est d’une justesse absolue ». Il reçoit une médaille de bronze à l’Exposition de Dijon (Côte-d'Or) en juillet 1887.

Si aucune activité politique significative de Coëylas n’est connue, c’est probablement lui (ou son père) qui participe en octobre 1887 à un souscription républicaine pour les élections législatives lancée notamment par le quotidien Le Siècle.

Lorsque, en février 1888, un incendie d'une importance considérable éclate hier dans un des pavillons des Halles Centrales de Paris, Henry Coëylas vient en voisin et réalise un croquis, qu’il remet dans la Salle des Dépêches du journal Le Figaro où il est fort remarqué.

À suivre

Henry Coëylas, portrait (arch. fam.)

 

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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie d’André Courtin

Pendant la première guerre mondiale, André Courtin s’efforce à contribuer au ravitaillement, ce qui lui vaudra des félicitations. Son épouse Eugénie est infirmière bénévole, dans les hôpitaux de Romorantin et de Salbris d'août 1914 à fin janvier 1916, et sera décorée de ce fait de la médaille de bronze de la reconnaissance française.

Après le conflit, les Courtin reviennent à Salbris, au château de L’Isle. André Courtin participe, en septembre 1922 à la fête de l’agriculture organisée à Salbris. Il fait partie des invités d’honneur à côté de son ancien adversaire, Pichery, devenu sénateur, du maire, du préfet et du curé.

Retiré du domaine politique, André Courtin va accroître son implication dans les organisations professionnelles. Il troque son mandat de secrétaire général contre celui de vice-président de la Société des agriculteurs de France. Avec le même président, il est aussi vice-président de la Chambre syndicale de l’Union centrale des syndicats des agriculteurs de France. On trouve de fréquentes contributions de sa part à la Revue des agriculteurs de France depuis 1928, par exemple sur la décalcification, ou le monopole des engrais.

Un ouvrage de Courtin, paru en 1920, Les congrès nationaux des syndicats agricoles, est salué dans la presse professionnelle.

En mai 1928, il prend position sur la question de La main-d’œuvre agricole et l’immigration. Pour Courtin, il faut créer « Des comités franco-étrangers, sous la haute surveillance des gouvernements intéressés, grâce au concours de l’organisme professionnel français, pourraient avantageusement maintenir le contact entre les émigrants, leur conserver certaines habitudes morales et religieuses du pays d’origine. Une telle organisation est pour les émigrants eux-mêmes un bienfait, en leur apportant un peu de l’air de leur pays natal ; ils seraient moins désorientés, et leur équilibre moral se maintenant plus facilement, nous éviterons, en partie tout au moins, les dangers que fait courir à notre Nation l’introduction de certains ferments aisément nocifs, par cette immigration qui est indispensable cependant, durant les longues années nécessaires à la natalité française pour reconstituer le nombre d’hommes que réclame l'exploitation intensive de notre terre de France. »

En 1932, à 72 ans, André Courtin quitte ses fonctions à la chambre syndicale. Il fait de même en 1934 à la Société des agriculteurs de France, qui l’élit alors vice-président honoraire. Il porte toujours ce titre en 1939.

L’épouse d’André Courtin, Eugénie née Roger-Marvaise, meurt en novembre 1933 à Salbris. Son époux continue à se partager entre la Sologne et la région parisienne.

La date de décès d’André Joseph Courtin n’est pas connue. Pendant la deuxième guerre mondiale, il réside à Clamart (Seine, act. Hauts-de-Seine), où une carte d’alimentation lui a été délivrée ; il avait 83 ans en 1942. Il était veuf et n’a pas eu d’enfant.

Récompensé d’une médaille d’or lors de l’exposition universelle de Paris, en 1900, André Courtin, fait peut-être partie des personnes décorées du Mérite agricole par Noulens, sous-secrétaire d’État à la guerre en novembre 1910. Il a reçu en septembre 1917 une lettre d’éloges du ministre du ravitaillement, Maurice Viollette pour son action pendant la première guerre mondiale. Fait chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1923, Courtin voyait son parcours de syndicaliste récompensé : « Après s'être consacré pendant près de trente ans à l'exploitation d'un grand domaine en Sologne, apporte à la défense des intérêts agricoles comme secrétaire général adjoint d'une puissante union des syndicats agricoles, le concours le plus actif et le plus apprécié. »

Fin

La propriété Le Péage à Pierrefitte-sur-Sauldre

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

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20 novembre 2024 3 20 /11 /novembre /2024 00:01

Suite de la biographie d’André Courtin

Comme son père, son grand-père paternel ou son beau-père, André Courtin va avoir un engagement civique. Il est en 1893 secrétaire de la Société des agriculteurs de France. Et il prend part, en juillet cette année-là, aux élections législatives dans la circonscription de Romorantin. Il s’affiche comme candidat républicain libéral et progressiste. Son positionnement amène son père, alors maire de Salbris et conseiller général du Loir-et-Cher à publier une lettre dans laquelle il explique que son fils « grâce aux trésors d'illusion que possède la jeunesse, s'est avisé de croire subitement à l'avenir d'une République honnête et libérale » mais il ajoute que cet optimisme conviendrait mal à mon âge ». Le quotidien La Lanterne, écrit que pour Courtin père, « monarchiste impénitent », voir « son fils passer tout d'un coup à l'ennemi et se déclarer républicain » ce doit être cruel, « après une vie tout entière consacrée à combattre la République ». Mais le journal, qui se situe à gauche, considère que « M. Courtin fils est resté assez réactionnaire pour ne pas mentir à ses origines » et appelle les électeurs à lui donner « en guise de bienvenue dans la République, une veste des mieux conditionnées ».

De fait, c’est le député sortant, Philippe Émile Jullien, radical-socialiste, qui est largement réélu. Courtin obtient 4 893 voix sur 13 508 votants (36%) pour 17 034 électeurs inscrits.

Membre de la Société d'économie sociale depuis 1891, André Courtin adhère aussi en 1896 à la Société internationale des études pratiques d'économie sociale. Il préside en 1903 la société Saint-Georges, structure de secours mutuels de Salbris, constituée en 1868 et qui compte alors 188 membres. Continuant son activité agricole, il participe à l’exposition universelle de 1900 dans la capitale. En 1904, André Courtin prend la présidence de la Société coopérative de l’union centrale des syndicats des agriculteurs de France.

Malgré leur antagonisme politique antérieur, c’est à son fils qu’Auguste Courtin transmet, en mai 1900, le poste de maire de Salbris.

En juin la même année, il est également élu, sans concurrent, conseiller d’arrondissement pour le canton de Salbris. Puis, en juillet 1901, il devient conseiller général du Loir-et-Cher dans le même ressort, poste qu’avait occupé Courtin père jusqu’en 1895.

En vue des élections législatives de 1902, « Un groupe d’électeurs » sollicite André Courtin dans l’hebdomadaire conservateur L'Écho de la Sologne pour représenter les républicains modérés, assurant qu’il est « d’un républicanisme sage et modéré » et doté de « connaissances très étendues en agriculture ». Mais il n’est finalement pas candidat.

Au sein du conseil général, Courtin proteste en avril 1904 contre l’appui qu’apportent les élus au président de la République, Émile Loubet et au ministre de l’intérieur Émile Combes pour « l’œuvre d’action laïque et de progrès social qu’ils poursuivent avec une grande fermeté ». Pour sa part, il fustige « une œuvre de désorganisation sociale » avec la séparation proposée entre l’église et l’État.

Réélu, dès le premier tour, conseiller municipal puis maire de Salbris en mai 1904, André Courtin revient à la politique nationale avec les élections législatives de mai 1906, toujours dans la circonscription de Romorantin. Il conserve son étiquette de républicain libéral et affronte le député sortant radical, Pierre Pichery. Le quotidien l'Union libérale, conteste son positionnement, assurant que Courtin est un « conservateur, affublé pour la circonstance d’un faux nez républicain auquel personne ne s’était laissé prendre ». Le programme qu’il présente est fort à droite : « l’ordre, la paix sociale, la liberté religieuse, le rétablissement des finances par la réduction du trop grand nombre de fonctionnaires, le respect du drapeau et de l’armée » ; il repousse l’impôt sur le revenu mais admet la création de retraites ouvrières par la mutualité. Courtin rappelle qu’il a « combattu l’œuvre du Bloc sur la Séparation de l’Église et de l’État. Cette loi est à ses yeux (…) exigée par les Francs-Maçons, et les Juifs, qui veulent détruire la religion catholique, comme ils veulent désorganiser l’armée et les finances pour pousser la France à la ruine et la réduire à leur merci ». Il obtient un résultat en net retrait sur son score de 1893, avec 2 761 voix pour environ 16 200 suffrages exprimés, soit 17% ; Pichery est réélu.

Lors du scrutin de juillet 1907 pour le poste de conseiller général, face à deux candidats présentés comme favoris par la presse locale, Courtin ne se représente pas. Il est par contre de nouveau réélu, dès le premier tour, maire en mai 1908.

Après la mort de son père, en avril 1908, sa succession fait l’objet d’une mise au enchères, qui comprend notamment le château du Chesne et sa propriété de 1 380 hectares. André Courtin et son épouse emménagent dans une autre demeure, plus modeste, le château de La Moussaye.

André Courtin ne se représente pas aux élections municipales de 1912. Le couple est installé dans le village voisin de Pierrefitte-sur-Sauldre, au lieu-dit Le Péage.

À suivre

Le château du Chesne à Salbris

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

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18 novembre 2024 1 18 /11 /novembre /2024 08:00

Début de la biographie d’André Courtin

André Joseph Courtin naît le 10 août 1859 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au château de Polangis. Il est le fils d’Anna Caroline Spooner, fille d’un industriel des États-Unis, fabricant de produits chimiques. Son père est Auguste Courtin (1825-1908), alors rentier et maire de Joinville. Ce dernier est le fils naturel de Charles Pierre Chapsal (1787-1858), Charles-Pierre Chapsal, (1787-1858), professeur au lycée Louis-le-Grand (Paris), grammairien, professeur de grammaire générale au lycée Louis-Le-Grand à Paris, maire de Joinville-le-Pont (1843-1848 et 1852-1858), qui avait fait l’acquisition du château de Polangis ; il est également le fils adoptif de son épouse Adélaïde Favray (1783-1880) et hérite, à sa disparition, du domaine de Polangis.

Pendant le siège de Paris au cours de la guerre de 1870, la population de Joinville est déplacée dans la capitale, y compris la municipalité. Les très violents combats de la bataille de Champigny en novembre et décembre 1870 entraînent la mort de plusieurs milliers de soldats, notamment dans le quartier de Polangis. Le pont de Joinville est détruit. Le retour des Joinvillais se fait en janvier 1871. La commune est ensuite occupée par les troupes bavaroises et wurtembergeoises jusqu’au 24 septembre 1871.

Après avoir mis fin, avant terme, à ses fonctions municipales en 1876, pour des raisons inconnues, Auguste Courtin quitte Joinville en 1877. Il vend le domaine de Polangis en février 1881 à la Société immobilière de Polangis qui lotit le terrain et démolit le château.

La famille s’installe en Sologne, à Salbris (Loir-et-Cher), où elle achète en 1880 le château du Chesne et un très vaste terrain. Devenu un agriculteur, réputé pour son activité modernisatrice, Auguste Courtin reprend des fonctions électives, comme maire de Salbris (1884-1900) et conseiller général du Loir-et-Cher (1889-1895), de tendance très nettement conservatrice.

Pour sa part, André Courtin intègre en juillet 1878 l'Institut national agronomique de Paris, reconstitué en 1876 à Paris, hébergé dans les locaux du Conservatoire national des arts et métiers, rue Réaumur, et disposant de champ d'expériences dans le Bois de Vincennes. Il obtient en juillet 1880 le diplôme d’ingénieur agronome. Il a eu notamment comme professeur Édouard Lecouteux (1819-1893), agronome réputé, qui a mis en place en Sologne, à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher) une ferme modèle dans son château de Cerçay. Il a été conseiller général du département (1871-1874) puis maire de Lamotte-Beuvron (1886-1893).

Probablement après son service militaire, André Courtin devient un « châtelain-agriculteur » selon l’expression de son ancien maître, Lecouteux, qui lui rend visite en janvier 1883, se félicitant que « son excellent ami » fait partie de ceux qui « savent faire aimer la vie rurale ». Il assurera en juillet 1892 qu’il fait « le plus grand honneur à son école ». Ce dernier avait été le fondateur, en mai 1868, de la Société des agriculteurs de France, dont Courtin deviendra un des piliers.

Au cours des années 1880 et 1890, il participe très activement aux comices agricoles, et publie des rapports ou ouvrages sur la culture du blé, l’élevage bovin, les plantations d’arbres ou l'irrigation des prairies.

En avril 1887 à Paris (9e arr.), André Courtin, qui réside à Salbris et dispose d’un pied-à-terre rue de Penthièvre (8e arr.), épouse Eugénie Thérèse Roger-Marvaise. Elle est la fille de Théophile Roger-Marvaise, avocat à la Cour de cassation, chevalier de la Légion d’honneur, alors sénateur d’Ille-et-Vilaine. Leur domicile, rue de la Victoire, deviendra entre les deux guerres l’adresse parisienne du couple Courtin.

Voir aussi :

Auguste Courtin, enfant de Noël puis châtelain (1/3) ; Auguste Courtin, maire de Joinville à la fin du 2d empire (2/3) ; Auguste Courtin, agriculteur solognot et maire de Salbris (3/3)

Charles-Pierre Chapsal que la grammaire rend riche (1/3) ; Charles-Pierre Chapsal châtelain à Polangis (2/3) ; Charles-Pierre Chapsal, maire, père et grand-père de maires (3/3)

À suivre

Portrait d’André Courtin (arch. fam.)

 

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6 novembre 2024 3 06 /11 /novembre /2024 00:01

René Louis Malpart naît le 28 décembre 1897 à Lorient (Morbihan). Il est le troisième fils d’Adolphine Louise Peyrecave et de son mari Jules Émile Malpart. Ils vivent rue Paul-Bert puis s’installent à Brest (Finistère).

Son père, marchand forain ambulant, meurt, à 26 ans, en juin 1898 à Brest alors qu’il était hospitalisé. Sa mère se remarie en juillet 1900 à Brest avec Charles Louis Laudic, commissionnaire, avec lequel elle aura sept autres enfants. La famille vit entre Brest, principalement, et Lorient (1911-1913). Selon la généalogie de Laure Titelein, Louise Peyrecave, fille naturelle d’une chanteuse en février 1875 à Nantes, aurait elle-même été chanteuse de rue, sans doute après le décès son deuxième époux en mai 1937 à Brest. Elle-même décède en avril 1956 à Colombes, sans-domicile.

Devenu sculpteur sur bois, René Louis Malpart est appelé, à 18 ans, pour son service militaire au cours de la première guerre mondiale. Il est affecté au 62e régiment d'infanterie puis passe en septembre la même année au 161e. En janvier 1917, il est évacué suite à des blessures au poignet gauche par coup de feu et à des troubles de l’audition à l’oreille gauche, qui lui vaudront une reconnaissance partielle d’invalidité. Son comportement au combat est salué en juillet la même année par une citation à l’ordre du régiment : « Belle conduite au feu. »

Le 15 juillet 1918, Malpart est fait prisonnier par l’armée allemande à La Neuville-au-Larris (Marne). Il est détenu à Bad Langensalza (Thuringe), d’où il est rapatrié en janvier 1919. Il est alors affecté au 19e régiment d'infanterie et démobilisé en septembre 1919.

Revenu à Brest, René Louis Malpart, domicilié rue de Sébastopol, travaille comme docker. En mai 1920, il est arrêté après avoir « été surpris volant des marchandises sur les quais du port de commerce, au préjudice de l'armée serbe » selon La Dépêche de Brest. Il est condamné à un mois de prison avec sursis, sa peine étant amnistiée en avril 1921. Il séjourne alors à Granville, dans la Manche.

Ayant repris son métier de sculpteur, René Louis Malpart épouse en juillet 1921 Marie Félicité Jan, native d’une commune de l’agglomération brestoise. Ils vont s’installer en région parisienne, à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Leur domicile se situe rue Jeanne-d’Arc, dans le quartier de Polangis, qui est partagé avec la commune de Joinville-le-Pont. De fait, René Louis Malpart aura une activité civique dans cette dernière ville.

Il rejoint l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), créée en 1917 et présidée par l’écrivain Henri Barbusse. Il est trésorier de la section de Joinville. Il est également membre du Parti communiste français.

En avril 1927, René Malpart participe au grand prix cycliste de L’Humanité, organe du PCF

René Louis Malpart meurt le 1er juillet 1928 à Champigny-sur-Marne, âgé de 30 ans. Il était décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze, et avait aussi obtenu la médaille de la victoire et la médaille commémorative.

Le quotidien communiste L’Humanité publie un article expliquant que « Notre camarade René Malpart se noie accidentellement dans la Marne », rappelant son rôle à la section de l’ARAC de Joinville et son adhésion au parti communiste. L’appel à participer aux obsèques est relayé également par la section de Joinville du Secours rouge international, l’organisation communiste du secteur appelant à venir avec drapeaux et insignes.

 

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