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2 octobre 2023 1 02 /10 /octobre /2023 01:01

Jean Clément Gustave Guillet naît le 3 août 1829 à Paris. Il est le fils d’Élisabeth Louise Clémence Brot et de son époux, Pierre Louis Gustave Guillet. Son grand-père maternel est un ingénieur des mines parisien ; son aïeul paternel est quant à lui un ancien danseur et professeur de danse à l’Opéra de Paris, maître des ballets à l’Opéra-Comique, et auteur de livrets de pièces musicales.

Le père, Pierre Gustave Guillet se présente comme artiste à la naissance de Jean Clément ; il est probablement musicien. La famille s’installe en 1831 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), Grande-Rue, puis, en 1835, de l’autre côté du Bois de Vincennes, à Joinville-le-Pont. Pierre Gustave Guillet prend en charge l’exploitation de la vaste ferme de Polangis, située sur cette commune et sur celle de Champigny-sur-Marne. Le quartier de Polangis, comme toute la rive gauche de la Marne, est alors très peu peuplé, avec une vingtaine de personnes sur les quelques 660 habitants de Joinville.

En août 1848, à l’âge 19 ans, il s’engage dans l’armée et est affecté au 1er régiment du génie, en tant que sapeur. Pour sa génération, il est d’assez grande taille (1 m. 82). Ayant déjà une bonne éducation, il intègre, après concours l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (Seine-et-Oise, act. Yvelines), en novembre 1850. C’est la 34e promotion de l’établissement, fondé par Napoléon en 1802, alors basée à Fontainebleau. Elle porte le nom de Kabylie. En octobre 1852, il est diplômé, au 27e rang des 270 élèves, et nommé sous-lieutenant au 1er régiment de chasseurs. Mais il poursuit son cursus en intégrant en janvier 1853 l’École d’application d’état-major, située à Compiègne (Oise). Il sort (7e sur 30) et rejoint le 41e régiment d’infanterie de ligne. Nommé lieutenant d’état-major en octobre 1854, Guillet fait un stage dans l’infanterie au 40e de ligne à Rome (Italie) puis un autre dans la cavalerie au 4e dragons, à Limoges (Puy-de-Dôme).

Nommé capitaine en octobre 1856, il est pris comme aide de camp par le général Joachim Ambert, qui était également écrivain. En mai 1859, le capitaine Guillet intègre l’état-major de l’armée d’Italie, qui va permettre l’unification du pays en combattant l’empire autrichien. Revenu en France en juin 1860, il devient l’aide de camp du général Lapérouse à Lyon. Il est appelé à participer en mai 1863 à une autre expédition, celle au Mexique, en soutien à l’empereur Maximilien. Il restera presque quatre ans sur place. Son comportement lui vaudra trois citations : en novembre 1863, pour la bataille de Maravatio-Tacámbaro, dans laquelle la légion belge, alliée des impériaux mexicains et des français, sera battue par les troupes républicaines ; en janvier 1865, pour les combats de Las Higueras ; puis en mai de la même année, pour ceux de La Pasion. Il est rapatrié en mars 1867 avec le retour des troupes françaises.

Toujours capitaine, il rejoint l’état-major général de la garde impériale, avec laquelle il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870. Il combat pour la défense de Metz en août et septembre, mois où il est promu chef d’escadron (commandant). Après la capitulation du 28 octobre, il est fait prisonnier et interné en Allemagne à Soest, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son frère cadet, Pierres Jules, également officier vétérinaire, est incarcéré dans le même camp que lui. Ils réussissent, en janvier 1871, à transmettre en France le message suivant, qui sera envoyé par pigeon voyageur à Paris, la capitale étant alors encerclée par les troupes allemandes. Adressé à leur sœur, le message était le suivant : « Guillet commandant, Guillet vétérinaire, prisonniers à Soest Westphalie, bien portants. »

Après la signature de la paix, en avril 1871, il revient en France et est affecté à l’armée de Versailles, qui combat la Commune de Paris insurrectionnelle. Il est envoyé à Dijon (Côte-d'Or) en novembre 1873 comme chef d’état-major de la 15e division d’infanterie.

C’est à la fin de cette mission qu’il épouse, en février 1876 à Paris (8e arr.) Marguerite Madeleine Pagès. Le nouveau couple s’installe à Paris, où il est appelé au 2e bureau de l’état-major général du ministre de la guerre, en février 1876. Il y est chargé de la statistique et de l’étude des armées étrangères. Promu lieutenant-colonel en août la même année, nommé chef d’état-major de la 10e division d’infanterie à Rennes.

En novembre 1880, Guillet quitte pour un temps les fonctions d’état-major pour prendre, avec le grade de colonel, la tête du 91e puis du 95e régiment d’infanterie à Bourges (Cher).

Redevenu chef d’état-major du 7e corps d’armée à Besançon (Doubs) en mars 1886, il obtient, en conservant ce poste, le grade de général de brigade en juillet la même année. Dans la capitale de la Franche-Comté, le général Guillet est une personnalité publique en vue, participant à de nombreuses cérémonies officielles ou actions caritatives. Atteint par la limite d’âge, il quitte l’armée active en août 1891, à l’âge de 62 ans.

Il ne va cependant pas cesser son activité militaire. Dans le cadre de réserve, il est appelé pour diriger des manœuvres impliquant troupes régulières et réservistes territoriaux. C’est le cas en septembre 1892 à Orléans (Loiret) puis en mai 1893 à Belfort et de nouveau en septembre la même année, avec son ancien 7e corps d’armée.

Au moment où il a quitté ses fonctions d’active, le général Guillet, domicilié à Besançon, est désigné comme délégué régional de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge). Il renonce à cette fonction en février 1893, mais accepte d’être élu vice-président du comité de Besançon de cette association en mai la même année.

Jean Guillet meurt le 26 juillet 1898 à Besançon, dans son domicile de la Grande-Rue. Il était âgé de 68 ans. Il ne semble pas avoir eu d’enfants.

Dans la Légion d’honneur, Jean Guillet était chevalier depuis novembre 1863, officier en novembre 1872 et commandeur en mai 1889. Il avait reçu les médailles commémoratives de la campagne d’Italie et de la campagne du Mexique. Il disposait également de la médaille de la Valeur de Sardaigne depuis mars 1860 et de la décoration Notre-Dame de Guadalupe du Mexique depuis novembre 1867.

Le chanoine Joseph Eugène Payen (1853-1938), aumônier militaire du 7e corps d’armée, officier de la Légion d’honneur, a publié en 1904 à Besançon Le Général Guillet 1829-1898 Quarante-quatre ans de vie militaire au XIXe siècle 1848-1892 (éd. Jacquin).

Le général Guillet à Orléans en septembre 1893

 

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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 01:00

Début de la biographie d’Eugène Ramelet

Eugène François Marie Ramelet naît le 14 mars 1872 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Salomé Bülher et de son époux Eugène Ramelet, gardien de la paix. Sa mère est d’origine alsacienne, sa famille ayant fui l’invasion allemande de 1870 tandis que son père est natif de Franche-Comté (Doubs). Ils vivent rue de la Folie-Méricourt.

Alors qu’il est étudiant et réside rue Pierre-Nys (11e arr.), Eugène Ramelet fils s’engage pour trois ans dans l’armée en mars 1890 à Paris (7e arr.). Il est affecté au 52e régiment d'infanterie. En octobre de cette année-là, il devient caporal. Nommé sous-officier, avec le grade de sergent, en juillet 1891, il finit son service militaire en mars 1893.

Devenu chef machiniste l'Opéra-Comique, théâtre lyrique de Paris (2e arr.), Eugène Ramelet est remarqué par la presse à l’occasion de la programmation de Grisélidis, de Jules Massenet en novembre 1901. Gil Blas commente « l’admirable organisation de la machinerie qui a opéré des prodiges », saluant le « jeune et distingué chef machiniste » grâce auquel le fonctionnement de la machinerie « a été absolument merveilleux ». Pour le quotidien parisien, « M. Eugène Ramelet s'est révélé hier comme un maître de machinerie de tout premier ordre ». Parmi d’autres journaux culturels, Le Gaulois qualifie Ramelet « d'habile chef machiniste » (janvier 1904) tandis que Comœdia le classe parmi « les trois mousquetaires qui ont la garde et le souci du plateau de l'Opéra-Comique, de ses frises et de ses dessous » (janvier 1909).

En juillet 1902, à Paris (3e arr.), Eugène Ramelet, qui vit alors rue Richelieu, épouse Hélène Blanche Chap, fleuriste. Ils s’installent dans le 2e arrondissement, rue d’Aboukir puis rue du Sentier. Ils divorceront en juillet 1914.

Secrétaire de l'Association des chefs machinistes en septembre 1909, reçoit avec une délégation de son organisation, le nouvellement créé syndicat des machinistes, affilié à la Confédération générale du travail (CGT). Il y adhérera. Il défend la revendication d’amélioration de leur situation matérielle, remarquant dans Comœdia que les députés viennent de s’octroyer 66% d’augmentation. Avec le soutien des autres chefs machinistes, L'Association des directeurs de théâtres de Paris signe un accord avec le syndicat.

Un an plus tard, à l’occasion d’une grève des machinistes en octobre 1910, Eugène Ramelet regrette son engagement syndical. Il s’en expliquera en mai 1912. Selon lui, « toute entente était impossible avec les révolutionnaires de la CGT » et il mettait en garde « contre les principes dissolvants des organisations révolutionnaires ». Il poursuit son engagement social en étant président en juillet 1912 de l'Œuvre de la maison de retraite du personnel du spectacle, qui installe une maison d’accueil en forêt de Montmorency à Saint-Brice (Seine-et-Oise, act. Val-d'Oise).

En juin 1911, Ramelet embarque vers Buenos-Aires. La traversée en bateau dure 21 jours. Il débarque en avant-garde afin de recevoir les décors envoyés de l'Opéra-Comique pour une tournée dans la capitale de l’Argentine. Il recrute une équipe italo-espagnole afin de disposer la scène de l'Opéra de Buenos-Aires et manier les décors. Prévue pour 36 représentations, la troupe, dirigée par Albert Wolff en fera 39, pour répondre à une très forte demande. Elle crée dans la ville Pelléas et Mélisande (Claude Debussy), puis présente Louise (Gustave Charpentier), La Reine Fiammette (Xavier Leroux), Le Roi d'Ys (Édouard Lalo), Le Mariage de Télémaque (Claude Terrasse), Fortunio (André Messager), Carmen (Georges Bizet), Manon, Griselidis, Le Jongleur de Notre-Dame, ainsi que Werther (Jules Massenet), Lakmé (Léo Delibes), Mignon et Caïd (Ambroise Thomas), et enfin, seule œuvre non française, Madame Butterfly (Giacomo Puccini). Les spectacles rencontrent un franc succès.

Toujours chef machiniste à l'Opéra-Comique, Eugène Ramelet crée en décembre 1910 avec deux ingénieurs, le constructeur Abel Pifre et l’architecte Eugène Ferret, une société anonyme appelée Constructions scéniques et théâtrales ; ils la dissolvent cependant, sans qu’elle ait eu d’activité, en mars 1911.

La collaboration de Ramelet avec Ferret va cependant se poursuivre, notamment pour l’aménagement du théâtre du Casino de Trouville (Calvados) en 1912. Il intervient également à Paris pour la Gaîté lyrique (3e arr.).

Lors du départ d’Albert Carré, directeur de l’Opéra-Comique, en janvier 1914, c’est Ramelet qui s’exprime au nom du personnel de l’établissement.

Plusieurs organismes opposés à la franc-maçonnerie signalent qu’il y est affilié depuis 1906. Au cours d’une cérémonie tenue au siège du Grand Orient de France, rue Cadet (9e arr.), il est initié au 18e degré selon le rite écossais, ce qui lui octroie le titre de « Souverain Prince Chevalier Rose-Croix ». La cérémonie était organisée par les loges Les Amis Bienfaisants et Les Vrais Amis Réunis.

À suivre

Symbole de la loge maçonnique Les Admirateurs de l'Univers

 

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21 juillet 2023 5 21 /07 /juillet /2023 01:01

Michel Rouget naît le 6 décembre 1874 à Saint-Amant-Tallende (Puy-de-Dôme). Il est le fils Nathalie Marguerite Boivin et de son marié Louis Rouget, notaire. Son grand-père paternel et homonyme, est alors maire de la commune du Vernet-Sainte-Marguerite, située dans le même canton.

Faisant des études de droit à la faculté de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), est partiellement dispensé de service militaire. Il n’effectue qu’une période de onze mois entre novembre 1895 et septembre 1896, dont il sort avec le grade de caporal. Il effectuera plusieurs périodes et sera nommé en octobre 1903 sous-lieutenant de réserve, puis en février 1908, lieutenant au 150e régiment d'infanterie, basé en Auvergne.

Séjournant régulièrement en Aquitaine, à Royan et Bordeaux, entre 1897 et 1900, il s’installe à Paris où il vit rue de Poissy (5e arr.). Ayant obtenu son doctorat en droit, il devient avocat. Il s’installera dans le 18e arrondissement, rue Clignancourt puis boulevard Barbès.

Il est recruté, en février 1903, par la préfecture de police et nommé secrétaire de commissariat (adjoint au commissaire). Il est affecté à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).  

Début mai 1906, il doit intervenir dans le Bois de Vincennes, dont une partie est sur le territoire de Charenton à cette date, suite à une explosion qui s’est produite dans la zone des Quinconces. C’est un anarchiste d’origine russe, désigné comme Stryga, qui a fait accidentellement fonctionner une bombe ; très grièvement blessé, il meurt, en tentant semble-t-il d’actionner le deuxième engin qu’il avait dans une autre poche. Un complice, Alexandre Sokoloff, blessé, est arrêté tandis qu’un troisième compagnon s’enfuit. Rouget témoigne en juillet au procès de Sokoloff.

Promu secrétaire des commissariats de la Ville de Paris, il est d’abord affecté à Belleville (19e arr.) puis en janvier 1908 à Bercy (12e arr.). Poursuivant une carrière rapide, il devient inspecteur principal des gardiens de la paix et est nommé commissaire de police des communes de la Seine en janvier 1912.

En mars 1912, Michel Rouget, qui se présente comme avocat, épouse à Paris (18e arr.) Octavie Tréhu de Monthiéry, originaire du département de la Manche, fille d’un ancien zouave pontifical, qui avait rejoints les troupes défendant les États du pape en 1861. Sa famille est de la noblesse bretonne, originaire de la région de Fougères.

Le premier poste de commissaire de police de Michel Rouget est à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il doit gérer, en mars 1913 une sanglante bagarre pendant laquelle deux gendarmes sont grièvement blessés. Des ouvriers d’un chantier électrique s’étaient mis en grève et avaient tenté de convaincre les salariés d’un établissement voisin de cesser le travail. Les incidents débutèrent du fait de leur refus.

Conduisant en juin une perquisition chez M. Buffet, membre des jeunesses syndicalistes, accusé de diffuser de la propagande antimilitariste, le commissaire Rouget est vivement pris à partie par un anarchiste espagnol, Stefano Seignol. Il demande qu'il soit expulsé de France.

En février 1914, prenant la suite de Léon Prodhon, Rouget est chargé de la grande circonscription de Joinville-le-Pont. Elle couvre des communes comme Nogent-sur-Marne, Saint-Maur-des-Fossés, Le Perreux et Champigny. Il arrête, en avril cette même année, pour vagabondage un « un vieillard de soixante-cinq ans, qui n'avait pas mangé depuis quarante-huit heures » selon Le Journal. Il déclare qu’il avait mené la campagne de 1870 (lors de la guerre contre l’Allemagne), été fait prisonnier et s’être évadé. « Depuis, je mène une existence lamentable, tantôt dans les hôpitaux, tantôt en prison. J'ai déjà été condamné quarante-trois fois pour vagabondage, cela fera une de plus ! »

Pendant la première guerre mondiale, à l’instar de ses confrères, le commissaire Rouget est mobilisé à son poste. Lors d’une importante crue de la Marne, rivière qui traverse toute sa circonscription, en février 1916, il assiste la municipalité de Champigny qui doit faire évacuer cent cinquante familles. À Joinville-le-Pont également, l'île Fanac, le quai du Barrage et la rue Vautier sont en partie recouverts.

Ayant obtenu un avancement comme commissaire de police de la Ville de Paris, Rouget est nommé au quartier de Javel (15e arr.) en août 1917. Après-guerre, il est muté au quartier des Ternes (17e arr.) en janvier 1919. Puis, suite à une réforme de la préfecture de police, il accède au grade de commissaire divisionnaire d’arrondissement en janvier 1921, retrouvant le 15e arrondissement.

Lors d’une grève aux usines d’aviation Caudron, en août 1922, alors que ses agents voulaient protéger l'usine, le commissaire Rouget est frappé de deux coups de poing par un jeune ouvrier.

Il dirige le service d’ordre, dans la commune de banlieue du Pré-Saint-Gervais en juin 1924, à l’occasion d’une manifestation communiste du parti communiste et de la CGTU contre l'assassinat du député italien Matteotti, victime des fascistes. Un maçon italien arracha un drapeau français, qui fut aussitôt, brûlé. Rouget fit intervenir ses troupes pour l’interpeller. Selon Le Petit Parisien, « Une mêlée s'ensuivit, au cours de laquelle les manifestants brisèrent les grilles en fonte protégeant les arbres de la Grande-Rue et les jetèrent contre les policiers qui ripostèrent vigoureusement. »

Devenu commissaire divisionnaire du 1er district, qui couvre le 7e arrondissement de Paris, où se situent de nombreuses institutions publiques, Michel Rouget organise un service d'ordre très important lors d’une manifestation interdite du mouvement royaliste Action française en mai 1936. Les militants d’extrême-droite protestent contre la dernière inculpation de leur dirigeant, Charles Maurras. Les Camelots du Roi, milice de l’organisation, ayant tenté de forcer un barrage, Rouget fait faire une trentaine d'arrestations. Mais, dans les incidents, il a été renversé et-piétiné.

En juillet 1936, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite et quitte son poste en décembre cette même année. À son départ, il est nommé directeur adjoint honoraire à la Préfecture de Police.

Michel Rouget meurt le 22 août 1948 à Clermont-Ferrand, où il s’était retiré. Il était âgé de 73 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant.

Décoré en juillet 1910 d’une médaille d’argent pour actes de courage et de dévouement, suite aux inondations de la Seine du début de cette année, il avait obtenu une autre médaille d’argent, de la Prévoyance sociale, en avril 1934. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur par le préfet de police Jean Chiappe en juillet 1930. La décision mentionnait qu’il était un « fonctionnaire des plus consciencieux, occupant avec le plus grand dévouement le poste qui lui est confié. »

Blason de la famille Tréhu de Monthiéry, épouse de Michel Rouget

 

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7 juillet 2023 5 07 /07 /juillet /2023 01:01

Suite de la biographie de Frédéric Voinot

En février 1914, Frédéric Voinot accède à la fonction de commissaire de police des communes de la Seine. Son premier poste est celui d’Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis), qu’il connaît déjà puisqu’il y servait, en tant que secrétaire, en 1910.

Il doit gérer, en mai 1914, un conflit « Entre rouges et jaunes » selon le quotidien Le Voltaire. Un terrassier aurait roué de coups un de ses camarades parce qu’il refusait d’adhérer au syndicat.

Au cours de la première guerre mondiale, les commissaires de police sont mobilisés à leur poste. Cependant, pour des raisons administratives, la situation de Frédéric Voinot est incomprise de l’administration militaire. Elle considère que, comme il n’a pas récupéré son ordre de route en août 1914, il doit être déclaré « insoumis », ce qui est fait en novembre 1915. Il sera cependant rayé des contrôles de l’insoumission en novembre 1915, l’armée reconnaissant l’y avoir inscrit à tort. Son statut de réformé pour raisons de santé sera d’ailleurs confirmé en octobre 1919.

Pendant le conflit, il entreprend de réformer son commissariat d’Aubervilliers, en y créant, en avril 1917 un service spécial de sûreté, chargé de réprimer les vols et agressions à main armée. Il réalise des battues de nuit sous la conduite d’un sous-brigadier.

La même année, en août, Voinot est nommé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il participe à une collecte humanitaire en octobre 1917, lors des Journées joinvillaises. Il sera le dernier titulaire du poste de commissaire de police de Joinville. En effet, le commissariat, créé en 1874, comprenait une vaste circonscription, incorporant des villes nettement plus grandes, notamment deux chefs-lieux de cantons, Saint-Maur-des-Fossés et Nogent-sur-Marne, qui réclamaient d’avoir leurs propres postes.

Un arrêté de mars 1919 leur donne satisfaction, supprimant la circonscription de Joinville au profit des deux nouvelles entités. Voinot est désormais chargé de la circonscription de Saint-Maur-des-Fossés, nouvellement recrée, car elle existait déjà sous le second Empire.

Promu commissaire de police de la Ville de Paris, Voinot est affect en mai 1921 au quartier de Picpus (12e arr.). Il y reste un an, rejoignant en juin 1922 le quartier des Ternes (17e arr.). Il doit gérer en août 1929 une manifestation de cinq cents personnes, organisée par l’Association défensive des commerçants parisiens, qui protestaient contre l’expulsion, sans indemnité, d’un marchand de cycles par le propriétaire de son magasin. Un accord fut finalement trouvé par le secrétaire de l’Association et les protestataires qui avaient été arrêtés furent relâchés sans poursuites.

Voinot exerce toujours la fonction de commissaire de police du quartier des Ternes en août 1934. Il se retire sans doute en 1938 car, lorsqu’il se voit attribuer la Légion d’honneur fin août 1939, il est présenté comme retraité.

Cependant, il reprend du service au cours de la deuxième guerre mondiale. Il est, en avril 1940, commissaire de police d’Ivry. Puis, on le retrouve, en février 1942 dans son ancienne fonction à Aubervilliers, et il l’exerce toujours en décembre 1943.

Sans qu’il soit possible de faire un lien avec le commissaire Voinot, on note la nomination d’un certain Frédéric Voinot, en avril 1941, comme membre de la délégation spéciale instituée dans la commune de Lamorlaye (Oise) pour remplacer le conseil municipal dissout. Il en démissionne en septembre la même année.

Pour sa part Frédéric Théodore Voinot meurt le 4 janvier 1949 à son domicile du boulevard Saint-Germain de Paris (5e arr.). Il était âgé de 72 ans et n’avait pas eu d’enfant vivant.

L’hebdomadaire communiste, dirigé par le maire d’Aubervilliers et ancien ministre, Charles Tillon, le Journal du Canton d’Aubervilliers, publie le 15 janvier l’article suivant : « Nous apprenons que vendredi 7 janvier, à 9 h. 30, a eu lieu l’inhumation à Dugny, du sieur Voinot, commissaire de police d’Aubervilliers sous l’occupation. Il laisse le souvenir de l’activité néfaste qu’il mena contre les patriotes. Chacun se rappelle, en particulier, les menaces qu’il adressait à la population qui déposait des fleurs sur les tombes des aviateurs alliés. »

Fin

Ancien commissariat de police de Joinville-le-Pont, adjacent à la mairie

 

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17 juin 2023 6 17 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

Le professeur de biologie, publiciste et dirigeant de l’Association philotechnique, société d’éducation populaire, Albert Kownacki exprime en octobre 1907 son opinion sur l’utilité de l’enseignement philotechnique : « donner au jeune homme une éducation plus complète, plus coûteuse par conséquent. Le courage, le labeur incessant ne suffisent pas, il faut le travail aidé du savoir ». Il analyse que si, « Aux États-Unis, les fabricants disent que s'ils peuvent lutter contre l'Europe avec des salaires deux fois plus élevés, c'est que leurs ouvriers plus instruits travaillent plus vite, mieux et savent tirer meilleur parti des machines ». Il considère que cette « influence prépondérante de l'instruction sur la puissance de production apparaît partout et en tout temps ». Il prend un exemple : « dès le XVIIIe siècle, l'Écossais, naguère pauvre et ignorant, l'emportait sur l'Anglais dans toutes les carrières parce que le Parlement d'Édimbourg avait doté le pays d'un enseignement public. »

Ses conférences, en 1907, sont toujours extrêmement centrées sur Herbert Spencer et sa sociologie : la conservation de l’espèce, l’évolution de la famille, les institutions cérémonielles, la genèse des institutions politiques, la religion, la morale évolutionniste… En mai, il aborde cependant un sujet décalé : La transmission de la pensée, à partir d’un cas de télépsychie. Il ose, pour sa conférence d’ouverture des cours, en octobre, un titre provocateur : « Ici on forme des lâches. »

Le père d’Albert Kownacki, Joseph, qui était venu les rejoindre à Joinville-le-Pont, meurt à l’âge inhabituel de 101 ans en janvier 1908. Il est célébré par la communauté polonaise émigrée en France comme le dernier officier survivant de l’insurrection contre les russes en 1830. La même année, Kownacki devient président de l’association philotechnique de Joinville. Il est également fondateur et président des associations philotechnique de Vitry et de La Varenne, à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Au long de ses cours, le fils poursuit en 1908 son regard sur l’œuvre du sociologue anglais Herbert Spencer, développant l’approche morale : égoïsme, altruisme, vie individuelle. Puis, après avoir causé en mai sur L’idée de justice à travers les âges, et avoir établi en octobre que La Terre est la seule planète habitable, il entame un nouveau cycle consacré à Karl Marx et au Capital à partir de décembre. Il poursuit à partir du même matériau en 1909.

La villa des Kownacki, dans le quartier de Palissy, est inondée pendant les crues séculaires de la Marne entre janvier et mars 1910. Cependant, Kownacki refuse de demander une indemnisation. Au contraire, il participe à l’organisation d’une Loterie lancée par le docteur Chéhadé Charles Zalta en faveur des sinistrés ; il prononce une allocution lors du versement des aides aux sinistrés.

La même année 1910, Albert Kownacki publie une Histoire de douze ans (1898-1910), consacrée à l’expérience de La Coopération des idées, une université populaire implantée faubourg Saint-Antoine à Paris (11e arr.). Ses conférences de l’année, dont le rythme semble fléchir, s’intéressent à Auguste Comte et au positivisme. Mais il persiste à communiquer aussi sur la cosmologie, entretenant les auditeurs de la Coopération des Idées, qui devient le lieu principal de son enseignement, de La fin du monde d'après la science.

Il consacre un autre livre, en 1911, à Jules Ferry et l’enseignement populaire. Ses premiers cours de l’année, en automne, sont sur Le Pragmatisme, de William James, Bergson et Le régime des eaux dans le bassin de la Seine. À partir de novembre, il entame une série consacrée au corps humain. Il s’interroge en décembre que Comment on se meut.

L’approche du corps humain par Kownacki se poursuit en 1912 : travail, fatigue, repos en janvier, apport des aliments et de l’air en mars, dépuration et protection en avril, transmission des informations en mai, direction et contrôle du cerveau en juin. Mais il n’oublie pas les techniques, évoquant en mai Les grands paquebots et la sécurité des voyageurs.

Les interventions de Kownacki en 1913 se font toutes à l’université populaire du Faubourg Saint-Antoine, nouvelle appellation de la Coopération des Idées. Son programme comporte huit séances consacrées à la philosophie de Bergson : la vie consciente, déterminisme et problème de la liberté, représentation du monde et système nerveux, matière et mémoire, mémoire et cerveau, mémoire et esprit, union de l’âme au corps.

Il démarre en décembre une deuxième série de son enseignement bergsonien par l’Évolution créatrice. Elle continue en mai et juin 1914.

Albert Kownacki est hospitalisé en septembre 1914 pendant trois semaines « en vue d’une opération grave. »

À la suite de cette détérioration de son état de santé, il poursuit son activité associative, mais ne donne plus que rarement de cours ni de conférences – sauf, à une occasion, en juin 1920 sur Les maladies du langage et de la personnalité pour L'Émancipation de Vincennes.

Il vit depuis au moins 1926 et toujours en 1936 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Victor-Hugo, à l’hospice Lenoir-Jousserand, un établissement desservi par des employés laïques, ce qui était encore rare dans les organismes hospitaliers. S’il n’a plus d’activités physiques, il conserve cependant certaines responsabilités et correspond probablement avec ses interlocuteurs. Il organise ainsi en novembre 1927 les 25 ans de la société d’éducation populaire joinvillaise.

Il est présent, jusqu’en juillet 1934, aux manifestations organisées dans les écoles de Joinville. Cette année-là, Kownacki est toujours vice-président de l’Union des philotechniques, fondée en 1901, alors présidée par Paul Strauss, ancien ministre et président du sénat.

Devenu membre titulaire de la Société astronomique de France en mai 1934, Albert Kownacki, s'inscrit comme membre perpétuel de cette association en 1941. Il est alors âgé de 90 ans.

La date et le lieu de son décès ne sont pas connus. Si celui-ci a eu lieu à Saint-Mandé, il serait postérieur à 1942. Il était père de trois enfants ; ses deux filles, Gabrielle et Marthe Kownacka, furent artistes peintres, comme leur mère et leur grand-père. Son fils Marcel fut deux fois blessé et fait prisonnier pendant la première guerre mondiale, où il obtint la Croix de guerre et la Médaille militaire.

Décoré des médailles de bronze (1888), d’argent (1906) et de vermeil de l’instruction des adultes, Kownacki avait obtenu les Palmes académiques comme officier d’académie en juillet 1888 et officier de l’instruction publique en juillet 1896. Il était titulaire du Mérite agricole et avait été fait, en juillet 1914, chevalier de la Légion d’honneur.

Fin

Bulletin de l'union des associations philotechniques de 1934. Albert Kownacki en est alors vice-président

 

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15 juin 2023 4 15 /06 /juin /2023 01:01

Suite de la biographie d’Albert Kownacki

La part la plus importante de l’engagement public du professeur Albert Kownacki est son engagement dans l’éducation populaire.  

À parti de 1881, il s’implique dans l'Association Philotechnique où il assure un enseignement gratuit pour adultes comme professeur et conférencier. En novembre 1881, il cause sur « Comment on arrive » au lycée Fontanes de Paris. En janvier 1882, son thème d’intervention est l'Origine de l'homme. Il développe en mars 1883 les principes de l'éducation intégrale. Au lycée Charlemagne, en février 1888, on l’entend sur La dernière catastrophe.

Devant la section des sciences économiques et sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques de Paris, en juin 1887, Kownacki présente une contribution sur les effets de l’enseignement professionnel et technique donné par l'Association philotechnique au point de vue de l'économie politique. Créée en 1848, l’association connait depuis 1870 un grand développement avec 10 000 auditeurs dans ses 330 cours donnés dans 22 sections. Kownacki que le programme « cherche à se plier aux besoins, aux exigences de l'industrie et du commerce contemporains ». Aux cours commerciaux qu’elle délivrait à l’origine, elle a adjoint l’horlogerie, la menuiserie, le travail des métaux, l'électricité, la reliure. Faute de professeurs, elle n'a pu établir un enseignement de pâtisserie, mais par contre elle a réussi à créer un cours d'arabe. Depuis 1870, des femmes ont été admises parmi les auditeurs et parmi les professeurs.

Au sein de l’École de sociologie de la rue Cadet, il traite, en 1888 de l'Évolution de la morale puis de la morale évolutionniste en avril, de l'Évolution organique et de la morale en mai. Le même mois, il poursuit sur les sentiments égoïstes et altruistes, En juin, il se consacre aux conceptions primitives.

En juillet 1889, Kownacki est élu au bureau de l’association, présidé par Ed. Jacques, président du Conseil général de la Seine. Il en devient secrétaire l’année suivante, sous la présidence de Jules Ferry. Avec l’ancien ministre de l’éducation Léon Bourgeois, Kownacki prononce le discours d'ouverture des cours en décembre 1893. Il devient secrétaire général en juillet 1896, Ferdinand Buisson étant devenu le président. Puis il est désigné l’année suivante comme vice-président, toujours avec le même.

On retrouve des conférences de Kownacki en octobre 1892 au lycée Charlemagne sur L'œil et la vision. Il discourt en avril 1894 à propos d’une femme poète : Simone Arnaud. En octobre 1896, à l'école communale de la rue de Belzunce (10e arr.), il parle de L'Art de prolonger la vie.

Le Féminisme est un thème qu’il traite dans une autre école, celle de la rue La Vieuville (18e arr.) en mars 1898 ; l’annonce précise que « Les dames sont invitées » à l’invitation de la Société républicaine des Conférences populaires. Kownacki examine d’abord les raisons économiques qui sont selon lui la « cause première du mouvement féministe : l'homme détenteur de tous les avantages sociaux forçant la femme à une sorte de lutte pour la concurrence sur le marché du travail ». Postulant que « Tout ce qui est juste finit par triompher », Kownacki « déduit du passé oppresseur la justesse et la justice des revendications féminines et sa déduction de l'avenir est que les deux pôles humains reposeront un jour sur l'assise de droits équivalents et d'égalité fraternelle ». Pour y arriver, il « exhorte les femmes à évoluer sans heurts, méthodiquement ». Il remarque que « Trois États de l'Amérique du Nord ont accordé aux femmes leurs droits politiques. Il y est déjà reconnu qu'elles les exercent avec un grand discernement ». Pour lui, « la femme est appelée par la force des choses à triompher sur le terrain politique, comme sur le terrain économique ». Il qualifie « d'infâme trafic » les mariages d'argent et conclut en citant le dirigeant social-démocrate allemand August Bebel « La femme jouira dans la société future des mêmes droits et des mêmes avantages que les hommes ». Il reprendra ce thème en septembre 1900, à l’occasion d’un congrès féministe, devant L'Égalité, université populaire du 7e arrondissement.

Parmi les nouveaux sujets qu’il aborde au tournant du siècle figure Matière brute et matière vivante en novembre 1900 et L'Origine des espèces un mois plus tard. Au début du 20e siècle, il évoque Les Origines de la civilisation en février 1901 puis la Civilisation primitive, morale et religieuse en mars. Il se consacre, avec des projections, à L'Homme primitif en avril. En mai, il s’intéresse à une Tournée d'inspection dans les couvents de Camaldules par un général de l'ordre, une très ancienne congrégation religieuse catholique bénédictine, disparue au 18e siècle. En octobre, Kownacki parle de La Maladie des mystiques. Il interroge, le mois suivant : Peut-on démontrer la vérité ? Puis, pour clôturer l’année, en décembre à Vincennes expose L'art d'arriver au vrai.

C’est accompagné de pièces anatomiques que, de nouveau à Vincennes, on retrouve le professeur de biologie venant parler du Squelette en janvier 1902. Il se consacre ensuite aux questions religieuses, avec Un autodafé au dix-septième siècle le même mois à Paris (11e arr.) puis L’Inquisition en février, de retour à Vincennes. Il étudie le linceul du Christ en juin. La biologie revient au premier rang avec Le cerveau et la pensée ainsi que La physiologie et la question sociale et Le mécanisme de la pensée en mai. En juin, Les maladies du langage et de la personnalité, puis en juillet Le cerveau et ses fonctions et en août Les maladies de la mémoire et du langage sont à son programme. En octobre, il examine L’inconscient et le spiritisme, un mois plus tard La folie et l’éducation. Les sciences de la Terre concernent Kownacki aussi, comme Les volcans et la constitution du globe en août.

L’association philotechnique de Joinville-le-Pont est créée en 1902. Elle inaugure ses cours le 22 novembre en présence du député radical Adolphe Maujan. Kownacki en confie la présidence à Henri Vel-Durand, conseiller d’arrondissement également radical. Kownacki a quitté sa fonction de vice-président de l’association-sœur de Paris et est devenu délégué de la Ligue de l’enseignement. Il prononce, chaque année en novembre, les discours d’ouvertures des cours, qui sont accompagnés d’une partie musicale, avec des élèves des cours de musique. Les élèves de la société d’enseignement populaire installée à Joinville participent à ces manifestations, notamment en jouant de la musique, sous la direction de Louise Allaire.

Au cours de l’année 1903, les thèmes politiques et philosophiques sont mis au premier plan. En janvier, Kownacki discute de La liberté, d’après Stuart Mill puis en mars L’individu contre l’État de Herbert Spencer. Il aborde la Question d'Alsace-Lorraine en mars et les Deux Républiques en avril puis Comment on est devenu transformiste. Démocratie et parlementarisme est à l’ordre du jour en mai puis La révolte de l’homme en septembre. L’intolérance à travers l’histoire est son sujet d’octobre. L’astronomie en images est au programme de novembre autour des Étoiles filantes. Les deux thèmes se retrouvent en décembre, encore avec des illustrations, pour Histoire du calendrier.

Pour l’an 1904, philosophie, économie et politique montrent la diversité des centres d’intérêt de Kownacki. Il organise d’abord en janvier un débat autour de Deux années d'action républicaine (1902-1903). Il discute ensuite ce même mois Les conseils d’un milliardaire, M. Andrew Carnegie. Puis il profite de son centenaire pour exposer la philosophie de Kant en février, avant d’examiner l’idéal américain d’après le président Roosevelt en mai. L’Hygiène humane l’occupe en octobre, puis il revient à la philosophie d’Herbert Spencer (l’inconnaissable) et à Darwin en novembre (les origines des espèces).

Les conférences d’Albert Kownacki en 1905 vont mélanger les questions biologiques et astronomiques. Il débute par La planète Mars en janvier, enchaîne L'air et la vie, se consacrant surtout à Herbert Spencer : philosophie, principes de biologie, développement de l’intelligence, psychologie, métaphysique, religion… L’œuvre du théoricien du darwinisme social (1820-1903) nourrit de très nombreuses séances dans les universités populaires, comme la Coopération des Idées ou l’Aube sociale.

À suivre

Joseph Kownacki, père d'Albert, officier polonais émigré et centenaire

 

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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 01:01

Début de la biographie d’Albert Kownacki

Stanislas Albert Jean Kownacki naît le 6 juin 1850 à Noyon (Oise). Il est le septième enfant d’Alexandrine Bullet et de son époux Joseph Kownacki. Son père, jeune officier polonais réfugié en France, a été un des artisans de l’insurrection polonaise contre l’occupation russe en 1830 ; il avait d’abord été ingénieur dans les chemins de fer et était devenu professeur de dessin.

Après avoir vécu à Noyon, Albert Kownacki suit un cours de rhétorique au lycée Charlemagne à Paris (4e arr.). Au cours la guerre franco-allemande de 1870, Kownacki se retrouve enfermé dans la capitale pendant le siège de Paris (20 septembre 1870 – 28 janvier 1871). Âgé de 20 ans, il décide de s’engager dans l’armée, mais le bureau de recrutement de la mairie du quatrième arrondissement refuse sa candidature à cause de sa petite taille (il fait 1 mètre 49) et de son état maladif. Il tente alors de rejoindre la garde nationale, milice supplétive, sans plus de succès. Enfin, il rejoint le Bataillon des jeunes qu’organisait Joachim Durandeau, directeur du journal Le Baccalauréat. Mais le commandant de la place de Paris, le général Louis Jules Trochu s’écria, selon le témoignage de Kownacki : « Il ne manquait plus que cela : jouer aux soldats ! ». Et il refusa l’autorisation de constituer la nouvelle unité et de lui fournir des armes.

Faute de pouvoir combattre, Albert Kownacki passe son baccalauréat à la session de novembre 1870. Il réside en 1877 rue du Petit-Musc, dans le quartier du Marais (4e arr.). L’année suivante, Kownacki devient directeur associé de l'institution Mary, une école privée de Clichy-la-Garenne (Seine, act. Hauts-de-Seine) ; il y vit, rue de Neuilly.

En mars 1877 à Paris (3e arr.), Albert Kownacki, qui vit alors rue du Petit-Musc (4e arr.), épouse Gabrielle Krahnass, artiste peintre qui expose aux salons de Paris sous le nom de Gabrielle Kownacka après l’avoir fait à Poitiers (Vienne) sous son patronyme. Elle est, comme lui, fille d’un officier polonais réfugié en France, François Krahnass, devenu comptable.

Membre de l’Association française pour l’avancement des sciences, Kownacki présente une communication sur les maîtres d’études à son congrès de Montpellier en 1879 et y constitue, l’année suivante une section pédagogique. Il est l’un des principaux orateurs et le secrétaire général du Congrès de l'Éducation et de l'Enseignement qui se tient à Paris en octobre 1879 puis en mars 1880.

Ayant déménagé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), le couple s’installe en 1883 d’abord dans le quartier de Palissy, rue de Brétigny (act. Avenue du Président-Wilson) puis sur la rive droite, avenue de la Marne. En 1891, la famille retourne à Palissy, rue du 42e de Ligne, où elle restera installée des dizaines d’années.

Kownacki enseigne la biologie en lycée et est notamment chargé du cours de morale à l’École de sociologie à Paris en 1887. Il est connu par ses idées anticléricales. Mais son activité principale est celle de publiciste. Il collabore notamment à des publications à vocation pédagogique : Bien Public, Estafette du Nord, La Science pour tous, Le Journal du lundi, Cahiers de l’Université populaire, Bulletin de l'Association philotechnique, L'Union morale (organe de la ligue française d'éducation).

Il consacre en 1889 un ouvrage au directeur d’une de ces publications, Le Journal du lundi, Émile Baras, journaliste économique, ancien responsable de La Semaine financière, un auteur dont il vantait la probité.

Dans son nouveau territoire de résidence, Albert Kownacki est délégué cantonal de l’Éducation nationale pour la circonscription de Saint-Maur et membre de la commission d’examen du certificat d’études.

Albert Kownacki est affilié à la franc-maçonnerie française. Il donne en février 1883, une Conférence intitulée « La France maçonnique et le gouvernement de la République d'après les cléricaux » pour l’installation des officiers de la loge L'École mutuelle, du Grand-Orient de France. À partir de 1884, il est orateur et surveillant de la loge L'Avant-Garde Maçonnique, dont le temple se situe au siège du Grand-Orient, rue Cadet. Il en est le vénérable en 1886. Il rejoint en 1903 la loge Les Rénovateurs de Clichy, dont le ministre de la guerre, Maurice Berteaux, a été le vénérable.

À suivre

Le premier ouvrage d'Albert Kownacki

 

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28 mai 2023 7 28 /05 /mai /2023 01:01

Début de la biographie de Louis Soullière

Louis Marius Barnabé Soullière naît le 11 juin 1861 à Orange (Vaucluse). Il est le fils de Pauline Perrin et de son époux Jean Pierre Gustave Soullière, négociant en matériaux de construction (bois et pierre). Son père décède moins d’un an plus tard en mai 1862, à Serrières (Ardèche), où la famille était implantée.

Son grand-père paternel, Jean Marie Amédée Soullière (1783-1863) y meurt également peu après, en janvier 1863. Médecin, ancien chirurgien major, il avait accompagné l’empereur Napoléon Ier dans diverses campagnes, en Autriche, Prusse, Pologne, Espagne, Portugal, Russie et Saxe. En 1850, sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur et était également titulaire de la médaille de Sainte-Hélène

Résidant alors à Marseille, probablement avec son frère aîné Jean Marie, il s’engage, à 18 ans, dans l’armée à Avignon en novembre 1879, devançant de deux ans l’appel du service militaire. Il rejoint le 38e régiment d’artillerie. Nommé brigadier en août 1880, il est promu maréchal des logis en octobre 1881 puis maréchal des logis chef en février 1884. Il quitte l’armée en novembre 1884. Dans la réserve, il est nommé sous-lieutenant en janvier 1885, affecté comme officier d’approvisionnement, il est promu ensuite lieutenant dans l'artillerie territoriale.

Il quitte la Provence après sa période militaire et rejoint Paris, où il est embauché comme commis dans la police municipale en février 1885. Il travaille comme secrétaire de M. Goron, chef de la Sûreté. Il est ainsi un des quatre cadres de ce service qui compte plus de 340 agents. En mars 1889, le journaliste Horace Valbel lui consacre un portrait dans le quotidien La Petite République ; « Depuis quatre ans, M. Soullière appartient au service de la Sûreté. Il a subi avec succès les examens exigés des secrétaires du commissariat. Très assidu à son travail, très dévoué à son chef, dont il est fort estimé, M. Soullière aura, j'en suis certain, un fort bel avenir. »

En avril 1889, il est chargé des soixante agents du service de sûreté qui sont détachés au Champ-de-Mars et à l'Esplanade des Invalides pendant toute la durée de l'Exposition universelle de Paris.

Nommé dans le grade de commissaire de police des communes de la Seine en juillet 1891, il est d’abord affecté à Courbevoie (Seine, act. Hauts-de-Seine) mais son poste est modifié et il rejoint finalement Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), en remplacement d’Armand Routier de Bullemont. Le commissariat, qui existe dans cette commune depuis 1874, a dans sa circonscription les villes de Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne et Saint-Maur-des-Fossés. Il comptait en 1883 14 agents : le commissaire, un secrétaire, un brigadier et onze sergents de ville. En mars 1887, son territoire est élargi à la commune du Perreux, qui vient de se détacher de Nogent.

En janvier 1891, le commissaire fait interpeller deux enfants de six à neuf ans qui s’étaient enfuis à pied du domicile de leurs parents, rue des Batignolles à Paris, et tentaient de traverser la Marne par un gué. Les agents voulurent les ramener chez leurs parents mais, selon la presse, ils refusèrent : « On nous maltraite, on nous roue de coups pour la moindre chose. Souvent on nous envoie coucher avec un morceau de pain et un verre d’eau. Quelquefois même nous passons la journée tout entière sans manger ». Ils assurent vouloir gagner Château-Thierry (Oise), où ils connaissaient « une famille honorable ». Ils racontent : « Nous avions sept sous à nous deux pour les frais du voyage [35 centimes] ; ce matin nous avons acheté un petit pain de deux sous ». Le commissaire dut les envoyer au Dépôt, après leur avoir donné un déjeuner et une paire de souliers neufs puis il fit prévenir les deux familles des garçons.

En décembre 1891 à Paris (17e arr.), Louis Soullière épouse Marie Thérèse Eugénie Fabre (1863-1939), pianiste, professeure de musique et compositrice, élève de César Franck et amie de Gabriel Fauré. Ce dernier est un des témoins du mariage, avec notamment le Jean comte de Montebello et le chef de la sûreté de Paris, François Marie Goron.

Au sein de son commissariat, pour faire face aux cambriolages dans les pavillons des bords de Marne, Soullière crée fin 1891 une brigade spéciale de sûreté, basée dans le poste de police de Saint-Maur. En juillet 1892, il doit gérer une affaire qui est mise en avant dans la presse comme relevant de la haute trahison, un en comptable de la manufacture de Bourges, employé chez un teinturier à Joinville s’étant vanté de pouvoir se procurer des armes et des munitions de guerre. Il avait pour maîtresse une domestique d’origine allemande. Une perquisition ne permit cependant de trouver qu’une seule cartouche, mais la police mit la main sur des objets volés chez les employeurs de la bonne. Tous deux ne furent écroués que sous l’inculpation de vol.

Le jour de Noël 1893, une femme complètement nue se présenta au commissariat, déclarant « être une fille naturelle du prince de Galles, se nommer Jeanne d'Arc et être envoyée par Dieu pour sauver la France de l’anarchie ! ». Selon la presse, elle était d’une rare beauté et voulait du commissaire « une lettre d'audience pour le président de la République ». Elle avait déjà été internée pour troubles psychiatriques et fut envoyée à l'infirmerie du Dépôt de la préfecture de police.

Dans un contexte d’attentats politiques, le commissaire Soullière fait arrêter, à La Varenne, quartier de Saint-Maur-des-Fossés, début juillet 1894, un jardinier de 16 ans, Joseph Léger, que son patron a dénoncé comme préparant des manipulations chimiques. Il fait procéder à une perquisition dans chambre du jeune homme, trouve une boîte cylindrique et des produits chimiques, en conclut qu’il s’agit donc d’un anarchiste préparant une bombe. Le garçon, orphelin, s’était enfui deux mois auparavant d’une ferme-école dans les Vosges. Il est incarcéré à la prison de Fontevraud (Maine-et-Loire) pendant 18 mois environ, bien qu’il ait nié toute intention de fabriquer un engin explosif, que le caractère inoffensif de ses produits ait été certifié et qu’il n’y ait pas trace d’un engagement dans un mouvement terroriste.

Les jours suivants, le commissaire fait arrêter plusieurs militants anarchistes dans les communes de sa circonscription : Naudé, à Saint-Maur, Albert Mainfroy, imprimeur, au Perreux et Didier Laurent sur le pont de Joinville, après qu’il ait crié « Vive l'anarchie ! Les bourgeois s'inclineront devant nous » et fait l'apologie des crimes commis par Ravachol, Vaillant, Émile Henry et Caserio.

Fin juillet 1894, Louis Soullière est remplacé en tant que commissaire de police de Joinville par M. Rougean et redevient simple commis à la Préfecture de police. Les motifs de cette disgrâce, qu’il partage avec cinq autres anciens de la Sûreté parisienne, dont son ancien chef et témoin de mariage, M. Goron, est constitué par des irrégularités découvertes par le service de contrôle, dans des comptes relatifs à l’année 1889. La presse évoque largement la rétrogradation. Pour L’Intransigeant, « ce n’est pas autre chose qu’une vengeance » du préfet de police Louis Lépine. Soullière tarde cependant à rejoindre son nouveau poste et réclame, selon Le Libéral, « contre la façon de procéder à son égard. Nommé commissaire de police par décret présidentiel, il estime que le préfet de police n'a pas le droit de toucher à [cette] décision ». Selon Le Soleil, il ne veut pas qu’on le rétrograde d’un « poste de 12 000 francs (…) à un emploi de 3 000 francs. »

Évoquant de nouveau l’affaire, en Une cette fois-ci, L’Intransigeant assure qu’il « proteste contre la mesure lépinière qui le frappe et principalement contre les procédés anticonstitutionnels du préfet (...) Il n’admet pas qu’un vulgaire préfet de police touche à une décision qu’une révocation ou une démission peut seule rendre nulle. Il ne veut pas permettre au préfet de défaire ce qu’a fait le président de la République ». L’Univers s’interroge : « Est-ce que les décisions du président de la République comptent devant la volonté du tout-puissant cancre du boulevard du Palais ? »

À suivre

Mairie de Joinville-le-Pont, où était installé le commissariat, années 1890

 

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12 mai 2023 5 12 /05 /mai /2023 01:01

Marie Alexandre Lucien Routier de Bullemont naît le 28 janvier 1822 à Abbeville (Somme). Il est le fils de Josèphe Jeanny Lucie Vassel et de son mari, Alexandre Annibal Routier de Bullemont, propriétaire. Ils sont originaires du département, d’une famille de petite noblesse. Son père est agriculteur. Alexandre est le second des quinze enfants nés vivants du couple, dont quatorze, filles comme garçons, portent le prénom de Marie.

La famille s’installe en Belgique vers 1836, résidant dans la province de Liège, le Brabant puis le Luxembourg belge où Annibal Routier de Bullemont a une exploitation dans laquelle il procède à des essais de cultures nouvelles, notamment la spergule pour laquelle il est récompensé à l’exposition de Bruxelles en décembre 1848.

Installé à Paris, Lucien de Bullemont rentre comme employé à la préfecture de police de Paris en 1846, recruté par le préfet de police Alexandre-François Vivien. Il est chef de la comptabilité en 1848. En août 1848 à Paris (2e arr.), il épouse Charlotte Louise Jadin, fille d’un musicien et auteur dramatique, issue d’une famille comptant de très nombreux artistes.

Au surlendemain de l’abolition de la monarchie et de l’instauration de la deuxième République, il adhère le 27 février 1848 à la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui. Ses séances se tiennent dans la salle du Conservatoire, rue Bergère. Routier de Bullemont devient un « des orateurs ordinaires du club Blanqui » selon Alphonse Lucas, auteur d’une histoire des clubs politiques pendant la révolution de 1848. Il partageait ce rôle avec Hippolyte Bonnelier et Arnoult Frémy, hommes de lettres, Alphonse Esquiros, Malapert, avocat, et Savary, ouvrier cordonnier puis employé au gaz.

Selon La Voix de la vérité, qui cite la Chronique de Paris et lui consacre un article en septembre 1850, de Bullemont « se signala dans les bureaux de la préfecture par l’activité de sa propagande socialiste ». Mais le journal assure que son engagement ne dura pas longtemps : Auguste Carlier, nouveau préfet de police, fit appel à lui, en février 1850, pour rédiger une circulaire aux commissaires de police, diffusée le 12 de ce mois, sous le titre « Le socialisme, c'est la barbarie ». L’auteur de l’article remarque que Routier de Bullemont « avait donc commencé par être tout ce qu'il y a de plus barbare avant que M. Carlier eût pris la peine de le civiliser. »

En récompense de son style, il fut nommé chef de division. Il poursuivit cet emploi sous le second Empire. Il siège, en tant que responsable de la gestion des fonds parisiens, à la commission instituée en novembre 1865 pour répartir les secours aux familles nécessiteuses atteintes par l’épidémie de choléra. Les aides furent distribuées à 3 000 familles et concernèrent 1 700 orphelins, dont 428 sans famille d’accueil.

Considéré comme bonapartiste par le quotidien La République, Routier de Bullemont remplace en septembre 1872 au secrétariat général de la préfecture de police M. Fouquier, bonapartiste également, passé au secrétariat du conseil d'État.

En septembre 1879, après une campagne du quotidien La Lanterne, il est révoqué de ses fonctions dans ce qu’un autre journal, Le Français, appellera une épuration. Quand il prit sa retraite, en 1886, La Lanterne soutient que par ce départ, « le tribunal de la Seine admettait les concussions [de Routier de Bullemont] comme prouvées. »

Ayant quitté son poste de fonctionnaire, il devint en 1979 directeur de la Compagnie parisienne de vidanges et engrais, présidée par Frédéric Lévy, ancien maire du 11e arrondissement de la capitale.

En 1881, il est directeur de la Banque de prêts à l’industrie à Paris. Il en est toujours administrateur en 1884.

Résidant à Bruxelles en 1889, il héberge Jacques Meyer, un escroc recherché par la police française, arrêté chez lui en

Ayant pris sa retraite, Lucien de Bullemont est installé à Aincreville, dans la Meuse. Il rejoint la Société des Amateurs naturalistes en juin cette année-là, qui le qualifie de « botaniste émérite » et salue « sa science approfondie des végétaux » et apprécie qu’il dispose d’un herbier de quinze mille plantes. La Société compte 71 adhérents. Lors d’une excursion en mai 1890, il est accompagné par son frère, Emmanuel Routier de Bullemont, qui réside à Bruxelles et est membre de la Société linnéenne de la capitale belge. Lors de l’assemblée générale de 1891, Lucien de Bullemont, mentionné comme « botaniste des plus expérimentés » est élu président d'honneur ; il conservera cette fonction jusqu’en 1900.

Lucien Routier de Bullemont meurt le 12 octobre 1904 à Paris (16e arr.). Il est inhumé à Charny-sur-Meuse (Meuse), où avait déjà été enterrée son épouse deux ans plus tôt. Il était officier de la Légion d’honneur depuis février 1866 après avoir été fait chevalier en 1856.

Plusieurs de ses frères jouent un rôle significatif en France, aux États-Unis et en Belgique. Joseph (1825-1898), d’abord militant républicain en France en 1848, deviendra agriculteur en Californie et membre du Sénat de cet État ; il épousa Léonide Jadin, probablement apparentée à la femme d’Alexandre. Emmanuel (1836-1913) fut membre de la Société royale de botanique de Belgique et auteur de plusieurs ouvrages. Alfred (1840-1872), natif de Belgique, a été critique d’art à Paris. Un autre de ses frères, Arthur (1830-1909) fut également responsable d’un service à la préfecture de police, tandis que le fils de ce dernier, Armand (1862-1894) a été commissaire de police.

Armoiries de la famille Routier de Bullemont

 

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15 mars 2023 3 15 /03 /mars /2023 00:01

Jean Jacques Raymond Burgard naît le 20 juin 1926 à Fort-de-France, en Martinique, alors colonie française. Il est le fils de fils Clémentine Thérèse Marie Francey, originaire de Suisse et docteure ès-lettres, et de son mari, Raymond Burgard, professeur de lettres au lycée Victor-Schoelcher.

À partir de l’automne 1928, la famille vit à Tunis, État sous protectorat de la France, le père enseignant au lycée Carnot. Professeur agrégé, il obtient un poste au lycée parisien Buffon et ils résident rue Pérignon (7e arr.).

Jean Jacques Burgard est élève dans l’établissement où professe son père, comme son frère aîné Marc Édouard. Ce dernier est arrêté, en compagnie d’une centaine d’étudiants, pour avoir manifesté à l’Arc de Triomphe le 11 novembre 1940, relâché, il s’engagera dans la résistance à l’occupation allemande. Leur père, fondateur du réseau Valmy et collaborateur de La France continue en fut un des pionniers ; il est fait prisonnier en avril 1942, condamné à mort et exécuté en Allemagne en juin 1944. La sœur aînée, Georgette Epiney-Burgard, est aussi une résistante active.

Ayant obtenu son bac à tout juste 17 ans, en juillet 1943, Jean Jacques Burgard fait des études à l’Université de Paris, obtient une licence de droit puis un diplôme de troisième cycle d’économie politique et de sciences économiques. Il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (Science Po) puis Élève à l’École nationale d’administration (ENA), reçu quatrième au concours d’entrée. Son mémoire porte sur la Politique administrative du peuplement pour le département du Morbihan.

À sa sortie, après un service militaire comme élève-officier, il intègre l’Inspection des Finances. Ses premiers postes le voient en Afrique, auprès des autorités coloniales de la Haute-Volta, au sein de la Caisse centrale de la France d’outre-mer puis s’occupant de l’équipement public à la Caisse d’équipement pour le développement de l’Algérie. Après l’indépendance, il continue à suivre ce pays, en tant que chef du service de la coopération économique et financière au secrétariat d’État aux Affaires algériennes jusqu’en 1964. Passant brièvement par la préfecture de la région Nord, il retourne en 1965 en Afrique, conseiller économique et financier auprès du Premier ministre congolais à Léopoldville (act. Kinshasa).

D’abord marié à Nicole Lepoutre, qui meurt très jeune en 1962, Jean Jacques Burgard épouse ensuite Monique Verhille. La cérémonie religieuse a lieu à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d'Armor) en mai 1965. La famille vit à Paris (15e arr.), square Charles-Laurent. Ils auront cinq enfants.

Travaillant désormais sur le territoire métropolitain, Jean Jacques Burgard est adjoint au chef du service de l’Inspection générale des finances en 1966 puis secrétaire général de la Commission des opérations de Bourse de 1968 à 1974. Il publie en 1970 un ouvrage, L’Information des actionnaires (Dunod).

À la fin de son mandat, Burgard intègre la Société nationale des chemins de fer français, dont il est secrétaire général jusqu’en 1980. Devenu inspecteur général des Finances en 1977, il est désigné en tant que délégué général de l’Association française des banques quand il quitte la SNCF et le reste jusqu’en 1992, quand il prend sa retraite. Il avait rédigé en 1988 La Banque en France (Dalloz), un livre régulièrement réédité.

Parallèlement à ses fonctions principales, il est professeur à Sciences Po de 1980 à 1988. Il publie plusieurs articles, comme celui sur le Crédit pour l'Encyclopædia Universalis‎, L'inspection des finances a cent cinquante ans (Le Monde, 31/10/1966) ou Le crédit cher (Revue des Deux Mondes, avril 1987).

Très engagé dans les milieux chrétiens, Jean Jacques Burgard y affiche des opinions conservatrices. Ainsi, en septembre 1971, contestant l’expression publique de Christian Kerboull, ancien prêtre qui s’est marié, il considère que « cet abbé est un parjure. »

Il assume d’importantes responsabilités dans des organisations confessionnelles. Administrateur du Secours catholique depuis 1988, il en est vice-président en 1992 puis président en 1997-1998. Il devient ensuite président de l'Office chrétien des personnes handicapées (1998-2001). Il a également assumé de nombreuses fonctions dans des organismes caritatifs ou hospitaliers. Dans le domaine culturel, il fut vice-président de l’Union des arts décoratifs de 1967 à 1992.

Jean Jacques Burgard meurt le 23 novembre 2003 à Paris (14e arr.). Commandeur de l’ordre national du Mérite, il est promu officier de la Légion d’honneur en juillet 1988.

 

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