Suite de la biographie de Georges Moreau
Après L'Hypnotisme, dernier livre important qu’il édite en 1891, Georges Moreau ne cesse pas d’écrire. Au contraire, il va produire une grande quantité d’articles, dont au moins 104 sont inclus, sous sa signature, dans l’austère revue religieuse hebdomadaire Annales catholiques, dirigée par Paul Chantrel (1853-1928).
La revue avait déjà accueilli, en 1885, la Lettre au journal le Monde dans laquelle l’abbé Moreau affirmait sa stricte obéissance envers la doctrine catholique.
Les textes de Georges Moreau portent sur des questions morales, sociales, théologiques et doctrinales. On y trouve des essais importants et des comptes-rendus de lectures plus brefs. Le total fait plus de 770 pages. Pendant quatre années, entre 1891 et 1894, les textes de l’abbé Moreau sont présents dans environ un numéro sur deux. Le premier texte était publié en juin 1890, le dernier datant de février 1896.
La finalité exacte de ces articles n’est pas connue. Peut-être s’agit-il de supports d’enseignement ayant servi par exemple pour l’école des Carmes, la préfiguration de l’Institut catholique, futur établissement universitaire de l’Église à Paris. Une partie des textes reprennent des extraits de ses propres publications (L'hypnotisme en 1890-1891, Les carmélites de Compiègne en 1894) ou des discours qu’il a prononcés.
Parmi les plus importantes contributions, on peut mentionner les travaux suivants. En 1891 et 1892, dix articles abordent Le progrès matériel et l'esprit chrétien, treize prolongent l’examen sur L'Église et la question sociale qui se conclut par un texte de 1893 sur La question ouvrière. Dans ces textes, l’abbé Moreau s’intéresse au syndicalisme mais également aux questions politiques autour du socialisme.
La question des relations entre l’Église et les États est aussi une préoccupation majeure pour Moreau en 1892-183. Quatre articles traitent de L'Église et l’État en France, deux des Rapports de l'Église et de l’État en Angleterre, de nouveau quatre des Rapports de l'Église et de l’État aux premiers siècles et encore deux des Rapports de l'Église et de l’État sous les mérovingiens, sans oublier deux textes qui clôturent la série sur les Tentatives de résistance contre l'Église au 3e siècle.
Les commentaires des textes bibliques se répartissent sur toute l’œuvre. En 1891, sept articles parlent de Jésus-Christ d’après l’évangile ; une Étude du Nouveau Testament vient en 1893 avec quatre textes ; en 1895 il rend compte en deux articles d’un livre du RP MJ Ollivier sur Les amitiés de Jésus.
Plusieurs autres séries se consacrent à des questions historiques, comme Les évêques pendant la Révolution (trois articles en 1894), les Martyrs de la papauté (huit articles en 1894) ou La faculté de théologie de Paris (trois articles en 1894, 1895 et 1896).
Les textes de Georges Moreau explorent peu la question des autres religions et philosophies, mais il en consacre cependant en 1893 deux au judaïsme (la religion mosaïque) et un à Platon.
Les commentaires sur les documents issus du Saint-Siège, très présents dans les Annales catholiques, sont moins fréquents sous la plume de Moreau, mais on trouve cependant en 1891 trois Études de la bulle Apostolicae sedis, et un article en 1893, Le pape et son infaillibilité.
La morale est à l’origine d’une grande part des travaux de l’abbé Moreau à partir de 1893 : De l’empire sur les passions (deux articles), Des conditions de l’acte moralement mauvais, De la conscience téméraire, De la haine d’abomination.
Les questions liturgiques sont également fort présentes : le Culte des saints (deux articles en 1891), Règles liturgiques concernant le culte des saintes reliques et des saintes images (1893), De la prédication (1893), Le livre de paroisse (1893), Le secret sacramentel (deux articles en 1894).
Quelques textes traitent du personnel ecclésiastique : La vocation à l’apostolat (1893), Le corps épiscopal (1893), Le prêtre exemple des fidèles (deux articles en 1894), Un traitement extraordinaire des curés, desservants et vicaires (1893), Le prêtre est l’homme de Dieu (1893).
Trois articles sont consacrés à des thèmes actuels : les deux premiers sont, en 1890, un reportage de Huit jours à la Grande Trappe de Soligny, décrivant les réactions des habitants face à l’expulsion des moines. En 1895, Moreau donne son opinion sur Le congrès universel des religions, planifié en Suisse pour 1900.
Enfin, on remarque en 1895.un commentaire de la soutenance d’une thèse à la Sorbonne par l’abbé Urbain, une critique du livre de l’abbé Picard À la recherche d’une religion civile et trois articles consacrés au cardinal Perraud
L’ampleur de la production de Georges Moreau, avec ses livres et ses articles, montre qu’il consacrait une grande partie de son temps à son travail d’essayiste et de théoricien, et sans doute que ce qu’il écrivait avait une certaine autorité. L’évolution des thèmes traités montre un personnage d’abord très ancré dans son temps, et même dans l’actualité politique (les expulsions de religieux, le budget des cultes), attentif aux questions sociales (les prisons, la vie économique, la condition des travailleurs), disposant d’une culture juridique étendue (les relations Église-État) et d’une base scientifique (l’hypnose). La théologie, si elle n’est pas absente, est loin d’être la matière principale. Mais les dernières années des publications connues témoignent d’un glissement vers des thèmes plus historiques que contemporains et par une part accrue des questions morales ou liturgiques.
À suivre

commenter cet article …