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18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 01:01

Maurice Delphin naît le 25 février 1852 à Paris. Il est le fils de Marie Hubertine Neuville de de son époux Claude Antoine Delphin, originaire du Rhône.

C’est probablement lui qui, représentant de commerce, fait faillite en juin 1878 alors qu’il est domicilié rue Bleue à Paris (9e arr.). Il est l’année suivante employé de commerce et épouse, dans le 19e arrondissement, Julia Caroline Affran.

À partir de 1885, Maurice Delphin est journaliste au quotidien La France, repris en 1881 par l’industriel Charles Lalou, qui y impulse une ligne favorable au général Boulanger. Le premier article qu’il signe en août est consacré au service médical de nuit. Il se consacre aux sujets de société, et principalement faits divers. Cependant, il est également parfois mobilisé par l’actualité politique. Ainsi, en mai 1889, il accompagne le président de la République Sadi Carnot au cours de son voyage dans le Nord et le Pas-de-Calais.

En octobre 1886, Delphin a une altercation au théâtre du Château-d'Eau avec un certain Georges Legrand. Le 12, un duel à l'épée se tient dans le bois du Vésinet (Seine-et-Oise, act. Yvelines). Delphin est blessé à trois reprises, à la main gauche, au cou et enfin à la hanche droite, ce qui provoque l’arrêt du combat. La rédaction de La France estime que son état « est aussi satisfaisant que possible ». Le combat est décrit dans une vingtaine de quotidiens parisiens et dans plusieurs titres de province.

Vivant probablement alors à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Delphin s’implique dans la vie politique locale. Il participe à la préparation des élections municipales de mai 1888 au sein du comité radical-socialiste municipal et fait partie de la commission, présidée par Videpied, chargée de choisir les candidats pour une liste, constituée autour d’un conseiller municipal sortant, et qui regroupe des radicaux avec quelques socialistes-révolutionnaires. Elle fait face à la liste du maire sortant, républicain modéré, Gabriel Pinson.

Suite à une polémique touchant l’attitude d’Henri Buguet à l’enterrement du maire républicain modéré de Joinville, Gabriel Pinson, Delphin se bat à nouveau en duel avec un autre journaliste joinvillais, Henry Vaudémont, alias Gringoire, qui collabore à plusieurs quotidiens et hebdomadaires, dont l’organe radical-socialiste de la banlieue sud-est de Paris, Voix des communes. La rencontre a lieu le 17 juillet 1888, de nouveau à l’épée, dans le Bois de Vincennes. Cette fois, c’est Delphin qui touche Vaudémont au poignet droit.

Les adversaires se réconcilient ensuite. On retrouve Vaudémont et Delphin comme orateurs d’une réunion tenue, en janvier 1889 pour soutenir la candidature du président du conseil général de la Seine, le radical Jacques, contre le général Boulanger. La réunion adopte un ordre du jour proclamant « l’amour de la liberté et la haine du césarisme ». Boulanger l’emporte cependant.

Même s’il s’éloignera ensuite des héritiers du populisme boulangiste, Maurice Delphin remporte un revolver offert par le général Boulanger lors d’un concours de tir organisé dans les Villas-Palissy, un nouveau quartier de Joinville en septembre 1888.

Delphin est de nouveau mêlé à un duel que Buguet veut intenter à Vaudémont en octobre 1889, comme témoin du premier, mais Vaudémont refuse de se battre.

Relatant le sauvetage de deux pêcheurs, emportés par le courant de la marne vers le barrage de Joinville en août 1888, plusieurs journaux soulignent le courage de Delphin et d’Eugène Videpied, ouvrier lunetier, coopérateur et militant radical-socialiste dans la commune, tout en s’étonnant de l'ingratitude des rescapés.

S’intéressant aux questions de lutte contre l’incendie, Delphin crée dans son journal la Tribune des sapeurs-pompiers, rubrique hebdomadaire qui paraît en 1887-1888. En 1889, Delphin est rédacteur en chef de la Revue des sapeurs-pompiers.

Pour l’Exposition de sauvetage et d’hygiène qui se tient en 1888 au Palais de l’industrie à Paris, Delphin a été désigné commissaire de la section du matériel d’incendie.

En décembre 1888, Delphin est nommé membre du comité d'organisation du congrès international des officiers et sous-officiers des sapeurs-pompiers qui va se tenir en août pendant l'Exposition universelle de Paris en 1889. Il en est le secrétaire-trésorier.

À partir de juillet 1895 et jusqu’en juin 1896, le quotidien Le Radical reprend la Tribune des sapeurs-pompiers, sous la signature de Pierre Chapel ; il s’agit très probablement d’un pseudonyme de Delphin. On trouve la signature dudit Pierre Chapel dans le quotidien Le Siècle à partir de novembre 1896, peu après l’embauche en juillet de Delphin dans ce journal. Le pseudonyme sert alors pour des articles politiques. Quant à la Tribune, on la retrouve de nouveau dans La France en juillet 1897, sous la signature de Pierre Marcel, probable autre pseudonyme de Delphin. Elle cesse ensuite d’être publiée.

Après La France, Delphin rejoint un autre quotidien parisien à vocation plus politique, La Liberté, dirigé par Jules Frank. La plupart des articles ne sont pas signés. Il y est rédacteur en 1895.

À compter de 1896, la rédaction du journal Le Siècle accueille Delphin. Le républicain radical et libéral Yves Guyot dirige le journal. Delphin tient la rubrique de la Chambre des députés, signant son premier article en janvier 1896. Il y est encore en octobre 1901. Comme Guyot, Delphin s’engage en faveur du capitaine Dreyfus ; il signe un appel de protestation contre le jugement de Rennes de septembre 1899, se disant convaincu de l’innocence du militaire français.

En 1895-1897, Delphin est secrétaire de l’Association des Nouvellistes parisiens, groupement fondé en 1893 par Ambroise Barbereau et dirigée, alors par Georges Quatremain, du Petit Parisien. L’objectif de la société était de faciliter aux journalistes l'accomplissement de leur mission sans discrimination.

Divorcé de sa première épouse en novembre 1895, Delphin vit ensuite à Gagny puis à Neuilly-Plaisance (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis). En septembre 1901, à Dardilly (Rhône), Maurice Delphin épouse sa cousine germaine, Virginie Antoinette Delphin. Peu après, il quitte la presse pour s’installer au château de la Crépillère, dans sa commune de mariage. Il est recensé en tant que cultivateur en 1906.

Maurice Delphin meurt le 19 janvier 1921 à Dardilly. Il était âgé de 68 ans et père de quatre enfants.

Il avait été décoré de la médaille de sauvetage en juillet 1889 et était titulaire des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie depuis mai 1899.

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13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 01:01

Eugène Tilly nait le 4 décembre 1851 à Saint-Mihiel (Meuse). Il est le fils de Marie Vincent et de son époux François Eugène Tilly, entrepreneur de travaux publics.

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il exerce en 1879 la profession de cuisinier, probablement dans l’hôtel du quai Beaubourg exploité par Alphonse Demeestère, conseiller municipal de la commune et futur fondateur du groupe radical-socialiste local. Il épouse en octobre de cette année Émilie Guiard, employée de commerce, dont la famille réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés.

Se mettant à son compte, il acquiert le Café du Gaz, un hôtel meublé donnant sur la place du Marché, à l’angle des rues de Créteil et de Paris à Joinville. Le café est un lieu de retrouvailles pour les libres-penseurs de la commune et les radicaux-socialistes. Ainsi, il organise en 1888, 1891 et 1892, des « banquets gras » le Vendredi-Saint.

Pour l’élection municipale complémentaire organisée suite au décès du maire républicain, Gabriel Pinson, Tilly fait partie du « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », lancé par Ludovic Alexandre Cambier, qui soutient la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien. Gosset est élu, étant seul candidat, avec 75% des suffrages exprimés ; cependant, un autre radical-socialiste, Bleunard, qualifié de « rouge » dans la presse locale, bien que non candidat, obtient 25% des voix.

En janvier 1889, Tilly soutient la candidature d’Édouard Jacques, président du conseil général de la Seine lors de la législative partielle face au général Boulanger, populiste, qui remporte l’élection.

Il accueille un banquet cantonal radical-socialiste en juin 1890 et souscrit avec 260 autres personnes à Joinville « Pour les affamés de Carmaux » en septembre 1895.

En novembre 1897, Eugène Tilly vend son commerce et s’installe à Saint-Maur-des-Fossés où, après la mort en janvier 1898 de son épouse, il se remarie avec la sœur de cette dernière en juin 1899 à Saint-Maur. Antoinette Louise Guiard, qui fut plumassière, travaillait ensuite au café du Gaz de Tilly à Joinville. Pour ce remariage, les nouveaux époux obtiennent une dispense de parenté, signée du président de la République, sans doute Émile Loubet, Félix Faure étant mort en février.

Eugène Tilly meurt le 21 avril 1921 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 69 ans.

Le Café du Gaz à Joinville

 

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 01:01

Ludovic Alexandre Cambier naît le 30 mai 1841 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Virginie Louise Janny Morel et d’Antoine Joseph Cambier, architecte.

Son père fut conseiller municipal républicain de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) de 1874 à 1875, date de son décès. Lui-même s’installe dans cette ville, sans doute peu après la disparition de son père.

À l’instar de ce dernier, Ludovic Alexandre Cambier exerce la profession d’architecte vérificateur des travaux publics. Il épouse, en octobre 1872, Joséphine Marie Flippes, native du Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime).

Engagé dans la vie politique locale, Cambier prend part à la campagne pour les élections législatives de décembre 1885. L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes le présente ainsi « Cambier, le rempart de l’opportunisme et le cimetière des bocks ! »

Le 11 avril 1888, Cambier est élu membre d’un comité chargé de présenter les candidatures pour les élections municipales de mai ; il est confirmé dans ce rôle le 25 avril. La liste comprend des radicaux-socialistes et des socialistes-révolutionnaires. En opposition au maire sortant, Gabriel Pinson, républicain modéré, la liste de gauche obtint trois sièges au second tour (Diot, Demeestère et Vaudey) et Pinson fut réélu.

Le décès du maire, en juin de la même année, provoque une élection partielle en juillet pour laquelle Cambier patronne, au nom d’un « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien. Ce dernier est élu, étant seul candidat officiel avec (75%) ; cependant, un autre radical-socialiste, qualifié de « rouge » dans la presse locale, bien que non candidat, obtient 25% des voix.

En janvier 1889, Cambier soutient la candidature d’Édouard Jacques, président du conseil général de la Seine lors de la législative partielle face au général Boulanger, populiste, qui remporte l’élection.

Il participe de nouveau à la campagne législative de septembre 1889 qui voit, après l’abandon du scrutin départemental, la victoire de Jules Ferdinand Baulard, ancien conseiller municipal de Joinville et conseiller général du canton de Charenton, radical-socialiste, dans la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux.

Ludovic Alexandre Cambier meurt le 1er avril 1890 à Joinville, dans l’hôtel-restaurant tenu par Eugène Tilly, rue de Paris, un des points de ralliement des libres-penseurs. Il était toujours domicilié avenue Molette. Âgé de 48 ans, il avait eu cinq fils dont deux morts en bas âge. Son fils aîné, Antoine Cambier (1874-1939) a été chef de service à la préfecture de Paris, officier d’administration dans les services de santé de l’armée, responsable associatif à Joinville-le-Pont et chevalier de la Légion d’honneur.

Voix des communes raconte l’enterrement de Ludovic Alexandre Cambier : « Ce pauvre Cambier, mort subitement le 1er avril a été enterré civilement le jeudi 3. Une foule d’amis avaient tenus à accompagner à sa dernière demeure ce brave cœur, auquel on n’eût jamais reproché d’avoir manqué de franchise. »

 

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23 juin 2019 7 23 /06 /juin /2019 01:01

Théodore Jean Baptiste Létang naît le 11 octobre 1835 à Paris (2e arr.). Il est le fils de Clarisse Thérèse Stéphanie Prophétie et de son époux, Marie Christophe Létang, qui a fondé, l’année de sa naissance, une entreprise de ferblanterie produisant des moules à chocolat installée rue Saint-Denis à Paris (3e arr.). Théodore Létang travaille dans l’atelier familial, fondé en 1832, qui devient une société en 1866 dans laquelle il est associé avec son père. Elle prend le nom de Marie Létang et fils. L’activité a été transférée au 44, rue du Montmorency encore dans le 3e arrondissement.

En octobre 1860 à Paris (3e arr.), Théodore Létang épouse Joséphine Eulalie Feuillet, fille d’un coiffeur de Bordeaux.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Létang est capitaine au 54e bataillon de marche de la Seine. Il prend part notamment à la bataille de Champigny. Du 30 novembre au 2 décembre 1870, les combats qui se déroulent à Champigny-sur-Marne et Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) font 2 000 morts. Le pont de Joinville sur la Marne est détruit. A Joinville, c'est la plaine de Polangis, alors non urbanisée, qui est le lieu des affrontements.

Les établissements Létang fils et leurs moules à chocolat ont une réputation internationale. Ils obtiennent des médailles à l'exposition universelle de Philadelphie (1876), à celle d’Anvers (1885), de Paris (1889), de Bruxelles (1897) et encore à Saint-Louis (États-Unis) en 1904.

Marque de fabrique de Létang

Théodore Létang lui-même est membres de jurys ou de comités pour les expositions universelles de Paris (1878 et 1889), Amsterdam (1883), Anvers (1885), Barcelone (1888) et Chicago 1893).

Dans son arrondissement de résidence, Théodore Létang assume plusieurs responsabilités caritatives et associatives. Il est président de l’Harmonie municipale en 1894. Administrateur du bureau de bienfaisance de la mairie du 3e arrondissement en 1899, il est également délégué cantonal à Paris. La fonction, instituée en 1886, place des représentants de la laïcité et de la République auprès des écoles ; ils veillent aux conditions de vie et de travail des écoliers. En 1900, il est vice-président du patronage laïque de l’arrondissement et président du dispensaire municipal en 1904.

Cependant, c’est à Joinville-le-Pont, où il dispose d’une résidence secondaire, que Létang va s’engager dans l’action politique et dans une action associative auprès des anciens combattants. Il est candidat en mai 1888 sur la liste du maire sortant, Gabriel Pinson, républicain modéré, qui s’oppose aux radicaux-socialistes, qui ont fait alliance avec un groupe socialiste-révolutionnaire. La majorité sortante est reconduite, avec 17 sièges, dont 16 gagnés au premier tour, contre trois pour la gauche. Létang remporte 291 voix sur environ 550 suffrages exprimés (environ 53%) et intègre l’assemblée locale au premier tour.

En décembre 1889 Létang participe à la cérémonie en mémoire de la bataille de Champigny au pied du monument élevé dans la commune. Il prononce un discours, aux côtés des députés Jules Ferdinand Baulard, élu radical-socialiste de la circonscription et ancien conseiller municipal de Joinville et Mathieu Bizouard, de la Côte-d'Or.

Devant plusieurs milliers d’assistants, Théodore Létang s’exprime de nouveau au nom des anciens combattants, toujours à Champigny, en décembre 1890 pour la commémoration des vingt ans de la bataille.

L’année suivante, sous une pluie incessante, l’hommage patriotique regroupe une foule considérable que le quotidien Le Radical évalue à dix mille personnes. Létang est de nouveau chargé de faire une allocution. La manifestation se termine par un incident avec un groupe de boulangistes, qui tentent d’intervenir avec des slogans nationalistes et antirépublicains, mais sont finalement évacués.

Après le décès, en juin 1888, un mois après sa réélection, du maire de Joinville, Gabriel Pinson, son adjoint Eugène Voisin est élu. Il conduit une liste, en mai 1892, en alliance avec les radicaux-socialistes, à laquelle s’opposent une formation conservatrice conduite par Bocquentin et le docteur Barborin. La majorité sortante emporte 16 sièges au premier tour et 6, dont celui de Létang, au second, laissant un poste à l’opposition de droite. Avec une moyenne de 360 sur 639 suffrages exprimés, la liste Eugène Voisin avait recueilli environ 70% des votes.

Lors du scrutin suivant, en mai 1896, la liste Eugène Voisin n’a pas de concurrents. Tous ses candidats, dont Létang, sont élus au premier tour avec environ 800 voix pour 918 électeurs inscrits. Désigné à deux reprises comme électeur sénatorial en 1899, Létang joue un rôle politique plus affirmé.

Les élections du nouveau siècle, en mai 1900 sont également emportées au premier tour par la liste Eugène Voisin, qui fait face à un groupement socialiste-révolutionnaire. Létang obtient 560 voix pour probablement un peu plus de 800 votants.

Enfin, en mai 1904 Létang est élu pour la cinquième fois, dès le premier tour, sur la liste radical-socialiste d’Eugène Voisin, avec 585 voix (52,3%). La majorité sortante remporte 22 des 23 sièges, face à une liste conservatrice (1 siège) et à des socialistes-révolutionnaires. Son mandat se termine en mai 1908 et il n’en demande pas le renouvellement.

Théodore Létang meurt le 14 février 1909 à Paris (10e arr.). Son décès est relaté par au moins dix-huit quotidiens nationaux et plusieurs titres de province. Âgé de 74 ans, Théodore Létang assistait à la représentation de la Femme X... au théâtre de la Porte-Saint-Martin, pièce d'Alexandre Bisson, mise en scène par Louis Péricaud. Au moment où le rideau se levait, il s'est subitement affaissé dans son fauteuil, victime d’une affection cardiaque.

L’industriel avait deux enfants ; son fils, Léon Létang, poursuivit l’exploitation de l’entreprise familiale.

Titulaire des Palmes académiques, Théodore Létang était officier d’académie depuis juillet 1891 et officier de l’instruction publique depuis avril 1900.

Il avait fait une donation à la ville de Joinville, la chargeant d’offrir chaque année en prix annuel un livret de caisse d’épargne pour un enfant des écoles municipales. Son nom figurait sur la liste des 12 bienfaiteurs de la commune apposée dans la mairie agrandie en octobre 1911.

 

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 01:01

Charles Augros naît le 14 août 1857 à Montrouge (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est le fils de Silvie Clara Huguet et de son époux Silvain Augros, paveur.

La famille Augros vit ensuite à partir de 1863 à Paris (14e arr.) où Charles Augros est contremaître raffineur en 1890 puis comptable en 1894, année où il épouse, en janvier à Paris (13e arr.) Henriette Cholet.

Le couple s’installe ultérieurement à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il vit avenue Ratel, dans le quartier de Polangis.

Lors des élections municipales de 1919, Charles Augros est candidat sur la liste d’union républicaine et sociale, conduite par Henri Vel-Durand, adjoint au maire sortant. Elle rassemble des radicaux dissidents et des radicaux-socialistes, qui s’étaient opposés en 1912, avec des socialistes indépendants, qui se sont séparés du parti SFIO. La liste fait face à deux concurrents, des libéraux et conservateurs à droite, et les socialistes officiels à gauche. Charles Augros se rattache aux radicaux-socialistes, dont Georges Briolay, futur maire, est le dirigeant.

En novembre 1919, lors du scrutin communal, Augros obtient au premier tour 741 suffrages pour 1 694 exprimés (43,7%) sur 1 715 votants et 2 491 inscrits. Au second tour, il recueille 971 votes pour 1 518 exprimés (64%) sur 1 537 votants, la liste de droite s’étant retirée. Toute la liste est élue et Henri Vel-Durand devient maire, succédant à Ernest Mermet, qui était maire et meurt le jour même du scrutin de second tour.

Augros est délégué cantonal, une fonction créée en 1886 pour instaurer des représentants de la laïcité et de la République auprès des écoles, veillant aux conditions de vie et de travail des écoliers. Au sein du conseil municipal, il s’intéresse particulièrement aux questions scolaires.

En mars 1923, avec les autres radicaux-socialistes, les premiers socialistes SFIO comme Berthet et des socialistes indépendants, à l’instar de Graillat et Caperon, Augros participe à la constitution de la section de Joinville de la Ligue de la République, structure qui se veut « un groupe de tous les partis de gauche pour faire échec à la réaction ». Caperon en est le président et Augros le vice-président. En décembre, la section décide, en vue du prochain scrutin municipal, qu’elle « apportera son appui aux candidats de gauche qui accepteront son programme minimum. »

Après la démission du premier adjoint, Julien Périn (socialiste indépendant), Augros intègre le bureau municipal comme troisième adjoint en février 1924.

Peu avant le renouvellement du conseil municipal, un scrutin sénatorial permet de mesurer le rapport de forces au sein des élus sortants. Si Girot recueille 15 voix, venant des deux groupes, les autres s’opposent ; les élus de la majorité, dont le maire Vel-Durand et Caperon (qui abandonne la Ligue de la République), sont élus délégués avec 8 à 9 voix. La liste du cartel des gauches, sur laquelle figurent notamment Briolay, Graillat et Augros, est battue avec 6 à 7 voix.

Au cours du vote, en mai 1925, Augros est probablement candidat sur la liste du cartel des gauches, conduite par Georges Briolay, qui recueille une moyenne de 648 voix (28,4% des suffrages exprimés), derrière l'Union républicaine d’Henri Vel-Durand, qui a rallié les libéraux et conservateurs (1 080 votes, 47,5%) et devant les communistes (480 voix, 21,1%). Au second tour, malgré le retrait des communistes, les radicaux-socialistes sont battus et n’ont pas d’élu.

Vers 1923, Charles Augros préside la Mutualité scolaire de Joinville, une des principales sociétés de secours mutuels de la commune, assurant une couverture maladie aux parents et préparant à la retraite les enfants.

Il est également, jusqu’à son décès, administrateur du bureau de bienfaisance communal.

Charles Augros meurt le 3 décembre 1933 à Joinville. Il était âgé de 76 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Il avait été décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en août 1923 et en tant qu’officier de l’instruction publique en avril 1932.

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13 juin 2019 4 13 /06 /juin /2019 01:01

Paul Gaubert naît le 12 novembre 1881 à Valenciennes, Nord. Il est le fils d’Élise Maria Douchy et de son mari Étienne Gaubert, professeur d’académie de musique.

À l’âge de 18 ans, Paul Gaubert s’engage dans l’armée pour quatre ans. Il intègre le 1er régiment d’infanterie et devient sergent en janvier 1902. Après la fin de sa période, il intègre en avril 1904 l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent (Deux-Sèvres). Il en sort en avril 1905 comme sous-lieutenant 67e au 67e régiment d’infanterie.

En avril 1909 à Valenciennes, Paul Gaubert, alors domicilié à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine), épouse Madeleine Jeanne Joséphine Simonet.

Devenu lieutenant en avril 1907, Gaubert est nommé en novembre 1909 instructeur à l’École normale de gymnastique et d’escrime, dite École de Joinville, située dans le Bois de Vincennes, sur la commune de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Le couple s’installe dans la ville voisine de Saint-Maurice, rue de Presles, puis à Joinville, dans le quartier de Palissy, avenue Gille.

Dans un article paru en juin 1913 dans l’hebdomadaire La vie au grand air, Gaubert présente sa conception en matière éducative « l'entraînement n'est pas uniforme : chaque catégorie d'élèves a son entraînement particulier ». Pour la formation des moniteurs, qui devront ensuite intéresser les jeunes, la méthode de Gaubert fait une large place aux jeux, rompant avec une tradition axée sur la gymnastique pure.

Pendant la première guerre mondiale, Gaubert retrouve l’infanterie au 123e RI. Il devient capitaine en février 1915. Au cours des combats, il est blessé deux fois en septembre 1914 et en mai 1915, ce qui lui vaudra une reconnaissance d’invalidité de 10%.

Gaubert participe à de nombreuses opérations de guerre, comme en 1914 la retraite de Charleroi, la bataille de Guise, l’offensive de la Marne et la bataille de l’Aisne ; en 1915 la bataille d’Ypres et l’offensive de l’Artois ; en 1917, l’offensive de l’Aisne ; enfin en 1918, les combats de Verdun-Les Chambrettes et autour d’Amiens. Cette dernière année, il est affecté en octobre à l’état-major de la 18e division d’infanterie.

Son comportement pendant la guerre lui vaudra quatre citations : à l’ordre de la brigade en septembre 1914 pour le combat de Montceau-lès-Provins ; à l’ordre de la division en mai 1915 ; à l’ordre de l’armée en octobre 1916 ; à l’ordre du corps d’armée en mai 1917.

Après la fin du conflit, Gaubert est de nouveau affecté à l’instruction et l’entraînement physique, d’abord comme chef de section subdivisionnaire pour les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise. Il a alors en charge les établissements de Corbeil, Étampes, et Rambouillet. Il retourne à l’École de Joinville après sa réouverture et en est le trésorier en 1921.

Nommé chef de bataillon (commandant) en avril 1928, Paul Gaubert est de nouveau dans l’infanterie, au 46e RI. En octobre de cette année, il doit rejoindre les troupes du Maroc. Cependant, en novembre, il est de nouveau affecté à l'état-major de l'infanterie. Il quitte l’armée en mars 1930 après 30 ans de service.

Résidant toujours à Joinville, il est installé d’abord quai de la Marne, ensuite dans le quartier de Palissy (avenues Gille puis Galliéni) et enfin vers 1930 chez la veuve de l’ancien maire Ernest Mermet, Émilie Mermet, née Quirot, héritière d’un des fondateurs de l’école du Parangon et présentée comme sa marraine.

Comme son père, Paul Gaubert s’intéresse à la musique. Il fonde en 1912 une chorale dans l’École de Joinville. Lors de la fête du 46e RI à la caserne de Reuilly en juin 1926, il fait représenter une revue musicale en trois actes de sa composition, En revenant de Mailly. Il est membre du bureau de la Chorale municipale de Joinville en décembre 1930.

Après avoir quitté l’armée, Gaubert est employé par l’entreprise Vandevalle, qui gère des chantiers et constructions pour la Ville de Paris. Il y a des responsabilités commerciales aux achats.

Lors des élections municipales de mai 1935, Paul Gaubert rejoint la liste des Gauches républicaines du maire sortant, Georges Briolay, qui a le soutien des radicaux-socialistes et de socialistes indépendants. La liste plaide sur ses réalisations, assurant avoir fait d’importants travaux d’amélioration et d’embellissement mais attribue la hausse des impôts locaux à « l’aggravation des charges imposées à la commune (contingent, chômage, moins-values sur les recettes). »

Pour le nouveau mandat, la liste radicale propose l’amélioration de la voirie et des transports ainsi que l’installation d’un éclairage public. Elle souhaite faire pression auprès des pouvoirs publics pour la réalisation de grands travaux (élargissement du pont de Joinville, suppression du passage à niveau) et la création d’un fonds national de chômage. Elle propose la création d’un nouveau groupe scolaire à Polangis.

Au premier tour, Gaubert obtient 756 suffrages sur 2 856 exprimés (26,5%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits. Au deuxième tour, il reçoit 549 votes sur 2 899 exprimés (18,9%) pour 2 924 votants. La liste radicale (26,8%) est devancée au premier tour par la droite de l’Union des républicains (32,6%). Elle est dépassée au second tour par la liste de Front populaire regroupant les communistes et les socialistes SFIO et n’obtient aucun siège. Le nouveau maire est Léon Lesestre (droite).

Paul Gaubert était en 1937 et 1938 président de la Société amicale des isolés, une société de secours mutuels gérant une mutuelle-retraite des anciens combattants et victimes de la guerre de France et d'outre-mer.

Appartenant à la franc-maçonnerie, Paul Gaubert est mis en cause publiquement à deux reprises à ce titre. En juin 1914, le quotidien d’extrême-droite La Libre parole mentionne qu’il est affilié à la loge Germinal de Joinville, dans laquelle on retrouve plusieurs officiers de l’École de Joinville comme le capitaine Paul André Giansilj (1880-1914).

On retrouve son nom sur une « Liste des dignitaires (hauts gradés et officiers de loges) de la franc-maçonnerie » publiée au Journal officiel le 6 septembre 1941, Paul Gaubert étant signalé comme membre de la loge Pro Solis.

Paul Gaubert meurt le 3 novembre 1949 à Joinville. Il était toujours domicilié au 60, rue de Paris et était âgé de 67 ans.

Pour ses activités civiles et militaires, Paul Gaubert a reçu de nombreuses décorations : les Palmes académiques comme officier d’académie en mars 1911 ; la médaille d'argent de l’Union des sociétés de préparation militaire de France en août 1912 ; le Mérite agricole en tant que chevalier en février 1914 ; la Croix de guerre française avec palmes en octobre 1916 ; la Croix de guerre belge en avril 1920 ; la médaille d'or de l’Éducation physique en janvier 1934 ; le Mérite social comme chevalier en septembre 1937 ; la Légion d’honneur comme chevalier en octobre 1916 puis officier en juin 1937.

 

 

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16 mai 2019 4 16 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

L’influence d’Alphonse Demeestère est attestée par plusieurs témoignages.

Gaston Meynet, qui fut maire radical-socialiste d’Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne) considère que Demeestère était « l’honneur et l’orgueil » de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux. Selon Meynet, « nul n’apporta jamais, dans la vie privée et dans la vie publique, plus de simplicité, de dignité, de bonté et de désintéressement que ce militant intègre, dévoué de la République et des réformes sociales (…) passionné de justice et de solidarité. Il était l’âme de l’Union des radicaux-socialistes du canton de Charenton, dont il avait été un des fondateurs, et dont il fut, pas sa puissance d’attraction, le président perpétuel ». Meynet décrit ses convictions : il était républicain, socialiste, libre-penseur. Il estime qu’il « fut le chef vénéré et incontesté de notre grande famille démocratique de la deuxième circonscription. »

Henry Vaudémont, journaliste et militant radical, critique à son égard au début des années 1880 devint ensuite un de ses plus proches compagnons. « Demeestère ne fut point un médiocre, loin de là. Il fut un modeste, ce qui est fort différent. Jamais, en effet, Demeestère n’eut d’autre ambition que de défendre ses idées et son parti. Ses idées on les connaît : ce sont les grandes idées démocratiques d’incessant et rapide progrès, l’expérience scientifique opposée à la révélation divine, le droit humain proclamé et opposé triomphalement à cette immense et infâme fumisterie qui a nom droit divin. Son parti, c’est le parti radical-socialiste ; il en était dès 1848 : il en resta jusqu’à sa mort, toujours à l’avant-garde, toujours sur la brèche. (…) Demeestère, en ces temps-là [trois ans de lutte contre le césarisme] marchait non seulement avec nous, mais en tête de nous tous, président de l’Union des radicaux-socialistes de la circonscription de Charenton, il multipliait les convocations, faisant lui-même fonction de secrétaire et de trésorier pour avancer l’argent des affiches et de la location des salles. Et pour rien au monde, il n’aurait manqué une de ces réunions où sa haute stature, sa barbe et ses cheveux blancs lui donnaient une autorité dont les plus stupidement buttés subissaient l’influence malgré eux. »

Vaudémont continuait : « Pendant que ce vieillard multipliait ses efforts grâce auxquels la banlieue dut de garder un coin de terre non souillé par les pitres à la Laguerre et à la Mermeix [responsables boulangistes], combien se pelotonnaient tranquillement sous leurs couvertures se disant : faut-il être bête pour s’occuper de politique par le temps qui court. De quelque côté que ça tourne, je saurai bien toujours me retourner ! »

« Demeestère était un de ces hommes tout d’une pièce, qui ne changent point, ne reculent jamais d’une semelle et ne se déplacent que pour marcher de l’avant. Tel il était à 20 ans, tel il était à 60, libre-penseur, athée, partisan de tous les progrès et toujours sur la brèche, pour aider à la conquête d’une liberté ou lutter contre un danger menaçant cette République, qui lui était aussi chère que la vie. Ce n’était pas que ses moyens fussent puissants : Demeestère n’avait point une instruction transcendante ; mais il avait beaucoup lu et du d’Helvétius, du Diderot, du Voltaire, du Jean-Jacques Rousseau, du Voney, du P-L. Courier, du Michelet, du Louis Blanc de préférence au Paul de Kock. »

« Il n’était pas riche non plus. (…) Cependant, s’il fallait de l’argent pour publier une circulaire, pour des affiches et convoquer une réunion publique, Demeestère se trouvait toujours là, à point nommé. Il rédigeait et envoyait les convocations personnelles, arrêtait la salle, disposait tout et ouvrait la séance. Il était là le premier et partait le dernier. Je l’ai vu, car j’étais à ses côtés, revenir de Charenton à Joinville à 1h du matin, avec Thime, le bottier, et moi, par un pied de neige. Demeestère avait alors 70 ans (…) Il fut (…) un de ces divisionnaires auxquels on doit une bonne part de la victoire. »

Fin.

Le pont de Joinville en 1885

 

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14 mai 2019 2 14 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Au cours des élections municipales de mai 1892, Demeestère est de nouveau candidat, sur la liste du maire Eugène Voisin qui a le soutien des radicaux-socialistes. Face à une liste de droite, conduite par Barborin et Bocquentin, Demeestère n’arrive au premier tour qu’au 25e rang des candidats alors qu’il y a 23 sièges à pourvoir, avec 249 voix pour 639 suffrages exprimés (39%) et 644 votants. Il est cependant élu au second tour, du fait du retrait de la liste conservatrice.

Henry Vaudémont explique la contre-performance de Demeestère par « les petits papiers anonymes », alors qu’il considère qu’il est « l’un des plus travailleurs du conseil. »

En juillet 1893, toujours en compagnie de Vaudémont, Demeestère adhère au Congrès des conseillers municipaux socialistes qui se tient à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Pourtant, la division entre les socialistes et les radicaux commence à devenir nette, et la présence de radicaux à ce congrès étonne. En août, il prend la présidence du comité qui soutient la réélection de Baulard au poste de député.

Alphonse Demeestère meurt le 5 février 1894 à Joinville-le-Pont, à l’âge de 77 ans. Il siégeait depuis 14 ans au conseil municipal. Il est incinéré lors de funérailles civiles au cimetière du Père-Lachaise à Paris, en présence d’un grand nombre d’amis, de citoyens du canton, de libres-penseurs et de radicaux. Ces cendres furent ramenées au cimetière de Joinville.

Pour lui rendre hommage, Théodore Brisson-Joly, qui fut conseiller municipal de Paris, conseiller général de la Seine et conseiller d’arrondissement, propose en novembre 1894 de baptiser une rue de Joinville et de Champigny, la rue des Ormes-Grande-Allée, du nom de Demeestère. L’idée est reprise par Vaudémont, qui fait signer une pétition auprès de 79 personnes, mais le conseil municipal ne donne pas suite.

L’enterrement de la veuve de Demeestère, Philiberte Jojot, décédée le 21 août 1902, sera l’occasion d’un dernier hommage public au couple, qui avait été marié plus d’une cinquantaine d’année. Un de ses petits-fils, Henri Doret, fut secrétaire général de la mairie de Joinville-le-Pont, puis, après sa retraite, conseiller municipal radical-socialiste de Joinville-le-Pont (1929-1930).

À suivre.

Eugène Voisin

 

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12 mai 2019 7 12 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

En janvier 1891, Alphonse Demeestère annonce sa démission du poste de président de l’Union des radicaux-socialistes du canton de Charenton, qu’il exerçait depuis cinq ans. Il invoque son âge, 74 ans, en précisant que si ce travail n’est pas au-dessus de ses forces à cette date, il craint qu’elles ne le trahissent. Il soutient également que « dans l’intérêt du groupe et aussi au point de vue démocratique que la présidence ne s’éternise pas dans les mêmes mains. »

À sa demande, la lettre de démission est publiée dans le journal Voix des communes. J. Menu, de Saint-Maurice, est élu président : il rend hommage, en mars, à son prédécesseur : le « sympathique citoyen Demeestère, qui jouit, vous le savez, de l’estime et de la considération de tout le monde sans exception, parce que le citoyen Demeestère, par son esprit conciliant, son aménité parfaite, a su inspirer à nos adversaires le respect de ses convictions franchement républicaines ». Dans ses remerciements, Demeestère, souligne « la progression rapide de l’influence politique de notre groupe » qu’il attribue à l’union et à la discipline.

S’il a quitté sa fonction exécutive, Demeestère reste très présent, aussi bien au conseil municipal que dans le comité radical de Joinville ou l’union cantonale. Il anime ainsi, avec Vaudémont, une campagne pour la création d’un omnibus desservant les quartiers de Polangis et Palissy depuis la gare. En septembre 1891, il préside la réunion de compte-rendu de mandat du député, Baulard.

Surtout, il est fier d’organiser le 17 octobre une réunion où le conseil municipal rend compte de son mandat en séance publique. Il explique que « jamais pareille chose en s’était produite depuis que la vieille branche de Saint-Maur » et y voit une rupture avec la tradition « monarchiso-orléaniste » de la commune. Demeestère fait un exposé de la situation financière de la commune : « Quoiqu’il arrive, le conseil aura la satisfaction, à l’expiration de son mandat, de laisser la commune dans une situation nette et dégagée des vieilles dettes qui l’obéraient et la contraignaient à ne rien entreprendre. »

Au sein de l’union radicale-socialiste, Demeestère plaide pour une réforme de l’impôt, qui devrait, selon lui, devenir progressif.

Conformément à ses convictions de libre-penseur, Demeestère prend position en faveur de la crémation et soutient une souscription lancée en avril 1892 par Vaudémont et le Dr Bitterlin pour construire un four crématoire intercommunal à Saint-Maur.

En 1891, 1892 et 1893, Demeestère participe aux « banquets gras », anticléricaux, organisés le vendredi-saint au restaurant chez Tilly, 40, rue de Paris à Joinville. Il participe au Congrès national de la libre-pensée en novembre 1892.

À suivre.

Le quai Beaubourg

 

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10 mai 2019 5 10 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Le trio joinvillais Demeestère, Baulard et Vaudémont, s’appuyant notamment aussi sur Gaston Meynet, ancien maire d’Alfortville et directeur de Voix des communes, va faire de cette partie du département de la Seine, pendant quelques années, un bastion du mouvement radical, sensiblement plus à gauche que ne penche globalement le futur parti, et un îlot de résistance à l’antidreyfusisme ou au boulangisme.

Demeestère fut l’organisateur du groupe politique ; Baulard constitua l’élu le plus en vue, d’abord conseiller municipal, puis conseiller général et député ; Vaudémont enfin s’affirmait comme l’idéologue et le propagandiste.

En octobre 1888, Demeestère constitue un groupe des Droits de l’homme qui planifie des conférences anti-boulangistes à Charenton. Il convainc le conseil municipal de Joinville de s’associer à une manifestation en mémoire d’Alphonse Baudin, médecin et député à l'Assemblée de 1849, tué sur une barricade alors qu'il s'opposait au coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte. Il plaide également pour l’établissement d’une boulangerie municipale intercommunale avec les deux communes voisines de Saint-Maur et Saint-Mandé.

Le Congrès universel des libres penseurs, qui se tient à Paris en septembre 1889, accueille notamment Demeestère et Vaudémont comme délégués du canton de Charenton. Il affirme « La libre-pensée a été, est et sera la véritable émancipation de l’humanité ». Lorsqu’elle aura accompli son œuvre, « nous pourrons voir notre idéal se réaliser, c’est-à-dire voir : la paix internationale, la paix intérieure, l’outil à l’ouvrier, la terre au laboureur, enfin la fortune publique à tous, la Liberté, l’Egalite, la Fraternité ne plus être de vains mots, et la République être triomphante ».

Le même mois, Demeestère soutient la candidature de Jules Ferdinand Baulard à l’élection législative dans la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux, qui comprend la totalité du canton de Charenton. Baulard arrive en seconde position, derrière l’avocat partisan du général Boulanger, Guillaume Silvy. Il devance un autre radical, Brialou, député sortant du Rhône et plusieurs maires, radicaux également, de Charenton (Marvillet) ou du Perreux (Navarre). Au second tour, Demeestère organise le retrait des candidats radicaux et obtient également soutien des deux candidats socialistes en faveur de Baulard, qui est élu avec 53,1% des suffrages exprimés.

En 1890, Demeestère continue son travail d’organisation de l’Union des radicaux, rassemblant plus de 700 personnes pour fêter l’élection de Baulard, instaurant une cotisation, faisant adopter des statuts et une déclaration de principes.

Il s’implique également fortement sur les questions sociales, demandant par exemple que les employés aient le même droit que les ouvriers à un abonnement annuel sur les trains pour Paris. Il défend l’école laïque privée qui dessert les quartiers de Polangis et Palissy ainsi que celui de la Fourchette à Champigny, en attendant la création d’une école communale.

Avec Diot et Vaudémont (élu lors d’un scrutin partiel en avril 1890), Demeestère organise novembre 1890 un compte-rendu de son mandat de conseiller municipal, à forte tonalité sociale et anticléricale.

En août de cette même année 1890, c’est chez Demeestère qu’un groupe affilié à la Fédération française de la libre pensée est constitué. Il s’agira d’une subdivision de La Raison, société de libre-pensée du canton de Charenton que préside Henry Vaudémont.

À suivre.

Henry Vaudémont

 

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