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11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 00:01

Nicolas Mathieu Bonnor naît le 4 novembre 1809 à Sainte-Colombe (act. Sainte-Colombe-sur-Seine, Côte-d'Or). Il est le fils de Nicole Malgras et de son époux Nicolas Bonnor, probablement employé des forges de Sainte-Colombe. Lui-même est employé à partir de 11 ans dans les forges, comme goujat (apprenti), il devint ensuite puddleur, c'est-à-dire directeur d'un four pour l'affinage de la fonte. En novembre 1832, lamineur dans les mêmes forges, il épouse Françoise Zoé Degrond, dont le père est également commis à la forge.

Selon Mgr Justin Fèvre, historien de la Haute-Marne, « Mathieu était l'ouvrier supérieur, le forgeron de génie qui possède d'instinct ou qui devine par expérience tous les mystères du métier ». En 1834, il est contremaître puis en 1838, sous-directeur. Il quitte la Côte-d'Or pour les forges de Basse-Indre, en Loire-Inférieure (act. Loire-Atlantique) en 1848, où se retrouvent également son frère cadet Julien et un cousin, Louis, également métallurgistes.

Les forges Marmont à Sainte-Colombe

Au début du second Empire, Bonnor retourne dans l’Est de la France, à Saint-Dizier où il installe la forge anglaise de la société Adma, Huin et Cie. Il est ensuite embauché dans l’importante usine de Jules Rozet, au Clos-Mortier, toujours à Saint-Dizier et y installe des trains de laminoirs. Il fonde la société Bonnor frères et Cie et devient dès lors maître de forges en 1855.

Tout en conservant son installation de Saint-Dizier, il s’installe l’année suivante à Eurville (act. Eurville-Bienville), autre pôle important du département. Il équipe son usine de deux hauts-fourneaux, des fours à puddler, une forge anglaise et un laminoir, lui permettant de se spécialiser dans les petits fers ronds, dont il produisait 15 000 tonnes par an. Fort rentables, ces produits servaient notamment à la tréfilerie, pour les chaîne et pour les fils télégraphiques. S’associant avec la famille de sa mère, la société gérant le site de Saint-Dizier prend le nom de Bonnor, Malgras & Cie en 1858. Celle d’Eurville est connue sous le nom de Bonnor, Degrond et Cie, ses beaux-parents étant impliqués dans son capital. Mathieu Bonnor se présentera fréquemment sous le patronyme de « Bonnor-Degrond. »

Un brevet d’invention est déposé en avril 1860 en France par Bonnor, pour un « procédé de laminage économique du fer et autres matières ». La même invention est également protégée au Royaume-Uni.

En 1863, les frères Bonnor cèdent la fabrication de chaînes de leurs ateliers de Saint-Dizier mais implantent une tréfilerie à Chancenay, en association avec Jobard. Son frère monte une usine à Donjeux (Haute-Marne).

L'Exposition nationale de Chaumont en 1865 apporte la consécration à Bonnor, qui est décoré de la Légion d'Honneur. En juillet, il forme avec les principaux producteurs de machine ou ronds de tréfilerie et par les fabricants de fils de fer un comité où il siège aux côtés de et MM. de Wendel, Denille et Daumont. Il a pour objectif d’assurer des prix plus rémunérateurs.

Associé en 1866 avec les frères Jamin, des négociants de Paris et le baron Louis de Valsuzenay, Mathieu Bonnor se retire en 1867 de ses affaires d’Eurville ; il avait été condamné, en février, parce qu’un de ses ouvriers avait fait exploser par erreur un obus livré dans un lot de fonte, ce qui provoqua la mort d’un ouvrier. Il est appelé en région parisienne, où il réorganise les forges de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et d'Aubervilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Son activité à Saint-Dizier se poursuit et Bonnor obtient, en 1869, le raccordement de ses usines à la voie de chemin de fer locale.

Pour l’exploitation des forges de Saint-Maur à Joinville-le-Pont, Mathieu Bonnor s’associe avec le propriétaire, Alphonse Pilté et fonde en 1871 Bonnor, Pilté et Cie, spécialisée dans les fers laminés à base de riblon, venu généralement de Haute-Marne. Il se retire en 1872 de son association, reprise par Pilté.

Condamné pour homicide par imprudence à 100 francs d'amende et 1 200 fr. de dommages-intérêts en novembre 1873, Bonnor se voit personnellement placé en faillite en juillet 1874. Il réside alors rue du Faubourg Saint-Martin, à Paris (10e arr.). L’activité de Saint-Dizier n’est pas concernée. Pour tenter de se remettre sur pieds financièrement, Bonnor se rend dans le Tarn-et-Garonne. Cependant, malade, il revient à Paris. L’historien Philippe Delorme remarque que « doué pour la fabrication, Mathieu Bonnor le fut en effet beaucoup moins pour la gestion. »

Mathieu Bonnor meurt le 10 mars 1876 à Paris (10e arr.). Il était âgé de 68 ans et avait eu une fille. Selon Justin Fèvre « On ramène son corps à Saint-Dizier où ses anciens élèves et les ouvriers de la contrée lui font des funérailles comme on en fait aux princes ». Pour Ph. Delorme, « il symbolisait pour la population un exemple de réussite sociale » ; il remarquait « qu’à travers une telle réussite devenait pour la première fois visible publiquement l’importance sociale et économique du travail ouvrier. »

Bonnor est inhumé dans sa ville natale, Sainte-Colombe, où il était domicilié.

Un blog, Sagadesbonnor, a fonctionné entre février et avril 2011, publiant dix articles sur la famille, dont un en partie consacré à Mathieu Bonnor et intitulé L'ascenseur social n'était pas en panne. Une voie de la commune de Saint-Dizier (Haute-Marne) porte son nom, la rue Mathieu-Bonnor.

Plaque de rue de Saint-Dizier

 

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