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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 01:01

Marie Alexandre Lucien Routier de Bullemont naît le 28 janvier 1822 à Abbeville (Somme). Il est le fils de Josèphe Jeanny Lucie Vassel et de son mari, Alexandre Annibal Routier de Bullemont, propriétaire. Ils sont originaires du département, d’une famille de petite noblesse. Son père est agriculteur. Alexandre est le second des quinze enfants nés vivants du couple, dont quatorze, filles comme garçons, portent le prénom de Marie.

La famille s’installe en Belgique vers 1836, résidant dans la province de Liège, le Brabant puis le Luxembourg belge où Annibal Routier de Bullemont a une exploitation dans laquelle il procède à des essais de cultures nouvelles, notamment la spergule pour laquelle il est récompensé à l’exposition de Bruxelles en décembre 1848.

Installé à Paris, Lucien de Bullemont rentre comme employé à la préfecture de police de Paris en 1846, recruté par le préfet de police Alexandre-François Vivien. Il est chef de la comptabilité en 1848. En août 1848 à Paris (2e arr.), il épouse Charlotte Louise Jadin, fille d’un musicien et auteur dramatique, issue d’une famille comptant de très nombreux artistes.

Au surlendemain de l’abolition de la monarchie et de l’instauration de la deuxième République, il adhère le 27 février 1848 à la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui. Ses séances se tiennent dans la salle du Conservatoire, rue Bergère. Routier de Bullemont devient un « des orateurs ordinaires du club Blanqui » selon Alphonse Lucas, auteur d’une histoire des clubs politiques pendant la révolution de 1848. Il partageait ce rôle avec Hippolyte Bonnelier et Arnoult Frémy, hommes de lettres, Alphonse Esquiros, Malapert, avocat, et Savary, ouvrier cordonnier puis employé au gaz.

Selon La Voix de la vérité, qui cite la Chronique de Paris et lui consacre un article en septembre 1850, de Bullemont « se signala dans les bureaux de la préfecture par l’activité de sa propagande socialiste ». Mais le journal assure que son engagement ne dura pas longtemps : Auguste Carlier, nouveau préfet de police, fit appel à lui, en février 1850, pour rédiger une circulaire aux commissaires de police, diffusée le 12 de ce mois, sous le titre « Le socialisme, c'est la barbarie ». L’auteur de l’article remarque que Routier de Bullemont « avait donc commencé par être tout ce qu'il y a de plus barbare avant que M. Carlier eût pris la peine de le civiliser. »

En récompense de son style, il fut nommé chef de division. Il poursuivit cet emploi sous le second Empire. Il siège, en tant que responsable de la gestion des fonds parisiens, à la commission instituée en novembre 1865 pour répartir les secours aux familles nécessiteuses atteintes par l’épidémie de choléra. Les aides furent distribuées à 3 000 familles et concernèrent 1 700 orphelins, dont 428 sans famille d’accueil.

Considéré comme bonapartiste par le quotidien La République, Routier de Bullemont remplace en septembre 1872 au secrétariat général de la préfecture de police M. Fouquier, bonapartiste également, passé au secrétariat du conseil d'État.

En septembre 1879, après une campagne du quotidien La Lanterne, il est révoqué de ses fonctions dans ce qu’un autre journal, Le Français, appellera une épuration. Quand il prit sa retraite, en 1886, La Lanterne soutient que par ce départ, « le tribunal de la Seine admettait les concussions [de Routier de Bullemont] comme prouvées. »

Ayant quitté son poste de fonctionnaire, il devint en 1979 directeur de la Compagnie parisienne de vidanges et engrais, présidée par Frédéric Lévy, ancien maire du 11e arrondissement de la capitale.

En 1881, il est directeur de la Banque de prêts à l’industrie à Paris. Il en est toujours administrateur en 1884.

Résidant à Bruxelles en 1889, il héberge Jacques Meyer, un escroc recherché par la police française, arrêté chez lui en

Ayant pris sa retraite, Lucien de Bullemont est installé à Aincreville, dans la Meuse. Il rejoint la Société des Amateurs naturalistes en juin cette année-là, qui le qualifie de « botaniste émérite » et salue « sa science approfondie des végétaux » et apprécie qu’il dispose d’un herbier de quinze mille plantes. La Société compte 71 adhérents. Lors d’une excursion en mai 1890, il est accompagné par son frère, Emmanuel Routier de Bullemont, qui réside à Bruxelles et est membre de la Société linnéenne de la capitale belge. Lors de l’assemblée générale de 1891, Lucien de Bullemont, mentionné comme « botaniste des plus expérimentés » est élu président d'honneur ; il conservera cette fonction jusqu’en 1900.

Lucien Routier de Bullemont meurt le 12 octobre 1904 à Paris (16e arr.). Il est inhumé à Charny-sur-Meuse (Meuse), où avait déjà été enterrée son épouse deux ans plus tôt. Il était officier de la Légion d’honneur depuis février 1866 après avoir été fait chevalier en 1856.

Plusieurs de ses frères jouent un rôle significatif en France, aux États-Unis et en Belgique. Joseph (1825-1898), d’abord militant républicain en France en 1848, deviendra agriculteur en Californie et membre du Sénat de cet État ; il épousa Léonide Jadin, probablement apparentée à la femme d’Alexandre. Emmanuel (1836-1913) fut membre de la Société royale de botanique de Belgique et auteur de plusieurs ouvrages. Alfred (1840-1872), natif de Belgique, a été critique d’art à Paris. Un autre de ses frères, Arthur (1830-1909) fut également responsable d’un service à la préfecture de police, tandis que le fils de ce dernier, Armand (1862-1894) a été commissaire de police.

Armoiries de la famille Routier de Bullemont

 

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 00:01

Jean Jacques Raymond Burgard naît le 20 juin 1926 à Fort-de-France, en Martinique, alors colonie française. Il est le fils de fils Clémentine Thérèse Marie Francey, originaire de Suisse et docteure ès-lettres, et de son mari, Raymond Burgard, professeur de lettres au lycée Victor-Schoelcher.

À partir de l’automne 1928, la famille vit à Tunis, État sous protectorat de la France, le père enseignant au lycée Carnot. Professeur agrégé, il obtient un poste au lycée parisien Buffon et ils résident rue Pérignon (7e arr.).

Jean Jacques Burgard est élève dans l’établissement où professe son père, comme son frère aîné Marc Édouard. Ce dernier est arrêté, en compagnie d’une centaine d’étudiants, pour avoir manifesté à l’Arc de Triomphe le 11 novembre 1940, relâché, il s’engagera dans la résistance à l’occupation allemande. Leur père, fondateur du réseau Valmy et collaborateur de La France continue en fut un des pionniers ; il est fait prisonnier en avril 1942, condamné à mort et exécuté en Allemagne en juin 1944. La sœur aînée, Georgette Epiney-Burgard, est aussi une résistante active.

Ayant obtenu son bac à tout juste 17 ans, en juillet 1943, Jean Jacques Burgard fait des études à l’Université de Paris, obtient une licence de droit puis un diplôme de troisième cycle d’économie politique et de sciences économiques. Il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (Science Po) puis Élève à l’École nationale d’administration (ENA), reçu quatrième au concours d’entrée. Son mémoire porte sur la Politique administrative du peuplement pour le département du Morbihan.

À sa sortie, après un service militaire comme élève-officier, il intègre l’Inspection des Finances. Ses premiers postes le voient en Afrique, auprès des autorités coloniales de la Haute-Volta, au sein de la Caisse centrale de la France d’outre-mer puis s’occupant de l’équipement public à la Caisse d’équipement pour le développement de l’Algérie. Après l’indépendance, il continue à suivre ce pays, en tant que chef du service de la coopération économique et financière au secrétariat d’État aux Affaires algériennes jusqu’en 1964. Passant brièvement par la préfecture de la région Nord, il retourne en 1965 en Afrique, conseiller économique et financier auprès du Premier ministre congolais à Léopoldville (act. Kinshasa).

D’abord marié à Nicole Lepoutre, qui meurt très jeune en 1962, Jean Jacques Burgard épouse ensuite Monique Verhille. La cérémonie religieuse a lieu à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor) en mai 1965. La famille vit à Paris (15e arr.), square Charles-Laurent. Ils auront cinq enfants.

Travaillant désormais sur le territoire métropolitain, Jean Jacques Burgard est adjoint au chef du service de l’Inspection générale des finances en 1966 puis secrétaire général de la Commission des opérations de Bourse de 1968 à 1974. Il publie en 1970 un ouvrage, L’Information des actionnaires (Dunod).

À la fin de son mandat, Burgard intègre la Société nationale des chemins de fer français, dont il est secrétaire général jusqu’en 1980. Devenu inspecteur général des Finances en 1977, il est désigné en tant que délégué général de l’Association française des banques quand il quitte la SNCF et le reste jusqu’en 1992, quand il prend sa retraite. Il avait rédigé en 1988 La Banque en France (Dalloz), un livre régulièrement réédité.

Parallèlement à ses fonctions principales, il est professeur à Sciences Po de 1980 à 1988. Il publie plusieurs articles, comme celui sur le Crédit pour l'Encyclopædia Universalis‎, L'inspection des finances a cent cinquante ans (Le Monde, 31/10/1966) ou Le crédit cher (Revue des Deux Mondes, avril 1987).

Très engagé dans les milieux chrétiens, Jean Jacques Burgard y affiche des opinions conservatrices. Ainsi, en septembre 1971, contestant l’expression publique de Christian Kerboull, ancien prêtre qui s’est marié, il considère que « cet abbé est un parjure. »

Il assume d’importantes responsabilités dans des organisations confessionnelles. Administrateur du Secours catholique depuis 1988, il en est vice-président en 1992 puis président en 1997-1998. Il devient ensuite président de l'Office chrétien des personnes handicapées (1998-2001). Il a également assumé de nombreuses fonctions dans des organismes caritatifs ou hospitaliers. Dans le domaine culturel, il fut vice-président de l’Union des arts décoratifs de 1967 à 1992.

Jean Jacques Burgard meurt le 23 novembre 2003 à Paris (14e arr.). Commandeur de l’ordre national du Mérite, il est promu officier de la Légion d’honneur en juillet 1988.

 

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13 mars 2023 1 13 /03 /mars /2023 00:01

Marc Édouard Burgard naît le 22 janvier 1923 à Sarreguemines (Moselle). Il est le fils de Clémentine Thérèse Marie Francey, originaire de Suisse, docteure ès-lettres et de son mari Raymond Burgard, professeur au lycée de la ville, natif de Troyes (Aube) et issu d’une ascendance alsacienne.

La famille quitte la Lorraine en 1925 pour la Martinique, puis en 1928 pour la Tunisie, où Raymond Burgard enseigne aux lycées de Fort-de-France et de Tunis. Il obtient un poste de professeur agrégé au lycée Buffon de Paris en 1932. Ils s’installent alors rue Pérignon dans le quartier École militaire (7e arrondissement).

Élève de ce même établissement, Marc Édouard Burgard effectue en 1938 un séjour à New York (États-Unis), ayant voyagé sur le paquebot Champlain, de la Compagnie générale transatlantique. Il obtient son baccalauréat en août 1940. Il poursuit ses études au lycée Saint-Louis, intègre l’Université de Paris pour préparer une licence de droit. Il entre à l'École libre des sciences politiques (Sciences Po, section finances privées).

Le 15 novembre 1940, Marc Édouard Burgard est incarcéré à la prison de la Santé. Il fait partie d’un groupe de 92 personnes, dont 79 étudiants, accusées d’avoir participé à une manifestation place de l’Etoile le 11 novembre 1940, pour commémorer la fin de la première guerre mondiale. Son registre d’écrou précise que, le 9 décembre 1940, il est remis aux autorités allemandes qui vont le libérer.

Comme son père, fondateur du réseau Valmy, et sa sœur Georgette, Marc Édouard Burgard est activement engagé dans des activités de résistance à l’occupation allemande. Il écrit des tracts, diffusés à Sciences Po.

Il commence à travailler comme fonctionnaire, en tant que rédacteur auxiliaire au secrétariat d'État à la production industrielle (1942-1943).

Selon son dossier conservé par le Service historique de la Défense, il rejoint la résistance organisée en février 1944 au sein du réseau Samson, dont il est reconnu comme agent P2 le 1er juin la même année. Cette catégorie répertorie les « membres ayant une activité permanente, consacrant la totalité de leur temps au service et se soumettant à une discipline totale, en particulier quant au lieu d'emploi et genre d'activité à exercer ».

Son pseudonyme est Marc. Le réseau Samson, créé en 1943 par Robert Masson (Compagnon de la Libération), a pour mission de collecter des renseignements militaires sur l’armée d’occupation et de rendre compte au BCRA de la France Libre.

Pas encore informé de la mort de son père, décapité à Cologne (Allemagne) le 15 juin 1944, Marc Édouard Burgard s’engage dans l’armée en novembre 1944. Avec le grade d’aspirant, il rejoint le 5e régiment de chasseurs d’Afrique, qui dépend de la Première armée. Il participe à la libération de l’Alsace.

Revenu à la vie civile, Marc Édouard Burgard est, en 1946, rédacteur principal à la direction des finances tunisiennes, le pays étant alors sous protectorat français. Il rejoint cette même année comme secrétaire de direction le Groupement de la construction navale.

Il quitte le service public en 1948 pour devenir fondé de pouvoir de la compagnie commerciale Optorg en Extrême-Orient jusqu’en 1953. Il reprend une activité militaire en 1950, étant affecté aux troupes coloniales servant dans le nord de l’Indochine puis participe à la guerre entre les forces communistes vietnamiennes et celles d’occupation françaises.

Après l’évacuation de l’Indochine par la France, Marc Édouard Burgard revient en France en 1953, comme adjoint au directeur administratif et financier de la Snecma (moteurs d’avions) puis, l’année suivante, en tant qu’attaché à la direction générale du groupe Unilever en France. Il quitte cette fonction en 1960 pour celle de secrétaire général de la Compagnie Continentale France (import). En parallèle, il est de 1955 à 1962 maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po).

Il reprend une carrière internationale en tant qu’administrateur de sociétés. Il dirige ainsi la Societè de Sucreries Brésiliennes en 1967 à São Paulo, la société Goldschmidt (café, cacao, bois) en Afrique de 1969 à 1972 avant de collaborer avec la même entreprise de nouveau au Brésil, tout en étant administrateur de l'Union financière pour l'Europe et l'Afrique (1971).

Auteur d’une dizaine d’ouvrages, dont plusieurs sous le pseudonyme de B. La Marque, Marc Édouard Burgard signe des œuvres de fictions, comme La croisière de l'Arcturus, « roman scout » en 1948 ou Laura ou le Marais profond, roman (1999). Il produit des recueils de poésie tels Mirliton (1989) et De Cœur et de carreau (1995). Son œuvre comprend également des essais : l'Économie des mandarins (1956), Paris brûlera (1963), l‘Économie de la corruption (1976), Les taxis et les anges (1991) ou 1995-2065 : prévisions pour un siècle à venir (1994). Parlant du premier, l’économiste Alfred Sauvy en parle comme étant « Un livre troublant, disons même vertigineux » qui y voit « pour le lecteur un excellent exercice, qui lui permettra parfois de sourire, souvent de communier, toujours de s'inquiéter ». Il produit aussi un récit, les Chroniques de la Pergola (1985).

Dans ses livres, Marc Édouard Burgard donne une vision du monde marquée par son engagement patriotique, sa critique de l’intervention administrative et du syndicalisme sur le fonctionnement de l’entreprise et une attention à la montée de l’Asie et de la Russie dans l‘économie et les relations internationales.

Membre de l'Automobile-Club de France, décoré de la Croix de guerre 1939-1945, Marc Édouard Burgard était également chevalier de la Légion d’honneur. Il avait épouse Nicole Baudez dont il avait eu cinq enfants et s’en était séparé.

Marc Édouard Burgard meurt le 1er octobre 1999 au Brésil. Il était âgé de 76 ans et avait été domicilié avenue Mozart à Paris (16e arr.).

Marc Édouard Burgard en 1961 (arch. Brésil)

 

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26 janvier 2023 4 26 /01 /janvier /2023 00:01

Raphaël Octave Clément Mignon naît le 6 novembre 1888 à Châlons-sur-Marne (Marne, act. Châlons-en-Champagne). Il est le fils de Gabrielle Valentine Collot et de son mari Louis Arille Mignon, tonnelier ; ils ont sept enfants vivants en 1901, dont Raphaël est le second. Ils vivent rue Sainte-Marguerite.

Alors comptable, Raphaël Mignon effectue son service militaire en octobre 1909 au 106e régiment d’infanterie (RI) ; il est promu caporal en avril 1910 et démobilisé en septembre 1911.

En mai 1913 à Châlons, Raphaël Mignon, qui réside rue de la Marne, épouse Marcelle Céline Sander.

Rappelé à l’armée en août 1914, au déclenchement de la première guerre mondiale, il est promu sergent en novembre 1915 et passe au 94e RI. Il revient au 106e RI en juillet 1916, où il est nommé adjudant en avril 1917. Il devient officier, en tant que sous-lieutenant, en octobre la même année. Durant le conflit, il fait de « beaux services de guerre » qui lui valent plusieurs citations ; il est également blessé à plusieurs reprises. Il est démobilisé en mars

Après le conflit mondial, Raphaël Mignon est chef comptable et vit en 1925 à Clichy (Seine, act. Hauts-de-Seine), boulevard National puis en 1928 rue Georges-Soret. En 1937, il devient boucher à Paris (16e arr.), dans le quartier de La Muette, rue de La Pompe.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Mignon, dont les obligations militaires avaient pourtant pris fin en novembre 1937, est réintégré dans les cadres de l’armée en tant qu’officier en septembre 1939.

Probablement démobilisé à l’été 1940, il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où, en septembre 1941, il devient agent immobilier et achète l’Agence de la gare, située rue Jean-Jaurès. Il vit à proximité, dans le quartier du Centre, rue des Réservoirs.

À l’occasion des élections municipales de novembre 1947, Raphaël Mignon est candidat sur la liste du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste) qui est conduite par Pierre Perly, plombier-couvreur. Elle arrive en tête, avec une moyenne de 3 066 voix pour 6 974 suffrages exprimés (44%) sur 7 073 votants et 8 376 inscrits et 13 sièges. C’est cependant le communiste Robert Deloche, dont la liste a obtenu le même nombre de sièges, qui est réélu maire à la faveur du vote du seul élu socialiste SFIO. Mignon est élu conseiller municipal. Pendant le mandat, le groupe RPF éclate en deux, tandis que quatre personnes se succèdent sur le seul siège de la SFIO et que, dans la majorité communiste, Deloche est exclu du PCF, démissionne et est remplacé en tant que maire par Amélie Trayaud.

Pour le scrutin suivant, en mai 1953, Mignon figure de nouveau sur la liste RPF, conduite par le journaliste Pierre Calmon. Elle est devancée par les listes du PCF et du Rassemblement des gauches républicaines (RGR, centre-droit). Cependant, une alliance du RGR avec le RPF et le Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien) permet l’élection de Georges Defert (RGR) en tant que maire par 14 voix contre 13 pour le ¨CF et la SFIO. Mignon est arrivé en huitième position sur la liste RPF et n’est pas élu. Cependant, à la faveur de démissions, il revient au conseiller municipal en décembre 1957. Il siège jusqu’en mars 1959.

Après la fin de son mandat, Raphaël Mignon s’installe à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne). Il y meurt le 28 août 1968, âgé de 79 ans. Il avait été décoré, à titre militaire, en tant que chevalier de la Légion d’honneur en mars 1923.

Joinville-le-Pont, vers 1960

 

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2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 00:01

Suite de la biographie de Michèle Aumont

La dernière usine dans laquelle Michèle Aumont travaille en tant qu’ouvrière est la SNECMA, entreprise aéronautique à Paris (13e arr.), où elle commence comme ouvrière spécialisée (OS) avant, après une formation, de devenir tourneur avec le statut d’ouvrier professionnel (OP). Elle sera l’une des premières femmes diplômées d’un CAP dans ce métier. Elle témoigne de la difficulté de cette évolution dans En usine, pourquoi (1958).

Cette expérience la fait recruter en 1963 par la direction des relations du travail de la SNECMA, ce qu’elle accepte pour « découvrir le volet patronal de la vie d’entreprise ». Elle expose dans une étude sociologique, Construire l’entreprise, considérant que ce sont les « intentions créatrices et productrices des hommes qui la construisent incessamment ». Pierre Drouin (Le Monde) souligne qu’elle distingue les deux groupes d’ouvriers : les OP se séparant des OS ; elle estime que les fils des premiers ne seront pas ouvriers. S’agissant des cadres, elle pense qu’ils rejoignent la contestation du pouvoir patronal. Collaborant avec le ministère du travail, elle est consultée sur la transformation des centres de formation et de promotion.

À partir de 1966, quittant les sociétés industrielles, Michèle Aumont devient conseillère de synthèse, rejoignant l’équipe Dr André Gros, fondateur de ce métier en 1947. Pour la Société internationale des conseillers de synthèse (SICS), dont Mme Aumont est membre, celui-ci est «  pour le chef d’entreprise l’interlocuteur extérieur, solidaire mais indépendant, qui peut par la maïeutique l’aider à devenir un philosophe en action comme l’y invitait Gaston Berger. »

Avec André Gros, Michèle Aumont publie, en 1965, La reconstruction du citoyen. L’économiste Alfred Sauvy salue « l'ardente militante attachée à la vie et à la cause ouvrières » mais s’étonne que, par une « étrange pudeur », elle ne s’interroge pas sur « l'influence des groupes » qui serait devenue, selon lui, « un des éléments essentiels de la politique, l'individu n'osant jamais s'opposer à leur action. »

Outre leur place en usine, Michèle Aumont consacre plusieurs livres aux questions féminines, s’opposant nettement aux thèses féministes. Dans La Chance d’être femme (1959), elle plaide pour une complémentarité hommes-femmes : « Il est l'architecture et c'est beau ; elle est l'âme des édifices et ce n'est pas moins beau ». Son livre Jeune fille, lève-toi (1960), est considéré comme « excellent » par le prêtre et théologien Paul Winninger.

Ayant participé aux travaux du concile de l’église catholique Vatican II en 1962, Michèle Aumont y consacre un ouvrage, L’Église écoute (1967). Elle poursuit avec Le prêtre homme du sacré (1969) dans sa recherche sur la prospective spirituelle de l’humanité.

Elle s’installe en 1968 à Crozon (Finistère), petite ville qu’elle découvre en 1966 lors d’un séjour à l’abbaye de Landévennec. Elle y avait trouvé « la beauté, la rudesse conservée et une mystérieuse simplicité » qui selon le quotidien breton Le Télégramme l’« empoignaient littéralement. »

Au cours des années 1970, elle étudie deux groupes d’âge. Avec Jeunes dans un monde nouveau (1973) elle relate que « Beaucoup de jeunes estiment non seulement qu'il faut déscolariser l'école, mais encore que l'école est de moins en moins nécessaire pour acquérir des connaissances » et que « Les jeunes se montrent aisément tous solidaires contre l'autorité ». Ce que le directeur du Monde, Pierre Viansson-Ponté, conteste au vu de « l'afflux de candidats à l'enseignement et à la police. »

Lors du colloque national sur l'éducation, organisé par le ministre de l’éducation Joseph Fontanet en novembre 1973, Michèle Aumont est rapporteure de la commission sur L'école et le mode extérieur. Selon le journaliste du Monde, Guy Herzlich, « En dépit de l'optimisme inébranlable de Mlle Michèle Aumont », « cette commission est caractéristique du blocage qui est apparu surtout le premier jour du colloque : on a assisté tantôt à une succession de monologues, tantôt à de classiques affrontements entre ceux qui prônent une large ouverture sur l'extérieur, et ceux qui redoutent avant tout les risques que cela comporte. »

Plaidant Pour le troisième âge (1975), Michèle Aumont critique la vision de l’écrivaine Simone de Beauvoir qui aurait, dans La Vieillesse (1970), entretenu « l'humiliation d'être vieux ». Elle souligne « la part des responsabilités personnelles (…) qui permet à l'être humain de tenir dans la tempête, de se redresser, s'il est courbé par la défaite ou le sort, et de résister envers et contre tout, en temps de guerre comme en temps de paix, selon les normes de sa conscience - cette voix que nul au monde n'a le pouvoir de faire taire. »

À partir des années 1990, tous en poursuivant ses travaux précédents, Michèle Aumont s’intéresse à plusieurs figures du christianisme, tous prêtres, comme Eugen Drewermann,  théologien et psychanalyste allemand ; le jésuite français, résistant, philosophe et théologien Gaston Fessard ; Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus ; Henri Bremond, jésuite également, historien et critique littéraire, membre de l'Académie française.

Elle écrit plusieurs témoignages autobiographiques et relate son voyage en Chine à l’automne 1982. Entre 1953 et 2017, Michèle Aumont a publié trente ouvrages, plus de nombreuses notes et articles.

Michèle Aumont meurt le 22 mars 2019 à Crozon (Finistère). Elle était âgée de 96 ans. Pour Le Télégramme, c’était une « humaniste, brillante, ouverte. »

Chevalière de la Légion d’honneur, Michèle Aumont avait obtenu plusieurs récompenses pour ses livres : prix social 1954 de l’Académie d’Éducation et d’Entraide sociale pour Dialogues de la vie ouvrière ; prix Fabien de l’Académie française en 1959 pour En usine, pourquoi ; prix de Joest de l’Académie française en 1964 pour Construire l’entreprise. Une association existe à Crozon, intitulée Les Amis de Michèle Aumont, parrainée par le philosophe et académicien François Cheng.

Fin

Michèle Aumont (2012, arch. fam.)

 

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31 décembre 2022 6 31 /12 /décembre /2022 00:01

Début de la biographie de Michèle Aumont

Michèle Jeanne Aumont naît le 7 septembre 1922 à Haiphong (Tonkin, act. Vietnam). Elle est la fille Maurice d’Anne-Marie Marcelle Serizay, secrétaire, et de son mari Charles Louis Aumont, directeur d'établissement d'une société d'import-export. Ils vivent ensuite à Hanoï, toujours au nord du Vietnam. Le Tonkin, comme le reste de l’Indochine, est alors sous protectorat français. Sa mère avait déjà eu quatre enfants d’un précédent mariage et en aura deux ensuite.

La famille revient en métropole en 1933, à Bordeaux (Gironde). Après son lycée, Michèle Aumont entre en khâgne, mais elle doit abandonner en 1940, suite à un départ pour Alger, également territoire français à l’époque. Elle s’inscrit à l’université et obtient une licence, qui lui permet ensuite d’enseigner, à partir de 1943, la philosophie au lycée de garçons d’Alger, succédant, selon l’historienne Michèle Rault, à Roger Garaudy, qui deviendra ensuite dirigeant du parti communiste français puis défenseur de thèses révisionnistes sur la deuxième guerre mondiale. Élevée dans un milieu chrétien, Michèle Aumont s’intéresse aux œuvres de Pierre Teilhard de Chardin, apprend à connaître l’islam et prend conscience de la condition des femmes algériennes.

Rentrée en France en 1946, elle passe l’agrégation de philosophie à la Sorbonne (université de Paris). Elle fréquente les conférences du Collège libre en sciences sociales, se rapproche des de l’Action populaire (jésuites) et rencontre au sein du mouvement Économie et humanisme les pères Joseph Lebret, économiste, Henri Desroches, sociologue, et Jacques Loew, prêtre ouvrier. En été 1947, elle fait un stage en tant que manœuvre dans une usine d’emballage de dattes à Marseille (8e arr.).

Selon le récit qu’en fait Michèle Rault d’après ses propres témoignages, Michèle Aumont rentre en novembre 1947 dans une usine de fabrication de tubes à Montrouge (Seine, act. Hauts-de-Seine) puis est peu après embauchée dans un établissement cinématographique de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Elle monte des appareils photos, se syndique à la Confédération générale du travail (CGT) et est élue déléguée du personnel et membre du comité d’entreprise.

Fin 1949, elle est embauchée dans une usine automobile Citroën, d’où elle sera licenciée fin 1951 à cause de son activité syndicale. Toujours d’après Michèle Rault, Michèle Aumont est femme de ménage ou travaille dans de petites usines de Paris ou de banlieue jusqu’en 1956.

Elle commence à publier des ouvrages issus de son expérience, le premier, Femmes en usines, s’intéresse aux ouvrières de la métallurgie. Selon Informations sociales, c’est un « témoignage intense, douloureux ». Elle poursuit avec Dialogues de la vie ouvrière (1954), Le même bulletin considère qu’elle présente « le monde ouvrier, aux prises avec les difficultés d'embauche, l'insécurité du travail, les continuels soucis pécuniaires, et la préoccupation des enfants à élever, sans espoir d'en sortir ». Elle souligne l’opposition entre ceux, les communistes, qui veulent un changement radical du régime actuel, au besoin par la violence, et « souhaitent seulement quelques transformations de structure qui pourraient se réaliser d'un commun accord entre patrons et ouvriers ». Souhaitant « l'unité ouvrière et humaine », elle appelle un dialogue entre ses deux et se démarque des prêtres ouvriers. Dans Monde ouvrier méconnu (1956), d’après Cité chrétienne, Michèle Aumont « fait pénétrer dans toute la vie ouvrière : dans l'usine, en famille, dans la camaraderie, dans l'engagement syndical ». Dans Le Monde, Pierre Drouin remarque que « sa plume s'échauffe parfois, parce que la raison du cœur et la soif de justice sont trop fortes ». Il y voit « le déroulement de la vie concrète d'un ouvrier spécialisé, d’une bobineuse » et indique qu’elle appelle à un « sursaut ouvrier », fondé sur l’approche chrétienne de « l'espérance en la fraternité de tous les hommes. »

À suivre

Femmes en usine (1953)

 

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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 00:01

Fernand Ignacio Paraïso naît le 12 août 1892 à Porto-Novo (Dahomey, act. Bénin). Il est le fils de Fernande Séhéfi et d’Ignacio Souleyman Paraïso dont elle est la troisième femme. Conseiller du roi de Porto-Novo, chef de la communauté musulmane, exploitant d’une plantation agricole, Ignacio Souleyman Paraïso était devenu une personnalité du Dahomey, seul indigène nommé membre du conseil d’administration de la colonie française et conseiller municipal de Porto-Novo, qui en était la capitale. Il était lui-même le fils d’Odio dit José Piquino Paraïso, déporté comme esclave au Brésil puis revenu Afrique au service d’un trafiquant d’esclave, devenu à la mort de ce dernier au service du roi. Elepo, le père d’Odio et donc l’arrière-grand-père de Fernand Paraïso, était un prince Yoruba de l’actuel Nigéria, dont une partie de la famille fut prise en esclavage après la perte de son village natale au cours de guerres intestines.

Ignacio Paraïso avait environ 55 enfants avec au moins quatre épouses. S’il était un notable islamique, il avait été baptisé et à peu près de la moitié de ses enfants étaient catholiques et élevés dans des écoles chrétiennes, ce qui fut sans doute le cas de Fernand. Ignacio Paraïso participa à l’Exposition universelle de Paris en 1900 et fut décoré du Mérite agricole ainsi que chevalier de la Légion d’honneur.

Fernand Paraïso, qui aurait également porté le prénom africain d’Aboudou, bénéficia d’une bourse de l’Alliance française pour poursuivre des études en France. Il intégra en 1909 l’Institution du Parangon, école coloniale située à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dirigée par le docteur Henri Rousseau. Parmi ses condisciples, on peut citer le Vietnamien Nguyen Thé Truyen, qui fut compagnon d’Hô-Chi-Minh avant de s’en éloigner.

Dès la première année, le parcours scolaire de Fernand Paraïso fut brillant : prix d'excellence en août 1910 ; brevet d'aptitude militaire et médaille de bronze au tir en juillet 1911, en plus de ses mentions en horticulture et topographie ; prix de Géographie en juillet 1912 et nouvelle médaille de tir, dont il était devenu militaire ; prix « colonial » en juillet 1913, médaille d'or de tir. Enfin, il reçoit le prix de la fondation Ferdinand Rousseau (ancien maire de Joinville-le-Pont) en juillet 1914.

Non concerné par des obligations militaires du fait de son statut d’indigène, Fernand Paraïso s’engage cependant le 1er septembre 1914 pour la durée de la guerre à Paris (12e arr.), probablement au fort de Vincennes. Il est affecté au 163e régiment d’infanterie. En novembre 1914, il devient caporal puis en avril 1915, sergent. Il rejoint le 36e régiment d’infanterie en juin 1916. Naturalisé français en décembre 1917, et de ce fait soumis au service militaire, Fernand Paraïso reste dans l’armée après la fin de la guerre. Il devient aspirant, donc officier, en février 1919 et est démobilisé en août la même année.

Son comportement pendant le conflit lui a value deux citations. En octobre 1916, il est cité à l’ordre de la 5e division d’infanterie : « Sous-officier très brave, très discipliné, a été blessé 5 septembre 1916 au cours d’une patrouille ayant pour mission l’attaque d’un petit poste ennemi. Malgré sa blessure, a conservé le commandement de sa patrouille et a pu, grâce à son énergie, ramener tous ses hommes ».

Il est de nouveau cité à l’ordre du 3e corps d’armées en septembre 1917 : « Le 10 septembre 1917, volontaire pour une expédition dans les lignes allemandes, a été grièvement blessé en abordant résolument et avec un entrain digne de tous les éloges, un poste avancé. Quoique blessé, persistait à poursuivre son but. Ne s’est replié que sur l’ordre de son chef de patrouille. »

Plusieurs blessures ont affectées Fernand Paraïso : en avril 1915 à Flirey (Meurthe-et-Moselle), il a des plaies à la tête et au bras, dues à des éclats d’obus ; en septembre 1916 aux Éparges (Meuse), il est victime d’éclats de grenade au bras droit ; en septembre 1917 à Heurtebise, c’est sa face qui est touchée de nouveau par des éclats de grenade.

Après-guerre, Fernand Paraïso reste vivre à Joinville, quai de la Marne. Il exerce comme caissier-comptable. En 1921, il a comme compagne Blanche Berthier, couturière à façon. Il est l’un des fondateurs, en octobre 1919, de l’association Union sportive de Joinville (USJ) dont le président est Stephen Durande, futur maire de Joinville. Paraïso en est le secrétaire ; il est remplacé dans cette fonction l’année suivante par Antoine Liou, employé d’octroi et conseiller municipal.

En février 1925 à Joinville, Fernand Paraïso, qui a déménagé impasse Jules Rousseau, toujours à Joinville, épouse Clara Alphonsine Suzanne Janvier, employée de banque. Ils s’installent à Paris rue Vavin.

Dans la réserve de l’armée, Fernand Paraïso est affecté à l'infanterie coloniale et nommé sous-lieutenant en juin 1929 puis lieutenant en août 1930. Il travaille toujours comme comptable pour les papeteries Navarre. La famille est installée en 1936 à Villemomble (Seine, act. Seine-Saint-Denis), boulevard d’Aulnay.

Pendant la deuxième guerre mondiale, s’engage dans la résistance à l’occupation allemande en tant que membre des Forces françaises de l’intérieur.

Après la guerre, Fernand Paraïso est nommé capitaine des troupes de marine. Il quitte ses fonctions en 1949 et est admis à l’honorariat.

Fernand Ignacio Paraïso naît le 12 août 1892 à Porto-Novo (Dahomey, act. Bénin). Il est le fils de Fernande Séhéfi et d’Ignacio Souleyman Paraïso dont elle est la troisième femme. Conseiller du roi de Porto-Novo, chef de la communauté musulmane, exploitant d’une plantation agricole, Ignacio Souleyman Paraïso était devenu une personnalité du Dahomey, seul indigène nommé membre du conseil d’administration de la colonie française et conseiller municipal de Porto-Novo, qui en était la capitale. Il était lui-même le fils d’Odio dit José Piquino Paraïso, déporté comme esclave au Brésil puis revenu Afrique au service d’un trafiquant d’esclave, devenu à la mort de ce dernier au service du roi. Elepo, le père d’Odio et donc l’arrière-grand-père de Fernand Paraïso, était un prince Yoruba de l’actuel Nigéria, dont une partie de la famille fut prise en esclavage après la perte de son village natale au cours de guerres intestines.

Ignacio Paraïso avait environ 55 enfants avec au moins quatre épouses. S’il était un notable islamique, il avait été baptisé et à peu près de la moitié de ses enfants étaient catholiques et élevés dans des écoles chrétiennes, ce qui fut sans doute le cas de Fernand. Ignacio Paraïso participa à l’Exposition universelle de Paris en 1900 et fut décoré du Mérite agricole ainsi que chevalier de la Légion d’honneur.

Fernand Paraïso, qui aurait également porté le prénom africain d’Aboudou, bénéficia d’une bourse de l’Alliance française pour poursuivre des études en France. Il intégra en 1909 l’Institution du Parangon, école coloniale située à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dirigée par le docteur Henri Rousseau. Parmi ses condisciples, on peut citer le Vietnamien Nguyen Thé Truyen, qui fut compagnon d’Hô-Chi-Minh avant de s’en éloigner.

Dès la première année, le parcours scolaire de Fernand Paraïso fut brillant : prix d'excellence en août 1910 ; brevet d'aptitude militaire et médaille de bronze au tir en juillet 1911, en plus de ses mentions en horticulture et topographie ; prix de Géographie en juillet 1912 et nouvelle médaille de tir, dont il était devenu militaire ; prix « colonial » en juillet 1913, médaille d'or de tir. Enfin, il reçoit le prix de la fondation Ferdinand Rousseau (ancien maire de Joinville-le-Pont) en juillet 1914.

Non concerné par des obligations militaires du fait de son statut d’indigène, Fernand Paraïso s’engage cependant le 1er septembre 1914 pour la durée de la guerre à Paris (12e arr.), probablement au fort de Vincennes. Il est affecté au 163e régiment d’infanterie. En novembre 1914, il devient caporal puis en avril 1915, sergent. Il rejoint le 36e régiment d’infanterie en juin 1916. Naturalisé français en décembre 1917, et de ce fait soumis au service militaire, Fernand Paraïso reste dans l’armée après la fin de la guerre. Il devient aspirant, donc officier, en février 1919 et est démobilisé en août la même année.

Son comportement pendant le conflit lui a value deux citations. En octobre 1916, il est cité à l’ordre de la 5e division d’infanterie : « Sous-officier très brave, très discipliné, a été blessé 5 septembre 1916 au cours d’une patrouille ayant pour mission l’attaque d’un petit poste ennemi. Malgré sa blessure, a conservé le commandement de sa patrouille et a pu, grâce à son énergie, ramener tous ses hommes ».

Il est de nouveau cité à l’ordre du 3e corps d’armées en septembre 1917 : « Le 10 septembre 1917, volontaire pour une expédition dans les lignes allemandes, a été grièvement blessé en abordant résolument et avec un entrain digne de tous les éloges, un poste avancé. Quoique blessé, persistait à poursuivre son but. Ne s’est replié que sur l’ordre de son chef de patrouille. »

Plusieurs blessures ont affectées Fernand Paraïso : en avril 1915 à Flirey (Meurthe-et-Moselle), il a des plaies à la tête et au bras, dues à des éclats d’obus ; en septembre 1916 aux Éparges (Meuse), il est victime d’éclats de grenade au bras droit ; en septembre 1917 à Heurtebise, c’est sa face qui est touchée de nouveau par des éclats de grenade.

Après-guerre, Fernand Paraïso reste vivre à Joinville, quai de la Marne. Il exerce comme caissier-comptable. En 1921, il a comme compagne Blanche Berthier, couturière à façon. Il est l’un des fondateurs, en octobre 1919, de l’association Union sportive de Joinville (USJ) dont le président est Stephen Durande, futur maire de Joinville. Paraïso en est le secrétaire ; il est remplacé dans cette fonction l’année suivante par Antoine Liou, employé d’octroi et conseiller municipal.

En février 1925 à Joinville, Fernand Paraïso, qui a déménagé impasse Jules Rousseau, toujours à Joinville, épouse Clara Alphonsine Suzanne Janvier, employée de banque. Ils s’installent à Paris rue Vavin.

Dans la réserve de l’armée, Fernand Paraïso est affecté à l'infanterie coloniale et nommé sous-lieutenant en juin 1929 puis lieutenant en août 1930. Il travaille toujours comme comptable pour les papeteries Navarre. La famille est installée en 1936 à Villemomble (Seine, act. Seine-Saint-Denis), boulevard d’Aulnay.

Pendant la deuxième guerre mondiale, s’engage dans la résistance à l’occupation allemande en tant que membre des Forces françaises de l’intérieur.

Après la guerre, Fernand Paraïso est nommé capitaine des troupes de marine. Il quitte ses fonctions en 1949 et est admis à l’honorariat. Il résidait toujours à Villemomble.

Selon une source généalogique, Fernand Paraïso serait décédé en 1977. Il aurait été âgé de 84 ou 85 ans. Décoré de la Croix de guerre, avec deux étoiles d’argent et de vermeil, il a reçu en mars 1947 la Médaille de la Résistance française. Chevalier de la Légion d’honneur depuis juin 1929, il a été promu officier en décembre 1958.

Son fils Michel Paraïso a adopté le patronyme de Fernand-Paraïso, qui est porté par ses descendants.

Société de préparation militaire du Parangon ; Fernand Paraïso est probablement à gauche des moniteurs

 

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11 décembre 2022 7 11 /12 /décembre /2022 00:01

Bernard Fernand Robert Crétin-Maitenaz naît le 26 septembre 1926 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Fernande Neveu et de son époux André Joseph Célestin Crétin-Maitenaz. Ils vivent dans le quartier de Polangis, avenue Pauline. Adulte, Bernard utilisera uniquement le patronyme de Maitenaz. Son père est originaire de Morez, dans le Jura, berceau de la lunetterie française.

La commune de Joinville est un site important en matière d’optique ; plusieurs des fondateurs puis responsables de la Société des lunetiers (SL puis Essel) ont vécu à Joinville. La société Télégic, qui deviendra Silor après sa fusion avec Lissac, est implantée dans la commune ; En fusionnant avec SL, le groupe s’appellera Essilor. Peut-être André Crétin-Maitenaz y est-il employé ; pendant la première guerre mondiale, il a été blessé et décoré de la Croix de guerre pour son comportement en août 1915 et cité à l’ordre de la brigade : « sous-officier d’un grand courage et d’une modestie remarquable. »

En 1931, Bernard Maitenaz vit chez ses grands-parents maternels, Marthe et Frédéric Neveu ; ils résident avenue Foch, dans le quartier de Polangis, toujours à Joinville. Frédéric Neveu est le directeur de l’usine métallurgique du Bi-Métal située dans la commune, quartier du Canal. En 1936, il est de nouveau avec ses parents, dans le même quartier, avenue Henri. Pendant les vacances cette année-là, il gagne un prix à un concours de devoirs organisé par le quotidien Le Petit Marseillais. Ils résident encore à Joinville en 1939.

Poursuivant son cursus scolaire pendant la deuxième guerre mondiale, Bernard Maitenaz entre, en septembre 1943 à l’école nationale d'Arts et Métiers de Paris. il en ressort ingénieur en 1946 puis intègre l'École supérieure d'optique, toujours dans la capitale, dont il sort major en 1947. Il sera également diplômé de l’Institut de contrôle de gestion.

Il fait son service militaire en 1947-1948, puis est embauché par Essel, nouveau nom de la Société des lunetiers. D’abord ingénieur d'études, il devient rapidement chef des services d'études puis directeur technique en 1953. Cette même année, il épouse Geneviève Élise Simonard, fille d’un jockey, originaire de la Marne et résidant également à Joinville-le-Pont. Son frère aîné, Paul Maitenaz, avait épousé lui aussi la sœur aînée de sa femme, Marie Louise Simonard.

Les lunettes à double-foyers utilisées par son père apparaissent à Bernard Maitenaz comme « une hérésie qui altère le champ de vision » selon le compte-rendu qu’en fait l’association Valoptec. À partir de 1951, il conduit des recherches pour la mise au point d’un « verre à foyer variable de façon continue » ; elles aboutissent avec la commercialisation du verre progressif Varilux en 1959, qui constitue, selon les milieux professionnels, « une révolution dans le monde de l’optique ». Il est nommé en 1966 directeur du département industriel.

Lors de la fusion d’Essel et de Silor en 1972, qui voit la naissance du groupe Essilor, Bernard Maitenaz est nommé directeur des recherches et du développement. Il est président du directoire de BBGR, filiale d’Essilor, de 1977 à 1980. En 1979, il est nommé directeur général du groupe, puis prend le poste de président-directeur général en 1980. Il le quitte pour sa retraite en 1991. Pendant son mandat, il a conduit une importante expansion internationale de l’entreprise.

Héritée de ses origines (la Société des lunetiers avait été fondée en 1849 à Paris sous le nom d’Association fraternelle des ouvriers lunetiers avec une forme coopérative), une société, baptisée Valoptec, rassemble une partie des cadres de l’entreprises et dispose d’une participation significative au capital. L’association disposait de 25 % du capital et 39 % des droits de vote avant la fusion qui a donné naissance au groupe franco-italien EssilorLuxoticca. En janvier 2020, Valoptec est encore, avec 11 000 membres et 4,2% des titres, le deuxième actionnaire du groupe, derrière la société financière de la famille Del Vecchio, Delfin.

Parallèlement à son poste, Bernard Maitenaz fut président de la commission innovation et recherches du Centre national du patronat français (CNPF, act. MEDEF) de 1984 à 1994, membre du Conseil supérieur de la propriété industrielle de 1985 à 1994, et administrateur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de 1992 à 1995.

Bernard Maitenaz meurt le 22 janvier 2021 à Paris (7e arr.). Il était âgé de 94 ans et père de trois enfants. Commandeur de l’ordre du Mérite, chevalier des Palmes académiques, il avait été fait officier de la Légion d’honneur en juillet 1989. Il avait également reçu le grand prix de la Ville de Paris dans la catégorie Technique en juin 1976, le prix Nessim-Habif de la Société des ingénieurs Arts et Métiers en 1995 ainsi que le prix Apollo décerné par l’Association américaine d’optométrie en juin 2014. Il était docteur honoris causa des universités de Boston (Massachusetts, États-Unis) et Montréal (Québec, Canada).

Bernard Maitenaz dans son laboratoiore

 

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28 octobre 2022 5 28 /10 /octobre /2022 00:01

Jean Savu naît le 11 juin 1904 à Montreuil-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est le fils de Louise Marie Boussard, et de son époux, Jean Savu, ébéniste, qui vivent rue de la République.

Sa mère est couronnière, c’est-à-dire confectionneuse de couronnes mortuaires avec des perles enfilées sur du fil-de-fer. Son père est natif en 1874 de Bucarest (royaume de Hongrie, act. Roumanie) et est ébéniste. Il obtient (pour son fils aussi) la nationalité française en mai 1910. Pendant la première guerre mondiale, Jean Savu père est réformé à cause de sa surdité.

À partir de 1910, la famille, qui compte six enfants, est installée à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Jean Savu est, comme son père, ébéniste en 1921. En 1926, il est installé dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy. Il épouse dans cette commune, en avril 1926, Simone Lahaye, ouvrière, qui vivait dans le quartier voisin de Polangis.

L’usine de meubles dans laquelle il travaille, sise avenue Racine, à Joinville, prend feu en 1933. En juillet, le conseil général lui accorde un secours de cent francs du fait que l’incendie l’a réduit au chômage pendant une période. Il s’est alors installé de nouveau à Champigny.

Selon les historiens Annie et Claude Pennetier, Jean Savu est en 1930 membre du parti communiste et recevait du matériel de propagande destiné à des communistes italiens avec qui il était en contact. Il était également inscrit à l’Amicale sporting club de Champigny, club affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Savu fait partie de l’Organisation spéciale, mouvement clandestin créé par le parti communiste qui intègre ensuite les Francs-Tireurs et Partisans. D’après A. et Cl. Pennetier, Jean Savu est le responsable technique de la section des FTPF de Champigny. Il gère notamment une machine de reprographie (ronéo) à main installée dans le pavillon de Simone Lambre à Champigny.

Arrêté en juillet 1943 par la police française dans l’atelier d’Auguste Taravella, autre résistant communiste campinois, il est porteur d’un tract intitulé Défense de la France et de deux certificats de recensement en blanc et une copie du cachet humide de la mairie de Montreuil. Il est Interné à la prison de la Santé (Paris, 14e arr.). Lors d’une visite dans cette prison, son épouse témoignera que Jean Savu « a été violemment frappé par des inspecteurs de la BS2 [Brigade spéciale no 2] à coups de nerf de bœuf sur les reins ». Il est ensuite transféré à celle de Fresnes (Seine, act. Val-de-Marne).

Il est condamné à mort le 15 octobre par le tribunal allemand du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (Paris, 8e arr.) pour « activité en faveur de l’ennemi ». Il est fusillé à 12 h 41 en même temps que vingt autres personnes le 23 octobre de la même année au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne), Jean Savu et trois autres fusillés campinois (Pierre-Marie Derrien, Maurice Pirolley et Augustin Taravella) furent transférés le 2 décembre 1944 au cimetière de Champigny-sur-Marne.

Par décret du 28 décembre 1945, il avait été nommé, à titre posthume, officier dans l’armée de terre au grade de sous-lieutenant. Un autre décret, le 6 novembre 1960, lui octroie la dignité de chevalier de la Légion d’honneur. Une rue du quartier du Tremblay, à Champigny, reliant les avenues du Général de Gaulle et Pierre-Brossolette, est baptisée « Jean-Savu ». Son nom figure sur les monuments aux morts de Champigny ainsi que sur celui du Mont-Valérien. Il figure également sur une plaque au sein de la Bourse du Travail de Paris « À la Mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France - Lorsqu'on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice - Paul Éluard. »

Le matin de son exécution, Jean Savu a écrit deux lettres. Une à son frère Louis et l’autre à son épouse Simone, qui l’a publiée : « Fresnes, le 23 octobre 43. Ma pauvre petite chérie, Je viens d’apprendre la triste nouvelle : nous avons été condamnés à mort le 15 courant et apprenons aujourd’hui que nous allons être exécutés à midi. Ma Simone chérie, écoute ma prière : je t’en supplie, sois courageuse. Le seul regret que j’emporterai dans la tombe, c’est de te faire de la peine en te quittant. Tu ne méritais pas cela. Tu m’as rendu très heureux et t’en remercie. Si tu savais comme je t’aimais. Je n’ai pas toujours su te le faire comprendre malheureusement. Surtout ma petite chérie, soit forte et élève bien Jeannot. Fais-en un homme comme je l’ai été et qu’il n’oublie jamais son Papa et pourquoi il est mort, pour sa Patrie et pour son Parti. Je te lègue notre petit avoir. Cette lettre te suffira, je l’espère, pour aplanir les difficultés qui pourraient survenir, mais je crois que la Patrie ne vous abandonnera pas. C’est ton image, ma Simone, que je verrai au dernier moment et je saurai mourir courageusement, crois-moi. J’écris également à Louis car nous avons droit à deux lettres. Je vous confie, toi et mon cher petit Jeannot, à lui. Il saura, j’en suis sûr faire son devoir. Dis aussi, ma poulette, à tous les amis, que je leur envoie ma dernière pensée, surtout à Mr et Mme Bazin et tous les autres. Je vais terminer, mon amour, en te demandant pardon de te causer de la peine. Embrasse pour moi ma mère : elle va avoir aussi beaucoup de chagrin mais ce n’est que toi qui comptais pour moi, ma Simone et je finis cette lettre, la dernière, en te bénissant. Je t’aimais tant. Ton Jean. (Je suis avec Louis Noger, il partage mon sort.) »

Portrait de Jean Savu [Société d’histoire de Champigny]

 

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18 octobre 2022 2 18 /10 /octobre /2022 05:01

René Émile Nadal naît le 11 décembre 1886 à Saint-Vallier (Drôme). Il est le fils de Gabrielle Durand et de son époux, André Nadal, percepteur.

Résidant alors à Nîmes (Gard) où il est étudiant, René Nadal, âgé de 18 ans, devance son appel pour le service militaire et s’engage dans l’armée, pour trois ans, en novembre 1905. Il est affecté au 19e régiment d’artillerie. Il devient brigadier en décembre 1906 puis maréchal des logis en octobre 1907. En août 1908, il se réengage pour deux ans à compter de novembre 1908, mais de nouveau comme cavalier au 20e escadron du train. Il est promu une nouvelle fois en septembre 1908 brigadier puis en novembre la même année maréchal des logis.

Ce serait en juin 1909 que René Nadal aurait épousé Jeanne André Meunier, peut-être à Paris.

Prolongeant son contrat, René Nadal part en janvier 1910 en Afrique occidentale française (AOF), avec l’escadron de spahis du Sénégal et est affecté au Soudan (act. Mali). Il devient adjudant en décembre 1912, au sein du 19e escadron du train. Pendant les quatre ans de son séjour, il est atteint de paludisme et de dysenterie.

Au cours de la première guerre mondiale, Nadal est déclaré inapte pour un total de plus de dix mois, entre février 1916 et juillet 1917, du fait des suites des maladies tropicales contractées en Afrique. Il sert dans le 13e régiment d’artillerie en août 1916 pour au sein du 63e régiment de la même arme en décembre 1917. Il rejoint de nouveau le 19e escadron du train en mars 1919 et se réengage de nouveau pour 20 mois. Nommé sous-lieutenant en août 1922, il est promu lieutenant en septembre 1923. En novembre 1924, il est affecté à la réserve de l’armée territoriale et perçoit, à partir de septembre 1930, une pension pour les conséquences du paludisme et de la dysenterie.

En 1925, Nadal est responsable des studios cinématographiques des Réservoirs à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Créés en 1913, ils sont installés rue des Réservoirs et sont limitrophes de Joinville-le-Pont.

Après le rachat par Bernard Natan en 1929 de la société Cinéromans, qui exploite six studios à Joinville, dans le quartier de Palissy, il constitue avec Charles Pathé la société Pathé-Natan. Elle exploite une usine de production de matériel et de films, ainsi que les studios, dont la direction est confiée à René Nadal, qui l’exerce à partir de 1930. Il vit avec sa famille d’abord rue Halifax, à Joinville (à proximité des studios des Réservoirs) puis, après 1932, rue Aristide-Briand, dans le centre-ville.

Pendant que Nadal en assure la direction, les studios de Joinville vont notamment produire L'affaire est dans le sac de Pierre et Jacques Prévert (1932), La Belle Équipe de Julien Duvivier (1936), Mayerling d'Anatole Litvak (1936), Drôle de drame (1937) et Quai des brumes (1938) de Marcel Carné, La Bête humaine (1938) et La Règle du jeu (1939) de Jean Renoir, Mollenard de Robert Siodmak (1938).

Le chef décorateur Max Douy, embauché très jeune par Nadal, témoigne en novembre 2004 des conditions de travail difficiles des techniciens sur les tournages dans les années 1930 : « On travaillait jour et nuit. J’ai passé 33 nuits de suite sur un film horrible (Dactylo se marie). Je dormais à midi et à 2h il y avait rapport chez Harispuru et Nadal. J’étais ‘le môme’ comme ils disaient. Trente-trois nuits de suite y compris Noël et le Jour de l’An. Ils n’avaient même pas de religion !... ». Édouard Harispuru était le producteur du film La dactylo se marie, réalisé en 1934 par Joe May et René Pujol.

René Nadal (1er rang, en bas, à droite) en 1924

Dans la commune de Joinville, Nadal s’associe aux activités sociales qui concernent le secteur du cinéma, dont la ville est un des principaux pôles. Sa présence est ainsi signalée aux messes pour les cinéastes défunts, organisées fin décembre ou début janvier à partir de 1933 ; il soutient aussi le projet de reconstruction de la petite église Sainte-Anne de Polangis en « Notre-Dame du Cinéma », projet qui n’aboutira pas avant la deuxième guerre mondiale.

René Nadal est le président-fondateur de la société sportive Pathé-Cinéma.

René Nadal meurt le 29 avril 1939 à Paris (15e arr.), rue Blomet, où il avait été hospitalisé pour une intervention chirurgicale après une courte maladie. Ses obsèques ont eu lieu en l’église Saint-Lambert-de-Vaugirard. Âgé de 53 ans, il était père d’une fille, Gratienne, qui se maria cinq fois dont une fois au Mexique et une autre en Iran et divorça à trois reprises. René Nadal était titulaire de la Médaille coloniale et de la Médaille militaire depuis juillet 1918, chevalier de la Légion d'honneur depuis août 1937. En novembre 1932, il avait obtenu la médaille de bronze de l’Éducation physique.

Les nécrologies qui lui sont consacrées assurent, comme dans L’Homme libre, qu’il fut « un grand colonial », ayant « contribué à la pacification et à l'organisation d'une grande partie de l'AOF ». Selon Excelsior, en tant que directeur des studios Pathé-Cinéma de Joinville, il « comptait parmi les personnalités les plus estimées de l'industrie du cinéma. »

René Nadal à Joinville-le-Pont en 1937

 

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