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14 mai 2021 5 14 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie d’Honoré Jullien

Lors des élections municipales de mai 1892 à Joinville-le-Pont, la liste Eugène Voisin, maire sortant, se retrouve confrontée à une liste de droite, dirigée par l’industriel Albert Bocquentin et le docteur Jean Barborin. Ces derniers recueillent 27% des 639 suffrages exprimés pour 644 votants au premier tour et ont un élu ; la liste Voisin, soutenue par le comité radical-socialiste, gagne les 22 autres sièges. Honoré Jullien est réélu avec 423 voix (66,2%) et reconduit en tant que premier adjoint au maire.

Pendant le mandat, Jullien siège à la commission de la caisse des écoles et préside celles de la bibliothèque et de l’octroi. Il participe également au travail de délimitation de la commune avec sa voisine de Nogent-sur-Marne mais en profite pour critiquer les lourdeurs de la procédure : il y a quatre habitants concernés par la modification des frontières, mais il faut sept membres dans le bureau chargé de les auditionner. Il propose en septembre 1894 au conseil municipal de faire « une grrrrande exposition des stupidités administratives » qu’il voudrait installer pendant l’Exposition universelle de 1900, selon l’hebdomadaire Voix des communes. Comme adjoint au maire et ancien combattant, il inaugure en décembre 1895 une plaque à la mémoire du 42e régiment d’infanterie de ligne, qui participa à la défense de Paris lors de la bataille de Champigny en décembre 1870.

Le scrutin municipal de mai 1896 constitue un moment particulier dans la vie du radicalisme à Joinville. Le maire, Eugène Voisin, qui a le soutien du comité radical-socialiste local est au faîte de sa popularité et sa liste est, exceptionnellement, élue sans concurrent avec une moyenne de 800 voix sur 918 électeurs inscrits. Le député est un radical joinvillais, Jules Ferdinand Baulard. Mais Alphonse Demeestère, pilier du radicalisme dans la circonscription est décédé deux mois avant et Henry Vaudémont, qui est la plume du mouvement dans l’hebdomadaire Voix des communes, quitte le conseil municipal de Joinville pour mourir quelques mois plus tard. Voisin est réélu maire, Jullien et Couppé le sont comme adjoints.

L’inauguration du groupe scolaire de Polangis-Palissy à Joinville, en avril 1899, est l’aboutissement d’une longue action des partisans de l’école laïque. Le préfet prend l’occasion pour décorer Jullien des Palmes académiques.

Retour à la normale lors des élections municipales de mai 1900. Le comité électoral socialiste-révolutionnaire présente une liste à Joinville. Elle n’empêche pas la liste Eugène Voisin, investie par le comité radical-socialiste, d’emporter tous les sièges dès le premier tour. Jullien arrive en seconde position des candidats, assez loin de Voisin toutefois, avec 661 voix pour 1 096 électeurs inscrits (60%). De nouveau, Voisin est maire, Jullien et Couppé adjoints.

En avril 1902, Jullien représente les joinvillais au sein du Comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de Sceaux, structure locale du parti radical-socialiste nouvellement constitué, avec le député Baulard, le maire Voisin, huit conseillers municipaux et deux autres personnalités. Ce même mois, c’est lui qui préside une réunion de campagne pour l’élection législative de 2002, à laquelle Adolphe Maujan se présente pour succéder à Jules Ferdinand Baulard, qui termine son troisième mandat et fait ses adieux politiques. La réunion accueille deux contradicteurs, les candidats socialiste-révolutionnaire Renier et conservateur Fatoux.

En juin 1902, le Comité républicain radical-socialiste de Joinville devient une instance permanente. Jusqu’ici, les comités étaient formés à l’occasion de chaque élection et ne lui survivaient pas. Jullien fait partie des huit membres de son bureau. Alors que l’État et l’église catholique ne sont pas encore séparés, le conseil municipal doit se prononcer, en juin 1902, sur la demande d’installation des Sœurs enseignantes de la Providence. Il s’y oppose par 13 voix (dont celles de Voisin, Jullien et Couppé) contre 5.

Les partisans de l’installation des religieuses vont constituer le socle de la liste conservatrice qui va contester, en mai 1904, l’élection municipale. Le maire se présente cette fois-ci sur une liste qui affiche très clairement le programme radical-socialiste, assurant s’opposer au nationalisme et au cléricalisme de la « coalition réactionnaire », menée par Provin et Dalbavie. Les partisans du maire obtiennent en moyenne 50,2% des votes, contre 31,9% pour la droite et 14,9% pour les socialistes-révolutionnaires. Jullien est réélu dès le premier tour avec 632 voix (56,5%) sur 1 119 votants pour 1 363 inscrits. Il arrive en quatrième position. La majorité sortante se retrouve avec 22 sièges sur 23, la droite ayant un élu.

L’ancien député radical, Jules Ferdinand Baulard, électeur à Joinville, commente le résultat : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause ». Voisin et Jullien reprennent leurs fonctions de maire et d’adjoint, Paul Villain remplaçant Couppé pour le deuxième poste.

Ce remplacement va être un des éléments qui vont progressivement faire monter la tension dans le conseil municipal au cours du mandat. Henri Vel-Durand, qui était arrivé en second par le nombre de voix, a du mal à admettre qu’on ne lui ait pas proposé le poste d’adjoint.

À suivre

Chez Jullien sur l'île Fanac

 

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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie d’Honoré Jullien

Un mois après avoir été réélu maire en juin 1888, le républicain Gabriel Pinson meurt. Honoré Jullien fait partie des successeurs possibles selon les supputations de la presse, avec Nicolas Chéret et Jules Rousseau. Ce sera cependant le premier adjoint sortant, Eugène Voisin, qui prend la fonction en août 1888, tandis que Jullien devient premier adjoint.

Scellant le rapprochement avec les radicaux, le conseil municipal adopte une proposition de Demeestère pour participer à une manifestation à l’occasion du trente-septième anniversaire de la mort d’Alphonse Baudin, tué sur une barricade le 3 décembre 1851 à Paris alors qu'il s'opposait au coup d'État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte. Jullien fait partie de la délégation municipale qui va saluer ce « martyr du droit. »

Si sa clientèle principale est familiale, Chez Jullien accueille également des manifestations sociales. En janvier 1882, le fabricant de pianos Antoine Bord organise un banquet de 400 couverts pour remercier ses ouvriers qui, à l’occasion de la sortie du cinquante-millième instrument, lui avaient offert son buste en bronze, œuvre du sculpteur M. Mathurin Moreau. Bord assurait une participation de ses employés aux bénéfices de la société, innovation peu répandue. La fanfare municipale et la société de Tir organisent sur l’île Fanac leur bal annuel en 1890 et les pompiers font de même très souvent. Le comité s’action pour l’accès aux trains des ouvriers et employés y fait une fête familiale en 1898 et une réunion en avril 1905.

La vocation touristique de Joinville évolue, et l’établissement Jullien tente de s’y adapter. Dans les années 1880, la danse la principale raison de venir sur les bords de Marne, et Jullien est soumis à la concurrence d’autres bals à l’entrée gratuite. La pratique du canotage décline également. Un reportage du New-York herald en juin 1896 sur l’île Fanac montre le développement de l’usage de la bicyclette. Seulement, selon Honoré Jullien, les cyclistes arrivent trop fatigués pour ensuite pratiquer les sports nautiques. Son voisin, le constructeur de bateaux Turban, assure que « Le bicyclisme a tué tout par ici. »

La guinguette est le lieu également de réunions politiques, notamment celles d’organisations de gauche ; ainsi, le conseil municipal y tient, en mars 1894, son déjeuner annuel ; en juin 1898 l'Union des républicains radicaux-socialistes y offre, un banquet à l'occasion de la réélection de Jules Ferdinand Baulard à la députation. En janvier 1902, la Fédération socialiste révolutionnaire internationaliste de la 2e circonscription de Sceaux, accueille Charles Longuet, gendre de Karl Marx, pour présenter son programme axé sur la socialisation des moyens de production.

Le député nouvellement élu Adolphe Maujan reçoit, en avril 1903 dans le restaurant les instituteurs des cantons de Charenton, Nogent et Saint-Maur.

En décembre 1905, les comités républicains de la deuxième circonscription de Sceaux se réunissent dans l’île Fanac pour sélectionner leur candidat pour l’élection législative de mai 1906 ; ce sera le sortant Adolphe Maujan, choisi à la majorité des quelques 900 membres des vingt-quatre groupes radicaux et radicaux-socialistes présents Chez Jullien. En juin 1906, c’est au même endroit que le député réélu fête sa victoire, avec au menu la matelote d'anguilles Joinville, qualifiée de « triomphe culinaire de Jullien » par le quotidien Le Radical.

Le restaurant est vendu en juin 1900 au distillateur et commerçant René Martin, qui achète également l’hôtel-restaurant Bégat, toujours à Joinville. Cependant, Jullien reste l’exploitant du restaurant et continue de vivre sur place.

L’activité municipale de Jullien devient intense depuis qu’il est adjoint au maire. En janvier 1889, avec la plupart des républicains et tous les radicaux-socialistes de la commune, il appelle à voter contre le candidat populiste, le général Boulanger, lors d’une élection législative partielle du département de la Seine ; c’est cependant ce dernier qui l’emporte. Il est fréquemment désigné comme délégué sénatorial, à partir de décembre 1890. Le journaliste Henry Vaudémont assure qu’il « joue seul le rôle d’intelligence constante ».

Malgré l’estime que ce dernier lui porte, ils s’affrontent lors d’une élection municipale partielle, où Jullien soutient une liste tandis que Vaudémont en présente une autre. Ce dernier emporte trois des cinq sièges à pourvoir, tandis que ceux soutenus par Jullien ont les deux autres. Vaudémont et Jullien seront ensuite proches, le publiciste assurant qu’il a pour le restaurateur « une estime d’un calibre que je prodigue peu ». C’est chez Jullien que se discute, en avril, la désignation du deuxième adjoint, François Couppé.

En novembre 1890, Jullien assiste à la réunion où trois élus radicaux-socialistes (Demeestère, Diot et Vaudémont) rendent compte de leur mandat. Il demande au conseil municipal de souscrire au monument projeté pour le républicain socialiste Jules Joffrin, mais la majorité ne le suit pas, et une souscription particulière est lancée par Demeestère et Vaudémont. La même année en décembre, toujours avec Vaudémont, Jullien proteste contre l’inégalité de traitement entre Paris et la banlieue en matière d’approvisionnement en gaz et saisit de ce sujet les candidats au poste de sénateur.

Pour dynamiser la vie locale, et renforcer son attrait auprès de la clientèle parisienne, Jullien prend l’initiative de créer une commission des fêtes, avec la participation des commerçants de Joinville.

Fin octobre 1891, reprenant une idée chère aux radicaux-socialistes locaux, le conseil municipal organise un compte-rendu de mandat devant la population de Joinville. Seuls les deux élus les plus à droite de l’assemblée refusent d’y prendre part.

À suivre

Chez Jullien, île Fanac en 1891

 

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2 mai 2021 7 02 /05 /mai /2021 00:01

Suite de la biographie d’Achille Mermet

Les élections municipales de mai 1912 à Joinville-le-Pont se présentent dans un contexte particulier. Pour la première fois sous la troisième République, le maire sortant ne se représente pas. Le nombre de listes (quatre) est lui-même inédit : radicaux-socialistes, socialistes SFIO, libéraux-conservateurs et radicaux dissidents. De plus, les trois dernières listes ont pris l’engagement de fusionner au second tour sur une base proportionnelle, sans toutefois vouloir gérer la ville en commun. Une cinquième liste était même envisagée, celle des socialistes évolutionnistes de 1908, mais une partie de ses membres a rejoint dès le premier tour les radicaux dissidents.

L’application de ces règles fait qu’au second tour, alors qu’aucun candidat n’a été élu au premier, la liste coalisée rassemble 10 radicaux dissidents et leurs alliés, sept socialistes et six libéraux-conservateurs. Ils sont tous élus. Les radicaux-socialistes officiels n’ont aucun représentant. Achille Mermet est élu maire par 14 voix sur 23 votants. Il est probable que les socialistes unifiés, et peut-être certains conservateurs, n’ont pas voté pour lui. Le bureau municipal est complété par deux adjoints, Henri Vel-Durand, radical dissident, et Pierre Dalbavie, libéral. En juillet 1913, Vel-Durand est exclu du parti radical.

S’éloignant des attitudes anticléricales des municipalités précédentes, Mermet préside en décembre 1913 l’assemblée générale de l’Union des mères en présence du curé, le père Léon Roger.

Probablement moins motivés par la politique non locale, le groupe radical dissident laisse plus de place à ses alliés parmi les délégués sénatoriaux : en février 1914, il y a sur 9 délégués trois socialistes et quatre libéraux-conservateurs ; en mai de la même année, on note quatre socialistes et trois libéraux-conservateurs.

Le déclenchement de la première guerre mondiale prend de court la municipalité. Comme tous les étés, Mermet est à Noirmoutier, son premier adjoint Vel-Durand est à Arcachon et le second, Dalbavie est absent lui aussi. Ce sont donc des conseillers municipaux qui doivent lire le décret de mobilisation générale, Watrinet à la mairie et Beauvais dans les rues du Haut de Joinville. Mermet revient, en train, le 3 août Mermet et, selon le journal Voix des communes, est sifflé à son arrivée. Les laiteries qui vendent le produits Maggi, marque allemande, sont pillées. Une garde civique, que le maire voulait armer, est créée.

Le maire vient à la mairie tous les jours et même ses adversaires reconnaissent son labeur : secours aux familles, hygiène, ambulances, cérémonies religieuses et civiles. Dalbavie étant malade et Vel-Durand mobilisé, Mermet nomme un nouvel adjoint, Maurice Watrinet, ancien secrétaire général de la mairie et entrepreneur de pompes funèbres. Le conseil municipal fonctionne difficilement ; ainsi, en 1915, c’est le préfet qui impose un budget d’office, car les élus n’ont pu l’examiner à temps.

Malgré le climat d’unité nationale qui prévaut pendant la guerre, les animosités politiques locales perdurent et les radicaux-socialistes, avec notamment Briolay et Rey, s’appuyant sur l’hebdomadaire Voix des communes, attaquent vivement la gestion communale.

La révocation de deux professeurs de musique, début 1915, est une première occasion de critique. L’absence de réunion du conseil municipal est également mise au pilori : depuis août 1914 jusqu’en mai 1915, une seule séance publique a été organisée. La mémoire de la précédente guerre est aussi un sujet : Mermet, qui se dit volontaire de 1870, tient en suspicion l’association des Vétérans, dont Briolay est le trésorier.

Un arrêté du maire d’interdiction partielle de vente de l’alcool dans les débits de boisson est mis en cause par les commerçants, et les radicaux en janvier 1916. Le mois suivant, le ton monte fortement. Voix des communes dénonce le fait que le maire utiliserait, « comme bon lui semble » les fonds remis par la société du Bi-Métal, estimant qu’elle aurait dû être remise au bureau de bienfaisance.

La plupart des membres du conseil municipal réagissent, dans plusieurs lettres signées y compris par les socialistes : ils s’insurgent contre « diffamation et calomnie » visant le maire, assurant : « Nous sommes vos collaborateurs, vos complices ! Non seulement nous approuvons votre manière de faire, mais nous y applaudissons ». Le conseil décide que des poursuites seront demandées contre l’auteur de l’article calomnieux (Louis Rey) – ce qui sera abandonné – et vote félicitations et encouragement au maire. Le socialiste Lebègue, conseiller municipal, lui écrit « M. le maire, vous êtes pour moi un adversaire politique irréductible, mais je reconnais votre scrupuleuse honnêteté. »

Les polémiques suivantes vont porter sur l’approvisionnement de la population en charbon, la vente de viande frigorifiée ou le prêt de la salle municipale au curé qui organise une fête pour les blessés.

L’organe radical reproche en septembre 1916 : « Le maire déserte son poste en temps de guerre, il part pour Noirmoutier ». Il laisse Dalbavie « pour garder la mairie » avec un secrétaire général « accablé de travail ». Dans un des derniers articles de Voix des communes en décembre 1916, avant la suspension de sa parution, Rey s’indigne des difficultés de l’achat de pommes de terre et conclut : « Il n’y a pas de commune plus mal administrée que Joinville ! »

Au contraire, l’ingénieur Félix Marboutin assure que « Mermet apporte le réconfort, soulage les infortunes, visite les affligés, s’associe à toutes les détresses, trouve les paroles qui conviennent à toutes les situations et ne s’éclipse qu’après avoir assuré, sous la forme la plus discrète, l’avenir immédiat des malheureux. »

Mermet encourage la création de jardins potagers de guerre, pour pallier les difficultés d’alimentation des familles, sur les terres de l’ancien château de Polangis, mises à la disposition par le propriétaire, Chavignot. Il laisse les commerçants créer une monnaie locale, pour suppléer l’absence de numéraire. Dans sa commune, un hôpital américain est installé dans l’ancienne école du Parangon. Un vase hôpital canadien se crée également en 1918 dans le Bois de Vincennes.

Mais, de plus en plus souvent retenu par des problèmes de santé, Mermet se fait régulièrement représenter dans les manifestations publiques.

Le mandat de maire de Mermet aurait dû prendre fin en 1916, mais il fut prolongé du fait de la guerre jusqu’en novembre 1919. La ville comptait, au recensement de 1911, 8 349 habitants. 367 Joinvillais seront inscrits comme morts pour la France, en 1926, lors de l’érection du monument aux morts de la commune. Une partie de la population féminine travaille à la cartoucherie du Bois de Vincennes, où une garderie d’enfants est installée à leur intention en 1917. Les bombardements de Paris par l’aviation et l’artillerie allemande (qui font 22 morts et 76 blessés en banlieue parisienne, en février 1918) amènent les Joinvillais à trouver un refuge dans le tunnel du canal de Saint-Maur. Du coup celui-ci fut éclairé à l’électricité en 1918.

Le 1er décembre 1919, Achille Mermet meurt, quelques heures après qu’ait été proclamée la victoire de la liste conduite par son ancien adjoint, Henri Vel-Durand. Il était toujours juridiquement le maire en exercice. Âgé de 70 ans, il n’avait pas eu d’enfant.

Achille Mermet était attributaire de la Cocarde du souvenir, au titre de sa participation à la guerre de 1870-1871. La Société d'encouragement pour l'industrie nationale lui avait accordé une médaille de platine en 1876 puis une médaille de vermeil en 1908. Décoré des Palmes académiques, Mermet était officier d’académie depuis juillet 1889 puis officier de l’instruction publique en juillet 1900. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en octobre 1908 avec plusieurs autres scientifiques, au titre de ses 37 ans de service dans l’enseignement à l’époque (il en compta 40 au moment de sa retraite).

Dans le Larousse Mensuel-Illustré d’octobre 1921, l’ingénieur Félix Marboutin, professeur à l'École centrale, publie une notice hagiographique, insistant sur son « dévouement à l’humanité. »

Fin

Achille Mermet

 

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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 00:01

Suite de la biographie d’Achille Mermet

En dehors des périodes où il séjourne à Noirmoutier, Mermet revient assumer ses responsabilités municipales à Joinville-le-Pont. Il est mentionné, en octobre 1909, comme provoquant en fin de séance du conseil un « petit incident », relevé par le responsable socialiste local, Émile Lebègue, qui se plaignait de l’absence de débat dans cette assemblée.

La commune de Joinville s’était portée candidate pour l’organisation d’un exposition nationale au cours de l’année 1910. Mermet fait partie de la commission spéciale, mise en place en novembre 1909, pour préparer cet évènement, qui ne verra finalement pas le jour, du fait notamment des évènements du début de l’année. En effet, le débordement de la rivière Marne provoque de considérables inondations à Joinville et dans les communes alentour au premier trimestre 1910. Mermet, dont le logement, situé sur les hauteurs, n’est pas touché, fait partie de la commission chargée de l’organisation du service des désinfections.

Avec d’autres élus, Mermet est mobilisé à partir de mai 1910 pour plaider la cause de la commune auprès du ministre des travaux publics, Alexandre Millerand, du préfet de la Seine puis des sénateurs du département dans le conflit qui l’oppose à un entrepreneur de travaux publics. Cependant, l’enlisement de cette affaire va être un des arguments qui conduiront, en 1911, à tendre fortement les relations au sein du conseil municipal.

De manière inhabituelle, quatre conseillers municipaux élus sur la liste radicale en 1908 à Joinville, décident de répondre à une invitation du parti socialiste SFIO pour rendre compte de leur mandat en février 1911. Watrinet, Vel-Durand, Arnaud et Mermet qui déclare « le maire était trop âgé » et qu’il fallait qu’il donne sa démission ; Eugène Voisin a alors 76 ans et est malade. Une convergence s’esquisse, avec – outre les socialistes – Leteuil, chef des opposants de 1908 et l’avocat Louis Gallas, conservateur. Mermet prend à partie le maire, Voisin, auquel il reproche de se servir de la chose publique au bénéfice de ses amis.

Quelques jours plus tard, c’est le conseil municipal lui-même qui organise son compte-rendu de mandat, en l’absence du maire pour raison de santé. Le groupe des quatre dissidents se manifeste par une entrée conjointe, applaudie par les opposants. Deux d’entre eux, Watrinet, et Arnaud, annoncent qu’ils quittent le comité radical-socialiste. La séance est très agitée, avec d’un côté les deux adjoints, Paul Villain et Georges Briolay, soutenus notamment par Louis Rey, conseiller municipal et principal animateur des radicaux dans la commune, et de l’autre tous les opposants de diverses tendances qui, ensemble, dénoncent l’incurie et la mauvaise gestion municipale. Mermet formule des critiques mais atténue ce qu’il avait dit sur Voisin lors de la réunion des socialistes, ce qui provoque des murmures dans leurs rangs. Il annonce vouloir être libre et indépendant dans ses appréciations tout en restant membre du parti radical, comme Vel-Durand.

Au sein du conseil municipal, les motifs d’affrontement se multiplient : l’entretien d’une route, le comportement d’un élève dans une école communale, la gestion du bureau de bienfaisance et de la caisse des écoles sont autant de motifs de scandales et de polémiques publiques. Deux autres conseillers municipaux, Beauvais et Poitevin viennent renforcer les premiers protestataires. Tous présentent, en avril, leur démission, ce qui provoque en mai 1911 des élections municipales complémentaires, auxquelles ils se représentent. Le comité radical-socialiste écrit qu’il « ne faut réélire aucun de ces messieurs qui ont donné leur démission sans raison probante ». Un de ses élus, Paul Guelpa, considère que « Mermet a vu dans le radicalisme non pas un idéal, mais un moyen ». Mais le principal polémiste, et d’ailleurs la cible de Mermet et Vel-Durand est Louis Rey, également chroniqueur de l’hebdomadaire radical Voix des communes.

La liste des dissidents remporte les élections, Mermet étant réélu dès le premier tour, avec le soutien des socialistes, des libéraux et des conservateurs. Au sein du conseil, les sept opposants élus en mai retrouvent un indépendant élu en 1908 et comptent désormais pour plus du tiers des 23 membres du conseil.

Le comité radical-socialiste fait face à un désarroi qui se traduit par la démission du bureau. Il convoque en juin Poitevin (absent), Vel-Durand et Mermet, qui est parti de Joinville pour l’été. Certains demandent l’exclusion des démissionnaires, auxquels il est reproché d’avoir mené « une campagne équivoque haineuse, de mensonge » ainsi que leurs attaques contre Briolay et Rey.

C’est ce dernier qui, dans Voix des communes, livre en février 1912 un portrait balancé de Mermet : « Notre collègue Mermet, à l’occasion du cinquantenaire de l’association chimique fut, avec d’autres chimistes et professeurs, décoré de la Légion d’honneur pour ses 40 ans de professorat. J’avoue que cela me fit plaisir ; jusqu’alors, Mermet nous avait produit une bonne impression. Il s’était bien étonné d’avoir été élu conseiller, lui qui jusqu’à l’âge de 60 ans avait considéré comme un devoir de ne pas s’occuper d’affaires publiques, à telle enseigne, disait-on, qu’à Noirmoutier ils ne distinguaient pas les royalistes des républicains. Il trouvait cependant que ces derniers n’étaient pas de la haute société, c’était de la ratatoille comme faisait dire Daudet à Tartarin. Nous ne pouvions faire de reproche à Mermet, car il ignorait tout de la politique, c’était le fonctionnaire prêt à servir tous les régimes. On fit observer à Mermet que s’il avait été élu conseiller municipal c’était parce qu’il était porté sur la liste de Voisin qui avait cautionné son républicanisme de circonstance. Au demeurant, Mermet n’était pas désagréable, il avait des naïvetés en affaires et en administration qui déconcertaient, mais toujours affable, bien ganté, portant superbement la tête afin qu’on l’admire, on ne pouvait avoir avec lui que de bons rapports de voisinage au conseil. Les petits airs robespierrot en gilet rouge qu’il se donnait faisaient sourire, il n’était pas méchant pour deux sous, n’ayant pas encore été mordu par Vel-Durand. Je pris l’initiative de lui faire offrir un bouquet par le conseil, je recueillis les adhésions de tous les conseillers. »

À suivre

Intérieur de La Fougeraie, à Noirmoutier

 

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28 avril 2021 3 28 /04 /avril /2021 00:01

Suite de la biographie d’Achille Mermet

La première incursion connue d’Achille Mermet dans le domaine politique se fait lors des élections municipales de mai 1908 à Joinville-le-Pont, où il réside. Il est présent sur la liste du maire sortant, Eugène Voisin, présentée par le comité radical-socialiste présidé par Albert Gallas. Elle remporte 21 des 23 sièges à pourvoir, en laissant un à une liste dite socialiste évolutionniste, composée de dissidents socialistes et radicaux ainsi que de libéraux, et un autre à un indépendant. Les socialistes SFIO, qui se présentaient aussi, n’ont pas d’élu. Mermet accède à sa fonction au second tour, avec 600 voix pour 1 188 suffrages exprimés (50,5%). Eugène Voisin est reconduit, avec comme adjoints Georges Briolay et Paul Villain.

Les séjours estivaux à Noirmoutier du professeur Mermet dans sa villa La Fougeraie et son yacht Milianne ont une finalité d’abord touristique. Cependant, il devient également une personnalité locale. En août 1908, lors d’une excursion sur l’île organisée par le Touring-Club de France, Mermet est un des quatre orateurs à s’adresser aux visiteurs, avec le maire de Noirmoutier, le préfet de Vendée et le président de la Ligue Maritime. Il n’oublie pas son engagement politique, qui s’intensifie après sa retraite de l’enseignement en janvier 1910.

En juillet de cette même année, Mermet est candidat républicain au conseil général dans le canton de Noirmoutier, qui contient les deux communes de l’île vendéenne. Son adversaire conservateur, Jeanneau, étiqueté progressiste, est réélu. Cependant, Mermet se félicite d’avoir su grouper 500 voix qui constitueraient « le noyau des démocrates » face aux « représentants des régimes déchus ».

Un Comité républicain radical de l’île de Noirmoutier est constitué et Mermet est désigné comme président en août 1910. Dans une allocution, reproduite par le quotidien Le Phare de la Loire, il rend hommage aux « vieux et sincères républicains du pays ». Il assure que « notre grand parti démocratique représente l’ordre avec l’honneur et la liberté pour toutes les idées religieuses » et honore les catholiques fervents qui, à côté des libres-penseurs, ne pensent pas que les établissements laïques sont « des écoles du diable », mais des centres éclairés où on apprend le respect de toutes les libertés. Bien qu’il se déclare indépendant, le Comité, selon Mermet, « compte sur la bienveillance de l'Administration, puisque, préfets et sous-préfets sont des républicains radicaux, comme nous ». Il entend défendre « les fonctionnaires qu’on essaye d'intimider, et tous les humbles, tous les exploités, ouvriers de la ferme ou de l’atelier, marins, prêcheurs, palourdiers que l'on traite comme des esclaves, paludiers dont ou fraude les bulletins de vote ».

Lors d’un hommage rendu, en septembre 1910, à M. Stoecklin, greffier, républicain et président de la société de gymnastique du canton au Cercle des Travailleurs de Noirmoutier, Mermet constate l’efficacité de sa candidature cantonale : « M. Jeanneau, réélu, s’est définitivement rallié à la gauche du Conseil général. »

Exerçant également des responsabilités en matière sociale, Achille Mermet est, en 1911, président de la Société de secours mutuels de l’île de Noirmoutier, une structure ancienne qui fonctionnait déjà en 1883 au profit des pêcheurs.

À ce titre, il accueille, en août 1911 Gaston Guillemet, ancien député de la Vendée, président de l’Union des Sociétés mutualistes du département sur le thème des retraites ouvrières, après l’adoption de la loi du 5 avril 1910. Mermet, d’après Le Phare de la Loire, « montre le travailleur d’hier, ouvrier de l’usine, de l’atelier ou des champs, atteint par la vieillesse, brisé par la fatigue et les maladies, incapable de gagner son pain, sans ressources, à charge à lui-même, à la société, obligé de tendre la main en attendant la mort quelque part, sur les grands chemins... Avec la nouvelle loi, au contraire, c’est moyennant un versement quotidien infime, le pain assuré pour les vieux jours ». Mermet s’étonne cependant que la nouvelle loi ne compte pas autant d’adhérents qu’il estimait être en droit d’en attendre. Il reconnaît cependant qu’elle est « perfectible. »

Mermet est également membre du bureau de l’Union des présidents des sociétés de secours mutuels de France.

Au cours du mois d’octobre 1912, participe au congrès du parti radical-socialiste à Tours, en tant que délégué de la Vendée. Il était pourtant à Joinville-le-Pont en conflit avec la structure locale de cette formation.

À suivre

La Fougeraie, maison de Mermet à Noirmoutier

 

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26 avril 2021 1 26 /04 /avril /2021 00:01

Suite de la biographie d’Achille Mermet

Résidant alors à Paris (5e arr.), rue de Poissy, Achille Mermet, professeur lycée Charlemagne et chef du laboratoire de chimie de l’école centrale, épouse Émilie Quirot en juillet 1882 à Joinville-le-Pont. Tous les témoins du mariage sont membres de la Légion d’honneur : Jean Baptiste Dumas est grand-croix, Charles Lenglier, proviseur du lycée Charlemagne, Adrien Javary, professeur à l’École polytechnique et le docteur Léandre Devailly sont tous trois chevaliers.

La famille de la mariée est installée dans une vaste demeure, rue de Paris à Joinville, dans laquelle le nouveau couple va s’installer. Le père d’Émilie, Théodore Quirot est professeur et directeur de l’institution d’enseignement privée laïque du Parangon à Joinville, qui comprend une part importante d’enseignement pratique. La mère de celui-ci, Désirée Lavenue, est la fille adoptive de Jean Marie Molette, chef d’institution et conseiller municipal de Joinville, qui épousa en deuxième noces Louis Ferdinand Rousseau, professeur puis lui aussi directeur du Parangon et maire de Joinville.

Quant à la mère d’Émilie, Jeanne Amiel est la fille d’un conseiller municipal de la commune et la nièce d’un célèbre peintre portraitiste. L’environnement familial dans lequel se trouve Achille Mermet va sans doute contribuer à son aisance financière et à son engagement dans la vie civique.

Il poursuit cependant son œuvre scientifique et pédagogique, non sans une certaine forme d’humour parfois. L’ancien juriste et théoricien anarchiste Émile Gautier, devenu chroniqueur scientifique pour Le Journal, ayant évoqué l’intérêt qu’il y aurait à faire des cures de fraises, Mermet évoqua un échange qu’il eut à ce sujet avec son maître, Dumas. Ce dernier consommait beaucoup de fraises, croyant à leur efficacité contre les douleurs. Il supposait que la lithine pouvait en être en la cause. Spécialiste de l’analyse spectrale, Mermet, après analyse de différentes variétés, constata qu’il y avait de la lithine dans quelques espèces, mais extrêmement peu, ce qui rendait impossible que les fraises puissent avoir l'efficacité nécessaire pour améliorer l'état des rhumatisants. Par contre, il trouva, en quantités énormes, des phosphates. Il conclut, dans une lettre au Journal, publiée en 1902, que consommer de tels aliments n’était donc « pas sans inconvénients. »

L’Union des physiciens est créée en 1906 par un professeur de Rouen, Abel Buguet et Achille Mermet en prend la présidence. C’est la première association de professeurs de sciences dans l’enseignement secondaire. Son bulletin est présenté par Mermet comme une « Mutuelle des Idées ». Un Service de Renseignements accueille les questions des adhérents auxquelles d’autres abonnés répondent dans les numéros suivants. Dans les deux premières années, plus de 200 questions sont posées. Selon la physicienne et historienne des sciences Nicole Hulin, Achille Mermet appelle le professeur à une véritable conversion : de « théoricien distingué », il est « invité à se transformer en praticien habile. »

En 1909, Mermet quitte sa fonction et devient président honoraire, tout en restant membre du bureau. À la fin de l’année, il prend sa retraite de l’enseignement et est nommé professeur honoraire.

Si le domicile de Mermet est à Joinville-le-Pont, il a un second lieu d’attache, l’île de Noirmoutier, en Vendée. Il y séjourne dès la fin du 19e siècle et engage en 1898 la construction d’une propriété, la Fougeraie, dans le site du Bois de la Chaize. Située rue Sainte-Agathe, elle est, en 2011, signalée au patrimoine des Pays-de-la-Loire.

Stationné dans la baie de l’Anglée, le yacht Milianne, un cotre de 27 tonneaux, construit à Bordeaux en 1874, appartient à Mermet en 1902. Naviguant notamment sur les côtes du sud de la Bretagne, il s’inquiète des conditions d’accueil des plaisanciers dans les ports. Ainsi en 1906, il se plaint dans Yachting gazette du mouillage de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique) d’où, d’après lui, son yacht revient tel « une dame en robe blanche qui sortirait d’une visite dans une mine de houille ! »

En septembre 1909, Mermet écrit à Arthur Coquard compositeur et critique musical du quotidien L’Écho de Paris, habitué de Noirmoutier, pour lui signaler un phénomène de « mer en feu » particulièrement spectaculaire, auquel il a assisté au large de Pornic (Loire-Inférieure) et qui dure environ 20 minutes. Plusieurs quotidiens parisiens et revues de géographie accueillent son témoignage. Mermet se demande s’il y aurait un lien avec des manifestations sismiques, cosmiques ou météorologiques, qu’il estime particulièrement nombreuses en 1909 dans « notre pauvre globe breloqué comme un sac de noix. »

À suivre

Le yacht Milianne de Mermet

 

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22 avril 2021 4 22 /04 /avril /2021 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Voisin

À la fin de l’année 1911, Eugène Voisin, qui reste très apprécié d’une partie de la population, est un maire diminué sur le plan physique, souffrant des jambes, et très affaibli politiquement parlant. Lorsqu’il faut, en novembre de cette année, inaugurer l’agrandissement de la mairie et deux ponts desservant les communes voisines, Voisin doit charger son adjoint, M Villain, de lire son discours. Il reçoit plusieurs témoignages de reconnaissance, comme des pompiers en octobre.

Par contre, les huit élus sur vingt-trois qui composent désormais la minorité du conseil municipal l’attaquent vivement, dans l’assemblée comme dans la Revue de Saint-Maur, qui devient leur organe. Ils insinuent que, comme entrepreneur, il avait intérêt à rester maire et contestent l’attribution des aides sociales par le bureau de bienfaisance, tout en estimant qu’il serait « au bout du rouleau ». La pratique de l’obstruction des contestataires fait qu’il faut quatre séances du conseil pour examiner le compte administratif.

Les élections municipales de mai 1912 sont l’occasion d’une opération inhabituelle sur le plan politique. Les trois tendances d’opposition à la municipalité radicale-socialiste décident de passer un pacte, prenant prétexte de leur soutien à la représentation proportionnelle. Les radicaux dissidents, les conservateurs et libéraux ainsi que les socialistes unifiés de la SFIO conviennent donc de fusionner leurs listes au second tour, au prorata du score obtenu. Par contre, les radicaux-socialistes officiels décident de se présenter seul.

Eugène Voisin, élu depuis 45 ans et maire depuis 24, décide de ne pas se représenter. Il laisse la place à son adjoint Émile Briolay. Le comité radical-socialiste de Joinville tente de retrouver l’unité de ses membres, mais échoue. La liste radicale sera battue et c’est un dissident, Ernest Mermet, qui devient maire tandis qu’un autre est adjoint, Henri Vel-Durand, et un conservateur, Pierre Dalbavie aussi.

Eugène Voisin meurt le 18 juillet 1914 à Joinville. Il était âgé de 80 ans et père d’une fille, Maria Pauline Louise Voisin, mariée à un entrepreneur du bâtiment, Alexandre Pâquet. Leur fils, Charles Pâquet, fut architecte et animateur d’une association historique à Vincennes.

Bien qu’il ait été radical-socialiste, Voisin ne partageait manifestement pas toutes les opinions anticléricales de la majeure partie des radicaux joinvillais. Il ne se montra jamais en première ligne dans les évènements organisés par les libres-penseurs. Il fut inhumé au cimetière de Joinville après une cérémonie à l’église Saint-Charles, le 22 juillet, quelques jours avant le début de la première guerre mondiale.

Eugène Voisin était titulaire de nombreuses décorations. À titre militaire, il portait la médaille 1870-1871. Il avait obtenu une mention honorable de la mutualité en janvier 1896, la médaille de bronze en janvier 1900, celle d'argent en mars 1907 et l’or en janvier 1908. Les Palmes académiques lui avaient été accordées comme officier d’académie puis officier de l’instruction publique en avril 1899. Il avait été fait chevalier du Mérite agricole en décembre 1904 puis officier. La médaille d'or de l’Encouragement au bien lui avait été accordée. Enfin, il avait été créé chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1903.

Une rue de Joinville a été baptisée Eugène-Voisin en janvier 1920 ; c’est l’ancienne rue des Marronniers, où il avait vécu. Un médaillon en bronze portant le portrait de Voisin avait été apposé en juin 1911 dans la mairie agrandie. Son nom figure également sur la plaque des bienfaiteurs de la commune, du fait d’un don fait en 1888.

Parmi les nécrologies publiées, on remarquera celle du quotidien sportif L’Auto, qui remarqua que le disparu « avait fait beaucoup pour la natation. Il avait réussi à faire partager ses idées sportives à la municipalité et avait encouragé toutes les épreuves nautiques qui se disputèrent dans sa ville. »

Fin

 

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18 avril 2021 7 18 /04 /avril /2021 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Voisin

Après la rupture du maire de Joinville-le-Pont, Eugène Voisin, avec la partie la plus conservatrice de son conseil municipal, les élections municipales de mai 1904 vont voir s’opposer trois listes : celle du sortant, avec l’appui du comité radical-socialiste, celle des conservateurs, menée par quatre conseillers précédemment élus avec Voisin (Dalbavie, Raoult, Provin et Moulinet) et de nouveau une liste socialiste-révolutionnaire (Lebègue, Lacroix). Le chroniqueur radical de Voix des communes commente : « Joinville n’est pas sans posséder une troupe réactionnaire qui, à maintes reprises, a essayé de s’imposer ; mais Voisin, le maire est un de ces hommes pondérés auxquels une ville se plaît à donner sa confiance parce qu’ils la méritent et par leur gestion communale et par leurs convictions. »

Si Voisin met traditionnellement peu en avant des motivations politiques, l’exercice cette année 1904 est un peu différent. Son affiche est ainsi libellée : « Pas de politique ! Citoyens, Le mot d’ordre de la coalition réactionnaire dans les élections municipales du 1er mai est ‘‘pas de politique !’’ Or, ‘‘pas de politique’’ cela veut dire pas de politique républicaine. Électeurs républicains, vous ne vous tromperez pas. Derrière cette phrase se cachent ‘‘le nationalisme, le cléricalisme et la réaction’’ qui n’osent pas, cette fois encore, arborer leur drapeau. Décidés à nous occuper avant tout d’assurer le bien-être et la prospérité de la commune, nous ne craignons pas d’affirmer hautement nos sentiments démocratiques et notre fidélité au vieux programme républicain sur lequel vous avez élus les précédents conseils, et nous laissons aux adversaires de la République le soin de recueillir les quatre conseillers qui l’ont abandonné. »

La liste Voisin a dès le premier tour quinze élus, et en aura sept de plus au deuxième tour sur vingt-trois, la droite n’ayant qu’un seul représentant (Moulinet). Eugène Voisin arrive en tâte, avec 704 voix soit 62,9% des 1 119 votants pour 1 363 inscrits ; sa liste recueille en moyenne 50,2% des votes, contre 31,9% à la droite et 14,9% aux socialistes. Saluant le score obtenu par la liste radicale, l’ancien député Jules Ferdinand Baulard  commente « les résultats sont des plus satisfaisants (…) Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause. »

Au sein de la municipalité, Voisin et Jullien sont toujours maire et adjoint, Paul Villain, passementier, devenant le second adjoint.

En matière sociale, Voisin est, en 1906, vice-président de l’Union fraternelle, une société caritative qui couvre les communes de la boucle de la Marne (Saint-Maur, Joinville, Saint-Maurice). Cette même année, il a l’occasion, rare en ce début du 20e siècle, de célébrer deux centenaires dans sa commune : une veuve, native du Loiret et un ancien officier polonais, Joseph Kownacki, réfugié en France après l’écrasement par les forces russes de l’insurrection de 1831, devenu ingénieur puis professeur de dessin. Son fils est l’animateur de la section de Joinville de l’Association philotechnique, dont Voisin est président.

Lors de la formation du Comité central d’union et d’actions républicaines de la 2e circonscription de Sceaux (radical-socialiste), en octobre 1907, Voisin en est membre comme deux autres maires, le député Maujan, un conseiller d’arrondissement et trois conseillers généraux. Faisant application de la loi de séparation de l’église et de l’État de 1905, Voisin et le conseil municipal décident, en février 1908, de supprimer tout emblème religieux de la porte du cimetière.

À suivre

 

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16 avril 2021 5 16 /04 /avril /2021 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Voisin

Lors des élections municipales de mai 1892, Eugène Voisin, maire sortant, fait alliance avec les radicaux-socialistes tandis que les membres plus conservateurs du conseil municipal présentent une liste concurrente, conduite par Albert Bocquentin, industriel, et le docteur Jean Barborin. La liste Voisin obtient une moyenne de 56,3% des 639 suffrages exprimés, la droite en ayant 22%. Il est réélu maire avec Jullien et Couppé comme adjoints.

En novembre 1892, un drame se déroule dans l’activité festive de Voisin. Un de ses employés est tué de coups de couteau dans la fête foraine de Conflans, à Charenton-le-Pont. Son meurtrier est âgé de quinze ans.

Sur le plan politique, Voisin se manifeste dorénavant presque systématiquement dans toutes les réunions radicaux-socialistes, même s’il n’y joue pas un rôle de premier plan. Il s’appuie notamment sur le député, Jules Ferdinand Baulard, le leader des radicaux dans la circonscription, Eugène Demeestère et le publiciste Henry Vaudémont.

L’inauguration de la première ligne téléphonique desservant le bureau de poste de Joinville, en novembre 1893 est une satisfaction pour Voisin et les élus, mais elle donne lieu à un incident, l’administration postale estimant que ce nouveau service ne relevait que d’elle.

C’est une industrie plus traditionnelle qui marque le début de l’année 1895. En février, une chaudière éclate au sein de l’usine Bi-Métal de Joinville. L’accident fait quatre morts et six blessés. L’émotion est considérable dans les communes voisines. La municipalité de Joinville organise les secours et les obsèques.

L’apogée de la vie politique d’Eugène Voisin va se situer en 1896. Malgré la disparition de deux des principales personnalités radicales, Demeestère et Vaudémont, la place de Voisin dans la vie municipale est assurée et ses relations avec les personnalités radicales du canton et du département sont au mieux. Lors des élections municipales de mai 1896, aucune liste ne s’oppose à la sienne. Ses candidats obtiennent une moyenne de 800 voix pour 918 inscrits. Voisin, Jullien et Couppé, sont réélus.

En reprenant son poste, il va mener une action spectaculaire : le conseil municipal de Paris avait exclu tous les entrepreneurs de la banlieue des adjudications de la Ville. Comme d’autres villes de banlieue, la municipalité de Joinville protesta. Mais elle fut la seule à refuser d'admettre les entrepreneurs de Paris à soumissionner pour la construction d'un groupe scolaire dans le quartier du Polangis. La préfecture annula l'adjudication pour vice de forme, ce qui retarda le projet d’un an. Mais, finalement, ce fut Paris qui dut renoncer à son exclusive contre les patrons banlieusards. En avril 1899, le préfet inaugura le groupe scolaire et décora Voisin à cette occasion. Le même jour, la Compagnie des tramways de Saint-Maur, inaugurait la section Joinville-Champigny de son réseau.

Ayant fait le constat que la mortalité infantile de la naissance à un an est « effrayante » à Joinville, sur la sollicitation du docteur Pierre Vallat, le bureau municipal appuya l’initiative prise par Jeanne Bitterlin et Emélie Delobel de fonder une section de la société de l’Allaitement maternel à Joinville. Hortense Voisin en sera la présidente en 1908.

Eugène Voisin s’intéresse de plus en plus à l’horticulture et fait partie de plusieurs organisations, comme la Société nationale d'horticulture en 1898. Il ne néglige pas pour autant son entreprise de bals et devient, en 1891, président de la chambre syndicale des entrepreneurs des fêles publiques, rattachée à la chambre de commerce de Paris. Il est sollicité, avant l’Exposition universelle de 1900, pour siéger dans une commission d’admission des exposants.

Malgré la présence, pour la première fois, d’une liste présentée par le Comité électoral socialiste-révolutionnaire, tous les candidats de la liste Eugène Voisin sont réélus, dès le premier tour des élections municipales de mai 1900. Lui-même obtient 704 voix sur 1 096 inscrits (64,2%), arrivant largement en tête. L’hebdomadaire radical Voix des communes estime que « M. Voisin est un fort digne homme, très aimé, très estimé. Voisin n’a jamais fait de politique militante ». Jullien et Couppé restent adjoints. Mais tous les radicaux n’apprécient pas de la même manière son comportement ; en août 1901, dans le même journal, on lit un commentaire critique de Louis Dehné (alias Ludovic), employé de préfecture : « Voisin, maire de Joinville, n’aime pas que ses administrés récriminent. Maître absolu dans son conseil, composé en grande majorité de républicains plus que modérés, qu’il fait voter au doigt et à l’œil, il n’admet pas la moindre contradiction, surtout si elle émane d’un radical ou d’un socialiste. »

Attaché au développement des sports, Voisin fait prendre par son conseil municipal une délibération demandant aux ministres de l'instruction publique et de la guerre de bien vouloir mettre à l'étude la création d'un Institut civil de gymnastique, qui serait une annexe de l'École normale de gymnastique militaire, située dans le Bois de Vincennes, alors sur le territoire de Joinville (act. Paris, 12e arr.).

S’il est attentif à conserver une forme de consensus républicain dans son conseil, Voisin prend position de manière régulière en faveur des radicaux lors des scrutins politiques. Ainsi, en mars 1902, il participe à une réunion en faveur de la candidature d’Adolphe Maujan, qui succédera au député Jules Ferdinand Baulard, qui prend sa retraite. Selon l’organe radical local « Une bande de nationalistes essaie de l’empêcher de parler. Le feu des questions subversives est ouvert par Raoult, conseiller municipal, homme à tout faire des nationalistes ». Camille Raoult, représentant de commerce, avait été élu sur la liste Voisin.

La rupture de Voisin avec le courant conservateur devient effective en juin 1902 quand Voisin, avec la majorité de son conseil, dont les élus radicaux, vote contre l’autorisation d’installation de la congrégation des Sœurs enseignantes de la Providence Il y a treize bulletins contre la venue des religieuses, cinq pour et une abstention. Dans un journal libéral du canton, Liberté de Saint-Maur, Raoult « conseiller félon, combat à outrance Voisin après avoir sollicité une place sur sa liste » selon les dires de Voix des communes. Réconcilié avec lui, l’hebdomadaire qualifie Voisin de « bon et sincère républicain » lorsqu’il est fait chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1903, assurant qu’il est « bon, affable, conciliateur ». Plus de 200 habitants de la commune participent au banquet de félicitation, en l’absence cependant des élus conservateurs.

Toujours en 1903, Voisin est président de la section de Joinville de l’Association philotechnique, importante société d’enseignement populaire, animée par Albert Kownacki, professeur de sciences et franc-maçon.

À suivre

 

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4 avril 2021 7 04 /04 /avril /2021 00:01

Octave Marie Greslon naît le 24 février 1863 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Cornélie Augustine Louise Dujardin, couturière et de son mari Philippe Clément Greslon, jardinier.

La famille Greslon s’installe, vers 1869, dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés. Octave Greslon, devenu serrurier, s’y marie en février 1886 avec Marie Eugénie Breuil. Il vit ans le quartier du Vieux Saint-Maur, place d’Armes puis rue de la Procession.

En 1897-1898, Octave Greslon est secrétaire du comité républicain radical-socialiste communal. C’est lui qui convoque les conseillers municipaux de cette tendance et tente de mettre fin au conflit au sein des radicaux locaux, dont une partie veut soutenir, lors des élections législatives de 1898, l’ancien maire de Saint-Maur, républicain modéré, Piettre, contre le candidat sortant, le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard. Avec les cadres radicaux de la circonscription, Greslon s’insurge contre la fait que les partisans de Piettre aient constitué un « Comité central républicain radical-socialiste du canton de Saint-Maur », concurrent du leur et non reconnu par les instances départementales du mouvement radical. En mai 1898, Piettre renonça à se présenter et Baulard fut réélu.

Un an après la naissance de son troisième enfant, son épouse meurt en novembre 1898. Octave Greslon s’installe alors à Joinville-le-Pont, commune voisine, et s’y remarie en septembre 1899 avec Yvonne Zélia Mary. Il travaille, comme son fils aîné, comme serrurier-mécanicien pour l’entreprise Gosset de Joinville.

N’ayant plus d’activité politique publique, Octave Greslon est par contre engagé en matière sociale. Il est administrateur en 1906-1908 de l’Union fraternelle, société de secours mutuels s’intéressant aux communes de Saint-Maur, Joinville et Saint-Maurice, dont son père avait également été un des cadres quand elle portait le nom de société de Saint-Nicolas.

Le préfet nomme également Octave Greslon membre de la commission administrative du bureau de bienfaisance de la commune de Joinville, où il côtoie un ébéniste Louis-Auguste Roussel et deux rentiers, Georges Maizière et Daniel-Dominique Philip

Après la première guerre mondiale, Octave Greslon s’installe à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne) où il est toujours marchand de vin. Il meurt dans cette commune le 14 avril 1926, âgé de 63 ans.

Pour son activité dans la mutualité, Octave Greslon avait obtenu en juillet 1908 une mention honorable. Son deuxième fils, Henri Eugène, militant communiste et résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, mourra en camp de concentration.

La rue du Canal à Joinville, 1900

 

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