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23 juillet 2021 5 23 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Premier adjoint au maire de Joinville-le-Pont en poste, âgé de 47 ans, Henri Vel-Durand est mobilisé au début de la première guerre mondiale en sa qualité d’officier d’artillerie en août 1914 alors qu’il était en vacances à Arcachon (Gironde) ; il se met, de ce fait, en retrait de son mandat municipal et Watrinet est chargé de le suppléer. Il rejoint La Fère (Aisne) où il contribue à l’organisation des parcs d’artillerie. Il est blessé en novembre 1915 et évacué. Il reprend son poste en février 1916 puis est de nouveau blessé et hospitalisé à Fleury-sur-Aire (Meuse) en octobre 1917.

Bien qu’absent de Joinville, Henri Vel-Durand se solidarise, en février 1916, avec le maire Achille Mermet, mis en cause par le journal Voix des communes pour sa gestion des subsides versés par la société Bi-Métal pour aider les nécessiteux. Il participe à la vie locale pendant ses retours à Joinville, par exemple une conférence sur la marmite norvégienne en août 1917 ou le Noël des enfants préparé par la société de l’Allaitement maternel en décembre 1918.

Après sa démobilisation, Henri Vel-Durand, reprend son poste d’adjoint au maire de Joinville. Les élections municipales, qui avaient été repoussées pendant le conflit, sont programmées pour novembre 1919. Le maire sortant, Achille Mermet, ne se représente pas. C’est Henri Vel-Durand qui conduit la liste d’Union républicaine et sociale. Le contexte de guerre a favorisé un état d’esprit d’union nationale, qui fait que Vel-Durand prend sur sa liste, outre des radicaux dissidents, quelques radicaux-socialistes officiels, dont l’ancien adjoint au maire Georges Briolay ou Léon Roux. Il récupère également plusieurs socialistes, devenus indépendants après avoir rompu avec la SFIO, comme Julien Périn.

Par contre, le parti socialiste SFIO présente une liste autonome, conduite par Georges Laruelle, tout comme la droite conservatrice et libérale, sous le nom de Bloc indépendant, derrière Jules Beauvais. Les candidats de Vel-Durand arrivent en tête, avec une moyenne de 44% des suffrages exprimés contre 30% aux socialistes et 26% à la droite. Vel-Durand recueille 834 voix sur 1 694 votes exprimés pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. La droite s’étant retirée, l’Union républicaine et sociale remporte le scrutin avec plus de 63% des voix et tous les sièges. Vel-Durand recueille 949 suffrages.

Le soir du deuxième tour, le maire sortant, Achille Mermet, décède ; même s’il ne s’était pas représenté, il était toujours en fonction. Henri Vel-Durand est élu maire, avec comme adjoints Julien Périn et Stephen Durande.

Le mandat de Vel-Durand est marqué par deux importantes cures de la Marne, en janvier 1920 et surtout en 1924. La reconstitution des organismes économiques et sociaux de la ville débute par l’abandon de la monnaie de guerre, qui faisait partiellement office de substitution à l’absence de liquidités. Le Groupement amical des industriels, commerçants et des habitants de Palissy-Polangis naît en janvier 1920 sous l’égide de l’adjoint, Stephen Durande, suivie par l’Association des commerçants de la rive droite en novembre.

L’inauguration du monument aux morts de Joinville, en novembre 1922, sous la présidence de M. Paul Strauss, ministre de la Prévoyance sociale, tourne à la polémique. Vel-Durand avait accepté que l’avocat Oscar Bloch prenne la parole au nom de la Ligue des droits de l’Homme. Ferdinand Buisson, le président de la Ligue, lui avait assuré que son discours n’aurait pas de contenu politique. Mais Bloch évoque la France « dont les hommes ne veulent pas mourir pour la patrie, mais vivre pour elle », et fait référence à la Russie bolchevik. Vel-Durand lui arrache des mains les feuillets de son discours. À l'issue de cette cérémonie, trois cents communistes, porteurs d'insignes, pénétrèrent dans le cimetière puis se rendirent avenue Galliéni où ils chantèrent l'Internationale et manifestèrent aux cris de « Amnistie ! Amnistie ! ». La police les dispersa sans incident. Bloch fut réprimandé par le comité exécutif de la Ligue. Suite à son attitude, l’hebdomadaire satirique, le Canard Enchainé, lui attribue sa « noix dorée d'honneur. »

Le mois suivant, au contraire, le conseil municipal critique l’attitude du gouvernement trop laxiste envers les patrons boulangers, soulignant qu’il est bien plus sévère lors des manifestations de la classe ouvrière. Pour empêcher le patronat d’affamer la population, il met à l’étude l’installation d’une coopérative de boulangerie sous le contrôle du conseil municipal.

Alors que la gauche commence à s’organiser, autour des radicaux-socialistes et des socialistes SFIO maintenus, après le départ des communistes, Vel-Durand décide d’organiser son propre groupe politique. Un Comité d’union et d’action républicaines est lancé en avril 1923, rassemblant des républicains de gauche (groupement de droite), des radicaux et des socialistes indépendants. En septembre, Vel-Durand fait démettre son premier adjoint, Julien Périn, qu’il accuse de ne pas être présent. Ce dernier se défend avec véhémence dans la presse locale. Il est remplacé par Léon Roux.

Une réception en l’honneur des champions sportifs joinvillais est organisée en janvier 1924 à la mairie. On y célèbre notamment le marcheur François Decrombecque, l’international de football Philippe Bonnardel, le médaillé olympique d’aviron Georges Piot et le nageur Bébé Lavogade.

En octobre 1924, la presse nationale s’intéresse à un conflit entre les deux communes voisines de Joinville et Champigny. Le Matin déclare qu’elles « se déclarent la guerre » quand L’Œuvre assure que « Les gosses de Champigny sont indésirables à Joinville ». Le quartier de Polangis, réparti sur les deux communes, est isolé du reste de la ville de Champigny, qui n’y a pas d’équipement, quand Joinville a construit un groupe scolaire. Les habitants du quartier préféraient envoyer les enfants dans cette école, et il y en avait 87. La ville de Joinville demanda à la commune de Champigny de lui rembourser le montant des frais scolaires qu'elle avait déboursés, mais cette dernière refusa, prenant prétexte du fait que lesdits habitants contribuaient au commerce joinvillais en fréquentant son marché. En conséquence, Joinville revendiqua le rattachement du quartier à son territoire, ce à quoi Champigny s’opposa. Le maire Vel-Durand fit afficher que, désormais, il refuserait les enfants de Champigny, mais la mesure fut partiellement rapportée après une « grève de l'école ». Un siècle plus tard, le conflit persiste encore.

En février 1925, la mairie engage la construction d’un second bureau de poste.

À suivre

La rue Vel-Durand à Joinville

 

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21 juillet 2021 3 21 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Au sein du conseil municipal de Joinville-le-Pont, début 1911, la maladie du maire, Eugène Voisin, qui est en poste depuis 23 ans déjà, accélère les tensions entre ceux qui ont jusqu’ici fait partie de son équipe. En février, quatre élus radicaux de 1908 (Watrinet, Mermet, Vel-Durand et Arnaud) acceptent de déférer à une convocation du parti socialiste SFIO, transmise par son secrétaire, Émile Lebègue, pour rendre compte de leur mandat. Maurice Watrinet, entrepreneur de pompes funèbres et ancien secrétaire général de la mairie, indique qu’il a quitté le parti radical, et laisse entendre qu’il se présenterait aux élections municipales de 1912, sollicitant le soutien des socialistes pour espérer devenir maire. Achille Mermet, professeur de physique-chimie, déclare qu’il n’a pas quitté le parti radical, mais estime le maire trop âgé et lui demande de donner sa démission. Vel-Durand blâme la lenteur de l’administration municipale. Quand à Chéri Arnaud, sellier, personnalité du quartier de Polangis, il soutient ses collègues. Sont également présent dans cette réunion Théophile Leteuil, le représentant du comité socialiste évolutionniste de 1908 et l’avocat Louis Gallas, porte-parole de la droite. L’hebdomadaire Voix des communes assure qu’on aura, s’ils partent ensemble aux élections, « une épatante liste des maires, avec une demi-douzaine de prétendants à l’écharpe ». Un membre du comité radical-socialiste de Joinville écrit une lettre ouverte à Vel-Durand, s’inquiétant de son intervention : « vous m’avez produit une bien mauvaise impression. »

Toujours en février, le conseil municipal convoque lui aussi sa réunion de compte-rendu de mandat. Elle se déroule en l’absence du maire, malade, sous la houlette des adjoints, Villain et Briolay, du chimiste Rey, chroniqueur de Voix des communes, et d’Albert Gallas, pilier du comité radical-socialiste. Watrinet, Vel-Durand, Mermet et Arnaud font une entrée conjointe applaudis par les socialistes SFIO et les amis de Leteuil.

Parmi les sujets qui portent à polémique figure l’entretien d’une voie du quartier de Palissy, le chemin de Brétigny, dégradé par un entrepreneur avec lequel la municipalité est en conflit pour savoir qui doit payer les réparations. Les socialistes dénoncent « l’incurie et la mauvaise gestion municipale » et la « construction d’une trop belle mairie » alors que l’école maternelle est, selon eux, « dans un triste état ». Vel-Durand déclare qu’il est toujours radical, mais fait partie des conseillers qui combattent la municipalité. Il critique le dernier budget, mal rédigé d’après lui, qu’il a cependant voté. Après Watrinet, Arnaud assure qu’il donne sa démission du comité radical-socialiste et trouve le maire trop âgé, appelant à le remplacer.

Louis Gallas dans le Courrier libéral, se réjouit : « rien ne va plus au conseil. MM. Vel-Durand, Mermet, Watrinet et Arnaud sont dissidents et osent avoir des idées et des opinions sans demander l’autorisation du comité radical de Joinville. Ils ne veulent plus obéir servilement aux injonctions de la franc-maçonnerie ! Ils pactisent avec les [socialistes] unifiés ». Il assure que « la municipalité, par un défaut de cohésion, est incapable de gérer plus longtemps les affaires de la commune ; c’est que notre maire Voisin n’a malheureusement plus les forces nécessaires pour guider la trirème municipale. La démission collective du conseil municipal s’imposerait. »

Après la voirie, c’est un incident dans une école qui provoquer une vive crise au sein du conseil municipal. Rey reprend la dénonciation, par une mère d’élève, du comportement douteux de certains élèves de l’école de Polangis. Les quatre dissidents, rejoints par deux autres, l’artiste peintre Henri Poitevin et Jules Beauvais, critiquent la divulgation des faits et provoquent la suspension de la séance du conseil. Ils convoquent une réunion en soutien au directeur de l’école, accusé de complaisance. Au sortir de la réunion, ils manifestent devant le domicile de Rey, que la police vient protéger.

Les six dissidents démissionnent, ce qui a pour effet, du fait d’un autre poste vacant, de provoquer des élections municipales partielles. Pendant la campagne, les radicaux-socialistes soulignent la fragilité des convictions radicales des sortants, les qualifient de « Saxons » et assurent défendre l’école laïque contre « les abus et les scandales de tout genre ». Les six sont réélus, en compagnie d’un de leurs alliés, Richard-Cugnet, face à une liste conduite par René Martin, président de l’Union des commerçants, mais non explicitement estampillée du soutien des radicaux-socialistes. Les socialistes et les libéraux avaient renoncé à se présenter, pour soutenir les protestataires. Cependant, l’origine ethnique de Vel-Durand est toujours mise en cause, par exemple par le nationaliste Jean Contoux qui s’offusque que le radical « Rey a le toupet d’écrire que les libéraux et les nationalistes sont les amis de Weil-Durand [sic]. »

Un autre rédacteur de Voix des communes, A Deyres, commente la campagne d’Henri Vel-Durand, qu’il qualifie de « chef de bande ». Il serait « un de ces politiciens à la mode, comme on en rencontre beaucoup dans le firmament républicain : ‘Je travaille pour moi, les autres, je m’en f…’. Élu conseiller municipal puis conseiller d’arrondissement grâce à l’appui de Voisin. N’oubliait pas ses intérêts privés : devint greffier du tribunal de Nogent grâce à l’appui de Maujan. Vilaine campagne électorale en 1909 pour le poste de conseiller général, qui lui aliène l’estime de ses meilleurs amis ; mis en minorité dans sa commune même. Les élections sont un épisode d’un plan longuement préparé pour renverser l’honorable maire de Joinville et prendre sa place. Les électeurs ont à se prononcer entre 2 hommes, Voisin et Vel-Durand. Le corps électoral saura choisir entre l’homme qui l’a toujours servi et l’homme qui s’est toujours servi de lui ». Quand à Rey, qui assure « J’ai défendu Vel-Durand quand il était attaqué et qualifié de juif par le journal de Jean Contoux (…) Vel-Durand renierait son meilleur ami, s’il en avait, pour servir ses intérêts. »

La victoire, à une forte majorité, des dissidents est commentée par un dirigeant du parti radical, Paul Guelpa : « Leur réélection effacera-t-elle leur trahison ? Ils ne sont les élus que d’une fiction. Les dissidents sont les élus de la réaction avouée ». Rey, qui avait été pris pour cible personnellement, raconte : « On m’a fait un crime d’être franc-maçon ; je m’en honore. On avait sur le marché exposé un mannequin couvert d’emblèmes maçonniques qu’on devait ensuite brûler. C’est de l’intolérance. La peur du commissaire a empêché l’autodafé du bonhomme de paille. Je ne me suis pas occupé de la liste Martin, mais Mermet la qualifiait de liste Rey. Toute cette élection s’est faite sur une équivoque des mensonges et des appétits ; la coalition des unifiés, des réactionnaires et des nationalistes a été établie ». Constatant que l’affaire de l’école de Polangis avait été au centre des polémiques électorales, Rey considère le résultat comme « le triomphe de l’onanisme », espérant que « la morale reprendra bientôt ses droits. »

Avec un indépendant élu en 1908, les opposants sont désormais huit contre treize soutiens d’Eugène Voisin. Le comité radical-socialiste est, selon le journal du parti, en « désarroi » suite à la démission des conseillers municipaux qui en étaient membres. Le bureau démissionne et les convoque devant l’assemblée du comité. Accusé d’avoir fait une campagne équivoque haineuse, de mensonge, avec des attaques contre Briolay et Rey, Vel-Durand, critiqué par tous, assure « qu’en attaquant Rey il attaque celui qui voulait être le maître du conseil municipal et qui attaquait tout le monde ». Un radical anonyme oppose aussi les deux hommes en s’adressant à Vel-Durand « Nous estimons Rey comme un bon citoyen, désintéressé, esclave de ses convictions nettement républicaines. Vous n’êtes qu’un vaniteux et un envieux détestable. »

L’inauguration de la nouvelle mairie, en décembre 1911, est l’occasion de nouveaux affrontements. Les huit protestataires s’opposent aux crédits pour le bal et critiquent la cérémonie dans la Revue de Saint-Maur, dont Vel-Durand est un collaborateur. Rey rétorque que « Vel-Durand n’a jamais pardonné à Voisin de n’avoir pas été élu adjoint et conseiller général » et qualifie Beauvais et lui de « politiciens sans consistance, qui ne sont que des profiteurs et des marchands d’influence qu’ils ne possèdent pas ». Vel-Durand conteste l’exécution du budget 1911, estimant que Voisin en aurait été bénéficiaire, au travers de la location des mâts et tribunes du jour de la fête d’inauguration. Vel-Durand y participe cependant, en tant que président du Conseil d'arrondissement de Sceaux.

Les élections municipales de mai 1912 se déroulent dans un climat de forte tension, alors que le maire sortant ne se représente pas. Elles sont marquées par une manœuvre tactique originale. Les trois listes d’opposants, les libéraux de Dalbavie, ancien conseiller municipal, les socialistes de Lebègue et les radicaux dissidents concluent un accord de fusion pour le second tour, au prorata de leurs scores du premier, avec comme objectif de battre les radicaux-socialistes, conduits par l’adjoint au maire Georges Briolay. Le comité radical-socialiste de Joinville tente, en vain, de ramener l’union de ses membres. Le scrutin voit le succès de la coalition, composée de dix radicaux dissidents, sept socialistes et six libéraux. Contrairement aux libéraux, les socialistes ne participent cependant pas systématiquement à la majorité municipale et n’ont pas d’adjoint. Achille Mermet est élu maire, Henri Vel-Durand devient premier adjoint et le libéral Pierre Dalbavie, tailleur d’habits, est le second adjoint.

Une des premières décisions proposée par Vel-Durand au conseil municipal est de doubler le loyer de la maison louée par Rey à la ville, puis de lui donner congé. Leur adversaire au cours du scrutin de 1912, Briolay, témoigne : « Si vous m’accusiez de m’être employé à faire ramasser une veste à Vel-Durand à l’élection au conseil général, ne cherchez pas. Oui, c’est moi le coupable. Je le reconnais. J’avoue : c’est la récompense de sa trahison à la cause radicale-socialiste. »

Suite à son comportement lors des élections municipales, Henri Vel-Durand est exclu du Parti radical-socialiste par la fédération de la Seine. La presse locale commente l’évènement : L’Écho républicain estime qu’il a été « excommunié ». La Revue de Saint-Maur, journal où collabore Vel-Durand, considère que c’est à l’instigation des dirigeants locaux du parti radical, qui sont selon elle Briolay, Roux et Rey. Voix des communes se félicite que « la maison est maintenant propre, l’on ne risque plus d’y coudoyer les traîtres et les renégats ». L’Union radicale-socialiste de Saint-Maur écrit que « la situation politique [de Vel-Durand], anormale tout d’abord, était devenue scandaleuse et insupportable ». Le journal considère « qu’il était entré en lutte avec lui en s’alliant aux ennemis de notre parti aux élections municipales. C’était déjà une faute grave. (…) Ce que l’opinion ne lui pardonnera pas, c’est d’être resté au parti radical sans radicalisme. »

À suivre

Les glaces dans la Marne pendant l'hiver 1917

 

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19 juillet 2021 1 19 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

En prévision des élections municipales de mai 1908, le rôle d’Henri Vel-Durand augmente significativement. Le journal de droite, publié par Louis Nectoux, Le Travailleur français, lui prêt l’intention de présenter, avec de député Maujan, une liste de candidats à Joinville. le président du comité radical-socialiste réplique vertement à Nectoux que « C’est le comité radical-socialiste qui présentera sa liste, Vel-Durand en est membre ». L’hebdomadaire local de la SFIO, Tribune socialiste, parle d’un accord d’un accord entre la « liste Vel-Durand » et le comité d’action sociale, dirigée par Vernière, un cadre de la société cinématographique Pathé, plus gros employeur de la commune.

Au cours de l’assemblée plénière de l'Union des républicains radicaux-socialistes de la deuxième circonscription de Sceaux, qui se tient à Joinville en mars 1908, Vel-Durand interpelle la direction du Parti radical-socialiste au sujet de l'impôt sur le revenu, qui doit être introduit et dont la base « constitue un réel danger politique pour le département de la Seine » selon lui.

Le comité radical-socialiste, dont le maire sortant Eugène Voisin est le candidat, fait face à une opposition venant en partie de son propre camp, un comité socialiste évolutionniste, dirigé par Théophile Leteuil devant lequel la droite s’écarte ; une liste socialiste est également présente. Si Voisin et quatre de ses colistiers est élu dès le premier tour, ses autres soutiens doivent attendre le second tour ; l’adjoint au maire, Honoré Jullien, est battu. Henri Vel-Durand, loin de renouveler son score de 1904 l’emporte de manière modeste, avec 526 voix pour 1 188 votants (44%) sur 1 613 inscrits. Lors de l’élection de la municipalité, il obtient une voix pour le poste de deuxième adjoint, mais c’est Georges Briolay qui est élu. L’hebdomadaire radical Voix des communes indique que Vernière avait transmis le « mot d’ordre de l’usine Pathé » qui était « de voter contre Vel-Durand. »

En juin 1908, avec l’investiture des radicaux-socialistes, Vel-Durand est candidat au renouvellement de son poste de conseiller d’arrondissement du canton de Saint-Maur. Face à un socialiste indépendant et un candidat SFIO, il est très largement en tête au 1er tour avec 2 949 voix sur 3 933 votants (75%) pour 10 310 inscrits. Le second tour est une formalité, qu’il remporte avec 2 022 sur 2 216 votants (91%).

Dans le même canton, Vel-Durand est de nouveau candidat, en mai 1909, pour le poste de conseiller général, dont le rôle est bien plus important. Outre un socialiste, il a deux concurrents radicaux, les maires de Saint-Maur, Marin, et de Créteil, Geffroy. C’est Vel-Durand qui avait été choisi par le congrès radical-socialiste cantonal, mais les amis de Marin en avaient été exclus et Geffroy se présentait comme indépendant. Voix des communes remarque que, « à Joinville, Vel-Durand ne compte pas que des amis » et marque une préférence pour Marin, qui a pris l’engagement de se désister pour Vel-Durand s’il n’arrive pas en tête.

Le premier tour donne une légère avance, de 80 voix, à Vel-Durand. Marin refuse finalement de se retirer, malgré ses déclarations antérieures, se justifiant par le fait que Vel-Durand n’aurait pas pris un tel engagement. La Fédération de la Seine laisse entendre par son président, Bonnet, que « la décision de Marin lui paraissait motivée par des raisons sérieuses ». Après avoir objecté que, si « les fonctions de greffier de justice de paix et de conseiller général sont compatibles avec la loi », cependant « le cumul est contraire aux intérêts du canton » l’organe radical apporte un appui très formel : « Nous sommes respectueux de la discipline républicaine et demandons aux électeurs de faire leur devoir républicain. »

Lors du second tour, Vel-Durand est largement battu par Marin, recueillant  2 245 voix sur 6 044 votants (37%) contre 2 668 à Marin et 1 008 au socialiste Restiaux.

Contestant l’attitude de Marin, Vel-Durand demande son exclusion par le Comité central d’union et d’actions républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, attaquant aussi l’attitude du journal Voix des communes. Le chroniqueur de cet organe radical, A. Deyres, critique son attitude, assurant que « Vel-Durand fait partie des arrivistes pour lesquels tous les moyens sont bons ». Marin est exclu par la fédération de la Seine mais la commission de discipline, approuvée par le comité exécutif du parti radical-socialiste, se contente d’envoyer un blâme et annule l’exclusion de Marin et de son comité.

Lors des grandes inondations de la Marne au premier trimestre 1910, le quartier du Canal, où vit Vel-Durand, est envahi par les eaux. Un peu plus haute, la maison Vel-Durand sert de refuge et accueille 17 habitants forcés de fuir leurs demeures. Lui-même fait partie d’une des commissions de désinfection mises en place pour visiter les locaux inondés, et accorder la permission de réintégration, après l’évacuation des boues et des immondices. Il participe a l’organisation d’une loterie, pour recueillir des fonds en faveur des inondés.

Au sein du conseil municipal de Joinville, des tensions apparaissent après la fin de la mobilisation en faveur des inondés. En décembre, la rédaction du compte-rendu de mandat, qui doit être envoyé par le conseil municipal aux électeurs par la poste, est confié aux adjoints après que le chimiste Louis Rey et Vel-Durand aient refusé de le rédiger, suite aux critiques faites sur le précédent compte-rendu, jugé trop long. Rey souhaite qu’il soit soumis au comité radical-socialiste, dont 22 des 23 élus sont membres.

Début 1911, un nouveau journal de droite sur le canton de Saint-Maur, le Courrier libéral, soutient que le conseil est divisé en deux clans : celui qui suit le premier adjoint faisant fonction de maire (Paul Villain, le maire Eugène Voisin étant malade), l’autre qui a confiance en l’étoile de Vel-Durand. Le rédacteur, l’avocat Louis Gallas qualifie Vel-Durand de « juif. »

À suivre

Henri Vel-Durand

 

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17 juillet 2021 6 17 /07 /juillet /2021 00:01

Suite de la biographie d’Henri Vel-Durand

Les élections municipales de mai 1900 voient le retour d’une compétition, avec des candidats présentés par le comité électoral socialiste-révolutionnaire. Cependant, toute la liste d’Eugène Voisin est réélue dès le premier tour, Henri Vel-Durand y compris. Il est nommé rapporteur du budget et secrétaire de toutes les commissions importantes (travaux, octroi, électricité). Il fait partie, en avril 1902, des cinq délégués de la commune au sein du Comité d’union et d’action républicaines de la deuxième circonscription de l’arrondissement de Sceaux, qui rassemble les comités radicaux-socialistes.

Deux mois plus tard, le Comité républicain radical-socialiste de Joinville se transforme en structure permanente, alors qu’il renaissait à chaque élection jusqu’ici. Vel-Durand est un des huit délégués du comité. Toujours en juin 1902, Vel-Durand est en compétition, pour l’investiture radicale-socialiste au conseil d’arrondissement, avec Émile Palade, ancien maire de Créteil, ancien conseiller d’arrondissement. Le directeur du journal radical Voix des communes, Gaston Meynet, commente : « Palade, très apprécié, très sincèrement républicain et libre-penseur, intelligent et rompu aux affaires. Vel-Durand, conseiller municipal de Joinville, caractère bienveillant, esprit élevé, intelligence ferme, convictions républicaines ». Il donne ensuite son sentiment : « M. Vel-Durand ferait certainement un très bon conseiller d’arrondissement. Toutefois, en la circonstance, je lui préfèrerais M. Palade, qui a fait ses preuves et vraiment avec quelqu’éclat ». C’est pourtant Vel-Durand qui est désigné et l’organe radical le présente alors comme « un enfant du pays (…) Républicain ardent, radical-socialiste ». Il recueille au premier tour 1 653 voix soit 57% des 2 894 votants pour 8 788 inscrits contre 1 121 à un candidat de droite, Camille Raoult, également conseiller municipal de Joinville. Il l’emporte au second tour par 1 631 voix contre 967. Commentant le fait que le scrutin avait été peu suivi, le journal écrivait : « Le Conseil d’arrondissement tient une place très modeste ».

Tentant une œuvre pédagogique, Vel-Durand publie en décembre 1902 une brochure, Le conseil général de la Seine et le conseil municipal de Paris. Il propose un rééquilibrage entre Paris et la banlieue au conseil général en augmentant le nombre d’élus de cette dernière.

Au sein du conseil municipal, Vel-Durand vote en juin 1902 avec la majorité des élus contre l’autorisation d’installation demandée par les Sœurs enseignantes de la Providence, à une époque où l’église n’est pas encore séparée de l’État.

Le scrutin municipal de 1904 confirme la montée d’une opposition de droite, dans un climat marqué par l’exacerbation de la question religieuse. Eugène Voisin s’affiche avec le programme radical-socialiste, sa liste assurant avoir « une réprobation énergique du nationalisme et du cléricalisme » au cours des réunions de compte-rendu de mandat tenues en avril. Elle assure combattre « la réaction » et les « adversaires de la République », dans lesquels le comité radical-socialiste range les quatre conseillers municipaux dissidents de la majorité sortante (Dalbavie, Raoult, Boivin et Moulinet). Avec quatorze autres de ses colistiers, Vel-Durand est réélu dès le premier tour, où il arrive en seconde position derrière le maire, recueillant 650 voix soit 58% des 1 119 votants pour 1 363 inscrits. La liste de droite a un seul élu, sur vingt-deux, tandis qu’une nouvelle fois, les socialistes-révolutionnaires n’emportent pas de siège. L’ancien député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard commente le résultat « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause. »

Une grande conférence du Parti républicain radical et radical-socialiste de la circonscription se tient à Nogent-sur-Marne en avril 1905 avec 600 participants. Comme conseiller d'arrondissement, Vel-Durand figure au bureau. On le retrouve à la fête républicaine de juin de la même année, qui se tient à Charenton. Il participe également à la conférence publique de novembre à Joinville du député radical-socialiste Adolphe Maujan, soutenant son appel « à l'union de toutes les forces républicaines contre la coalition réactionnaire et cléricale ». Toujours en décembre 1905 à Charenton, Vel-Durand fait partie des 800 militants des 24 comités radicaux et radicaux-socialistes qui approuvent la candidature de Maujan pour sa réélection.

Au sein de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux, réunie à Joinville en juillet 1907, Vel-Durand présente un rapport sur les rapports entre les comités et les élus. Dans la même ville, il participe en novembre au punch d'honneur pour Maujan, devenu sous-secrétaire d'État à l'Intérieur dans le gouvernement de Georges Clemenceau. Il siège, toujours à Joinville, au bureau de la même union qui réclame la création de fédérations départementales uniques au sein du parti radical.

À suivre

La maison d'Henri Vel-Durand à Joinville

 

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15 juillet 2021 4 15 /07 /juillet /2021 00:01

Début de la biographie d’Henri Vel-Durand

Henri Victor Louis Vel naît le 8 mai 1867 à Paris (6e arr.). Il est le fils de Marie Christine Émilie Claudel et de son époux Maurice Samson Louis Vel, avocat qui vivent rue Saint-André des Arts. Il porte les trois prénoms qui étaient ceux d’un frère né en 1865 et mort âgé de trois semaines ; la famille reproduira cette homonymie avec ses deux sœurs cadettes, la première ne survivant également que quelques jours. La famille s’installe à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), où Henri fréquente l’école communale. Ils vivent ensuite dans la ville voisine de Saint-Maur-des-Fossés, dans le quartier du Parc, avant d’acquérir, en 1882, une villa qui restera sa résidence à Joinville-le-Pont, dans le quartier du Canal, à proximité de Saint-Maur. Elle porte d’ailleurs l’adresse d’une voie de cette dernière commune, la rue Saint-Honoré, qui prendra ensuite le nom de Maurice-Berteaux.

À l’instar de son père et de son oncle paternel Henry, préfet du Morbihan et du Nord puis conseiller d’État, il adoptera le nom de « Vel-Durand » qui était déjà celui de son grand-père Gaspard, fabricant de chocolat.

Le quotidien d’extrême-droite La Libre parole attaqua son père et son oncle du fait de leur origine juive. Ainsi, le journaliste antisémite Raphaël Viau menaça Louis Maurice Vel-Durand en mars 1896 parce qu’il avait osé critiquer Édouard Drumont, directeur du journal : « Nous engageons vivement ce vilain Youtre à être plus réservé à l'avenir dans son charabia judische. »

Devançant l’appel au service militaire, Henri Vel-Durand s’engage pour un an en novembre 1886 et est affecté au 15e régiment d’artillerie. Dans la réserve, il devient ensuite sous-lieutenant en février 1889, lieutenant en février 1898 puis capitaine en juin 1911.

Comme son père, Henri Vel-Durand fut d’abord clerc d’avoué puis devint avocat en 1889 et exerça à la Cour d’appel de Paris, où sa présence est attestée en 1896. Il devint, en janvier 1899, suppléant du juge de paix de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Conservant toujours son titre d’avocat à la cour d'appel de Paris, il prit en décembre 1901 la fonction de suppléant du juge de paix de Charenton (Seine, act. Val-de-Marne).

L’engagement dans la vie publique d’Henri Vel-Durand se manifeste dans différents domaines. Il préside en juillet 1887 la Société amicale et de prévoyance de la préfecture de police de Paris et en est toujours l’avocat conseil en février 1898.

Il est également membre de l’Union de la jeunesse républicaine, association d’éducation populaire créée, en 1882, sous le patronage de Victor Hugo. Il en est secrétaire en octobre 1896 ; le président est le député du Gard, Gaston Doumergue, futur président de la République. Dans le cadre de cette organisation, Vel-Durand donne des conférences, par exemple une en juin 1897 à Joinville sur la suppression des octrois, qui existaient à l’entrée de la plupart des villes, dont Joinville. En juin 1904, Henri Vel-Durand préside l’Union de la jeunesse républicaine et lance une souscription pour élever à Paris (15e arr.) une statue à Garibaldi. en 1926, il était toujours fidèle à l’association.

Même s’il n’a pas combattu encore, très sensible aux questions militaires, Vel-Durand est, en 1900, un des fondateurs de la 740e section de société des Vétérans, qui rassemble les anciens combattants de la guerre de 1870. Il en est le président, fonction qu’il exerce toujours en 1912. Il en reste membre en 1926, quand elle s’est élargie aux combattants de la première guerre mondiale.

Le mariage d’Henri Vel-Durand avec Antoinette Henriette Soudée est célébré à Paris (6e arr.) en avril 1899. Elle est la fille d’un architecte, inspecteur des travaux de la ville de Paris. Son oncle homonyme, alors conseiller d’État et commandeur de la Légion d’honneur, est témoin du mariage.

Quittant ses fonctions d’avocat et de suppléant du juge de paix, Henri Vel-Durand est nommé en octobre 1905, par décret du président de la République, greffier de la justice de paix de Nogent-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), nouvellement créée. Il verse une indemnité de cinquante-quatre mille francs au greffier de Saint-Maur qui couvrait précédemment l’ensemble du territoire. Son office est installé rue des Jardins. Il fut transféré dans la Grande-Rue après-guerre.

L’avocat Henri Vel-Durand s’implique très rapidement dans la vie politique de sa petite commune.

En mai 1896, alors qu’il est encore un inconnu pour beaucoup de ses concitoyens, et même les chroniqueurs de la presse locale, il figure sur la liste du maire sortant, Eugène Voisin, soutenu par le comité radical-socialiste. Sans concurrents, la liste du maire est élue intégralement dès le premier tour et Vel-Durand devient conseiller municipal. Il joue rapidement un rôle significatif, étant élu en juin 1897 délégué sénatorial, puis en janvier, avril et décembre 1899. En décembre 1893, il avait été désigné comme représentant de la commune dans une des commissions d'études de la Ligue Paris banlieue, celle chargée de l’éclairage.

À suivre

L'entrée de la maison de Vel-Durand à Joinville

 

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3 juillet 2021 6 03 /07 /juillet /2021 00:01

Joseph Aristide Camus naît le 25 octobre 1852 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Rosalie Désirée Majeur et de son mari Alexandre Jacques Camus, toiseur vérificateur (métreur).

Ayant débuté comme métreur vérificateur également, Aristide Camus s’installe à son compte en tant qu’architecte en 1888. Il est membre de la Société nationale des architectes de France.

À l’instar de ses parents, Aristide Camus est libre-penseur. Comme son père, il est également franc-maçon.

Sur le plan politique, il est candidat lors des élections municipales de mai 1888 à Joinville-le-Pont. il figure, en cinquième position, sur la liste du conseiller sortant, Alphonse Demeestère, soutenue par le comité électoral républicain radical-socialiste. Elle s’oppose à celle du maire, républicain modéré, Gabriel Pinson. C’est cependant ce dernier qui l’emporte nettement, avec dix-huit des vingt-et-un sièges à pourvoir. Au premier tour, Camus obtient 190 voix pour environ 550 suffrages exprimés (35%) ; il est un des quatre candidats radicaux à se représenter au second tour, obtenant 204 votes sur environ 425 exprimés (48%) ; il est le seul d’entre eux à ne pas être élu.

L’hebdomadaire radical Voix des communes commente ainsi son échec : « Camus l’architecte, comme candidat, possédait des qualités indéniables. Il était compétent pour apprécier les travaux commencés (…). Cette compétence, il eut été le seul à l’exercer dans le conseil actuel. Nul d’ailleurs ne le récusait. On lui reprochait seulement tout bas – bien bas – de n’avoir pas assez dissimulé qu’il n’a point gardé la fleur dont les jeunes filles de bonne famille achètent la perte parfois si cher. Entre nous, cela n’avait rien à voir avec les affaires et Camus était un candidat modèle ».

La mort du maire, Gabriel Pinson, un mois après sa réélection, amène un rapprochement des radicaux-socialistes avec le nouveau maire, Eugène Voisin. Ils soutiennent, en commun, la candidature d’Édouard Jacques pour une élection législative partielle en janvier 1889 contre le général Boulanger, populiste. C’est cependant ce dernier qui l’emporte. Pour lutter contre le mouvement boulangiste, un comité communal anti-plébiscitaire est fondé en mars 1889 à Joinville. Camus est un des trois fondateurs avec Demeestère, le futur député Jules Ferdinand Baulard, l’ancien conseiller municipal Vaudey, le lunetier Eugène Videpied et le journaliste Henry Vaudémont, avec lequel il restera très lié.

Toujours avec Demeestère, Vaudey et Vaudémont, Camus s’associe à l’appel de l’Union des radicaux-socialistes du canton de Charenton en faveur de la candidature de Baulard pour les élections législatives en septembre 1889. Il est un des organisateurs du banquet, réuni en novembre cette même année, pour fêter la victoire de leur ami.

Le militant boulangiste Henry Buguet, bookmaker et ancien conseiller municipal de Joinville, s’estime insulté par Vaudémont et le provoque en duel ; ce dernier demande à Camus d’être un de ses témoins. Camus sollicite un arbitrage, qui est rendu par le capitaine Benini, chef de la section d’escrime à l’école de gymnastique de Joinville-le-Pont. Ce dernier estime que la demande de Buguet est incorrecte et Vaudémont renonce à poursuivre les injures de Buguet, qu’il considère comme un homme de peu de valeur.

En mars 1890, Demeestère et Vaudémont, qui en sont le président et le secrétaire, chargent Camus de percevoir les cotisations pour l’Union des radicaux-socialistes du canton à Joinville.

Espérant toujours rentrer au conseil municipal, Camus accepte de figurer sur une liste lancée à l’initiative du maire adjoint, Honoré Jullien lors d’une élection municipale partielle en mars 1890. Vaudémont se présente sur une liste concurrente et dit de Camus, qu’il voulait avoir avec lui, qu’il est son « aimable frère-lâcheur ». Vaudémont est élu, sa liste emportant trois des cinq sièges, tandis que Camus est une nouvelle fois battu.

Malgré ses échecs, Camus continue de suivre de près la vie municipale. Ainsi, c’est lui qui préside la réunion publique de compte-rendu de mandat de trois conseillers municipaux radicaux-socialistes, Demeestère, Diot et Vaudémont en novembre 1890. Après avoir demandé de « reboucher la porte du jardin du curé », les électeurs présents « les engagent à persévérer dans la voie des réformes démocratiques et sociales. »

En août 1893, Camus est le représentant de Joinville au sein de la commission exécutive de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux. Elle soutient la candidature de Baulard à sa réélection.

Comme plusieurs centaines de joinvillais, Camus souscrit en septembre 1895 « Pour les affamés de Carmaux », les ouvriers verriers en grève.

Aristide Camus meurt le 17 janvier 1897 à Joinville. Il était âgé de 44 ans et résidait impasse Georges Rousseau (act. impasse Jules Rousseau) après avoir vécu rue de l’Église et rue de Paris, dans le centre de la commune. Il ne semble pas avoir été marié, mais avait une compagne, Maria Rousseau. L’hebdomadaire de son ami Vaudémont (mort six mois plus tôt) lui rend hommage en assurant qu’il « était très connu et aimé à Joinville (…) Camus était libre-penseur et il est mort fidèle à ses convictions. »

La Marne à Joinville, 1888

 

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29 juin 2021 2 29 /06 /juin /2021 00:01

Armand Alexandre Julien Bureau naît le 13 mars 1878 à Curzon (Vendée). Il est le fils d’Armance Chateneau et de son mari Gustave Bureau, boulanger.

Venu avec ses parents à Levallois-Perret, rue Chaptal (Seine, act. Hauts-de-Seine), il est condamné en novembre 1897 à trois mois de prison avec sursis pour vol par le tribunal correctionnel de la Seine. Cette peine est amnistiée en 1919. Il travaille comme ébéniste.

Convoqué en 1898 pour le service militaire, il est ajourné pour faiblesse. Il intègre en novembre 1900 le 69e régiment d’infanterie, est nommé caporal en septembre 1901 et démobilisé le même mois l’année suivante. Il effectue une période de réserve en 1905 mais, convoqué à nouveau en 1908, il ne s’y rend pas et est déclaré insoumis en octobre 1908. Il se présente de lui-même à la gendarmerie en janvier 1909 et sa bonne foi est admise.

N’ayant pas, une fois encore, répondu à une convocation en décembre 1912, il est inscrit sur les registres d’insoumission, arrêté en février 1913 et condamné, par le conseil de guerre, à six jours de prison.

Mobilisé en août 1914 pendant la première guerre mondiale, Armand Bureau est affecté au 19e régiment territorial d’infanterie. En mars 1916, il est écarté du service armé pour « débilité » et détaché à la direction du génie à Amiens (Somme). Il rejoint en août 1917 le 1er groupe d’aviation à linsoumis, dans le même département. Il est démobilisé en février 1919.

Pendant son séjour en Picardie, Armand Bureau épouse en juin 1916 à Abbeville Georgina Armande Drenthon (nom présumé) qui donne naissance dans cette ville à une fille en novembre 1918. Parmi ses prénoms, elle porte celui de Victoire.

La famille Bureau s’installe en 1926 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, d’abord avenue du Bac puis avenue de l’Île (act. avenues Guy-Môquet et Jean-d’Estienne-d’Orves).

La première mention de l’engagement politique d’Armand Bureau se trouve, en décembre 1928, dans le quotidien Le Populaire qui le cite comme membre de la section de Joinville du parti socialiste SFIO.

Lors des élections municipales de mai 1929, la municipalité sortante présidée par M. Stephen Durande (centre et droite) fait face à deux listes de gauche, celle du parti communiste, et celle du cartel des gauches, qui a le soutien des radicaux-socialistes et de la SFIO, comprenant aussi des socialistes indépendants.

Au premier tour, la liste d’Union nationale des sortants arrive en tête avec 42,6% des suffrages exprimés, devant la Concentration des gauches de Georges Briolay à 35,9% et les communistes de Roger Bénenson à 16%. Au second tour, la liste des gauches emporte vingt-deux des vingt-sept sièges à pourvoir, avec 45,9%, la droite conservant cinq sièges en recueillant 41,6%, tandis que la liste communiste, reculant à 12,5%, n’a pas d’élu.

Armand Bureau faisait partie des six candidats présentés par la SFIO sur la liste commune avec les radicaux et les indépendants. Il obtient au premier tour 730 voix, soit 42,6% des 1 715 votants pour 2 491 inscrits. Il est élu au second tour en compagnie de trois autres socialistes, Georges Roger, François Galabert et Marcel Couillard. Roger est désigné comme adjoint au maire.

Avec notamment Roger et Galabert, Bureau devient administrateur de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville-le-Pont, constitué en 1930. D’importantes dissensions se font jour au sein du conseil municipal, en particulier parmi les socialistes. François Galabert s’oppose, de manière parfois spectaculaire, au maire, en particulier au sujet de son attitude envers les chômeurs. Couillard quitte plus discrètement le conseil. par contre, Roger et Bureau restent fidèles à l’alliance avec les radicaux.

Les luttes à l’intérieur de l’assemblée ayant provoqué plusieurs départs, une élection municipale partielle doit être organisée en octobre 1934. La liste de droite, mais comprenant aussi quelques radicaux, emmenée par Charles Chaussée arrive en tête avec 37,0% tandis que des indépendants, plus proches du maire obtiennent 25,5% ; les socialistes, qui font une liste autonome, se retrouvent, avec 17,6%, légèrement derrière les communistes qui ont 17,8%. Ils se retirent pour le second tour, qui voit la liste de droite remporter les dix sièges avec 59,5% face aux seuls communistes.

Confirmant son engagement auprès du maire sortant, Bureau rejoint le parti radical-socialiste et est, en janvier 1935, secrétaire du comité de Joinville, alors présidé par le miroitier Gabriel Vélard, qui est aussi le président du comité de Front populaire dans la commune.

Lors de la campagne pour les élections municipales de mai 1935, Armand Bureau est également secrétaire du Groupement des gauches républicaines qui, outre les radicaux, regroupe également des indépendants comme Genevay et Roger. Il lance un « appel à l’union pour continuer l’œuvre de bonne administration des élus de 1929 et 1934. »

En présentant son bilan, la liste de Georges Briolay insiste sur les importants travaux d’amélioration et d’embellissement qu’ils auraient réalisé depuis 1929. Elle concède qu’il y a eu une augmentation des impôts locaux, mais l’attribue à une « aggravation des charges imposées à la commune (contingent, chômage, moins-values sur les recettes) ». Bureau figure en onzième position sur la liste. Elle défend le programme suivant : assainissement, travaux de viabilité, réfection des trottoirs défectueux, création de squares. Elle souhaite que l’État lance des grands travaux d’outillage national (élargissement du pont de Joinville, suppression du passage à niveau). Proposant le maintien des allocations communales actuelles, le Groupement des gauches plaide pour la création d’un fonds national de chômage. Voulant créer un nouveau groupe scolaire dans le quartier de Polangis, la liste des sortants propose également d’agrandir les établissements existants. Elle veut enfin créer une salle des fêtes à la mairie ainsi que des cours de natation et d’aviron gratuits.

Devancée au premier tour par la coalition de droite de l’Union républicaine, qui recueille 32,6% des suffrages exprimés, la liste des Gauches républicaines obtient 26,8%, talonnée par les communistes à 23,5%. Ces derniers fusionnent avec les socialistes SFIO, qui avaient un score de 12,3%. Au second tour, les sortants perdent une grande part de leurs suffrages et n’ont aucun élu, les communistes en ayant deux, tandis que la droite de Léon Lesestre a les vingt-cinq autres. Bureau recueille au premier tour 755 votes sur 2 856 exprimés (26,4%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits. Il en a 544 sur 2 899 exprimés (18,8%) pour 2 924 votants au second tour.

Depuis avril 1935, Bureau avait été désigné comme administrateur de la caisse des écoles de Joinville.

Armand Bureau meurt le 25 janvier 1941, et son décès est transcrit sur l’état-civil de Joinville. Il était âgé de 62 ans.

L'école militaire de pilotage du Crotoy, dite école Caudron

 

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23 juin 2021 3 23 /06 /juin /2021 00:01

François Charles Félix Allard naît le 28 décembre 1840 à Paris (5e arr.). Il est le fils de Catherine Maubrey et de son mari Pierre Joseph Allard, de nationalité belge et possède donc également à la naissance cette nationalité. Un décret de juillet 1879 donna à Félix Allard un droit de séjour permanent. Il est ultérieurement présenté comme étant de nationalité française.

Exerçant la profession de quincailler à Paris (2e arr.), il épouse Clémence Joséphine Latourte en avril 1868 à Boulogne (act. Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine). Sa femme décède en février 1870.

Au début des années 1870, Félix Allard s’est lancé dans la fabrication et la commercialisation de coffres-forts. Il dispose, à Paris, d’une boutique boulevard Saint-Martin puis boulevard Sébastopol et d’une usine, rue de Charonne. Dans ses publicités, il assure que ses coffres étant tout en acier, d’une seule pièce, seraient incombustibles et incrochetables. Il poursuit son activité jusqu’en 1907. Il participe à des expositions à Paris et Lyon en 1872, puis à l’exposition universelle de 1878 à Paris. Par contre, il refuse d’aller à celle de Londres en 1889, parce qu’on ne lui avait réservé qu’un emplacement de 1 m 50 de façade, alors que l'exposition de son coffre-fort principal nécessitait déjà une longueur de 1 m 80. À partir de 1899, il se présente comme ingénieur.

Domicilié à boulevard Saint-Martin à Paris (11e arr.), Félix Allard se remarie en février 1890 dans cet arrondissement avec Marguerite Lamy. Le maire de Nogent-sur-Marne, Charles Pimbel, fait partie des témoins du mariage. Le couple s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), d’abord rue de Paris puis plus tard quai Beaubourg (act. quai du Barrage) puis avenue pauline, dans le quartier de Polangis, avant de revenir rue de Paris.

À côté de son activité industrielle, Allard est propriétaire de plusieurs terrains et immeubles : au Perreux, une vaste villa est mise en vente en août 1891 ; à Joinville, un hôtel-restaurant est cédé en août 1899 ; à Paris (2e arr.), plusieurs immeubles sont exploités rue du Caire vers 1900. Quant à l’activité de fabrication de coffres-forts, Allard l’arrête vers 1907.

La principale forme d’engagement de Félix Allard se situe dans le domaine des organismes à vocation sociale. Il est en 1880 l’un des fondateurs de la Société de protection mutuelle des voyageurs de commerce et en devient le trésorier. Il garde cette fonction pendant trente ans. Le président fondateur est Charles Mallet, suivi par Georges Carton, Victor Bonjean puis Pierre Cachet. Henri Brisson, député et président de la Chambre en est le président d'honneur lors de la constitution de l’association. En 1898, la société a versé des indemnités à 615 malades pour une trentaine de jours chacun en moyenne, apporté des secours aux sociétaires incurables, à leurs veuves ou enfants, finance les funérailles, constitué un fonds de retraite. Elle gère aussi un bureau qui a fourni 87 emplois fixes et 383 à la commission. La situation prospère de la société vaut régulièrement des félicitations à Allard. Il devient trésorier honoraire en décembre 1911 et reste administrateur.

Dans sa commune, Félix Allard préside en 1897-1898 une société d’épargne intitulée La Tirelire de Joinville. Elle place 300 livrets dans la population. Il est également le président fondateur, en 1897 toujours, de la Société amicale des pêcheurs. L’Union amicale de Joinville-Champigny, fondée en 1910, va également compter Allard comme président. Elle organise chaque année des concerts dans le quartier de Polangis.

Après la catastrophe de l'usine de Bi-Métal de Joinville-le-Pont, dont l’explosion d’une chaudière en février 1895 fait quatre morts, Allard organise une quête et présente le compte-rendu de l’utilisation des fonds recueillis en novembre la même année. Il est également membre honoraire de la société de secours mutuels des sapeurs-pompiers de la commune.

Dans le domaine politique, Félix Allard manifeste une nette proximité avec les républicains et radicaux-socialistes. En 1883, il participe très activement à la constitution d’un monument à la gloire de Léon Gambetta, opposant républicain au second Empire, membre du gouvernement de la défense nationale en 1870, qui proclame le retour de la République le 4 septembre 1870, et fut, avec le « programme de Belleville » en 1869, l’inspirateur du mouvement radical-socialiste.

Dans la commune de Joinville, Allard est présenté comme étant la seule personne du public assistant au conseil municipal en décembre 1894, à un horaire qui déplaît au journaliste radical membre de ce conseil, Henry Vaudémont, puisqu’il se tient l’après-midi. C’est lui aussi qui demande, et obtient en février 1898, l’affichage analytique des décisions du conseil municipal.

À plusieurs reprises, Allard fait partie des bureaux en charge de l’organisation de réunions publiques de compte-rendu de mandat. C’est le cas pour le conseil municipal de Joinville en avril 1896 et en février 1911 ou pour le député de la circonscription, le radical Jules Ferdinand Baulard en octobre 1896.

On trouve aussi Félix Allard en tant que président du cercle de Joinville en 1916. Ledit cercle est celui « autour du billard duquel les élections municipales ont la réputation de se faire » écrivait, en mai 1891 l’hebdomadaire radical Voix des communes. Une pratique abandonnée en 1892, selon ce journal. Peut-être se réunit-il dans les locaux de la Société nautique de la Marne.

Félix Allard meurt le 23 mai 1923 à Joinville ; il est inhumé à Bry-sur-Marne. Il était âgé de 82 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Félix Allard était décoré des Palmes académiques, officier d’académie depuis janvier 1898 et officier de l’instruction publique depuis novembre 1907. Il avait reçu la médaille d'argent de la prévoyance sociale en décembre 1895 puis la médaille d'or en février 1911.

Coffre-fort Félix Allard, vers 1880

 

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1 juin 2021 2 01 /06 /juin /2021 00:01

Jean Francois Xavier Arquinet naît le 19 novembre 1832 à Vesoul (Haute-Saône). Il est le fils de Marie Lallemand et de son époux Joseph Arquinet, cultivateurs.

En 1860, il vit rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris (12e arr.) et est sculpteur, dans la zone où sont regroupés les artisans du bois. Ayant déménagé rue de Citeaux dans le même quartier, il épouse Marie Rose Prévost en avril 1866 à Lunéville (Meurthe, act. Meurthe-et-Moselle).

Au cours des années 1880, le couple Arquinet vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le centre de la commune, rue du Pont. Ils sont alors rentiers.

Lors des élections municipales de mai 1888, Jean Arquinet est candidat sur la liste du maire sortant, Gabriel Pinson, républicain modéré, qui s’oppose à celle du comité radical-socialiste, conduite par Alphonse Demeestère, conseiller municipal sortant. La liste Pinson emporte 18 des 21 sièges à pourvoir, les radicaux ayant les trois autres. Arquinet est élu dès le premier tour, avec 302 voix sur environ 550 votants soit 55%.

Reconduit à la mairie, Gabriel Pinson meurt un mois plus tard et est remplacé par le premier adjoint, Eugène Voisin, qui se rapproche des radicaux. Arquinet fait partie, en décembre 1890, de la délégation pour les élections sénatoriales, soutenue par les radicaux. Il fait partie de la majorité des conseillers qui, à l’appel du comité radical-socialiste, rendent compte de leur mandat en séance publique en octobre 1891.

Lors des élections municipales de mai 1892, Arquinet est réélu dès le premier tour avec 436 voix sur 639 suffrages exprimés (68,2%) pour 644 votants. La liste des radicaux avec Eugène Voisin à sa tête remporte 22 des 23 sièges à pourvoir, une liste conservatrice en recueillant un. Arquinet fait partie des commissions en charge de la bibliothèque, des chemins, travaux et éclairage, des finances, ainsi que du marché d’alimentation. Il est de nouveau délégué sénatorial en mars 1896.

Commentant son attitude pendant le mandat, le journaliste Henry Vaudémont écrit dans l’hebdomadaire radical Voix des communes : « Arquinet, épicurien, rêve de pêche à la ligne et de repos. »

La liste Eugène Voisin est réélue en mai 1896 sans concurrents avec Arquinet. Il est de nouveau délégué sénatorial en juillet 1897 puis en avril 1899.

Le scrutin suivant, en mai 1900, voit une liste socialiste-révolutionnaire contester les candidats radicaux. Ceux-ci, derrière Eugène Voisin, remportent cependant tous les sièges. Il y a 1 096 inscrits et Arquinet obtient 626 votes.

Le Comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux se constitue en avril 1902 avec comme président le député radical Jules Ferdinand Baulard, résidant à Joinville. Arquinet est avec Boileau, Gobert, Vel-Durand et Volant, conseillers municipaux, au nombre de la délégation joinvillaise, avec Roussel et Salles.

En juin 1902, bien qu’absent du conseil municipal, Arquinet fait savoir qu’il se prononce contre l’autorisation d’installation des Sœurs enseignantes de la Providence, comme la majorité radicale-socialiste du conseil.

Jean Arquinet meurt le 17 avril 1904 à Joinville. Il était âgé de  71 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Il siégeait depuis 16 ans au conseil municipal.

La rue du Pont à Joinville en 1903

 

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie d’Honoré Jullien

L’année 1908 voit trois listes concourir aux élections municipales du mai à Joinville-le-Pont, plus un candidat indépendant. À la liste du comité radical-socialiste, menée par Eugène Voisin, s’ajoutent celle du parti socialiste SFIO et une autre d’un comité socialiste évolutionniste, qui regroupe d’anciens radicaux ou socialistes et des personnalités de tendance libérale. Les radicaux entendent mener « une gestion sage et une administration prudente des finances de la commune ». Ils veulent réaliser des économies, encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité. Ils marquent également leur opposition à de nouveaux impôts, et enfin confirment leur souhait de faire un compte-rendu de mandat annuel. Tandis que la SFIO n’a pas d’élu, l’indépendant rentre au conseil en même temps qu’un des candidats évolutionnistes. Les radicaux se retrouvent à 21 sur 23 sièges. Cependant, Jullien n’est pas élu, recevant du second tour 488 voix sur 1 188 suffrages exprimés (41,1%).

Les évolutionnistes avaient mis en cause directement les candidats de la liste radicale « Si vous êtes satisfaits du gaspillage des finances municipales ; si vous approuvez les scandaleuses concessions accordées ; si vous voulez supprimer l’abus des subventions qui paient les complaisances électorales ; chassez de la mairie les mauvais administrateurs et votez pour nous ! Voter pour Vel-Durand, c’est voter pour l’incohérence ; voter pour Briolay, c’est vouloir continuer l’anarchie qui règne au conseil municipal ; voter pour Jullien et Villain, c’est voter pour la dictature. »

Selon le chroniqueur du journal radical Voix des communes, Louis Rey, Jullien « avait été battu par une coalition de rancunes et d’appétits ». En juin, le comité radical-socialiste lui offre un banquet où se retrouvent « tous les conseillers municipaux républicains de Joinville ». Il y a 50 couverts, en alternant un membre du conseil municipal et un membre du comité ; il se tient dans son restaurant, et un bronze lui est offert au nom du comité ainsi qu’une plaquette en argent au nom du conseil municipal. Le journal des évolutionnistes, L’Indépendant qualifia l’évènement de repas des « Mille-et-un-regrets. »

Ayant siégé pendant trente ans au conseil municipal, dont dix comme conseiller et vingt comme adjoint au maire, de 1878 à 1908, Honoré Jullien ne quitte pas la vie publique après sa défaite de 1908. En décembre, bien que n’étant plus élu, il est désigné comme délégué sénatorial.

Le restaurant Jullien reste un lieu important de la vie politique dans la circonscription. Il accueille ainsi en janvier 1909 un congrès pour désigner le candidat radical-socialiste à l’élection législative partielle liée à l’élection au poste de sénateur d’Adolphe Maujan. Il y a plus de 600 participants dans une ambiance commentée par la presse radicale : « agitation, vivacité, effervescence, émotion ». C’est Amédée Chenal qui est désigné, après plusieurs désistements. Il est élu, au second tour, face au socialiste SFIO Albert Thomas.

Lorsque que le préfet entend, en juin 1909, remettre en vigueur une ordonnance de Colbert, datant de 1669 et fixant une taille minimale aux bateaux, au côté de Rey et de Perre, conseillers municipaux et pour ce dernier constructeur de barques, Jullien est mobilisé avec deux autres constructeurs pour se rendre en audience auprès du sous-secrétaire d’État à l’intérieur, qui se trouve être le nouveau sénateur Maujan. Sur son instruction, le préfet réexamine sa circulaire.

Sur l’île Fanac, la guinguette Jullien est toujours sollicitée pour les manifestations politico-sociales. L’Union fraternelle, groupement de francs-maçons, y banquète en octobre 1909 pour défendre de l’école laïque et exprimer sa sympathie envers le pédagogue libertaire espagnol Francisco Ferrer, fusillé après avoir été accusé par le clergé catholique d'être l'un des instigateurs de l’insurrection de Barcelone.

Au premier trimestre 1910, comme toutes les constructions situées dans les zones basses sur les bords de Marne, Chez Jullien est inondé lors de la crue exceptionnelle de la rivière. Jullien fait partie avec Paul Purrey, franc-maçon et futur maire de Wissous (Seine-et-Oise, act. Essonne) de la commission nommée par le préfet et chargée de déterminer la nature et l’importance des dégâts causés par les crues de la Marne. L’activité reprend pendant l’été, et le restaurant sert même de lieu de substitution à la mairie, en cours de reconstruction à l’automne de cette année, pour la remise de prix de l’Association philotechnique, principale structure locale d’éducation populaire.

En mars 1912, Jullien est à l’origine de la création d’une société de secours mutuels intitulée Mutualité scolaire de Joinville-le-Pont. Elle est officiellement approuvée par arrêté en avril la même année. Jullien en est le président, tandis que deux instituteurs de chacune des école sont vice-présidents. L’objectif de la mutuelle est d’assurer des secours aux parents en cas de maladie ou blessures et de constituer des pensions de retraites à ses adhérents.

Cependant, la défaite des radicaux-socialistes lors des élections municipales de mai 1912 conduit Jullien à présenter sa démission, pour tenter d’éviter une rupture entre la nouvelle association et la municipalité. Il est remplacé par le docteur Pierre Vallat, lui aussi radical-socialiste et ancien conseiller municipal, mais dont le statut de médecin réputé est supposé faciliter la relation. Cependant, il n’obtient pas lui non plus, le versement de la subvention attribuée par le conseil municipal précédent.

Pendant la guerre, le restaurant continue de fonctionner, mais il semble avoir du mal à recruter son personnel.

Le retour, en novembre 1919, d’une municipalité dans laquelle figurent des radicaux fait que Jullien est de nouveau désigné, en décembre, délégué sénatorial.

En octobre 1920, Jullien met en vente son hôtel restaurant. Il reste sur l’île Fanac, mais déménage avec son épouse dans une maison voisine.

Honoré Jullien meurt à Joinville, le 9 août 1935, à l’âge de 73 ans. Il était décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en avril 1899 et officier de l’instruction publique en décembre 1904. Une salle de réunion de la mairie porte le nom de salle Jullien. L’ancienne guinguette Chez Jullien abrite l’école municipale de musique.

Fin

Guinguette Chez Jullien sur l'île Fanac

 

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