Reine Sophie Dosse naît le 7 août 1903 à Chatou (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Elle est la fille de Julie Gautier et de son époux Victor Dosse, comptable pour la firme cinématographique Pathé dans cette commune.
En 1906, Victor Dosse est chargé de créer l’usine de tirage de films Pathé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). La famille s’installe dans le quartier de Polangis, avenue de l’Île.
C’est dans cette commune que Reine Dosse épouse, en juillet 1926 André Léon Pierre Denis, commis agent de change. Ils partagent le nouveau pavillon des parents Dosse, avenue Chapsal. Après la naissance de leurs deux filles et la condamnation, en octobre 1930, du mari à de la prison avec sursis et à une amende pour « outrage public à la pudeur », le couple se sépare et ils divorcent en janvier 1939. Elle reprend son nom de jeune fille.
Après avoir quitté Pathé, Victor Dosse lance une entreprise d’ébénisterie et menuiserie d’art. Après la deuxième guerre mondiale, sa fille en devient administratrice.
Lors des élections municipales de novembre 1947, Reine Dosse est candidate à Joinville sur la liste du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste), conduite par Pierre Perly. Sa liste obtient une moyenne de 3 066 voix pour 6 974 suffrages exprimés sur 7 073 votants et 8 376 inscrits. Elle obtient 13 sièges, dont elle est la seule élue, et devance les communistes de l’Union républicaine et résistante du maire sortant Robert Deloche (43,3%, mais le même nombre de conseillers municipaux). Les socialistes SFIO (6,5%, 1 siège) et les démocrates-chrétiens du Mouvement républicain populaire MRP (5,8%, pas d’élu) complètent le tableau électoral. Le vote de l’élu socialiste en faveur de Deloche lui permet de conserver son siège.
En novembre 1951, le journal libéral régional présente Reine Dosse comme « la militante n° 1 du RPF ». Avec trois jeunes militants gaullistes, elle collait des affichettes pour une messe organisée à la demande de sa formation à la mémoire du maréchal Leclerc. Des incidents éclatent avec une quinzaine de communistes dont André Langat, adjoint au maire, et un conseiller municipal. Elle dépose plainte.
Suite aux inondations de janvier 1953, qui font plus de 1 800 morts dans le sud-ouest des Pays-Bas, Reine Dosse lance, avec la section de Joinville du RPF, dont elle est la responsable, une souscription « Pour soulager les misères en Hollande. »
La fin du mandat se déroule dans une forte tension. Le seul siège socialiste échoit à quatre personnes successivement, suite à trois démissions liées à la mésentente à gauche. L’exclusion du maire du groupe communiste provoque un émoi dans la population. Les élus de droite se scindent en deux groupes, l’un restant fidèle à l’étiquette RPF tandis que d’autres prennent leur autonomie. Faute d’accord entre eux, bien qu’ils aient alors la majorité parmi les élus, la démission de son poste de Deloche provoque l’élection d’une communiste pour le remplacer, Amélie Trayaud.
Les élections municipales de mai 1953 voient la concurrence entre les deux listes de droite s’exacerber. Elles obtiennent le même nombre de sièges (six chacune), mais ce sont les dissidents, soutenus par le Rassemblement des gauches républicaines (RGR, centre-gauche) qui sont devant avec 22,1% des votes contre 19,8% aux gaullistes, 12,3% à la SFIO et 9,2% au MRP. Les communistes sont en tête avec 35,6% et dix élus, mais l’appoint des trois socialistes ne suffit pas, le MRP rejoignant le RGR et le RPF pour faire élire Georges Defert (RGR) maire de Joinville.
Reine Dosse a obtenu le meilleur score de sa liste, avec 1 457 voix pour 6 748 suffrages exprimés (21,6%) sur 6 979 votants et 8 482 inscrits. Elle entre au bureau municipal en tant que maire adjointe. Elle est la première à exercer ce mandat à Joinville. Avec la section et les autres élus RPF, elle signe en juillet 1953 une motion de protestation contre la condamnation aux États-Unis des espions Rosenberg. Le RPF s’associe à l’initiative des communistes sur ce dossier.
Lors du centenaire de la paroisse Saint-Charles-Borromée de Joinville, en mai 1956, une cloche est baptisée du nom de Reine-Marie-Andrée-Antoinette en l’honneur de Reine Dosse et d’autres paroissiennes. Cependant, malade, elle n’assiste pas à la cérémonie.
Dans son activité municipale, Reine Dosse a la charge des personnes âgées et des affaires sociales. Elle suit notamment la construction, en 1958, du centre de protection maternelle et infantile, jusque-là implanté dans le dispensaire communal.
Le scrutin municipal de juin 1959 se situe dans un cadre différent, la proportionnelle cédant la place à un mode majoritaire. Les gaullistes de l’UNR s’allient à la SFIO et au MRP. Ils arrivent troisièmes, derrière la liste du maire (41,2%) et les communistes (32,2%). Au second tour, la part de l’alliance se réduit à 13,1% tandis que Defert est largement réélu. Dosse ne siège plus au conseil municipal.
Après avoir cessé d’administrer la menuiserie familiale en 1973, Reine Dosse meurt le 6 juin 1977 à Sevran (Seine-Saint-Denis). Elle était âgée de 73 ans. En mars 1956 elle avait été faite chevalière du Mérite social.
Photo Reine Dosse (arch. fam.)
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