Félix Léopold Valbonnet naît le 17 janvier 1870 à Paris (10e arr.). Il est le fils d’Henriette Augustine Dubus, herboriste et sage-femme de son époux Auguste Ernest Valbonnet, mécanicien.
En août 1892, Félix Valbonnet épouse à Paris (3e arr.) Juliette Joséphine Blanchard. Il poursuit et développe l’atelier de son père situé 54, rue Notre-Dame-de-Nazareth à Paris (3e arr.). Exerçant une activité de gravure de moules, notamment pour les pneus, Valbonnet est membre du comité de la Chambre syndicale des fabricants de pneumatiques lorsque, en mai 1905, elle accueille un représentant du groupe Peugeot.
Installé avec sa famille à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Château, dans le quartier de Polangis en 1899, Valbonnet va s’impliquer dans la vie locale.
Il prend part à la constitution du comité socialiste indépendant, initié par Théophile Leteuil et Eugène Hainsselin, qui est créé le 21 novembre 1907 en présence de 400 électeurs. Valbonnet est élu président du comité, qui prendra ensuite le nom de socialiste évolutionniste.
Lors des élections municipales de mai 1908, Valbonnet est candidat sur la liste de son comité. Il obtient 341 voix pour 1 188 suffrages exprimés (29%) sur 1 613 inscrits. Il n’est pas élu au second tour, sa liste n’emportant qu’un seul siège pour François Provin, tandis qu’un indépendant est désigné (Jean Baptiste Gripon, médecin) et que la majorité radicale-socialiste du maire Eugène Voisin récupère les 21 autres postes de conseillers municipaux. Les socialistes SFIO n’ont pas d’élu.
En 1909, Valbonnet se sépare de Leteuil dont il critique le comportement au sein de la caisse des écoles communales.
Après les inondations de janvier 1910, Valbonnet organise une quête au champ de courses de Vincennes et dans les cafés de Joinville. Un incident se produit quand un responsable du syndicat Cgt, Pataud, venu soutenir en février les grévistes de la société du Bi-Métal, critique cette quête mais doit sortir sous les huées des consommateurs.
Félix Léopold Valbonnet meurt le 28 août 1915 à Joinville. Il était père de trois enfants.
Pierre Victor Reclus naît le 30 septembre 1831 à Bergerac (Dordogne). Il est le fils de Marie Venencie et d’Antoine Tonin Reclus, coutelier.
Il vit à Paris où naît sa fille Henriette Clarisse Amélie quand il n’a que 15 ans. Il épouse sa mère, Virginie Louise Leroy, neuf ans plus tard en février 1856 à Paris (6e arr.).
Cette même année 1856, Victor Reclus, qui a ouvert une boutique d’horlogerie rue Dauphine à Paris (6e arr.), dépose en mars son premier brevet d’invention « pour un genre de compteur pour les voitures ». Il essaiera d’exploiter ce brevet, destiné aux fiacres des Petites-Voitures de Paris, mais sans grand succès semble-t-il.
Déménageant son atelier rue des Lavandières-Sainte-Opportune (1er arr.) en 1858 puis rue du Temple (4e arr.) en 1860, Reclus va déposer de nombreux autres brevets dans des domaines variés : en février 1857, pour un système de télégraphie aérienne ; en août 1858, pour un réveil-matin, etc.
La fabrique de Reclus est, après celle de Japy, une des plus conséquentes de Paris et emploie plusieurs dizaines d’employés. Les produits Reclus font l’objet de présentations techniques, parfois par lui-même, dans les revues professionnelles. Il siège également à plusieurs reprises au conseil de la Chambre syndicale de l'horlogerie.
En septembre 1869, Reclus s’associe aux ouvriers de sa fabrique qui organisent une pétition « pour les familles des victimes des mineurs de la Loire », la fusillade aux abords du puits Quentin, du hameau de Brûlé à la Ricamarie avait fait, le 16 juin, 14 morts lorsque la troupe avait tiré sur les familles qui essayaient d’empêcher l’arrestation des grévistes.
S’il reste toujours domicilié à Paris, comme nombre de personnes disposant d’une certaine aisance, il a acquis une résidence secondaire en banlieue. Il s’établit, à proximité des bords de Marne, dans le quartier nouvellement créé de Palissy à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est membre du bureau de bienfaisance de cette commune en 1868.
En janvier 1869, un décret nomme Pierre Victor Reclus en tant que conseiller municipal de Joinville en remplacement de Jean-Louis Ancelet, décédé, dans la municipalité dirigée par Auguste Courtin. Il est élu dans la même fonction lors des premières élections municipales suivant l’instauration de la troisième République, qui ont lieu les 25 et 28 septembre 1870. Auguste Courtin, conservateur, reste maire. Reclus ne siège plus dans l’assemblée élue en juillet 1871. La commune avait été fortement touchée par la guerre franco-prussienne, qui avait provoqué l’évacuation de la population, la destruction du pont entre les deux rives, la mort de plus de 2000 soldats sur les terrains entre Joinville et Champigny puis l’occupation pendant six mois par les troupes allemandes.
Reclus conservera un lien avec la commune, où son neveu, Georges Reclus, s’installe au début du 20e siècle en tant que boucher dans le même quartier de Palissy. Peut-être est-ce Victor Reclus qui participe, en septembre 1894 et comme secrétaire à l’assemblée générale d’une coopérative de consommation, La Populaire, présidée par le journaliste Henry Vaudémont. C’est également possible qu’il soit le Reclus qui participe, avec 260 autres souscripteurs, toujours dans son quartier, à une souscription « pour les affamés de Carmaux », en faveur des grévistes des verreries, lancée par la compagne de Vaudémont, Victoria Bès, et un militant radical-socialiste, Pierre Jules Tireau
Sous la troisième République, Victor Reclus continue le développement de son activité, en investissant notamment dans le domaine électrique, faisant breveter une pendule électrique. Il crée une marque (un Soleil, V.R.) qu’il appose sur ses modèles d’horlogerie et une autre pour les baromètres (R entouré d'un losange).
Attentif à mettre en avant ses ouvriers, il intervient à plusieurs reprises pour qu’ils reçoivent des médailles. Il appuie dès 1874, la fondation de l’école d'horlogerie de Paris. Reclus participe aux deux expositions universelles de Paris en 1878 et 1889. Lors de la première, il obtient deux médailles d'argent ; il est récompensé d’une médaille d'or à la seconde.
En 1890, l'horlogerie électrique de la maison V. Reclus est installée dans le nouveau Musée commercial de la Bourse de commerce de Paris. En 1896, ses horloges électriques sont présentées lors de l'exposition de la Société internationale des électriciens.
On retrouve en 1897 Victor Reclus en tant que membre du comité d'admission de l'Exposition universelle de 1900 à Paris pour la classe 25 (éclairage électrique).
Il continue son travail d’inventeur, avec en 1887 un brevet pour une pendule à remontoir électrique, avec distribution électrique de l'heure et de la sonnerie ; puis en 1899 pour une table à projections lumineuses et à variations de couleurs fonctionnant par déclenchement monétaire, et la même année, un autre pour une table à images et à réclames mobiles.
S’il l’avait quitté adolescent, Reclus conservait un attachement à sa Dordogne natale. Son épouse décède en septembre 1884 dans la commune de Prigonrieux, proche de Bergerac, où il acquiert un château dans le hameau de Nébouts. Il s’y installe lui-même vers 1905 et y poursuit, au moins un temps son activité d’horlogerie.
Il est signalé comme y résidant toujours en 1920, alors qu’il avait atteint 89 ans. Par contre, il n’y réside plus en 1926. La date de son décès n’est pas connue.
Pierre Emmanuel Laforest naît le 31 juillet 1860 à Diou (Allier). Il est le fils de Pauline Barnabé et de son époux Joseph Laforest, forgeron.
Vivant boulevard Saint-Michel à Paris, travaillant comme employé de commerce, il épouse Léontine Augustine Guiot en août 1885 à Paris (3e arr.). Il va s’associer avec son beau-père, Jean-Baptiste Guiot, fabricant de peignes, dont il partage le domicile d’abord à Paris puis dans le quartier de Polangis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). La fabrique est installée dans le même quartier, mais dans la commune de Champigny-sur-Marne.
Polangis est une nouvelle zone d’habitation, apparue après le lotissement du parc du château à partir de 1883.
En septembre 1895, Laforest participe, avec plus d’une centaine de personnes du quartier de La Fourchette (à cheval sur Champigny et Joinville) à une collecte « pour les affamés de Carmaux », de solidarité avec les mineurs en grève, lancée par Henry Vaudémont et le journal radical Voix des communes.
Son beau-père siège au conseil municipal de Joinville de 1892 à 1900. Laforest se présente lui aussi sur la liste radicale-socialiste du maire Eugène Voisin en mai 1904. Face à une liste de droite, conduite par Honoré Moulinet, qui recueille 31,9% des suffrages exprimés et aura un siège, et une liste socialiste (Henri Lacroix,Émile Lebègue) qui obtient 14,9%, les radicaux-socialistes remportent 22 sièges sur 23 (50,2%). Laforest est élu dès le premier tour avec 560 voix sur 1 119 pour 1 363 inscrits.
Les colistiers d’Eugène Voisin fustigeaient l’apolitisme affiché de la « coalition réactionnaire », assurant que leur mot d’ordre « pas de politique ! » voulait dire « pas de politique républicaine ». Ils dénonçaient « le nationalisme, le cléricalisme et la réaction » se cachant derrière le programme de leurs adversaires et affichaient leurs « sentiments démocratiques » et leur fidélité au « vieux programme républicain ». L’ancien député radical Jules Ferdinand Baulard commentait le résultat de la façon suivante : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause. »
Membre du comité radical-socialiste, Laforest est désigné comme électeur sénatorial en décembre 1904. Il ne se représente pas en 1908.
Ses beaux-parents, Jean-Baptiste et Catherine Guiot avaient cédé la fabrique de peignes de Champigny, en août 1906, à son épouse et à lui-même. Ils s’y installent vers cette date et ne semblent pas avoir eu d’enfants.
Pierre Emmanuel Laforest meurt le 9 septembre 1916 à Champigny. Il est enterré à Joinville. dans une note nécrologique, le journal radical Voix des communes le présente comme un « homme de bien qui ne se connaissait aucun ennemi ni aucun adversaire ». Il précise qu’il était libre-penseur et membre du Cercle de Joinville, structure « autour du billard duquel les élections municipales ont la réputation de se faire ». La cérémonie funéraire, malgré la période de guerre, rassemble nombre d’anciens conseillers municipaux et industriels. Il était âgé de 56 ans.
Pierre Guelpa – qui utilisera le prénom de Paul – naît le 22 décembre 1872 à Saint-Julien-en-Jarez, dans la Loire. Ses parents sont Marie Côte et son mari Charles Guelpa, plâtrier. Le père, est mentionné comme « disparu, sans domicile connu » en 1904.
Représentant de commerce, Paul Guelpa est domicilié à Neuilly-sur-Seine (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il épouse en avril 1904 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Alice Cathy et s’installe dans cette dernière commune. Ils vivent séparés en 1908, leurs deux enfants résidant avec la mère dans le quartier de Polangis ; ils divorceront en décembre 1913.
Dans sa nouvelle commune, Guelpa va jouer un rôle significatif, sur le plan politique comme dans la vie sociale. En décembre 1907, il est chargé d’une mission pour résoudre un conflit entre deux médecins, les Dr Gripon et Vallat, ce dernier conseiller municipal, rivaux pour l’obtention d’un poste de médecin scolaire.
En mai 1908, Guelpa est élu conseiller municipal sur la liste du comité radical-socialiste, conduite par le maire sortant, Eugène Voisin. Elle s’oppose à une liste du comité socialiste évolutionniste, regroupement hétéroclite de libéraux et de socialistes dissidents, ainsi qu’à une liste incomplète de socialistes SFIO ; le Dr Gripon, candidat isolé, et Provin sur la liste évolutionniste seront les seuls opposants à être élus. La liste radicale obtient 65% des suffrages exprimés, les socialistes évolutionnistes 28%, les socialistes SFIO 4,7% et le Dr Gripon 2,3%. Guelpa recueille 506 voix sur 1 319 inscrits, un niveau inférieur à celui des conseillers sortants, mais il est élu au second tour.
Au sein de l’assemblée communale, Guelpa a une place importante. Il est électeur sénatorial à plusieurs reprises, en janvier 1909 puis en mars 1912. Il s’oppose en 1909 au principal animateur radical, Louis Rey, en plaidant pour une conception plus ouverte du compte-rendu de mandat aux électeurs.
Il exerce également un rôle politique national en tant que membre, à partir de 1909, du comité exécutif du parti radical-socialiste. Il siège cette année là à la commission de l'organisation du congrès. Guelpa donne en janvier 1910 une conférence sur « l'école laïque et les évêques » au siège du parti. Il exerce cette fonction jusqu’en 1912. Il est membre de la Fédération radicale et radicale-socialiste de la Seine.
La proximité de Guelpa avec les autorités radicales explique sans doute ses décorations : les Palmes académiques comme officier d’académie en 1908, le Mérite agricole pour « divers travaux sur la sériciculture » en 1910.
À Joinville, Guelpa s’implique également dans la vie locale. Il organise des fêtes estivales en 1908, mais l’hebdomadaire radical Voix des communes estime qu’elles « n’étaient pas réussies ». Il est également président de la société athlétique de Joinville.
Guelpa décide, pour des raisons professionnelles, de quitter la France pour Bilbao (Espagne). Le dîner d'adieux organisé en mars 1912 à la Taverne Pistor à Paris est un évènement dont parlent plusieurs journaux, notamment le quotidien Le Radical. Il avait fondé avec Albert Viney et Pierre Chaffard-Lucon, fin 1910, la Société minière de Villarréal et Salinas pour l’exploitation de mines de fer en Alava.
Le départ, présenté comme définitif, va cependant être rapidement être succédé par un retour pour des raisons militaires, Guelpa étant mobilisé pendant la première guerre mondiale, tout d’abord comme adjudant au 81e régiment d’artillerie lourde. En mars 1916, il devient officier d'administration de 3e classe au sein du génie de l’armée territoriale dans l’aéronautique militaire. Il est promu dans la même arme à la 2e classe en mars 1918.
Après-guerre, Guelpa reste dans l’armée, affecté au 4e bureau du sous-secrétariat d'Etat à l'aéronautique. Il est décoré à ce titre comme chevalier de la Légion d’honneur en janvier 1919. Basculé dans la réserve en 1920, Guelpa est rayé des cadres de l’armée et admis à l’honorariat en février 1923.
Cependant, il est réintégré en juin 1929 et affecté au service général du ravitaillement en matériel d'aéronautique. Il est promu capitaine en juillet 1930 et était toujours en activité en avril 1934, âgé de 62 ans.
Paul Guelpa s’était remarié en juin 1920 avec Alice Marie Céleste Héloïse Bidault à Paris (18e arr.). La date de son décès n’est pas connue.
François Ignace Gloess naît le 6 juin 1850 à Kientzheim (Haut-Rhin). Il est le fils d’un receveur buraliste des contributions indirectes et débitant de tabac, Joseph Gloess, et de son épouse, Anne Marie Spery.
Après que l’Alsace soit devenue allemande, Gloess opte pour la nationalité française. Il crée une usine de cartonnage en août 1891 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue de Paris, à la limite de la commune de Saint-Maur-des-Fossés et attenante au parc du Parangon. La Papeterie Gloess, qui est aussi une imprimerie, subit un incendie dans la nuit du 5 au 6 janvier 1911, qui provoque des dégâts considérables.
Adhérent de la Chambre syndicale du papier depuis 1902, Gloess devient membre du conseil syndical en 1911 et est réélu pour trois ans en 1913.
Gloess est candidat lors élections municipales de mai 1904 sur une liste nationaliste et conservatrice, opposée à la municipalité radicale-socialiste sortante et à quelques candidats socialistes (Lebègue, Lacroix). Sa liste obtiendra un élu sur 23 (Moulinet), les radicaux-socialistes d’Eugène Voisin remportant les 22 autres. Gloess recueille 325 voix pour 1119 votants sur 1363 inscrits, soit 29,0% ; il est le 15e des 23 impétrants de sa liste, et le 38e des 53 candidats.
Peut-être est-ce lui le Gloess qui participe, en 1911 au Comité républicain, une des organisations membre de la Fédération du parti radical-socialiste pour la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Seine). Le comité est basé à Saint-Maur.
En décembre 1919, Gloess est élu conseiller municipal sur la liste d’Henri Vel-Durand, qui rassemble des radicaux dissidents, des radicaux-socialistes et des socialistes indépendants. Elle remporte les 23 sièges à pourvoir, face à un groupement libéral (Beauvais) et au parti socialiste SFIO (Laruelle).
François Ignace Gloess, après le décès de sa première épouse Anne Marie Kugel en octobre 1916, se remarie en janvier 1923 à Paris avec Élise Marie Cécile Maury.
Il meurt à Paris le 8 janvier 1927, à l’âge de 76 ans.
Comme tous les coopérateurs de la Société des lunetiers, Videpied va acquérir une certaine aisance, qui le conduit à devenir propriétaire de la villa Palissy, sur la rive gauche de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), sans doute vers 1882 ou 1883, après la fin de son mandat de gérant. Deux autres Joinvillais sont liés à la Société des lunetiers : François Blaize (1824-1900), fondateur de la coopérative, conseiller municipal de Joinville (1878-1896) ; Pierre Jules Tireau (1827-1900), militant radical-socialiste et libre-penseur à Joinville.
C’est à Joinville que Videpied va dorénavant mener une activité politique, même s’il ne semble y résider qu’une partie de l’année d’abord allée des Ormes (future rue Charles Floquet) puis quai Moisson (devenu ensuite quai Gabriel-Péri), toujours dans le quartier de Palissy.
En juillet 1885, le comité électoral de Joinville-le-Pont élit quatre délégués : trois conseillers municipaux (Alphonse Demeestère, président, Baulard et Fénelon Delobel) ainsi que Videpied. Le 11 septembre, ce comité décide d'adhérer au programme du comité départemental radical-socialiste de la Seine. C’est sans doute la première affiliation officielle d’un groupement communal à une instance politique.
Au cours d’une réunion tenue début décembre 1885 chez Demeestère, 19 personnes créent, en vue des élections législatives complémentaires 13 et 27 décembre 1885, une commission chargée élaborer un projet de statuts pour un comité de la Ligue républicaine de Joinville. Videpied est désigné comme président, Baulard, vice-président, Demeestère, secrétaire ; les autres membres sont Honoré Jullien, Eugin Thime et Louis Vaudey. Le projet ne semble pas avoir eu de suite.
C’est lors de la préparation des élections municipales à Joinville que Videpied va reprendre un rôle actif. Avec son collègue de la Société des lunetiers, Tireau, Vaudey et le journaliste Henry Vaudémont, ils constituent un comité d’initiative qui convie les électeurs à compte aux conseillers sortants de la façon dont ils ont rempli leur mandat. Une réunion publique est convoquée le 11 avril, mais seuls quatre des conseillers municipaux sortants acceptent d’y participer, devant environ 250 électeurs ; Videpied préside la réunion, à laquelle se sont associés – outre les radicaux-socialistes – quelques personnes plus à gauche, comme le socialiste-révolutionnaire Gustave Charton. Un comité est élu pour présenter des candidatures pour les prochaines élections, et Videpied est un des dix membres. Ce comité se réunit, toujours sous la présidence de Videpied, et décide de combattre la majorité des conseillers sortants. Le 2 mai, en présence de 300 électeurs, il présente le programme et la liste du comité électoral républicain radical-socialiste s’oppose le 5 mai à celle du maire sortant, le républicain modéré Gabriel Pinson ; elle est conduite par Demeestère et Videpied y figure en septième position. Contrairement à Blaize, présent sur la liste Pinson, Videpied n’est pas élu. Les radicaux-socialistes n’obtiennent que trois sièges sur 23 (Diot, Demeestère et Vaudey).
À l’occasion d’une élection législative partielle le 27 janvier 1889, les groupements républicains décident d’opposer la candidature de Jacques à celle du général Boulanger. Videpied est avec Boguet, Thiébault et Leroux l’un des organisateurs d’une réunion publique le 26 janvier à Joinville, qui adopte un ordre du jour « amour de la liberté et haine du césarisme ». Il participe également à une souscription publique en faveur de Jacques. Boulanger emporte l’élection avec 56,3% des suffrages exprimés dans l’ensemble du département de la Seine, tandis que Jacques en recueille 37,5%. Il fait un score un peu meilleur à Joinville, avec 46,1%, contre 53,4% à Boulanger
Le contexte politique local va évoluer, avec le remplacement en juillet 1888 de Gabriel Pinson, décédé, par Eugène Voisin, qui va se rapprocher des radicaux, lesquels font élire trois des leurs lors d’un scrutin partiel en mars 1890.
En mars 1889, un groupe de citoyen prend l’initiative de former un comité communal anti-plébiscitaire à Joinville comme il s’en est formé dans la plupart des communes de la Seine. Demeestère, Baulard, Vaudey, Aristide Camus, Vaudémont et Videpied en font partie. Ils seront actifs pendant la campagne des élections législatives générales qui vont voir, pour la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (correspondant au canton de Charenton), la victoire de Jules Ferdinand Baulard, ancien conseiller municipal de Joinville et conseiller général du canton, sur le boulangiste Guillaume Silvy.
Lors d’une nouvelle réunion publique en novembre 1890, toujours organisée par Videpied avec Varin, Tireau et son fils, trois radicaux-socialistes sont de nouveau les seuls à rendre compte de leur mandat, mais deux autres sont excusés et cinq sont présents dans la salle.
Dans le débat public, Videpied plaide pour le quartier de Palissy qu’il habite, écrivant dans une lettre du 31 mai 1891 que, « Passé le pont, là est l’avenir de Joinville ». Le destinataire du courrier, le journaliste Henry Vaudémont, théorise lui aussi l’opposition entre l’ancien (sur la rive droite) et le nouveau Joinville.
Videpied fait campagne en 1893 pour la réélection de Baulard. Il présente un ordre du jour de confiance à son égard lors d’une réunion publique à Joinville en octobre 1894. Sa dernière intervention publique connue est la présidence, le 23 avril 1896, d’une réunion de compte-rendu de mandat préparatoire aux élections municipales de mai. Il est entouré d’Allard, Guichard et Baudon.
Eugène Videpied meurt le 4 avril 1900 à Paris (7e arr.). Il était domicilié 65, bd Beaumarchais et âgé de 65 ans.
Charles Eugène Videpied naît le 16 septembre 1834 à Paris. Il est le fils de Marie Magdeleine Jeanne Vigneron et de son époux Louis Claude Videpied, chaudronnier. Il vit dans une famille républicaine : son père est inculpé devant une commission militaire après l’insurrection ouvrière de juin 1848 ; sa tante paternelle, Marie-Thérèse Cellier, est actionnaire de de la Société du 15 juin 1840 « pour la propagation et pour la réalisation de la théorie de Fourier ».
S’il est sans doute trop jeune pour prendre part aux activités révolutionnaires en 1848, Eugène Videpied va se lier avec des acteurs du mouvement social et politique ouvrier. Devenu lunetier, il rejoint une coopérative fondée en 1849, la Société des lunetiers (ancêtre d’Essilor). En janvier 1864, il devient, suite à la démission d’Henri Béry, un des trois gérants, au côté de Simon-François Delabre et d’Onésime Nicolas Muneaux. Les héritiers de l'Association fraternelle des ouvriers lunetiers qui étaient nourris par les écrits de Saint-Simon, Fourier, de Proudhon, et surtout ceux du journal l'Atelier. Il continue à exercer cette fonction jusqu’après 1881. Suivant l’usage, la coopérative qui compte en 1864 24 coopérateurs, prend le nom de Société industrielle et commerciale des ouvriers lunettiers Delabre, Muneaux, Videpied et Cie. Au fur et à mesure des changements de gérants, elle deviendra Muneaux, Videpied, Trumet ; Muneaux, Videpied, Delafond ; Muneaux, Videpied, Okermans ; et enfin en 1881 Videpied, Okermans, Poircuitte.
Agathe Maillot, lingère, avait épousé Eugène Videpied en mars 1861 à Paris (3e arr.). Ils résidaient rue Caffarelli.
Dès la fin de l’empire, Videpied prend des positions publiques. Avec 26 autres membres de la Société des lunetiers, il participe pendant le siège de Paris en octobre 1870 à une souscription « destinée à offrir une batterie de canons à la République. »
Courant octobre 1873, environ 150 entrepreneurs du 3e arrondissement de Paris signent une déclaration communiquée aux députés de la Seine dans laquelle ils se disent « Profondément inquiétés et troublés dans nos affaires et dans notre travail par les intrigues incessantes des agitateurs politiques qui se proposent de restaurer la monarchie, profondément convaincus que cette restauration amènerait de nouvelles et effroyables révolutions et désireux d'épargner à la France les malheurs qui en seraient la conséquence, nous protestons énergiquement centre toute tentative de restauration monarchique ; nous affirmons notre dévouement à la République, dont le maintien peut seul assurer au pays le repos et la sécurité. Nous espérons que nos députés, les députés de la Seine, d'accord avec M. Thiers, l'homme d'État illustre qui a donné tant de gages de clairvoyance, de dévouement et de patriotisme, sauront conjurer, les malheurs que nous redoutons, et feront sortir la République plus vivante et plus robuste de l'épreuve qu'elle traverse. »
Parmi les signataires on compte, outre Videpied, Delafond, autre gérant de la Société des lunetiers et Jules Ferdinand Baulard, fabricant de glaces, futur conseiller municipal de Joinville-le-Pont, conseiller général de Charenton-le-Pont et député de la Seine (radical-socialiste).
Charles Antoine Marie Rivoal naît le 27 février 1875 à Paris (12e arr.). Il est le cadet des huit enfants d’Ernestine Marie Eugénie Le Doux et de son mari, Mathurin Nicolas Rivoal.
Le père, ancien notaire à Ploudalmézeau (Finistère) entre au moins 1859 et juin 1874est alors en cavale. Vingt de ses propriétés dans les communes finistériennes de Ploudalmézeau, Lampaul, Saint-Pabu, et Landunvez sont vendues par adjudication en janvier 1875 suite à un jugement du tribunal civil de Brest, daté du 9 décembre 1874, le condamnant à rembourser un ancien cultivateur de sa ville d’exercice. Mathurin Nicolas Rivoal est alors mentionné comme « sans résidence connue ». Au plan pénal, il est condamné par contumace par la cour d’assises du Finistère en 1875 et écroué en novembre de la même année. Lors d’un nouveau procès, en février 1876, la cour d’assises du Finistère, qui lui accorde des circonstances atténuantes, le condamne à quatre ans de prison, étant reconnu coupable d'avoir commis, en moins de dix ans, 97 abus de confiance et 20 faux, laissant un déficit de 120 000 francs. L’ancien notaire meurt en mai 1878 à Paris (12e arr.).
En novembre 1899, Charles Rivoal, ingénieur, et Élisa Virginie Bentz se marient, toujours dans le même arrondissement parisien. En octobre de la même année, il avait créé une société de fabrication de ressorts à Paris, qui fonctionne d’abord boulevard de Belleville puis rue des Montiboeufs (20e arr.). Il la revend en 1912 à son associé, Pierre Julien Almire Cadeau, ingénieur des arts et manufactures.
En 1902, Charles Rivoal fonde une nouvelle société, qui exploite des usines à Saint-Martin-d'Ablois (Marne) et à Paris (rue Ordener, 18e arr.). L’entreprise produit pendant la guerre des piles sèches pour lampes de poche, sous la marque Nina, présentées comme « éclaireur de tranchées ». Après-guerre, la société fait du décolletage puis de la galvanoplastie. Déclarée en faillite en avril 1924, l’affaire est résolue par un règlement transactionnel et Charles Rivoal est devenu confectionneur de faux-cols toujours à Saint-Martin-d'Ablois (Marne) et à Paris (rue des Boulets, 11e arr.). Ses bureaux sont rue de Paradis (Paris, 10e arr.).
S’il réside à Paris, Charles Rivoal a des liens fréquents avec Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il possède peut-être une résidence secondaire et où son frère aîné, Étienne, vit et siège au conseil municipal (1919-1925). En 1903, Charles Rivoal est à l’origine d’une des premiers accidents dus à un véhicule automobile mentionné dans la commune.
Venant d’acquérir une automobile, Rivoal conduit pour la première fois. Dans la côte des Corbeaux, qui rejoint le passage à niveau, il fait un mouvement brusque, monte sur le trottoir et roule sur une passante, qui a la jambe cassée, blessant également un enfant de quatre ans qu’elle promenait. Ni Rivoal ni l’ingénieur qui l’accompagnait n’avaient de permis de conduire ; l’obligation d’avoir un certificat de capacité avait été créée par le préfet de la Seine en 1893, avant d’être généralisée par décret en 1899. Ce sont les constructeurs qui délivraient le certificat. En son absence, Rivoal est poursuivi en justice par le commissaire de police. Au moins cinq grands quotidiens nationaux évoquent cet accident encore rare.
En mars 1912, Charles Rivoal participe au dîner d'adieux de Paul Guelpa, conseiller municipal de Joinville-le-Pont, organisé par la Fédération radicale et radicale-socialiste de la Seine, nommé consul de France à Bilbao. En septembre 1916, il est aux côtés de notables joinvillais pour l’enterrement de Pierre Emmanuel Laforest, industriel, ancien membre du conseil municipal.
Charles Antoine Marie Rivoal meurt le 26 septembre 1949 à Paris (15e arr.) et son décès est transcrit sur l’état-civil de Joinville.
Georges Lorry naît le 22 février 1897 à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Il a pour parents Marie Alexandrine Cretté et son époux, Henri Lorry, alors représentant de commerce, plus tard industriel, chansonnier et écrivain.
Alors sous-lieutenant au 168e Régiment d’infanterie, il épouse Marie Eugénie Vidal juste avant la fin du conflit le 29 octobre 1918 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il réside. La cérémonie religieuse a lieu en l'église Sainte-Anne de Polangis. Le marié était décoré de la Croix de guerre. Engagé volontaire en 1917, il avait été cité à l'ordre du corps d'armée en 1917 en tant que « chef de section d'une bravoure exemplaire ». Après-guerre, il est capitaine de réserve dans un régiment de sapeurs-pompiers. Fait chevalier de la Légion d’honneur en 1921, le Journal officiel mentionne qu’il « a gagné au front les galons d’officier par sa bravoure et son énergie. Toujours volontaire pour les missions périlleuses. A été cinq fois cité à l’ordre et une fois blessé. »
En 1921, il est directeur de la maison Lorry, située 372, rue Saint-Honoré à Paris, qui fait commerce de vêtements et articles de mode. Il est industriel en 1943.
Président fondateur d’un cercle d’escrime en 1923, Lorry prend part aux festivités des quartiers de Palissy et Polangis en 1924. Il en est toujours le responsable en 1934.
Lors des élections municipales de mai 1929, Lorry figure sur la liste de concentration républicaine conduite par le maire sortant, Stephen Durande, qui obtient cinq postes sur les 27 à pourvoir. Lorry n’est pas élu ; il recueille 925 voix pour 2126 suffrages exprimés (43,5%) au premier tour.
En novembre 1932, Lorry est membre du bureau du Comité d’union républicaine et d’action sociale de Joinville (droite), présidé par Émile Lecuirot. Il rejoint l’Union des républicains, qui remporte le scrutin municipal de mai 1935 avec 25 des 27 sièges à pourvoir. Léon Lesestre devient maire et Lorry siège au conseil municipal. Il a obtenu 922 suffrages pour 2856 exprimés (32,2%) et 3433 inscrits au premier tour.
Lorry ne figure pas dans la municipalité nommée par arrêté préfectoral du 20 février 1942.
Son nom a été cité en lien avec l'affaire de la Cagoule. Il figure dans le livre de Joseph Désert, Toute la vérité sur l'affaire de la Cagoule, sous la mention suivante : « Lorry Georges 95 A. 12e R. 35, av. du Bac, Joinville ». La Cagoule est une organisation secrète d'action révolutionnaire nationale, un groupe terroriste d'extrême droite, actif dans les années 1930 en France et dirigé par Eugène Deloncle.
Georges Lorry trépasse le 31 mai 1943 à Joinville, à l’âge de 46 ans. Il avait eu en 1926 deux filles jumelles.
Pierre Anselme Lorry naît le 15 février 1891 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Marie Alexandrine Cretté et de son époux, Henri Lorry, alors représentant de commerce, plus tard industriel, chansonnier et écrivain.
Marié pendant la première guerre mondiale avec Renée Wahl, en juillet 1916 à Paris (11e arr.), il sera, comme son père, directeur d’une fabrique de matériel électrique.
Administrateur de la société de secours mutuels la Mutualité scolaire de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il est décoré en 1938 des palmes académiques comme officier d’académie, pour « services rendus aux œuvres post-scolaires. »
Anselme Lorry meurt le 7 juillet 1960 à Paris (17e arr.). Il était âgé de 69 ans et avait eu un fils, décédé en 1926 à l’âge de 9 ans.