Suite de la biographie de François Boileau
Lors des élections municipales de mai 1900, s’il n’a de nouveau pas de concurrents à droite, le maire sortant Eugène Voisin fait face pour la première fois à une présence socialiste-révolutionnaire. Sa liste emporte cependant, dès le premier tour, les 23 sièges avec des scores élevés. François Boileau est réélu avec 625 voix, pour 1 096 électeurs inscrits.
Quand Jules Ferdinand Baulard décide de ne pas se représenter aux élections législatives de mai 1902, les radicaux décident de présenter Adolphe Maujan, qui réside à Saint-Maur-des-Fossés et fut déjà député de la Seine de 1889 à 1893. Boileau est le secrétaire de la réunion publique qu’il organise, sous la présidence de Baulard, en mars 1902. Elle est perturbée par une « bande de nationalistes », selon l’hebdomadaire radical Voix des communes, qui explique que c’est le conseiller municipal Raoult, qualifié « d’homme à tout faire des nationalistes », qui est à leur tête. En avril, Boileau fait partie des délégués de la commune de Joinville lors de la constitution du Comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, qui appuie le candidat radical. Maujan est élu de justesse, au second tour, après retrait du candidat socialiste.
Au sein du conseil municipal de Joinville, et contrairement à ses collègues radicaux, Boileau se prononce en juin 1902 en faveur de l’autorisation d’installation du des Sœurs enseignantes de la Providence. Cependant, le conseil municipal refuse leur présence par treize voix contre, cinq pour et une abstention. Se différenciant en cela des autres responsables radicaux de la ville (Demeestère, Baulard, Vaudémont, Rey…) Boileau n’est pas mentionné comme participants aux activités anticléricales.
Il figure cependant de nouveau sur la liste conduite par Eugène Voisin, en mai 1904 et qui assure avoir « une réprobation énergique du nationalisme et du cléricalisme » avec une adhésion au programme radical-socialiste. Ce choix provoque le départ de quatre conseillers, que les colistiers de Voisin qualifient d’adversaires de la République. Leur liste remporte 22 des 23 sièges à pourvoir. Boileau est réélu dès le premier tour, avec 629 pour 1 119 votants (56,2%) sur 1 363 inscrits. Baulard commente la réélection de la majorité radicale : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause ». Signe probable d’une certaine réduction de son influence, Boileau n’est désormais plus désigné comme électeur sénatorial.
La campagne municipale de mai 1908 dans une certaine tension. Outre la liste socialiste unifiée, soutenue par la SFIO, on trouve une liste du comité socialiste évolutionniste local, de composition hétéroclite et comprenant plusieurs personnalités libérales et conservatrices. Il y a aussi un candidat indépendant. Les candidats de la majorité sortante se présentent sous la houlette du comité radical-socialiste et assurent vouloir « une gestion sage et une administration prudente des finances de la commune ». Ils entendent « réaliser des économies, encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité » et s’opposent à de nouveaux impôts. Boileau fait partie des cinq élus dès le premier tour, la liste Voisin disposant de 21 sièges, contre un au comité évolutionniste et un indépendant. Boileau avait recueilli 688 votes pour environ 1 300 suffrages exprimés (53%) sur 1 613 électeurs inscrits.
Face au maire, malade, à son adjoint, Georges Briolay et au conseiller municipal Louis Rey, une fronde s’organise derrière le conseiller d’arrondissement Henri Vel-Durand. Elle trouve un appui auprès des socialistes mais également des libéraux et des conservateurs de la commune et provoque des incidents sur divers sujets, comme l’entretien d’un chemin communal, la discipline dans une école, le ramassage des animaux morts ou la gestion de la caisse des écoles. Boileau reste fidèle à Eugène Voisin et tente, auprès de la préfecture, de résoudre le problème de voirie qui empoisonne la vie locale.
Une grave inondation de la Marne place sous les eaux, au premier trimestre 1910, les deux-tiers des quartiers du bas de Joinville, dont celui où réside Boileau. Il fait partie de la commission chargée d’organiser le service des désinfections, mise en place mi-février au début de la baisse de la rivière, qui fournit du matériel aux évacués et les autorise, ou non, à réintégrer leur logement.
La crispation de la vie politique locale s’accroît au cours de la réunion de compte-rendu de mandat qui se tient en février 1911. En l’absence pour raison de santé du maire, ses adjoints Paul Villain et Briolay assurent la défense de la gestion municipale, vivement critiquée par les dissidents, les libéraux et les socialistes. À 23 heures, les conseillers municipaux qui, l’hiver, habitent Paris, demandent la permission de se retirer pour prendre leur train ; Boileau quitte alors la salle en compagnie de Guelpa, Roux, Nivelet et Rey. Leur départ est accompagné des cris de « Démission ! Démission ! », de la part des socialistes, évolutionnistes et libéraux. Les dissidents font voter un ordre du jour dénonçant « l’incurie administrative et la mauvaise gestion municipale » et réclamant la démission du conseil municipal, notamment celles de ceux « n’y résidant que pendant les rares beaux jours de la bonne saison » tels Roux et Boileau.
Le second semestre 1911 voit Boileau participer à une réunion d’hommage à Eugène Voisin. Il est membre de la commission qui prépare les inaugurations de la mairie et de deux ponts sur la Marne. Des élections partielles, organisées en octobre suite à la démission des dissidents, voient la victoire de ces derniers, qui sont réélus.
Le maire ne se représentant pas, le scrutin de mai 1912 voit s’opposer, derrière Briolay, la majorité sortante et trois listes, des dissidents radicaux, des libéraux et conservateurs et des socialistes SFIO, qui s’unissent au second tour et emportent la totalité des sièges. C’est le dissident, Ernest Mermet, qui est élu maire. La liste des candidats n’est pas connue.
Après 22 ans de mandat, Boileau ne siège plus au conseil municipal. Il conserve cependant une activité civique. Il est toujours administrateur de la caisse des écoles de Joinville. De plus, il exerce, la fonction de commissaire répartiteur, membre d'une commission, chargée de répartir les impôts entre les contribuables joinvillais.
Pendant la première guerre mondiale, Boileau est un informateur de Louis Rey, chroniqueur du journal radical Voix des communes.
François Boileau meurt le 14 avril 1917 à Paris (11e arr.), boulevard Beaumarchais ; il était officiellement domicilié à Joinville, avenue Gille. Âgé de 77 ans, il avait une fille. Pour son activité à la caisse des écoles de Joinville, il était décoré des Palmes académiques, en tant qu’officier d’académie en janvier 1906 puis officier de l’instruction publique en février 1914.
Fin
L'avenue Gille à Joinville
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