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15 juillet 2024 1 15 /07 /juillet /2024 01:01

Édouard Fortuné Chauveau naît le 22 mai 1864 à Tours (Indre-et-Loire), dans le quartier Saint-Symphorien. Il est le fils de Louise Silvine Breton et de son mari, Fortuné Chauveau. Sa mère, fille d’un tailleur de pierre tourangeau, est d’abord couturière, puis ouvrière en soie. Le père est tisseur en soie.

En 1884, Édouard Chauveau est doreur sur bois à Tours et membre de la société de gymnastique locale. Il est recruté pour le service militaire en décembre 1885 et affecté au 31e régiment d'infanterie. Nommé caporal en octobre 1886, il est transféré en janvier 1887 à l’École normal de gymnastique et d’escrime de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), établissement militaire situé dans le Bois de Vincennes (act. Paris, 12e arr.). Il devient moniteur de gymnastique en août 1887. À la fin de ses quatre années de service, il s’engage pour cinq ans en novembre 1889 et est devenu sous-officier, avec le grade de sergent.

Parallèlement à son activité militaire, Chauveau participe à des manifestations sportives, comme lors d’une fête vélocipédique organisée à la Varenne Saint Hilaire (Saint-Maur-des-Fossés) en août 1887, une course de tricycles réservée aux militaires. Il participe à un concours de tir à Tours en juin 1889.

Le mariage d’Édouard Chauveau avec Marie Augustine Louise Joséphine Lemoine est célébré à Paris (11e arr.), en avril 1890. D’origine bretonne, Marie est couturière, native de Saint-Georges-de-Reintembault (Ille-et-Vilaine). Les parents de la mariée, Auguste Lemoine et Marie Hautebas, viennent également s’installer à Joinville-le-Pont, dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. avenue du Président-Wilson). Auguste Lemoine, qui est menuisier, devient membre du comité radical-socialiste communal.

Pour leur part, Édouard et Marie Chauveau résident dans la Ferme de la Faisanderie, dépendance de l’établissement militaire, au sein du Bois de Vincennes. Marie Chauveau est membre du comité des dames de la section de Saint-Maur, Joinville et Charenton de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge).

Promu maître de gymnastique en juin 1890, Édouard Chauveau se réengage, de nouveau pour cinq ans, en novembre 1894 et devient sergent-major en août 1895. Il est commissionné à l’issue de son contrat en novembre 1899 et quitte l’armée, en juillet 1901, bénéficiant d’une retraite proportionnelle au temps passé dans l’armée, soit 15 ans et 8 mois, d’un montant de 576 francs. Affecté dans la réserve, il fait une période d’exercice en septembre 1906 puis est libéré des obligations militaires en octobre 1910.

Comme ancien sous-officier, Chauveau peut théoriquement postuler pour des emplois réservés (agent d’octroi, facteur, magasinier ou garçon de bureau par exemple). Il fait le choix de devenir professeur de gymnastique au collège et aux écoles communales de la ville de Pontoise (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). La famille s’y installe, d’abord rue Victor-Hugo puis rue d’Ennery et enfin rue Gambetta. Il donne également des leçons particulières de gymnastique, de boxe, de canne, de bâton d’escrime, de gymnastique médicale et de natation.

Dans sa nouvelle commune de résidence, Chauveau devient le moniteur chef de Société de tir du 12e territorial, régiment d'infanterie de réserve. C’est peut-être à son domicile pontoisien que, en août 1929, un jardinier qui descendait à la cave avec une baladeuse à la main, a été électrocuté et tué sur le coup.

Son épouse Marie étant décédée en septembre 1921, Édouard Chauveau va contracter une nouvelle union avec Esther Eugénie Guillot en septembre 1928 à Barbonne-Fayel (Marne). Ils résident dans cette commune en 1931, alors qu’il a pris sa retraite. Il se remariera une troisième fois en août 1941 à Pontoise avec Berthe Léa Vallier ; ils résideront à Barbonne-Fayel où il meurt le 25 décembre 1945, âgé de 81 ans.

Après avoir obtenu des médailles d’argent et de vermeil pour son activité de gymnastique et d’escrime de 1889 à 1893, Édouard Chauveau reçoit la Médaille militaire en janvier 1902. Son fils unique, Marcel, officier d’infanterie, meurt au combat durant la première guerre mondiale.

École de gymnastique et d’escrime de Joinville (Arch. dép. Val-de-Marne)

 

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25 juin 2024 2 25 /06 /juin /2024 01:01

Constantin Émile Delaby naît le 11 mars 1880 à Abscon, commune du bassin houiller du département du Nord. Il est le fils de Marie Joseph Héroguet et de son mari Henri Delaby. Son père est mineur et la famille vit au coron des Lillois. Illettré, le père ne sait pas signer à la naissance de Constantin ou de son frère aîné ; cependant, il est capable de le faire en août 1882 quand sa première sœur voit le jour. La famille a alors déménagé à Aniche, commune voisine d’origine de la mère. Henri Delaby meurt en janvier 1894, quand Constantin a 13 ans.

N'étant pas l’aîné, Constantin Delaby, qui est alors ajusteur mécanicien, est convoqué pour le service militaire. Il intègre le 8e régiment de hussards en novembre 1901 à Cambrai. Promu brigadier en septembre 1902, il devient sous-officier comme maréchal des logis en mai 1903. Il retourne à la vie civile en septembre 1904.

Après avoir quitté l’uniforme, Constantin Delaby travaille dans la Marne. Il est condamné, en décembre 1905 par le tribunal correctionnel de Reims à 25 francs d’amende pour « complicité d’adultère ». Il s’agit peut-être de ses relations avec Marie Hortense Lavigne, dont il a un fils, Henry Jules, né en mai 1907 à Loivre (Marne), lequel est déclaré comme étant de mère inconnue par Constantin Delaby, qui le reconnaît. Il est légitimé par leur mariage en décembre 1912 à Lille ; Marie Hortense avait divorcé de son premier mari en mai 1906.

En juillet 1910, l’entreprise de cycles qu’avait créée Constantin Delaby est mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Cambrai. Il s’installe début 1912 à Lille où il est contremaître.

Rappelé au début de la première guerre mondiale en août 1914, Constantin Delaby obtient le grade d’adjudant en avril 1915. Il est détaché, comme ajusteur, en juillet 1917 dans un service automobile à Villeneuve-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine). Puis, en octobre 1917, il est affecté à l’usine Delaby et Langlois, rue des Rondeaux à Paris (20e arr.) ; il s’agit peut-être d’un établissement qu’il aurait fondé. En janvier 1919, il est détaché dans une usine de Nîmes (Gard) puis démobilisé en février.

Après le conflit, Constantin et Marie Hortense Delaby sont séparés et divorcent. Lui s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), villa René-Robert (une voie disparue).

Il dispose d’un magasin à Joinville et d’un atelier dans la commune voisine de Champigny-sur-Marne, route de Villiers. Il crée en février 1920 une société avec plusieurs négociants, C. Delaby & Cie, puis la dissout en mai 1922. Il poursuit ensuite son activité à titre personnel. Il fabrique notamment des cadres de vélos.

Constantin Delaby se remarie en février 1921 à Joinville avec Marie Camille Lucie Luneau, originaire de La Chapelotte (Cher), fille d’un bourrelier. Ils ont leur domicile dans le quartier du Centre, puis rue du Pourtour-des-Écoles. Le fils de Constantin, Henri Delaby, les rejoint et vit avec eux en 1926.

Camille meurt en juillet 1926, en donnant naissance au deuxième enfant de Constantin Delaby, Edith Augustine. Elle est d’abord hébergée par sa grand-mère, dans le Cher, puis rejoint son père à l’été 1934. Il passe plusieurs annonces pour essayer de lui trouver une compagnie en 1934 et 1937, soulignant qu’il dispose d’un jardin anglais et d’un piano. Constantin Delaby se remarie en mai 1937 à Joinville avec Jadwiga Domanska, native de Pologne et veuve, qui a francisé son prénom en Edwige Sophie.

Conservant toujours son activité de mécanique générale à Champigny en 1931, Delaby semble cependant avoir réorienté ses sources de revenus. Dans le recensement de 1931, il se déclare comme représentant. Mais il semble bien qu’il se consacre également beaucoup aux courses de chevaux. L’hippodrome de Vincennes est proche de son domicile. En mars 1927, Constantin Delaby est condamné à 300 francs d’amende pour « délits de courses. »

Quelques années plus tard, il va de nouveau avoir maille à partir avec la justice. La presse relate « l’arrestation mouvementée d’un bookmarker ». Un inspecteur de la brigade des jeux le soupçonnait de prendre des paris clandestins quand il le croise dans rue de Paris, dans le centre-ville de Joinville. Delaby qui attendait dans son auto arrêtée et un cycliste s’arrêta près de lui pour et remettre une enveloppe, présumée contenir des listes de paris. L’inspecteur sauta sur le marchepied de la voiture, mais Delaby démarra aussitôt, renversant le cycliste, tandis que le policier se cramponnait au parebrise du véhicule. Il dut stopper peu après, à l’entrée du Bois de Vincennes et fut conduit au commissariat de police de Saint-Maur puis envoyé au Dépôt. L’inspecteur et le cycliste avaient été légèrement contusionnés. En janvier 1934, le tribunal correctionnel de la Seine l’a condamné à quatre mois de prison avec sursis et 500 francs d’amende pour « violence à agents » et « exploitation illicite de paris sur les courses de chevaux en novembre et décembre 1933. »

En 1936, Constantin Delaby déclare exercer l’activité de menuisier.

Il meurt au cours de la deuxième guerre mondiale le 24 mai 1941 à Toulouse (Haute-Garonne). Il était âgé de 61 ans et père de deux enfants. Le Service historique de la Défense le classe en tant que victime civile, reconnaissance accordée aux personnes qui ont subi des préjudices directs du fait des événements liés à la guerre en raison des actions de l'ennemi, des bombardements, des représailles, des actes de sabotage, ou pour les victimes de la répression et des persécutions raciales ou politiques.

Son fils Henry deviendra ingénieur et continuera à vivre à Joinville-le-Pont. Sa fille Edith survivra à un accident d’avion en décembre 1946 en Irlande, alors qu’elle émigrait avec son bébé vers les États-Unis.

Edwige Delaby, épouse de Constantin (arch. fam.)

 

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8 juin 2024 6 08 /06 /juin /2024 01:00

Jules Marie Eugène Claudin naît le 18 septembre 1877 à Osne-le-Val (Haute-Marne). Il est le fils de Marie Mélina Demassez et de son époux Alexis Léon Claudin, mouleur. Sa mère meurt en avril 1886 ; il a alors 8 ans.

Devenu lui aussi mouleur, il est recruté à Neufchâteau (Vosges) pour faire son service militaire en novembre 1898 48e dans le régiment d'infanterie. En septembre 1899, il est nommé caporal puis promu sergent en août 1900. Il se voit confier la fonction de sergent-fourrier en juin 1901 puis signe le mois suivant, un engagement de deux ans. Il le renouvelle pour trois ans en janvier 1903 et est nommé au grade de sergent-major en mai 1904. Il prolonge pour deux années supplémentaires sont contrat en octobre 1906 et est démobilisé en novembre 1908, après dix ans de service. Il réside alors à Sochaux (Doubs).

Le mariage de Jules Claudin avec Jeanne Émilie Mathie, lingère et fille d’un tourneur sur métaux, est célébré en décembre 1905 à Beaucourt (Territoire-de-Belfort). De manière inhabituelle, la jeune femme avait fait, en octobre 1902 (elle avait alors 16 ans), un voyage aux États-Unis, partant du Havre sur le paquebot La Champagne pour rejoindre New-York.

En décembre 1909, Jules Claudin figure sur une liste des candidats présentés pour des emplois réservés dans l’administration et les établissements publics, mais il est signalé comme n’ayant pas renouvelé sa demande en avril 1910. Il travaille alors à Audincourt (Doubs) comme dépositaire de journaux. L’année suivante, il déménage en région parisienne.

Pendant la première guerre mondiale, Jules Claudin est remobilisé, toujours avec un grade de sous-officier. Il sert d’abord dans le 52e régiment d'infanterie, où il est promu adjudant en avril 1915. Transféré en septembre 1917 au 41e régiment territorial d'infanterie puis au 83e en mars 1918, il rejoint en 1919 des bataillons de chasseurs à pied, le 1er en février et le 2e en avril, avant d’être définitivement démobilisé en août la même année.

La famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue Jamin. Jules Claudin travaille dans la fabrique de pierres factices pour le bâtiment de l’architecte et industriel Félix Paillas (1877-1955), installée quai de la Marne.

En décembre 1923, Jules Claudin participe au renouvellement du bureau de la section de Joinville de la Ligue de la République, qui avait été constituée en février la même année. La ligue vise à regrouper les gauches, notamment les radicaux-socialistes et les socialistes qui n’ont pas rejoint le nouveau parti communiste. Elle est présidée par René Caperon, socialiste indépendant et conseiller municipal. Claudin est désigné comme vice-président au cours d’une réunion pendant laquelle les participants encouragent la reconstitution du comité radical et radical-socialiste, dont Georges Briolay, futur maire, va prendre la tête. L’année suivante, la Ligue de la République cède la place au cartel des gauches. Il constitue son bureau local en mars 2024 en faisant la part belle aux représentants des organisations, Briolay étant désigné comme président, tandis qu’Émile Graillat, comptable et conseiller municipal, siège au nom du parti socialiste SFIO.

On retrouve Jules Claudin parmi les dix membres du comité du cartel, au côté de Jules Borel, mécanicien dans le cinéma, un de ses voisins et auquel il est apparenté : la sœur de Borel, Adèle, est la belle-mère de Jules Claudin. Les gauches échoueront lors des élections municipales de mai 1925, mais elles remporteront celles de 1929 et porteront Briolay à la tête de l’exécutif communal.

En 1926, Jules Claudin est séparé de son épouse Jeanne. Il reste cependant vivre à Joinville avec trois de leurs quatre enfants, tandis que sa belle-mère, Adèle Borel, vient vivre avec eux. Elle cohabitera toujours avec lui dans leur maison de Joinville même en 1936, alors que tous les enfants ont quitté le domicile familial.

N’ayant plus d’activité politique publique, Jules Claudin était devenu en novembre 1925 d’une association mutuelle d’épargne, intitulée La Tirelire, présidée par M. Brisset.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jules Claudin est mentionné comme résidant en 1942 à Osne-le-Val, son village natal de Haute-Marne.

Jules Claudin meurt le 23 juin 1958 à Villemoisson-sur-Orge (Seine-et-Oise, act. Essonne). Il était âgé de 80 ans et père de quatre enfants. Il avait obtenu la Médaille militaire en avril 1950. L'abbé Hubert Maréchal, curé d’Osne-le-Val, l’a classé parmi les « Enfants d'Osne qui se sont signalés », lors de son engagement militaire entre 1898 et 1908.

Journal du cartel des gauches pour la banlieue en 1924

 

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9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 01:01

Léon Auguste Prodhon naît le 14 janvier 1873 à Issy-les-Moulineaux (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de Marie Philomène Baron et de son mari Louis François Prodhon, tous deux journaliers.

En 1886, la famille est installée à Vieux-Moulins (Haute-Marne), où son père est meunier. Comme ses frères, Léon Prodhon le sera aussi, jusqu’à ce qu’il s’engage dans l’armée pour quatre ans, en mars 1892 à Langres (Haute-Marne). Il sert dans le 31e régiment d’infanterie, où il devient caporal en mars 1893 puis sergent en février 1895. Il est démobilisé en mars 1896. En avril 1896, il a repris la meunerie quand il épouse à Romorantin (act. Romorantin-Lanthenay, Loir-et-Cher) Maria Richetin, fille d’une aubergiste et d’un facteur des postes.

Les nouveaux époux s’installent à Paris (11e arr.), avenue de la République et Léon est employé de commerce. Il est recruté en juillet 1899 à la direction des recherches de la préfecture de police de Paris et nommé inspecteur. Promu secrétaire suppléant au commissariat du quartier de La Roquette (11e arr.) en 1904, il passe comme secrétaire en 1905 à celui de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis), poste qui fait de lui l’adjoint du commissaire.

Il occupe cette fonction en mai 1905 quand son deuxième fils, René, 4 ans, est chez sa grand-mère à Romorantin. Il joue dans la rue avec une petite fille qui le tenait par les mains et le faisait tourner autour d’elle. Mais elle le lâcha brusquement et il se brisa la colonne cervicale. La mort fut instantanée.

Léon Prodhon revient au secrétariat d’un commissariat de Paris, au quartier des Quinze-Vingts (12e arr.) en juin 1907. Il réussit en novembre 1908 le concours qui permet de devenir officier de paix et commissaire de police. En février 1910, pendant les inondations historiques de la Seine, il sauve cinq personnes de la noyade, mais se blesse grièvement à la jambe droite, et doit être secouru par son chef, le commissaire Boulineau.

Prodhon est nommé, en mai 1910, inspecteur principal des gardiens de la paix. Il obtient cinq mois plus tard le titre de commissaire de police des communes de la Seine et occupe son premier poste à Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Il doit se saisir, en juillet 1911, des suites d’un conflit social – qui, comme beaucoup d’autres, pendant cette période, est violent. Des grévistes, terrassiers de la Compagnie des chemins de fer du Nord assaillent un train, qui transportait des non-grévistes vers un chantier au Bourget. Mais l’un d’eux se défend avec un revolver et blesse grièvement à la tempe un charpentier. Alors que de graves incidents éclataient dans plusieurs chantiers de la région, Prodhon fit arrêter le « renard », ou « jaune », un ouvrier italien, qui avait tiré.

Transféré à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en avril 1913, il prend en charge une vaste circonscription, couvrant des communes plus peuplées comme Nogent-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés et Champigny-sur-Marne. Le commissariat compte une trentaine d’employés. Il remplace Louis Gourdel.

Promu commissaire de police de la Ville de Paris, Prodhon est affecté en février 1914 au quartier de la Gare (13e arr.), cédant son ancien poste à Michel Émile Francisque. Léon Prodhon reste à son poste pendant la première guerre mondiale et est affecté en février 1916 au quartier de la Maison-Blanche, dans le même arrondissement.

Après la fin du conflit, il rejoint en juin 1922 le quartier du Pont-de-Flandre (19e arr.). Il y exerce toujours en mai 1930. Il prend sans doute sa retraite quelque temps après et va vivre avec son épouse dans le Loir-et-Cher.

Léon Auguste Prodhon meurt le 11 juillet 1947 à Romorantin. Il était âgé de 74 ans et père de trois enfants. Il avait été décoré à quatre reprises pour des actes de courage et de dévouement : en mai 1907, février et mai 1910 puis mai 1918, où il avait reçu une médaille d’argent.

Le Moulin des Pères, de la famille Prodhon, à Vieux-Moulins

 

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17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 00:01

Louis Édouard Burgard naît le 11 janvier 1888 à Troyes (Aube). Il est le fils de Sophie Mathern et de son mari Louis Napoléon Burgard, employé de la compagnie des Chemins de fer de l’Est. Ils résident rue Traversière. Ses parents sont originaires d’Alsace, ayant quitté le pays suite à l’occupation allemande de 1870. Ils sont germanophones et profondément catholiques.

Inscrit au Petit-Séminaire de Troyes, Édouard Burgard se classe chaque année en première ou deuxième place des élèves et est reçu, avec mention, au baccalauréat en juillet 1905. Il avait obtenu en 1904 un accessit en version latine au concours général de l’institut catholique de Paris.

Le 30 juin 1907, Édouard Burgard est ordonné prêtre dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes par Mgr Sébastien Herscher, évêque de Langres. Il devient professeur au Collège Urbain IV, établissement catholique privé de Troyes.

D’octobre 1909 à septembre 1911, il fait son service militaire au sein du 37e régiment d'infanterie. Il devient caporal en avril 1910 puis sous-officier, comme sergent, en septembre la même année.

Édouard Burgard s’implique dans le mouvement catholique progressiste La Jeune République, fondé après la dissolution du Sillon, dans la fidélité aux idées de Marc Sangnier. Il signe, en septembre 1912 dans l’hebdomadaire de la formation politique un article intitulé Élections d’autrefois où il entend « calmer un peu les irréductibles de l’Action française », parti royaliste et antisémite. Il illustre la corruption des mœurs politiques sous la Restauration.

Il livrera plusieurs articles, de février à juin 1914, consacrés à la situation de l’Alsace, en utilisant le pseudonyme d’Édouard Oberlé. Parlant de la région d’origine de sa famille, il estime qu’elle « remplirait, dans la liberté, ce qui semble bien être sa mission providentielle, sa vocation : rapprocher et réunir deux grands peuples, deux races, deux génies ». Il considère qu’elle « se vengera du pangermanisme en semant la Liberté ! » Il qualifie la politique allemande comme une « oppression économique de l’Alsace-Lorraine. »

Poète, il a obtenu au premier semestre 1914 une lyre d’or au concours du Palinod pour À l’Alsace éternelle.

Son frère cadet, Raymond, lui est manifestement lié. Il suit également ses études secondaires au Petit-Séminaire (transféré à Saint-Dizier, après la séparation de l’église et de l’État en 1905) et est également, à compter de 1914, engagé dans La Jeune République.

Les deux frères se rendent à l’enterrement de leur grand-père paternel, François Michel Burgard, cultivateur, âgé de 83 ans, décédé le 22 juillet 1914 à Niederlauterbach où il était né, dans le nord de l’Alsace. Ils sont toujours en Allemagne le 1er août, quand fut publié l’ordre français fixant le premier jour de la mobilisation générale au 2 août.

Comme ce fut le cas en France à la même date pour les sujets Allemands et Autrichiens, les Français présents sur le territoire de l’empire n’ont plus le droit de le quitter et sont internés dans des camps. C’est le cas de Raymond, qui sera conduit à Holzminden, dans le Brunswick. Par contre, Édouard put, non sans difficulté selon les témoignages, regagner la frontière et rentrer en France.

Immédiatement, il fut réincorporé à son ancien régiment, le 37e d’infanterie qui est alors divisé, lui-même étant incorporé au 237e. Il est envoyé sur la frontière lorraine, toujours comme sergent. Le 25 août 1914, il participe à la contre-attaque initiée par le général Édouard de Castelnau. Il est déclaré disparu.

Il a été tué dans des circonstances racontées par un officier, non nommé, dont la lettre est publiée par la Revue catholique de Troyes (1915/04/24) : « Arrivés à 600 mètres de la lisière ouest du bois, nous sommes tombés sous un feu intense de mitrailleuses. Burgard, qui se trouvait en serre-file, la section placée à ma gauche, s’est détaché pour venir m’offrir ses bons offices. Ceci était le résultat de conversations antérieures au cours desquelles je luis avais dit : « Le jour où ça chauffera, bien qu’en temps ordinaire je ne sois pas pratiquant, je compte sur vous pour me mettre en règle avec ma conscience ». Esclave du devoir, mon brave sergent s’est donc rapproché de moi. Je me trouvais en ce moment à genoux, face au bois. Burgard se mit face à moi, me couvrant, pour ainsi dire de son corps. Il commença la conversation. (…) Je ne lui avais pas encore répondu qu’il ouvrit les bras, ouvrit de grands yeux que je revois encore, et, tombant sur moi, il eut la force de me dire : Ils m’assassinent ! Il avait reçu, par derrière, à travers son sac, une balle qui était allée droit au cœur. Il n’a pas souffert. Je suis convaincu que, dans la circonstance, il m’avait peut-être sauvé la vie puisque j’étais sur la trajectoire. (…) Voilà ce que, encore tout contristé, je puis vous dire sur les derniers moments du fidèle et loyal soldat que nous avons le devoir de pleurer. »

La missive est reprise par différents organes de presse, comme La Croix, Courrier breton, La Grande guerre du XXe siècle.

Le date de son décès diffère selon les sources : son livret militaire et le Journal officiel mentionnent le 10 octobre 1914 ; ce dernier organe précisant, pour l’attribution de la Médaille militaire, qu’il est « mort glorieusement pour la France au combat de Champenoux » qui ont lieu à cette date. Cependant, un jugement du tribunal civil de Troyes, rendu le 11 septembre 1917, précise que cette date est celle de la découverte de son corps et fixe la mort au jour de sa disparition, le 25 août 1914. C’est cette même date qui était déjà, antérieurement à la décisions judiciaire, mentionnée dans la presse et par sa famille.

Le lieu du trépas est lui aussi variable dans les mentions qui en sont faites, qui le situent toutes dans le département de Meurthe-et-Moselle. En accord cette fois avec les sources militaires, le jugement le fixe à Champenoux. Cependant, le témoignage de l’officier parle de la ferme Saint-Libaire, dans la commune de Serres. La famille cite le village limitrophe de Courbesseaux, situé à huit kilomètres de Champenoux. Il est probable que cette commune fut celui où le corps fut transporté et la mort constatée, les combats du 25 août s’étant déroulés principalement autour de Courbesseaux. Le décès eut donc probablement lieu dans cette commune ou dans celle de Serres.

À titre posthume, Édouard Burgard a été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze et, en avril 1921, de la Médaille militaire. Il est mentionné dans le Livre d'or du clergé et des congrégations. Son nom est sur le monument aux morts de la ville de Troyes.

Le quotidien La Croix considère qu’il s’agit d’une « Belle figure de prêtre soldat ». En septembre 1918 dans Nos annales de guerre, publié par La Jeune République, son frère Raymond, libéré et transféré en Suisse, lui rend hommage : « Il fut prêtre, Alsacien et démocrate. Et il fut fout cela passionnément, car une âme ardente se cachait sous son masque tranquille et parfois un peu sévère. C’est pour ce triple idéal, d'ailleurs, qu’il mourût. Il fut frappé d’une balle au moment où il protégeait de son corps son capitaine, afin de pouvoir entendre sa confession, et il tomba dans cette guerre où nos soldats veulent conquérir, à la pointe de leurs baïonnettes, et la liberté du monde et cette Alsace qu’il chérissait d’un amour filial. Tempérament fortement trempé et d’un parfait équilibre, esprit largement ouvert et très cultivé, heureux de vivre, parce que vivre c’est agir, il avait devant lui une vie pleine de promesses. »

En juin 1973, la Société académique de l'Aube, consultée pour proposer Des noms pour les rues de Troyes mentionna « Les frères Burgard : l'un, Raymond, résistant, a été exécuté à la hache à Cologne en 1944 ; le second, Edouard, sergent, a été tué en Lorraine en 1914 ». la ville ne retint que celui de Raymond pour le nommage d’une de ses voies.

Édouard Burgard (arch.)

 

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15 août 2022 1 15 /08 /août /2022 00:01

Juliette Maria Galland naît le 3 novembre 1913 à Verzenay (Marne). Elle est la fille de Lucie Eugénie Jeannin et de son époux René Galland, vigneron. Son père meurt à la guerre en octobre 1914, quand elle a moins d’un an. Sa mère vit ensuite à Paris (18e arr.), rue des Saules, où elle est pâtissière, et se remarie en septembre 1924 avec un pâtissier d’origine alsacienne, Aimé Marius Blind. Elle meurt en mai 1928, quand Juliette Galland a 14 ans. Elle continue à vivre avec son beau-père, qui se remarie en juin 1929 avec une manucure, également native de Sélestat.

Selon la notice du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Maitron), Juliette Galland exerce les métiers de coiffeuse puis de lingère. Elle n’a cependant pas de profession déclarée lors de son mariage, en janvier 1937 avec Pierre Derrien, garçon boucher. Ils s’installent à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Pierre Derrien, militant communiste et engagé dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), est arrêté sur dénonciation puis condamné à mort par les autorités allemandes et fusillé en octobre 1943 au Mont-Valérien (Suresnes, Seine, act. Hauts-de-Seine).

Après-guerre, Juliette Derrien vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), est, d’après le Maitron, vendeuse ambulante de chaussures et adhère en novembre 1944 au parti communiste et à l’Union des femmes françaises (UFF). Le maire, Robert Deloche, également résistant et communiste, la sollicite pour figurer lors des élections municipales d’avril 1945 sur la liste d’Union républicaine et résistante, qui rassemble des communistes, des socialistes SFIO, des radicaux et des personnalités classées comme divers-gauche. Avec 61,7% des suffrages exprimés, la liste emporte les 27 sièges à pourvoir dès le 1er tour.

Comme il s’agit du premier scrutin dans lequel les femmes sont électrices, Juliette Derrien fait donc partie des toutes premières élues françaises ; elle obtient 3 786 voix pour 6 447 suffrages exprimés (58,7%) sur 6 621 votants et 7 811 inscrits et arrive au dernier rang des candidats élus. Trois autres joinvillaises entrent en même temps qu’elle dans l’assemblée locale : Adrienne Chagnon, Valentine Nicolas et Amélie Trayaud (future maire de la commune en 1953). Le conseil est composé officiellement de 7 communistes, 6 socialistes SFIO, 5 radicaux et 9 indépendants de gauche, catégorie à laquelle semble être rattachée Juliette Derrien bien qu’elle soit membre du PCF. Robert Deloche est réélu maire.

Citant des sources provenant des archives du parti communiste, la notice du Maitron mentionne que Juliette Derrien se considère, en 1947, qu’elle est « trop faible politiquement » pour assurer des responsabilités électives et ne se représente pas. En avril 1947, elle est embauchée comme employée du Centre de diffusion du livre et de la presse (CDLP), organisme lié au parti communiste.

Juliette Derrien meurt le 5 décembre 1995 à Plouzané (Finistère). Elle était mère d’une fille.

Goûter organisé en 1945 par l'Union des femmes de France à Joinville-le-Pont

 

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11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 00:01

Nicolas Mathieu Bonnor naît le 4 novembre 1809 à Sainte-Colombe (act. Sainte-Colombe-sur-Seine, Côte-d'Or). Il est le fils de Nicole Malgras et de son époux Nicolas Bonnor, probablement employé des forges de Sainte-Colombe. Lui-même est employé à partir de 11 ans dans les forges, comme goujat (apprenti), il devint ensuite puddleur, c'est-à-dire directeur d'un four pour l'affinage de la fonte. En novembre 1832, lamineur dans les mêmes forges, il épouse Françoise Zoé Degrond, dont le père est également commis à la forge.

Selon Mgr Justin Fèvre, historien de la Haute-Marne, « Mathieu était l'ouvrier supérieur, le forgeron de génie qui possède d'instinct ou qui devine par expérience tous les mystères du métier ». En 1834, il est contremaître puis en 1838, sous-directeur. Il quitte la Côte-d'Or pour les forges de Basse-Indre, en Loire-Inférieure (act. Loire-Atlantique) en 1848, où se retrouvent également son frère cadet Julien et un cousin, Louis, également métallurgistes.

Les forges Marmont à Sainte-Colombe

Au début du second Empire, Bonnor retourne dans l’Est de la France, à Saint-Dizier où il installe la forge anglaise de la société Adma, Huin et Cie. Il est ensuite embauché dans l’importante usine de Jules Rozet, au Clos-Mortier, toujours à Saint-Dizier et y installe des trains de laminoirs. Il fonde la société Bonnor frères et Cie et devient dès lors maître de forges en 1855.

Tout en conservant son installation de Saint-Dizier, il s’installe l’année suivante à Eurville (act. Eurville-Bienville), autre pôle important du département. Il équipe son usine de deux hauts-fourneaux, des fours à puddler, une forge anglaise et un laminoir, lui permettant de se spécialiser dans les petits fers ronds, dont il produisait 15 000 tonnes par an. Fort rentables, ces produits servaient notamment à la tréfilerie, pour les chaîne et pour les fils télégraphiques. S’associant avec la famille de sa mère, la société gérant le site de Saint-Dizier prend le nom de Bonnor, Malgras & Cie en 1858. Celle d’Eurville est connue sous le nom de Bonnor, Degrond et Cie, ses beaux-parents étant impliqués dans son capital. Mathieu Bonnor se présentera fréquemment sous le patronyme de « Bonnor-Degrond. »

Un brevet d’invention est déposé en avril 1860 en France par Bonnor, pour un « procédé de laminage économique du fer et autres matières ». La même invention est également protégée au Royaume-Uni.

En 1863, les frères Bonnor cèdent la fabrication de chaînes de leurs ateliers de Saint-Dizier mais implantent une tréfilerie à Chancenay, en association avec Jobard. Son frère monte une usine à Donjeux (Haute-Marne).

L'Exposition nationale de Chaumont en 1865 apporte la consécration à Bonnor, qui est décoré de la Légion d'Honneur. En juillet, il forme avec les principaux producteurs de machine ou ronds de tréfilerie et par les fabricants de fils de fer un comité où il siège aux côtés de et MM. de Wendel, Denille et Daumont. Il a pour objectif d’assurer des prix plus rémunérateurs.

Associé en 1866 avec les frères Jamin, des négociants de Paris et le baron Louis de Valsuzenay, Mathieu Bonnor se retire en 1867 de ses affaires d’Eurville ; il avait été condamné, en février, parce qu’un de ses ouvriers avait fait exploser par erreur un obus livré dans un lot de fonte, ce qui provoqua la mort d’un ouvrier. Il est appelé en région parisienne, où il réorganise les forges de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et d'Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Son activité à Saint-Dizier se poursuit et Bonnor obtient, en 1869, le raccordement de ses usines à la voie de chemin de fer locale.

Pour l’exploitation des forges de Saint-Maur à Joinville-le-Pont, Mathieu Bonnor s’associe avec le propriétaire, Alphonse Pilté et fonde en 1871 Bonnor, Pilté et Cie, spécialisée dans les fers laminés à base de riblon, venu généralement de Haute-Marne. Il se retire en 1872 de son association, reprise par Pilté.

Condamné pour homicide par imprudence à 100 francs d'amende et 1 200 fr. de dommages-intérêts en novembre 1873, Bonnor se voit personnellement placé en faillite en juillet 1874. Il réside alors rue du Faubourg Saint-Martin, à Paris (10e arr.). L’activité de Saint-Dizier n’est pas concernée. Pour tenter de se remettre sur pieds financièrement, Bonnor se rend dans le Tarn-et-Garonne. Cependant, malade, il revient à Paris. L’historien Philippe Delorme remarque que « doué pour la fabrication, Mathieu Bonnor le fut en effet beaucoup moins pour la gestion. »

Mathieu Bonnor meurt le 10 mars 1876 à Paris (10e arr.). Il était âgé de 68 ans et avait eu une fille. Selon Justin Fèvre « On ramène son corps à Saint-Dizier où ses anciens élèves et les ouvriers de la contrée lui font des funérailles comme on en fait aux princes ». Pour Ph. Delorme, « il symbolisait pour la population un exemple de réussite sociale » ; il remarquait « qu’à travers une telle réussite devenait pour la première fois visible publiquement l’importance sociale et économique du travail ouvrier. »

Bonnor est inhumé dans sa ville natale, Sainte-Colombe, où il était domicilié.

Un blog, Sagadesbonnor, a fonctionné entre février et avril 2011, publiant dix articles sur la famille, dont un en partie consacré à Mathieu Bonnor et intitulé L'ascenseur social n'était pas en panne. Une voie de la commune de Saint-Dizier (Haute-Marne) porte son nom, la rue Mathieu-Bonnor.

Plaque de rue de Saint-Dizier

 

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9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 00:01

Paul Nicolas Tondeur naît le 26 janvier 1807 à Curel (Haute-Marne). Il est le fils de Marie Gabriel Quinet et de son époux Sébastien Tondeur, vigneron.

Embauché comme commis des forges, Tondeur vit dans la commune voisine d’Eurville (act. Eurville-Bienville), dans le même département, siège d’une importante activité métallurgique. Il y épouse en novembre 1828 Marie Louise Paris, fille d’un instituteur et dont une partie de la famille travaille également dans l’industrie du métal.

Comme plusieurs cadres des forges de Haute-Marne, et singulièrement d’Eurville, il va rejoindre, vers 1852, les forges de Saint-Maur, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). En 1855, il réside rue du Canal, à Saint-Maurice (act. rue Henri-Barbusse à Joinville-le-Pont) puis Grande-Rue, à Saint-Maurice également.

En 1857, il est directeur des forges de Saint-Maur, dont le propriétaire est la société Doé frères, avec comme responsable Albert Philippe Doé, maître de forges. Il est l’objet d’une tentative d’escroquerie : les forges, qui font du fer riblon, issu de métaux usagés, reçoit d’un ferrailleur une charrette de limaille qui se trouve, après contrôle, être mélangée à beaucoup de poussière et de verre. La presse juridique souligne que « la limaille de fer est d'un prix si minime que jusqu'à présent l'on n'avait pas pensé à la falsifier ». Le vendeur est condamné à un mois de prison et 50 francs d’amende.

De 1861 à 1870, dans les annuaires et publications officielles, Paul Nicolas Tondeur sera présenté comme maître de forges. La famille Doé cède les forges de Saint-Maur, vers 1865, à Alphonse Pilté.

La garde nationale, formation de type milice regroupant les propriétaires des communes sous l’autorité du gouvernement, est structurée en avril 1852, à la fin de la deuxième République et déjà sous le régime du prince-président, futur empereur Napoléon III, avec le 29e bataillon basé à Charenton et couvrant les communes de Saint-Maurice, Maisons-Alfort, Créteil et Bonneuil (Seine, act. Val-de-Marne). La deuxième compagnie, à Saint-Maurice, a pour capitaine Albert Philippe Doé tandis que Paul Nicolas Tondeur est sous-lieutenant.

La municipalité de Saint-Maurice doit être renouvelée en février 1861 quand Achille Domergue, maire depuis 1859, est nommé maire de la commune voisine de Charenton-le-Pont (dont Saint-Maurice est issue). L’ancien adjoint, César Desvignes est nommé maire par décret du 23 février 1861 tandis que Paul Nicolas Tondeur intègre le conseil municipal et est désigné comme nouvel adjoint au maire. Un second adjoint, M. d’Utruy, est nommé ultérieurement. Il est nommé membre du comité local du canton de Charenton par l’Impératrice Eugénie en juillet 1863.

Lors des élections législatives de décembre 1863, dans la 9e circonscription du département de la Seine, Tondeur s’oppose à la candidature du républicain Eugène Pelletan, journaliste et écrivain, ancien maire de Royan (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime). Il soutient, avec Desvignes et d'Utruy le conservateur Picard, qui est battu.

Reconduit dans sa fonction d’adjoint en août 1865, Tondeur en démissionne en 1869. Il quitte le conseil municipal et Sylvain Sourd le remplace comme adjoint.

Pendant la guerre de 1870-1871, qui oppose la France aux puissances allemandes emmenées par la Prusse, Tondeur contribue à la souscription lancée par la section de Joinville de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge). Il est également un des donateurs, toujours pour Joinville, après les grandes inondations de la rivière Marne en 1875.

Paul Nicolas Tondeur meurt le 3 octobre 1876 à Curel, son village natal. Il était âgé de 69 ans et avait eu deux fils, le premier mort en bas âge et le second, décédé alors qu’il était étudiant en médecine.

Une plaque en mairie de Saint-Maurice rappelle que Tondeur, adjoint, faisait partie des personnes qui inaugurèrent le bâtiment en 1868 avec les barons Haussmann, préfet de la Seine, Boyer de Sainte-Suzanne, sous-préfet de Sceaux et d’Utruy, adjoint au maire, ainsi que Desvignes, maire, et Naissant, architecte.

Curel au 19e siècle, Wikipédia

 

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5 octobre 2020 1 05 /10 /octobre /2020 00:01

Albert Philippe Doé naît le 21 mars 1809 à Troyes (Aube). Il est le fils de Catherine Julie de Loynes et de Jacques Doé, propriétaire. Ses deux parents sont d’origine noble, le père, seigneur de Luyères, était également administrateur des hospices de Troyes.

En 1835, Albert Doé s’associe avec son frère Victor et ils sont tous deux associés gérants de la société Doé & de Lemont, qui est en charge de l’exploitation de la forge de Chamouilley-Haut, en Haute-Marne. Son frère réside sur place, tandis qu’Albert Doé est installé à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), où se trouve le siège de l’entreprise. Il prend également la responsabilité de la société gestionnaire des Forges de Saint-Maur, située à Joinville-le-Pont, en limite de Saint-Maurice. Le percement en 1825 du canal de Saint-Maur, qui coupe par un tunnel la boucle de la Marne, ont permis l’installation d’une industrie sur ses bords, malgré le risque d’inondation.

Présente à l’exposition des produits de l’industrie de 1839, Doé et Cie obtient une médaille de bronze. C’est, avec celle de Grenelle, une des deux forges du département de la Seine que l’on retrouve à l’exposition de l'industrie française en 1844. Traitant de vieilles ferrailles, qu'elle tire des fontes de la Haute-Marne et qu'elle affine à la houille; elle tire parti de son voisinage de la capitale.

Lors de l’exposition universelle de Paris en 1855, la presse souligne l’intérêt de ce recyclage des vieux fers. Les forges de Saint-Maur recueillent une médaille de 2e classe. Cependant, s’inquiétant d’un projet de réforme des tarifs douaniers, Albert Doé signe, en janvier 1860, une lettre à l’empereur Napoléon III en compagnie de 180 manufacturiers. Il cède la gestion des forges vers 1865 à MM. Alphonse Pilté et Mathieu Bonnor.

En 1852, Albert Doé est capitaine de la deuxième compagnie du 29e bataillon de la Garde nationale de la Seine. Il a sous ses ordres deux autres officiers, dont Paul-Nicolas Tondeur, sous-lieutenant et directeur des forges. Depuis la même année, il était adhérent du Cercle des arts et en est signalé comme membre encore en 1873.

Albert Doé meurt le 1er décembre 1881 à Paris (9e arr.). Il était âgé de 73 ans et célibataire. Il est inhumé au cimetière de Troyes. Il fait un don de 1 000 francs au bureau de bienfaisance de cette ville. Il avait été gratifié d’une médaille de bronze lors de l’exposition universelle de Paris en 1855.

Ses deux frères Charles et Victor ont tous deux été décorés comme chevaliers de la Légion d’honneur et nommés conseillers généraux, le premier, dans le département de l’Aube, dont il fut président et où il a été également maire de Rouilly-Saint-Loup et le second en Haute-Marne.

Tombe d'Albert Doé à Troyes

 

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