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5 juillet 2023 3 05 /07 /juillet /2023 01:01

Début de la biographie de Frédéric Voinot

Frédéric Théodore Voinot naît le 2 avril 1876 à Paris (17e arr.). Il est le fils de Lucie Brismontier, et de son époux, Frédéric Auguste Voinot, capitaine en retraite, officier de la Légion d’honneur. Ses parents, mariés en mars 1875, ont une importante différence d’âge, son père ayant 58 ans et sa mère en comptant 32. Ils vivent boulevard Pereire.

Alors que ses parents vivent à La Flèche (Sarthe) Frédéric Voinot entreprend des études ecclésiastiques au séminaire catholique du Mans, dans le même département. Il s’engage dans l’armée pour trois ans en novembre 1896 et est affecté au 117e régiment d’infanterie. Cependant, conformément aux dispositions légales eu égard à son statut d’étudiant, il est mis en congé au bout d’un an. Après avoir fait une période dans le cadre de la réserve en juillet 1898, il passe en novembre devant une commission qui le réforme, à cause de « varices noueuses remontant au jarret. »

Renonçant à sa vocation religieuse, il se réinstalle à Paris, devient employé et épouse, en décembre 1901 à Paris (9e arr.) Marie Louise Garneret. Elle accouchera, en janvier 1903, d’un enfant mort-né.

Embauché par la préfecture de police le la Seine, sans doute en 1906, Voinot est en 1908 secrétaire du commissariat de Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine), c’est-à-dire adjoint du commissaire. Le quotidien Le Journal écrit en septembre « il s'est fait remarquer par son énergie et aussi son habileté à diriger les affaires. »

Pour la presse, c’est son comportement qui fait que le préfet de police Louis Lépine le propose pour remplir les fonctions de chef de la police de la concession française de Tien-Tsin (ou Tientsin, Chine, act. Tianjin). Après son agrément par le ministre des affaires étrangères, Stephen Pichon, il rejoint son poste en octobre 1908.

La grande ville chinoise, port important, accueille alors huit concessions internationales : Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie.

La France dispose de quatre concessions à l'intérieur de villes sous souveraineté chinoise à Canton, Hankéou, Shanghai et Tien-Tsin, cette dernière depuis un traité de juin 1858. Les territoires sont administrés par un conseil municipal et par un consul, qui le préside.

Le consul général de France à Tien-Tsin est, depuis 1906, le poète et écrivain Paul Claudel, à ce titre chef de la concession française dans cette cité. Il est en conflit avec le secrétaire de mairie, un anticlérical qui envoyait des lettres de dénonciation au Quai d’Orsay, lui reprochant de recevoir trop de missionnaires. Claudel a connu depuis une douzaine d’années plusieurs postes diplomatiques en Chine. Il semble ne guère aimer Tien-Tsin : « C’est vraiment de la lisière de pays, comme on dit une lisière d’étoffe toute mangée par le sable et l’eau salée. »

Il avait sollicité le préfet Lépine pour l'organisation des services de police dans la concession. Voinot reçoit pour mission « d'organiser des services sanitaires, de détectives et d'identité judiciaire ». La presse espère qu’il fera « respecter les droits des Français », selon elle « si souvent menacés par les bandits chinois ». Pendant son séjour, le consul Claudel accueille, en juin 1909, un autre poète, Victor Segalen, médecin de la Marine. La mission de Voinot se termine avec son retour en février 1910. Il est probable qu’il rencontre en mars une délégation japonaise, venue étudier à Paris l’organisation de la police française.

Réintégré dans emploi antérieur, Voinot est secrétaire au commissariat d'Aubervilliers puis promu, en août 1910, à celui du quartier de la Sorbonne à Paris (5e arr.). Il est muté en mai 1911 au commissariat du quartier de la Maison-Blanche (13e arr.). Il devient, en novembre 1913, inspecteur principal des gardiens de la paix.

À suivre

Le commissariat de la concession française de Tien-Tsin

 

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1 juillet 2023 6 01 /07 /juillet /2023 01:01

Marie Auguste Postaire naît le 15 septembre 1864 à Avrillé (Vendée). Il est le fils de Marie Berthe Caroline Clémenceau de La Gautraye et de son époux Marie François Auguste Postaire. Originaire de Belfort, son père est percepteur des impôts directs. Sa mère est d’une famille de la noblesse vendéenne. Auguste Postaire est l’aîné des sept enfants.

Alors employé de banque, Auguste Postaire épouse à Paris (9e arr.), où il réside rue de Parme, Flore Nathalie de Boek, native de Moselle (Lorraine) et fille d’un entrepreneur belge.

En mars 1895, Auguste Postaire rejoint la préfecture de Police du département de la Seine et est nommé secrétaire du commissariat de police de la circonscription des Lilas (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Deux ans plus tard, il est affecté au quartier de Belleville à Paris (19e arr.) puis en 1901 à celui de l'École-Militaire (7e arr.).

Il quitte le département pour être promu, en août 1901 commissaire de police d'Enghien (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). Il est nommé commissaire de police des communes de la Seine en janvier 1904 et de nouveau affecté aux Lilas.

Suite à la séparation de l’Église et de l’État, votée en 1905, les fabriques, institutions paroissiales qui géraient les biens des paroisses, sont dissoutes. Les autorités publiques font réaliser un état des lieux, en attente de constitution des associations cultuelles, prévues par la loi, qui devront en être les attributaires. Ces inventaires sont parfois la source de tensions, et la police est généralement mobilisée pour accompagner les fonctionnaires chargés de l’opération.

À Romainville, en février 1906, le journal local Paris-Est remarque que seule la présence du commissaire Postaire et de deux gendarmes signalait l’évènement, qui s’est déroulé « au milieu de la plus complète indifférence de la population ». Par contre, à Villemomble, le même mois, il y avait environ 200 manifestants qui chantaient le Parce Domine. Devant le tapage qui régnait, M. Postaire suspendit l’inventaire. À Noisy-le-Sec, il fallut également s’y prendre à deux fois pour le réaliser. Une vingtaine d'agents et un serrurier furent nécessaires pour ouvrir les placards de la sacristie, pendant la protestation du curé et de deux cents fidèles chantaient : « Nous voulons Dieu ! ». Mais les gendarmes à cheval n'eurent pas à intervenir. L’hebdomadaire local relevait que l’on trouvait, au premier rang des protestataires, un membre influent de la Patrie française, mouvement d’extrême droite. Le rédacteur de Paris-Est se félicitait de la pondération de l’administration : « Les catholiques ont protesté à leur aise sans se livrer à aucun désordre ; cette satisfaction platonique leur suffira certainement. La loi sera exécutée sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours à la force. Cela dit, rappelons aux fidèles que l’inventaire n’est ni un acte de spoliation ni le prélude d’un acte de spoliation. »

En avril 1907, un autre organe de presse régional, le Journal de Saint-Denis, s’inquiétait que « M. Postaire, commissaire de police, est entièrement absorbé pour aller constater les délits d’adultères » ; il considérait que le printemps « le plus stimulant des amoureux » avait fait qu’ils étaient « devenus épidémiques. »

Ce n’est certainement pas pour répondre à cette situation mais, en juillet 1907, Auguste Postaire convainquit le maire des Lilas, M. Decros, de lui acheter trois chiens policiers. Leur utilité ne fit cependant pas l’unanimité dans la presse. Quand il quitta son poste, en juillet la même année, le Journal de Saint-Denis commenta : « il s’en va et il nous laisse trois roquets ; mais par contre, il emmène les niches. »

Affecté en septembre à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine), Postaire y resta peu, transféré en avril 1908 à Joinville-le-Pont où il prend la succession de Louis Defert. Il a sous sa responsabilité une trentaine d’agents. Centrale, la commune de Joinville est cependant plus petite que la plupart des villes de la circonscription : Saint-Maur, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Bry-sur-Marne. En décembre 1909, Postaire laisse la place à Charles Monsarrat.

Il devient commissaire de police de la Ville de Paris et est affecté au quartier Notre-Dame (4e arr.), qui comprend l’île Saint-Louis et une partie de l’île de la Cité. Dès sa prise de fonction, il doit faire face à l’inondation historique de la Seine qui plonge sous les eaux une grande partie de son territoire. Son comportement lui vaudra une lettre de félicitations et le quotidien Gil Blas l’inscrira sur son « tableau d’honneur de Paris ». Il estime qu’il « a montré, pendant toute la durée des inondations, un dévouement constant, prenant part au sauvetage des sinistrés et tenant à se rendre compte par lui-même des dégâts subis par ses administrés, s'est astreint à une visite minutieuse de tous les inondés de son quartier auxquels il a distribué des secours et des encouragements. »

La question des risques autour du fleuve le préoccupe une nouvelle fois les années suivantes. En mai 1913, on y repêche le corps d’un syndicaliste, Jean Schenck, secrétaire du syndicat des lamineurs selon une partie de la presse, des camionneurs selon d’autres. Les journaux émettent l’hypothèse d’un suicide, Schenck ayant été accusé d’avoir favorisé un « jaune » qui travaillait le jour dans une usine et la nuit dans une boulangerie où il remplaçait un gréviste pendant la grève des boulangers.

Toujours en Seine, le même mois, Postaire s’interrogeait de voir des accidents qui se produisaient avec une fréquence anormale, constatant que les sauveteurs étaient toujours les mêmes. Une petite bande organisait des chutes et simulait le secours aux victimes, partageant ensuite la prime versée par la préfecture aux pseudo-héros.

Pendant la première guerre mondiale, le commissaire Postaire resta à son poste. Il fut requis, en février 1919, dans le cadre d’une opération menée contre Julien Content, administrateur-gérant du Libertaire, journal de tendance anarchiste. Elle est présentée par le Journal des débats comme visant une organisation de propagande bolcheviste, servant de relais au gouvernement soviétique russe. Postaire perquisitionne chez Victor Kemerer (dit Taratuta), venu de Russie, et chez un certain Levistay, difficile à identifier.

En mars 1923 Postaire est encore commissaire de police du quartier Notre-Dame. Il prend sans doute sa retraite peu après. Il vit entre l’île de Noirmoutier (Vendée), où il possède une villa dans le Bois de la Chaise et Paris où il reste domicilié rue du Commerce (15e arr.),.

Marie Auguste Postaire meurt le 28 novembre 1926 à Noirmoutier (Vendée), dans sa Villa Rochebrune. Âgé de 62 ans, il était père de trois filles.

L’appel « Au Peuple français » (partiellement censuré) qui provoqua l’opération contre le journal anarchiste Le Libertaire en février 1919

 

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29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 01:01

Victor Rogeaux naît le 22 juin 1862 à, Allennes-les-Marais (Nord), dans la Flandre française. Il est le fils de Marie Françoise Cabre, épicière et de son mari Auguste Rogeaux, cultivateur.

Victor est le plus jeune des huit enfants du couple. Comme au moins trois de ses six frères et son unique sœur, il est instituteur (deux autres garçons sont cultivateurs). Passé par l’école normale de Douai, il signe en 1882 un engagement de dix ans dans l’enseignement public, ce qui le dispense d’effectuer son service militaire.

Il épouse, en septembre 1890 à Lille Berthe Marie Delpierre, pl. du Théâtre, parents Lille. Contrat de mariage Me Desrousseaux, Lille. Témoins Charles Rogeaux, 45 ans, instituteur, Roubaix, frère, Émile Rogeaux, 37 ans, chef de bureau à la préfecture, frère, Félias Mazenghien, 54 ans, menuisier, Lille, oncle épouse, Gustave Vantieghem, 57 ans, tapissier, Lille, oncle épouse.

À l’issue de son contrat, il va à Paris où il est, à l’instar de son sixième frère, employé de préfecture en 1893, en tant que secrétaire suppléant dans les commissariats de police. Il est promu secrétaire, c’est-à-dire adjoint du commissaire, en juin 1894, affecté d’abord à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis), puis le mois suivant à Levallois (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il revient à Paris, affecté en avril 1896 au quartier de la Maison-Blanche (13e arr.).

Promu en septembre 1898 inspecteur principal des gardiens de la paix, il poursuit sa carrière en tant officier de paix dans le 20e arrondissement en avril 1899.

Le premier poste de commissaire de police des communes de la Seine de Victor Rogeaux est, en septembre la même année celui de Clichy-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il doit y organiser en avril 1901 ce que Le Petit Journal appelle « Une chasse aux ours ». Deux plantigrades blancs s’étaient échappés de cages mal fermées, stationnés sur l'île Robinson, sur la Seine, dépendant de la commune de Clichy, et semblaient se diriger vers le fleuve. Le commissaire et ses six agents ne réussissaient pas à les en empêcher et les tirs qu’ils faisaient pour les effrayer semblaient les pousser à faire face. Alors que Rogeaux se décidait à les abattre, la propriétaire arriva et réussit à les ramener vers leurs enclos. Un agent fut, cependant, blessé, sans gravité, d’un coup de griffe.

Un escroc, qui se baptisait lui-même Le Messie est arrêté par Rogeaux en août 1901, après avoir escroqué de nombreuses victimes en prétendant être capable de pratiquer la magie noire.

Ce n’est pas un animal, mais un humain, qualifié de « fou furieux » par le quotidien La Politique coloniale, qui s’en prit, en juillet 1902, au commissaire Rogeaux. Il lui brisa deux doigts, armé d’un grand banc en bois et le frappa au bas-ventre. Il fallut six agents pour maîtriser le forcené.

Quittant le nord-ouest pour le sud-est du département, Rogeaux prend en janvier 1904 la suite de Napoléon Pacifique Orsatti en tant que commissaire de police à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Une trentaine de personnes étaient rattachées au commissariat, qui comprenait des communes plus importantes que la ville siège, comme Saint-Maur, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Bry-sur-Marne.

Le mois suivant son arrivée, la grève des tramways est endeuillée par la mort d’un jeune garçon, écrasé par un non-gréviste, à La Varenne (Saint-Maur). Cinq cents personnes forment le convoi funéraire, parmi lesquelles se trouvent 360 grévistes en costume de travail, dont les membres du Comité syndical. Craignant des incidents, Rogeaux avait pris des mesures d'ordre très importantes. Mais la manifestation se déroula sans incident jusqu’au cimetière où Bounet, adjoint au maire de Saint-Maur et membre du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire prononça quelques paroles.

Devant de nouveau s’occuper d’animaux, M. Rogeaux récupéra en novembre 1904 un troupeau de mouton errant dans Joinville tandis que le berger, ivre, ne s’intéressait qu’à une pendule qu’il venait de dérober à un restaurateur.

La principale usine métallurgique de la région constatait la disparition de grandes quantités de matières premières. Deux inspecteurs de la Sûreté se firent embaucher pour quinze jours, déguisés en ouvriers et purent indiquer les voleurs au commissaire Rogeaux, qui arrêta huit personnes.

Promu au titre de commissaire de police de la Ville de Paris, Rogeaux prend en décembre la responsabilité du quartier des Enfants-Rouges (10e arr.). Il est remplacé à Joinville par Louis Defert.

Le commissaire est associé à une opération qui vise le syndicaliste Émile Pouget et son journal la Voix du Peuple en février 1906. Rogeaux se charge de visiter l’ancien siège de l'Association internationale antimilitariste, dont le militant anarchiste était proche.

Atteint d’une maladie de foie, Rogeaux quitte son service en juin 1907 et va suivre un traitement dans une propriété qu’il a à Madeleine-lez-Lille (Nord). Il y meurt le 27 août 1907, à l’âge de 45 ans. Le quotidien Le Journal vante « ses hautes qualités d’intégrité et de cordiale bienveillance. »

Le gourou-escroc de Clichy, arrêté par le commissaire Rogeaux

 

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27 juin 2023 2 27 /06 /juin /2023 01:01

Napoléon Pacifique Orsatti naît le 25 septembre 1858 à Quenza (Corse, act. Corse-du-Sud). Il est le fils de Marie Rosine Balési et de son mari Augustin Orsatti, propriétaire. Les deux familles comptent parmi les notables du village, le père étant à sa naissance adjoint au maire. Napoléon Pacifique est le dernier des neuf enfants de la famille.

Un de ses frères étant mort en service, il est dispensé de service militaire. À l’exemple d’un autre membre de la fratrie, son aîné de six ans, Joseph Mathieu Orsatti (1852-1918), qui sera commissaire divisionnaire et chevalier de la Légion d’honneur, Napoléon Pacifique Orsatti vient vivre à Paris et est embauché à la préfecture de police comme inspecteur, gardien de la paix, en 1883.

Il devient secrétaire suppléant des commissariats de police en septembre 1890 puis, en mai 1892, secrétaire, fonction qui fait de lui l’adjoint du commissaire de police, à Gentilly (Seine, act. Val-de-Marne). Il est transféré en août 1893, dans la même fonction, au quartier du Faubourg du Roule à Paris (8e arr.). Il est promu en octobre 1897 inspecteur principal des gardiens de la paix.

Nommé commissaire de police des communes de la Seine, il obtient en octobre 1898 son premier poste à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il prend ensuite en septembre 1901 la responsabilité du poste de Joinville-le-Pont où il succède à Maximilien Parnet. L’effectif du commissariat est d’une trentaine d’agents. Sa circonscription comprend des villes plus importantes que celle du siège : Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Saint-Maur-des-Fossés.

En septembre 1902, il procède à ce que le Journal des débats qualifie comme une « épuration », procédant suite à « une battue » à l'arrestation de « vingt vagabonds et gens sans aveu. »

Le Petit Journal assure, en février 1902, qu’il résout un conflit agricole « avec une sagesse à rendre jaloux Salomon lui-même ». Une femme a fait paître, sans autorisation, son veau sur le champ d’un propriétaire de Champigny. Pour la faire partir, il frappe la dame avec un gourdin et la blesse ainsi à la tête, puis abat la bête avec le même instrument. Le mari arrivé aux cris de son épouse, atteint l’agresseur de son épouse dans les fesses avec une fourche. Une quarantaine de personnes, témoins et victimes, vociférantes, se présentent au commissariat. Pour son herbe, le propriétaire réclame 20 francs et demande que le mari soit poursuivi pour coups et blessures. Pour son veau, la femme veut 200 francs et exige que l’homme soit poursuivi pour l'avoir frappé. Orsatti les convainc tous qu’ils n'ont « aucun intérêt à se poursuivre mutuellement » et les renvoie devant le juge de paix du canton pour fixer le prix du dommage supporté par l'un et par l'autre.

Les obsèques, en mai 1902, de Laurent Graillat, conseiller municipal, de Saint-Maur-des-Fossés, juge prud’homme, syndicaliste et militant du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, provoquent l’inquiétude de la préfecture de de police. Orsatti a l’ordre de déployer un important service d’ordre. Il se rend à la maison mortuaire pour interdire le déploiement du drapeau rouge apporté par les militants, ce qui provoquera une légère bagarre. La cérémonie se déroulement cependant sans incidents supplémentaires, avec un cortège de 700 personnes, encadré par une soixantaine de policiers et des gendarmes.

En août 1902, Napoléon Pacifique Orsatti, qui vit dans rue du Pourtour-des-Écoles, épouse Anne Marie Léontine Colin, résidente dans la commune voisine de Saint-Maurice,

Suite au refus d'autorisation de leur établissement d'enseignement privé de Joinville, le commissaire Orsatti va porter en avril 1903 à la communauté catholique des frères de Saint-Gabriel une notification de devoir se disperser d’ici à début août.

Promu commissaire de police de la Ville de Paris, Orsatti laisse le commissariat de Joinville à Victor Rogeaux et prend en janvier 1904 la responsabilité du quartier du Pont-de-Flandre (19e arr.).

Le 5 avril 1904, Napoléon Pacifique Orsatti meurt à son domicile du 126, rue de Flandre. Il s’est suicidé, ce qui provoque un émoi attesté par des dizaines d’articles de la presse parisienne mais aussi de province. Le Journal des débats mentionne « une crise de neurasthénie ». L’Intransigeant raconte qu’il s’est tiré un coup de revolver dans la tête, assis dans un fauteuil de la chambre à coucher ; découvrant le cadavre, son épouse se serait saisie de l’arme et aurait voulu en faire usage contre elle, mais fut retenue par le concierge ; selon le quotidien, il laissait une lettre dans laquelle il disait simplement qu’il se tuait pour échapper aux soucis de la vie. Pour Le Radical, qui le décrit comme un « magistrat correct et courtois », ; selon ses intimes, « il refusait obstinément de se soigner » et leur aurait dit : « Je ne suis pas guérissable ; lorsque cela n'ira plus, je me ferai sauter la cervelle ! »

Après une cérémonie en l’église Saint-Jacques-Saint-Christophe de La Villette (19e arr.), il est inhumé au cimetière parisien de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis) en présence du préfet de police Louis Lépine. Le président du Conseil (premier ministre), Émile Combes, salua sa mémoire.

Le village Quenz, Corse du Sud

 

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25 juin 2023 7 25 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie de Louis Defert

Faisant l’objet d’un nouvel avancement, en tant que commissaire de police de la Ville de Paris, Louis Defert rejoint le quartier Saint-Victor (5e arr.) en avril 1908. Il y reste jusqu’en janvier 1911, quand il doit rejoindre le quartier de Rochechouart (9e arr.), repassant sur la rive droite de la Seine.

Fin novembre 1924, le commissaire Defert est réveillé par un de ses agents qui lui indique : « il faut que vous veniez tuer l'éléphant ». Agra, que Le Figaro qualifie d'éléphant facétieux, avait peu auparavant fait une randonnée boulevard Beaumarchais qui avait provoqué un grand émoi. Il s’était de nouveau échappé lorsque le cirque auquel il appartient avait voulu le faire monter dans un camion pour se rendre en tournée à Niort. Inquiet de voir l’animal furieux même après qu’il ait été rattrapé, le cornac voulait qu’on l’abatte. Mais M. Defert n'était pas de cet avis. Il le fit enchaîner et conduire de nuit vers la gare d'Austerlitz.

Un mois plus tard, la veille de Noël, Louis Defert épouse à Paris (15e arr.) Berthe Léonie Hugues, fille de tapissiers parisiens.

Parmi les affaires dont il a la charge figure, en août 1913, la découverte, chez un cambrioleur, d’une édition complète de Voltaire, en quarante-trois volumes, dont il fait rechercher le propriétaire. Deux mois plus tard, il voit débarquer dans son bureau un garçon de treize ans qui, à la suite d'une dispute avec son père, avait quitté le domicile familial avec le vélo paternel et était arrivé à Paris (environ 90 kilomètres) où il déclara : « maintenant je ne sais plus comment me débrouiller ». Defert le fit rapatrier.

En juillet 1914, Defert, malade, a pris sa retraite. Il est tiré au sort pour figurer dans le jury de la cour d’assises de la Seine qui doit juger Henriette Caillaux, épouse du ministre des Finances Joseph Caillaux, qui a assassiné le journaliste Gaston Calmette, directeur du Figaro. Cependant, il ne reçoit pas sa convocation, étant alors hospitalisé à Villers-Cotterêts (Aisne), où existe alors une maison de retraite gérée par la préfecture de Police. Il ne prend donc pas part au procès.

Du fait de la première guerre mondiale, il est appelé à reprendre sa fonction et est, de nouveau, commissaire de police du quartier Rochechouart en 1916. Il rejoint le quartier de Bercy (12e arr.) en 1918 et assure l’intérim du poste de commissaire aux délégations judiciaires en février cette même année.

Ayant été chargé par le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du contrôle d'une importante société mutuelle d'assurance-vie, comprenant plus de 10.000 adhérents, dont il accompagne la dissolution, il publie en 1918 une brochure sur L'Administration et la liquidation des sociétés de secours mutuels. Préfacée par Maurice Fenoux, sénateur du Finistère, elle est saluée par les milieux de la Mutualité, qui lui accordent une médaille.

Le gouvernement de Georges Clemenceau avait, à partir de novembre 1917, constitué un ministère des régions Libérées en prévision de la fin de la guerre, confié à Albert Lebrun puis, à partir de novembre 1919, à André Tardieu. Defert, de nouveau retraité de la préfecture de police, est recruté en tant qu’inspecteur dans ce ministère. Il est chargé d'inspecter les dix principaux camps américains achetés par la France pour prendre les mesures de protection du matériel qui y est entreposé. Il propose, en octobre 1919, la création d'un Service général de protection et de défense contre le pillage des camps.

Yves Le Trocquer, député du Finistère, sous-secrétaire d'État aux finances, chargé de la liquidation des stocks, intègre Louis Defert dans son cabinet et le nomme chef du service central de la sûreté des camps. Il reste en poste lorsqu’Emmanuel Brousse prit la succession de Le Trocquer comme sous-secrétaire d'État début 1920. Le quotidien L’Œuvre consacre un long reportage, en mai 1920, à son service dont il assure qu’il « fonctionne fort bien ». Defert fait remplacer les intendants militaires par des civils et veille à la coordination de leur action avec la police et la gendarmerie régionale, contrairement aux habitudes antérieures.

Ayant probablement cessé alors son activité professionnelle, Louis Defert s’engage dans la vie associative. Il est en 1922 vice-président de l'Association des retraités de la préfecture de police, dont Raoul Rongiéras est le président. Ensemble, ils font des démarches auprès de M. Lemarchand, rapporteur général du budget de la Ville de Paris, pour améliorer le paiement des pensions en décembre 1922. Defert abandonnera cette fonction en 1925.

Son engagement principal est au sein de la Fédération Nationale des Retraités municipaux, départementaux et hospitaliers de France. Il prend part à son congrès constitutif en janvier 1923 à Paris et en devient vice-président, Cauderelles, de Boulogne-sur-Mer étant le président. Il lui succède en juin la même année. Il est désigné, en août 1924 pour faire partie de la commission extraparlementaire chargée de préparer un nouveau régime de retraite des employés départementaux et communaux. Il défend l’idée d’une obligation de péréquation au profit des vieux employés et ouvriers retraités des services publics.

En 1926, suite à la dégradation de son état de santé, il demande a être remplacé mais accepte d’être nommé président d'honneur et conseiller technique de la Fédération. Il est remplacé par Gobert, issue de l’association de Troyes (Aube), qui avait joué un rôle très actif dans la création du groupement. Defert continue de participer aux travaux de la commission d'administration générale de la Chambre des députés, saisie du projet sur les retraites des municipaux déposé par le gouvernement. Avec les autres dirigeants fédéraux, Defert rencontre en août 1927 le ministre de l'intérieur, Albert Sarraut, qui adresse aux préfets une circulaire pour encourager l’amélioration des pensions versées par les conseils généraux et les conseils municipaux aux retraités. En novembre 1927, Defert préside la cinquième assemblée générale de la Fédération nationale dans la mairie du 9e arrondissement de Paris.

Les retraités municipaux de Lille, Roubaix et Tourcoing lui rendent hommage en janvier 1928. Les quotidiens La Lanterne, Le Rappel et La Nation publient le 19 avril 1927 dans le cadre d’une série consacrée aux militants des groupements de retraités un long article qui lui est consacré, accompagné d’un portrait dû au photographe Henri Manuel (1874-1947).

Jusqu’alors domicilié Paris, rue Condorcet, dans le quartier de Rochechouart (9e arr.), les époux Defert sont installés en 1931 à Viarmes (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise). Ils reviennent ensuite dans leur appartement parisien pour le reste de leur vie.

Trois ans après son épouse, Louis Defert meurt le 9 novembre 1956 à Paris (18e arr.) où il était hospitalisé, à l’âge de 89 ans. Ils n’ont pas eu d’enfants.

Titulaire de la médaille de la Mutualité et de celle de l'Hygiène, Defert avait obtenu à deux reprises des médailles d'argent pour actes de courage et de dévouement en 1898 et 1910. Il avait aussi été attributaire d’un Grand diplôme d'honneur de l'assistance aux animaux en 1903. En avril 1911, il était décoré de chevalier de l’Ordre du Dragon de l’Annam (Indochine, Vietnam).

Fin

Louis Defert, Photo Henri Manuel, 1927.

 

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23 juin 2023 5 23 /06 /juin /2023 01:01

Début de la biographie de Louis Defert

Jean Louis Augustin Defert naît le 16 avril 1867 à Paris (11e arr.). Il est le fils d’Augustine Jeanne Soreau, blanchisseuse, et de son mari Louis Constant Defert, sergent de ville. Ses parents vivent rue de Montreuil. Il est le troisième des sept enfants du couple, dont quatre meurent en bas âge. Ses parents sont originaires de la Sarthe ; il se séparent peu après la naissance du dernier en 1881 puis divorcent en juillet 1887.

Après des études à la Faculté de Paris, Louis Defert obtient en 1890 une capacité en droit et exerce comme clerc dans une étude d'avoué au tribunal de première instance de la Seine puis en tant que secrétaire d'agréé au tribunal de commerce de la Seine.

Il rejoint, en 1892, les services de la préfecture de police de Paris, d’abord comme ire suppléant près les commissariats de police de la Ville de Paris. Il est nommé secrétaire titulaire en novembre 1892 à Ivry (Seine, act. Val-de-Marne). Les secrétaires sont les adjoints des commissaires de police. Il est transféré, en mars 1893 à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) puis en janvier 1894, dans le quartier Sainte-Avoye de Paris (3e arr.).

Dans cette dernière fonction, il organise, en septembre 1896, une présentation de presse d’une « invention qu'il a faite dans le but d'enrayer le cambriolage et de protéger les bureaux du ministère de la guerre ». Il présente son matériel dans une brasserie de la rue Montmartre, en compagnie d’un professeur de physique à l'École de pharmacie, M. Séguy. Il s’agit d’alarme électrique, qui sonne dans les locaux privés et s’affiche sur un tableau dans la loge du concierge pour les établissements publics. De nombreux articles rendent compte de son invention, estimant qu’il « a imaginé un appareil fort bien combiné » (XIXe Siècle, 1896/09/20).

Devenu en mai 1897 secrétaire aux délégations judiciaires, Defert est nommé inspecteur principal des gardiens de la paix en février 1901. C’était la fonction qu’avait exercé son père.

Parallèlement à ses fonctions policières, Defert rédige un ouvrage, L'Enfant et l'adolescent dans la société moderne, qui est publié la même année aux éditions Montgrédien à Paris. Il est préfacé par le Dr Théophile Roussel, sénateur de la Lozère, médecin et philanthrope, qui est considéré comme l'un des premiers hommes politiques français à avoir contribué à la protection de l’enfance. L'Académie de médecine lui décerne une médaille d'argent et le conseil de Paris lui vote des remerciements. Son livre est réédité, en 2013, par Hachette-Livre.

Il est promu, en septembre 1901 commissaire de police des communes de la Seine et obtient son premier poste à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Dans la même fonction, il remplace en décembre 1905 M. Rogeaux à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Sa circonscription comprend des villes souvent plus importantes que celle qui accueille le siège du commissariat : Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Saint-Maur-des-Fossés. Il compte une trentaine d’agents.

Au cours de l’année 1905, Louis Defert fait paraître un Code de police (éd. Giard et Brière, Paris). Il s’agit d’une compilation des textes des ordonnances depuis l'origine applicables dans le ressort de la préfecture de police (arrêtés, règlement sanitaire, lois et décrets). Le quotidien La Lanterne y voit « un travail aride », mais souligne qu’il vient d’un « juriste distingué » et qu’il est honoré par le conseil général de la Seine et le conseil municipal de Paris.

En février 1906, Defert doit assurer le service d'ordre lors des inventaires des biens des fabriques, qui géraient les paroisses catholiques, après la séparation de l’église et de l’État en 1905. À Joinville et au Perreux, ces actes se déroulent « sans autre incident que la protestation des curés de chaque paroisse » selon le quotidien Le Radical. C’est plus difficile à Saint-Maur, où l'agent des domaines doit se retirer lors de sa première visite, car la sacristie de l’église Saint-Nicolas était barricadée. Mais il peut revenir et procéder quelques jours plus tard à l’inventaire de ce bâtiment et des autres lieux de culte de Saint-Maur. À Champigny, les opérations furent conduites « pendant qu'une centaine de vieilles dévotes chantaient des cantiques » selon le même journal radical-socialiste.

En décembre 1906, le trente-sixième anniversaire de la bataille de Champigny, pendant la guerre franco-allemande de 1870, est l’occasion d’une manifestation de militants nationalistes dans cette commune, avec à leur tête Paul Déroulède. Defert à quelques difficultés à contenir la foule qui s'écrase aux grilles de l’entrée.

À suivre

Administration et liquidation des Sociétés de secours mutuels, ouvrage de Louis Defert, 1918

 

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21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 01:01

Maximilien Jean Mathurin Parnet naît le 13 avril 1865 à Moncontour (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor). Il est le fils de Caroline Marie Joséphine Camus (ou Le Camus) et de son mari Jean Marie Parnet, absent au moment de sa naissance car il navigue.

Jean Marie Parnet est capitaine au long cours. À partir de janvier 1867, il est commandant du paquebot trois-mâts le Java. Il voyage principalement entre Le Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) et l’Amérique du Sud. Il récupère des chargements de guano dans les îles Chinchas et Guanape du Pérou, charge du nitrate de soude et de la laine au Chili, du cuir et des cornes en Argentine… Son bateau part de Buenos-Aires pour Le Havre le 28 octobre 1871 et il en est identifié comme le capitaine. Il meurt cependant le même jour, selon le consul de France dans la capitale argentine, probablement victime d’un accident qui a conduit à ce qu’il soit ramené à terre.

Les deux enfants vivants du couple, Maximilien, 6 ans, et sa sœur Marguerite, 2 ans, sont alors confiés Mathurin Droüart (1812-1884), notaire à Moncontour et futur avocat, qui ne leur est pas apparenté et n’est pas marié, mais qui avait déjà accueilli dans sa maison la naissance de Marguerite. Leur mère, fille naturelle non reconnue, vit toujours à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) en 1922.

En tant que fils aîné de veuve, Maximilien Parnet est dispensé d’effectuer son service militaire. Il devient lieutenant de la marine marchande et navigue pendant deux ans sur les côtes des Antilles et de l’Indochine.

Il quitte la flotte et se fait embaucher par la préfecture de police de Paris, où il est nommé en septembre 1889 secrétaire suppléant des commissariats de la capitale. Il est nommé secrétaire titulaire (adjoint du commissaire de police) à Asnières (Seine, act. Hauts-de-Seine) en janvier 1891 puis revient, dans la même fonction, au commissariat du quartier des Invalides à Paris (7e arr.) en mars 1893. Il est ensuite inspecteur-principal de gardiens de la paix.

Marie Josèphe Pallier, fille de marchands de bois de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor), épouse Maximilien Parnet à Paris (17e arr.). Signalé comme membre d’une loge maçonnique lorsqu’il exerce ses fonctions de secrétaire de commissariat, il le sera toujours en 1904.

En février 1897, il est promu commissaire de police des communes de la Seine et affecté à Saint-Denis-Nord (Seine, act. Seine-Saint-Denis) où il remplace M. Baube, décédé.

La même année, en octobre, il rejoint dans la même fonction Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où son prédécesseur, M. Rougean, prend sa retraite. Le commissariat compte une trentaine d’agents. Sa circonscription comprend des villes souvent plus importantes que celle du siège : Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne, Le Perreux et Saint-Maur-des-Fossés.

Une des premières affaires à laquelle il fait face est le cambriolage de la mairie en novembre 1897. Les bureaux du maire et du secrétaire sont visités, et les cambrioleurs forcent les tiroirs-caisses du secrétariat, où ils trouvent 378 francs, ainsi que le tronc des pauvres, qui contenait plusieurs centaines de francs. Son commissariat ayant été envahi par des abeilles en juin 1898, il fait appel à un de ses gardiens de la paix, ancien apiculteur, pour récupérer les insectes et les fait vendre dans la journée aux enchères publiques au bénéfice du bureau de bienfaisance communal.

Deux violents incendies de déclarent, en janvier puis en avril 1899, dans des bâtiments industriels à Joinville-le-Pont. Le premier, dans un entrepôt, fait plusieurs blessés. Le second, dans la principale usine métallurgique locale, le Bi-Métal, nécessite l’appel à cinq compagnies de pompiers et à l’armée. Il n’y a pas de victimes, mais les dégâts sont importants. La même année, c’est un chien enragé qui s’introduit dans le commissariat de Joinville, mordant deux agents et un enfant avant d’être abattu. Les victimes suivirent un traitement antirabique à l'Institut Pasteur.

Recevant un avancement en tant que commissaire de police de la Ville de Paris, Maximilien Parnet est nommé en septembre 1901 au quartier Sainte-Avoye (3e arr.). Il est remplacé à Joinville par M. Orsatti. Puis, en juillet est muté au quartier du Gros-Caillou (7e arr.).

Parallèlement à ses activités professionnelles, il est membre actif de l’association Amicale et de prévoyance de la préfecture de police, une structure mutualiste. Il est aussi formateur au sein de la Société sportive de la préfecture de police, où il exerce la fonction de directeur des cours de culture physique. Il aurait été l’auteur de trois ouvrages sur l’éducation physique, ce qui lui aurait valu d’être lauréat de l’Académie des sports.

Tout en restant commissaire, Parnet est nommé suppléant du ministère public au sein du tribunal de simple police en octobre 1913. L’année suivante, en janvier, il prend le poste de commissaire du quartier des Champs-Élysées (8e arr.).

Gravement malade et opéré en 1916, il décide de rester à Paris. Il prend sa retraite pour raison de santé en juillet 1918.

Il reprend cependant une activité, d’abord en étant associé d’une société anonyme créée en avril 1920, baptisée Rénovation ayant pour objet la reprise et le développement des affaires. Un article antisémite du journal La Vieille-France, commentant cette constitution remarque « Le commissaire de police est français. Les garçons de bureau pareillement. »

Se séparant de son épouse, sans cependant divorcer, Maximilien Parnet prend pour compagne Augusta Bell, fille de commerçants et divorcée. Ils s’installent à Saint-Servan (act. Saint-Malo, Ille-et-Vilaine) mais conservent un appartement à Paris (15e), avenue Émile-Zola. Il collabore avec la maison Berland, société La Morue française dont il est chef du personnel à Saint-Malo en 1923.

Maximilien Parnet meurt le 16 novembre 1939 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). Il était âgé de 74 ans et n’avait pas eu d’enfant.

Titulaire d’une douzaine de décorations françaises et coloniales, il était attributaire des Palmes académiques en tant qu’officier d'académie (novembre 1902) puis officier de l’instruction publique (1907). Il avait été fait chevalier du Mérite agricole en 1906 et ensuite officier pour l’organisation des services d’ordre et de police pendant onze ans aux concours agricoles du Champ-de-Mars. Il avait reçu une médaille de vermeil pour Actes de courage et de dévouement, la médaille d'or de Sauvetage et la médaille des Épidémies. Son action dans la mutualité lui avait valu deux médailles, de bronze et d’argent. Il était titulaire de la médaille d'Anjouan (Comores) et de l’Ordre royal du Muniseraphon du Cambodge. En juillet 1923, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur.

Des bateaux aux îles Chincha (Pérou), semblables au Java de Jean René Parnet (Wikipédia)

 

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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 01:01

Raymond Marie Rougean naît le 16 mai 1844 à Toulouse (Haute-Garonne). Il est le fils d’Antoinette Élisabeth Couzy et de son époux, Charles Julien Rougean, serrurier.

En 1870, Raymond Rougean est employé à la préfecture de police de Paris comme secrétaire de M. Dulac, commissaire de police à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Les secrétaires des commissariats sont les adjoints des commissaires.

Il épouse en avril 1872 à Paris (11e arr.) Zoé Berecka, native du Var et fille d’un conducteur des ponts et chaussées d’origine polonaise. Ils vivent boulevard Voltaire. Son épouse meurt en octobre l’année suivante. Raymond Rougean se remarie en février 1876 à Paris (4e arr.) avec Joséphine Adèle Agneray, employée de commerce ; ils habitent rue Saint-Antoine.

Toujours secrétaire de M. Dulac, devenu commissaire aux délégations judiciaires à Paris, il l’accompagne en octobre 1880 pour procéder à l’expulsion des religieux de la communauté des Carmes déchaussés, à Paris (16e arr.), rue de la Pompe, après la dissolution d’une partie des ordres monastiques par le gouvernement. Ils sont obligés de sortir de force les pères de leurs cellules.

Toujours sous les ordres de M. Dulac, Rougean est en janvier 1881 à la tête d’une escouade de gardiens de la paix à l’entrée du cimetière du Père-Lachaise à Paris (20e arr.), lors des obsèques du militant socialiste révolutionnaire Auguste Blanqui, auxquelles plus de dix mille personnes participent selon la presse.

En avril 1881, il est nommé commissaire de police à Saint-Denis, à la tête du nouveau commissariat créé dans la partie nord de cette ville, après le dédoublement de l’ancien établissement. En novembre 1883, la presse quotidienne parisienne ainsi que l’hebdomadaire local publient de très nombreux articles sur la réclamation d’un habitant de la commune, relayée à l’Assemblée nationale par un député, Eugène Delattre, membre du groupe de la Gauche radicale (radicaux modérés). Le scandale est dénoncé dans au moins quarante journaux, principalement à Paris mais également en province.

L’homme en question, M. Fleury, propriétaire dans la commune, avait fait appel aux services de M. Rougean pour l’exhumation d’une dizaine de membres de sa famille qu’il voulait transférer dans un autre caveau ; il a déposé une plainte au parquet puis auprès du ministre de la justice, reprochant qu’une « somme d’argent assez considérable », soit 160 francs, lui a « été extorquée par ruse, presque par violence » alors que, selon lui, « l’usage admet seulement que du consentement de l’intéressé, une somme de 10 francs soit allouée au commissaire de police comme gratification volontaire. »

Le Journal de Saint-Denis, journal républicain, qualifie Rougean de « commissaire voleur ». Une réunion publique se tient le 23 décembre dans une salle de la ville, dans laquelle une résolution est votée, déclarant que « le sieur Rougean, commissaire de police, a abusé sciemment de ses droits et pouvoirs ; qu’il a par ces faits perdu l’estime et le respect de tous, nécessaires à un administrateur public ayant d’aussi importantes fonctions ». les participants assurent « qu’il n’a plus qualité morale pour veiller à la sécurité, publique, étant l’objet du mépris général » et « déclarent ne plus considérer moralement le sieur Rougean comme fonctionnaire, attendu qu’il en a perdu les qualités essentielles : honneur et probité. »

La préfecture de police ne prononça pas de sanctions officielles. Cependant, la veille du meeting, le commissaire avait remboursé à son administré la somme versée et il avait été muté dans la circonscription des Lilas (Seine, act. Seine-Saint-Denis), « ce qui ressemble fort à une disgrâce », commentait le quotidien Le Gaulois. Au contraire de la plupart de ses collègues, Le Petit Journal assure que l’enquête de la préfecture de police « a établi la parfaite honorabilité de M. Rougean ». Et La Petite République assure qu’il « a emporté avec lui la sympathie et l’estime de ses administrés dont un grand nombre ont fait une pétition pour demander son maintien à Saint Denis. »

L’arrivée du policier dans son nouveau poste ne passe pas inaperçue. Fin janvier 1884, le le de propagande collectiviste révolutionnaire des Prés-Saint-Gervais-Lilas met à l’ordre du jour d’une réunion « L'affaire Rougean ». Un de ses membres, M. Fuzillier, constitue un dossier en vue de demander sa révocation. En juin la même année, le quotidien L’Intransigeant l’accuse d’avoir ordonné des violences envers « de pauvres femmes et de paisibles citoyens ». Il estime que Rougean veut apparaître comme un commissaire « à poigne », pour se faire bien voir de ses chefs.

En septembre 1886, Rougean est désigné comme commissaire de police de Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne). Il est de nouveau mis en cause par L’Intransigeant, en août 1891, pour ne pas avoir, selon le quotidien qui fait état de ses antécédents à Saint-Denis, réglé la course d’une personne qu’il avait chargée de conduire en fourrière une voiture appartenant à des individus arrêtés.

Après l’attentat contre la Chambre des députés du militant anarchiste Auguste Vaillant, en décembre 1893, Rougean conduit une enquête sur le Cercle philosophique, fondé par Vaillant à Choisy-le-Roi où il résidait. Il conclut qu'aucun des membres n'avait même eu l'idée de ce que pouvait avoir l'intention de faire l'anarchiste.

Le commissaire doit intervenir, en juillet 1894, pour rétablir l’ordre après des bagarres entre ouvriers français et italiens, employés au chantier ferroviaire de Villeneuve-Triage.

En août 1894, Rougean devient commissaire de police de Joinville-le-Pont, en remplacement de Louis Soullière. Il doit gérer l'explosion en février 1895 d’une chaudière à l’usine du Bi-Métal dans la commune, qui fait quatre morts, dont une enfant du gardien. Elle provoque une vive émotion.

Le mois suivant, les agents du commissariat de Joinville arrêtent un nihiliste russe Joseph Epeler qui criait « Vive l'anarchie ! Vive Caserio ! Mort aux bourgeois ! ». Lors de son interrogatoire par Rougean, il aurait déclaré : « je professe les doctrines anarchistes ; j'étais l'ami de Caserio dont je suis encore l’admirateur ; j'ai voué une haine mortelle aux bourgeois et à la société, qu'il faut détruire. » Sante Caserio, boulanger italien, a assassiné à Lyon en juillet 1894 Sadi Carnot, président de la République. En septembre 1895, il fait arrêter, toujours à Joinville, un ouvrier tréfileur à l'usine du Bi-Métal, Louis-Joseph Mercier, qui criait dans la rue « Vive Ravachol ! Vive Caserio ! »

Rougean prend sa retraite en octobre 1897 ; son départ est salué par l’hebdomadaire radical-socialiste local, Voix des communes : « Il était fort aimé et estimé dans la circonscription, en raison de son esprit de justice, de sa droiture et aussi de sa bonté ». Il est remplacé par M. Parnet, jusque-là commissaire de police à Saint-Denis (nord). Lors de son départ de Choisy-le-Roi en août 1894, c’était Le Réveil républicain qui le saluait : « Il fut ici très bon magistrat, sut tenir la circonscription dans la voie de l'ordre et dans une complète sécurité. De là découle les regrets de beaucoup de le voir partir. »

Il meurt dans sa ville natale de Toulouse, où il avait pris sa retraite rue du Tarn, le 25 novembre 1903. Il était âgé de 59 ans.

Explosion de la chaudière du Bi-Métal, février 1895, Joinville-le-Pont

 

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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

Le professeur de biologie, publiciste et dirigeant de l’Association philotechnique, société d’éducation populaire, Albert Kownacki exprime en octobre 1907 son opinion sur l’utilité de l’enseignement philotechnique : « donner au jeune homme une éducation plus complète, plus coûteuse par conséquent. Le courage, le labeur incessant ne suffisent pas, il faut le travail aidé du savoir ». Il analyse que si, « Aux États-Unis, les fabricants disent que s'ils peuvent lutter contre l'Europe avec des salaires deux fois plus élevés, c'est que leurs ouvriers plus instruits travaillent plus vite, mieux et savent tirer meilleur parti des machines ». Il considère que cette « influence prépondérante de l'instruction sur la puissance de production apparaît partout et en tout temps ». Il prend un exemple : « dès le XVIIIe siècle, l'Écossais, naguère pauvre et ignorant, l'emportait sur l'Anglais dans toutes les carrières parce que le Parlement d'Édimbourg avait doté le pays d'un enseignement public. »

Ses conférences, en 1907, sont toujours extrêmement centrées sur Herbert Spencer et sa sociologie : la conservation de l’espèce, l’évolution de la famille, les institutions cérémonielles, la genèse des institutions politiques, la religion, la morale évolutionniste… En mai, il aborde cependant un sujet décalé : La transmission de la pensée, à partir d’un cas de télépsychie. Il ose, pour sa conférence d’ouverture des cours, en octobre, un titre provocateur : « Ici on forme des lâches. »

Le père d’Albert Kownacki, Joseph, qui était venu les rejoindre à Joinville-le-Pont, meurt à l’âge inhabituel de 101 ans en janvier 1908. Il est célébré par la communauté polonaise émigrée en France comme le dernier officier survivant de l’insurrection contre les russes en 1830. La même année, Kownacki devient président de l’association philotechnique de Joinville. Il est également fondateur et président des associations philotechnique de Vitry et de La Varenne, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Au long de ses cours, le fils poursuit en 1908 son regard sur l’œuvre du sociologue anglais Herbert Spencer, développant l’approche morale : égoïsme, altruisme, vie individuelle. Puis, après avoir causé en mai sur L’idée de justice à travers les âges, et avoir établi en octobre que La Terre est la seule planète habitable, il entame un nouveau cycle consacré à Karl Marx et au Capital à partir de décembre. Il poursuit à partir du même matériau en 1909.

La villa des Kownacki, dans le quartier de Palissy, est inondée pendant les crues séculaires de la Marne entre janvier et mars 1910. Cependant, Kownacki refuse de demander une indemnisation. Au contraire, il participe à l’organisation d’une Loterie lancée par le docteur Chéhadé Charles Zalta en faveur des sinistrés ; il prononce une allocution lors du versement des aides aux sinistrés.

La même année 1910, Albert Kownacki publie une Histoire de douze ans (1898-1910), consacrée à l’expérience de La Coopération des idées, une université populaire implantée faubourg Saint-Antoine à Paris (11e arr.). Ses conférences de l’année, dont le rythme semble fléchir, s’intéressent à Auguste Comte et au positivisme. Mais il persiste à communiquer aussi sur la cosmologie, entretenant les auditeurs de la Coopération des Idées, qui devient le lieu principal de son enseignement, de La fin du monde d'après la science.

Il consacre un autre livre, en 1911, à Jules Ferry et l’enseignement populaire. Ses premiers cours de l’année, en automne, sont sur Le Pragmatisme, de William James, Bergson et Le régime des eaux dans le bassin de la Seine. À partir de novembre, il entame une série consacrée au corps humain. Il s’interroge en décembre que Comment on se meut.

L’approche du corps humain par Kownacki se poursuit en 1912 : travail, fatigue, repos en janvier, apport des aliments et de l’air en mars, dépuration et protection en avril, transmission des informations en mai, direction et contrôle du cerveau en juin. Mais il n’oublie pas les techniques, évoquant en mai Les grands paquebots et la sécurité des voyageurs.

Les interventions de Kownacki en 1913 se font toutes à l’université populaire du Faubourg Saint-Antoine, nouvelle appellation de la Coopération des Idées. Son programme comporte huit séances consacrées à la philosophie de Bergson : la vie consciente, déterminisme et problème de la liberté, représentation du monde et système nerveux, matière et mémoire, mémoire et cerveau, mémoire et esprit, union de l’âme au corps.

Il démarre en décembre une deuxième série de son enseignement bergsonien par l’Évolution créatrice. Elle continue en mai et juin 1914.

Albert Kownacki est hospitalisé en septembre 1914 pendant trois semaines « en vue d’une opération grave. »

À la suite de cette détérioration de son état de santé, il poursuit son activité associative, mais ne donne plus que rarement de cours ni de conférences – sauf, à une occasion, en juin 1920 sur Les maladies du langage et de la personnalité pour L'Émancipation de Vincennes.

Il vit depuis au moins 1926 et toujours en 1936 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Victor-Hugo, à l’hospice Lenoir-Jousserand, un établissement desservi par des employés laïques, ce qui était encore rare dans les organismes hospitaliers. S’il n’a plus d’activités physiques, il conserve cependant certaines responsabilités et correspond probablement avec ses interlocuteurs. Il organise ainsi en novembre 1927 les 25 ans de la société d’éducation populaire joinvillaise.

Il est présent, jusqu’en juillet 1934, aux manifestations organisées dans les écoles de Joinville. Cette année-là, Kownacki est toujours vice-président de l’Union des philotechniques, fondée en 1901, alors présidée par Paul Strauss, ancien ministre et président du sénat.

Devenu membre titulaire de la Société astronomique de France en mai 1934, Albert Kownacki, s'inscrit comme membre perpétuel de cette association en 1941. Il est alors âgé de 90 ans.

La date et le lieu de son décès ne sont pas connus. Si celui-ci a eu lieu à Saint-Mandé, il serait postérieur à 1942. Il était père de trois enfants ; ses deux filles, Gabrielle et Marthe Kownacka, furent artistes peintres, comme leur mère et leur grand-père. Son fils Marcel fut deux fois blessé et fait prisonnier pendant la première guerre mondiale, où il obtint la Croix de guerre et la Médaille militaire.

Décoré des médailles de bronze (1888), d’argent (1906) et de vermeil de l’instruction des adultes, Kownacki avait obtenu les Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1888 et officier de l’instruction publique en juillet 1896. Il était titulaire du Mérite agricole et avait été fait, en juillet 1914, chevalier de la Légion d’honneur.

Fin

Bulletin de l'union des associations philotechniques de 1934. Albert Kownacki en est alors vice-président

 

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15 juin 2023 4 15 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

La part la plus importante de l’engagement public du professeur Albert Kownacki est son engagement dans l’éducation populaire.  

À parti de 1881, il s’implique dans l'Association Philotechnique où il assure un enseignement gratuit pour adultes comme professeur et conférencier. En novembre 1881, il cause sur « Comment on arrive » au lycée Fontanes de Paris. En janvier 1882, son thème d’intervention est l'Origine de l'homme. Il développe en mars 1883 les principes de l'éducation intégrale. Au lycée Charlemagne, en février 1888, on l’entend sur La dernière catastrophe.

Devant la section des sciences économiques et sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques de Paris, en juin 1887, Kownacki présente une contribution sur les effets de l’enseignement professionnel et technique donné par l'Association philotechnique au point de vue de l'économie politique. Créée en 1848, l’association connait depuis 1870 un grand développement avec 10 000 auditeurs dans ses 330 cours donnés dans 22 sections. Kownacki que le programme « cherche à se plier aux besoins, aux exigences de l'industrie et du commerce contemporains ». Aux cours commerciaux qu’elle délivrait à l’origine, elle a adjoint l’horlogerie, la menuiserie, le travail des métaux, l'électricité, la reliure. Faute de professeurs, elle n'a pu établir un enseignement de pâtisserie, mais par contre elle a réussi à créer un cours d'arabe. Depuis 1870, des femmes ont été admises parmi les auditeurs et parmi les professeurs.

Au sein de l’École de sociologie de la rue Cadet, il traite, en 1888 de l'Évolution de la morale puis de la morale évolutionniste en avril, de l'Évolution organique et de la morale en mai. Le même mois, il poursuit sur les sentiments égoïstes et altruistes, En juin, il se consacre aux conceptions primitives.

En juillet 1889, Kownacki est élu au bureau de l’association, présidé par Ed. Jacques, président du Conseil général de la Seine. Il en devient secrétaire l’année suivante, sous la présidence de Jules Ferry. Avec l’ancien ministre de l’éducation Léon Bourgeois, Kownacki prononce le discours d'ouverture des cours en décembre 1893. Il devient secrétaire général en juillet 1896, Ferdinand Buisson étant devenu le président. Puis il est désigné l’année suivante comme vice-président, toujours avec le même.

On retrouve des conférences de Kownacki en octobre 1892 au lycée Charlemagne sur L'œil et la vision. Il discourt en avril 1894 à propos d’une femme poète : Simone Arnaud. En octobre 1896, à l'école communale de la rue de Belzunce (10e arr.), il parle de L'Art de prolonger la vie.

Le Féminisme est un thème qu’il traite dans une autre école, celle de la rue La Vieuville (18e arr.) en mars 1898 ; l’annonce précise que « Les dames sont invitées » à l’invitation de la Société républicaine des Conférences populaires. Kownacki examine d’abord les raisons économiques qui sont selon lui la « cause première du mouvement féministe : l'homme détenteur de tous les avantages sociaux forçant la femme à une sorte de lutte pour la concurrence sur le marché du travail ». Postulant que « Tout ce qui est juste finit par triompher », Kownacki « déduit du passé oppresseur la justesse et la justice des revendications féminines et sa déduction de l'avenir est que les deux pôles humains reposeront un jour sur l'assise de droits équivalents et d'égalité fraternelle ». Pour y arriver, il « exhorte les femmes à évoluer sans heurts, méthodiquement ». Il remarque que « Trois États de l'Amérique du Nord ont accordé aux femmes leurs droits politiques. Il y est déjà reconnu qu'elles les exercent avec un grand discernement ». Pour lui, « la femme est appelée par la force des choses à triompher sur le terrain politique, comme sur le terrain économique ». Il qualifie « d'infâme trafic » les mariages d'argent et conclut en citant le dirigeant social-démocrate allemand August Bebel « La femme jouira dans la société future des mêmes droits et des mêmes avantages que les hommes ». Il reprendra ce thème en septembre 1900, à l’occasion d’un congrès féministe, devant L'Égalité, université populaire du 7e arrondissement.

Parmi les nouveaux sujets qu’il aborde au tournant du siècle figure Matière brute et matière vivante en novembre 1900 et L'Origine des espèces un mois plus tard. Au début du 20e siècle, il évoque Les Origines de la civilisation en février 1901 puis la Civilisation primitive, morale et religieuse en mars. Il se consacre, avec des projections, à L'Homme primitif en avril. En mai, il s’intéresse à une Tournée d'inspection dans les couvents de Camaldules par un général de l'ordre, une très ancienne congrégation religieuse catholique bénédictine, disparue au 18e siècle. En octobre, Kownacki parle de La Maladie des mystiques. Il interroge, le mois suivant : Peut-on démontrer la vérité ? Puis, pour clôturer l’année, en décembre à Vincennes expose L'art d'arriver au vrai.

C’est accompagné de pièces anatomiques que, de nouveau à Vincennes, on retrouve le professeur de biologie venant parler du Squelette en janvier 1902. Il se consacre ensuite aux questions religieuses, avec Un autodafé au dix-septième siècle le même mois à Paris (11e arr.) puis L’Inquisition en février, de retour à Vincennes. Il étudie le linceul du Christ en juin. La biologie revient au premier rang avec Le cerveau et la pensée ainsi que La physiologie et la question sociale et Le mécanisme de la pensée en mai. En juin, Les maladies du langage et de la personnalité, puis en juillet Le cerveau et ses fonctions et en août Les maladies de la mémoire et du langage sont à son programme. En octobre, il examine L’inconscient et le spiritisme, un mois plus tard La folie et l’éducation. Les sciences de la Terre concernent Kownacki aussi, comme Les volcans et la constitution du globe en août.

L’association philotechnique de Joinville-le-Pont est créée en 1902. Elle inaugure ses cours le 22 novembre en présence du député radical Adolphe Maujan. Kownacki en confie la présidence à Henri Vel-Durand, conseiller d’arrondissement également radical. Kownacki a quitté sa fonction de vice-président de l’association-sœur de Paris et est devenu délégué de la Ligue de l’enseignement. Il prononce, chaque année en novembre, les discours d’ouvertures des cours, qui sont accompagnés d’une partie musicale, avec des élèves des cours de musique. Les élèves de la société d’enseignement populaire installée à Joinville participent à ces manifestations, notamment en jouant de la musique, sous la direction de Louise Allaire.

Au cours de l’année 1903, les thèmes politiques et philosophiques sont mis au premier plan. En janvier, Kownacki discute de La liberté, d’après Stuart Mill puis en mars L’individu contre l’État de Herbert Spencer. Il aborde la Question d'Alsace-Lorraine en mars et les Deux Républiques en avril puis Comment on est devenu transformiste. Démocratie et parlementarisme est à l’ordre du jour en mai puis La révolte de l’homme en septembre. L’intolérance à travers l’histoire est son sujet d’octobre. L’astronomie en images est au programme de novembre autour des Étoiles filantes. Les deux thèmes se retrouvent en décembre, encore avec des illustrations, pour Histoire du calendrier.

Pour l’an 1904, philosophie, économie et politique montrent la diversité des centres d’intérêt de Kownacki. Il organise d’abord en janvier un débat autour de Deux années d'action républicaine (1902-1903). Il discute ensuite ce même mois Les conseils d’un milliardaire, M. Andrew Carnegie. Puis il profite de son centenaire pour exposer la philosophie de Kant en février, avant d’examiner l’idéal américain d’après le président Roosevelt en mai. L’Hygiène humane l’occupe en octobre, puis il revient à la philosophie d’Herbert Spencer (l’inconnaissable) et à Darwin en novembre (les origines des espèces).

Les conférences d’Albert Kownacki en 1905 vont mélanger les questions biologiques et astronomiques. Il débute par La planète Mars en janvier, enchaîne L'air et la vie, se consacrant surtout à Herbert Spencer : philosophie, principes de biologie, développement de l’intelligence, psychologie, métaphysique, religion… L’œuvre du théoricien du darwinisme social (1820-1903) nourrit de très nombreuses séances dans les universités populaires, comme la Coopération des Idées ou l’Aube sociale.

À suivre

Joseph Kownacki, père d'Albert, officier polonais émigré et centenaire

 

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