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8 mai 2019 3 08 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

En prévision des élections municipales de mai 1888, Demeestère et le comité radical-socialiste décident de se désolidariser de la municipalité sortante et s’associent avec les quelques militants socialistes-révolutionnaires de la commune au cours d’une réunion préparatoire, rassemblant 250 électeurs le 11 avril. Le comité issu de cette réunion décide d’interpeller les élus sortants et de les convoquer pour répondre à cinq questions : « 1) vous représentez-vous ? 2) avez-vous voté les poursuites contre le curé ? 3) êtes-vous partisan d’un sénat ? 4) [si changement législatif] maintien des appointements du curé ? 5) réunions du conseil municipal le soir ou l’après-midi ? »

Lors de la réunion du 18 avril, seuls Demeestère et Diot viennent. Ils assurent qu’ils se représentent, ont voté les poursuites, sont contre le sénat, pour affecter le budget des cultes à des travaux d’utilité publique et préfèrent des réunions le soir.

Tandis que le maire, Gabriel Pinson, se représente avec l’ensemble des conseillers sortants, sauf quatre, Demeestère constitue une liste clairement située à gauche. On y retrouve Diot, conseiller sortant, Vaudey, ancien conseiller municipal, deux socialistes-révolutionnaires, Charton, rentier et Boguet, mécanicien, ainsi que la plupart des militants radicaux, sauf le journaliste Henry Vaudémont qui reste encore spectateur du débat électoral. Une réunion de près de 300 électeurs le 2 mai, selon le journal de Vaudémont, Voix des communes, soutient le programme et sa liste.

Cependant, le scrutin de premier tour est décevant pour les radicaux. La liste républicaine modérée de Pinson emporte 17 sièges sur 21 à pourvoir. Elle recueille une moyenne de 302 voix. Chez les radicaux Diot en a 259, Demeestère 220, Vaudey 207 et Camus 190. Au second tour, Diot, Demeestère et Vaudey sont élus, tandis que Pinson retrouve son mandat de maire dans une séance que préside Demeestère, doyen d’âge.

L’échec partiel des radicaux a des conséquences dans la vie de leur groupe. Le chroniqueur pour Joinville, et futur rédacteur en chef de l’hebdomadaire Voix des communes, Henry Vaudémont qui signe alors du pseudonyme de Gringoire, publie une série d’articles intitulés Mes rêves et un autre dans lequel il annonce Ma grève. Il explique « Mon dégoût était si intense et ma ferme volonté de tout envoyer à tous les diables si sincère (…) Baulard et Demeestère s’unissent et, à la suite d’une conversation de près d’une heure me firent promettre de continuer à mener le bon combat. J’ai promis, je tiendrai. »

Mais le décès de Gabriel Pinson, le maire réélu, va remettre dans le radicalisme au premier plan dans la commune, tandis qu’il continue de se renforcer à l’échelle de la circonscription législative et du canton (qui sont identiques).

En août 1888, Eugène Voisin et Honoré Jullien deviennent respectivement maire et adjoint. Ce sont certes deux élus de la liste Pinson, mais Jullien, qui tient un restaurant sur l’île Fanac, deviendra un pilier du mouvement radical local tandis qu’Eugène Voisin, proche de Demeestère, sera dorénavant constamment allié au radicalisme. Il a écarté pour ce faire plusieurs prétendants plus modérés, notamment Jules Rousseau, directeur de l’école privée laïque du Parangon.

À suivre.

Mairie de Joinville

 

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6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Le comité radical-socialiste de Joinville décide, en mai 1886 de proposer la candidature de Jules Ferdinand Baulard, ancien entrepreneur et militant républicain dès 1848, pour l’élection au conseiller général du canton de Charenton, rendu vacant par la mort de son titulaire, le docteur Decorse. Deux délégués de Joinville sont désignés pour faire partie du comité cantonal, Demeestère et Thime.

Jules Ferdinand Baulard, ancien ouvrier devenu entrepreneur, militant républicain en 1848 et sous l’empire, recueille au premier tour 39% des suffrages exprimés, face à un candidat de droite et à deux autres radicaux-socialistes. Il l’emporte au second tour avec 46%, un des deux radicaux s’étant maintenu.

Lors d’une réunion à Joinville en juin, le journaliste Henry Vaudémont plaide pour « l’alliance du parti ouvrier avec le parti radical-socialiste » afin d’assurer le succès de Baulard. En juillet, l’Union des républicains radicaux-socialistes du canton de Charenton décide d’admettre les citoyens qui déclarent adhérer à l’un des trois programmes sur lesquels se sont faites les élections de 1885 : programme de la presse radicale-socialiste, du comité central des groupes radicaux-socialistes de la Seine ou du parti ouvrier. Demeestère, devient président du comité cantonal. L’hebdomadaire Voix des communes le décrit comme « un des vieux lutteurs de la démocratie socialiste, homme modeste s’il en fut. »

En décembre 1886, toujours sous la présidence de Demeestère, l’Union cantonale lance un manifeste exposant son programme pour l’élection cantonale. Le thème central est la demande du retour à un statut de droit commun pour le département de la Seine, en séparant le conseil général départemental du conseil municipal de Paris. Mais le texte postule également « que le cumul des fonctions électives est en contradiction formelle avec les principes de la démocratie. »

En mars 1887, les commerçants pétitionnent en faveur des courses de chevaux, qui se tiennent sur les deux rives de la Marne à proximité immédiate de Joinville, dans le Bois de Vincennes et le parc du Tremblay. Le maire, Gabriel Pinson, et son premier adjoint, Eugène Voisin, démissionnent pour les soutenir (mais ils n’iront pas au bout de cette démarche). Demeestère et Diot se démarquent, soutenant que, au point de vue moral, tous les radicaux sont les adversaires jurés de ce jeu.

En décembre de la même année, l’Union des radicaux-socialistes du canton de Charenton adhère à la Fédération des groupes radicaux-socialistes de la Seine et demande à Jules Ferdinand Baulard d’être à nouveau candidat au conseil général.

Très engagé dans le mouvement de la libre-pensée et l’action anticléricale, Demeestère fait voter en mars 1888 un vœu au conseil municipal pour « que les communes puissent disposer, à leur gré, des sommes qui leur sont imposées par l’État pour le budget des cultes, soit en affectant ces sommes au service du culte ou à tout autre service de la commune qu’elles jugeront convenable ». La séparation de l’Église et de l’État interviendra 17 ans plus tard.

À suivre.

Jules Ferdinand Baulard

 

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4 mai 2019 6 04 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Demeestère est de nouveau élu en mai 1884 conseiller municipal de Joinville, mais seulement au second tour et avec le plus petit nombre de voix, soit 169, quand Chéret, Voisin, et Pinson en avaient recueilli respectivement 399, 393 et 387 lors du premier tour. Cependant, Demeestère devance de beaucoup la liste conservatrice, qui obtient en moyenne 56 voix soit 15%, contre 310 pour les candidats républicains,

Au sein du conseil municipal, Demeestère défend, avec notamment le futur député radical Jules Ferdinand Baulard ou avec Henri Diot, et sous l’approbation du maire, une position anticléricale, contribuant ainsi en août 1884 à la suppression de l’indemnité de logement accordée au prêtre desservant l’église communale, l’abbé Ernest Jouin, un polémiste qui attaque violemment la franc-maçonnerie.

En tant que commerçant, Demeestère soutient la suppression de l’octroi à l’entrée de la commune et s’oppose, comme un autre restaurateur, Honoré Jullien, à l’engagement d’investissements coûteux, soutenus pourtant par la presse radicale. Avec cette dernière, et contre le maire, Demeestère plaide, en novembre 1884, pour que l’on organise les séances du conseil municipal en soirée, afin d’assurer la publicité des débats, plutôt que l’après-midi.

En mars 1885, la mort d’Alphonsine Charton, libre-penseuse, est suivi d’un enterrement civil, encore rare. Parmi les assistants, son époux Gustave Charton, Baulard, Demeestère et le journaliste Henry Vaudémont plaident pour la constitution d’une société de libre-pensée. Cependant, eu égard au faible nombre de personnes recrutés, le groupe préfère rejoindre la société de la commune voisine de Saint-Maur. Ils sont rejoints par Maxe, autre restaurateur et Thime, ouvrier bottier.

Le comité électoral de Joinville que préside Demeestère élit, en juillet 1885, quatre délégués pour le représenter au sein du comité départemental radical-socialiste de la Seine, qui siège rue Cadet à Paris (9e arr.). C’est une des premières formes d’organisation pérenne d’une structure politique non révolutionnaire en France. Demeestère et Baulard en font partie, aux côtés du lieutenant-colonel Fénelon Delobel, également conseiller municipal, et Eugène Videpied, ancien ouvrier lunetier et coopérateur, devenu propriétaire de la villa Palissy, établissement de loisirs sur la rive gauche de la Marne.

En novembre 1885, Demeestère travaille à l’organisation de son mouvement politique au niveau communal. Une réunion, de dix-neuf citoyens, tenue chez lui, créent un comité de la Ligue républicaine (qui prendra en fait le nom de comité radical-socialiste de Joinville), avec Videpied en tant que président, Baulard, vice-président, Demeestère, secrétaire, Jullien, Thime et Vaudey.

Une des premières manifestations est la tenue, en décembre 1885 à Joinville, d’une réunion électorale tenue dans le préau des écoles et présidée par Demeestère, qui accueille notamment Alexandre Millerand, futur président de la République. Elle traite de la séparation de l'Église et de l'État, la réforme des impôts et la question du Tonkin, les radicaux soutenant sa colonisation, contre les conservateurs. Plus de 300 personnes sont mentionnées par la presse nationale.

À suivre.

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2 mai 2019 4 02 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Après la guerre franco-prussienne de 1870 et la Commune de Paris de 1871, Alphonse Demeestère va s’engager de nouveau dans l’action politique. En novembre 1874, une liste républicaine est constituée pour les élections municipales de Joinville ; elle comprend sept candidats, dont trois sont élus, Benoit, Cambier et Pilté tandis que Demeestère, Moignard, Pouzet et Valéry ne le sont pas.

Le conseil municipal reste en majorité conservateur, avec à sa tête Auguste Courtin. Il démissionne en cours de mandat et est remplacé par Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste. Lors des élections municipales suivantes, en janvier 1878, la liste du maire sortant est battue, tandis que les républicains remportent la majorité dès le premier tour, avec 16 sièges pour un seul aux royalistes orléanistes. Gabriel Pinson est élu maire et Demeestère entre au conseil municipal, accompagné de deux de ses colistiers de 1874, Pilté et Benoit, ainsi que de plusieurs radicaux.

Ce sont les suites du mouvement communard qui vont amener Demeestère à devenir la figure marquante de la gauche locale. Alphonse Demeestère lance en septembre 1879 une cagnotte pour un amnistié de la Commune de Paris résidant dans la ville, Adolphe Morandy, qui sort d’une hospitalisation. Mais le maire, Gabriel Pinson, lui conteste le droit d’organiser ladite souscription. Le quotidien populaire Le Petit Parisien rend compte de la polémique, et prend clairement position en faveur de Demeestère, annonçant même qu’il souscrit à sa pétition, qui est également relayée par d’autres journaux progressistes, comme Le Rappel. Demeestère participe à la constitution d’un sous-comité d'aide aux amnistiés à Joinville, dont la présidence est confiée au député d’extrême gauche, Alfred Talandier, élu de la Seine. Un autre conseiller municipal y participe, Louis Vaudey.

Le 27 septembre 1879, une motion est présentée au conseil municipal de Joinville par le maire, dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère ». Elle est signée de 12 élus municipaux, mais l’un d’entre eux (Mouriez) contestera publiquement avoir donné son accord. Le Petit Parisien s’inquiète d’une telle initiative : « Nous demandons jusqu'à quel point le maire d'une commune peut se permettre d’afficher l'extrait d'une délibération du conseil municipal infligeant un blâme à l'un des membres de ce conseil. Où allons-nous? »

En 1881, Demeestère quitte le conseil municipal.

À suivre.

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24 avril 2019 3 24 /04 /avril /2019 01:01

Eugène Frédéric Henri Doret naît le 12 mai 1873 à  Brezolles (Eure-et-Loir). Il est le fils d’Augustine Demeestère et de Désiré Prudent Léopold Doret, huissier. Son grand-père maternel, Alphonse Demeestère, est une figure du mouvement républicain de la région parisienne, et le pilier du mouvement radical-socialiste dans le canton de Charenton et la commune de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Après le décès de son père en juin 1883, la famille vient s’installer à Joinville, où ils sont élevés au domicile des grands-parents, hôteliers quai Beaubourg.

Devenu chef de bureau à la préfecture de la Seine, affecté à la mairie de Joinville à partir de 1893, Henri Doret affiche rapidement des opinions politiques radicales ; il participe ainsi en mai 1893 au comité de patronage qui promeut l'érection à Dijon d’un monument en mémoire de Pierre Joigneaux, journaliste, militant républicain et exilé sous le second empire puis député classé  à l'extrême gauche.

Mobilisé pour son service militaire en septembre 1894, il sert dans le 67e régiment d’infanterie. Il termine sa période en tant que sergent.

Succédant à Maurice Watrinet, Henri Doret devient secrétaire général de la mairie vers 1899 et le restera jusqu’en 1923. Il présente les compliments du personnel municipal au maire, Eugène Voisin, à l’occasion de son accession au grade de chevalier de la Légion d’honneur en août 1903.

En 1904, Doret est trésorier de l'association amicale des secrétaires et employés de mairie de la Seine et la représente, en août, au congrès des employés communaux de Belgique qui se tient à Ixelles. Il organise, en août 1905, le congrès des nageurs, créé par le quotidien L’Auto, qui se tient dans la salle des mariages de la mairie de Joinville.

Le mariage d’Henri Doret avec  Blanche Julia Lemoine est célébré en février 1909 à Paris (6e arr.), en présence du maire de Joinville.

Lors des grandes inondations de la Marne, en janvier 1910, Doret s’implique fortement dans l’organisation des secours.

Pendant la première guerre mondiale, Henri Doret assume des fonctions logistiques pour le compte du ministère de l’intérieur, étant probablement maintenu à son poste. Il est classé comme relevant d’un service auxiliaire en octobre 1916 pour bronchite suspecte ; même si une nouvelle commission de réforme le reclasse en service armé en mai 1917, il est maintenu dans ses fonctions.

D’abord sergent fourrier au début du conflit, Henri Doret est nommé à titre temporaire officier d’administration de 3e classe en février 1916. Il est confirmé dans ce grade en septembre 1917 puis passe en 2e classe en décembre 1918.

Parallèlement à ses fonctions administratives, Henri Doret exerce des responsabilités dans différentes associations. Il est un des initiateurs de la constitution d’une section de la société mutualiste Les Prévoyants de l’avenir en octobre 1896 et en est le comptable. Il participe à la formation d’une section des Vétérans en octobre 1899. Il est, en 1908, le trésorier de l’Association philotechnique. À partir de 1910 au moins, il est administrateur de la société de secours mutuel des sapeurs-pompiers, une des principales structures mutualistes de la commune. Il est enfin également secrétaire adjoint de la caisse des écoles en 1922.

L’appartenance à la franc-maçonnerie d’Henri Doret est critiquée par la presse d’extrême-droite, notamment le quotidien de Drumont, La Libre parole. Il est affilié à la loge Les Philanthropes Réunis, adhérente au Grand-Orient de France et fondée en 1839.

Après sa retraite en décembre 1923, Henri Doret va s’engager dans l’action politique. Il est candidat, en mai 1929, sur la liste des gauches républicaines, constituée dans le cadre du cartel des gauches et regroupant des radicaux-socialistes, des socialistes SFIO et des socialistes indépendants.

Au premier tour, Doret recueille 809 voix pour 1715 suffrages exprimés (47,2%) sur 2491 électeurs inscrits. Au second tour, il est élu, la liste remportant 22 des 27 sièges à pourvoir, face à la liste libérale et conservatrice de la municipalité sortante – qui a les 5 sièges restants – et à une liste communiste, qui s’est maintenue. Émile Briolay, radical, est élu maire avec des adjoints socialistes

En juin 1929, Doret fait partie des 5 membres du conseil qui refusent le changement de nom pour la rue du Cimetière, qui devient rue de l’Égalité.

Pour son engagement mutualiste, Henri Doret avait obtenu une mention honorable en mars 1907 puis une médaille de bronze en mars 1912. Du fait de son engagement dans les œuvres scolaires, et notamment la caisse des écoles, il a été décoré des Palmes académiques, d’abord comme officier d’académie en janvier 1905, puis comme officier de l’instruction publique en août 1922.

Henri Doret meurt le 18 juin 1930 ; son décès est transcrit sur l’état-civil de Joinville. Il était père de deux enfants. Son poste au conseil municipal reste vacant, jusqu’à une élection partielle en octobre 1934.

 

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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 01:01

Alphonse Marie Doret naît le 28 octobre 1863 à Brezolles (Eure-et-Loir). Il est le fils d’Augustine Demeestère et de Désiré Prudent Léopold Doret, huissier.

Après le décès de son père en juin 1883, la famille vient s’installer à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où ils sont élevés au domicile des grands-parents, hôteliers quai Beaubourg.

En novembre 1890, Alphonse Doret faisait partie du bureau de la réunion qui a entendu le compte rendu de mandat de trois conseillers municipaux sortants de tendance radicale-socialiste, son aïeul, Demeestère, Henri Diot et le journaliste Henry Vaudémont.

Il participe à la fondation en 1896 d’une section de la mutuelle Les Prévoyants de l’avenir et en préside le comité de surveillance.

En octobre 1901 à Joinville, Alphonse Doret épouse Clarisse Charton. Les noces sont une cérémonie remarquée par la presse radicale. Le grand-père maternel du marié, Alphonse Demeestère, est une figure du mouvement républicain de la région parisienne, et le pilier du mouvement radical-socialiste dans le canton de Charenton et la commune de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Le père de la mariée, Gustave Charton, républicain libre-penseur, est un pionnier socialiste-révolutionnaire à Corbeil (Seine-et-Oise, act. Essonne), Joinville et Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il a été conseiller municipal de Corbeil et Saint-Maur. Le mariage est célébré par le maire, Eugène Voisin, soutenu par les radicaux-socialistes. Le député radical-socialiste de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux, également joinvillais, Jules Ferdinand Baulard, proche de Demeestère et Charton, prononce un discours. Gaston Meynet, directeur de l’hebdomadaire radical Voix des communes, lui aussi ami de Demeestère et de Charton, salue l’évènement.

Exerçant d’abord en tant que clerc de notaire, Doret est ensuite jurisconsulte en 1911 puis agent d’affaires à partir de 1921. La famille s’installe d’abord avenue Chapsal puis rue de Paris.

Alphonse Marie Doret meurt le 27 février 1925 à Joinville. Il était âgé de 61 ans et père de trois enfants.

Son frère cadet, Henri Doret, secrétaire général de la mairie de Joinville, a été également en 1929-1930 conseiller municipal de la commune.

 

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14 avril 2019 7 14 /04 /avril /2019 01:01

Henri Fraissange naît le 17 septembre 1899 à Paris (10e arr.). Il est le fils d’Alice Juliette Martin et de son mari, Jean Albert Henri Fraissange, mécanicien. La famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1903.

C’est probablement lui qui, salarié de Weil Brothers, rue Sainte-Cécile à Paris, est signalé en tant membre adhérent mineur de l'Union des employés de commerce en décembre 1913.

Alors électricien et vivant avec ses parents, toujours à Joinville, Henri Fraissange devance son service militaire et s’engage dans l’armée, à 18 ans, en décembre 1917. Il sert dans l’artillerie puis, en 1920, dans le train ; il est brigadier-fourrier à sa démobilisation en décembre 1921 puis sera maréchal des logis dans la réserve. Après avoir participé à la campagne contre l’Allemagne pendant la première guerre mondiale, il est mobilisé au Maroc de janvier 1920 à août 1921. Il est décoré de la médaille coloniale.

Revenu à Joinville-le-Pont, où il réside avenue du Bac, dans le quartier de Polangis, Henri Fraissange est employé de commerce. Il sera ensuite comptable, puis acheteur dans la maison Bergeron à Paris (3e arr.).

En avril 1923 il épouse, à Joinville, une joinvillaise, Georgette Marie Augustine Fontaine, employée.

En mars 1933, Henri Fraissange participe, en tant que secrétaire à la création d'une société de secours mutuels, baptisée Mutuelle de l'Union fraternelle d'anciens combattants de Joinville-le-Pont. Honoré Genevay en est le président et Marius Achaintre le trésorier.

Lors des élections municipales de mai 1935, Henri Fraissange est candidat sur la liste des Gauches républicaines, conduite par le maire sortant, Georges Briolay. Elle défend le bilan de la municipalité élue en 1929, qui regroupe des radicaux-socialistes et des socialistes indépendants, le parti SFIO lui ayant retiré son soutien. La liste plaide pour l’amélioration de la vicinalité, l’installation d’un éclairage public et l’amélioration des transports. Elle veut faire pression auprès des pouvoirs publics pour la réalisation de grands travaux (élargissement du pont de Joinville, suppression du passage à niveau), revendique la création d’un fonds national de chômage et projette la fondation d’un nouveau groupe scolaire, d’une salle des fêtes et d’un stade.

Au premier tour, avec 26,8% des suffrages exprimés, la liste radicale est nettement devancée par l’Union des républicains (droite conservatrice, 32,6%) et talonnée par les communistes (23,5%), qui s’unissent au second tour avec les socialistes (12,3%). Au second tour, la droite l’emporte avec 41% et 25 sièges, la gauche réunie rassemblant 39% des votes et obtenant deux sièges, tandis que les radicaux reculent à 20%.

Fraissange a recueilli 754 voix au premier tour pour 2856 exprimées (26,4%) sur 2923 votants et 3433 inscrits. Au second tour, il a 550 voix pour 2899 exprimées (19%) sur 2924 votants.

En juin 1938, Fraissange quitte Joinville pour Chaintré, en Saône-et-Loire. Pendant la deuxième guerre mondiale, il est rappelé dans la 24e compagnie mixte du Train puis affecté spécial pour les ponts-et-chaussées du Rhône au port de Mâcon.

Après-guerre, Henri Fraissange s’installe dans l’Yonne. Il devient en 1951 maire de Cérilly, sans doute au décès du maire élu en 1947, Gabriel Mignot. Cérilly est un petit village, qui compte 91 habitants au recensement de 1954. Le mandat de Fraissange cesse lors des élections municipales de 1953.

Henri Fraissange meurt le 4 février 1966 à Cérilly. Il était âgé de 65 ans et n’avait pas d’enfant.

La mairie de Cérilly

 

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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 00:01

Jacob Sabkowski naît le 27 janvier 1891 à Paris (4e arr.) ; il utilisera le prénom de Jacques. Il est le fils de Malvina Deitcher, couturière et de son époux, Samuel Sabkowski, marchand forain. Tous deux juifs et originaires de Pologne, alors sous contrôle russe, ils obtiendront en 1895 et 1896 la nationalité française. En 1904, il fait sa Bar Mitzvah au temple de la rue des Tournelles, dans le quartier du Marais.

Devenu comptable, Jacques Sabkowski épouse en janvier 1912 à Paris (4e arr.) Louise Agnès Jamet, repasseuse, venant d’Indre-et-Loire.

Appelé au service militaire en octobre 1912, il est hospitalisé à plusieurs reprises et finalement réformé en août 1913 pour une tuberculose contractée au cours du service. Remobilisé pendant la première guerre mondiale en août 1916, il obtint une pension d’invalidité en octobre 1919, qui fut revalorisé en 1960.

Divorcé en octobre 1917, Jacques Sabkowski se remaria à une date inconnue avec Mathilde Alphonsine Peiffert.

Après-guerre, il quitte Paris et s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il y exploite, rue de Paris, en 1922 un commerce de lingerie, mercerie et articles de nouveautés, qu’il vend en 1924.

Lors de la fondation de la section de Joinville de la Ligue de la République, le 19 février 1923, Jacques Sabkowski en devient le secrétaire aux côtés de Félix Caperon, Charles Augros et Léon Berthet. La Ligue de la République rassemble des radicaux-socialistes, des socialistes indépendants et des socialistes SFIO. Le 21 février, elle lance un appel à faire triompher le bloc de gauche, pour faire échec à la réaction.

Des listes de groupement des gauches, de format variable, seront présentes à toutes les élections entre 1925 et 1935.

Jacques Sabkowski est lui-même candidat en mai 1929 lors des élections municipales qui voient la victoire de la Liste des gauches républicaines, conduite par Georges Briolay. Cependant, si la liste remporte 22 des 27 sièges à pourvoir, Sabkowski n’est pas élu. Il recueille, au premier tour de scrutin, 701 voix pour 1 715 votants (40,9%) sur 2 491 électeurs inscrits.

En 1930, Sabkowski participe à une souscription en faveur des victimes des inondations du Midi.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jacques Sabkowski est arrêté et déporté. En tant que conjoint d'aryenne, il est dirigé le 11 octobre 1943 lors du convoi n° 641 vers le camp d'Aurigny, dans les îles anglo-normandes occupées. Il s’en évade le 17 août 1944 et rejoint le port de Boulogne.

En avril 1948, Jacques Sabkowski est désigné comme membre suppléant de la Commission départementale de la Seine de contrôle des prisonniers, déportés et internés. Il y représente la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes.

Jacques Sabkowski meurt le 20 novembre 1971 à Nice (Alpes-Maritimes). Il était âgé de 80 ans. Son patronyme est inscrit sur le sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Plaque sur le site du camp d'Aurigny, photo Andrée Stephan, Wikipédia.

 

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26 décembre 2018 3 26 /12 /décembre /2018 00:01

Constant Gobert naît le 22 janvier 1860 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Henriette Busseuil et de son époux Jules Gobert, tailleur.

Il réside au moins depuis 1891 dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, rue des Corbeaux (act. avenue des Canadiens), dans le Bois de Vincennes où il exploite en 1911 des boxes à chevaux, activité liée à l’hippodrome tout proche de Vincennes. Il est mentionné avec la profession d’employé.

Lors de son mariage, en août 1903 à Saint-Maurice, le domicile mentionné est celui de sa mère, rue de la Révolution à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il épouse Marie Jeanne Madeleine Bour, couturière à Saint-Maurice.

À l’occasion des élections municipales de mai 1912, Gobert s’inscrit sur la liste radicale dissidente d’Ernest Mermet, qui arrive en seconde position au premier tour. Elle fait alliance avec les candidats socialistes SFIO (Lebègue, Laruelle) et les libéraux et conservateurs (Gallas, Dalbavie) pour l’emporter, au second tour, face à la majorité sortante radicale-socialiste, conduite par Émile Briolay après la retraite de l’ancien maire Eugène Voisin. Les dissidents radicaux ont 10 élus, dont Gobert, tandis que les socialistes en ont 7 et les libéraux 6. L’oncle de Constant Gobert, Stéphane Gobert, avait été conseiller municipal jusqu’à son décès en 1902.

Au sein du conseil, Constant Gobert joue un rôle politique, puisqu’il est désigné à plusieurs reprises comme électeur sénatorial.

Son âge faisant qu’il n’est pas mobilisé pendant la première guerre mondiale, Gobert fait partie de la dizaine de conseillers municipaux qui assument le travail de l’administration. Il est proche du maire, qu’il soutient lors des conflits internes avec les socialistes sur le prix du gaz en février 1916. Il se solidarise également, à la même période, avec Mermet lorsque ce dernier est attaqué, par les radicaux-socialistes, pour sa gestion d’un legs reçu au bureau de bienfaisance de la part de la société Bi-Métal. Avec onze autres élus, Gobert dénonce la « diffamation et calomnie » dont serait l’objet Mermet, affirmant « Nous sommes vos collaborateurs, vos complices ! Non seulement nous approuvons votre manière de faire, mais nous y applaudissons. »

En mai 1916, Gobert participe à une matinée artistique au service des œuvres de guerre du maire et de l’hôpital n° 5, installé dans le château du Parangon, à Joinville. Il s’occupe de la vente d’un stock de charbon aux habitants et est membre d’un comité d’action agricole, constitué pour gérer les jardins potagers créés sur les terrains mis à disposition par Chavignot, ingénieur et propriétaire du domaine de Polangis.

Gobert fait partie de la demi-douzaine d’élus qui participent aux évènements locaux, comme la Distribution des prix des écoles en 1917, la manifestation patriotique de la section locale des cheminots de Saint-Maur et Joinville en septembre 1918 ou le Noël des enfants après la fin du conflit militaire.

Le scrutin municipal de novembre 1919 voit s’affronter trois listes, les radicaux réunifiés avec des socialistes indépendants, les socialistes SFIO et les libéraux. Gobert est fidèle à Henri Vel-Durand, qui a pris la succession de Mermet pour conduire la liste d’union républicaine et sociale. Il obtient au premier tour 845 voix sur 1 694 suffrages exprimés pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. Avec 48,9% il est à trois voix de la majorité absolue, qui lui aurait permis d’être élu, et arrive en seconde position, derrière Henri Poitevin, également conseiller sortant, des candidats de sa liste. Au second tour, Gobert arrive en tête, avec 978 votes sur 1 518 exprimés et 1 537 votants, soit 64,4%, face aux socialistes, les libéraux s’étant retirés.

Malgré son score, Gobert n’est pas désigné comme adjoint au maire. Il reste pourtant actif au sein du conseil municipal et se présente de nouveau en mai 1925 sur la liste Henri Vel-Durand, opposée cette fois aux radicaux-socialistes (qui mènent avec Émile Briolay un groupement de carte des gauches), tandis que les libéraux l’ont rejointe. Intitulée Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, la liste soutient un programme soutenant l’application « sans rigueur et sans sectarisme » des lois de laïcité, le maintien de l’octroi pour les marchandises à l’entrée de la commune et l’économie dans les dépenses budgétaires.

Gobert figure en troisième position sur la liste, qui obtient 1 080 voix en moyenne, soit 47,5% des suffrages exprimés ; tous les candidats sont élus au second tour face au cartel des gauches, après le retrait des communistes présent au premier tour.

Après le décès d’Henri Vel-Durand, c’est Stephen Durande qui prend la succession à la mairie. Il constitue une liste de concentration républicaine, comparable à celle de 1925 et orientée nettement à droite, face de nouveau au cartel des gauches d’Émile Briolay (radicaux-socialistes, socialistes SFIO et socialistes indépendants) et aux communistes conduits par Roger Bénenson.

La liste Durande arrive en tête au premier tour, Gobert obtenant le sixième score avec 919 voix pour 2 126 exprimées (43,2%) pour 2 969. Cependant, au second tour, malgré le maintien des communistes, le cartel des gauches emporte la majorité avec 22 élus, tandis que la concentration républicaine se contente de cinq sièges, dont celui de Gobert. Durande est éliminé et Briolay devient maire.

Constant Gobert meurt le 13 mai 1930 à Joinville. Il était âgé de 70 ans et résidait alors quai Beaubourg, après avoir emménagé rue du Pont après la première guerre mondiale. Il est remplacé lors d’un scrutin partiel en octobre 1934. Un hommage lui est rendu par la nouvelle municipalité après les élections municipales de mai 1935. Il avait exercé 18 ans de mandat. Il n’avait pas d’enfant. Son épouse, Jeanne, fut très active dans une association humanitaire, la société de l’Allaitement maternel.

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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 00:01

Joseph Gustave Busseuil naît le 21 avril 1858 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Henriette Marie Busseuil, couturière, dont le mariage en novembre 1858 avec Jules Gobert apportera à Gustave une légitimation et le nom de Gobert.

Il poursuit l’activité de son père, décédé en août 1880, et de sa mère comme restaurateur et marchand de vins à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commune limitrophe de Saint-Maurice. Ils sont installés rue des Corbeaux (act. avenue des Canadiens), en bordure du Bois de Vincennes et près du champ de courses de chevaux.

La fréquentation de l’hippodrome se faisait principalement depuis la garde de chemin de fer de Joinville, mais l’accès au bois était malcommode car il fallait traverser les voies. Avec quatre autres commerçants (Bégat, Bisson, Derocq et Jouvet), Gobert est à l’initiative en novembre 1889 d’une pétition pour réclamer un passage souterrain.

Gobert se marie en février 1884 à Coulommiers (Seine-et-Marne) avec Adèle Lise Leauté ; ils auront une fille la même année.

En avril 1890, Gobert organise dans son établissement un « banquet gras » à l’occasion du vendredi saint pour les libres-penseurs et anticléricaux de la ville, dont le publiciste Henry Vaudémont, le conseiller municipal Alphonse Demeestère ou le député Jules Ferdinand Baulard. Ce repas est l’occasion de la fondation d’une une société de libre-pensée à Joinville, branche du groupe La Raison, historiquement basé à Bry-sur-Marne. La cotisation est de 4 francs par an et le président est Henry Vaudémont, connu comme journaliste et polémiste sous le pseudonyme de Gringoire.

Avec notamment les cafés Tilly et Bossu ou l’hôtel Demeestère, l’établissement de Gobert est l’un de ceux qui diffusent régulièrement les invitations aux manifestations et banquets organisés par les radicaux-socialistes dans la commune.

L’historien Basile Nivelet mentionne le nom de J. Gobert comme membre du conseil municipal de Joinville en 1892. Cependant, le Bulletin municipal officiel de Paris confirme que c’est bien son oncle Stéphane Gobert qui est réélu cette année-là.

Son activité rencontre cependant des difficultés économiques, puisqu’il est déclaré en faillite en septembre 1897. Cet incident provoquera son départ de Joinville et sera suivi de son divorce en septembre 1899.

Gustave Gobert, devenu représentant de commerce,  se remarie à Paris (12e arr.) en mars 1904 avec Mathilde Victorine Jacquard. Un jugement prononcera leur séparation de biens en août 1907. Il vit alors à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis) et est employé de commerce.

La presse nationale relate début juillet 1914 le « singulier accident » dont est victime Gustave Gobert, alors représentant de commerce et âgé de 56 ans, résidant rue de la Forge, à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il se trouvait hier sur la plate-forme d'un tramway électrique se dirigeant vers la place Saint-Augustin à Paris (8e arr.), depuis le cours de Vincennes (12e arr.). Au moment où le véhicule passait rue Bolivar (19e arr.), il reçut en pleine figure une petite balle de caoutchouc durci, lancée par des gamins, selon le commissaire chargé de l’enquête. Gobert s’étant évanoui, on fit arrêter le tramway et des agents le conduisirent à l’hôpital ophtalmologique du docteur de Rothschild où l’on constata qu’il avait l'œil gauche crevé.

La date de décès de Gustave Gobert n’est pas connue.

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