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28 octobre 2022 5 28 /10 /octobre /2022 00:01

Jean Savu naît le 11 juin 1904 à Montreuil-sous-Bois (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il est le fils de Louise Marie Boussard, et de son époux, Jean Savu, ébéniste, qui vivent rue de la République.

Sa mère est couronnière, c’est-à-dire confectionneuse de couronnes mortuaires avec des perles enfilées sur du fil-de-fer. Son père est natif en 1874 de Bucarest (royaume de Hongrie, act. Roumanie) et est ébéniste. Il obtient (pour son fils aussi) la nationalité française en mai 1910. Pendant la première guerre mondiale, Jean Savu père est réformé à cause de sa surdité.

À partir de 1910, la famille, qui compte six enfants, est installée à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne). Jean Savu est, comme son père, ébéniste en 1921. En 1926, il est installé dans la commune voisine de Joinville-le-Pont, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri), dans le quartier de Palissy. Il épouse dans cette commune, en avril 1926, Simone Lahaye, ouvrière, qui vivait dans le quartier voisin de Polangis.

L’usine de meubles dans laquelle il travaille, sise avenue Racine, à Joinville, prend feu en 1933. En juillet, le conseil général lui accorde un secours de cent francs du fait que l’incendie l’a réduit au chômage pendant une période. Il s’est alors installé de nouveau à Champigny.

Selon les historiens Annie et Claude Pennetier, Jean Savu est en 1930 membre du parti communiste et recevait du matériel de propagande destiné à des communistes italiens avec qui il était en contact. Il était également inscrit à l’Amicale sporting club de Champigny, club affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Savu fait partie de l’Organisation spéciale, mouvement clandestin créé par le parti communiste qui intègre ensuite les Francs-Tireurs et Partisans. D’après A. et Cl. Pennetier, Jean Savu est le responsable technique de la section des FTPF de Champigny. Il gère notamment une machine de reprographie (ronéo) à main installée dans le pavillon de Simone Lambre à Champigny.

Arrêté en juillet 1943 par la police française dans l’atelier d’Auguste Taravella, autre résistant communiste campinois, il est porteur d’un tract intitulé Défense de la France et de deux certificats de recensement en blanc et une copie du cachet humide de la mairie de Montreuil. Il est Interné à la prison de la Santé (Paris, 14e arr.). Lors d’une visite dans cette prison, son épouse témoignera que Jean Savu « a été violemment frappé par des inspecteurs de la BS2 [Brigade spéciale no 2] à coups de nerf de bœuf sur les reins ». Il est ensuite transféré à celle de Fresnes (Seine, act. Val-de-Marne).

Il est condamné à mort le 15 octobre par le tribunal allemand du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (Paris, 8e arr.) pour « activité en faveur de l’ennemi ». Il est fusillé à 12 h 41 en même temps que vingt autres personnes le 23 octobre de la même année au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne), Jean Savu et trois autres fusillés campinois (Pierre-Marie Derrien, Maurice Pirolley et Augustin Taravella) furent transférés le 2 décembre 1944 au cimetière de Champigny-sur-Marne.

Par décret du 28 décembre 1945, il avait été nommé, à titre posthume, officier dans l’armée de terre au grade de sous-lieutenant. Un autre décret, le 6 novembre 1960, lui octroie la dignité de chevalier de la Légion d’honneur. Une rue du quartier du Tremblay, à Champigny, reliant les avenues du Général de Gaulle et Pierre-Brossolette, est baptisée « Jean-Savu ». Son nom figure sur les monuments aux morts de Champigny ainsi que sur celui du Mont-Valérien. Il figure également sur une plaque au sein de la Bourse du Travail de Paris « À la Mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France - Lorsqu'on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice - Paul Éluard. »

Le matin de son exécution, Jean Savu a écrit deux lettres. Une à son frère Louis et l’autre à son épouse Simone, qui l’a publiée : « Fresnes, le 23 octobre 43. Ma pauvre petite chérie, Je viens d’apprendre la triste nouvelle : nous avons été condamnés à mort le 15 courant et apprenons aujourd’hui que nous allons être exécutés à midi. Ma Simone chérie, écoute ma prière : je t’en supplie, sois courageuse. Le seul regret que j’emporterai dans la tombe, c’est de te faire de la peine en te quittant. Tu ne méritais pas cela. Tu m’as rendu très heureux et t’en remercie. Si tu savais comme je t’aimais. Je n’ai pas toujours su te le faire comprendre malheureusement. Surtout ma petite chérie, soit forte et élève bien Jeannot. Fais-en un homme comme je l’ai été et qu’il n’oublie jamais son Papa et pourquoi il est mort, pour sa Patrie et pour son Parti. Je te lègue notre petit avoir. Cette lettre te suffira, je l’espère, pour aplanir les difficultés qui pourraient survenir, mais je crois que la Patrie ne vous abandonnera pas. C’est ton image, ma Simone, que je verrai au dernier moment et je saurai mourir courageusement, crois-moi. J’écris également à Louis car nous avons droit à deux lettres. Je vous confie, toi et mon cher petit Jeannot, à lui. Il saura, j’en suis sûr faire son devoir. Dis aussi, ma poulette, à tous les amis, que je leur envoie ma dernière pensée, surtout à Mr et Mme Bazin et tous les autres. Je vais terminer, mon amour, en te demandant pardon de te causer de la peine. Embrasse pour moi ma mère : elle va avoir aussi beaucoup de chagrin mais ce n’est que toi qui comptais pour moi, ma Simone et je finis cette lettre, la dernière, en te bénissant. Je t’aimais tant. Ton Jean. (Je suis avec Louis Noger, il partage mon sort.) »

Portrait de Jean Savu [Société d’histoire de Champigny]

 

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