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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 00:09

Le second signataire du cahier de doléances de La Varenne-Saint-Maur en 1789 est nommé « Buchot » sur le manuscrit de ce document. Plusieurs Buchot sont identifiés dans la presqu'île.

Pierre Nicolas Buchot, né en 1748, épouse Marie Louise Adélaïde Paquet en 1770 et a avec elle 5 enfants à Saint-Maur jusqu’en 1782, dernière mention de sa famille sur les registres paroissiaux. Il est peu probable qu’il soit le signataire du cahier.

Son fils Pierre (1770-1840), capitaine de dragons, décoré de la Légion d’honneur, ne semble pas avoir résidé à Saint-Maur après son adolescence ; son âge en avril 1789 (18 ans) rend de toute manière improbable qu’il ait pu signer le cahier de doléances.

Le plus vraisemblable est que le signataire soit Jean Buchot (ou Beuchot), frère de Pierre Nicolas. Il est sans doute le fils de Jean Buchot et Marie Louise, née Mouillon. Il naît vers 1740 et épouse Marie Anne Talon avec laquelle il aura dix enfants entre 1767 et 1785, dont huit sont encore vivants à la Révolution.

En 1772, Jean Buchot, qui est présenté comme journalier, est témoin lors d’un procès intenté par les passeurs officiels du port de Créteil, Louis et Jean Richard, contre un marchand de fer et de charbon du même hameau, Desjardin, qui fait traverser la Marne à un quidam et aurait injurié la femme Richard. Il se peut donc qu’il réside dans ce hameau, même si on n’en trouve pas mention dans les registres paroissiaux.

En 1789, au moment de la rédaction du cahier de doléances, il a 49 ans.

Jean Buchot, pas plus qu’aucun autre membre de sa famille, ne joue de rôle dans les municipalités constituées à partir de 1790. Il meurt le 9 pluviôse an VII (29/01/1799) à Saint-Maur-des-Fossés (la commune étant unifie depuis 1791).

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27 juillet 2014 7 27 /07 /juillet /2014 01:05
Anaïs Marcelli, Musée poétique
Anaïs Marcelli, Musée poétique

Si Proust l’avait connue, il se serait sans doute inspiré de son personnage. Il y a en effet dans la vie d’Anaïs Pilté beaucoup des éléments qui en auraient fait un modèle de Mme Verdurin. Mais elle est morte à l’âge où Marcel se promenait encore dans les jardins de Combray.

Née à Paris en 1809 sous le nom d’Anne Laure Joséphine Hurel, elle épouse en 1836 Pierre Perrière-Pilté, qui a l’intuition d’investir dans le gaz, première énergie utilisée pour l’éclairage en ville au 19e siècle. Directeur de la Compagnie pour l'éclairage de Paris par le gaz, il couvre la capitale de becs-de-gaz, quand elle commence à s’illuminer. Il acquiert ainsi une fortune, considérable, qu’il entame à peine en investissant dans une salle de spectacle, le théâtre du Vaudeville.

Celle qui se fait désormais appeler Anaïs, a le goût des arts. Après avoir donné naissance à cinq enfants, elle perd son mari en 1853, quand l’aîné n’a que 17 ans. Elle hérite des parts de sociales dont disposait l’ancien industriel dans les sociétés gazières, et décide de vivre de leurs rentes sans interférer dans la gestion des entreprises.

Son grand-œuvre va être l’ouverture d’un salon, dans les deux hôtels particuliers rue Madame (jusqu’en 1867) puis au 57, rue de Babylone à Paris. Ce dernier immeuble est, actuellement, l’un des principaux sièges du conseil régional d’Île-de-France.

La presse de l’époque fait échos aux fêtes fastueuses. En 1867, pour le dernier bal costumé dans son hôtel de la rue Madame, elle se présente en costume d'Amphitrite, saupoudré de superbes diamants. En 1869, dans le nouvel hôtel de la rue de Babylone, le rédacteur du Figaro s’étonne : « tout est éclairé au gaz, même sa chambre à coucher ». Par contre, le même publiciste s’inquiète des vasques en marbre blanc destinées à recevoir des jets d'eau lancés par des lions placés en haut de miroirs : « Pourvu que ces jets soient sérieux. Je ne les admets que difficilement ». La maîtresse de maison est déguisée en Catherine de Médicis, (velours tulle et satin noir à crevés). On dîne fort bien, la haute-société est là et on joue une pièce de théâtre. Mais, déplore le journaliste, « on a chanté aussi. Hélas ! »

Anaïs est devenue comtesse Pilté, depuis que, cette même année 1869, le pape Pie IX a octroyé un titre de noblesse pontificale à sa famille.

À côté des grandes réceptions, il y avait aussi les petits jours de l'hôtel Pilté. Ils avaient lieu le lundi et offraient l’intérêt d'y rencontrer « un certain nombre de gens très occupés à faire leur chemin dans le monde » selon le chroniqueur des salons parisiens, James de Chambrier.

Son hôtel particulier comprend une salle de spectacle, où se produisent les premiers chanteurs de l'Opéra et les pensionnaires de la Comédie-Française.

Elle y fait jouer des pièces de répertoire, mais surtout ses propres œuvres, qu’elle signe d’un pseudonyme, Anaïs Marcelli. Il s’agit de poésie, de théâtre, et principalement de pièces lyriques, opérettes et opéras-comiques.

Ses travaux personnels étant « particulièrement goûtés » par ses visiteurs, la comtesse les fait représenter sur de grandes scènes. Son opéra-comique en un acte, Le Sorcier est à l’affiche Théâtre du Châtelet en juin 1866, puis, deux ans plus tard au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Un autre opéra-comique, Jaloux de soi, est créé au théâtre parisien de l’Athénée en juin 1873. Une comédie, Le Talon d'Achille, est programmée au Théâtre-Ventadour, toujours à Paris, en mai 1875.

Les œuvres artistiques ne convainquent pas les spécialistes. Pour le critique musical Arthur Pougin, les œuvres d’Anaïs Perrière-Pilté « n'obtinrent qu'un succès absolument négatif » en dehors de son salon. Selon le biographe des musiciens du siècle, « les applaudissements complaisants qui accueillaient, dans l’intimité, ces productions vraiment enfantines, ne se retrouvaient plus devant le vrai public, qui, ayant payé sa place au théâtre, manifestait de tout autres exigences. »

Auteur d’une notice pourtant élogieuse à l’égard de la comtesse, un chroniqueur du Gaulois, Montjoyeux, met en doute son rôle de compositeur : « On ne jouait guère que des choses signées d'elle, ce qui ne voulait pas toujours dire, prétendaient à tort de méchantes langues, composées par elle. A défaut de l'amour-propre d'auteur, qu'elle n'avait souvent que de seconde main, affirmait-on, elle avait du moins celui de signataire. Ce flanc de gloriole prêtait trop à l'exploitation pour qu'on n'essayât point d'en abuser. Si bien que, même à Iui supposer du talent, elle en a noyé l'originalité dans un océan de productions confuses, sans cachet propre et sans unité. A vouloir l'obliger, de prétendus amis l'ont desservie. »

Riche et prodigue, la comtesse Pilté était également réputée généreuse. Elle patronnait les jeunes élèves du Conservatoire. Pour Montjoyeux, « elle avait la charité des nobles choses. Il fallait à ses générosités le cadre un peu haut des misères romanesques. Le terre-à-terre allait mal à son aumône. Pour valoir son secours, l'infortune devait surtout n'être pas vulgaire. L'éclat du malheur était sûr de provoquer l'éclat de sa bonté. »

Pendant le siège de Paris par l’armée allemande, en 1870, son hôtel particulier est transformé en centre de soins. Son fils cadet, Alphonse Pilté (1838-1891), sert comme brigadier à cheval dans une unité de volontaires, l’escadron Franchetti ; maître de forges, il sera, au début de la Troisième République, conseiller municipal de Joinville-le-Pont.

Anaïs, comtesse Pilté meurt dans son hôtel parisien le 24 décembre 1878. Elle était âgée de 69 ans.

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26 juillet 2014 6 26 /07 /juillet /2014 00:03

Le premier signataire du cahier de doléances de La Varenne-Saint-Maur en 1789 est nommé « Desaint » sur le manuscrit de ce document. Il s’agit, sans aucun doute, de Jean Charles Dessaint. En 1785, il est blanchisseur au port de Créteil.

Le hameau du port de Créteil, dépendant administrativement de La Varenne, comptait environ 80 habitants, dont plusieurs blanchisseurs, des marchands et au moins un passeur assurant la traversée de la Marne. Il dépendait autrefois de la paroisse Saint-Hilaire de La Varenne, mais avait été rattaché à celle de Saint-Nicolas de Saint-Maur, probablement en 1693 ; ses habitants (dont Dessaint) figurent donc dans les registres de cette dernière paroisse.

Dessaint est l’époux de Marie Judith Bégat avec laquelle il a au moins un enfant (qui ne vit que trois semaines) en août 1785. Plusieurs personnes nommées Bégat vivent au port de Créteil.

Jean Charles Dessaint ne joue pas de rôle dans les municipalités constituées à partir de 1790. Il n’y a pas de trace de sa présence à Saint-Maur ultérieurement à 1789 dans les registres.

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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 00:04

Nous connaissons, avec des variations orthographiques minimes, le nom des sept signataires du cahier de doléances de La Varenne-Saint-Maur (voir articles précédents).

Ce sont, dans l’ordre du manuscrit Desaint [ou Dessaint], Buchot, Géant, Bouillon, Mathieu [ou Matthieu], Claudin et Riquety.

Pour quatre d’entre eux, l’identification est certaine : il s’agit de Jean Charles Dessaint, Jean-Jacques Géant, Jacques Maurice Bouillon et Claude Martin Claudin. Le deuxième signataire est probablement Jean Buchot et le cinquième très probablement Claude Marin Mathieu.

En ce qui concerne le septième, Riquety, il n’y a aucune certitude. Émile Galtier (Le Vieux Saint-Maur, n° 3, 1925), estime qu’il s’agit d’André, Boniface, Louis Riqueti, vicomte de Mirabeau (dit Mirabeau-Tonneau) ; cependant, aucun lien entre ce député de tendance royaliste et les paroisses concernées ne peut être établi. Il pourrait s’agir d’Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791) qui a séjourné à Polangis (dépendant de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur) entre le 21 et le 28 février 1789 (Mémoires biographiques, littéraires et politiques de Mirabeau, A. Auffray, 1834-1835). Mais il n’était pas présent à la date de la réunion. Il s’agirait alors d’une attribution de complaisance, pour renforcer la portée du texte.Enfin, il est imaginable qu’il s’agisse d’un autre nom, mal recopié, par exemple celui de Louis-Philippe-Gabriel Riguet, laboureur, qui sera procureur de la commune de Saint-Maur-des-Fossés en 1791.

 

Nous examinerons dans de prochains articles qui étaient ces sept signataires.

 


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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 00:04

Le texte que nous avons publié mentionne que les « habitants de la paroisse de Varenne-Saint-Maur-les-Fossés, tous assemblés le 14 avril 1789 ». Cette affirmation pose plusieurs questions.

Tout d’abord, de quelle paroisse s’agit-il ? Le texte parle de « la paroisse de Varenne-Saint-Maur-les-Fossés (…) qui est située dans une espèce d’île ». On sait que, sur le plan spirituel, il y avait deux paroisses : Saint-Maur, avec l’église Saint-Nicolas et La Varenne avec l’église Saint-Hilaire. Sur le plan physique, on compte quatre agglomérations : le bourg de Saint-Maur, Pont de Saint-Maur, Port de Créteil et La Varenne, plus quelques fermes isolées : Champignol, Schaken, Polangis…

Le rattachement du village du Port de Créteil, qui compterait quelques dizaines d’habitants, pose problème. Il dépend administrativement de La Varenne, cependant ses habitants sont baptisés, mariés et inhumés par le curé de Saint-Maur qui les porte sur son registre. Le rapprochement spirituel avec Saint-Maur pourrait avoir eu lieu dès 1693.

Sur le plan fiscal, on compte trois paroisses relevant de la subdélégation de Choisy-le-Roi : La Branche du Pont de Saint-Maur [future Joinville-le-Pont], La Varenne Saint-Maur, Saint-Maur (Auger, Traité sur les tailles et les tribunaux, Barrois, Paris, 1788). Sur le plan administratif enfin, la création des municipalités, arrondissements et départements en 1787 dénombre également les trois mêmes paroisses dans le département de Corbeil (Mavidal et Laurent, Archives parlementaires de 1787 à 1860, Tome 4, P. Dupont, Paris, 1879).

Trois communes sont constituées en 1790, sur la base des trois paroisses administratives, mais la municipalité de Saint-Maur contestera la formation de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur en commune séparée. Le 5 décembre 1791, les deux municipalités de La Varenne et Saint-Maur fusionnent définitivement, tandis que La Branche reste indépendante.

La population totale est estimée à moins de 1 200 personnes, dont environ 560 pour Saint-Maur, 410 pour La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, 80 pour La Varenne et un peu moins pour Port de Créteil. Le nombre d’hommes adultes doit être proche de 380.

Nous examinerons dans de prochains articles qui sont les signataires de ce cahier de doléances. Ils sont sept (Desaint, Buchot, Géant, Bouillon, Mathieu, Claudin, Riquety). Un réside au Port de Créteil, Desaint et un second probablement également, Buchot ; trois autres vivent à La Varenne Géant, Mathieu, Claudin. Bouillon est aubergiste dans le même village, même s’il est possible qu’il réside au bourg de Saint-Maur. Enfin, le septième, Riquety, n’est pas forcément résident dans la presqu’île.

Le lieu de la réunion n’est pas mentionné. Il est vraisemblable, au vu d’évènements comparables dans d’autres lieux, qu’il s’agit d’un bâtiment religieux, en l’absence de maison commune ou d’autres monuments, la date ne permettant pas de penser à une réunion en plein air. La logique plaide en faveur de l’église Saint-Hilaire de La Varenne.

Au vu du texte lui-même, nous supposerons que les rédacteurs sont les six premiers signataires, qui représentent les intérêts des résidents des bourgs de Port de Créteil et de La Varenne. La participation de représentants du bourg de Saint-Maur et de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur paraît peu probable.

La profession de six signataires est connue : deux laboureurs, un berger, un blanchisseur, un journalier et un aubergiste. Le texte du cahier mentionne sept fois les cultivateurs. Aucune autre profession n’est citée, si ce n’est pour dire que « la paroisse de Varenne-Saint-Maur est sans aucun corps de métier, ni artisans ». Au contraire, le bourg de Saint-Maur comporte un château et plusieurs maisons bourgeoises. La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur est un village dans lequel on compte plusieurs corps de métiers artisanaux et une activité commerciale forte autour du bois.

Nous estimons donc que, par la main des signataires, ce sont les agriculteurs des villages de La Varenne et du Port de Créteil qui ont pris la part majeure (si ce n’est unique) à la rédaction de ce cahier.  

Varenne-carte.png

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 00:10

Nous publions ici le texte du cahier de doléances de La Varenne Saint Maur d’après la première publication imprimée, réalisée par J. Mavidal et É. Laurent en 1860 dans le tome 5 des Archives parlementaires de 1787 à 1860, revue à partir du manuscrit conservé aux Archives nationales.

« Des doléances, plaintes et remontrances des habitants de la paroisse de Varenne-Saint-Maur-les-Fossés, tous assemblés le 14 avril 1789, pour répondre aux ordres et volonté de Sa Majesté et lui mettre sous les yeux la vérité la plus étendue de cette malheureuse paroisse qui est située dans une espèce d’île.

« Art. 1er. La rivière de Marne la cernant dans tout son pourtour, elle devient malheureusement très-sujette aux inondations occasionnées par ses débordements, et qui déracinent tous les grains en partie ensemencées à l’entour de son voisinage, et transportent de la vase et du sable par places de deux pieds de hauteur, ce qui rend le sol encore plus mauvais et désagréable pour le cultivateur.

« Art. 2. Si les habitants de cette même paroisse ont le bonheur que cette rivière ne déborde pas, ils sont en crainte des années qui se suivent de sécheresse, dont l'exemple leur est arrivé depuis bien des années, de manière que le cultivateur est les trois quarts du temps en danger, ainsi que les particuliers, de perdre une grande partie de leur récolte, qui ne suffit quelquefois pas pour lui remplir ses frais d'exploitation.

« Art. 3. Cette paroisse est composée d'un sable pour son terrain très-ingrat, qui pourrait devenir plus avantageux si Sa Majesté, qui ne cherche qu'à faire le bien de ses sujets, donnait des ordres pour y faire construire un pavé qui ne coûterait pas cher, et qui faciliterait tous les habitants pour le transport des entrais dont ce terrain a grand besoin, ce qui ferait le bien général, attendu qu'il produirait ce qu'il ne produit pas; ce qui éviterait la disette dans de certaines années, et rendrait celle paroisse plus commerçante ; ce qu'il leur est impossible de faire, vu que la charge d'un cheval sur le pavé, fait celle de trois chevaux dans les mêmes sables.

« Art. 4. Il faut mettre sous les yeux de Sa Majesté la chose la plus importante, qui est le dégât du gibier dans notre plaine qui se trouve ravagée tant par le lapin que lièvre et perdrix ; et après avoir perdu son bien, l'on n'a pas le droit de se plaindre. Le prince juste et bienfaisant est dépersuadé par les gens qui l'environnent, et le malheureux cultivateur ainsi que le particulier ne peuvent pas approcher de ce bon prince qui sûrement ne leur refuserait pas la justice qu'ils réclameraient auprès de lui. L’inspecteur des chasses rit au nez du malheureux plaignant, qui préfère perdre son bien plutôt que de se mettre en justice avec un prince dont il est sûr de succomber. Le défaut de fortune le met hors d'état de suivre. Il perd son bien et passe pour un homme qui réclame ce qui ne lui appartient pas. L'on ne craint pas d'avancer cette vérité à Sa Majesté, qu'il soit rendu la justice au dernier de ses sujets, comme il la rendrait aux Messieurs gentilshommes de sa cour. Ils font plus ; ils mettent ces plaines aussi garnies de gibier comme, pourrait l'être la basse-cour d'un fort cultivateur, el pour truire en partie ce même gibier et remplir leurs amusements, ils ne cherchent pas le temps les grains soient finis d'être coupés et rentrés; ils traversent à travers les grains ou javelles qui ne sont pas encore levés, eux, tout leur monde ainsi que les chevaux qui les accompagnent à cette même chasse. Il serait à propos que Sa Majesté permit il tout cultivateur et particulier de truire tout le gibier qui se trouverait sur son terrain de telle manière qu'il lui plairait, ou que Sa Majesté rendit un édit : que les princes et seigneurs particuliers à qui appartiendrait le droit de chasser, soient condamnés, sur le rapport de deux experts pour toute décision, ce qui éviterait tous frais, et le cultivateur ensemencerait sans craindre la perte occasionnée par le gibier. Et Sa Majesté mettrait les malheureux cultivateurs et habitants il l'abri de toute tracasserie de la part de leur seigneur, qui se trouverait forcé de se renfermer dans l'édit et volonté de Sa Majesté.

« Art. 5. La paroisse de Varenne-Saint-Maur est sans aucun corps de métier, ni artisans. Il faut que les habitants aillent chercher le secours dans les paroisses voisines, et ils ne peuvent le faire sans frais, puisqu'ils sont forcés de passer la rivière.

« Sa Majesté, bonne et juste pour son peuple, voudra bien avoir égard pour les impôts de cette paroisse qui se trouve, comme il est dit ci-devant, très-endommagée. Et ces malheureux habitants déclarent à Sa Majesté la plus sincère vérité, attendu la sagesse d'un aussi bon monarque et aussi bon Roi digne de toute l’affection de son peuple.

« Signé Desaint, Buchot, Géant, Bouillon, Mathieu, Claudin, Riquety »

 

Cahier-doleances-imprime.png

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 00:09

Les « habitants de la paroisse de Varenne-Saint-Maur-les-Fossés » ont rédigé en prévision des états généraux un cahier de doléances, qui est daté du 14 avril 1789. À noter qu’il existait à cette date deux paroisses sur ce territoire, celle de Saint-Hilaire (La Varenne) et Saint-Nicolas (Saint-Maur) ; en outre, plusieurs textes fiscaux et administratifs mentionnent une troisième paroisse, celle de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (future Joinville-le-Pont), qui cependant ne dispose ni d’une église, ni d’un desservant (voir notamment Auger, Traité sur les tailles et les tribunaux, Barrois, Paris, 1788). Les signataires, comme nous l’examinerons dans un article ultérieur, proviennent des deux premières paroisses ; le dernier d’entre eux peut être relié avec la troisième.  

L’exemplaire original du cahier de doléances de La Varenne Saint-Maur est manuscrit. Il est déposé aux Archives nationales. Une photocopie de ce document est déposée aux Archives municipales de Saint-Maur-des-Fossés.

La première publication du texte semble avoir été par J. Mavidal et É. Laurent en 1860 dans le tome 5 des Archives parlementaires de 1787 à 1860 ; ils citent comme source « un manuscrit des Archives de l'Empire », qui est certainement celui des actuelles Archives nationales.

Deux autres publications intégrales sont disponibles. D’abord celle d’Émile Galtier dans son Histoire de Saint-Maur-des-Fossés (1913). Ensuite celle d’Annie Noly dans sa thèse Saint-Maur-des-Fossés sous la Révolution (1971, dactylographiée, conservée aux Archives de Saint-Maur).

Hormis quelques détails orthographiques ou de ponctuation, l’original et les trois publications ne présentent aucune variante significative. L’original ne comporte pas de défaut ni de difficultés de lecture. 

Le livre de Mavidal et Laurent ainsi que celui Galtier sont disponibles en consultation sur le site internet de la bibliothèque nationale de France, Gallica.

Nous commençons avec cet article une série où nous publierons le cahier de doléances puis les commentaires sur ce texte. Ensuite nous examinerons quels en sont les signataires et nous essaierons de rédiger un portrait de chacun d’eux.

Cahier-doleances.png

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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 10:49

Après une interruption de six mois due à d’autres priorités occupationnelles, les publications sur ce blog Polmorésie vont reprendre.

Parmi les travaux que nous retrouverons, des recherches sur la période précédant la révolution française dans la presqu’île de la boucle de la Marne (Saint-Maur, Joinville), et de larges échos liés à la première guerre mondiale, notamment dans les Vosges et la banlieue parisienne.

Merci de vos encouragements pour les publications déjà en ligne.  

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 00:08

Ce dixième article sera le dernier de cette série sur l’histoire économique et sociale d’une entreprise métallurgique de Joinville-le-Pont (Val de Marne), la Compagnie française du Bi-Métal. Elle marqua le paysage urbain, comme l’environnement humain des boucles de la Marne.

Si la première guerre mondiale a apporté une prospérité considérable à la société, le retour à la paix est au contraire l’annonciateur du déclin. Il y avait quatre usines ; en 1921, celle de Paris ferme pendant trois mois ; celle d’Alfortville s’arrête en août pour une période indéterminée. Quant aux unités de Joinville et Maisons-Alfort, stoppées pendant un mois en janvier 1921, elles réduisent leurs effectifs. Il n’y a plus que 50 ouvriers à Maisons-Alfort. Si Joinville en occupe cent, contre plus du double avant guerre, ils voient leur temps de travail réduit à quatre jours par semaines – avec un salaire correspondant.

La société, qui occupait 900 personnes, n’a plus que 250 salariés. Alors que le coût de la vie a triplé entre 1913 et 1920, les salaires se sont contentés de doubler ; la perte de pouvoir d’achat est donc d’un tiers.

Le quotidien communiste L’Humanité suggère des solutions pour reconvertir la main-d’œuvre : démolir les fortifications qui entouraient Paris, étendre le métro, agrandir le port fluvial de Paris, construire des maisons à bon marché.

Les dirigeants de l’entreprise ne sont guère optimistes. Présentant, le 31 mai 1922, les résultats de l'exercice 1921, ils soulignent que l’année « n'a vu se produire aucune amélioration dans la situation de notre industrie. Tout au contraire, les difficultés que nous vous signalions lors de notre dernière Assemblée générale n'ont fait qu'augmenter. »

Certes, écrivent-ils, « la crise de consommation s'est atténuée vers la fin de l'année, nous permettant ainsi de remettre au travail une partie de nos effectifs ouvriers », mais « les résultats d'exploitation ne s'en sont guère trouvés améliorés par suite de l'état du marché qui n'a pas permis d'obtenir des prix rémunérateurs ». En conséquence, ils s’estiment « heureux » de pouvoir présenter un « très modeste résultat », qui n’est d’ailleurs obtenu  qu'en renonçant aux amortissements des usines de Joinville. Les dirigeants voient une explication dans l’évolution des cours des métaux, achetés en livres ou en dollars.

L’activité industrielle, fortement réduite, perdure après la seconde guerre mondiale, sur un terrain de la commune de Saint Maurice. Spécialisée dans la production de câbles La société Bi-Métal est apportée au groupe Tréfimétaux, repris par Péchiney puis par l’italien Pirelli, avant de cesser son activité dans le Val de Marne. Les bâtiments, reconstruits, accueillent aujourd’hui diverses entreprises, dont une société de traitement des eaux.

Ø      Pour en savoir plus : L'Humanité, 2 septembre 1921

 1910 Bi-metal atelier

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 00:05

Après la très longue grève de 1910, les affaires reprennent comme d’habitude à l’usine metallurgique Bi-Métal de Joinville-le-Pont (Val de Marne). Début mai 1910, un fondeur, Philémon Guillou, vingt-cinq ans, tombe dans un bain de cuivre en ébullition ; atrocement brûlé, il est transporté dans un état désespéré à l'hôpital.

Mais tous ces évènements n’ont gère troublé les responsables de la société. Ainsi, lors de l’assemblée générale du 25 mars 1912, le président Louis de Seynes, un industriel protestant, est-il « heureux » d’annoncer que les résultats de l'exercice 1911 sont conformes aux prévisions, c’est-à-dire qu’ils procurent un bénéfice substantiel. Un nouvel atelier est ouvert à Alfortville (Val de Marne). À Joinville, « les machines à vapeur ont été remises à neuf »

La première guerre mondiale allait voir l’apothéose économique de la société, qui se reconvertit dans le matériel militaire. Ceci ne se fait pas sans quelques inconvénients. Le préfet de police attire ainsi en 1915 l’attention de son confrère, le préfet de la Seine, sur « le danger, les odeurs et les bruits de cette usine. »

Par contre, sur le plan financier, tout va bien. Un anarchiste surnommé Mauricius (Maurice Vandamme, 1886-1974) la classera parmi « Les profiteurs de la guerre ». Les bénéfices passent de moins de 900 000 francs en 1913 (2,9 millions d’euros) à plus de 7 millions en 1915 (18,9 m€). La société, au capital de deux millions se constitue une réserve qui atteint 19 millions en 1917 (38 m€). Le cours de bourse s’en ressent. Cotée à 262 francs en 1914, l’action de la société est propulsée à 800 francs en 1917, soit une hausse de 205%.

Le résultat atteindra même l’année suivante neuf millions. Le Cartel des services publics confédérés, la fédération des syndicats de fonctionnaires de la Cgt maintenue (Confédération générale du travail, socialiste) présentera la Compagnie du Bi-Métal comme l’exemple des « bénéfices de guerre » lors de son congrès de Versailles des 9 et 10 mars 1924.

À la veille de la fin de la guerre, en octobre 1918, le cours de l’action Bi-Métal monte à 1 389 francs. Deux nouvelles usines ouvrent, à Paris et Maisons-Alfort, s’ajoutant à celles de Joinville et d’Alfortville.

Ø      Pour en savoir plus : Mauricius, Les profiteurs de la guerre, édition du journal « Ce qu’il faut dire… », Paris, novembre 1917.

Vue l’usine Bi-Métal

cartes-postales-photos-Usine-du-Bi-Metal-JOINVILLE-LE-PONT-

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