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21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 00:01

Yves Marie Le Page naît le 25 janvier 1844 à Brest (Finistère). Il est le fils de Marie Félicité Le Page, lingère, et de Pierre Ovide Bonheur, fusilier au 1er régiment d’infanterie marine. Ses parents ne sont pas mariés, mais ils procèdent à sa reconnaissance en novembre 1844 à Brest. Ensuite, Yves Marie utilisera le patronyme de Bonheur. Il vit avec sa mère à Landerneau (Finistère).

Il sert pendant plusieurs années, au moins entre 1867 et 1870, dans la marine de guerre, comme matelot chef de pièce dans l’artillerie de marine en 1867. Il est sur le bateau Le Jura en 1868. Devenu quartier-maître, il embarque sur le Rochambeau, cuirassé à coque en fer, construit à New-York, qui, avec 115 mètres, est le plus long navire jamais construit en bois. Enfin, il est second maître sur la frégate Thémis en 1870. En 1902, au moins six sommes qui lui étaient dues par la marine au titre de son activité militaire étaient non réclamées.

Le premier mariage de Bonheur a lieu en novembre 1867 à Landerneau (Finistère) pendant son service militaire à Landerneau. Il épouse Anne Marie Perrine Piton. Elle meurt l’année suivante, juste après avoir donné naissance à un fils, qui décède lui-même à 11 ans, toujours à Landerneau où il vivait chez sa grand-mère maternelle.

Sans doute sur les conseils de son oncle Louis Benoit Bonheur, garde-cimetière au Père-Lachaise, Yves Marie Bonheur vient à Paris après la guerre franco-prussienne et se fait embaucher également dans l’administration parisienne des cimetières. Il continuera d’exercer cette fonction jusqu’en juillet 1890. Il vit dans le 20e arrondissement, rue du Repos, (adjacente au cimetière du Père-Lachaise) puis en 1875 à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne), route de Choisy (qui dessert le cimetière parisien de cette ville). Il épouse en juillet  1875 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Léonie Catherine Thime, fille d’un cordonnier, libre-penseur et militant radical-socialiste, Eugin Thime (1830-1904). Ils vivent de nouveau rue du Repos.

Après sa retraite, Yves Marie Bonheur devient employé d’octroi en 1892 à Joinville-le-Pont. Il vit route de Brie (act. avenue Galliéni) dans le quartier de Polangis. Il a eu sept enfants avec sa seconde épouse.

Yves Marie Bonheur meurt le 8 janvier 1893 à Joinville. Il était âgé de 48 ans. La très longue nécrologie que lui consacre l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes constitue, outre l’état-civil ou les données sur son activité militaire et professionnelle, la principale source d’information sur les engagements publics de Bonheur.

La notice est incluse dans la rubrique régulière intitulée Bulletin maçonnique et de libre-pensée, rédigée par Henry Vaudémont. Les obsèques de Bonheur, dont le lieu n’est pas précisé, eurent probablement lieu à Joinville. Elles furent organisées « suivant ses principes et en dehors de toute pompe mystique, d’une façon purement laïque ».

Henry Vaudémont, président du groupe La Raison du canton de Charenton, conseiller municipal de Joinville-le-Pont, a retracé la vie de cet « humble et digne », citant Proudhon : « Dieu, c’est le mal. »

Émile Pasquier, secrétaire-général de la Fédération française de la Libre-Pensée ainsi que de l'Union des républicains radicaux socialistes de Sceaux, a fait une allocution en tant que secrétaire du député Jules Ferdinand Baulard, radical-socialiste, « Bonheur, ce travailleur modeste, ce libre-penseur convaincu, avait su de bonne heure se débarrasser de tous ces vieux préjugés qui sont la négation de la dignité humaine. »

Brisson-Joly, ancien conseiller général de la Seine et animateur de la Fédération française de la libre-pensée a formulé des considérations qui « n’ont certes pas été du goût de tout le monde. Mais nul n’a eu la goujaterie de désapprouver bruyamment ». Vaudémont remarque que « C’est un grand, un immense progrès au point de vue moral. La tolérance s’acclimate décidément chez nous. Et les gens qui, au nom de leur liberté, réclament le droit de croire en dieu, commencent à nous reconnaître, à nous, le droit de ne pas y croire. »

Le cuirassé Rochambeau

 

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11 juin 2020 4 11 /06 /juin /2020 00:01

Suite de la biographie de Jacques Hollande

Le premier poste paroissial l’abbé Hollande est celui de vicaire de Saint-Joseph-des-Épinettes, dans le 17e arrondissement de Paris. C’est sans doute à ce moment qu’il devient aumônier de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC).

Du fait de ses liens familiaux et d’amitié, il est amené à célébrer plusieurs mariages mondains, comme celui en novembre 1931 de son frère cadet, Jean Hollande avec Jacqueline de Lesparda, également descendante, comme leur mère, de la noblesse d’empire.

Toujours vicaire, il rejoint Sainte-Jeanne d’Arc de Levallois-Perret (Seine, act. Hauts-de-Seine) en juin 1934. Il semble sensible aux thèmes politiques conservateurs, puisqu’il participe, en février 1936, dans le quotidien L’Écho de Paris, à une « souscription nationale pour l’organisation et la propagande politique. »

Au cours de la deuxième guerre mondiale, l’abbé Hollande est rappelé en août 1939 et affecté au 153e régiment d’artillerie à pied. Il est hospitalisé l’hôpital Legouest de Metz en novembre puis envoyé en convalescence. En mars 1940, il est rayé des cadres.

C’est sans doute vers ce moment qu’il est nommé premier vicaire de la paroisse parisienne de Notre-Dame-de-Lorette (9e arr.).

Après le décès en fonction du père Lucien Lachambre (1899-1942), Hollande devient en juillet 1942 curé de Sainte-Anne de Polangis à Joinville-le-Pont. La paroisse est à cheval sur les communes de Champigny et Joinville, où elle dessert également le quartier de Palissy. Il rencontre probablement deux figures des mouvements d’action catholique, Henri Melchior militant à la JOC et futur dirigeant du Secours catholique, qui vit alors à Joinville ou Paul Bacon, premier secrétaire général de la JOC, qui sera résistant, député et ministre, et qui réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés.

L’abbé Hollande quitta rapidement ce premier poste de responsable paroissial car, en janvier 1944, le cardinal Suhard, archevêque de Paris l’appelle à rejoindre la Mission de Paris qu’il vient de créer et le nomme supérieur de cette institution hors-normes en mars la même année.

À suivre

Jacques Hollande en 1944

 

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9 juin 2020 2 09 /06 /juin /2020 00:01

Début de la biographie de Jacques Hollande

Jacques Hollande naît le 13 février 1901 dans le 16e arrondissement de Paris. Il est le fils de Ghislaine Berthier de Lasalle (1877-1935) et de Jules Edmond Louis Hollande (1866-1921). Par son père, il descend d’Henri Dubois-Fournier (1768-1844), commerçant du nord de la France qui mena de nombreuses missions pour le rétablissement de l’Église catholique après la Révolution française. Par sa mère, il était lié aux princes Murat. Son étoile le plaçait donc plutôt parmi les couches les plus aisées de la société française. De grande taille pour l’époque (1 mètre 85), il avait les yeux verts et les cheveux châtains.

Pendant la première guerre mondiale son père, officier, est fait prisonnier au tout début du conflit, en août 1914. Le pape Benoît XV ayant obtenu de l’Allemagne le transfert en Suisse de certains détenus malades, Jules Hollande est envoyé dans le sanatorium de Leysin (Vaud), atteint d’une pleurésie. Au nom de son frère et de ses deux sœurs plus jeunes, Jacques Hollande, âgé de 14 ans, écrit le 8 février 1916 une lettre au pape : « Nous sommes quatre enfants français très reconnaissants à Votre Sainteté de l'initiative que vous avez eu la paternelle bonté de prendre en faveur de prisonniers malades. Notre père, après dix-sept mois d'une dure captivité en Allemagne, ayant été atteint de pleurite, a été hospitalisé en Suisse. Comme il est le premier officier de l'armée française qui y ait été amené, nous considérons comme notre devoir de remercier Votre Sainteté de nous conserver la vie de notre père (…) ». Le journal du Vatican, Osservatore Romano, qui publie la lettre, estime qu’il s’agit d’« une fleur parmi les épines ». Plusieurs publications catholiques saluent un « beau geste d’enfants ». Jules Hollande, capitaine et décoré de la Croix de guerre, mourut dans le centre de convalescence de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) des suites de sa maladie en juillet 1921.

En novembre 1920, après deux ans à la Faculté des Lettres de l'Institut catholique de Paris, il entre au séminaire du diocèse catholique de Paris à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). La circonscription diocésaine comprenait à cette époque la ville-capitale ainsi que l’essentiel des trois actuels départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne).

Bien qu’éligible à un sursis pour le service militaire, Hollande y renonce et est incorporé dans le 153e régiment d’artillerie à pied en mai 1922. Il est nommé brigadier en septembre puis maréchal des logis en mai 1923. Dans la réserve, il est promu sous-lieutenant en juillet 1925 puis lieutenant quatre ans plus tard.

Après la fin de sa période à l’armée, Jacques Hollande reprend ses études au séminaire et est ordonné prêtre le 18 décembre 1926 par le cardinal Dubois, archevêque de Paris. Il célèbre le lendemain sa première messe en l'église Saint-Honoré d'Eylau à Paris (16e arr.). Hollande poursuit des études de droit canonique à l'Institut catholique de Paris et est reçu comme lecteur en décembre 1931.

À suivre

Henri Dubois-Fournier, ancêtre de Jacques Hollande

 

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5 juin 2020 5 05 /06 /juin /2020 00:01

Eugène Auguste Delawarde naît le 12 mai 1848 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Marguerite Julie Leconte et de son mari Jean Baptiste Marin Delawarde.

Engagé dans la marine de guerre impériale française, Delawarde embarque en 1867 sur la corvette Dupleix, commandée par le capitaine de vaisseau Bergasse Dupetit-Thouars. Le bateau arrive à Yokohama en février 1868, au cours de la révolution japonaise. Le 8 mars, une chaloupe à vapeur envoyée à terre à Sakai, près d'Osaka, est attaquée par des samouraïs du prince de Tosa. Un officier et dix marins sont tués. Dupetit-Thouars exige réparation. Mutsuhito, l’empereur du Japon (qu’on désigne alors en France sous le nom de Mikado), qui vient d’inaugurer l’ère Meiji et souhaite améliorer ses relations avec les pays étrangers, décide de lui donner satisfaction. Les coupables sont arrêtés et vingt d'entre eux sont condamnés à la peine capitale. L'exécution a lieu le 14 mars, cependant après la décapitation des onze premiers samouraïs, Dupetit-Thouars demande la grâce des autres. Il acquiert ainsi une réputation dans l’entourage du monarque, auquel le Dupleix rendra, pour la première fois de la part d’un navire occidental, les honneurs protocolaires réservés aux souverains le 16 avril 1868.

Bien que blessé, Delawarde réussit, avec un officier et quatre autres marins, à rejoindre le vaisseau. Il obtiendra un confortable dédommagement, se montant à 20 000 francs, somme très conséquente à cette époque (équivalente à environ 60 000 euros). Le ministre de la marine et des colonies leur confère en mai 1868 la médaille militaire « en récompense de la courageuse énergie dont ils ont fait preuve lors de l’agression. »

Toujours matelot sur le Dupleix, Delawarde apprend, alors qu’il est en Cochinchine (act. Vietnam), le lancement d'une souscription pour la reconstruction du palais de la Légion d'honneur, détruit lors de la révolution de la Commune de Paris le 23 mai 1871. Il décide de souscrire pour une somme de 500 francs, ce qui le place en tête d’une liste de souscription publiée le 8 décembre 1871 et fait sans doute de très loin de lui le plus gros contributeur, parmi les titulaires de la médaille militaire, gérée par la chancellerie de la Légion d'honneur. En effet, la plupart des dons des décorés de cette médaille se situent entre un et dix francs, ne dépassant que très rarement vingt francs.

Lorsque le grand chancelier, Joseph Vinoy, reçoit le courrier de Delawarde, il est incrédule s’étonnant qu’un matelot de 3e classe puisse avoir une telle somme. Il s’adresse au ministre de la marine et des colonies, Louis Pothuau, craignant une mystification. Finalement, c’est après leur retour en France en fin d’année 1871, le capitaine Dupetit-Thouars qui le conduit lui-même à la chancellerie, où il remet la somme au général Vinoy. Le quotidien Le Figaro fit un récit très détaillé de cette affaire le 9 décembre 1871.

Devenu serrurier, vit dans le quartier des fabricants de meubles à Paris (12e arr.) d’abord rue Beccaria puis rue Crozatier. Il épouse en juin 1872 Julia Hélène Eugénie Leclerc, âgée de tout juste 16 ans. Leur relation ne semble pas simple, car lors de la naissance de leur deuxième fille, en septembre 1875, l’état-civil le mentionne comme père mais précise « résidence inconnue. »

Il renoue cependant avec son épouse et s’installe dans le 18e arrondissement, boulevard Ornano. Eugène Jules Maurice Delawarde meurt le 8 décembre 1947 à Paris (18e arr.), un mois avant la naissance de son fils.

Ce dernier, Eugène Delawarde (1882-1947), est officier d’artillerie, graveur puis entrepreneur de transports. Il fut secrétaire général du Comité d’union républicaine et d’action sociale de Joinville-le-Pont (conservateur). Il a été décoré de la Croix de guerre et fait chevalier de la Légion d’honneur.

 

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21 avril 2020 2 21 /04 /avril /2020 01:01

Joseph Marie Kownacki naît le 27 mars 1806 à Plock, en Pologne, alors sous contrôle russe.

Il suivait les cours de l'école de Varsovie lorsque débute, le 29 novembre 1830, le soulèvement national polonais contre la Russie, qui s’est terminé en octobre 1831. L’insurrection est provoquée par l'annonce, fausse, que l'armée polonaise est requise par la Russie pour réprimer les révolutions française et belge de 1830. La population de Varsovie se soulève et l'armée polonaise se joint à elle.

Abandonnant ses études, Kownacki s'engagea sous les ordres du général Desserwicki. Nommé sous-lieutenant de chasseurs à cheval, il prit part à de nombreux combats contre les Russes. La réaction russe à cette révolution polonaise, engageant des forces bien supérieures à la bataille d'Ostrołęka, aboutit à la prise de Varsovie, en 1831. Il s'ensuit une répression sévère ainsi qu'une russification systématique chassant de Pologne de nombreux patriotes qui trouvent bien souvent refuge en France.

Après la défaite, Joseph Kownacki se réfugia en Autriche. Plus tard, il rentra à Varsovie, mais, ne s'y sentant pas en sûreté, il commença un long voyage à travers l'Europe. C'est ainsi qu'en 1834 il arriva en France à Dijon (Côte-d'Or).

Kownacki participa, en qualité d'ingénieur, à la construction de la ligne de chemins de fer d'Orléans à Bourges. Il se maria à Orléans en 1840, avec une jeune couturière, Alexandrine Bullet, qui lui avait déjà donné un fils l’année précédente. Ils auront au total sept enfants. Il vivait à Orléans dans un milieu regroupant les anciens officiers polonais. La mention « officier polonais réfugié », qui était apposée à chaque fois sur les actes d’état-civil, équivalait à peu près à un statut de réfugié politique.

La famille Kownacki puis s'établit à Noyon (Oise) en 1840 et Joseph devient professeur de dessin. Il y resta jusqu'en 1887, collaborant également avec les sociétés archéologiques locales.

À quatre-vingt-un ans, Joseph Kownacki prit sa retraite et d’établit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord auprès de sa fille, Emma, professeur et épouse du vétérinaire Jean Baptiste Delpérier. Il est ensuite hébergé par son fils Albert, publiciste et professeur, qui vivait dans la même rue du 42e de Ligne, au sein du quartier de Palissy toujours à Joinville. Sa bru, Gabrielle, était elle-même la fille d’un officier polonais réfugié, François Théodore Krahnass, et elle connut quelques succès en tant qu’artiste peintre. Ses deux petites-filles, Alice et Marthe Kownacka, furent aussi artistes peintres.

En mars 1906, la presse remarque que Joinville-le-Pont possède deux centenaires, chose rare puisqu’on en dénombrait cinq dans les communes du département de la Seine (hors Paris). Le quotidien Le Petit Parisien décrit ainsi Joseph Kownacki : « C'est un grand vieillard, à vénérable barbe blanche. Il jouit d'une santé excellente et a seulement l'oreille un peu dure. Mais la vue est encore très bonne et les jambes le sont aussi ». Une délégation de la municipalité est venue, à l’occasion de Noël la même année, lui remettre une plaquette en argent.

Le décès de Joseph Marie Kownacki survint le 19 janvier 1908 à Joinville ; il était alors âgé de 101 ans et 10 mois.

Comme il était le seul émigré polonais de 1831 encore vivant en France, une cérémonie d’hommage eut lieu le 8 mars 1908 en l'église polonaise de l'Assomption, rue Saint-Honoré à Paris. Mgr Léon Postawka, directeur de la mission polonaise de Paris, salua en lui le « dernier officier de la glorieuse armée polonaise qui combattait pour la patrie et la liberté. »

 

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14 décembre 2019 6 14 /12 /décembre /2019 00:01

Roger Jean Jougla naît le 8 octobre 1885 à Alzon (Gard). Il est le fils de Célestine Pujolas et de Zacharie Jougla, conducteur des Ponts-et-Chaussées, issu d’une famille noble occitane.

Peu après sa naissance, la famille s’installe en région parisienne, d’abord à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne) puis dans la commune voisine de Charenton-le-Pont. Zacharie Jougla rejoint son frère qui a monté une usine de plaques photographiques et de films pour le cinéma, et ils déménagent à Joinville-le-Pont où l’usine a été installée en 1902.

À cause de problèmes cardiaques, Roger Jougla est dispensé de service militaire. Il devient ingénieur des mines et vit en 1912 à Valenciennes puis en 1914 à Lille. Il travaille pour la Compagnie des mines d’Anzin. En novembre 1912, il épouse à Paris (3e arr.) Marguerite Madeleine Blin, fille d’Émile Blin, entrepreneur de travaux publics.

Au début de la première guerre mondiale, Roger Jougla est affecté à des services auxiliaires mais, en février 1915, il est réaffecté dans des activités armées, dans le 11e régiment d’artillerie à pieds. Il devient caporal en juin 1915, est affecté au 83e régiment d’artillerie en octobre de la même année, puis est promu maréchal des logis en juillet 1916. Il devient sous-lieutenant en septembre. Il est cité à l’ordre de la brigade : « très dévoué, debout jour et nuit, a fait plusieurs reconnaissances dans des régions violemment bombardées, pour accomplir des observations sur des positions éventuelles ». Il est décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze en juillet 1916. Roger Jougla est détaché en novembre 1917 au sein de la mission militaire française auprès de l’armée britannique et, conservant sa fonction, devient lieutenant en décembre.

Après la première guerre mondiale, Jougla s’oriente vers une activité d’entrepreneur. Il devient directeur général de la Société industrielle des Pyrénées, qui exploite du marbre et de l’ardoise près de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) mais dont le siège est à Paris, rue Richepanse.

Puis Jougla s’associe avec son beau-père au sein de la société Emile Blin et R. Jougla, constituée en décembre 1922. L’entreprise de travaux publics et bâtiment construit de nombreux égouts et collecteurs et pilote également l’extension de la ligne 7 du métro de Paris. Il est directeur des travaux.

Parallèlement à son travail technique, Jougla est également administrateur de la revue professionnelle du secteur, le Moniteur des travaux publics. C’est à ces deux titres qu’il est fait, en mars 1930, chevalier de la Légion d’honneur au titre du ministère des travaux publics.

La famille Jougla vit à Paris, d’abord rue Valentin-Haüy (5e arr.) puis à partir de 1929 rue de Rennes (6e arr.).

Roger Jougla meurt le 13 avril 1959 à Paris (6e arr.). Il était âgé de 73 ans.

Deux enfants, non identifiés, de la société Jougla

 

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12 décembre 2019 4 12 /12 /décembre /2019 00:01

Émile François Ferdinand Jougla naît le 28 septembre 1880 à Alzon (Gard). Il est le fils de Célestine Pujolas et de Zacharie Jougla, conducteur des Ponts-et-Chaussées. Son père sera ensuite associé à Joseph Jougla dans l’entreprise de cinéma portant son nom, installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils vivent en 1891 à Alfortville puis en 1901 au Perreux (Seine, act. Val-de-Marne).

Bien que d’origine aristocratique, sa famille est peu fortunée et Émile Jougla obtient en décembre 1892 une bourse de demi-pensionnat pour le lycée Charlemagne à Paris. Il est reçu en octobre 1900 au concours de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, de nouveau avec une bourse.

Sorti en septembre 1902 en tant que sous-lieutenant, il intègre le 89e régiment d’infanterie ; il se blesse au manège de Vincennes en 1903. Devenu lieutenant en octobre 1904, il est affecté au 74e régiment d’infanterie en janvier 1908.

Résidant alors à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne), Jougla épouse en novembre 1907 à Paris (3e arr.) Ode Andrée Marie Jeanne Clair.

Au début de la première guerre mondiale, Émile Jougla est nommé capitaine en septembre 1914. Son comportement lui vaut quatre citations : à l’ordre de l’armée en mai 1916 pour sa capacité d’organisation ; à l’ordre général des armées en août 1918 pour ses « brillantes qualités militaires » ; à l’ordre du régiment en septembre 1918 son énergie, son calme et son initiative ; à l’ordre de la division en décembre 1918 enfin pour avoir « contribué au ralentissement de l’ennemi ». Il avait été grièvement blessé à Douaumont, pendant la bataille de Verdun, en avril 1916.

Il obtient la Croix de guerre avec palme en juillet 1916 et est fait chevalier de la Légion d’honneur en avril 1917 pour s’être « montré aussi bon organisateur qu’excellent officier sur le terrain. »

Après-guerre, Émile Jougla est affecté à l’état-major. Il quitte l’armée active en novembre 1921 et est nommé, dans la réserve, en 1926 chef de bataillon. Il démarre une activité de négociant.

Son épouse Ode Clair meurt en mars 1920. Émile Jougla se remarie, en mai 1921 à Paris (3e arr.) avec Anna Julie Chédeville, veuve de Jean Robert Clair qui l’avait épousé en secondes noces et qui était le père de la première épouse d’Émile Jougla, dont elle était donc la belle-mère. Ils auront un fils et vivent à Paris, d’abord rue Saint-Dominique (7e arr.), puis en 1926 rue Dieu (10e arr.)

Émile Jougla meurt le 17 septembre 1937 à Paris (10e arr.). Il était âgé de 56 ans et était, depuis décembre 1933, officier de la Légion d’honneur.

Le blason de la famille Jougla de Paraza, dont est issu Emile Jougla

 

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10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 00:01

Marcel Gaston Jougla naît le 23 mars 1886 à Nogent-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), en même temps que sa sœur jumelle Joséphine Cécile. Ils sont les enfants de Joseph Marc Jougla, négociant et de son épouse Marie Schmit. Il est orphelin de mère en juillet 1887, année où disparaît également l’associé de son père et témoin de sa naissance, Émile Graffe, fondateur d’une entreprise de production de plaques photographiques et de films, que reprend son père.

Engagé pour trois ans dans l’armée en octobre 1905, servant au 31e régiment d’infanterie, Gaston Jougla est mis en disponibilité en septembre 1906 en tant qu’étudiant en pharmacie.

Après avoir développé l’activité de la société Jougla, Joseph Jougla a installé son usine à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1902. Elle devient un important acteur du secteur de l’image avec les plaques Omnicolore, premières à permettre la photographie en couleur, et l’appareil Sinnox. Pour pouvoir peser face aux américains de Kodak, la société fusionne avec sa concurrente, Lumière, basée à Lyon. L’Union photographique industrielle (Établissements Lumière et Jougla réunis) conserve ses deux usines de Lyon (confiée aux Lumière) et de Joinville, dont Gaston Jougla devient le directeur au côté de son père, son oncle Zacharie Jougla quittant sa fonction de responsable technique.

Au cours de la première guerre mondiale, Gaston Jougla est d’abord affecté à la 22e section d’infirmiers puis nommé pharmacien aide-major de 2e classe auprès du gouvernement militaire de Paris. Il prend part à la création en mai 1915 de la Section photographique de l’armée (SPA), dirigée par Pierre Marcel Lévi, critique d’art parisien, professeur à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Elle fusionne en 1917 avec la Section cinématographique de l’armée (SCA).

Au sein de la section, qui emploie 59 photographes, Jougla est chargé de la mise en place des laboratoires. La SPA vise à collecter des clichés, notamment pour répondre à la propagande allemande en direction des pays neutres. Maintenu dans son grade après-guerre, Jougla deviendra capitaine de réserve en décembre 1933.

Un an après l’armistice, Gaston Jougla, redevenu directeur de la société Jougla, épouse Jeanne Eugénie Claire Frager le 11 novembre 1919 à Paris (6e arr.).

Fondé en 1922, l’association Joinville sportif, à la recherche de soutiens, fait appel à Gaston Jougla qui en devient président d'honneur en 1923 ce qui, selon le quotidien La Presse, « fut un gros appoint pour le club cycliste ». Il est remplacé dans cette fonction en 1925 par Delaunay.

En décembre 1923, Gaston Jougla participe, avec notamment Louis Lumière et Léon Gaumont, l’initiative en vue de la création d’une école professionnelle de photographie et de cinématographie. Elle verra le jour de manière concrète en 1926 et sera installée rue de Vaugirard à Paris. Elle est aujourd’hui installée à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) et porte le nom de Louis-Lumière. Gaston Jougla est membre du conseil d’administration en 1930.

Si l’usine de Joinville est d’abord consacrée à des activités techniques, Gaston Jougla est proche de certains artistes du milieu du cinéma, par exemple le réalisateur Jean Vigo.

Après la mort de son père en 1927, Gaston Jougla reste dans la direction de l’entreprise, rebaptisée Lumière. Il semble cependant être principalement actif au siège social, basé rue de Rivoli à Paris (1er arr.) et s’est installé boulevard Raspail (6e arr.).

Lors des élections municipales de mai 1935, le quotidien communiste L’Humanité met en cause « les candidats réactionnaires et Croix de feu de l'Union des républicains, agents des gros industriels, de Pathé-Natan, des frères Jougla, etc. »  C’est cependant la liste de droite de Léon Lesestre qui remporte le scrutin.

La date de décès de Gaston Jougla n’est pas connue. Il est vivant en 1936 et probablement mort en lors du remariage de Jeanne Frager en avril 1945 à Paris (6e arr.), cette dernière étant présentée ultérieurement comme veuve. Ils n’ont semble-t-il pas eu d’enfants.

Au titre du ministère du commerce, Gaston Jougla avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en février 1934, comme son père.

 

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8 décembre 2019 7 08 /12 /décembre /2019 00:01

Zacharie François Jougla naît le 12 février 1852 à Eycheil (Ariège). Il est le second fils de Marie Justine Peyrat et de François Jougla, dit Magré, instituteur primaire. Bien que peu fortunée, la famille est issue d’une lignée noble. Le titre de baron de Paraza, du nom du village de la Narbonnaise (Aude) dont la famille était issue au 16e siècle, était porté par son arrière-grand-père Henri Elisabeth Jougla (1745-1801), également baron de Lignac. Le fils aîné de ce dernier étant mort sans descendance masculine, c’est son neveu, François Jougla, qui devenait le successeur légitime, puis, à sa mort en 1852, son premier fils, Joseph, frère aîné de Zacharie. Ce dernier reprendra le nom « de Paraza. »

Zacharie Jougla devient vite orphelin, son père mourant en octobre 1852 dans le village de Sentaraille (act. Lorp-Sentaraille, Ariège) et sa mère s’éteignant en septembre 1854 dans le bourg proche de Saint-Girons.

Après un service militaire peu après la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Zacharie Jougla de Paraza est nommé sous-lieutenant de réserve en juillet 1878.

Il devient conducteur des Ponts-et-Chaussées, entrant dans l’administration vers 1879 et sera ultérieurement ingénieur. C’est également à la même période qu’il épouse Joséphine Marie Célestine Pujolas, probablement dans le Gard. Elle est native de Sabran, commune de ce département. La famille vit à Alzon, également dans le Gard.

La famille est installée en 1891 à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne). Elle déménage dans la ville voisine de Charenton-le-Pont en 1892. Ses ressources semblent limitées, et elle obtient en 1893 une bourse de demi-pensionnat au lycée Charlemagne à Paris pour le fils aîné, Émile.

Tout en poursuivant son activité dans les Ponts-et-Chaussées, Zacharie Jougla s’associe à son frère Joseph Jougla en 1894, lorsque celui-ci reprend les rênes de la société Graffe et Jougla, après la mort de son fondateur Émile Graffe ; Zacharie Jougla assure la direction technique, tandis que Joseph est en charge de la partie commerciale. Produisant des plaques photographiques et des pellicules pour le cinéma, la société, rebaptisée Jougla en 1898, est installée au Perreux (Seine, act. Val-de-Marne). La famille de Zacharie Jougla s’y installe.

Le développement de l’activité nécessite la construction d’une nouvelle usine, qui est installée en 1902 dans le quartier de Polangis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle va compter jusqu’à 600 ouvriers et être la première à commercialiser, avec la marque Omnicolore, un système de photographie en couleur en 1907. Un appareil photographique, le Sinnox, est aussi produit à Joinville.

Avec son épouse et ses enfants, Zacharie Jougla vit à proximité de son entreprise, d’abord route de la Brie (act. avenue Galliéni) puis avenue du Château (act. avenue Foch). Il assure la comptabilité de la société.

La mauvaise santé de Zacharie Jougla lui vaut, en février 1910, congé de trois mois de son poste de sous-ingénieur des ponts et chaussées de 1e classe, attaché dans le département de la Seine, au service du contrôle de l'exploitation technique du réseau des chemins de fer d'Orléans. Il prend sa retraite de son poste en novembre de la même année.

En avril 1911, pour pouvoir faire face au développement de l’américain Kodak, Joseph Jougla décide de fusionner sa société avec celle des frères Lumière, établie à Lyon. L'Union Photographique industrielle, établissements Lumière et Jougla réunis, société anonyme au capital de 6 720 000 francs, dont le siège est à Paris, 82, rue de Rivoli prend la succession de la société Jougla. L’apport de Jougla est de 24% au nouvel ensemble.

Zacharie Jougla quitte alors ses fonctions et la direction de l’usine de Joinville est confiée à Gaston Jougla, fils de Joseph.

Quittant la région parisienne, Zacharie Jougla et ses plus jeunes enfants retournent dans le Gard et s’installent d’abord à Bagnols-sur-Cèze en 1912 puis à Carmes où il disposait d’une propriété.

Zacharie François Jougla meurt le 14 mai 1914 à Carmes (Gard). Il était âgé de 62 ans et avait eu six enfants. Au moins trois de ses enfants seront officiers, et deux d’entre eux, Émile et Roger Jougla furent décorés de la Légion d’honneur. Le quatrième, Henri Jougla de Morenas, fut l’auteur de plusieurs livres sur la noblesse française.

 

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6 décembre 2019 5 06 /12 /décembre /2019 00:01

Suite de la biographie de Joseph Jougla.

Faisant face à un besoin d’expansion, Joseph Jougla déplace son usine du Perreux à la commune proche de Joinville-le-Pont, dans le quartier de Polangis. Il appelle à ses côtés son frère Zacharie Jougla de Paraza, ingénieur des Ponts-et-Chaussées. En 1907, les premières plaques couleurs du monde, les Omnicolore, sortent de son usine qui produit quarante mille plaques photographiques par jour. Elle exploite un brevet de Raymond de Bercegol, neveu et collaborateur de Ducos du Hauron. L’usine produit également un appareil photographique, le Sinnox. Elle emploie jusqu'à 600 ouvriers dans un terrain de deux hectares, dont 4 000 m² couverts.

Après le décès en juillet 1902 au Perreux de sa seconde épouse, Joseph Jougla s’installe à Joinville, avenue de l’Horloge (quartier de Polangis) avec ses deux plus jeunes enfants, les jumeaux Joséphine Cécile et Gaston, étudiant en pharmacie.

En avril 1911, pour pouvoir faire face au développement de l’américain Kodak, Jougla fusionne sa société avec celle des frères Lumière , établie à Lyon. L'Union Photographique industrielle, établissements Lumière et Jougla réunis, est une société anonyme au capital de 6 720 000 francs, dont le siège est à Paris, 82, rue de Rivoli. L’apport de Jougla est de 24% au nouvel ensemble. La direction des usines de Lyon a été confiée à Auguste et Louis Lumière, celle des usines de Joinville à M. Joseph et Gaston Jougla, son fils.

Joinville-le-Pont devient un important centre pour le cinéma français. Joseph Jougla conseille à Charles Pathé d’installer ses ateliers également sur le bords de Marne, ce qu’il fait dans le quartier voisin de Palissy, toujours à Joinville.

En 1913, le ministre du commerce entend décorer Joseph Jougla de la Légion d’honneur. Mais un courrier, anonyme, transmis à la chancellerie va retarder l’attribution de la décoration. La dénonciation prétend parler « au nom des actionnaires ruinés aux dépens desquels Joseph Jougla s’est enrichi ». L’affaire n’aura pas de suite, malgré une campagne de presse dans le quotidien Le Bien Public, et Jougla sera décoré en juillet 1925 pour les récompenses qu’il a obtenu à l’étranger comme en France et pour « 58 années de pratique industrielle. »

Après avoir passé le relais opérationnel à son fils Gaston, Joseph Jougla se consacre notamment au développement international de l’entreprise.

Joseph Jougla meurt le 21 mars 1927 à Joinville. Il était âgé de 79 ans et est inhumé dans le cimetière de la commune. Outre la Légion d’honneur, il était titulaire des Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie depuis janvier 1905. Il avait obtenu de nombreuses distinctions lors de manifestations internationales, comme une médaille d'or à l’exposition universelle de Paris en 1900, un grand-prix à Hanoï (Indochine, Vietnam) en 1903 puis fut généralement placé hors concours dans les expositions ultérieures.

La société prend alors le seul nom des Frères Lumière, mais Gaston Jougla en reste le directeur. Jusqu'à la fermeture de l’usine en 1966, des appareils photographiques y seront fabriqués.

La rue où habitait Joseph Jougla et où se trouvait son usine à Joinville, l’avenue de l’Horloge, est rebaptisée « avenue Joseph-Jougla » en 1932.

Les essayistes scientifiques Danièle et Jean-Claude Clermontel ont classé, dans un livre paru en 2009 (Chronologie scientifique, technologique et économique de la France, Éd. Publibook), Joseph Jougla dans leur liste d’émigrés célèbres, mentionnant qu’il serait originaire de Hongrie. Il s’agit cependant d’une confusion, la provenance de ses familles maternelle et paternelle étant clairement située en Occitanie depuis plusieurs siècles.

Fin.

 

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