Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 mai 2021 4 06 /05 /mai /2021 00:01

Gustave Émile Lucot naît le 17 septembre 1862 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Testel et de son mari Jean Ferdinand Lucot, entrepreneur de maçonnerie.

Au décès de son père, en 1885, Émile Lucot reprend la gestion de l’entreprise familiale, importante société installée rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc). L’hebdomadaire local Voix des communes remarque : « Lucot, fils, redevient ce qu’était son père, l’entrepreneur-juré de la commune ». Il devient propriétaire de la société en avril 1890.

Plusieurs des ancêtres d’Émile Lucot ont joué un rôle politique dans la commune. Sous la Révolution française, Louis Toussaint Lucot, blanchisseur, est officier municipal (adjoint au maire). Son petit-fils, Jean Louis Nicolas Lucot est conseiller municipal entre 1830 et 1869 et fondateur de l’entreprise de maçonnerie familiale. Le fils de ce dernier, et père d’Émile Lucot, Jean Ferdinand Lucot est également conseiller municipal entre 1870 et 1885.

Lors des élections municipales de mai 1888, Émile Lucot est candidat sur la liste du maire sortant, Gabriel Pinson. Ce dernier, dont Jean Ferdinand Lucot était un des colistiers, se présente cette fois avec une liste concurrente, celle soutenue par le comité radical-socialiste, sur laquelle figurent plusieurs conseillers sortants. La liste Pinson remporte au premier tour 17 des 21 sièges à pourvoir ; Lucot, avec 237 voix pour environ 560 suffrages exprimés (42%) n’est pas élu, mais il arrive cependant devant les radicaux-socialistes, sauf un. Au second tour cependant, trois de ces derniers remportent le vote, tandis qu’un seul des colistiers de Pinson complète la majorité municipale. Avec 198 voix pour environ 425 suffrages exprimés (47%), Lucot est battu.

Au cours des années 1890, Émile Lucot se désengage de l’activité familiale et déménage rue de Paris.

Dans le domaine sportif, Émile Lucot s’intéresse d’abord à l’aviron. Il est barreur d’une yole de la Société nautique de la Marne, le principal club joinvillais, basé sur l’île Fanac. À la fin du siècle, il pratique la boxe française avec le Cercle d'Escrime de Joinville-le-Pont, qui se transforme en 1899 en Société Sportive de Joinville-le-Pont et s’appuie sur les instructeurs de l’école militaire de gymnastique, basée dans le Bois de Vincennes.

Après l’implantation des usines Pathé sur les bords de Marne, Émile Lucot est embauché par la firme cinématographique. L’activité d’Émile Lucot pendant la guerre n’est pas connue. Il épouse à Joinville en juin 1916 Pauline Émilie Anaïs Hourdequin.

Après le conflit mondial, Émile Lucot travaille toujours pour Pathé, dans leur établissement de Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne). Il prend sa retraite au début des années 1930.

Gustave Émile Lucot meurt le 10 avril 1937 à Joinville. Il était âgé de 74 ans et n’avait pas eu d’enfant.

Usines Pathé à Joinville en 1911

 

Partager cet article
Repost0
4 mai 2021 2 04 /05 /mai /2021 00:01

Jean Ferdinand Lucot naît le 9 novembre 1831 dans la commune qui venait de prendre le nom de Joinville-le-Pont. Il est le fils de Marie Félicité Neveu de son époux, Jean Louis Nicolas Lucot, alors marchand de vins et plus tard entrepreneur de maçonnerie. Il est également l’arrière-petit-fils d’un officier municipal (adjoint au maire) de la période révolutionnaire, Jean Toussaint Lucot.

Probablement vers 1850, Jean Ferdinand Lucot se voit attribuer une concession en Algérie dans le village de Hennaya (act. wilaya de Tlemcen). Il s’agit d’y développer des cultures maraîchères et des vignes. S’il y réside réellement, il semble toutefois être rapidement rentré en France.

En février 1858, Jean Ferdinand Lucot, qui est alors maçon chez son père à Joinville, épouse Louise Testel. Elle est la fille, née d’un premier lit, d’Anne Simonin, épouse, en secondes noces, de son père, Jean Louis Nicolas Lucot. Il reprend ensuite l’activité de maçonnerie de son père à Joinville. En 1864, il obtient le marché de la construction de la gendarmerie de la commune.

En septembre 1870, Jean Ferdinand Lucot est élu membre du conseil municipal que venait de quitter son père, décédé avril 1870. Le maire est Auguste Courtin et son adjoint est Louis Ferdinand Rousseau, tous deux conservateurs. La commune est violemment touchée par les combats entre les forces allemandes et françaises au cours de la bataille de Champigny, qui fait près de trois mille morts, dont une partie sur le territoire de Polangis. La population évacue Joinville, en majorité, et la municipalité s’installe à Paris pendant le siège de la capitale. L’école du Parangon a été transformée en hôpital provisoire.

Après l’arrêt des combats et le retour des joinvillais dans leurs habitations, la commune est occupée par des troupes wurtembourgeoises puis bavaroises. Le pont sur la Marne, qui relie les deux parties du territoire, a été détruit. Jean Ferdinand Lucot est réélu lors du scrutin de juillet 1871, qui reconduit également Courtin et Rousseau. Son mandat prend fin en 1874.

Le maire, Auguste Courtin, ayant démissionné, une élection partielle est organisée en septembre 1876. Lucot est élu conseiller municipal, Louis Ferdinand Rousseau devient maire avec comme adjoint.

Lors des élections municipales de janvier 1878, la liste conservatrice de Louis Ferdinand Rousseau, bonapartiste, est battue par des républicains menés par Gabriel Pinson qui est élu maire. Lucot ne siège plus au conseil.

Un singulier procès sous l’accusation de tentative d’escroquerie est intenté à Lucot en mars 1881 devant le tribunal de la Seine. Le quotidien Le Temps relève que c’est « une de ces causes qui relèvent de la science beaucoup plus que de la loi et où se révèlent les faiblesses et les misères de l'entendement humain ». Chargé, en 1879, de la construction d'un égout à Joinville-le-Pont, Lucot se voit adresser, en avril 1880, l’avis de paiement d’une somme conséquente de 27 800 francs, qu’il se fait alors payer. En novembre 1880, affirmant avoir retrouvé ledit avis et croyant ne pas l’avoir encaissé, il se présente de nouveau pour obtenir le versement de cette somme. C’est ce qui lui vaut de comparaître en justice. La défense cite comme témoins de moralité Gabriel Pinson, maire de Joinville, qui le considère comme « au-dessus de tout soupçon » et Auguste Courtin, l’ancien maire, qui cite de lui des traits d'exquise probité. C’est la déposition de son médecin qui emporte la décision des juges : jeune, Lucot chuta d'un échafaudage, et il est resté sujet à des absences de mémoire. Pour le docteur Laurent, « Il est manifeste que son esprit n’est pas parfaitement net ». Lucot est acquitté. À cette période, l’entreprise Lucot employait régulièrement 200 à 250 ouvriers.

Après que Pinson ait rompu avec les membres les plus radicaux de son conseil, Lucot revient siéger en janvier 1881 au sein de l’assemblée communale. Il est réélu en janvier 1884, toujours avec Pinson comme maire et Eugène Voisin en tant qu’adjoint.

Jean Ferdinand Lucot, qui résidait rue de Créteil (act. boulevard du Maréchal-Leclerc) meurt le 4 février 1885 à Joinville. Il était âgé de 53 ans et père de trois enfants.

L’hebdomadaire Voix des communes, de tendance radicale, commente ainsi sa disparition : « Si M. Lucot était un simple conseiller, ayant consacré ses loisirs aux affaires de la ville, il est probable que Joinville resterait plus calme. Mais M. Lucot n’avait pas de loisirs, tant il s’occupa activement, jusque la dernière heure, de ses propres affaires. Du reste intelligent, actif, dénué des préjugés d’un autre âge, dans lesquels s’encroûtent trop de ses contemporains, il réussit à devenir plus que millionnaire. »

L’enterrement de Lucot est également évoqué longuement par Henry Vaudémont, le rédacteur du journal radical : «  Avec une touchante unanimité, j’ai entendu éreinter M. Lucot sans que jamais une seule voix s’élevât pour prendre sa défense. Le plus modérés le représentaient comme un ours, une façon de sauvage, ne se plaisant qu’à se promener, un mètre sous le bras et à engueuler (c’est le mot) ses ouvriers. Les autres insistaient sur sa ladrerie. (…) [D’aucuns] citaient des histoires de tombereaux qu’il se faisait payer pour déblayer et vendait ensuite pour remblayer. Ils contaient aussi de lamentables aventures survenues à des imprudents qui, calculant mal leur devis, empruntant pour finir leur maison, se trouvaient, en fin de compte, obligés de tout laisser à l’entrepreneur. En présence de toutes ces récriminations, je m’attendais à voir la population protester par une abstention générale. Ah bien oui ! La foule se porta aux obsèques. Le curé pardonna évangéliquement ses votes anticléricaux. (…) L’illustre Hugedé portait sur un coussin les décorations du philanthrope ad patres [sapeur-pompier volontaire et membre de la fanfare]. (…) Si M. Lucot s’est moqué du monde autant qu’on veut le dire, il a joliment bien fait. Lorsqu’un public est vil et plat à ce point, il faudrait véritablement être un saint pour résister à la tentation de le bafouer et de l’exploiter. »

Son fils, Émile Lucot, poursuivra l’entreprise familiale et tentera, sans succès, de continuer la même activité politique.

La gendarmerie de Joinville, construite par Lucot

 

Partager cet article
Repost0
27 février 2021 6 27 /02 /février /2021 00:01

Paul Léon Rieux naît le 8 juillet 1888 à Seytroux, Haute-Savoie. Il est le fils de Josephte Eugénie Mudry et de son époux Joseph Rieux, instituteur.

Appelé au service militaire alors qu’il est étudiant, Rieux rentre dans l’artillerie dans un bataillon d’Albertville. Il est promu brigadier puis maréchal des logis en 1910 ; libéré en octobre 1911, il effectue une période de réserve en avril 1913 et est rappelé lors de la mobilisation générale de la première guerre mondiale en août 1914. Toujours affecté à l’artillerie lourde, il est nommé sous-lieutenant en juin 1916 puis lieutenant en juin 1918. Démobilisé en octobre 1919, il réside alors à Évian. Son parcours militaire lui a valu trois citations à l’ordre du régiment, de l’armée et du corps d’armée ; il est titulaire de la croix de guerre avec deux étoiles de bronze et d’argent.

Le mariage de Paul Léon Rieux avec Marguerite Juliette Richard-Cugnet est célébré en avril 1919 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Son épouse est la fille de Maurice Richard-Cugnet, alors conseiller municipal de Joinville et lui aussi originaire de Haute-Savoie, et la sœur de René Richard-Cugnet, qui siège également dans l’assemblée communale à partir de novembre 1919. C’est sans doute ce dernier, sous-lieutenant d’artillerie, qui fait se rencontrer les futurs époux. Les mariés s’installent dans la propriété des beaux-parents, avenue Jamin (quartier de Polangis).

Après avoir été employé de commerce, Rieux devient industriel. Il ouvre un atelier de décapage et polissage sur métaux, notamment de nickelage et dorure. Ses activités sont installées à Paris (3e arr.) d’abord rue Chapon puis rue du Temple.

Comme avant lui son beau-père et son beau-frère, Rieux va s’engager dans la politique locale. Il participe à la création d’une liste plutôt opposée à la municipalité de Georges Briolay (radical-socialiste) lors d’une élection municipale partielle en octobre 1934. Intitulée Comité de coordination pour la défense des intérêts de Joinville, la liste est conduite par une personnalité conservatrice, Léon Lesestre, mais comprend également un radical-socialiste, Émile Herluison. Son objectif est de « continuer l’œuvre déjà accomplie dans l’aménagement et l’embellissement de notre cité et envisager toute compression budgétaire susceptible d’être réalisée dans les conditions actuelles. »

Arrivée en tête face à une autre liste comprenant plusieurs commerçants et à celles du parti socialiste SFIO et du parti communiste, le Comité de coordination emporte au second tour les dix sièges à pourvoir contre le PCF, après retrait des deux autres listes. Au premier tour, Rieux recueille 851 voix sur 2 297 suffrages exprimés (37%) pour 2 360 votants et 3 225 inscrits. Au second tour, il obtient 1 111 votes pour 1 903 exprimés (58,4%) et 1 964 votants. Il est élu.

Pour les élections municipales générales de mai 1935, Rieux se présente avec l’Union des républicains qui revendique une « séparation de l’administration municipale et de la politique ». Elle défend un programme axé sur la « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». S’opposant à la liste radicale-socialiste du maire sortant Georges Briolay, elle fait face de nouveau à deux listes SFIO et PCF. La liste, soutenue par la droite locale, arrive en tête au premier tour. Face au regroupement des candidats socialistes et communistes et avec le maintien de la liste de la municipalité sortante au second tour, elle emporte 25 des 27 sièges à pourvoir. Au premier tour, Rieux recueille 956 voix sur 2 856 suffrages exprimés (33,5%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits. Au second tour, il obtient 1 180 votes pour 2 899 exprimés (40,7%) et 2 924 votants. Il est réélu et Léon Lesestre devient maire.

Parallèlement à son activité professionnelle et à son engagement politique, Léon Rieux a également un rôle social en tant que président de la Société philanthropique savoisienne et de l’association des Enfants de Seytroux. Fondée en 1833, la Société philanthropique savoisienne est la doyenne des organisations d'originaires de province ayant leur siège à Paris. Reconnue d'utilité publique, elle vient venir en aide aux Savoisiens au chômage ou sans ressources. Alors vice-président, Rieux devient président fin 1935. Conformément aux statuts, il quitte sa fonction en décembre 1938. Il intègre alors l'Académie chablaisienne, basée à Thonon (Haute-Savoie) ; il en est toujours membre en 1943.

Ayant effectué deux périodes d’instruction en avril 1929 et octobre 1937, Rieux est rappelé lors de la deuxième guerre mondiale le 31 août 1939, bien qu’il ait alors 51 ans. Il est affecté à la commission d’achat et de réquisition du Parc régional de réparation et d'entretien du matériel d’artillerie (PRREM) de Lyon, Rhône. En décembre 1940, Rieux est démobilisé et réside toujours à Joinville.

Il reprend alors son activité municipale, participant notamment au Noël des vieillards organisé en décembre 1941 par le Secours national, organisation sous la houlette du maréchal Pétain, chef de l’État basé à Vichy. Lors de la réforme de l’administration locale, décidée par le régime en place, les conseils municipaux élus sur remplacés par des structures désignées. À Joinville, Rieux est renommé conseiller municipal par arrêté préfectoral du 20 février 1942. Léon Lesestre reste maire ; ce dernier et ses adjoints seront arrêtés, en août 1944, par le comité local de libération.

Paul Léon Rieux meurt le 17 février 1977 à Nice (Alpes-Maritimes). Il était âgé de 88 ans et avait eu un enfant. Décoré de la Croix de guerre avec deux étoiles de bronze et d’argent, il était titulaire des Palmes académiques comme officier d’académie depuis février 1938 et chevalier de la Légion d’honneur.

Le fils de Paul Léon Rieux, André Rieux (1920-1997), s’est engagé dans la résistance à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. Il a été reconnu comme membre des Forces françaises de l’intérieur.

 

Partager cet article
Repost0
11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 00:01

Henri Frédéric Marie Olivier Puiseux naît le 7 juillet 1899 à Paris (6e arr.). Il est le fils de Laurence Élisa Marie Béatrice Bouvet et de son mari, Pierre Henri Puiseux, professeur à l’université de Paris. Les témoins déclarant sa naissance furent l’historien Henri Wallon, sénateur inamovible, ancien ministre de l’instruction publique, secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles lettres, commandeur de la Légion d’honneur (qui lui était apparenté) ainsi qu’Henri Alpy, membre du conseil municipal de Paris et du conseil général de la Seine.

Le père, Pierre Puiseux, était un astronome réputé, cartographe de la Lune ; le grand-père, Victor Puiseux avait également été astronome, mathématicien et alpiniste. Olivier Puiseux est le dernier des six enfants de la famille. Un de ses frères, Robert Puiseux, gendre d'Édouard Michelin, devint cogérant de la société de pneumatiques Michelin puis président de la société des automobiles Citroën. Une de ses sœurs, Marie Marguerite Puiseux, épouse également d’un héritier de la famille Michelin, Jean, fut une résistante à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, déportée à Ravensbrück et militante d’action catholique.

La mère d’Olivier Puiseux, Béatrice Bouvet, fille d’un négociant, conseiller général et député du Jura, est portraiturée, à l’âge de trois ans, par Gustave Courbet. Le tableau figure au musée de Cardiff (Pays de Galles, Royaume-Uni). La famille vit dans son arrondissement natal, rue Le Verrier.

Béatrice Puiseux (coll. Corpet)

Les études secondaires d’Olivier Puiseux se déroulent dans deux établissements parisiens réputés, les lycées Henri IV et Louis-le-Grand. Pendant la première guerre mondiale, il s’engage volontairement juste après ses dix-huit ans, et est affecté au 59e régiment d’artillerie. À la fin de la guerre, il est nommé brigadier en octobre 1918 puis, un an plus tard, maréchal des logis. Affecté à ce moment à la 20e section d’état-major, il aurait été affecté, selon la chronique familiale rédigée par Jean Corpet (2012), d’abord au cabinet de Georges Clémenceau, président du conseil des ministres jusqu’au 18 janvier 1920 puis à celui de son successeur, Alexandre Millerand, qui lui succède jusqu’au 23 septembre 1920, date à laquelle il devient président de la République.

Olivier Puiseux (coll. Corpet)

Olivier Puiseux, démobilisé en novembre 1920 entame des études et obtient sa licence en droit en 1923. Il est alors embauché à la Banque Nationale de Crédit.

Le mariage d’Olivier Puiseux et de Simone Marie Madeleine de Froissard-Broissia se fait à Domblans (Jura) où la famille de la mariée dispose d’un château, proche de la demeure familiale des Puiseux à Frontenay. Le beau-père, le comte Simon Georges Jean de Froissard-Broissia, colonel, est décoré de la croix de guerre et commandeur de la Légion d'honneur.

Le couple participera en 1931-1932, à plusieurs représentations de charité en octobre 1931 et 1932 à Poligny (Jura), au profit de la Croix-Rouge française en compagnie des familles descendantes de la noblesse locale, à laquelle ils sont souvent apparentés.

Après la naissance de trois filles, Olivier et Simone Puiseux se séparent en 1934 ; la mère et les trois filles s’installent, chez la grand-mère maternelle au château de Blandans à Domblans, tandis qu’Olivier Puiseux loge à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le Centre, rue de Paris. Il devient cadre des établissements Lemoine, société produisant des pièces automobiles, installée à Ivry-sur-Seine (Seine, act. Val-de-Marne). Il se présente comme ingénieur (bien que n’ayant pas fait d’études techniques) et industriel.

Avant le début de la deuxième guerre mondiale, dès juillet 1939, Olivier Puiseux est affecté, sur décision de l’autorité militaire, en tant comptable à la société Gnome et Rhône, qui fabrique des moteurs d’avions à Paris (13e arr., boulevard Kellermann). Lors de l’invasion de la France par l’armée allemande, en mai 1940, Olivier Puiseux quitte la France pour l’Angleterre. Il se rend ensuite au Canada, à Sorel (act. Sorel-Tracy, Québec), ville industrielle de la Montérégie.

En application d’une loi du 23 juillet 1940, le conseil des ministres de l’État français, dirigé par le maréchal Philippe Pétain, décide, par un décret du 29 octobre 1940, de déchoir Olivier Puiseux de sa nationalité française. La loi prévoit ce cas de figure pour « Tout Français qui a quitté le territoire français métropolitain entre le 10 mai et le 30 juin 1940 pour se rendre à l'étranger sans ordre de mission régulier émanant de l'autorité compétente ou sans motif légitime sera regardé comme ayant entendu se soustraire aux charges et aux devoirs qui incombent aux membres de la communauté nationale ». Plusieurs autres décrets concerneront des personnalités de premier plan, dont le général Charles de Gaulle. Le décret du 29 octobre concerne notamment le cinéaste René Clair, André Meyer, directeur de la Banque Lazard ou Henri Torrés, avocat et ancien député. Selon la juriste Catherine Kessedjian, « Cette mesure vise les personnes qui ont rejoint le général de Gaulle à Londres. »

La présence de Puiseux est signalée à Montréal en octobre 1940, en compagnie de l’industriel Henri Reichenbach, fondateur des magasins Prisunic, du docteur Sylvain Mossé et du publiciste Pierre Lazareff, futur directeur de France-Soir. Une ordonnance du tribunal civil de la Seine de décembre 1940 place sous séquestre les biens d’Olivier Puiseux.

Après la fin du conflit, Olivier Puiseux, dont la santé est très dégradée, fait un séjour dans un sanatorium près de Paris, puis prend pension dans un hôtel boulevard Raspail. Il rend visite à sa femme et ses filles à Domblans.

Olivier Puiseux meurt le 28 janvier 1947 à Rueil-Malmaison (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il était âgé de 47 ans.

Château de Blandans à Domblans

 

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 00:01

Nicolas Émile Deiber naît le 13 mars 1847 à Neufchâteau (Vosges). Il est le fils de Marie Anne Villemont et de Joseph Deiber, tailleur d’habits.

Devenu employé de banque au Comptoir d’escompte de Neufchâteau, Émile Deiber épouse en octobre 1869 à Goussaincourt (Meuse) Adeline Sophie Mélinat, dont le père, ancien coiffeur, est hospitalisé à l’établissement des Incurables (act. hôpital Bicêtre, Paris) et dont la mère vit à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines).

Peut-être Deiber combat-il pendant la guerre de 1870-1871, qui oppose la France à plusieurs États allemands, dont la Prusse. Il est officier dans la réserve, affecté au 80e régiment territorial d’infanterie comme sous-lieutenant en 1878. En mai 1884, il est promu au grade de capitaine dans la même unité.

La famille est installée en 1873 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue Bernier, dans le quartier du Centre, où naissent leurs deux filles. Émile Deiber est chef comptable dans la société des Forges de Saint-Maur, implantée dans la commune et dirigée par Alphonse Pilté. Elle emploie 150 ouvriers. Deiber témoigne devant le tribunal civil de la Seine en faveur de Pilté, qui agissait comme président de la caisse de secours des Forges de Joinville, contre un des employés blessé ; l’affaire est jugée en leur faveur en appel en 1878.

Cette même année, Deiber et Pilté font partie d’un groupe de républicains de la commune qui décident de s’opposer au maire sortant, bonapartiste, Ferdinand Rousseau. La liste emporte 20 des 21 sièges à pourvoir, le dernier échéant à un orléaniste. Gabriel Pinson, républicain modéré, est élu maire. Un conflit éclate au sein du conseil, en septembre 1879 ; Alphonse Demeestère, qui sera plus tard le dirigeant du comité radical-socialiste de la circonscription, veut porter secours à Adolphe Morandy, ancien lieutenant des Francs-tireurs pendant la guerre franco-allemande de 1870 et officier sous la Commune de Paris en 1871, récemment amnistié et malade. Il lance une souscription, ce que conteste le maire. Deiber est signataire avec la majorité de la motion du conseil municipal du 27 septembre 1879, dans laquelle les élus « blâment sévèrement le citoyen Demeestère. »

Pour prendre la suite d’Alphonse Pilté, Deiber s’associe avec Julien Grand, administrateur, et devient directeur d’une nouvelle société, au capital de deux millions de francs, formée en juin 1879, la Société anonyme des forges, laminoirs et aciéries de Seine-et-Rhône, basée à Joinville, spécialisée dans les fers de ferraille. L’entreprise gère également les forges, laminoirs et aciéries d’Oullins (Rhône). Deiber devient ainsi maître de forges.

En janvier 1881, Deiber est réélu conseiller municipal de Joinville, sur la liste de Gabriel Pinson ; les éléments les plus radicaux, dont Demeestère, ne sont pas reconduits. C’est Deiber qui, au nom de la municipalité, prononce le discours pour l’inauguration des écoles communales, au moment où l’instruction publique devient obligatoire. Il conclut en assurant que « l'instruction était la compagne obligée de la liberté ». Le délégué du préfet, M. Roux, fait l'éloge de Joinville, considérant qu’il s’agissait de « la commune la plus instruite du département ». Elle accueillait déjà un important établissement privé laïc, le Parangon.

Selon l’historienne Michelle Perrot, Deiber, conseiller municipal républicain, « passe parmi ses ouvriers pour un royaliste ennemi des ouvriers ». Elle raconte l’anecdote suivante, qu’elle ne date pas : « Aux forges de Joinville-le-Pont, où sévit le chômage, les ouvriers ayant proposé de ne travailler que quinze jours pour employer tout le monde, le directeur Debert [Deiber] les apostrophe : Vous voulez travailler quinze jours ? – Oui – Eh bien ! Vous ne travaillerez pas du tout ; foutez-moi le camp. »

La dissolution de la Société des Forges laminoirs et aciéries de Seine-et-Rhône est décidée par les actionnaires en mars 1885. Deiber est désigné comme un des deux liquidateurs. Il vend aux enchères l’usine d’Oullins. L’usine de Joinville sera elle exploitée par la société Édouard Martin, Ducamp et Cie avant de rejoindre, en 1892, la Compagnie française du Bi-Métal.

Quittant les bords de Marne, Deiber s’installe rue du Parc-Royal, dans le quartier du Marais à Paris (3e arr.), où il reprend un atelier de fabrication de timbres élastiques et en caoutchouc. Il présente ses produits lors de l'exposition universelle de 1889 à Paris.

Revenant aux activités métallurgiques en 1896, il fonde la société Deiber et Allagnier avec son gendre, Alphonse Allagnier. Elle est basée à Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne), un peu en aval de Joinville. Il constitue en outre la société Deiber, Grondard et Cie pour fabriquer des bandages de roues, des chaudières et réservoirs. Ils rachètent, en 1897 un train circulaire pour le bandage des roues sans soudure. Au cours de l'exposition universelle de 1900 à Paris, elle est gratifiée d’une médaille d'or.

Nicolas Émile Deiber meurt le 13 février 1901 à Paris (3e arr.). Il était âgé de 53 ans et père de deux filles. Décoré des Palmes académiques, il était officier d’académie depuis 1881 et avait été fait ensuite officier de l’instruction publique. L’entreprise qu’il dirigeait en tant que maître de forges deviendra les Forges et laminoirs d’Alfortville en 1901.

L'usine métallurgique de Joinville-le-Pont en 1907

 

Partager cet article
Repost0
11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 00:01

Nicolas Mathieu Bonnor naît le 4 novembre 1809 à Sainte-Colombe (act. Sainte-Colombe-sur-Seine, Côte-d'Or). Il est le fils de Nicole Malgras et de son époux Nicolas Bonnor, probablement employé des forges de Sainte-Colombe. Lui-même est employé à partir de 11 ans dans les forges, comme goujat (apprenti), il devint ensuite puddleur, c'est-à-dire directeur d'un four pour l'affinage de la fonte. En novembre 1832, lamineur dans les mêmes forges, il épouse Françoise Zoé Degrond, dont le père est également commis à la forge.

Selon Mgr Justin Fèvre, historien de la Haute-Marne, « Mathieu était l'ouvrier supérieur, le forgeron de génie qui possède d'instinct ou qui devine par expérience tous les mystères du métier ». En 1834, il est contremaître puis en 1838, sous-directeur. Il quitte la Côte-d'Or pour les forges de Basse-Indre, en Loire-Inférieure (act. Loire-Atlantique) en 1848, où se retrouvent également son frère cadet Julien et un cousin, Louis, également métallurgistes.

Les forges Marmont à Sainte-Colombe

Au début du second Empire, Bonnor retourne dans l’Est de la France, à Saint-Dizier où il installe la forge anglaise de la société Adma, Huin et Cie. Il est ensuite embauché dans l’importante usine de Jules Rozet, au Clos-Mortier, toujours à Saint-Dizier et y installe des trains de laminoirs. Il fonde la société Bonnor frères et Cie et devient dès lors maître de forges en 1855.

Tout en conservant son installation de Saint-Dizier, il s’installe l’année suivante à Eurville (act. Eurville-Bienville), autre pôle important du département. Il équipe son usine de deux hauts-fourneaux, des fours à puddler, une forge anglaise et un laminoir, lui permettant de se spécialiser dans les petits fers ronds, dont il produisait 15 000 tonnes par an. Fort rentables, ces produits servaient notamment à la tréfilerie, pour les chaîne et pour les fils télégraphiques. S’associant avec la famille de sa mère, la société gérant le site de Saint-Dizier prend le nom de Bonnor, Malgras & Cie en 1858. Celle d’Eurville est connue sous le nom de Bonnor, Degrond et Cie, ses beaux-parents étant impliqués dans son capital. Mathieu Bonnor se présentera fréquemment sous le patronyme de « Bonnor-Degrond. »

Un brevet d’invention est déposé en avril 1860 en France par Bonnor, pour un « procédé de laminage économique du fer et autres matières ». La même invention est également protégée au Royaume-Uni.

En 1863, les frères Bonnor cèdent la fabrication de chaînes de leurs ateliers de Saint-Dizier mais implantent une tréfilerie à Chancenay, en association avec Jobard. Son frère monte une usine à Donjeux (Haute-Marne).

L'Exposition nationale de Chaumont en 1865 apporte la consécration à Bonnor, qui est décoré de la Légion d'Honneur. En juillet, il forme avec les principaux producteurs de machine ou ronds de tréfilerie et par les fabricants de fils de fer un comité où il siège aux côtés de et MM. de Wendel, Denille et Daumont. Il a pour objectif d’assurer des prix plus rémunérateurs.

Associé en 1866 avec les frères Jamin, des négociants de Paris et le baron Louis de Valsuzenay, Mathieu Bonnor se retire en 1867 de ses affaires d’Eurville ; il avait été condamné, en février, parce qu’un de ses ouvriers avait fait exploser par erreur un obus livré dans un lot de fonte, ce qui provoqua la mort d’un ouvrier. Il est appelé en région parisienne, où il réorganise les forges de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et d'Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Son activité à Saint-Dizier se poursuit et Bonnor obtient, en 1869, le raccordement de ses usines à la voie de chemin de fer locale.

Pour l’exploitation des forges de Saint-Maur à Joinville-le-Pont, Mathieu Bonnor s’associe avec le propriétaire, Alphonse Pilté et fonde en 1871 Bonnor, Pilté et Cie, spécialisée dans les fers laminés à base de riblon, venu généralement de Haute-Marne. Il se retire en 1872 de son association, reprise par Pilté.

Condamné pour homicide par imprudence à 100 francs d'amende et 1 200 fr. de dommages-intérêts en novembre 1873, Bonnor se voit personnellement placé en faillite en juillet 1874. Il réside alors rue du Faubourg Saint-Martin, à Paris (10e arr.). L’activité de Saint-Dizier n’est pas concernée. Pour tenter de se remettre sur pieds financièrement, Bonnor se rend dans le Tarn-et-Garonne. Cependant, malade, il revient à Paris. L’historien Philippe Delorme remarque que « doué pour la fabrication, Mathieu Bonnor le fut en effet beaucoup moins pour la gestion. »

Mathieu Bonnor meurt le 10 mars 1876 à Paris (10e arr.). Il était âgé de 68 ans et avait eu une fille. Selon Justin Fèvre « On ramène son corps à Saint-Dizier où ses anciens élèves et les ouvriers de la contrée lui font des funérailles comme on en fait aux princes ». Pour Ph. Delorme, « il symbolisait pour la population un exemple de réussite sociale » ; il remarquait « qu’à travers une telle réussite devenait pour la première fois visible publiquement l’importance sociale et économique du travail ouvrier. »

Bonnor est inhumé dans sa ville natale, Sainte-Colombe, où il était domicilié.

Un blog, Sagadesbonnor, a fonctionné entre février et avril 2011, publiant dix articles sur la famille, dont un en partie consacré à Mathieu Bonnor et intitulé L'ascenseur social n'était pas en panne. Une voie de la commune de Saint-Dizier (Haute-Marne) porte son nom, la rue Mathieu-Bonnor.

Plaque de rue de Saint-Dizier

 

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 00:01

Paul Nicolas Tondeur naît le 26 janvier 1807 à Curel (Haute-Marne). Il est le fils de Marie Gabriel Quinet et de son époux Sébastien Tondeur, vigneron.

Embauché comme commis des forges, Tondeur vit dans la commune voisine d’Eurville (act. Eurville-Bienville), dans le même département, siège d’une importante activité métallurgique. Il y épouse en novembre 1828 Marie Louise Paris, fille d’un instituteur et dont une partie de la famille travaille également dans l’industrie du métal.

Comme plusieurs cadres des forges de Haute-Marne, et singulièrement d’Eurville, il va rejoindre, vers 1852, les forges de Saint-Maur, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). En 1855, il réside rue du Canal, à Saint-Maurice (act. rue Henri-Barbusse à Joinville-le-Pont) puis Grande-Rue, à Saint-Maurice également.

En 1857, il est directeur des forges de Saint-Maur, dont le propriétaire est la société Doé frères, avec comme responsable Albert Philippe Doé, maître de forges. Il est l’objet d’une tentative d’escroquerie : les forges, qui font du fer riblon, issu de métaux usagés, reçoit d’un ferrailleur une charrette de limaille qui se trouve, après contrôle, être mélangée à beaucoup de poussière et de verre. La presse juridique souligne que « la limaille de fer est d'un prix si minime que jusqu'à présent l'on n'avait pas pensé à la falsifier ». Le vendeur est condamné à un mois de prison et 50 francs d’amende.

De 1861 à 1870, dans les annuaires et publications officielles, Paul Nicolas Tondeur sera présenté comme maître de forges. La famille Doé cède les forges de Saint-Maur, vers 1865, à Alphonse Pilté.

La garde nationale, formation de type milice regroupant les propriétaires des communes sous l’autorité du gouvernement, est structurée en avril 1852, à la fin de la deuxième République et déjà sous le régime du prince-président, futur empereur Napoléon III, avec le 29e bataillon basé à Charenton et couvrant les communes de Saint-Maurice, Maisons-Alfort, Créteil et Bonneuil (Seine, act. Val-de-Marne). La deuxième compagnie, à Saint-Maurice, a pour capitaine Albert Philippe Doé tandis que Paul Nicolas Tondeur est sous-lieutenant.

La municipalité de Saint-Maurice doit être renouvelée en février 1861 quand Achille Domergue, maire depuis 1859, est nommé maire de la commune voisine de Charenton-le-Pont (dont Saint-Maurice est issue). L’ancien adjoint, César Desvignes est nommé maire par décret du 23 février 1861 tandis que Paul Nicolas Tondeur intègre le conseil municipal et est désigné comme nouvel adjoint au maire. Un second adjoint, M. d’Utruy, est nommé ultérieurement. Il est nommé membre du comité local du canton de Charenton par l’Impératrice Eugénie en juillet 1863.

Lors des élections législatives de décembre 1863, dans la 9e circonscription du département de la Seine, Tondeur s’oppose à la candidature du républicain Eugène Pelletan, journaliste et écrivain, ancien maire de Royan (Charente-Inférieure, act. Charente-Maritime). Il soutient, avec Desvignes et d'Utruy le conservateur Picard, qui est battu.

Reconduit dans sa fonction d’adjoint en août 1865, Tondeur en démissionne en 1869. Il quitte le conseil municipal et Sylvain Sourd le remplace comme adjoint.

Pendant la guerre de 1870-1871, qui oppose la France aux puissances allemandes emmenées par la Prusse, Tondeur contribue à la souscription lancée par la section de Joinville de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge). Il est également un des donateurs, toujours pour Joinville, après les grandes inondations de la rivière Marne en 1875.

Paul Nicolas Tondeur meurt le 3 octobre 1876 à Curel, son village natal. Il était âgé de 69 ans et avait eu deux fils, le premier mort en bas âge et le second, décédé alors qu’il était étudiant en médecine.

Une plaque en mairie de Saint-Maurice rappelle que Tondeur, adjoint, faisait partie des personnes qui inaugurèrent le bâtiment en 1868 avec les barons Haussmann, préfet de la Seine, Boyer de Sainte-Suzanne, sous-préfet de Sceaux et d’Utruy, adjoint au maire, ainsi que Desvignes, maire, et Naissant, architecte.

Curel au 19e siècle, Wikipédia

 

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2020 1 05 /10 /octobre /2020 00:01

Albert Philippe Doé naît le 21 mars 1809 à Troyes (Aube). Il est le fils de Catherine Julie de Loynes et de Jacques Doé, propriétaire. Ses deux parents sont d’origine noble, le père, seigneur de Luyères, était également administrateur des hospices de Troyes.

En 1835, Albert Doé s’associe avec son frère Victor et ils sont tous deux associés gérants de la société Doé & de Lemont, qui est en charge de l’exploitation de la forge de Chamouilley-Haut, en Haute-Marne. Son frère réside sur place, tandis qu’Albert Doé est installé à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne), où se trouve le siège de l’entreprise. Il prend également la responsabilité de la société gestionnaire des Forges de Saint-Maur, située à Joinville-le-Pont, en limite de Saint-Maurice. Le percement en 1825 du canal de Saint-Maur, qui coupe par un tunnel la boucle de la Marne, ont permis l’installation d’une industrie sur ses bords, malgré le risque d’inondation.

Présente à l’exposition des produits de l’industrie de 1839, Doé et Cie obtient une médaille de bronze. C’est, avec celle de Grenelle, une des deux forges du département de la Seine que l’on retrouve à l’exposition de l'industrie française en 1844. Traitant de vieilles ferrailles, qu'elle tire des fontes de la Haute-Marne et qu'elle affine à la houille; elle tire parti de son voisinage de la capitale.

Lors de l’exposition universelle de Paris en 1855, la presse souligne l’intérêt de ce recyclage des vieux fers. Les forges de Saint-Maur recueillent une médaille de 2e classe. Cependant, s’inquiétant d’un projet de réforme des tarifs douaniers, Albert Doé signe, en janvier 1860, une lettre à l’empereur Napoléon III en compagnie de 180 manufacturiers. Il cède la gestion des forges vers 1865 à MM. Alphonse Pilté et Mathieu Bonnor.

En 1852, Albert Doé est capitaine de la deuxième compagnie du 29e bataillon de la Garde nationale de la Seine. Il a sous ses ordres deux autres officiers, dont Paul-Nicolas Tondeur, sous-lieutenant et directeur des forges. Depuis la même année, il était adhérent du Cercle des arts et en est signalé comme membre encore en 1873.

Albert Doé meurt le 1er décembre 1881 à Paris (9e arr.). Il était âgé de 73 ans et célibataire. Il est inhumé au cimetière de Troyes. Il fait un don de 1 000 francs au bureau de bienfaisance de cette ville. Il avait été gratifié d’une médaille de bronze lors de l’exposition universelle de Paris en 1855.

Ses deux frères Charles et Victor ont tous deux été décorés comme chevaliers de la Légion d’honneur et nommés conseillers généraux, le premier, dans le département de l’Aube, dont il fut président et où il a été également maire de Rouilly-Saint-Loup et le second en Haute-Marne.

Tombe d'Albert Doé à Troyes

 

Partager cet article
Repost0
1 septembre 2020 2 01 /09 /septembre /2020 00:01

Pierre Louis Hugedé naît le 1er janvier 1831 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Nicole Moreau et de son époux Guy Louis Hugedé.

Associé à un bijoutier pour l'exploitation d’une fabrique de lettres et enseignes rue des Filles-du-Calvaire à Paris (3e arr.), il s’en sépare dès 1858 mais poursuit l’activité tout seul. Il dépose un brevet dans ce domaine en 1864 et améliore son invention en 1866. Hugedé présente ses produits à plusieurs grandes expositions, comme à Paris en 1867, Le Havre 1868, et Rome 1870.

À côté de son activité industrielle, Hugedé s’intéresse également à l’immobilier, les deux domaines profitant largement du réaménagement de Paris à l’œuvre au cours du second empire. Il fait reconstruire un immeuble boulevard Bonne-Nouvelle à Paris (10e arr.) où il déménage son activité. Il acquiert également des terrains à Joinville-le-Pont, dans le tout nouvellement lancé quartier de Palissy, que le céramiste Gille a commencé à diviser en lots. Hugedé commence à commercialiser ses parcelles au début de l’année 1870.

La guerre franco-prussienne cette année-là va interrompre la vente des lots, d’autant que la zone est connexe au champ de bataille de Champigny, qui fait plus de 2 000 morts fin 1870 sur les communes de Joinville et Champigny. Le pont qui permettait d’accéder au quartier depuis la rive droite de la Marne et Paris est détruit.

Pendant le conflit, Hugedé se mobilise en faveur des blessés. Il préside le premier comité local de la Société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge), qui est installée en novembre 1870. Il crée une ambulance en bord de rivière (hôpital de toile provisoire). Au sein de la Croix-Rouge, Hugedé est chargé du ravitaillement. Il s’intéressera ensuite aux possibilités d’amélioration des constructions provisoires, et notamment des moyens de leur assurer une bonne aération et du chauffage. Il restera actif dans la Société de secours aux blessés jusqu’à la fin de sa vie.

Après la guerre, Hugedé reprend son activité de production de lettres, médailles et enseignes. Il est présent à l’exposition internationale de Lyon en 1872 et à l'Exposition universelle de Vienne en 1873. Il emploie dans son atelier des invalides de guerre. En avril 1875, Hugédé cède son fonds de commerce.

Il devient alors architecte, construisant d’abord sur ses terres de Joinville des constructions réputées être économiques et hygiéniques, qu’il s’efforce de diffuser.

Louis Hugedé épouse en août 1883 à Paris (1er arr.) Anne Catherine Steinmann. Il mobilise ses compétences en mécanique et architecture pour proposer pour la Croix-Rouge un modèle-type de baraques d'ambulances mobiles, destiné selon ses partisans « à rendre d’énormes services en temps de guerre et d'épidémie ». Il décrit et fait fabriquer aussi des panneaux aérifères, à circulation d'air, d'un moulage facile et rapide, faits avec les matériaux quelconques que présente le sol, n'exigeant ni cuisson, ni appareils, ni ouvriers spéciaux, qu’il recommande pour les soubassements des baraques d'ambulance et des hôpitaux provisoires. Il met aussi au point des calorifères portatifs pour les ambulances et tentes. Ses produits sont présentés à l’exposition universelle de 1885 à Anvers (Belgique).

Il étend son champ d’action à l’industrie de la bière, proposant des glacières, germoirs, séchoirs ainsi que des matériaux isolateurs lors de l’exposition des bières françaises de 1887 à Paris.

Si le comportement humanitaire d’Hugedé est fréquemment salué dans la presse conservatrice, il n’en est pas de même dans le journal local de tendance radicale-socialiste. Ainsi, après le décès du premier adjoint au maire de Joinville, Nicolas Chéret, une polémique éclate. Chéret, franc-maçon, se fait administrer l’extrême onction. Une foule, évaluée à 500 personnes par l’hebdomadaire Voix des communes, et comprenant selon lui 200 libres-penseurs, se rend aux obsèques. Hugedé prend la parole pour en appeler à la « miséricorde divine sur le pêcheur repenti. »

Pierre Louis Hugedé meurt le 31 décembre 1891 à Paris (8e arr.) à son domicile de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Son épouse, quant à elle, résidait à Heidelberg (Grand-Duché de Bade, Allemagne). Il était âgé de 60 ans et ne semble pas avoir eu d’enfants.

Plusieurs médailles ont été accordées à Louis Hugedé lors d’expositions : médaille d'argent à l’exposition universelle de Paris 1867, mention honorable à celle d’Anvers 1885 et médaille d'or à l’exposition maritime du Havre 1868. Il a également reçu en septembre 1874 une médaille de vermeil des Sauveteurs de la Seine et en mai 1886 une médaille spéciale de la Société d'encouragement au bien. Il est décoré de la médaille militaire pour son activité pendant la guerre de 1870-1871.

Une voie de la commune de Joinville-le-Pont porte le nom de rue Hugedé. Il ne s’agit pas d’une dénomination décidée en hommage à Louis Hugedé, mais d’un usage traditionnel maintenu. La rue correspond à la partie du quartier de Palissy lotie par Hugédé, où il a construit une demi-douzaine de pavillons, dont la villa Hugedé. Le nom est attesté de son vivant, dans la presse dès 1877 et il est officiellement utilisé dans le recensement communal de 1891. Un arrêté préfectoral du 15 octobre 1934 la classe parmi les voies publiques urbaines de la commune de Joinville-le-Pont.

Partager cet article
Repost0
17 juin 2020 3 17 /06 /juin /2020 00:01

Louis Jules Debeuré naît le 7 janvier 1831 à Triconville (Meuse). Il est le fils de Marguerite Anne Julie Devraine et de son époux Nicolas Debeuré, tisserand.

Il est cordonnier à Paris, où il épouse en avril 1854 (6e arr.) Marie Anne Justine Bousquet. Au cours des années 1860, il devient doreur sur métaux et vit dans le 11e arrondissement de Paris, dans le quartier de la Folie-Méricourt. Il installa sa société de dorure au mercure dans le même quartier, rue de Nemours.

Au début des années 1880, Debeuré est propriétaire d’une maison de campagne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), route de la Brie (act. av. Galliéni), dans le quartier de Palissy. Il va s’impliquer dans la vie locale.

Il est d’abord membre de la fanfare locale mais il s’en retire, en octobre 1884, pour consacrer tout son temps à la société d’escrime et de tir Les Volontaires de Joinville et Champigny, fondée le même mois. Dans le contexte de la défaite encore récente de la France face aux troupes prussiennes et allemandes en 1870, de nombreuses sociétés de ce type voient le jour. Celle de Joinville et Champigny démarre avec une centaine d’adhérents. Elle en compte 163 en 1866, dont 38 tireurs actifs.

L’objectif de ces organismes de tir, de gymnastique et d'exercices militaires est patriotique. Mais, dans un contexte où la montée de forces populistes est sensible, le conseiller général du département de la Seine, Faillet, qui fait approuver en novembre 1887 une subvention pour Les Volontaires de Joinville et de Champigny précise : « Quoique nous ne soyons pas boulangistes, nous sommes disposés à venir en aide à toutes les sociétés de cette nature qui ont pour objet la défense de la France démocratique. »

Si le démarrage de la société fut rapide, la vie associative va s’avérer très compliquée. En 1885, le propriétaire du stand, le cafetier Vingdlet, se brouille avec Debeuré. L’assemblée générale de fin d’année est agitée, avec la démission du porte-drapeau après une pétition de 32 signataires. Le journaliste radical-socialiste Henry Vaudémont essaie « de donner de l’entrain à la société ». Mais il témoigne en juin 1888 : « J’essuyai presque autant de déboires que Debeuré lui-même, ce qui n’est pas peu dire. »

Lors des élections municipales de mai 1888 à Joinville, Debeuré est candidat sur la liste du républicain modéré Gabriel Pinson, maire sortant. La lise emporte dès le premier tour 17 des 21 sièges à pourvoir, et en récupère un de plus au second tour, tandis que les radicaux-socialistes en obtiennent trois, derrière Alphonse Demeestère. Avec 283 voix, Debeuré est le dernier des élus du premier tour.

Un mois après le scrutin, le maire réélu meurt. La désignation d’Eugène Voisin pour le remplacer est l’occasion d’un rapprochement entre la majorité municipale et les radicaux. Debeuré, libre-penseur affirmé, comptait de nombreux amis parmi ces derniers. Il est désigné, en décembre, comme membre du bureau de bienfaisance, en charge du fonctionnement du fourneau.

Louis Jules Debeuré meurt le 5 janvier 1890 à Joinville, dans sa maison de campagne. Il était âgé de 59 ans et vivait de ses rentes depuis 1888. Il avait semble-t-il eu deux enfants, dont une fille morte très tôt.

Debeuré est inhumé au Père-Lachaise, en présence de beaucoup de joinvillais et de commerçants du quartier de la Folie-Méricourt. Le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, l’adjoint au maire de Joinville, Honoré Jullien et l’ancien conseiller général et militant de la libre-pensée Brisson-Joly prononcèrent des discours au cimetière parisien du Père-Lachaise, où il eut des obsèques civiles. Henry Vaudémont, ancien vice-président de la société de tir, malade, fit lire un message.

Route de la Brie, Joinville-le-Pont

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Polmorésie, blog d’histoire
  • : Histoire politique, économique, culturelle et sociale au travers des acteurs qui ont se sont engagés dans la vie publique.
  • Contact

Recherche

Liens