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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 00:05

Jean Acher (1752-1837), épicier puis marchand de bois, procureur, agent municipal et maire de La Branche du Pont de Saint-Maur.

Jean, Justin, Joseph Acher naît à Sainte-Colombe (Aude) le 10 août 1752. Il se marie à Paris en 1792 avec Louise Geneviève Mathieu, décédée chez elle le 16 octobre 1820. Ils auront au moins trois enfants : Alphonse, Françoise et Joseph.

Jean Acher est présenté comme marchand épicier à partir de 1790. En l’an IX, il est marchand de bois. Sur la fin de sa vie, il est désigné comme propriétaire et rentier. Il réside en 1836 au lieu-dit La Tourelle, à Joinville-le-Pont.

Pendant la révolution française, Jean Acher va figurer dans les municipalités de La Branche du Pont de Saint-Maur, commune fondée en 1790 par scission de la paroisse de Saint-Maur. Il y joue un rôle important. Il figure, en tant que procureur de la commune, dans le premier exécutif mené par le maire Edme Lheureux, marchand de bois, qui est en place en septembre 1790. Le 11 octobre 1790, Jean Acher est un des neuf citoyens élus par l’assemblée primaire du canton de Vincennes (860 inscrits) pour la représenter au sein de l’assemblée électorale de Paris pour un an. Pour être choisi comme électeur, à raison de un par cent citoyens actifs, il fallait payer en impôts au minimum la valeur de dix journées de travail.

Le 30 mars 1791, Jean Acher intervient devant l’assemblée électorale de Paris sur la nécessité de mettre la commune en état de se défendre, et souligne l’importance stratégique du site. Dans des courriers, la municipalité de La Branche du Pont de Saint-Maur explique que c’est la sauvegarde du pont qui est une des raisons de sa séparation d’avec Saint-Maur.

Il s’adresse le 19 décembre 1791 au comité d’instruction publique de l’Assemblée nationale, qui est chargé de préparer une loi sur les gardes nationales. Il propose un projet d’organisation et de récompenses ; selon son système, tous les citoyens devraient s’inscrire dans les gardes nationales le jour de la fête de la Fédération de l’année de leurs dix-huit ans. Ils devraient ensuite effectuer régulièrement des périodes d’entraînement. Chaque année, l’état-major de la garde nationale à laquelle ils appartiennent devrait leur délivrer un certificat de bonne conduite, certifié par la municipalité. À l’âge de quarante ans, s’ils peuvent produire au moins vingt certificats, ils obtiendraient le titre de « chevalier français » et seraient décorés d’un gland d’or.

C’est sans doute lui qui est le sieur Acher présentant, le 24 avril 1792, une pétition à l'Assemblée législative « tendant à faire cesser l'agiotage, à rétablir la circulation du numéraire, par conséquent à remettre toutes les denrées sur l'ancien pied, et à rendre l'activité à l'industrie et au commerce ». L'Assemblée renvoie cette question au Comité de l'ordinaire des finances.

Quatre personnes domiciliées à La Branche du Pont de Saint-Maur achètent des biens nationaux mis en vente pendant la Révolution française ; une surface totale de 12 arpents et 50 perches est proposée, soit environ 7 ha. Jean Acher est celui qui acquiert la surface la plus importante, à savoir 4 arpents (2 ha), pour un montant inconnu. Deux notables figurent parmi les autres acquéreurs : Jacques Roch Vingdlet, carrier (3 arpents et 75 perches pour 7 livres) et Edme Lheureux, voiturier (1 arpent et 75 perches pour 27 livres) ; le quatrième est un autre voiturier, Louis Huardeau, (3 arpents, 4 livres).

Acher reste procureur en 1792 avec Jean-Charles Contour en tant que maire. On ne connaît pas son rôle pendant les municipalités conduites par Nicolas Lheureux (1793) et Charles-Laurent Parvy (an II). Jean Acher figure dans la municipalité de canton constituée après la suppression des instances communales en l’an IV.

En l’an V comme les deux années suivantes, Jean Acher est agent municipal, c’est-à-dire qu’il est le principal fonctionnaire dans la commune. Lors du rétablissement des assemblées communales en l’an VIII (1800), Jean Acher est désigné comme « faisant provisoirement fonction de maire, maire provisoire. »

On retrouve son nom, toujours comme procureur, dans la municipalité rétablie en l’an VIII, conduite par Laurent Pinson, marchand de bois scié.

Acher siège en tant que notable dans la municipalité élue en fructidor an IX.

Jean Acher meurt le 23 janvier 1837 à Joinville-le-Pont, nouveau nom de la commune adopté en 1831. Il était âgé de 84 ans. Il vivait avec son fils Alphonse, sa bru Émilie et était présenté comme propriétaire. Son décès est déclaré par ledit fils et Jean-Marie Molette, chef d’institution, c’est-à-dire directeur d’une école privée.

Alphonse Acher (vers 1785-1844) sera adjoint au maire de La Branche du Pont de Saint-Maur en 1830 puis conseiller municipal de Joinville-le-Pont en 1843.

Sources : Almanach général du département de Paris pour l'année 1791, impr. de Devaux, 1791 ; Émile Galtier : Histoire de Saint-Maur-des-Fossés, Édouard Champion, 1913 ; Archives nationales, D VI 1, n 1bis. Ed. ; Archives parlementaires, t. XLII, p. 324 ; Etienne Charavay Assemblée électorale de Paris, Maison Quantin, Charles Noblet, Paris, 1890-1894 ; Georges Saouter, in La Révolution française dans le Val de Marne (dir. Michel Balard et Alain Croix), Clio 94, 1989 ; Le Vieux Saint Maur, n° 1, 2ème série, 6ème année, 1929 ; Arch. du Val-de-Marne (état-civil, recensements) ; Liste des notables communaux du département de la Seine, Chaignieau aîné, Paris, fructidor an IX (1801) ; Arch. nationales (D/IV/51, F/14/14098, T//1493/6) ; Almanach national, d’Houry, Paris, 1791.

© Reproduction soumise à l’accord explicite du rédacteur, Benoit Willot.

La signature de Jean Acher sur un document d'archive

Acher Jean

Maires de La Branche du Pont de Saint-Maur

Prédécesseur

Maire

Successeur

Charles-Laurent Parvy

Jean Acher

Laurent Pinson

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 00:06

Le blog Polmorésie commence, en avril 2013, la publication d’un « Dictionnaire biographique des élus de Joinville-le-Pont ». Le début de ce travail s’intitule « Première période (1790-1815) – les municipalités de la Révolution et de l’empire ». Il va s’intéresser à la commune de La Branche du Pont de Saint-Maur, fondée en 1790 et qui deviendra Joinville-le-Pont en 1831.

Au cours de la période considérée, 31 personnes exerçant une fonction municipale, élective ou suite à une désignation, ont été identifiées. Les données sont lacunaires pour l’année 1792 et pour la période de la fin de l’empire, de 1808 à 1815. Une notice sur chacun des 31 responsables locaux identifiés sera publiée, à raison d’une chaque semaine, dans l’ordre alphabétique.

Liste des municipalités de La Branche du Pont de Saint-Maur entre 1790 et 1815

Type de municipalité

Date

Titulaire et fonction  

Municipalité de facto élue

Février 1790

Edme Lheureux, maire de facto

Municipalité élue

Novembre 1790

Edme Lheureux, maire

Municipalité élue

Novembre 1791

Jean-Charles Contour, maire

Municipalité élue

Novembre 1792

Nicolas Lheureux, maire

Municipalité élue

4 avril 1793

Nicolas Lheureux, maire

Remplacé par Charles-Laurent Parvy, maire (8 mai 1793)

Municipalité cantonale

An III (début 1795)

Jean Acher, agent municipal

Municipalité cantonale

An VII

Fournier, agent municipal

Municipalité cantonale

An VII

Jean Acher, agent municipal

Municipalité provisoire

An VIII (avril 1800)

Jean Acher, faisant fonction de maire

Municipalité nommée

An VIII (mai-juin 1800)

Laurent Pinson, maire

Municipalité élue

Fructidor an IX

Laurent Pinson, maire

Municipalité élue

1808

Laurent Pinson, maire

Municipalité élue

1813

Laurent Pinson, maire (décès le 27/12/1814)

Remplacé par Jean Mathurin Lemaire, maire (mars 1815)

Municipalité élue

mai 1815 (empire)

Jean Mathurin Lemaire, maire

© Reproduction soumise à l’accord explicite du rédacteur, Benoit Willot.

S’agissant de travaux historiques qui se poursuivent, les notices peuvent être sujettes à des corrections ou ajouts. Tous les commentaires sont les bienvenus.

Carte de 1770, base Mérimée

1770.jpg

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 00:16

Le blog Polmorésie commence, au printemps 2013, la publication d’un « Dictionnaire biographique des élus de Joinville-le-Pont ». Ce travail de prosopographie politique va mettre à disposition des curieux et chercheurs les informations disponibles sur toutes les personnes ayant exercé une fonction municipale ou ayant obtenu un autre mandat électif lié à la commune de Joinville-le-Pont ou à sa devancière, La Branche du Pont de Saint-Maur.

Plusieurs centaines de personnes ont pu être identifiées ; pour certaines, les données restent lacunaires. Mais pour une partie d’entre elles, il a été possible de dresser un tableau assez complet.

La collecte de renseignements s’est faite par le dépouillement systématique des journaux, des archives électorales et des bases d’état-civil, en plus de la consultation de quelques ouvrages d’histoire locale (essentiellement Émile Galtier et Basile Nivelet).

Le Dictionnaire biographique des élus de Joinville-le-Pont va se présenter sous formes de notices, classées par ordre alphabétique et regroupées dans cinq grandes périodes :

  1. Première période (1790-1815) – les municipalités de la Révolution et de l’empire ;
  2. Deuxième période (1815-1870) – les municipalités de la Restauration, de la seconde République et du second empire ;
  3. Troisième période (1870-1944) – les municipalités de la troisième République et de l’État français (régime de Vichy) ;
  4. Quatrième période (1944-1958) – les municipalités de la Libération et de la quatrième République ;
  5. Cinquième période (1958- ) – les municipalités de la cinquième République.

La publication des notices de la cinquième période est pour l’instant hypothétique ; elle ne concernerait pas, le cas échéant, les élus en cours de mandat.

Une partie des informations publiées ici ont pu faire l’objet de présentation de ma part, sous d’autres formes, dans des supports papier ou en ligne ; il s’agit notamment du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, principalement pour à partir de la troisième période (après 1871). Les travaux de son concepteur, Jean Maitron, et de ses continuateurs, comme Claude Pennetier, ont inspiré, sur le plan méthodologique, nos recherches.

L’encyclopédie en ligne Wikipédia a servi à la diffusion d’une partie des données, concernant principalement pour les maires. Certaines notices reprennent également une partie des données des articles diffusés, avec une vocation tout à fait différente, sur un blog local, Joinville-le-Pont au jour le jour.

© Chaque notice ne peut être reproduite qu’après l’accord explicite du rédacteur, Benoit Willot. Il en est de même pour l’ensemble que formera ce Dictionnaire biographique des élus de Joinville-le-Pont.

S’agissant de travaux historiques qui se poursuivent, les notices peuvent être sujettes à des corrections ou ajouts. Tous les commentaires sont les bienvenus.

 

La mairie de Joinville-le-Pont, entre 1881 et 1911

 

 

mairie-entre-1881-et-1911.jpg

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 00:05

La Compagnie française du Bi-Métal, fondée en 1892, emploie au tournant du siècle 240 ouvriers à Joinville-le-Pont (Val de Marne), produisant du fil mélangeant cuivre et acier pour le téléphone, et réalisant également des produits en laiton ou du cuivre rouge pour l’industrie.

Après la catastrophe de 1895, une explosion qui tue quatre personnes et en blesse six autres, l’usine va à nouveau prouver qu’elle est une installation non sans risques. Le 5 avril 1899, un violent incendie se déclare dans la nuit, à 3 heures, dans un des bâtiments de l'usine. Grâce à la mobilisation d’importantes forces de sapeurs-pompiers, le feu qui menaçait de prendre des proportions considérables, est éteint après deux heures de travail.

Mais les accidents industriels ne sont pas les seuls risques pour l’entreprise. En 1904, la direction de l’usine constate la disparition quotidienne de grandes quantités de cuivre et autres métaux. Elle chiffrera le préjudice subi à près de cent mille francs (350 000 €). La Sûreté (préfecture de police de Paris) décide d’enquêter d’une façon originale. Deux inspecteurs MM. Vigneron et Augier, se font embaucher début 1905 comme mécaniciens et travaillent en tant qu’ouvriers pendant quinze jours.

Les policiers masqués identifient alors un certain Charles B., ajusteur, âgé de quarante-deux ans, qui habite Joinville. Une perquisition, opérée le 27 janvier 1905 à son domicile par le commissaire de police de Joinville, M. Rogeaux, permet de découvrir du cuivre et des pièces détachées, pour une valeur de 1 000 francs, et 7 000 francs en liquide, provenant d'une vente de matières volées. Six ouvriers, qui sont désignés comme ses complices, ont été priés de se tenir à la disposition de la justice.

Le directeur de l’usine, M. Franklin, allait avoir une surprise : le lendemain de l'arrestation de ses sept ouvriers, les fuites de matière n’ont pas cessé. Le 28 janvier, les inspecteurs reviennent et se saisissent cette fois de deux charretiers, nommés Jules H. et Eugène L. ; ils emportaient dans leur voiture, dissimulés sous des détritus, plusieurs volumineux sacs de rognures de cuivre.

Constatant qu'ils sont filés, ils tentent de se débarrasser de leurs colis en les jetant à la Marne. Ils sont interpellés avant d’y arriver.

Un siècle plus tard, le vol de matières premières est la plaie des autoroutes et autres réseaux. C’est une des explications de l’abandon, depuis plus deux ans, de la voie auxiliaire des autoroutes A4 et A86 toujours à hauteur de Joinville-le-Pont.

Ø      Pour en savoir plus : Le Matin, 28 et 29 janvier 1905.

Un atelier de l’usine Bi-Métal (source : BNF)

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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 00:03

Le 8 février 1895, une chaudière explosait à l’usine du Bi-Métal à Joinville-le-Pont (Val de Marne), faisant d’importants dégâts matériels mais surtout quatre morts et six blessés.

Les assurances couvriront les frais de réparation, environ 40 000 francs (136 000 €). Mais l’accident provoque une importante série de commentaires, parmi les ingénieurs en particulier. Plusieurs dizaines d’articles sont publiés sur le sujet, et notamment par la Société des ingénieurs civils de France ou la revue Le Génie civil.

L’analyse la plus fouillée est sans doute celle faite par Michel Hervier, ingénieur civil des Mines, diplômé des Arts et métiers, né en 1842 à Moulins (Allier) (*).

Il commence d’abord par tordre le cou à ce qu’il appelle une « légende » : l'explosion serait la faute du chauffeur, qui aurait laissé la chaudière manquer d'eau. Outre qu’il assure que ce ne fut pas le cas, Hervier démontre que si cette idée est « inscrite dans tous les traités de physique », elle n’est pas applicable aux chaudières à vapeur.

L’ingénieur s’attaque ensuite à une autre rumeur : le chauffeur aurait calé les soupapes de sûreté. L’ingénieur remarque que des ouvriers « ont été trop souvent accusés à tort de cette manœuvre » aussi improbable qu’inutile. Ce n’est donc pas parmi les salariés qu’il faut chercher la cause de la catastrophe.

Michel Hervier revient ensuite sur les calculs, base de son métier. Selon la théorie, il faudrait, pour assurer la sécurité des chaudières du type de celle de Joinville, des tôles d’une épaisseur de 2 millimètres. Mais pour le spécialiste, si ce modèle est admis, son résultat « parait grotesque ». D’ailleurs, aucun industriel ne s’en contente. En général, ils ont des épaisseurs au moins quatre fois plus grandes ; les chaudières de Joinville, avec des tôles de 12 millimètres, était six fois plus épaisses que ce que les calculs préconisaient.

Notre savant remarque que, malgré le respect des normes et même bien plus, il arrive que les chaudières explosent, comme l’exemple de Joinville le montre. Certains ingénieurs ont d’ailleurs essayé de formuler des hypothèses, qu’il qualifie de bizarres, justifiant ces marges de sécurité.

Hervier, qui sera décoré de la Légion d’honneur en 1911, s’inquiète de la fausseté de ces raisonnements, polémiquant avec leurs auteurs les ingénieurs Hirsch, Richard et Bâclé. Il les accuse de proposer une « sécurité illusoire ». Il appelle à lancer des recherches sérieuses sur les véritables causes de ces explosions.

Au dix-neuvième siècle déjà, la sécurité industrielle était un sujet qui traversait la société.

(*) La Science française, 1er et 15 mars 1895.

Un atelier de l’usine Bi-Métal (source : BNF)

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 00:05

Benjamin Fondane est un écrivain roumain et français, né à Iasi (province de Moldavie, en Roumanie) le 14 novembre 1898 sous le nom de Benjamin Wechsler. Il écrivait en trois langues (hébreu, roumain et français).

En 1922, il fonde un théâtre d’avant-garde, Insula (L’île). Il ferme en 1923 à la suite de difficultés financières et de réactions antisémites.

En décembre 1923, il part pour Paris où il collabore à de nombreuses revues et travaille sur Arthur Rimbaud (Rimbaud le voyou, Denoël, 1933).

Il entre aux studios de cinéma Paramount à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) comme assistant metteur en scène et scénariste. Il adapte notamment La séparation des races de l’auteur helvète Charles-Ferdinand Ramuz, qui est porté à l’écran par Dimitri Kirsanoff sous le titre Rapt en Suisse. Benjamin Fondane écrit et réalise en Argentine un film, Tararira.

Mobilisé dans l’armée française en 1940, il est incorporé dans le 216ème régiment d’infanterie à Sainte Assise, près de Fontainebleau, il est fait prisonnier mais s’évade, est repris puis libéré pour raison de santé et hospitalisé au Val de Grâce pendant six mois.

Pendant la guerre, il travaille sur des textes philosophiques, notamment « Le Lundi existentiel et le Dimanche de l'Histoire » (éditions du Rocher, 1990).

Le 7 mars 1944, il est arrêté par la police française avec sa sœur Line. Ils sont internés à Drancy avant d’être déportés le 30 mai dans l’avant-dernier convoi qui porte le numéro 75. Le 2 ou le 3 octobre de la même année, Benjamin Fondane est assassiné dans la chambre à gaz d’Auschwitz Birkenau.

En 1933, Benjamin Fondane lançait dans Viata Studenteasca, revue d’étudiants roumains publiée à Paris, un « Appel aux étudiants : Demain, dans les camps de concentration, il sera trop tard » :

 

Un jour viendra, c'est sûr, de la soif, apaisée,

nous serons au-delà du souvenir, la mort aura

parachevé les travaux de la haine,

je serais un bouquet d'orties sous vos pieds,

alors, eh bien, sachez que j'avais un visage

comme vous. Une bouche qui priait comme vous.

"Préface en prose", L'Exode, in Le mal des fantômes, Verdier Poche, 2006.

 

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 00:02

Marie-France Skuncke est née en 1924 à Varsovie (Pologne). Elle est la fille de l’économiste et ministre polonais Adam Rosé et de Lucie, née Martin.

Diplômée en mars 1944 de l’école d’interprètes de Genève, où sa famille était réfugiée, elle travaille auprès de l'armée française d'occupation à Berlin puis est engagée par les autorités américaines en janvier 1946 en prévision du procès de Nuremberg où seront jugés les grands chefs nazis.

Malgré la tension liée aux enjeux du tribunal, et bien qu’il y avait un roulement incessant de partants et d’arrivants dans les équipes, l’esprit de camaraderie était en général excellent parmi les traducteurs recrutés. Marie-France témoigne que le soir « on s’est beaucoup amusé ». Les interprètes étaient logés soit à l’hôtel, soit dans des villas réquisitionnées. Leur rémunération dépendait de leur rattachement : ceux qui avaient la chance de dépendre des Américains et d’être payés en dollars s’en sortaient très bien (c’était le cas de Marie-France), ceux relevant d’autres gouvernements ou forces armées nettement moins.

Le procès sera une grande première, avec la véritable apparition de la traduction simultanée, à peu près inconnue jusqu’ici ; des équipes de traducteurs en cabine sont organisées pour la première fois. Marie-France Rosé comprend l’importance de cette technique pour l’avenir. Elle plaide pour qu’une formation spécialisée se mette en place et contribue à construire une pédagogie.

Ayant épousé l’économiste suédois Sven Skuncke, Marie-France travaille notamment pour l’Unesco à Paris. Elle participe à la création de l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) en 1953. Elle meurt en octobre 2007.

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Une cabine d’interprète au procès de Nuremberg

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 00:01

En 1894, la Compagnie française du Bi-Métal connaît un fort développement. Son procédé de fabrication de fils de cuivre et d’acier, sur des brevets d’Édouard Martin, est médaillé d’argent à l’exposition internationale de Lyon. L’usine de Joinville-le-Pont (Val de Marne) tourne bien.

L’usine est vaste (elle occupe 8 000 m²) ; à l’entrée on trouve à gauche, les bâtiments de la direction ; à droite la loge du concierge ; l'usine est en face précédée d'une grande cour.

Une machine à vapeur d'environ deux cents chevaux est reliée à deux générateurs composés chacun d’une chaudière à vapeur enfermée dans un fourneau en maçonnerie placé sur le sol. Les chaudières, contrôlées par l’administration, fonctionnent correctement depuis quatre ans.

Le vendredi 8 février 1895 est un jour normal. À midi, les ouvriers quittent l’usine pour aller déjeuner ; à une heure moins dix, le chauffeur, M. Madinot, donne le premier coup de sifflet pour les avertir du prochain redémarrage de l’activité. Il vérifie que la pression des machines est bonne, puis s’assoit près de la machine.

Une explosion formidable se produit à ce moment : la chaudière de droite passe devant lui comme une flèche, traverse l'usine et la cour pour aller tomber sur la loge du concierge, qu’elle démolit entièrement. Le haut de la machine s’arrache, et est projetée sur le bâtiment de la direction.

Il y aura quatre morts : le concierge Charles Muck est tué sur le coup tandis sa femme, Marie, ne survit que peu de temps après avoir mis au monde, avant terme, un enfant mort-né. Le comptable, M. Mourgues, meurt le lendemain. Un charretier, M. Goézou, décède des suites de ses blessures.

Parmi les blessés figurent Jeanne, trois ans, fille des concierges, grièvement atteinte, M. Heurtel, le directeur, M. Pinaud, employé aux écritures et trois autres personnes. Par contre, le chauffeur Madinot, qui a assisté de très près à la catastrophe, n'a pas eu une contusion ni une brûlure.

Les ouvriers de l'usine, qui arrivaient au moment de l’explosion, s'empressèrent de porter secours aux blessés. Ils se retrouvent au chômage, l’usine cessant de fonctionner.

La catastrophe provoque un grand mouvement de solidarité. La municipalité lance une souscription, qui recueille 19 000 francs (environ 64 500 €), dont 5 000 viennent de la société et 1 500 du cardinal Richard, archevêque de Paris. L’essentiel est versé aux enfants et familles des victimes, une partie servant à aider les blessés et les ouvriers au chômage.

Les obsèques ont lieu le 15 février 1895, drainant une foule considérable. Elles sont présidées par Eugène Voisin, maire de Joinville-le-Pont. Des élèves de l'école militaire de gymnastique et d'escrime (l’ancêtre du Bataillon de Joinville et de l’INSEP) forment la garde d'honneur. La mairie et l’église sont drapées de noir. Toutes les associations locales sont rassemblées.

Ø      À lire la presse quotidienne qui rend compte abondamment de la catastrophe, et notamment : La Croix, 12 février 1895, La Presse, 15 février, Le Petit Parisien, 20 novembre.

 

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 00:08

Adam Karol Rose, connu en France sous le nom d’Adam Rosé, naît le 10 août 1895 à Nałęczów dans la Voïvodie de Lublin. Il fait des études d’économie à Poznań et d’agriculture à Berlin.

En 1910, il devient membre d’une société secrète d’étudiants créée par l’écrivain Thomas Zan. Il participe en février 1919 à l'insurrection de Wielkopolska pour le rattachement de la région de Poznań à la Pologne. Il est mobilisé lors de la guerre soviéto-polonaise de 1920.

Adam Rosé épouse en 1921 Lucie Martin (née en 1898), qui travaille alors à la Société des Nations à Genève (Suisse). Elle est la fille du journaliste français Arthur Martin et d’Henriette Martin-Le Dieu. Ils auront deux enfants, dont Marie-France Skuncke (1924-2007), interprète au procès des dignitaires nazis de Nuremberg (1946). La sœur de Lucie, qui séjourne souvent chez eux en Pologne, est la poète et martyr de la résistance, Marietta Martin (1902-1944), dont Lucie écrira la biographie.

Adam Rosé commence à travailler comme assistant à la faculté d’agronomie de l’Université de Varsovie puis collabore au Bureau International du travail et à la Société des Nations. Il soutient son doctorat en 1922. En 1929, il est professeur à l'Université nationale polytechnique de Lwów (alors en Pologne, aujourd’hui Lviv en Ukraine) puis il enseigne en 1930 la politique agraire à l’Université de Varsovie.

En 1931, il est directeur au ministère de l'économie et s’efforce de préparer des mesures anti-crise pour pallier à l'effondrement des marchés mondiaux. Il quitte ses fonctions en octobre 1935, suite à des désaccords avec le ministre de l'agriculture Juliusz Poniatowski.

En août 1936, il est nommé vice-ministre de l'industrie et du commerce auprès de Józef Beck Joseph Beck. Il plaide pour une industrialisation accélérée du pays, en créant notamment une métallurgie. Il défend les aspirations coloniales du gouvernement polonais, afin de permettre l'émigration d’une partie des Juifs dans des terres à acquérir outre-mer. Un projet est monté, après des échanges avec le ministre français des colonies, Marius Moutet en 1937, pour installer une partie de la communauté juive polonaise à Madagascar.

Juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Adam Rosé participe aux négociations pour le développement de la coopération économique entre la Pologne et la France.

Après la défaite contre l’Allemagne, il organise l'évacuation de l'armée et devient en 1940 consul à Toulouse du Gouvernement polonais en exil gouvernement polonais en exil. Il est secrétaire de la Croix-Rouge polonaise en France, contribuant à l’accueil des réfugiés. Recherché par la Gestapo, il s’installe à Genève (Suisse). Il y rédige plusieurs ouvrages, dont une encyclopédie en trois volumes "La Pologne 1919-1939" (Neuchâtel, 1946).

Après la guerre, il devient conseiller de Ludwik Grosfeld, ministre du commerce, et représente la Pologne dans des commissions de la toute nouvelle Organisation des Nations-Unies (ONU). Mais, en désaccord avec le régime communiste, il émigre à nouveau en 1949 et s’installe à Paris. Malgré des difficultés financières et une santé qui se détériore, il donne des conférences et publie des articles sur la nécessité de l'intégration économique de l'Europe. Il est membre associé de l’Académie française des sciences morales et politiques.

Adam Rosé meurt le 9 novembre 1951 à Paris.

·         Voir aussi : La couture à l’âme de Lucie Rosé

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Adam Rosé

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 00:07

Les articles qui inaugurent cette série ont paru, en 2011, dans le blog Joinville-le-Pont au jour le jour. Ils ont cependant été remaniés pour être plus en phase avec la vocation historique de cette publication. Ils permettent d’illustrer la vie d’une usine métallurgique dans le contexte d’une banlieue populaire : les ingénieurs et leurs soucis, la dangerosité des machines, la grève et le syndicalisme révolutionnaire, la guerre et la bourse…

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Usines cinématographiques, traitement des eaux, métallurgie, verre, lunetterie… La commune de Joinville-le-Pont (Val de Marne) a un passé significatif en matière industrielle, même s’il n’en reste plus aujourd’hui grand-chose sur le plan économique.

Une de ces entreprises a pour nom Bi-Métal. L’ingénieur Edouard Martin, d’origine lyonnaise s’attaque à un problème né avec le développement du télégraphe (à partir de 1851) puis, un quart de siècle plus tard, le début du téléphone (1879) : le poids des lignes électriques portant ces communications.

Deux métaux étaient jusqu’ici utilisés : le fer était très résistant, mais il fallait des fils de gros diamètres, donc très lourds, car il a une faible ductilité. Le cuivre était un excellent conducteur, mais il avait une faible résistance à la traction ; il fallait donc grossir le fil, ce qui entraînait une dépense considérable.

La Société Martin, Ducamp et Cie exploitait les fonderies et tréfileries de Joinville-le-Pont, situées quai des Usines (l’actuel quai Pierre Mendès-France, aux limites de Saint Maurice et Maisons-Alfort. Edouard Martin, qui dirigeait l’entreprise, a conçu un fil bimétallique mêlant cuivre et acier. L’expérience montra l’efficacité de ce mélange, un peu moins conducteur que le cuivre seul, mais plus résistant que l’acier.

Selon les calculs fait, non seulement le nouveau fil était moins lourd et plus efficace, mais il était bien moins cher, car il utilisait bien moins de matière première : un kilomètre de fil de cuivre pesait 43,7 kilos et coûtait 91,75 francs, tandis que la même longueur de fil bimétallique ne faisait que 25,35 kilos pour un prix de 48,15 francs (*).

Le début de la production industrielle se fit en 1891. L'administration française des postes et télégraphes, qui avait testé le procédé pendant deux ans, fut un important client. Dès le départ l’usine de Joinville exporta ses produits : Suède, Espagne, Angleterre, Grèce, Suisse, Italie, Hollande et même Mexique équipent ainsi leurs réseaux nationaux.

En 1892, Édouard Martin et André Ducamp cèdent leurs brevets à une nouvelle société, la Compagnie française du Bi-Métal, qui exploitera l’usine de Joinville et un établissement à Alfortville puis s’implantera à l’étranger, notamment en Belgique.

(*) La Science française, n° 79, 1er septembre 1892

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