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3 février 2021 3 03 /02 /février /2021 00:01

Suite de la biographie de Chamba Balinov

Alors que les forces alliées ont déjà libéré l’essentiel de l’Europe occidentale, Chamba Balinov continue son œuvre au Comité national kalmouk à Berlin. Il coopère avec le général Vlassov, dont il a une opinion très positive. Ce faisant, il s’oppose au ministère des territoires de l'Est d’Alfred Rosenberg, dont l’autorité, déjà faible au début, était encore diminuée, et à ses collègues des autres comités nationaux du Caucase ou d’Asie centrale. En août 1944, envisageant la défaite finale de l’Allemagne, ils recherchent de nouveaux alliés.

Satisfait du texte du Manifeste de Prague, signé le 14 novembre 1944, Balinov en est un des signataires en qualité de militant social. Par contre, bien qu’il en soit membre,  Balinov n’est pas content de la composition du Comité de libération des peuples russes (Komitet Osvoboždenija Narodov Rossii, KONR), où il trouve qu’une place trop grande est faite aux monarchistes russes ; à part Balinov, peu de chefs non-russes figuraient dans cette instance. Vlassov rebaptise son armée Forces armées du Comité de libération des peuples russes (VS-KONR) et change de nouveau de camp, appuyant en mai 1945 l’insurrection des partisans contre l’occupation allemande à Prague.

Le Manifeste mettait en cause « les puissances de l'impérialisme dirigées par les ploutocrates d'Angleterre et des États-Unis, dont la grandeur repose sur la persécution et l'exploitation d'autres nations et peuples » de même que « les puissances de l'internationalisme dirigées par la clique de Staline, rêvant d'une révolution mondiale et de la destruction de l'indépendance nationale d'autres pays et peuples. »

Le Comité de Vlassov réclame « Le renversement de la tyrannie de Staline ; la libération des peuples de Russie du système bolchevique et la restitution de ces droits aux peuples de Russie pour lesquels ils se sont battus et ont gagné dans la révolution populaire de 1917 ; Arrêt de la guerre et paix honorable avec l'Allemagne ; Création d'un nouveau système politique populaire libre sans bolcheviks ni exploiteurs. »

S’agissant du contexte européen, le manifeste « se félicite de l’aide de l’Allemagne à des conditions qui n’affectent ni l’honneur ni l’indépendance de notre patrie. Cette aide est actuellement la seule opportunité réaliste d'organiser une lutte armée contre la clique stalinienne. »

En mai 1945, les alliés refuseront la reddition de Vlassov et laisseront les Russes s’emparer des soldats de son armée. Les officiers généraux seront pendus, tandis que les militaires et leurs familles seront déportés en Sibérie.

En ce qui concerne Chamba Balinov, qui n’appartenait pas à une unité militaire bien qu’il ait œuvré à intégrer des bataillons kalmouks dans les forces du KONR, il échappe semble-t-il à l’arrestation et se retrouve dans un camp de réfugiés, avec le statut de « personne déplacée ». Il engage des démarches pour émigrer, tout en continuant une activité, notamment journalistique. Ainsi, sous le pseudonyme de S. Galdanov, il publie dans le quotidien de langue russe de New-York Novoe Russkoe Slovo, un article qui aura un retentissement international, « Un peuple pour qui il n'y a pas de place sous le soleil », évoquant la déportation des Kalmouks.

Une autre de ses publications, dans la revue Kaukasus, de Munich, en novembre 1951 sur le 8e anniversaire de la liquidation de la République kalmouke est reprise dans plusieurs pays, par exemple en France et aux États-Unis. Dans le Journal of Central European Affairs en 1953, Balinov évoque, à propos de l’Union soviétique poststalinienne « Une dictature sans dictateur ». Il publie à Munich, de 1947 à 1949, Kalmyk Obozreniye (Revue kalmouke).

Les six lettres au professeur Nikolay Matviychuk écrites en 1949 et 1950 montrent les préoccupations de de Chamba Balinov au sujet de sa situation. Il est au chômage et envisage de partir en France en tant que travailleur agricole ; il est nourri par un couple d’amis, les Manzhikov. Il poursuit cependant son activité politique ; il a du mal à financer la revue, bien qu’il ait obtenu l’autorisation de la publier. Espérant un appui de groupes américains, il résume ainsi les positions qu’il défend dans Kalmyk Obozreniye : « Intransigeance face au bolchevisme; revendication d’une manière démocratique de construire la vie publique ; respect des droits des petits peuples. »

S’agissant des organisations d’émigrés, Balinov, qui les fréquente ne cesse de se plaindre des divisions et des conflits internes qui sont leur lot quotidien. Il attaque en particulier l’attitude des monarchistes. Il évoque des rumeurs sur l’infiltration d’agents soviétiques dans les instances de l’émigration. Balinov a été membre du conseil d’administration du Centre pour le développement social.

Chamba Balinov réside jusqu’en 1949 dans le camp de déplacés de Pfaffenhofen, en Bavière ; il s’installe ensuite à Gilching, dans le même land. Il signale être séparé de son épouse depuis 1943. En remplacement du passeport Nansen, qu’il avait reçu à Prague en mars 1930, il a obtenu de l’OIR une carte attestant de son statut de personne déplacée en mars 1949. La fiche associée à la délivrance de sa carte est rédigée ainsi : « Jusqu'en 1930 à Prague, puis déménagé en France (confirmé par le passeport de Nansen), où il publia deux magazines. En 1943 a été transporté de force de Paris à Berlin, en Allemagne, et a reçu l'ordre de travailler dans la rédaction du journal Morgen, où il assurait la livraison des journaux aux vendeurs (confirmé par un double livret de travail). Après la guerre en avril 1945, il a fui de Berlin à la Bavière, a vécu dans le camp de personnes déplacées kalmoukes, a ensuite quitté le camp et a vécu dans un appartement privé. De 1947 à nos jours, il a été responsable du journal Kalmyk Obozreniye. Comme dans ce cas, la collaboration n'a pas été confirmée, il a été adopté sous mandat de l’OIR. »

Début novembre 1949, Balinov effectue un voyage en Suisse, à Genève, Lausanne, Berne et Zurich, pour rencontrer des responsables de l’Organisation internationale pour les réfugiés (OIR, actuellement HCR) pour plaider en faveur des kalmouks regroupés dans des camps en Allemagne et obtenir qu’ils puissent émigrer.

Concernant sa demande pour émigrer aux États-Unis, Chamba Balinov ne semble pas nourrir de crainte particulière au sujet de son passé politique, même s’il essaie suggère à son interlocuteur qu’il serait aidé si « une organisation américaine réputée, en plus d'envoyer le contrat, envoyait un certificat de ma fiabilité politique au consul américain ». Par contre, il redoute manifestement que son apparence physique soit un obstacle : « Je suis jaune pur! Je n'ai aucun moyen de surmonter cette barrière raciale ». Il s’interroge sur les stratégies adoptées par certains autres, comme assurer être de sang mêlé, ou revendiquer une nationalité russe, ce à quoi il se refuse, faisant une différence entre sa citoyenneté et son origine nationale kalmouke, qu’il revendique.

Au sujet de l’environnement dans lequel il réside en Bavière, Balinov considère les « Allemands de l'Union ouest-allemande, méprisants et haïssant les Américains » ne cachent désormais plus leurs sentiments. Il dit, avec regrets, que « Apparemment, Staline est né sous une bonne étoile: tout le monde l'aide ! » et annonce préparer un article sur « sur le coût du renversement du bolchevisme. »

Balinov a émigré aux États-Unis le 29 décembre 1955. Il élit domicile à Philadelphie, en Pennsylvanie, le principal foyer de l’émigration kalmouke dans le pays. Il y reprend une activité littéraire, notamment la traduction, sous le pseudonyme de Galdama, d’une cinquantaine de poèmes et chants kalmouks, traduits en russe, qui seront édités après sa mort.

Poursuivant ses contributions à l’histoire de son peuple, il rédige une analyse sur Les Bouddhistes kalmouks, incluse dans un ouvrage publié en anglais en 1958 par l’Institut d’étude sur l’URSS de Munich, Genocide in the USSR. Son texte est également signé Galdama. Certains de ses travaux antérieurs sont réédités sous ce nom, comme celui, datant de 1928 et repris en 1966 sur Le rôle des femmes dans la société kalmouke.

Tentant de reprendre une activité au sein de l’émigration, Balinov se trouve confronté à des luttes internes qui semblent affecter sa santé.

En 1959, Balinov est hospitalisé suite à deux crises cardiaques. Il met fin à ses jours par un coup de couteau au cœur. Chamba Balinov décède le 6 juillet 1959 à Philadelphie, selon son certificat de décès, plusieurs sources, dont Robert S. Wistrich, mentionnent une date légèrement antérieure, le 19 juin. Il était âgé de 64 ans. Il est enterré au cimetière de Saint-Vladimir's Caldbury à Jackson, New Jersey.

Fin

Chamba Balinov, vers 1949

 

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1 février 2021 1 01 /02 /février /2021 00:01

Suite de la biographie de Chamba Balinov

L’activité de Chamba Balinov pendant la période de la deuxième guerre mondiale est documentée par plusieurs textes, complétant les quatre notices biographiques connues. Un ensemble de six lettres, publiées en mai 2020, ont été expédiées, en 1949-1950 à un professeur de musique, Nikolay Vasilievich Matviychuk, né en 1890 à Tarnopol (Pologne autrichienne, act. Ternopil, Ukraine) et résident aux États-Unis. Un long entretien réalisé en octobre 1950 par un certain A. D. dans le cadre d’un programme d’enquête sur le système social soviétique, conduit par l’université américaine de Harvard ; il a été diffusé en 2007. Enfin, on compte des données enregistrées par l’Organisation internationale des réfugiés et par la Sûreté générale en France. Les lettres sont en russe, tandis que l’entretien est transcrit en anglais, bien que réalisé en russe également. Les lettres comme l’entretien prennent évidemment en compte le résultat du conflit et sont écrites dans un contexte où Balinov veut émigrer en Amérique ; cependant, les faits évoqués, confirmés par les autres données dont on dispose, apparaissent généralement crédibles.

En commençant son entretien, Balinov indique : « J'ai travaillé avec les Allemands avant la guerre ». Il situe ses contacts avec un représentant de la Wehrmacht venu à Paris pour lui parler de l'organisation du sabotage et de la propagande contre l'URSS en avril ou mai 1939. Soulignant qu’il était « toujours prêt à lutter contre le bolchevisme », Balinov envisage, avec l’appui allemand, de publier un magazine à Prague, en liaison avec des groupes opérant en Roumanie et en Bulgarie. Il se rend en Allemagne durant l'été 1939. Cependant, le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 fait que les Allemands n’ont plus besoin de lui. Il réside cependant toujours en Allemagne et retourne en France en 1940, après l’occupation du pays par les troupes hitlériennes.

L’enclenchement de la guerre germano-soviétique, le 22 juin 1941, provoque la satisfaction de Balinov et de ses amis qui pensent qu'Hitler visait la « libération des peuples réduits en esclavage par l'URSS ». Il assure : « J'ai immédiatement fait savoir que j'étais prêt à travailler pour vaincre les Soviétiques ». Mais il note que les Allemands lui ont répondu : « nous n'avons pas besoin de vous ». Il continue donc à séjourner en région parisienne.

En novembre 1941, Balinov reçoit la visite d'un soldat allemand qui lui demande d'aller à Berlin. Là, il se voit proposer un poste à l'arrière de l'Armée rouge : avec des groupes de partisans kalmouks, qu’il va devoir recruter, il est prévu qu’il soit parachuté en territoire kalmouk. Baptisée opération Zeppelin, l’entreprise est contrôlée par le quartier général de la flotte allemande. Elle démarre à Simferopol en décembre 1941 (Crimée, act. Ukraine de jure et Russie de facto) par l’apprentissage des techniques de sabotage. Balinov fait le tour des camps de prisonniers de guerre et sélectionne des kalmouks. L’opération, prévue en avril 1942, est repoussée suite à une panne de l’avion qui devait les transporter. L’occupation de la République de Kalmoukie par les Allemands en juin 1942 rend inutile l’expédition.

Étant retourné à Berlin, la Wehrmacht détache Balinov auprès du ministère des territoires de l'Est, dirigé par Alfred Rosenberg. Cette administration, mise en place en juin 1941, entend constituer des unités spéciales, regroupant « 30 à 40 anciens émigrants respectés des petites nations » dont ils étaient originaires, dont les kalmouks. Chamba Balinov est désigné comme chef du Comité national Kalmouk. Il est envoyé sur place en octobre 1942 pour établir l'administration locale. Balinov, qui affirme avoir eu un « enthousiasme pro-allemand » assure que « le nouveau voyage m'a vraiment refroidi ». Arrivé en décembre 1942 à Elista, capitale de la Kalmoukie, il s’estime soumis à une sorte d'assignation à résidence. Alors que l'Armée Rouge avance et que les Allemands commencent à battre en retraite, Balinov dit avoir été placé en état d'arrestation pendant une semaine dans un hôtel de la ville le 31 décembre 1942, avant d’être transféré à Stavropol, où se trouvait le quartier général de l’armée allemande où il est libéré.

Au début de 1943, Balinov travaille à l’organisation du Comité national Kalmouk. Il estime qu’il comprenait « bon nombre de carriéristes se sont adaptés aux revendications allemandes » mais peu de nazis notoires ; cependant, un des adjoints de Balinov, Stepanov, fonda en 1943 à Prague un « Parti nazi cosaque ». Le comité disposait de deux pièces, dans un immeuble qu’il partageait avec quatre autres comités nationaux, et employait une vingtaine de salariés. Le comité éditait un mensuel, bilingue kalmouk et russe, et disposait d’une radio ; cependant, selon Balinov, si elle avait 4 ou 5 employés, personne ne l’écoutait. La propagande insistait sur le fait que l’Allemagne allait vaincre et qu’elle serait un protecteur décent ; ainsi, la Kalmoukie obtiendrait la liberté vis-à-vis du bolchévisme et des ploutocraties occidentales.

Selon le témoignage de Balinov, les comités n’auraient pas été très productifs. Ils constituaient « un écran et un outil de propagande, un organe contrôlé par le ministère de l'Est. Il n'y avait aucun projet d'indépendance ». Selon Balinov, il espérait que ces structures pourraient améliorer les conditions de vie épouvantables dans les camps de prisonniers de guerre et parmi les travailleurs orientaux utilisés par l’Allemagne. Pour lui, « C'était un mariage de convenance. »

La retraite des troupes allemandes entraîne le départ de 5 000 hommes et femmes du territoire de la République de Kalmoukie. Un Corps de cavalerie kalmouk (KKK), de 4 000 personnes, est constitué. Il sera utilisé par les Allemands pour combattre des partisans en Pologne en 1944, ce que Balinov dit avoir contesté, polémiquant avec le chef de ce corps, le Dr Doll, et faisant rappeler environ un millier de soldats opérant alors en Pologne.

Parmi les comités nationaux fondés par les Allemands, Balinov estime que ceux-ci s'intéressaient peu aux Kalmouks, un petit peuple, contrairement au Comité du Turkestan par exemple. Il explique avoir rarement vu des personnes occupant des postes élevés. Concernant son pays, Balinov remarque que, s’il n’a pas rencontré de véritables bolcheviks parmi les Kalmouks, Mais il y avait un « patriotisme soviétique », surtout chez les jeunes, qui se félicitaient d’avoir une république autonome, une nouvelle capitale (Elista), des écoles et une situation économique qu’ils trouvaient plus favorable.

Basé à Berlin, Balinov est employé par le journal Khalmag à partir de mai 1943. Le 27 décembre 1943, le chef de l’État soviétique, Joseph Staline, ordonne la dissolution de la République de Kalmoukie et la déportation de sa population en Sibérie et en Extrême-Orient.

En 1943-1944, seul parmi les différents comités nationaux, Balinov prend contact avec Andreï Vlassov, ancien général de l’Armée rouge, qui a fondé l’Armée de libération russe après s’être rallié à l’Allemagne. Il discute avec lui, à trois reprises, de comment continuer la lutte antisoviétique, même sans le soutien de l’Allemagne. En visitant les camps de prisonniers, Balinov tente de rallier des Kalmouks aux forces de Vlassov.

Selon les archives du Fichier central de la Sûreté générale (dit fonds de Moscou), Balinov, mentionné avec son adresse à Joinville-le-Pont, aurait été membre de la Légion des volontaires français contre le bolchévisme (LVF), créée le 8 juillet 1941. Il est à ce titre mentionné (même si son nom est partiellement masqué) dans l’ouvrage de l’historien Dominique Lormier, Les 100 000 collabos (2018).

À suivre

Chamba Balinov en uniforme, sd

 

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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 00:01

Suite de la biographie de Chamba Balinov

Après la défaite du général Piotr Nikolaïevitch Wrangel, successeur du général Anton Denikine à la tête de l’armée blanche, les troupes cosaques et la population kalmouke qui lui était liée quittent les steppes du Don pour un exil, via Istanbul, qui les mène en Bulgarie ou en Tchécoslovaquie.

Arrivé en 1920 en Tchécoslovaquie, pris en charge en tant que réfugié, Chamba Balinov suit des cours d'agriculture et de mécanique automobile pour l’entretien des tracteurs. Cependant, il semble plus intéressé par des travaux intellectuels. Il traduit en langue kalmouke des ouvrages du romancier russe Alexandre Pouchkine ainsi que les Essais sur l'histoire des Kalmouks du professeur Palmov. Balinov contribue à la grammaire kalmouke du professeur Kotvych (Kotwich, Kotwicz). Il participe également à la publication du manuel Honho (Honkho), anthologie de textes kalmouks.

Associé à plusieurs étudiants également d’origine kalmouke, Chamba Balinov devient secrétaire de la Commission des travailleurs culturels kalmouks. À partir de 1927, il travaille à la rédaction du magazine Вольное казачество (Wolnoje kazaczestwo, Cosaques libres). Soutenant l’idée que les intérêts du nationalisme cosaque ont complètement fusionné avec l'idéologie du nationalisme kalmouk, Balinov appuie la lutte pour l'indépendance cosaque. Plusieurs de ses articles sont édités de manière séparée, comme par exemple Sur l'origine des cosaques, diffusé en 1931.

Bien que certains textes parlent d’une arrivée en France au milieu des années 1920, le départ de Prague est sans doute plus tardif, postérieur à l’émission du passeport Nansen, qui attestait du statut de réfugié de Chamba Balinov. Ce document a été délivré dans la capitale tchécoslovaque en mars 1930.

En France, une colonie kalmouke assez importante se fixe à partir de 1924. Elle s’installe principalement autour de la ville industrielle de Couëron (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique) pour les réfugiés ayant transité par la Bulgarie et en région parisienne, notamment dans les communes de Joinville-le-Pont, Saint-Maurice, Saint-Maur-des-Fossés et Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne) où on aurait compté environ 500 personnes, venues notamment de Tchécoslovaquie. La famille Balinov s’installe sur les bords de Marne ; Chamba réside en 1931 avec une amie polonaise, Nadieja Szyray, à Joinville, avenue de Joinville, et est manœuvre à Saint-Maurice ; le père, Nudel, est aussi manœuvre à Saint-Maurice et décède, âgé de 59 ans, en septembre 1934. En 1936, Chamba Balinov, journaliste noté comme étant sans emploi, dans le même quartier, rue du Chemin-Creux (voie disparue, située à proximité des actuels boulevard de l’Europe et rue Henri-Barbusse). Il réside en 1936 avec son frère cadet Marckoss (ou Markhous), ouvrier à Saint-Maurice, peut-être dans une tréfilerie, et son épouse Zanc. Ils sont tous les deux nés en Russie en 1900.

Poursuivant sa collaboration avec Cosaques libres, dont il est le représentant à Paris, Chamba Balinov va également publier en France deux journaux, Kovylnye Volny (Vagues de plumes) et Kazachiy Golos (Voix cosaque). Il collabore également aux revues Prométhée, qui se présente comme un organe de défense nationale des peuples du Caucase et de l'Ukraine et du Turkestan et Kaukasus (Le Caucase), qui se veut un organe de la pensée nationale indépendante et est basé à Berlin (1937-1939).

Lors de son séjour en France, Balinov se présente en porte-parole du mouvement des Cosaques libres mais ne met pas en avant la revendication d’indépendance portée par certains d’entre eux. Il plaide en janvier 1933 pour « une union plus étroite de tous les peuples opprimés de l'Orient de l'Europe afin de lutter plus efficacement contre l'impérialisme russe, rouge ou blanc. »

Présenté comme directeur de la colonie Kalmouke de Joinville de Joinville-le-Pont, Chamba Balinov est, avec le grand-prêtre bouddhiste Bakcha Nimbouchev, l’organisateur, en décembre 1937, d’une fête organisé en l’honneur du Noyon Nicolas Toundoutoff, fils et héritier du prince Danzan, mort tragiquement après son retour au pays. La cérémonie fait l’objet d’un long reportage dans l’hebdomadaire Le Monde illustré. Nicolas Toundoutoff réside avec sa mère, journaliste, à Joinville-le-Pont.

En 1936, Balinov était membre d’un Comité de réinstallation, qui avait été constitué en vue d’une implantation des Kalmouks en Mandchourie, en Chine. Il présidait l’organisation Khalmag Tanġčin Tug (Drapeau kalmouk). À partir de cette année, il se met en retrait des groupements politiques cosaques, ne soutenant plus les revendications d’indépendance posées par certains d’entre eux, comme Galzkov. Balinov concentra désormais son activité sur sa vision des intérêts du peuple kalmouk.

À suivre

Le prince héritier Nicolas Toundoutoff, noyon des Kalmouks et ses amis de la communauté de Joinville

 

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28 janvier 2021 4 28 /01 /janvier /2021 00:01

Début de la biographie de Chamba Balinov

Chamba Nudelich Balinov [Шамба Нюделич Балинов] naît le 5 mai 1895 à Novo-Alekseevskaya, Kraï de Krasnodar, région du Don, Russie. Il est le fils d’Ilyina Bembish [ou Hijin Bembich] et de son mari Nudel Balinov [ou Nudil Balinoff], une famille d’un milieu social modeste. La translittération de son nom sous la forme Chamba Balinov est la plus courante. On trouve également, principalement dans les sources anglo-saxonnes, Shamba Balinoff, Szamba Balinow en polonais et différentes variantes comme Balynov pour son nom et Samba ou Schamba pour son prénom. Plusieurs notices mentionnent une naissance en 1894, cependant la date de 1895 est confirmée par des documents officiels français et une lettre de Balinov.

La famille de Chamba Balinov est d’origine kalmouke, venant de la tribu de Jakamul (Dzhakamul), du groupe Ho Buch (Kho Bukh, Khoshuuds ou Khoshut), au sein de la région Remzhinken parmi les kalmouks du Don. Les hommes de cette communauté étaient intégrés au sein de l’armée des cosaques du Don.

Le village de Novo-Alekseevskaya est extérieur à l’actuelle République de Kalmoukie, constituée au sein de la fédération de Russie, et, selon le recensement russe de 2002, ne comprend plus de population kalmouke notable.

Ayant suivi les cours de l'école de son village natal, Chamba Balinov en ressort diplômé. En 1897, un recensement estimait que 4% des kalmouks savaient lire, un niveau bien inférieur à ceux d’autres peuples de la Russie, comme les Tatars (16%) ou les Russes (29%). Ultérieurement, Balinov sera présenté comme un autodidacte.

Chamba Balinov commence son service militaire au cours de la première guerre mondiale en tant que greffier du conseil d'administration du district de Sal, dans la ville de Salsk. De mi-1915 à avril 1917, il sert dans le 36e régiment de cosaques de Don sur le front allemand. Après la révolution, il poursuit dans le même régiment jusqu'à la fin de 1917, toujours dans la région du Don. Il rejoint un escadron basé à Salsk en juin 1918, qui a combattu avec les bolcheviks. En septembre 1918, il est affecté au 3e régiment de kalmouks du Don, qui opère dans la région. Il tomba malade en janvier 1919, et passa un mois dans un hôpital de Novotcherkassk puis obtient une permission de convalescence d’un mois. À partir d’avril 1919 et jusqu’en novembre de la même année, Chamba Balinov est traducteur de la langue kalmouk au conseil de district du district de Salsk. On le nomme, en novembre 1919, chef de la garde de la 5e section du district de Sal.

Selon l’historien Oleg Olegovich Antropov, « Dans la première moitié de 1918, l'anarchie régnait sur les vastes étendues des steppes kalmoukes, s'étendant entre la Volga et le Don, accompagnée d'éclats périodiques de conflits atteignant des massacres sanglants entre les villages cosaques, les nomades kalmouks et les villages russes. »

Territoire frontalier, la steppe kalmouke était prise en sandwich entre la région bolchevique de la Volga et le Caucase du Nord, qui était une arène de lutte acharnée entre l'armée blanche, les Soviétiques, les autorités cosaques et les gouvernements des nouvelles entités nationales.

À l'été 1918, la Grande Armée du Don déclara un État cosaque souverain tandis que l'armée allemande, occupait une partie de la région du Don, cherche à influencer certaines des nouvelles entités étatiques (Ukraine, Géorgie et Azerbaïdjan), tout en soutenant les groupes monarchistes abrités à Kiev. Le noyon (prince) Danzan Toundoutoff, ancien adjudant du Grand-Duc Nicolas, 27 ans, après avoir été élu chef des kalmouks au sein de l'armée d'Astrakhan, quitte le territoire pour la fin mai 1918 pour la Géorgie puis l'Allemagne où l'empereur Guillaume II propose de le soutenir dans la création d’une armée antibolchevique. Revenu dans son territoire, le noyon Toundoutoff tente de constituer l'Union du Sud-Est Don-Caucase, proto-État allié de l'Allemagne, mais il n’arrive pas à convaincre les autres dirigeants des peuples voisins de se rallier à lui. De plus, l'armée d'Astrakhan se trouve en concurrence, pour le recrutement des anciens officiers russes, avec l'Armée des Volontaires de Dénikine, autre chef antibolchévique. L’arrêt des financements allemands, en août 1918, conduit à un rapprochement avec les monarchistes, basés à Kiev (Ukraine).

De septembre 1918 à février 1919, le 3e régiment (celui de Balinov), défendit le district de Salsk contre les unités de l'Armée rouge opérant dans les steppes kalmoukes et assura le flanc droit de l'armée du Don, mise en difficulté par la baisse de ses ressources et des rivalités internes entre kalmouks et cosaques. Plusieurs dirigeants kalmouks devinrent partisans d’une alliance avec les bolcheviks et l'armée d'Astrakhan est dissoute dans les forces antibolchéviques de l'Armée des Volontaires le 1er mars 1919.

À suivre

Le prince Danzan Toundoutoff, noyon des Kalmouks

 

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26 janvier 2021 2 26 /01 /janvier /2021 00:01

Suite de la biographie de Louis Caillon

Avec plusieurs conseillers sortants de droite, comme Frédéric Bautsch, Jean Béal, Charles Chaussée et Léon Lesestre, Louis Caillon se présente sur la liste de l’Union des républicains de Joinville lors des élections municipales de mai 1935. Le groupement veut la « séparation de l’administration municipale et de la politique », plaidant pour une « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs », voulant une « atténuation des dépenses publiques », la « simplification des rouages administratifs », ainsi que « l’application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène. »

Disant se souvenir « des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons », l’Union des républicains annonce « rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». Caillon est administrateur de l’association Union des républicains de Joinville, présidée par René Kirbühler.

La liste de l’Union des républicains se déclare formée « d’hommes d’ordre et d’action », « n’ayant pour but que la bonne gestion communale ». Elle arrive en tête au premier tour de scrutin, devançant avec une moyenne de 32,6% des suffrages exprimés la liste du Groupement des gauches républicaines du maire sortant radical-socialiste Briolay, à 26,8%, les communistes de Robert Deloche à 23,5% et les socialistes SFIO de François Derivière à 12,3%. Personnellement, Caillon arrive en seconde position des candidats avec 968 votes sur 2 856 exprimés (33,9%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Pour le second tour, la droite appelle à « barrer la route aux communistes », qui ont constitué une liste unifiée avec les socialistes, à soutenir « la liste d’ordre » et à réprouver « la turbulence et la démagogie ». Les radicaux reculent nettement, tandis que la gauche unifiée avance et obtient deux sièges, l’Union des républicains arrivant en tête, remportant les 25 autres postes de conseillers municipaux. Arrivant de nouveau second, Caillon recueille 1 185 voix soit 40,9% des 2 899 exprimées sur 2 924 votants.

Le 17 mai 1935, la municipalité est élue par la majorité nouvelle : Léon Lesestre est maire, Charles Chaussée premier adjoint, Louis Caillon deuxième adjoint, suivi de Jean Béal, et René Kirbühler. Dans le portefeuille de Caillon figure l’éclairage public et la lutte contre les incendies. Il est élu délégué sénatorial en septembre 1935.

Tout en continuant d’assumer ses fonctions à la mutuelle des sapeurs-pompiers, Caillon siège aussi au conseil d’administration de la Mutualité scolaire de Joinville en 1936 et à la Société d’encouragement au dévouement en 1937.

En avril 1938 à Paris (12e arr.), Louis Caillon épouse Marcelle Désirée Guilly, fille d’agriculteurs.

Au début de la deuxième guerre mondiale, les deux élus communistes sont déchus de leur mandat. Caillon poursuit son activité en tant qu’adjoint. Il participe, fin 1941, aux activités caritatives du et au « Noël du maréchal » organisé par la section locale du Secours national d’entraide du maréchal, placé sous la tutelle du chef de l’État, Philippe Pétain. Le maire, Lesestre, appelle à cette occasion à « bien aimer le maréchal, sauveur de notre France. »

Le gouvernement de Vichy ayant remplacé les assemblées élues par des organes désignés, une nouvelle municipalité est constituée en février 1942. Si Lesestre, Chaussée, Béal et Kirbühler restent à leurs postes de maire et d’adjoints, Caillon est remplacé dans cette fonction par Frédéric Bautsch. Par contre, il est renouvelé en mars en tant que membre du conseil municipal, étant présenté comme commerçant.

Lors de la libération de la ville, le 25 août 1944, le maire et les adjoints sont arrêtés par le comité local de Libération et une administration provisoire remplace le conseil municipal en titre, dirigée par Robert Deloche, ancien conseiller municipal communiste déchu, qui devient maire de la ville.

Louis Caillon meurt le 7 mai 1969 à Joinville. Il était âgé de 87 ans. Il avait été décoré comme chevalier (février 1923) puis officier (février 1933) du mérite agricole en tant qu’agriculteur à la ferme de la Faisanderie. Il était titulaire d’une mention honorable (septembre 1930) puis d’une médaille de bronze de la mutualité (septembre 1932), au titre de la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de Joinville-le-Pont. Il avait également était fait chevalier de l'Ordre du Nichan el Anouar en 1928 pour avoir, comme prêté « bénévolement, depuis plusieurs années, tout son matériel pour les examens d’entrée et de fin d’études à l’Institut national d’agronomie coloniale », situé également dans le Bois de Vincennes. L'ordre du Nichan el Anouar (Lumières), créé dans le Territoire d'Obock (act. République de Djibouti), était décerné à des personnes ayant « rendu des services à l’expansion coloniale. »

Fin

Incendie à la Faisanderie en 1934 (peut-être avec Louis Caillon)

 

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24 janvier 2021 7 24 /01 /janvier /2021 00:01

Suite de la biographie de Louis Caillon

Parallèlement à ses fonctions politiques, Louis Caillon exerce des fonctions dans la Société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de Joinville. Il est vice-président en octobre 1933 puis, après le décès du président, Charles Provin, en mars 1934, assume lui-même cette fonction. Il est toujours en poste en novembre 1938.

La Ferme de la Faisanderie a été, le 18 avril 1929, annexée à la ville de Paris (12e arr.) avec le reste du Bois de Vincennes. Caillon se retrouve donc, à partir de cette date, âtre un résident parisien. Cependant, il conserve une adresse joinvillaise, dans le quartier de Polangis, avenue Galliéni.

En juillet 1930, le conseil municipal de Paris décide de l'affectation à l'École coloniale de l'emplacement occupé par l'École municipale et départementale d'horticulture et d'arboriculture et du transfèrement de cette dernière à la ferme de la Faisanderie. Ce qui entraîne une décision de non-renouvellement du bail dont Caillon était devenu attributaire, après cession par Gilbert Bandy de Nalèche. Caillon proteste contre cette éviction, avec le soutien d’Adolphe Chéron, député et ancien ministre (radical indépendant). Les recours n’aboutissent pas et reste en place et Caillon devra quitter son exploitation en 1935. Peu avant, un incendie détruit les écuries de la ferme de la Faisanderie, sous-louée par Caillon à un entraîneur, M. Alphonse Sourroubille, président de l'Association des jockeys de trot de France. Douze chevaux de course qui ont été brûlé vifs. L’origine criminelle de l’incendie est avancée par la police.

Au moment où il doit quitter son fermage, en février 1935, Caillon fait une nouvelle démarche juridique pour le prolonger, mais n’obtient qu’un délai de deux mois. Il tente également une action politique, s’adressant à Henri Dorgères (alias Henri-Auguste d’Halluin), en avril 1935, en même temps qu’il informe Gabriel Bureau, président de la Société des mutilés, réformés et anciens combattants de Joinville-le-Pont. Henri Dorgères, président du Front paysan, avait fondé les Chemises vertes, groupe à l’idéologie proche du fascisme italien.

Dans une lettre du 14 avril 1935, expédiée au siège du Front Paysan à Rennes (Ille-et-Vilaine), Louis Caillon explique à Dorgères qu’il est le « seul paysan dans la ville de Paris » et qu’il va être expulsé. Il assure que les clients de la Faisanderie ont adressé une pétition, jugeant le maintien de celle-ci plus utile à la santé de leurs enfants que les fleurs qui pourraient être produites par l’Ecole d’Arboriculture. Il mentionne des vœux en faveur du maintien de la ferme des maires des communes avoisinantes et du syndicat des docteurs en médecine de la région. Il se dit navré de l’attitude de la Ville de Paris et du préfet de la Seine, s’étonnant « de voir l’acharnement que mettent les hauts fonctionnaires » « à vouloir ruiner leur paysan ». Caillon souligne que sa « famille a payé son tribut à la Patrie » comme 950 000 paysans, une classe que Dorgères entendait protéger.

Après son départ forcé, Caillon s’installe dans son logement joinvillais et reprend une activité agricole dans la commune voisine de Champigny.

À suivre

La ferme de la Faisanderie après l'incendie

 

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22 janvier 2021 5 22 /01 /janvier /2021 00:01

Début de la biographie de Louis Caillon

Louis Pierre Marie Caillon naît le 11 octobre 1881 dans le hameau de La Gaulais à Bouvron (Loire inférieure, act. Loire-Atlantique). Il est le fils aîné des huit enfants de deux cultivateurs, Angèle Marie Guillé et son époux Pierre Louis Caillon.

Lorsqu’il effectue son service militaire entre novembre 1902 et octobre 1904, comme cavalier au 23e régiment de dragons, Louis Caillon réside chez ses parents à Bouvron et est garçon de chambre. En 1907, il devient exploitant des vaches de la Ferme de la Faisanderie, dans le Bois de Vincennes à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

La ferme, ancien domaine impérial, a été mise en location, probablement dès cette date au capitaine Gilbert Bandy de Nalèche. Elle avait pour régisseur le vétérinaire André Victor Giboin.

Pendant la première guerre mondiale, Louis Caillon est mobilisé dans l’artillerie à pieds et est démobilisé en février 1919. Il reprend son activité dans la Ferme de la Faisanderie, la ville de Paris accordant un bail de douze ans à Bandy de Nalèche en 1919, Caillon devenant le directeur.

À Joinville, Caillon s’implique dans la ville locale, contribuant en juin 1923 à la reconstitution de l’union des commerçants et industriels de la commune. S’il n’est pas marié, il partage la vie de Suzanne Jodelay, comptable du domaine, fille d’Eugène Jodelay, agriculteur vivant également dans le Bois de Vincennes, qui a organisé pendant la guerre des jardins familiaux dans le domaine de Polangis, pour permettre l’alimentation des familles.

Lors des élections municipales de mai 1925, Louis Caillon est candidat sur la liste de l’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux du maire sortant, Henri Vel-Durand (radical dissident). La liste obtient une moyenne de 1 080 voix au premier tour sur 2 275 suffrages exprimés (47,5%) pour 2 310 votants et 2 761 inscrits. Elle devance nettement la liste de cartel des gauches conduite par Georges Briolay (radical, soutenu par le parti socialiste SFIO) à 28,4% et les communistes du Bloc ouvrier-paysan à 21,1%. Malgré le retrait de la liste communiste au second tour, l’Union républicaine remporte tous les sièges.

Au sein du conseil municipal, Caillon manifeste une réticence au financement des dépenses, se prononçant contre l’augmentation des redevances en novembre 1925 puis en s’opposant au chauffage des écoles en janvier 1926. Il accepte cependant l’alignement des salaires du personnel municipal sur ceux du conseil général de la Seine en juin 1927 mais refuse la création d’un poste de professeur de dessin pour les écoles en janvier 1928.

En septembre 1928, après le décès de Vel-Durand, une élection partielle voit la victoire de l’union des gauches pour les trois sièges vacants, mais Stephen Durande, premier adjoint jusqu’ici (divers droite) est élu maire.

En mai 1929, lors des élections municipales générales, Caillon est colistier de la liste de concentration républicaine dirigée par Durande. Il obtient au premier tour 939 voix sur 2 126 suffrages exprimés (44,2%). Avec une moyenne de 42,6%, la liste de droite devance la concentration des gauches de Briolay (35;9%) et les communistes de Bénenson (16,0%). Cependant, au second tour, malgré le maintien de la liste du PCF, Les gauches remportent l’élection avec 45,9% et 22 sièges, la droite en ayant cinq avec 41,6%, les communistes reculant à 12,5%. Au contraire de Durande, CailIon fait partie des cinq rescapés de la liste sortante.

Il adopte une attitude critique, contestant l’intégration de voies privées dans la voirie communale, acceptant, contrairement à ses collègues, le halage des péniches par traction mécanique ou animale en août 1930. En mai 1932, il ne veut pas du renommage de deux artères, qui deviennent cependant rue Aristide-Briand et rue de la Paix.

Alors qu’une crise a éclaté au sein de la majorité, Caillon avec ses collègues libéraux et deux dissidents s’oppose au budget présenté en décembre 1933, qui n’est voté que par 9 voix contre 6. À partir de mai 1934, Caillon s’implique dans le Comité d’union républicaine et d’action sociale, qui rassemble l’essentiel de la droite locale. Après une élection municipale partielle en octobre 1934, qui a vu le renforcement de l’opposition libérale et conservatrice au sein de l’assemblée, Caillon est candidat sur un poste d’adjoint qui vient d’être créé. Cependant, la décision est repoussée jusqu’au prochain scrutin général en mai 1935. En janvier de cette année-là, Caillon s’oppose au budget présenté par le maire radical et vote contre la diminution de l’indemnité de bicyclette au personnel communal. Il s’interroge sur le projet de création d’un nouveau cimetière près de la redoute de la Faisanderie, qui n’aura pas de suite. Il participe, toujours en janvier 1935 à un très vif échange, selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, entre la municipalité et quatre élus de droite, Béal, Caillon, Herluison et Lesestre à propos du dépassement de crédit dans la construction du magasin et des ateliers communaux. Ils obtiennent le renvoi en commission de ce dossier.

À suivre

La ferme de la Faisanderie, 1912

 

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20 janvier 2021 3 20 /01 /janvier /2021 00:01

Eugène Ernest Chauvin naît le 27 novembre 1880 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Henriette Geneviève Guichard et de son époux, Léon Frédéric Chauvin, peintre en bâtiment et marchand de bois et charbon.

Après la mort de sa mère, quand il a dix ans, Eugène Chauvin va très tôt se faire embaucher comme employé à la mairie de Joinville où il est employé avant ses quinze ans, en 1895. Effectuant son service militaire à partir de septembre 1902 dans l’infanterie, il est un an plus tard musicien puis démobilisé l’année suivante.

Confirmant ses goûts pour la musique, alors qu’il est devenu secrétaire général adjoint de la mairie, il épouse en mars 1905 à Auxerre (Yonne) une artiste lyrique, Marthe Henriette Beauvais, dont les deux parents exercent le même métier. Ils vivent d’abord dans le quartier du Centre, rue Molette puis rue du Viaduc, avant de traverser la Marne en 1909 pour s’installer à Polangis, avenue Jamin en 1909.

En octobre 1896, Chauvin prend part à la constitution d’une section de la société d’épargne-retraite, Les prévoyants de l’avenir. Il en est le secrétaire adjoint en janvier 1898 puis le secrétaire en février 1902. Il deviendra président de la section en avril 1923 au départ du fondateur, Maurice Watrinet, également ancien secrétaire général de la mairie.

Lors de la grande inondation de la Marne au premier trimestre 1910, Chauvin est mobilisé avec Eugène Doret et trois employés de mairie Guichard, Billard et Beaufils, ainsi que des dizaines de bénévoles, alors que le tiers de la superficie de la commune et sous les eaux, dont 53 rues sur les 89 que compte la cité. Les préaux des écoles sont changés en dortoirs. La mairie de Joinville est reconstruite et agrandie l'année suivante.

Pendant la première guerre mondiale, Chauvin est affecté à une section d’état-major mais est placé en sursis d’appel au titre de la mairie de Joinville, dans laquelle il restera pendant tout le conflit, gérant notamment de difficiles problèmes d’approvisionnement des familles et d’aides aux veuves et enfants de soldats.

Après le conflit, Chauvin participe, en janvier 1924, à la création d’un syndicat autonome des employés communaux de la Seine aux côtés de son secrétaire général, Michel Verrier, qui refusait « l’inféodation du syndicat CGTU au parti communiste ». Il devient secrétaire général au départ de Doret en 1926. Il part en retraite en 1935.

Présent dans de nombreuses structures locales, Chauvin est notamment trésorier adjoint de la caisse des écoles, trésorier général de l’Association philotechnique, organisme d’éducation populaire, et administrateur de la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de Joinville. Il poursuit son activité associative après la fin de son activité professionnelle. Eugène Chauvin participe en décembre 1938 à une souscription Pour le Noël des enfants espagnols, pendant la guerre civile qui frappe ce pays.

Eugène Chauvin meurt le 10 avril 1943. Son décès est transcrit sur l’état-civil de Joinville où il résidait toujours. Âgé de 62 ans, il était père d’une fille. Chauvin était titulaire de plusieurs décorations : la médaille d’honneur communale en juillet 1925 puis la médaille de vermeil en août 1939 ; les Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1926 puis comme officier de l’instruction publique en avril 1932 ; la médaille de bronze de la mutualité en février 1931 et ensuite celle d’argent en février 1935 ; enfin, il avait reçu la médaille d’honneur du courage lors de la Sainte-Barbe en novembre 1926.

 

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18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 00:01

René Marcel Chauvin naît le 15 mars 1887 à Nemours (Seine-et-Marne). Il est le fils de Jeanne Louise Patron et de son époux Louis Édouard Chauvin, maître serrurier.

Devenu tourneur mécanicien, René Marcel Chauvin s’installe à Paris (10e arr.), boulevard de La Chapelle. Il fait son service militaire dans l’artillerie à Orléans à partir d’octobre 1908. En novembre 1909, il est musicien dans son régiment jusqu’à sa démobilisation en septembre 1910.

En janvier 1911 à Paris (11e arr.), il épouse Pauline Sponcet, couturière. Ils vivent d’abord dans le 19e arrondissement, rue Secrétan, puis dans le 15e, boulevard de Grenelle.

En 1914, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord dans le quartier de Palissy puis dans celui voisin de Polangis, avenue Foch. Toujours mécanicien, Chauvin travaille pour la firme cinématographique Pathé, qui dispose d’une usine à Joinville dans ce même quartier.

Pendant la première guerre mondiale, René Marcel Chauvin est d’abord mobilisé dans l’artillerie, puis dans le train.

En juillet 1928, il est récompensé d’une mention honorable en tant que délégué de la Mutuelle du cinéma à Joinville-le-Pont. En 1931, il est établi à son compte comme loueur de taxi.

Consacrant ses loisirs au domaine musical, René Marcel Chauvin est, dès juin 1914, le directeur et chef de la Société symphonique de Joinville. Il exerce toujours cette fonction en 1935. L’association, qui a le soutien de la firme Pathé et de la municipalité, donne en principe un concert par an dans les locaux de la mairie ou dans un établissement touristique de la commune.

René Marcel Chauvin meurt le 7 février 1962 à Créteil. Il résidait probablement toujours à Joinville-le-Pont. Âgé de 74 ans, il avait un enfant. Sa fille Henriette avait épousé André Malcouronne, syndicaliste et militant communiste, premier adjoint au maire de Joinville à la Libération en 1944.

Les usines Pathé à Joinville

 

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16 janvier 2021 6 16 /01 /janvier /2021 00:01

Marcel Roque naît le 16 décembre 1893 à Paris (10e arr.). Il est le fils de Claire Joséphine Dive et de Gaston Roque, employé de commerce. En 1906, la famille est installée à Noyon (Oise) où le père est cordonnier et y réside toujours en 1913.

Devenu employé de chemin de fer, Marcel Roque est ajourné lors de sa convocation pour le service militaire pour faiblesse. Son ajournement est maintenu en 1914.

Il est cependant mobilisé pour la première guerre mondiale en septembre 1914. Incorporé au 106e régiment d’infanterie, il est cependant mentionné comme insoumis, une erreur qui ne sera rectifiée qu’en août 1916, après sa nomination en tant que caporal dans un régiment de chasseurs à pieds. Affecté brièvement en mars 1919 dans un régiment de génie, il est démobilisé en mai de la même année.

Travaillant pour la Compagnie des chemins de fer du Nord, puis, après la fusion des réseaux, pour la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), Marcel Roque vit à Paris, Aubervilliers et la Courneuve (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il épouse, en septembre 1919 à Paris (10e arr.) Marguerite Jeanne Héloïse Tellier.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, Marcel Roque est affecté spécial au service des chemins de fer dès septembre 1939. Il est démobilisé en février 1943.

Installé à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) en 1983, dans le quartier de Palissy, rue du 42e de Ligne, Marcel Roque fait partie des derniers anciens combattants survivants de la première guerre mondiale. À ce titre, il est décoré, en février 1996, à l’âge de 102 ans, en tant que chevalier de la Légion d’honneur.

Marcel Roque meurt le 30 décembre 1996 à Joinville. Il était âgé de 103 ans et père de trois filles.

Le quartier de Palissy à Joinville-le-Pont dans les années 1960

 

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