Pour la fête du travail, nous publions une biographie d'un militant ouvrier particulièrement actif, disparu il y a 120 ans.
Jean-Baptiste Boguet naît le 11 décembre 1853 au Creusot (Saône-et-Loire) dans une famille de mineurs ; son père est illettré.
Il s’installe à Paris, peut-être avant 1873, et exerce la profession de tourneur en cuivre. Il est membre en 1876 du conseil de la chambre syndicale des ouvriers mécaniciens du département de la Seine. En août de la même année, il devient secrétaire de la commission d'enquête constituée pour examiner les candidatures pour faire partie du conseil des prud'hommes du département. Son mandat au conseil syndical est renouvelé en 1877. Il préside en avril une assemblée corporative des ouvriers mécaniciens, qui a eu lieu à Saint Denis. En septembre 1880, il s’oppose avec en particulier Paulard à la formation d'une nouvelle société de mécaniciens prônée par Barberet. Lors de la Conférence internationale de Paris en octobre 1883, il est délégué des mécaniciens. En août 1886, il est toujours secrétaire de l'Union des ouvriers mécaniciens.
Parallèlement à son activité syndicale, Boguet s’engage politiquement. Il est en 1876, avec Bourgogne et Desplanches, délégué d’un comité ouvrier qui veut faire prévaloir la candidature d'un ouvrier et qui fusionne avec deux autres comités républicains du 17e Arrondissement. La même année, il lance une souscription pour l’envoi d’une délégation ouvrière à l’exposition universelle de Philadelphie qui rassemble 23 signataires.
En mars 1878, plusieurs groupements, dont l’assemblée des ouvriers mécaniciens sous la présidence d’Amand, décident l’organisation d’un congrès ouvrier international pendant l'Exposition universelle. Boguet est membre de la commission d'initiative pour la réception des délégués français et étrangers. Il participe également, avec Jules Guesde en particulier, à la commission de propagande.
Le congrès est prévu du 2 au 12 septembre. Il est interdit verbalement, fin août, par la préfecture de police et le ministère de l'intérieur. Les organisateurs décident de maintenir la rencontre sous forme de « réunion privée » ; ils démissionnent au profit d’un comité provisoire dont Jules Guesde est le secrétaire et dont Boguet est membre. Il fait partie des 39 personnes poursuivies devant la 10e Chambre de police correctionnelle de Paris en octobre pour « association non autorisée » ; le délit d'affiliation à l'Internationale des travailleurs avait été envisagé, mais l’accusation y a renoncé. Jules Guesde est chargé de la défense collective de 18 des prévenus qui se déclarent collectivistes révolutionnaires, dont Boguet. Parmi les personnes poursuivies, 36 sont condamnées, Boguet l’étant à 100 francs d’amende, Jules Guesde se voyant infliger six mois de prison et 200 fr. d'amende. En décembre, une commission est formée « pour secourir les femmes et les enfants des condamnés » ; elle tient elle aussi une « réunion privée », qui est également interdite.
Au congrès tenu au Havre, salle de l’Union lyrique, rue de Fécamp (1880), par les délégués de tendance collectiviste, Boguet représente l’Union des mécaniciens de la Seine. Mais, à partir de la scission de 1882, il se range parmi les socialistes possibilistes. En 1890, il représente les ouvriers mécaniciens de Paris au congrès de la FTSR à Châtellerault (Vienne) et dispose également de mandats de la chambre syndicale ouvrière des tourneurs-robinetiers et de celle des forgerons et frappeurs. Il est membre de la commission des résolutions, avec notamment Prudent-Dervillers et Brousse. Boguet est nommé membre du Comité national provisoire mais déclare qu'il « n'accepte que sous toutes réserves. »
Boguet s’installe à Joinville-le-Pont. En 1885, il est secrétaire du comité ouvrier socialiste révolutionnaire, qui se réclame du parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Il est candidat en 18e position sur 21 aux élections municipales en mai 1888, avec un autre membre du comité, Gustave Charton, sur la liste du comité électoral républicain radical-socialiste conduite par Alphonse Demeestère ; ni Charton ni Boguet ne figurent parmi les trois élus au second tour de la liste. En 1887, il milite, aux côtés d’Henri Martinet, pour que les petits employés puissent, comme les ouvriers, bénéficier de tarifs à prix réduits sur les trains de banlieue vers Paris. En octobre 1889, il représente avec Duhamel (secrétaire) le parti ouvrier, dont il est le trésorier, au sein du comité de concentration qui patronne la candidature du radical-socialiste Jules-Ferdinand Baulard pour le second tour de l’élection législative dans la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux ; Baulard est élu face à un candidat boulangiste.
Boguet quitte Joinville, sans doute en 1890. Il décède le 4 avril 1897, à l’âge de 43 ans. Il était alors domicilié dans le 3e arrondissement de Paris, 36, rue de Saintonge et restait membre de l'Union des ouvriers mécaniciens. Jean-Baptiste Boguet avait épousé au Creusot en juillet 1887 une couturière, Jeanne Fourillon.
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