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2 août 2021 1 02 /08 /août /2021 00:01

Suite de la biographie de Stephen Durande

Le décès d’Henri Vel-Durand, en septembre 1928, fait que Stephen Durande devient maire par intérim et prononce le premier des onze discours des funérailles. À ce titre, il prononce également, selon l’hebdomadaire de centre-droit, Gazette de l’Est, une « oraison funèbre » lors de la séance de l’assemblée communale le même mois.

Pour compléter le conseil municipal, des élections municipales partielles sont organisées en octobre 1928. Comme lors du scrutin de 1925, elles voient trois listes : le centre-droit, avec le dirigeant sportif Émile Lecuirot, les communistes derrière Bénenson et le cartel des gauches, conduit par le radical-socialiste Briolay. C’est ce dernier qui emporte les trois sièges. Les communistes, quant à eux, avaient présenté une candidate, Mme Martin, dont les bulletins furent annulés, car les femmes n’étaient ni électrices, ni éligibles.

Pour l’élection du maire, les voix se sont réparties au premier tour : les deux adjoints, Stephen Durande et Provin ont chacun huit voix, Briolay en a trois et deux conseillers municipaux, Liou et Gillot en reçoivent une. Provin annonça ne pas être candidat et, au second tour, Stephen Durande a été élu par quatorze voix contre trois à Briolay et une à Liou. Deux élus n’avaient pas voté au tour initial, ils sont cinq à le faire au deuxième. Provin devient premier adjoint et Louis Caillon, second adjoint.

Le premier investissement d’importance du nouveau maire est de faire construire un nouvel hôtel des postes, rue de Paris, en face de la mairie, remplaçant celui du quai du Barrage, qui existait depuis le second Empire.

Lors des élections municipales de mai 1929, les prédictions des journaux divergent. Le Petit Parisien estime que Joinville-le-Pont fait partie des communes « où les éléments de gauche rivalisent d'efforts pour renverser les municipalités modérées ». Le Matin croit que « La municipalité sortante présidée par M. Stephen Durande, recueille, au cours de la campagne, une force nouvelle et ne semble pas menacée ». Pour L’Avenir «  La lutte sera circonscrite, à Joinville-le-Pont entre la liste du maire sortant, M. Stephen Durande, radical modéré, et une liste plus accentuée à gauche, à la tête de laquelle se trouve M. Briolay, conseiller municipal sortant, élu il y a très peu de temps, lors d'une élection complémentaire. Radical-socialiste, M. Briolay fait alliance avec les SFIO. Les deux listes arriveront avec un nombre sensiblement égal de voix. Aussi, est-il difficile de prévoir l’issue de la bataille. »

Les résultats du scrutin donnent, au premier tour, une avance à la liste de concentration républicaine, dont les candidats recueillent, en moyenne, 43% des suffrages exprimés quand les gauches républicaines suivent avec 36% et le Bloc ouvrier et paysan, du PCF, se situe à 16%, le solde se répartissant entre quelques radicaux indépendants, dont Liou et Gillot.

Le second tour marque, au contraire, un progrès des gauches, malgré le maintien des communistes. Avec 46%, les candidats conduits par Briolay emportent 22 des 27 sièges à pourvoir, le nombre de membres du conseil municipal ayant augmenté, tandis que la liste de Durande en a 5 avec 42%, mais lui-même est battu. L’extrême-gauche se tasse à 12%.

S’il cesse de jouer un rôle politique, Stephen Durande n’abandonne pas son activité publique à Joinville-le-Pont. En décembre 1930, il participe, avec les représentants des commerçants et la municipalité, à la formation d’un syndicat d’initiative. Il poursuit aussi sa présence dans les associations, notamment dans le club sportif USJ, dont il est réélu président entre 1930 et 1938.

Vers 1924, Stephen Durande avait acquis un petit château auprès du comte Charles de Goascaradec à Saint-Michel-des-Loups (Manche, act. Jullouville). Il versait à sa veuve, la comtesse Maria, ancienne couturière, une rente mensuelle de 200 francs et elle vivait dans une petite maison voisine, dans le hameau de Perrières, village de granitiers. Se croyant persécutée par le jardinier de Stephen Durande, Anatole Lebranchu, elle tire sur celui-ci en août 1934, sans l’atteindre. Elle a été arrêtée.

Stephen Durande meurt le 15 novembre 1951 à Joinville. Il était âgé de 76 ans et père de deux enfants.

Il avait obtenu, en mars 1925, une médaille d'argent pour actes de courage et de dévouement. Décoré comme chevalier du Mérite agricole en février 1914, il était officier depuis avril 1923 en tant que constructeur de matériel d'élevage et horticole. Pour services rendus à l’éducation physique, il avait obtenu les Palmes académiques entant qu’officier d’académie en mars 1926 puis comme officier de l’instruction publique en avril 1932.

Son épouse, engagée dans les œuvres sociales de la commune, avait obtenu une médaille d’honneur du grand prix humanitaire en décembre 1927.

Son premier fils a été appelé lui aussi Stephen Durande. Le second, Jean Stephen Durande fut récompensé, à l’âge de neuf ans, en 1924, pour avoir sauvé un camarade de la noyade en Marne.

Fin

Stephen Durande

 

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31 juillet 2021 6 31 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie de Stephen Durande

Revenu à la vie civile, Stephen Durande va prendre une part croissante dans la vie locale. Toujours président du Groupement de Polangis et Palissy, il répond à la proposition de fusion faite par l’Union des commerçants de Joinville, qui représente le vieux Centre, sur la rive droite de la Marne.

Sur le plan sportif, Stephen Durande est en octobre 1919 le président-fondateur de l’Union sportive de Joinville (USJ). Basé dans le restaurant familial Les Bibelots du Diable, quai Hector Bisson, le club est principalement axé sur la natation en Marne, mais comprend d’autres sections, comme le basket ou la marche. On retrouve dans l’exécutif de la société Pierre Bureau, entrepreneur de maçonnerie, socialiste indépendant, Georges Briolay, figure de proue des radicaux-socialistes ou Fernand Paraiso, petit-fils d’un esclave africain au Brésil, originaire du Dahomey (act. Bénin), officier de l’armée française et futur résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. En juillet 1921, Durande met à disposition de l’USJ un gymnase qu’il aménage sur un des sites de son entreprise, à Champigny-sur-Marne, route de Villiers. Le club procède également, en février 1927, à l’élection de la reine de Joinville.

Les élections municipales de Joinville-le-Pont, repoussées pendant le conflit mondial, sont organisées en novembre 1919. Durande figure sur la liste conduite par Henri Vel-Durand, adjoint au maire et, comme le maire sortant, Achille Mermet, radical dissident. Il s’est allié avec des socialistes indépendants et, effet de l’union nationale à l’œuvre pendant la guerre, avec les radicaux-socialistes officiels auxquels il s’était pourtant vivement affronté.

Le scrutin oppose la liste d’Union républicaine et sociale à celle du parti socialiste SFIO présente une liste conduite par Georges Laruelle, ainsi qu’au Bloc indépendant de la droite conservatrice et libérale, derrière Jules Beauvais. Les candidats de la majorité sortante obtiennent une moyenne de 44% des suffrages exprimés contre 30% aux socialistes et 26% à la droite. Durande recueille 798 voix sur 1 694 votes exprimés (47%) pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. La droite s’étant retirée, l’Union républicaine et sociale remporte le scrutin avec plus de 63% des voix et tous les sièges. Durand a 961 bulletins en sa faveur sur 1 518 (63%). Le soir du deuxième tour, Achille Mermet, décède ; même s’il ne s’était pas représenté, il était toujours le maire en fonction.

Henri Vel-Durand est élu maire, avec comme adjoints Julien Périn, socialiste indépendant (ex-SFIO) et Stephen Durande. Il est, avec Théophile Leteuil et la recette municipale, un de ceux qui sont chargés de reprendre les jetons de la monnaie de guerre émise Groupement des commerçants, industriels et habitants de Joinville, dont la valeur cesse en décembre 1922. Ils sont échangés à leur valeur faciale et permette aussi de régler les taxes municipales.

Critiqué par le maire, Henri Vel-Durand, qui lui reproche ses absences, le premier adjoint, Julien Périn, qui s’en défend, est démis de ses fonctions en septembre 1923. Durande est élu à l’unanimité à sa place, tandis qu’un autre socialiste indépendant, Léon Roux, devient deuxième adjoint. Rancunier, Périn attaque dans le journal radical Voix des communes : « Le 1er adjoint [Durande], (passé par de louches combinaisons) a gardé la présidence de la commission de la voirie qui revient au 2e adjoint. De grâce, quittez la voirie ! »

Les élections municipales de mai 1925 signent la rupture de l’union de 1919 avec les radicaux-socialistes et le rapprochement avec la droite conservatrice, ainsi que l’apparition d’une candidature communiste. Un cartel des gauches non communistes est initié par une section de la Ligue de la République. Voix des communes accuse le maire sortant d’être « un pilier d’église », qui « défend les intérêts des gros capitalistes ». Le journal radical critique l’atteinte à l’urbanisme que serait, selon lui, l’extension de l’usine Pathé qui « masqua une partie des bords de notre belle rivière, empoisonna l’air » ainsi que les Studios de cinéma : établissement « informe, hideux, moitié caserne, moitié cage à gorilles. »

La liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, conduite par Vel-Durand, attire un socialiste indépendant et un radical dissident, mais marque surtout le retour des représentants de la droite locale. Elle présente un programme revendiquant que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », souhaite le maintien de l’octroi, et propose des économies dans les dépenses budgétaires. Sa liste arrive largement en tête, avec 47,5% des voix au premier tour, loi devant le cartel des gauches à 28,4% et les communistes à 21,1%. Malgré le retrait de ces derniers, l’union de centre-droit remporte les 27 sièges à pourvoir au second tour avec 1 080 voix en moyenne, soit 47,5% des suffrages exprimés. Vel-Durand est réélu maire, Stephen Durande premier adjoint et François Provin prend la dernière place du bureau municipal.

Ayant conservé ses fonctions à la tête de l’Union sportive joinvillaise, Stephen Durande est également président de la Société symphonique communale en 1924. Il est réélu dans cette fonction jusqu’en 1927 au moins. Avec l’appui marqué des usines Pathé, elle organise dans un des restaurants de la ville plusieurs concerts chaque année, généralement en juin et autour de Noël.

En matière sociale, Stephen Durande devient vice-président de la section locale de la mutualité maternelle de Paris en mars 1924. Intéressé à la colombophilie, il avait participé en avril 1914 à l'exposition d'aviculture de Saint-Maur en présentant des pigeons Mondains et Carneaux. Il fonde en mars 1925 l’association Le Ramier de Joinville, qu’il préside. À ses différents titres, Durande joue un rôle dans l’organisation des fêtes des quartiers de Polangis et Palissy.

Continuant son activité professionnelle, Durande participe en mai 1926, à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine), au 12e Congrès de la Fédération des groupements industriels et commerciaux de la Région parisienne.

À suivre

Stephen Durande

 

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29 juillet 2021 4 29 /07 /juillet /2021 00:01

Début de la biographie de Stephen Durande

Henri Célestin Stephen L’Hôpital naît le 22 avril 1875 à Paris (1er arr.). Il est déclaré comme fils d’Antoinette L’Hôpital, artiste dramatique, qui vit rue du Faubourg-Saint-Martin, et d’un père non dénommé. Sa mère épouse en novembre 1897 à Joinville-le-Pont, où ils vivent alors, Étienne Claude Auguste Durande, dit Stephen Durande, également artiste dramatique et directeur de théâtre. Ce dernier reconnaît Stephen Durande junior comme son fils en juin 1894.

Son arrière-grand-père, Claude Auguste Durande (1764-1835), médecin, était chevalier de l'Empire puis baron en 1811. Il fut maire, de tendance légitimiste, de Dijon (Côte-d'Or) de 1806 à 1815 puis ensuite de 1815 à 1818. Jean Edme Durande, probablement son frère, avocat modéré, avait également été maire de la ville en 1794-1795. Une voie a été baptisée rue du Docteur-Durande dans l’ancienne capitale des ducs de Bourgogne. Il avait acquis le château Durande à Ahuy (Côte-d'Or), datant du XVIe siècle, qui fut en grande partie détruit par un incendie en décembre 1924 ; il n’appartenait alors plus à la famille.

À Joinville, la famille Durande vit rue de rue de Brétigny (act. rue du Président-Wilson), dans le quartier de Palissy. Ils exploitent, à proximité en bords de Marne, l'auberge des Bibelots-du-Diable, quai Hector Bisson (act. quai Gabriel-Péri), guinguette célèbre pour ses bals et concerts. En avril 1895, Stephen Durande sauve deux passagers d’un bateau, dont le navigateur s’est noyé ; le quotidien Le Petit Parisien remarque qu’ils « doivent la vie au jeune Stephen Durande, qui n'en est pas à son premier acte de courage et qui a fait preuve dimanche d'un sang-froid et d'une énergie qui lui ont valu les félicitations de tous ceux qui assistaient à ce sauvetage émouvant. »

Les Bibelots-du-Diable, à Joinville-le-Pont

En novembre 1896, Stephen Durande est dispensé de service militaire à cause de sa mauvaise vue. Sur le plan professionnel, il est serrurier. Il a monté une entreprise à Joinville, spécialisée dans les grilles et marquises, les clôtures pour parcs et châteaux. Il est également mécanicien agricole, constructeur de matériel d'élevage et horticole.

Le mariage de Stephen Durande avec Jeanne Gabrielle Lucot a lieu en avril 1900. Elle est voisine de l’auberge familiale du quai Hector-Bisson et fille d’un architecte des chemins de fer, militant conservateur dans la commune.

S’impliquant dans la vie locale, Stephen Durande prend la présidence du Groupement amical des industriels, commerçants et des habitants de Palissy-Polangis, les deux quartiers de la rive gauche de la Marne. Il s’implique, en 1909, dans une commission qui travaille sur un projet d’exposition nationale qui aurait pu se tenir à Joinville en 1910. Cependant, notamment du fait des graves inondations du début de cette année, le projet est abandonné.

En matière politique, Durande fait partie de ceux qui appellent à une réunion publique en juillet 1910 pour critiquer « l’incurie municipale » au sujet de l’entretien de la rue de Brétigny, abîmée par le passage des transports d’un entrepreneur depuis la Marne. à cette occasion, il se rapproche à la fois des libéraux, des conservateurs mais aussi des socialistes, qui ont trouvé ce moyen pour attaquer les radicaux-socialistes qui tiennent la mairie à ce moment.

Pendant la première guerre mondiale, si la forte myopie de Durande le rend toujours inapte au service armé, il est cependant affecté dans des fonctions auxiliaires, d’abord auprès du 9e puis du 19e escadron du train des équipages. En novembre 1915, il est détaché auprès de sa propre entreprise.

Il conçoit un système permettant aux chiens de livrer des soupes chaudes aux soldats du front dans des voitures adaptées. Il en entreprend la production, sur les plans de M. Hachet-Souplet. Un harnais épousant la forme du poitrail sur lequel est fixé un pivot mobile vient s'ajuster à un timon passant au-dessus leurs dos. L’Association pour le dressage du chien de guerre a fait établir des modèles de chariot à mitrailleuse se transformant en civière, des cuisines roulantes de tranchées, des paniers de ravitaillement, des tonneaux à eau. Elle recommande l’usage de la voiture de ravitaillement Durande. Ce dernier rejoint, en mars 1918 le 6e régiment de dragons. Il est démobilisé en mai 1919.

Le Groupement des commerçants, industriels et habitants émet des jetons, d’une valeur de de 20 ou 50 centimes, qui pallient le manque de liquidité du fait des opérations militaires. Frappés en aluminium, les jetons portent, à l’avers, les armes de la ville et au revers, la valeur en centimes, avec la mention du groupement et de la commune. La création de monnaies locales est répandue en France pendant la guerre, leur usage pouvant être interne à entreprise, étendu à une commune, à la circonscription d’une chambre de commerce voire à plusieurs départements comme en Provence.

À suivre

Jetons de monnaie de guerre à Joinville-le-Pont, 1918

 

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27 juillet 2021 2 27 /07 /juillet /2021 00:01

Étienne Claude Auguste Durande naît le 13 décembre 1841 à Valbenoîte (act. Saint-Étienne, Loire). Il est le fils de Clarisse Adèle Leclercq et d’Étienne Jules Durande, qi ne sont pas mariés. Son père est capitaine d'artillerie, attaché à la manufacture d'armes de Saint-Etienne. Il meurt peu après la naissance de son fils, en septembre 1842.

Son grand-père, Claude Auguste Durande (1764-1835) était chevalier de l'Empire, il est devenu baron en 1811. Il était médecin. De tendance légitimiste, il fut maire de Dijon (Côte-d'Or) de 1806 à 1815 puis ensuite de 1815 à 1818. Jean Edme Durande, probablement son frère, un avocat modéré, avait également été maire de la ville en 1794-1795. Une voie a été baptisée rue du Docteur-Durande dans l’ancienne capitale des ducs de Bourgogne. Il avait acquis le château d’Ahuy, à proximité, datant du XVIe siècle. Son fils et lui y moururent. Le bâtiment, qui portait également son nom, fut en grande partie détruit par un incendie en décembre 1924.

Le château Durande à Ahuy

Vivant avec sa mère à Saint-Vigor-le-Grand (Calvados), Auguste Durande y épouse Félicité Julie Martin en janvier 1860 à Bayeux, dans le même département. Ils s’établissent à Puteaux (Seine, act. Hauts-de-Seine), rue Saulnier, où Auguste Durande est mercier. Il se déclare en faillite en avril 1864, signe un concordat avec ses créanciers en novembre et sort de la procédure en janvier 1865.

Durande s’oriente ensuite vers le secteur du théâtre et adopte le prénom de Stephen. En 1870, il est administrateur du Casino-Grétry de Liège (Wallonie, Belgique), une salle de bal et de spectacles, théâtre et jardin d’été, ouverte en 1865.

Le Casino-Grétry de Liège

Devenu veuf, Stephen Durande se remarie à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en novembre 1879 avec Antoinette L’Hôpital, dont il avait eu un fils quatre ans plus tôt. Ils vivent dans cette commune, rue de Brétigny (act. rue du Président-Wilson), dans le quartier de Palissy.

Stephen Durande est rédacteur en chef d’un journal hebdomadaire politique et littéraire, Le Mousquetaire, entre 1883 et 1885. En avril 1883, il précise son orientation : « Le Mousquetaire personnifie le dévouement complet au Roi et l’obéissance aux ordres de ses représentants. (…) La bannière sous laquelle nous marchons est celle de Jeanne d’Arc ; le drapeau qui nous abrite est celui du Béarnais, père du peuple. (…) Vive le Roi ! ». Son journal est affilié à l’Union royaliste. Il cesse de paraître après dix-huit numéros et est remplacé en 1884 par L'Intérêt social, qui paraît également chaque semaine toujours avec Stephen Durande à la tête de la rédaction. Il est mentionné lors des funérailles du comte de Chambord en septembre 1883.

En matière théâtrale, Stephen Durande dirige la salle des Bouffes-Parisiens. Son épouse exploite à Joinville l'auberge des Bibelots-du-Diable dans le quartier de Palissy, quai Hector Bisson (act. quai Gabriel-Péri), célèbre guinguette, qui attire la clientèle parisienne le dimanche. Elle sert du vin, fait hôtel-restaurant, organise des bals et des concerts. Malgré une faillite en octobre 1892, ils peuvent en reprendre l’exploitation après un accord avec les créanciers en décembre.

Ayant constitué une troupe à son nom, la compagnie Stephen, Durande fait représenter lors des fêtes de Jeanne d’Arc à Bourges (Cher) en mai 1898 des tableaux vivants sur le drame historique de la Pucelle d’Orléans. Il appelle les habitants à pavoiser et illuminer.

Stephen Durande meurt le 9 mai 1906 à Joinville. Il était âgé de 64 ans. Son fils et homonyme sera maire de la commune après-guerre.

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25 juillet 2021 7 25 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Les élections municipales de mai 1925 actent la fin de la période de réconciliation d’Henri Vel-Durand avec la gauche, regroupée dans un cartel national et, au plan local, dans une section de la Ligue de la République. Voix des communes accuse Vel-Durand d’être « un pilier d’église », qui « défend les intérêts des gros capitalistes ». Le journal radical critique l’atteinte à l’urbanisme que serait, selon lui, l’extension de l’usine Pathé qui « masqua une partie des bords de notre belle rivière, empoisonna l’air » ainsi que les Studios de cinéma : établissement « informe, hideux, moitié caserne, moitié cage à gorilles. »

Pour ce scrutin, Vel-Durand constitue une liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, dans laquelle il attire un socialiste indépendant et un radical dissident, tout en s’alliant avec les représentants de la droite locale. Il présente un programme revendiquant que les lois de laïcité soient « appliquées sans rigueur et sans sectarisme », souhaite le maintien de l’octroi, et propose des économies dans les dépenses budgétaires. Sa liste arrive largement en tête, avec 47,5% des voix au premier tour, loi devant le cartel des gauches à 28,4% et les communistes à 21,1%. Malgré le retrait de ces derniers, le maire sortant remporte les 27 sièges à pourvoir au second tour. Il prend comme adjoint Stephen Durande et François Provin.

La Jeunesse républicaine, qu’il avait animée dans sa jeunesse, trouve toujours sa place à Joinville, avec un gala en son honneur en février 1926. Se plaignant des embouteillages dans sa ville les jours de courses hippiques dans les terrains de Vincennes et du Tremblay, Vel-Durand réclame en mai 1927 l’élargissement du pont de Joinville et la construction d’un nouvel ouvrage pour relier Polangis à Nogent-sur-Marne.

Une réunion de propagande des Jeunesses patriotes, mouvement de droite Pierre Taittinger, tient à Joinville une réunion en juillet 1927, en présence de Vel-Durand et Provin, pour dénoncer « la carence du gouvernement contre le communisme. »

Une des dernières manifestations publiques de Vel-Durand est la participation, en avril 1928, à l’assemblée générale de la Mutualité maternelle de Paris, importante association caritative locale.

Henri Vel-Durand meurt le 1er septembre 1928 à Joinville. Il siégeait au conseil municipal de la commune depuis 32 ans, dont 16 ans comme conseiller municipal, sept ans comme adjoint au maire et neuf ans comme maire. Âgé de 61 ans, il était père de deux enfants. Son fils Louis, repreneur de la charge de greffier, sera également un historien des environs de Vincennes.

Lors des élections municipales complémentaires qui font suite à son décès, une liste du cartel des gauches emporte les trois sièges à pourvoir, malgré le maintien des communistes au second tour, contre les candidats du successeur de Vel-Durand, son ancien adjoint Stephen Durande.

Décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en décembre 1897 et officier de l’instruction publique en janvier 1904, Vel-Durand avait obtenu en juillet 1887 la médaille d'or de la mutualité et en avril 1925 une médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement. En avril 1917, il a été fait chevalier de la Légion d’honneur, décoration qui lui a été remise par le général Robert Nivelle, commandant en chef des armées.

Pierre Champion, historien et maire de Nogent-sur-Marne, a fait un éloge d’Henri Vel-Durand au nom de l’Amicale des maires de la Seine. Il le qualifie de « collègue aimable, administrateur plein d’activité, d’expérience et de scrupule ». Il assure qu’en sa qualité de greffier de la justice de paix de son canton, depuis sa fondation en 1905, il était un conseiller juridique très écouté qui « savait trouver les solutions du bon sens, l’arbitrage équitable qui pacifie ». Champion le qualifie de « basochien », selon l’appellation en usage pour les professionnels de la justice. Il estime que c’est à sa croix de la Légion d’honneur, obtenue à titre militaire, qu’il était le plus sensible.

En hommage à son ancien maire, la commune de Joinville prend en charge son inhumation et baptise une de ses voies du quartier du Centre « rue Henri Vel-Durand. »

Fin

La tombe de Vel-Durand à Joinville

 

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23 juillet 2021 5 23 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Premier adjoint au maire de Joinville-le-Pont en poste, âgé de 47 ans, Henri Vel-Durand est mobilisé au début de la première guerre mondiale en sa qualité d’officier d’artillerie en août 1914 alors qu’il était en vacances à Arcachon (Gironde) ; il se met, de ce fait, en retrait de son mandat municipal et Watrinet est chargé de le suppléer. Il rejoint La Fère (Aisne) où il contribue à l’organisation des parcs d’artillerie. Il est blessé en novembre 1915 et évacué. Il reprend son poste en février 1916 puis est de nouveau blessé et hospitalisé à Fleury-sur-Aire (Meuse) en octobre 1917.

Bien qu’absent de Joinville, Henri Vel-Durand se solidarise, en février 1916, avec le maire Achille Mermet, mis en cause par le journal Voix des communes pour sa gestion des subsides versés par la société Bi-Métal pour aider les nécessiteux. Il participe à la vie locale pendant ses retours à Joinville, par exemple une conférence sur la marmite norvégienne en août 1917 ou le Noël des enfants préparé par la société de l’Allaitement maternel en décembre 1918.

Après sa démobilisation, Henri Vel-Durand, reprend son poste d’adjoint au maire de Joinville. Les élections municipales, qui avaient été repoussées pendant le conflit, sont programmées pour novembre 1919. Le maire sortant, Achille Mermet, ne se représente pas. C’est Henri Vel-Durand qui conduit la liste d’Union républicaine et sociale. Le contexte de guerre a favorisé un état d’esprit d’union nationale, qui fait que Vel-Durand prend sur sa liste, outre des radicaux dissidents, quelques radicaux-socialistes officiels, dont l’ancien adjoint au maire Georges Briolay ou Léon Roux. Il récupère également plusieurs socialistes, devenus indépendants après avoir rompu avec la SFIO, comme Julien Périn.

Par contre, le parti socialiste SFIO présente une liste autonome, conduite par Georges Laruelle, tout comme la droite conservatrice et libérale, sous le nom de Bloc indépendant, derrière Jules Beauvais. Les candidats de Vel-Durand arrivent en tête, avec une moyenne de 44% des suffrages exprimés contre 30% aux socialistes et 26% à la droite. Vel-Durand recueille 834 voix sur 1 694 votes exprimés pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. La droite s’étant retirée, l’Union républicaine et sociale remporte le scrutin avec plus de 63% des voix et tous les sièges. Vel-Durand recueille 949 suffrages.

Le soir du deuxième tour, le maire sortant, Achille Mermet, décède ; même s’il ne s’était pas représenté, il était toujours en fonction. Henri Vel-Durand est élu maire, avec comme adjoints Julien Périn et Stephen Durande.

Le mandat de Vel-Durand est marqué par deux importantes cures de la Marne, en janvier 1920 et surtout en 1924. La reconstitution des organismes économiques et sociaux de la ville débute par l’abandon de la monnaie de guerre, qui faisait partiellement office de substitution à l’absence de liquidités. Le Groupement amical des industriels, commerçants et des habitants de Palissy-Polangis naît en janvier 1920 sous l’égide de l’adjoint, Stephen Durande, suivie par l’Association des commerçants de la rive droite en novembre.

L’inauguration du monument aux morts de Joinville, en novembre 1922, sous la présidence de M. Paul Strauss, ministre de la Prévoyance sociale, tourne à la polémique. Vel-Durand avait accepté que l’avocat Oscar Bloch prenne la parole au nom de la Ligue des droits de l’Homme. Ferdinand Buisson, le président de la Ligue, lui avait assuré que son discours n’aurait pas de contenu politique. Mais Bloch évoque la France « dont les hommes ne veulent pas mourir pour la patrie, mais vivre pour elle », et fait référence à la Russie bolchevik. Vel-Durand lui arrache des mains les feuillets de son discours. À l'issue de cette cérémonie, trois cents communistes, porteurs d'insignes, pénétrèrent dans le cimetière puis se rendirent avenue Galliéni où ils chantèrent l'Internationale et manifestèrent aux cris de « Amnistie ! Amnistie ! ». La police les dispersa sans incident. Bloch fut réprimandé par le comité exécutif de la Ligue. Suite à son attitude, l’hebdomadaire satirique, le Canard Enchainé, lui attribue sa « noix dorée d'honneur. »

Le mois suivant, au contraire, le conseil municipal critique l’attitude du gouvernement trop laxiste envers les patrons boulangers, soulignant qu’il est bien plus sévère lors des manifestations de la classe ouvrière. Pour empêcher le patronat d’affamer la population, il met à l’étude l’installation d’une coopérative de boulangerie sous le contrôle du conseil municipal.

Alors que la gauche commence à s’organiser, autour des radicaux-socialistes et des socialistes SFIO maintenus, après le départ des communistes, Vel-Durand décide d’organiser son propre groupe politique. Un Comité d’union et d’action républicaines est lancé en avril 1923, rassemblant des républicains de gauche (groupement de droite), des radicaux et des socialistes indépendants. En septembre, Vel-Durand fait démettre son premier adjoint, Julien Périn, qu’il accuse de ne pas être présent. Ce dernier se défend avec véhémence dans la presse locale. Il est remplacé par Léon Roux.

Une réception en l’honneur des champions sportifs joinvillais est organisée en janvier 1924 à la mairie. On y célèbre notamment le marcheur François Decrombecque, l’international de football Philippe Bonnardel, le médaillé olympique d’aviron Georges Piot et le nageur Bébé Lavogade.

En octobre 1924, la presse nationale s’intéresse à un conflit entre les deux communes voisines de Joinville et Champigny. Le Matin déclare qu’elles « se déclarent la guerre » quand L’Œuvre assure que « Les gosses de Champigny sont indésirables à Joinville ». Le quartier de Polangis, réparti sur les deux communes, est isolé du reste de la ville de Champigny, qui n’y a pas d’équipement, quand Joinville a construit un groupe scolaire. Les habitants du quartier préféraient envoyer les enfants dans cette école, et il y en avait 87. La ville de Joinville demanda à la commune de Champigny de lui rembourser le montant des frais scolaires qu'elle avait déboursés, mais cette dernière refusa, prenant prétexte du fait que lesdits habitants contribuaient au commerce joinvillais en fréquentant son marché. En conséquence, Joinville revendiqua le rattachement du quartier à son territoire, ce à quoi Champigny s’opposa. Le maire Vel-Durand fit afficher que, désormais, il refuserait les enfants de Champigny, mais la mesure fut partiellement rapportée après une « grève de l'école ». Un siècle plus tard, le conflit persiste encore.

En février 1925, la mairie engage la construction d’un second bureau de poste.

À suivre

La rue Vel-Durand à Joinville

 

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21 juillet 2021 3 21 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Au sein du conseil municipal de Joinville-le-Pont, début 1911, la maladie du maire, Eugène Voisin, qui est en poste depuis 23 ans déjà, accélère les tensions entre ceux qui ont jusqu’ici fait partie de son équipe. En février, quatre élus radicaux de 1908 (Watrinet, Mermet, Vel-Durand et Arnaud) acceptent de déférer à une convocation du parti socialiste SFIO, transmise par son secrétaire, Émile Lebègue, pour rendre compte de leur mandat. Maurice Watrinet, entrepreneur de pompes funèbres et ancien secrétaire général de la mairie, indique qu’il a quitté le parti radical, et laisse entendre qu’il se présenterait aux élections municipales de 1912, sollicitant le soutien des socialistes pour espérer devenir maire. Achille Mermet, professeur de physique-chimie, déclare qu’il n’a pas quitté le parti radical, mais estime le maire trop âgé et lui demande de donner sa démission. Vel-Durand blâme la lenteur de l’administration municipale. Quand à Chéri Arnaud, sellier, personnalité du quartier de Polangis, il soutient ses collègues. Sont également présent dans cette réunion Théophile Leteuil, le représentant du comité socialiste évolutionniste de 1908 et l’avocat Louis Gallas, porte-parole de la droite. L’hebdomadaire Voix des communes assure qu’on aura, s’ils partent ensemble aux élections, « une épatante liste des maires, avec une demi-douzaine de prétendants à l’écharpe ». Un membre du comité radical-socialiste de Joinville écrit une lettre ouverte à Vel-Durand, s’inquiétant de son intervention : « vous m’avez produit une bien mauvaise impression. »

Toujours en février, le conseil municipal convoque lui aussi sa réunion de compte-rendu de mandat. Elle se déroule en l’absence du maire, malade, sous la houlette des adjoints, Villain et Briolay, du chimiste Rey, chroniqueur de Voix des communes, et d’Albert Gallas, pilier du comité radical-socialiste. Watrinet, Vel-Durand, Mermet et Arnaud font une entrée conjointe applaudis par les socialistes SFIO et les amis de Leteuil.

Parmi les sujets qui portent à polémique figure l’entretien d’une voie du quartier de Palissy, le chemin de Brétigny, dégradé par un entrepreneur avec lequel la municipalité est en conflit pour savoir qui doit payer les réparations. Les socialistes dénoncent « l’incurie et la mauvaise gestion municipale » et la « construction d’une trop belle mairie » alors que l’école maternelle est, selon eux, « dans un triste état ». Vel-Durand déclare qu’il est toujours radical, mais fait partie des conseillers qui combattent la municipalité. Il critique le dernier budget, mal rédigé d’après lui, qu’il a cependant voté. Après Watrinet, Arnaud assure qu’il donne sa démission du comité radical-socialiste et trouve le maire trop âgé, appelant à le remplacer.

Louis Gallas dans le Courrier libéral, se réjouit : « rien ne va plus au conseil. MM. Vel-Durand, Mermet, Watrinet et Arnaud sont dissidents et osent avoir des idées et des opinions sans demander l’autorisation du comité radical de Joinville. Ils ne veulent plus obéir servilement aux injonctions de la franc-maçonnerie ! Ils pactisent avec les [socialistes] unifiés ». Il assure que « la municipalité, par un défaut de cohésion, est incapable de gérer plus longtemps les affaires de la commune ; c’est que notre maire Voisin n’a malheureusement plus les forces nécessaires pour guider la trirème municipale. La démission collective du conseil municipal s’imposerait. »

Après la voirie, c’est un incident dans une école qui provoquer une vive crise au sein du conseil municipal. Rey reprend la dénonciation, par une mère d’élève, du comportement douteux de certains élèves de l’école de Polangis. Les quatre dissidents, rejoints par deux autres, l’artiste peintre Henri Poitevin et Jules Beauvais, critiquent la divulgation des faits et provoquent la suspension de la séance du conseil. Ils convoquent une réunion en soutien au directeur de l’école, accusé de complaisance. Au sortir de la réunion, ils manifestent devant le domicile de Rey, que la police vient protéger.

Les six dissidents démissionnent, ce qui a pour effet, du fait d’un autre poste vacant, de provoquer des élections municipales partielles. Pendant la campagne, les radicaux-socialistes soulignent la fragilité des convictions radicales des sortants, les qualifient de « Saxons » et assurent défendre l’école laïque contre « les abus et les scandales de tout genre ». Les six sont réélus, en compagnie d’un de leurs alliés, Richard-Cugnet, face à une liste conduite par René Martin, président de l’Union des commerçants, mais non explicitement estampillée du soutien des radicaux-socialistes. Les socialistes et les libéraux avaient renoncé à se présenter, pour soutenir les protestataires. Cependant, l’origine ethnique de Vel-Durand est toujours mise en cause, par exemple par le nationaliste Jean Contoux qui s’offusque que le radical « Rey a le toupet d’écrire que les libéraux et les nationalistes sont les amis de Weil-Durand [sic]. »

Un autre rédacteur de Voix des communes, A Deyres, commente la campagne d’Henri Vel-Durand, qu’il qualifie de « chef de bande ». Il serait « un de ces politiciens à la mode, comme on en rencontre beaucoup dans le firmament républicain : ‘Je travaille pour moi, les autres, je m’en f…’. Élu conseiller municipal puis conseiller d’arrondissement grâce à l’appui de Voisin. N’oubliait pas ses intérêts privés : devint greffier du tribunal de Nogent grâce à l’appui de Maujan. Vilaine campagne électorale en 1909 pour le poste de conseiller général, qui lui aliène l’estime de ses meilleurs amis ; mis en minorité dans sa commune même. Les élections sont un épisode d’un plan longuement préparé pour renverser l’honorable maire de Joinville et prendre sa place. Les électeurs ont à se prononcer entre 2 hommes, Voisin et Vel-Durand. Le corps électoral saura choisir entre l’homme qui l’a toujours servi et l’homme qui s’est toujours servi de lui ». Quand à Rey, qui assure « J’ai défendu Vel-Durand quand il était attaqué et qualifié de juif par le journal de Jean Contoux (…) Vel-Durand renierait son meilleur ami, s’il en avait, pour servir ses intérêts. »

La victoire, à une forte majorité, des dissidents est commentée par un dirigeant du parti radical, Paul Guelpa : « Leur réélection effacera-t-elle leur trahison ? Ils ne sont les élus que d’une fiction. Les dissidents sont les élus de la réaction avouée ». Rey, qui avait été pris pour cible personnellement, raconte : « On m’a fait un crime d’être franc-maçon ; je m’en honore. On avait sur le marché exposé un mannequin couvert d’emblèmes maçonniques qu’on devait ensuite brûler. C’est de l’intolérance. La peur du commissaire a empêché l’autodafé du bonhomme de paille. Je ne me suis pas occupé de la liste Martin, mais Mermet la qualifiait de liste Rey. Toute cette élection s’est faite sur une équivoque des mensonges et des appétits ; la coalition des unifiés, des réactionnaires et des nationalistes a été établie ». Constatant que l’affaire de l’école de Polangis avait été au centre des polémiques électorales, Rey considère le résultat comme « le triomphe de l’onanisme », espérant que « la morale reprendra bientôt ses droits. »

Avec un indépendant élu en 1908, les opposants sont désormais huit contre treize soutiens d’Eugène Voisin. Le comité radical-socialiste est, selon le journal du parti, en « désarroi » suite à la démission des conseillers municipaux qui en étaient membres. Le bureau démissionne et les convoque devant l’assemblée du comité. Accusé d’avoir fait une campagne équivoque haineuse, de mensonge, avec des attaques contre Briolay et Rey, Vel-Durand, critiqué par tous, assure « qu’en attaquant Rey il attaque celui qui voulait être le maître du conseil municipal et qui attaquait tout le monde ». Un radical anonyme oppose aussi les deux hommes en s’adressant à Vel-Durand « Nous estimons Rey comme un bon citoyen, désintéressé, esclave de ses convictions nettement républicaines. Vous n’êtes qu’un vaniteux et un envieux détestable. »

L’inauguration de la nouvelle mairie, en décembre 1911, est l’occasion de nouveaux affrontements. Les huit protestataires s’opposent aux crédits pour le bal et critiquent la cérémonie dans la Revue de Saint-Maur, dont Vel-Durand est un collaborateur. Rey rétorque que « Vel-Durand n’a jamais pardonné à Voisin de n’avoir pas été élu adjoint et conseiller général » et qualifie Beauvais et lui de « politiciens sans consistance, qui ne sont que des profiteurs et des marchands d’influence qu’ils ne possèdent pas ». Vel-Durand conteste l’exécution du budget 1911, estimant que Voisin en aurait été bénéficiaire, au travers de la location des mâts et tribunes du jour de la fête d’inauguration. Vel-Durand y participe cependant, en tant que président du Conseil d'arrondissement de Sceaux.

Les élections municipales de mai 1912 se déroulent dans un climat de forte tension, alors que le maire sortant ne se représente pas. Elles sont marquées par une manœuvre tactique originale. Les trois listes d’opposants, les libéraux de Dalbavie, ancien conseiller municipal, les socialistes de Lebègue et les radicaux dissidents concluent un accord de fusion pour le second tour, au prorata de leurs scores du premier, avec comme objectif de battre les radicaux-socialistes, conduits par l’adjoint au maire Georges Briolay. Le comité radical-socialiste de Joinville tente, en vain, de ramener l’union de ses membres. Le scrutin voit le succès de la coalition, composée de dix radicaux dissidents, sept socialistes et six libéraux. Contrairement aux libéraux, les socialistes ne participent cependant pas systématiquement à la majorité municipale et n’ont pas d’adjoint. Achille Mermet est élu maire, Henri Vel-Durand devient premier adjoint et le libéral Pierre Dalbavie, tailleur d’habits, est le second adjoint.

Une des premières décisions proposée par Vel-Durand au conseil municipal est de doubler le loyer de la maison louée par Rey à la ville, puis de lui donner congé. Leur adversaire au cours du scrutin de 1912, Briolay, témoigne : « Si vous m’accusiez de m’être employé à faire ramasser une veste à Vel-Durand à l’élection au conseil général, ne cherchez pas. Oui, c’est moi le coupable. Je le reconnais. J’avoue : c’est la récompense de sa trahison à la cause radicale-socialiste. »

Suite à son comportement lors des élections municipales, Henri Vel-Durand est exclu du Parti radical-socialiste par la fédération de la Seine. La presse locale commente l’évènement : L’Écho républicain estime qu’il a été « excommunié ». La Revue de Saint-Maur, journal où collabore Vel-Durand, considère que c’est à l’instigation des dirigeants locaux du parti radical, qui sont selon elle Briolay, Roux et Rey. Voix des communes se félicite que « la maison est maintenant propre, l’on ne risque plus d’y coudoyer les traîtres et les renégats ». L’Union radicale-socialiste de Saint-Maur écrit que « la situation politique [de Vel-Durand], anormale tout d’abord, était devenue scandaleuse et insupportable ». Le journal considère « qu’il était entré en lutte avec lui en s’alliant aux ennemis de notre parti aux élections municipales. C’était déjà une faute grave. (…) Ce que l’opinion ne lui pardonnera pas, c’est d’être resté au parti radical sans radicalisme. »

À suivre

Les glaces dans la Marne pendant l'hiver 1917

 

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19 juillet 2021 1 19 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

En prévision des élections municipales de mai 1908, le rôle d’Henri Vel-Durand augmente significativement. Le journal de droite, publié par Louis Nectoux, Le Travailleur français, lui prêt l’intention de présenter, avec de député Maujan, une liste de candidats à Joinville. le président du comité radical-socialiste réplique vertement à Nectoux que « C’est le comité radical-socialiste qui présentera sa liste, Vel-Durand en est membre ». L’hebdomadaire local de la SFIO, Tribune socialiste, parle d’un accord d’un accord entre la « liste Vel-Durand » et le comité d’action sociale, dirigée par Vernière, un cadre de la société cinématographique Pathé, plus gros employeur de la commune.

Au cours de l’assemblée plénière de l'Union des républicains radicaux-socialistes de la deuxième circonscription de Sceaux, qui se tient à Joinville en mars 1908, Vel-Durand interpelle la direction du Parti radical-socialiste au sujet de l'impôt sur le revenu, qui doit être introduit et dont la base « constitue un réel danger politique pour le département de la Seine » selon lui.

Le comité radical-socialiste, dont le maire sortant Eugène Voisin est le candidat, fait face à une opposition venant en partie de son propre camp, un comité socialiste évolutionniste, dirigé par Théophile Leteuil devant lequel la droite s’écarte ; une liste socialiste est également présente. Si Voisin et quatre de ses colistiers est élu dès le premier tour, ses autres soutiens doivent attendre le second tour ; l’adjoint au maire, Honoré Jullien, est battu. Henri Vel-Durand, loin de renouveler son score de 1904 l’emporte de manière modeste, avec 526 voix pour 1 188 votants (44%) sur 1 613 inscrits. Lors de l’élection de la municipalité, il obtient une voix pour le poste de deuxième adjoint, mais c’est Georges Briolay qui est élu. L’hebdomadaire radical Voix des communes indique que Vernière avait transmis le « mot d’ordre de l’usine Pathé » qui était « de voter contre Vel-Durand. »

En juin 1908, avec l’investiture des radicaux-socialistes, Vel-Durand est candidat au renouvellement de son poste de conseiller d’arrondissement du canton de Saint-Maur. Face à un socialiste indépendant et un candidat SFIO, il est très largement en tête au 1er tour avec 2 949 voix sur 3 933 votants (75%) pour 10 310 inscrits. Le second tour est une formalité, qu’il remporte avec 2 022 sur 2 216 votants (91%).

Dans le même canton, Vel-Durand est de nouveau candidat, en mai 1909, pour le poste de conseiller général, dont le rôle est bien plus important. Outre un socialiste, il a deux concurrents radicaux, les maires de Saint-Maur, Marin, et de Créteil, Geffroy. C’est Vel-Durand qui avait été choisi par le congrès radical-socialiste cantonal, mais les amis de Marin en avaient été exclus et Geffroy se présentait comme indépendant. Voix des communes remarque que, « à Joinville, Vel-Durand ne compte pas que des amis » et marque une préférence pour Marin, qui a pris l’engagement de se désister pour Vel-Durand s’il n’arrive pas en tête.

Le premier tour donne une légère avance, de 80 voix, à Vel-Durand. Marin refuse finalement de se retirer, malgré ses déclarations antérieures, se justifiant par le fait que Vel-Durand n’aurait pas pris un tel engagement. La Fédération de la Seine laisse entendre par son président, Bonnet, que « la décision de Marin lui paraissait motivée par des raisons sérieuses ». Après avoir objecté que, si « les fonctions de greffier de justice de paix et de conseiller général sont compatibles avec la loi », cependant « le cumul est contraire aux intérêts du canton » l’organe radical apporte un appui très formel : « Nous sommes respectueux de la discipline républicaine et demandons aux électeurs de faire leur devoir républicain. »

Lors du second tour, Vel-Durand est largement battu par Marin, recueillant  2 245 voix sur 6 044 votants (37%) contre 2 668 à Marin et 1 008 au socialiste Restiaux.

Contestant l’attitude de Marin, Vel-Durand demande son exclusion par le Comité central d’union et d’actions républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, attaquant aussi l’attitude du journal Voix des communes. Le chroniqueur de cet organe radical, A. Deyres, critique son attitude, assurant que « Vel-Durand fait partie des arrivistes pour lesquels tous les moyens sont bons ». Marin est exclu par la fédération de la Seine mais la commission de discipline, approuvée par le comité exécutif du parti radical-socialiste, se contente d’envoyer un blâme et annule l’exclusion de Marin et de son comité.

Lors des grandes inondations de la Marne au premier trimestre 1910, le quartier du Canal, où vit Vel-Durand, est envahi par les eaux. Un peu plus haute, la maison Vel-Durand sert de refuge et accueille 17 habitants forcés de fuir leurs demeures. Lui-même fait partie d’une des commissions de désinfection mises en place pour visiter les locaux inondés, et accorder la permission de réintégration, après l’évacuation des boues et des immondices. Il participe a l’organisation d’une loterie, pour recueillir des fonds en faveur des inondés.

Au sein du conseil municipal de Joinville, des tensions apparaissent après la fin de la mobilisation en faveur des inondés. En décembre, la rédaction du compte-rendu de mandat, qui doit être envoyé par le conseil municipal aux électeurs par la poste, est confié aux adjoints après que le chimiste Louis Rey et Vel-Durand aient refusé de le rédiger, suite aux critiques faites sur le précédent compte-rendu, jugé trop long. Rey souhaite qu’il soit soumis au comité radical-socialiste, dont 22 des 23 élus sont membres.

Début 1911, un nouveau journal de droite sur le canton de Saint-Maur, le Courrier libéral, soutient que le conseil est divisé en deux clans : celui qui suit le premier adjoint faisant fonction de maire (Paul Villain, le maire Eugène Voisin étant malade), l’autre qui a confiance en l’étoile de Vel-Durand. Le rédacteur, l’avocat Louis Gallas qualifie Vel-Durand de « juif. »

À suivre

Henri Vel-Durand

 

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17 juillet 2021 6 17 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Les élections municipales de mai 1900 voient le retour d’une compétition, avec des candidats présentés par le comité électoral socialiste-révolutionnaire. Cependant, toute la liste d’Eugène Voisin est réélue dès le premier tour, Henri Vel-Durand y compris. Il est nommé rapporteur du budget et secrétaire de toutes les commissions importantes (travaux, octroi, électricité). Il fait partie, en avril 1902, des cinq délégués de la commune au sein du Comité d’union et d’action républicaines de la deuxième circonscription de l’arrondissement de Sceaux, qui rassemble les comités radicaux-socialistes.

Deux mois plus tard, le Comité républicain radical-socialiste de Joinville se transforme en structure permanente, alors qu’il renaissait à chaque élection jusqu’ici. Vel-Durand est un des huit délégués du comité. Toujours en juin 1902, Vel-Durand est en compétition, pour l’investiture radicale-socialiste au conseil d’arrondissement, avec Émile Palade, ancien maire de Créteil, ancien conseiller d’arrondissement. Le directeur du journal radical Voix des communes, Gaston Meynet, commente : « Palade, très apprécié, très sincèrement républicain et libre-penseur, intelligent et rompu aux affaires. Vel-Durand, conseiller municipal de Joinville, caractère bienveillant, esprit élevé, intelligence ferme, convictions républicaines ». Il donne ensuite son sentiment : « M. Vel-Durand ferait certainement un très bon conseiller d’arrondissement. Toutefois, en la circonstance, je lui préfèrerais M. Palade, qui a fait ses preuves et vraiment avec quelqu’éclat ». C’est pourtant Vel-Durand qui est désigné et l’organe radical le présente alors comme « un enfant du pays (…) Républicain ardent, radical-socialiste ». Il recueille au premier tour 1 653 voix soit 57% des 2 894 votants pour 8 788 inscrits contre 1 121 à un candidat de droite, Camille Raoult, également conseiller municipal de Joinville. Il l’emporte au second tour par 1 631 voix contre 967. Commentant le fait que le scrutin avait été peu suivi, le journal écrivait : « Le Conseil d’arrondissement tient une place très modeste ».

Tentant une œuvre pédagogique, Vel-Durand publie en décembre 1902 une brochure, Le conseil général de la Seine et le conseil municipal de Paris. Il propose un rééquilibrage entre Paris et la banlieue au conseil général en augmentant le nombre d’élus de cette dernière.

Au sein du conseil municipal, Vel-Durand vote en juin 1902 avec la majorité des élus contre l’autorisation d’installation demandée par les Sœurs enseignantes de la Providence, à une époque où l’église n’est pas encore séparée de l’État.

Le scrutin municipal de 1904 confirme la montée d’une opposition de droite, dans un climat marqué par l’exacerbation de la question religieuse. Eugène Voisin s’affiche avec le programme radical-socialiste, sa liste assurant avoir « une réprobation énergique du nationalisme et du cléricalisme » au cours des réunions de compte-rendu de mandat tenues en avril. Elle assure combattre « la réaction » et les « adversaires de la République », dans lesquels le comité radical-socialiste range les quatre conseillers municipaux dissidents de la majorité sortante (Dalbavie, Raoult, Boivin et Moulinet). Avec quatorze autres de ses colistiers, Vel-Durand est réélu dès le premier tour, où il arrive en seconde position derrière le maire, recueillant 650 voix soit 58% des 1 119 votants pour 1 363 inscrits. La liste de droite a un seul élu, sur vingt-deux, tandis qu’une nouvelle fois, les socialistes-révolutionnaires n’emportent pas de siège. L’ancien député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard commente le résultat « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause. »

Une grande conférence du Parti républicain radical et radical-socialiste de la circonscription se tient à Nogent-sur-Marne en avril 1905 avec 600 participants. Comme conseiller d'arrondissement, Vel-Durand figure au bureau. On le retrouve à la fête républicaine de juin de la même année, qui se tient à Charenton. Il participe également à la conférence publique de novembre à Joinville du député radical-socialiste Adolphe Maujan, soutenant son appel « à l'union de toutes les forces républicaines contre la coalition réactionnaire et cléricale ». Toujours en décembre 1905 à Charenton, Vel-Durand fait partie des 800 militants des 24 comités radicaux et radicaux-socialistes qui approuvent la candidature de Maujan pour sa réélection.

Au sein de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux, réunie à Joinville en juillet 1907, Vel-Durand présente un rapport sur les rapports entre les comités et les élus. Dans la même ville, il participe en novembre au punch d'honneur pour Maujan, devenu sous-secrétaire d'État à l'Intérieur dans le gouvernement de Georges Clemenceau. Il siège, toujours à Joinville, au bureau de la même union qui réclame la création de fédérations départementales uniques au sein du parti radical.

À suivre

La maison d'Henri Vel-Durand à Joinville

 

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15 juillet 2021 4 15 /07 /juillet /2021 00:01

Début de la biographie d’Henri Vel-Durand

Henri Victor Louis Vel naît le 8 mai 1867 à Paris (6e arr.). Il est le fils de Marie Christine Émilie Claudel et de son époux Maurice Samson Louis Vel, avocat qui vivent rue Saint-André des Arts. Il porte les trois prénoms qui étaient ceux d’un frère né en 1865 et mort âgé de trois semaines ; la famille reproduira cette homonymie avec ses deux sœurs cadettes, la première ne survivant également que quelques jours. La famille s’installe à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), où Henri fréquente l’école communale. Ils vivent ensuite dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, dans le quartier du Parc, avant d’acquérir, en 1882, une villa qui restera sa résidence à Joinville-le-Pont, dans le quartier du Canal, à proximité de Saint-Maur. Elle porte d’ailleurs l’adresse d’une voie de cette dernière commune, la rue Saint-Honoré, qui prendra ensuite le nom de Maurice-Berteaux.

À l’instar de son père et de son oncle paternel Henry, préfet du Morbihan et du Nord puis conseiller d’État, il adoptera le nom de « Vel-Durand » qui était déjà celui de son grand-père Gaspard, fabricant de chocolat.

Le quotidien d’extrême-droite La Libre parole attaqua son père et son oncle du fait de leur origine juive. Ainsi, le journaliste antisémite Raphaël Viau menaça Louis Maurice Vel-Durand en mars 1896 parce qu’il avait osé critiquer Édouard Drumont, directeur du journal : « Nous engageons vivement ce vilain Youtre à être plus réservé à l'avenir dans son charabia judische. »

Devançant l’appel au service militaire, Henri Vel-Durand s’engage pour un an en novembre 1886 et est affecté au 15e régiment d’artillerie. Dans la réserve, il devient ensuite sous-lieutenant en février 1889, lieutenant en février 1898 puis capitaine en juin 1911.

Comme son père, Henri Vel-Durand fut d’abord clerc d’avoué puis devint avocat en 1889 et exerça à la Cour d’appel de Paris, où sa présence est attestée en 1896. Il devint, en janvier 1899, suppléant du juge de paix de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Conservant toujours son titre d’avocat à la cour d'appel de Paris, il prit en décembre 1901 la fonction de suppléant du juge de paix de Charenton (Seine, act. Val-de-Marne).

L’engagement dans la vie publique d’Henri Vel-Durand se manifeste dans différents domaines. Il préside en juillet 1887 la Société amicale et de prévoyance de la préfecture de police de Paris et en est toujours l’avocat conseil en février 1898.

Il est également membre de l’Union de la jeunesse républicaine, association d’éducation populaire créée, en 1882, sous le patronage de Victor Hugo. Il en est secrétaire en octobre 1896 ; le président est le député du Gard, Gaston Doumergue, futur président de la République. Dans le cadre de cette organisation, Vel-Durand donne des conférences, par exemple une en juin 1897 à Joinville sur la suppression des octrois, qui existaient à l’entrée de la plupart des villes, dont Joinville. En juin 1904, Henri Vel-Durand préside l’Union de la jeunesse républicaine et lance une souscription pour élever à Paris (15e arr.) une statue à Garibaldi. en 1926, il était toujours fidèle à l’association.

Même s’il n’a pas combattu encore, très sensible aux questions militaires, Vel-Durand est, en 1900, un des fondateurs de la 740e section de société des Vétérans, qui rassemble les anciens combattants de la guerre de 1870. Il en est le président, fonction qu’il exerce toujours en 1912. Il en reste membre en 1926, quand elle s’est élargie aux combattants de la première guerre mondiale.

Le mariage d’Henri Vel-Durand avec Antoinette Henriette Soudée est célébré à Paris (6e arr.) en avril 1899. Elle est la fille d’un architecte, inspecteur des travaux de la ville de Paris. Son oncle homonyme, alors conseiller d’État et commandeur de la Légion d’honneur, est témoin du mariage.

Quittant ses fonctions d’avocat et de suppléant du juge de paix, Henri Vel-Durand est nommé en octobre 1905, par décret du président de la République, greffier de la justice de paix de Nogent-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), nouvellement créée. Il verse une indemnité de cinquante-quatre mille francs au greffier de Saint-Maur qui couvrait précédemment l’ensemble du territoire. Son office est installé rue des Jardins. Il fut transféré dans la Grande-Rue après-guerre.

L’avocat Henri Vel-Durand s’implique très rapidement dans la vie politique de sa petite commune.

En mai 1896, alors qu’il est encore un inconnu pour beaucoup de ses concitoyens, et même les chroniqueurs de la presse locale, il figure sur la liste du maire sortant, Eugène Voisin, soutenu par le comité radical-socialiste. Sans concurrents, la liste du maire est élue intégralement dès le premier tour et Vel-Durand devient conseiller municipal. Il joue rapidement un rôle significatif, étant élu en juin 1897 délégué sénatorial, puis en janvier, avril et décembre 1899. En décembre 1893, il avait été désigné comme représentant de la commune dans une des commissions d'études de la Ligue Paris banlieue, celle chargée de l’éclairage.

À suivre

L'entrée de la maison de Vel-Durand à Joinville

 

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