Suite de la biographie de Charles Chaussée
À son départ de l’armée active en 1925, Charles Chaussée s’installe en tant que vétérinaire, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), ville desservant deux hippodromes, ceux de Vincennes et du Tremblay. Il réside à proximité du Bois de Vincennes, rue Émile Moutier. En décembre 1927, il soutient une thèse de doctorat à l’École nationale vétérinaire d’Alfort à Maisons-Alfort, commune voisine de Joinville intitulée : Des injections intraveineuses d'alcool camphré chez le cheval. Disposant désormais du titre de docteur vétérinaire, il collabore régulièrement au Bulletin de l'Académie vétérinaire de France à partir de 1933.
En septembre 1934, Chaussée est sélectionné par le Comité d’union républicaine et d’action sociale de Joinville, structure fondée en 1912 qui rassemble les membres des formations libérales et conservatrices dans la commune de Joinville. Il figure sur la liste de concentration pour des élections municipales complémentaires, négociée entre le Comité et le parti radical-socialiste du maire en place, Georges Briolay (radical-socialiste). Elle comprend six candidats du comité et quatre radicaux-socialistes sous la houlette d’un Comité de coordination pour la défense des intérêts de Joinville, coprésidé par Lesestre (conservateur) et Herluison radical). Le programme prévoit de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles ». Les candidats soulignent « être des hommes nouveaux, indépendants » tout en assurant ne « pas pouvoir faire de miracles en sept mois », durée de leur mandat avant les élections générales.
La liste du Comité de coordination fait face à trois concurrents : le parti communiste, le parti socialiste SFIO et une liste d’un Groupe indépendant, largement composé de commerçants et sur laquelle se retrouve également des radicaux-socialistes. La SFIO était alliée du maire en 1929 et quatre socialistes avaient été élus, dont un adjoint au maire, mais ils avaient rompu avec la SFIO ou démissionné de leur mandat depuis.
Les candidats du Comité de coordination arrivent en tête au premier tour avec 37,0% du vote populaire, devant le Groupe indépendant (25,5%), les communistes (17,8%) et la SFIO (17,6%). Chaussée arrive en deuxième position des 40 candidats avec 869 voix pour 2 295 suffrages exprimés (37,9%) sur 2 360 votants et 3 225 inscrits. Au second tour, le Groupe indépendant et la SFIO s’étant retirés, le Comité de coordination remporte les dix sièges à pourvoir avec 59,5% des votes. Chaussée est élu avec 1 105 voix pour 1 903 suffrages exprimés (58,1%) sur 1 964 votants.
Le Comité d’union républicaine et d’action sociale de Joinville désigne en décembre 1934 Chaussée comme vice-président, à côté de Léon Lesestre président. Le comité se transforme en février 1935 en Union des républicains qui décrète l’incompatibilité entre les fonctions du bureau et du conseil municipal. René Kirbühler est nommé président et Chaussée quitte donc sa fonction. Il est par contre signataire du programme, adopté en mars, qui prévoit une » diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène. »
En avril, l’Union des républicains de Joinville décide de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour constituer une liste « composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». L’argument de cette rupture est le souvenir « des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et [francs]-maçons. »
La liste de l’Union des républicains se présente aux élections municipales de mai 1935 comme constituée « d’hommes d’ordre et d’action », « sans aucune préoccupation politique, n’ayant pour but que la bonne gestion communale ». Elle a pour compétiteurs le groupement des gauches républicaines du maire sortant, Briolay (radicaux-socialistes et socialistes indépendants), une liste communiste derrière Robert Deloche et une liste incomplète de la SFIO, conduite par Robert Derivière.
Le premier tour voit l’Union des républicains arriver en tête, avec 32,6% des votes, devant les radicaux (26,8%), les communistes (23,5%) et les socialistes (12,3%). Chaussée obtient 950 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,3%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits. Après le regroupement des deux listes de gauche, l’Union des républicains l’emporte d’une courte tête au second tour avec 41% et 25 élus contre 39% aux communistes et socialistes (2 élus) et 20% (pas d’élu). Chaussée est reconduit avec 1 158 voix pour 2 899 suffrages exprimés (39,9%) sur 2 924 votants.
Lors de l’élection de la municipalité, Léon Lesestre est désigné comme maire, tandis que Chaussée est premier adjoint, avec à ses côtés Caillon, Béal et Kirbühler. Dans l’hebdomadaire Gazette de l’Est, Claude Noizat, membre du parti social-national (extrême-droite) se félicite du résultat : « Enfin, nous avons des hommes au conseil municipal. »
Les attributions de Chaussée portent sur la voirie, le chômage et les œuvres sociales. C’est lui ainsi qui reçoit en juin, avec le maire, une délégation de 16 membres de commission exécutive la du comité des chômeurs qi vient réclamer l’adjonction de deux chômeurs à la commission paritaire qi gère leurs indemnités, demande le prêt d’une salle municipale pour leur comité, réclame augmentation d’un franc par jour de l’allocation de chef de famille, ainsi que l’attribution de bons de charbon, de vivres, de bains-douches ou de coiffeur. Elle demande aussi une assistance médicale, avec médicaments et spéciallités gratuits. Le comité regroupe 108 sans-emploi.
En octobre 1935, Chaussée est désigné comme électeur sénatorial sur une liste de droite.
À suivre
Decrombecque, Chaussée, Lorry et Hainsselin à Joinville, 1936
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