Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 octobre 2022 7 30 /10 /octobre /2022 01:01

Simone Marguerite Lahaye naît le 11 janvier 1906 à Reims (Marne). Elle est la fille de Marie Léonie Lobry, lingère, née à Bruxelles (Belgique) et de son compagnon Édouard Théodore Lahaye, ouvrier boulanger, qui la reconnaît. Ses parents se marient à Reims en janvier 1907.

Pendant la première guerre mondiale, son père est mobilisé dans une section de commis et ouvriers. Il est condamné pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre » par le 2e conseil de guerre le 21 septembre 1917 ; du fait que des circonstances atténuantes lui sont accordées, sa peine est limitée à deux mois de prison.

À la fin de ses obligations militaires, en février 1919, la famille est installée à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Gille, dans le quartier de Palissy ; ils s’installent ensuite dans le quartier voisin de Polangis, avenue Arago. Le père est toujours boulanger puis sera manœuvre, la mère est lingère et nourrice.

Simone Lahaye fait un apprentissage en tant que dactylographe et devient ensuite ouvrière dans une usine. En avril 1926, elle épouse à Joinville Jean Savu ouvrier ébéniste, syndicaliste et militant du parti communiste qui vivait dans la même ville, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri). Ils s’installent après leur mariage dans la commune voisine de Champigny, avenue d'Alsace-Lorraine, rue Diderot puis rue de Port-Arthur (act. Eugène-Pottier).

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jean Savu s’engage comme résistant à l’occupation allemande dans les Francs-Tireurs et Partisans, mouvement clandestin proche du parti communiste. Arrêté en juillet 1943 par la police française, il est condamné à mort le 15 octobre par un tribunal allemand et fusillé le 23 octobre de la même année au Mont-Valérien à Suresnes (Seine, act. Hauts-de-Seine).

Son épouse est la destinatrice d’une de ses deux dernières lettres, datée du 23 octobre : « Ma pauvre petite chérie, Je viens d’apprendre la triste nouvelle : nous avons été condamnés à mort le 15 courant et apprenons aujourd’hui que nous allons être exécutés à midi. Ma Simone chérie, écoute ma prière : je t’en supplie, sois courageuse. Le seul regret que j’emporterai dans la tombe, c’est de te faire de la peine en te quittant. Tu ne méritais pas cela. Tu m’as rendu très heureux et t’en remercie. Si tu savais comme je t’aimais. Je n’ai pas toujours su te le faire comprendre malheureusement. Surtout ma petite chérie, soit forte et élève bien Jeannot. Fais-en un homme comme je l’ai été et qu’il n’oublie jamais son Papa et pourquoi il est mort, pour sa Patrie et pour son Parti. Je te lègue notre petit avoir. Cette lettre te suffira, je l’espère, pour aplanir les difficultés qui pourraient survenir, mais je crois que la Patrie ne vous abandonnera pas. C’est ton image, ma Simone, que je verrai au dernier moment et je saurai mourir courageusement, crois-moi. (…) Je finis cette lettre, la dernière, en te bénissant. Je t’aimais tant. »

Après-guerre, Simone Savu témoigna par écrit des violences faites à son mari et porta plainte selon les historiens Annie et Claude Pennetier, témoignant qu’il avait « été violemment frappé à coup de nerf de bœuf par les inspecteurs de la BS2 », les policiers français qui l’avaient interpellé. Elle est adhérente du parti communiste, dans une cellule de Champigny qui porte le nom de « Jean Savu ». Selon l’historien Paul Boulland, elle est candidate aux élections municipales de sa commune en mai 1945 et novembre 1947 sur la liste d’Union républicaine et résistante, soutenue par les communistes. Il y voit la volonté du PCF de « valoriser des figures au fort pouvoir d’évocation symbolique », remarquant qu’une autre veuve de fusillé est également présentée à Joinville (Juliette Derrien). La fille d’un autre fusillé campinois, Taravella, figure également sur les mêmes listes les deux années.

Les archives de la fédération communiste, consultées par Paul Boulland, contiennent ces appréciations de deux responsables de la section « bonne camarade, veuve d’un fusillé, mère d’un enfant en bas âge, candidate sur la liste de notre Parti à Champigny » et « Pas très forte politiquement étant au Parti depuis la Libération. Camarade très dévouée. »

Si Simone Savu n’est pas élue à l’issue des scrutins de 1945 et 1947, elle intègre le conseil municipal de Champigny en avril 1951, remplaçant une démissionnaire. Elle est réélue toujours sur les listes communistes, en mai 1953, en juin 1959 puis en mars 1965. Pendant toute la durée de son mandat, le maire de la commune est le communiste Louis Talamoni, élu de 1950 à 1975.

En mai 1960, Simone Savu, qui réside toujours à Champigny, avenue Guy-Môquet, se remarie avec Georges Mesnard, ancien résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale et également conseiller municipal de Champigny. En application du code électoral, il dut démissionner de son mandat après leurs épousailles.

Simone Mesnard meurt le 18 février 2001 à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), où elle était probablement hospitalisée. Elle était âgée de 95 ans et avait eu au moins un enfant de son premier mariage, dénommé également Jean Savu.

Portrait de Jean Savu, époux de Simone Savu [ph. Maitron]

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens