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6 novembre 2017 1 06 /11 /novembre /2017 00:01

Pierre Emmanuel Laforest naît le 31 juillet 1860 à Diou (Allier). Il est le fils de Pauline Barnabé et de son époux Joseph Laforest, forgeron.

Vivant boulevard Saint-Michel à Paris, travaillant comme employé de commerce, il épouse Léontine Augustine Guiot en août 1885 à Paris (3e arr.). Il va s’associer avec son beau-père, Jean-Baptiste Guiot, fabricant de peignes, dont il partage le domicile d’abord à Paris puis dans le quartier de Polangis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). La fabrique est installée dans le même quartier, mais dans la commune de Champigny-sur-Marne.

Polangis est une nouvelle zone d’habitation, apparue après le lotissement du parc du château à partir de 1883.

En septembre 1895, Laforest participe, avec plus d’une centaine de personnes du quartier de La Fourchette (à cheval sur Champigny et Joinville) à une collecte « pour les affamés de Carmaux », de solidarité avec les mineurs en grève, lancée par Henry Vaudémont et le journal radical Voix des communes.

Son beau-père siège au conseil municipal de Joinville de 1892 à 1900. Laforest se présente lui aussi sur la liste radicale-socialiste du maire Eugène Voisin en mai 1904. Face à une liste de droite, conduite par Honoré Moulinet, qui recueille 31,9% des suffrages exprimés et aura un siège, et une liste socialiste (Henri Lacroix, Émile Lebègue) qui obtient 14,9%, les radicaux-socialistes remportent 22 sièges sur 23 (50,2%). Laforest est élu dès le premier tour avec 560 voix sur 1 119 pour 1 363 inscrits.

Les colistiers d’Eugène Voisin fustigeaient l’apolitisme affiché de la « coalition réactionnaire », assurant que leur mot d’ordre « pas de politique ! » voulait dire « pas de politique républicaine ». Ils dénonçaient « le nationalisme, le cléricalisme et la réaction » se cachant derrière le programme de leurs adversaires et affichaient leurs « sentiments démocratiques » et leur fidélité au « vieux programme républicain ». L’ancien député radical Jules Ferdinand Baulard commentait le résultat de la façon suivante : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause. »

Membre du comité radical-socialiste, Laforest est désigné comme électeur sénatorial en décembre 1904. Il ne se représente pas en 1908.

Ses beaux-parents, Jean-Baptiste et Catherine Guiot avaient cédé la fabrique de peignes de Champigny, en août 1906, à son épouse et à lui-même. Ils s’y installent vers cette date et ne semblent pas avoir eu d’enfants.

Pierre Emmanuel Laforest meurt le 9 septembre 1916 à Champigny. Il est enterré à Joinville. dans une note nécrologique, le journal radical Voix des communes le  présente comme un « homme de bien qui ne se connaissait aucun ennemi ni aucun adversaire ». Il précise qu’il était libre-penseur et membre du Cercle de Joinville, structure « autour du billard duquel les élections municipales ont la réputation de se faire ». La cérémonie funéraire, malgré la période de guerre, rassemble nombre d’anciens conseillers municipaux et industriels. Il était âgé de 56 ans.

La Loire et l'abbaye de Sept-Fons vus de Diou

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4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 00:01

Jean Baptiste Guiot naît le 9 octobre 1839 à Pragelas (act. Pragela), commune montagnarde et francophone de la province de Turin, dans le Piémont italien. Il est le fils de Marianne Blanc et de Jean Baptiste Guiot, dit Guiot-Bourg son mari.

Jean Baptiste Guiot, qui dispose de la nationalité française, épouse en décembre 1863 à Paris (2e arr.) Catherine Schaldenbrand, ouvrière en châles, originaire de Flaxlanden (Haut-Rhin). Il exerce alors le métier d’employé de commerce et réside 12, rue Beaurepaire à Paris (10e arr.). Dès 1865, il exerce la profession de fabricant de peignes, d’abord à Paris puis, avant 1885, à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne) où il ouvre un atelier dans le quartier de Polangis, rue du Plateau. Il réside dans la partie joinvillaise du même quartier, avenue Jamin.

Son épouse, qui opte en 1872 pour la nationalité française, et lui-même auront une fille, Léontine, qui épousera en août 1885 à Joinville-le-Pont Emmanuel Laforest, lequel sera le collaborateur puis le successeur de Guiot dans l’exploitation de la fabrique de peignes.

Le quartier de Polangis, loti à partir de 1883 dans le parc du château éponyme, compte en 1891 plus de 80 habitants sur les 4 320 de la commune. Les deux listes en présence lors des élections municipales de mai 1892 vont solliciter Guiot. Il refuse de rejoindre celle, classée à droite, conduite par le Dr Jean Barborin et Albert Bocquentin. Il rejoint la liste du maire sortant, Eugène Voisin, soutenue par le comité radical-socialiste. La liste conservatrice n’aura qu’un seul élu sur 23 (Honoré Moulinet), tandis les 22 autres sièges sont occupés par les radicaux. Guiot, qui est donc le premier polangeois élu au conseil municipal, est élu au second tour.

Dans le journal radical régional Voix des communes, Henry Vaudémont décrit ainsi le contexte municipal : « Le vieux Joinville [c’est-à-dire le centre-ville, sur la rive droite de la Marne] accorde au nouveau huit conseillers. Il en aura donc deux à choisir [en plus des 6 sortants qui se représentent]. Dès à présents les électeurs militants semblent avoir jeté les yeux sur MM. Guiot et Villain. (…) Quant à M. Guiot, je le connais personnellement et le tiens en grande estime. C’est un vieux et sincère républicain, car il l’était déjà sous l’empire. Il habite l’avenue Jamin et représentera Polangis, qui a pris assez d’extension, depuis un certain temps, pour avoir droit à un mandataire. Signe particulier : a refusé de faire partie de la liste Barborin. »

Après l’explosion de l'usine du Bi-Métal à Joinville en octobre 1895, Guiot organise avec François Blaize, coopérateur et lunettier, une quête en faveur des familles des ouvriers touchés par la catastrophe et rend compte, en novembre, de la gestion des fonds recueillis en faveur des victimes.

Il est désigné comme électeur sénatorial en mars 1896 et le sera e nouveau à deux reprises en 1899.

Lors des élections municipales de mai 1896, la liste Eugène Voisin est élue sans concurrence. Guiot est réélu dès le premier tour. Il n’est pas candidat en 1900.

Guiot et sa femme vendent, en août 1906 l’entreprise de peignes à leur fille et à leur gendre. Son épouse va vivre avec ces deux derniers à Champigny, tandis que Jean Baptiste Guiot va s’installer au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Sans doute attiré par les bateaux, il vit rue Frédéric-Lemaître, à quelques dizaines de mètres du port, dont il fréquente les pilotes.

Jean Baptiste Guiot meurt le 31 mars 1914 au Havre. Il était veuf depuis octobre 1911 et âgé de 74 ans.

Son gendre, Emmanuel Laforest, a siégé également au conseil municipal de Joinville (1904-1908).

Mineurs au col de Pragela vers 1900

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30 octobre 2017 1 30 /10 /octobre /2017 00:01

René Henri Desouche naît le 25 mai à 1900 Paris (12e arr.). Il est le fils de Louise Desouche et d’Henri Alexandre Émile Graillat, comptable, qui le reconnaît à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne) en juin 1903. Ses parents se marient en juin 1905 à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il porte ensuite le nom de René Graillat. La famille vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où le père est conseiller municipal socialiste et la mère responsable d’une association humanitaire.

À 17 ans, René Graillat s’engage volontairement en juin 1917, devançant l’appel de sa classe. Mobilisé dans les chasseurs à pied, il devient caporal en juin 1918 puis sergent en juin 1919. Il participe aux forces d’occupation françaises en Allemagne entre octobre 1919 et sa démobilisation en juin 1920. Il fait l’objet de deux citations, mettant en avant son influence sur ses hommes et son entrain.

Après-guerre, il est employé et se marie en novembre 1920 à Joinville avec Antoinette Irène Schmeler, dont il divorce en juin 1926. Il se remarie le mois suivant, toujours à Joinville, avec Paule Angéla Lépine, dont il se sépare également en octobre 1929. Il célèbre sa troisième union, à Saint-Maur-des-Fossés cette fois (Seine, act. Val-de-Marne) en janvier 1933 avec Jeanne Anaïs Gibertaud.

C’est dans le monde associatif que René Graillat, qui est également sportif, s’est impliqué. Il participe à ces compétitions de natation et est, jusque 1924 secrétaire général du club cycliste Joinville sportif. Il est également trésorier de la société de secours mutuels Caisse mutuelle Wander à Champigny. À ce titre il est décoré du mérite social en 1937.

En 1936, après s’être installé en 1933 route de Joinville, à Champigny-sur-Marne (Seine, act. Val-de-Marne), il est responsable de la section des cantons de Nogent et de Saint-Maur de la Fédération des sous-officiers de réserve républicains. Une cicatrice abdominale lui vaut d’être classé en service auxiliaire dans la réserve militaire en juin 1934 ; cependant, à sa demande, il est reclassé en service armé en octobre 1938.

Rappelé en septembre 1939, il est affecté dans un bataillon d’ouvriers d’armement aux Forges de Paris puis, en janvier 1940 dans une compagnie d’instruction à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise). Ayant rejoint l’infanterie en avril 1940, il est fait prisonnier le 22 juin 1940 et incarcéré en Allemagne. Il est rapatrié et démobilisé en novembre de la même année.

Membre du mouvement Front national, Graillat sert dans le groupe de Champigny du secteur Seine Est des Forces françaises de l’intérieur du 18 au 25 août 1944, avec le grade d’adjudant-chef. Après la Libération, il poursuit son engagement au sein du mouvement du 1er au 20 septembre.

Sur proposition du comité local de Libération de Champigny; René Graillat est nommé en septembre 1944 membre de la délégation spéciale chargée d'administrer provisoirement la commune de Champigny-sur-Marne. Il fait fonction de conseiller municipal.

Vivant désormais boulevard Aristide-Briand, toujours à Champigny, Graillat devient président de la mutuelle du personnel de la Fédération mutualiste de la Seine, poste qu’il occupe en 1960 et 1969.

René Graillat meurt le 30 janvier 1978 à Créteil (Val-de-Marne). Il était âgé de 77 ans et décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, ainsi que de la médaille militaire. Son grand-père, Laurent Graillat, communard, tonnelier et conseiller prud’homme avait été conseiller municipal de Saint-Maur au titre du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire.

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26 octobre 2017 4 26 /10 /octobre /2017 01:01

Troisième article de la biographie de Laurent Graillat.

Lors des élections municipales de mai 1900, Graillat est élu aux côtés de plusieurs autres socialistes, comme René Bounet, conseiller municipal de Saint-Maur. Au premier tour, il recueille 717 voix pour 3 480 votants soit 20,6%. Au second tour, il est élu grâce à la fusion des listes radicale et du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Il devient syndic du conseil municipal.

Laurent Graillat meurt le 5 mai 1902, à l’âge de 68 ans, en ayant exercé jusqu’au bout ses fonctions de conseiller municipal, de président du conseil de prud’hommes ainsi que de la chambre syndicale des tonneliers, et de membre de la commission départementale du travail. De manière très inhabituelle, tous ces titres figurent sur son acte de décès à l‘état-civil communal.

Les obsèques de Laurent Graillat vont être l’occasion de manifestations spectaculaires. On y voit des personnalités, comme plusieurs députés socialistes dont Victor Dejeante ou le sénateur-maire de Saint-Maur Léon Piettre tandis que pompiers, les fanfares et diverses sociétés locales envoient des délégations. Mais ce sont les comités socialistes qui décident de les rendre solennelles en voulant déployer un drapeau rouge. L’intervention des agents de police provoque une vive bagarre, pendant laquelle ils réussissent à s’emparer de l’étendard, qui ne sera rendu à la famille qu’à la fin de la cérémonie. La presse nationale rend largement compte de l’incident.

Un an et demi plus tard, en octobre 1903, les membres du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire inaugurent un modeste monument élevé sur sa tombe, au cimetière du Nord, avenue de l’avenue de Condé à Saint-Maur.

Son troisième fils, seul survivant de ses enfants, Émile Graillat, sera le responsable de la section socialiste SFIO de la ville voisine de Joinville-le-Pont en 1912 et conseiller municipal, socialiste indépendant, de la même ville en 1919.

Enfin, son petit-fils René Graillat, lui aussi engagé dans l’action sociale professionnelle, sera membre de la délégation spéciale chargée d'administrer provisoirement la commune de Champigny-sur-Marne à la Libération en 1944 où il fait donc fonction de conseiller municipal.

Fin.

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24 octobre 2017 2 24 /10 /octobre /2017 01:01

Deuxième article de la biographie de Laurent Graillat.

Avec Jules Guesde et Victor Marouck notamment, Graillat devient militant de la FTSF (Fédération des travailleurs socialistes de France). Quand scission du Parti ouvrier se produit en 1882, il reste aux côtés des possibilistes de Paul Brousse.

En mai 1884, Graillat est candidat socialiste révolutionnaire dans le quartier Bercy de Paris (12e arr.) où il obtient 198 voix sur 1 471 votants pour 1 949 inscrits soit 13,1% ; c’est le radical Lyon-Alernand qui est élu. Il intervient dans plusieurs réunions du parti ouvrier socialiste révolutionnaire, nom que prend la FTSF, en région parisienne de 1884 à 1889 et est membre du comité national de ce parti.

Les groupes ouvriers constitués de tonneliers et ouvriers de magasins, barilleurs, répareurs du département de la Seine créent une chambre syndicale de la tonnellerie dont Graillat est le secrétaire général. Sous son égide, un bureau d'embauche est constitué en 1885. Cette même année, il participe à l’Exposition internationale d’Anvers.

Le principal engagement de Laurent Graillat est la fonction de conseiller prud'homme qu’il exerce plus de vingt ans à partir de 1882. Il est élu dans la 3e catégorie qui regroupe les tonneliers. Antérieurement, les élections aux conseils de prud'hommes se passaient sans que le public y attache une grande importance. Mais en novembre 1882, le parti possibiliste voulut les investir pour appliquer les principes socialistes sur la rémunération du travail manuel et ils constituent un comité central électoral et de vigilance des conseillers prud'hommes ouvriers. Lors de ce premier scrutin, le comité central fait élire onze candidats sur les vingt-six conseillers ouvriers. Un groupe de socialistes indépendants est également constitué. En décembre 1888, le journal Le Temps considère que le vote est le terrain où l’on peut juger des forces respectives des divers partis socialistes révolutionnaires et s’inquiète que les conseils ne deviennent pas « le champ-clos des partis socialistes ». Cette année-là, les possibilistes présentent 22 candidats, pour 7 de la Fédération des chambres syndicales indépendantes. Le comité central possibiliste présente un il proclame que son but est « la suppression compte du patronat et du salariat », demande à ses élus d’être inscrit au parti ouvrier. Sur 27 sièges, sur 21 élus on compte 11 possibilistes (dont Graillat), 5 indépendants et 5 blanquistes ; il y avait eu 11 000 votants sur 31 375 inscrits.

En décembre 1890, sur les 69 conseillers prud'hommes ouvriers siégeant, il y avait 47 possibilistes, 21 socialistes indépendants et un conseiller blanquiste-boulangiste.

Installé à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) en 1892 dans une maison qu’il avait fait construire 30, rue du Petit-Parc Graillat est réélu à nouveau en décembre 1893. Yves Guyot (La tyrannie socialiste, 1893), député de droite, estime que Graillat, président du Conseil des prud'hommes des produits chimiques, a un mandat impératif de condamner toujours les patrons et publie une lettre de lui du 14 juin 1893 dans laquelle il se dit « élu d'un comité et ayant un programme, desquels je relève rigoureusement et qui seuls dictent ma conduite. »

Graillat est encore reconduit en 1896 et 1899, à chaque fois de nouveau au premier tour et assure la présidence pour la partie ouvrière. Il reçoit pour ses mandats une médaille d'argent en mars 1902, remise par Alexandre Millerand, ministre du commerce et de l'industrie.

Il était également président de la deuxième section de la commission départementale du travail de la Seine.

À suivre.

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22 octobre 2017 7 22 /10 /octobre /2017 01:01

Premier article de la biographie de Laurent Graillat.

Laurent Vincent Graillat naît le 20 janvier 1834 à Saint-Vallier (Drôme), il est le fils de Marie Maige et de son époux Laurent Graillat. La famille s’installe à Lyon vers 1835, où les parents exercent la profession de marchands de comestibles en 1859, rue de la Monnaie ; ils sont ensuite concierges en 1877.

Toujours à Lyon, Laurent Graillat exerce la profession de tonnelier et vit également rue de la Monnaie (2e arr.). Il y épouse en mars 1859 Jeanne Jogand.

Sous la Commune de Paris, Graillat est commandant du 240e bataillon de la 70e légion, stationné à Belleville le 18 mars 1871. Selon Ernest Vaughan (1841-1929, fondateur de l’Aurore), « il combattit énergiquement jusque la dernière minute et ne songea à son salut qu'après l'occupation complète de Paris. Il réussit à s'échapper par la porte de Belleville, en sautant du haut du bastion et se réfugia à Saint-Maurice. »

Il continue d’exercer la profession de tonnelier et réside de la Grande-Rue de Saint-Maurice  (Seine, act. Val-de-Marne) quand il déclare le décès de son fils aîné, Jean, 9 ans, en mars 1872. Il était cependant recherché en tant qu’ancien communard et, d’après Ernest Vaughan « un soir, le brigadier de gendarmerie, qui avait pour lui, sinon de l'amitié, du moins beaucoup d'estime, vint le prévenir qu'il avait l'ordre de l'arrêter le lendemain matin. Graillat partit immédiatement ». Il est condamné par contumace, le 21 novembre 1873, par le 3e conseil de guerre, à la déportation à perpétuité dans une enceinte fortifiée.

Il se fixa en 1873 à Bruxelles (Belgique), 19, rue de la Montagne-de-Sion, où il exerce toujours son métier de tonnelier. Il intègre la Société des proscrits de la capitale belge et s’investit dans l’aide sociale aux réfugiés.

Après le décès dans son village d’origine de Civrieux-d'Azergues (Rhône) de son épouse Jeanne en février 1875, Laurent Graillat se remarie en septembre 1878 à Bruxelles avec Marie Joséphine Tourot, originaire de Faucogney (Haute-Saône).

Amnistié, sans doute au titre de la loi du 3 mars 1879, s’installe de nouveau en France et y continue son métier de tonnelier. Il est domicilié 17, passage d’Austerlitz à Paris (12e arr.) quand il déclare la naissance de son second fils, Laurent Désiré. Il est chef tonnelier chez Sauvignon en 1886 où il gagnait 500 francs par mois plus les commissions, puis courtier en vins. Il vivra ensuite dans le même arrondissement rue Érard.

À suivre.

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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 01:01

Jean Baptiste Gripon naît le 21 août 1864 à Mouliherne, Maine-et-Loire. Il est le fils Louise Courtin et de son mari, Jean François Gripon.

Après des études de médecine, Gripon est reçu comme officier de santé en juillet 1888 et est enregistré en mai 1889 comme exerçant rue Oberkampf à Paris (11e arr.). Il est mentionné dans la presse comme ne réussissant pas à ranimer une mère abandonnée qui se suicide en janvier 1890 à Paris ni à sauver un jeune homme qui se noie à Nanterre en été 1892.

Il se marie en décembre 1893 à Paris (18e arr.) avec Joséphine Zélie Caron, et est alors domicilié rue Ravignan. Il s’installe ensuite à Pierrelaye (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise), où naît son premier enfant et où il est appelé en avril 1898 pour secourir deux ouvriers ensevelis dans un accident de chantier ; un des deux meurt.

Gripon s’installe à l’été 1898 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où il va exercer d’abord rue Chapsal (quartier du Centre) puis, à partir de 1901, route de la Brie (quartier de Palissy). Il soutient en 1903 une thèse sur le traitement de la tuberculose pulmonaire où il souligne l’effet positif du sirop Thiocol (Roche).

Lors de l’affaire Dreyfus, Gripon signe en novembre 1898 une protestation « au nom du droit méconnu, contre les poursuites et les persécutions qui frappent le colonel Picquart, l'héroïque artisan de la révision, à l'heure même où celle-ci s'accomplit. »

En décembre 1907, le Dr Gripon est candidat au poste de médecin inspecteur des écoles de la commune, nouvellement créé. Sa candidature est présentée devant la délégation cantonale scolaire qui la retient par 9 voix contre 6 à son concurrent, le Dr Vallat, conseiller municipal. Contre la règle, le préfet nomme pourtant le candidat arrivé second après une enquête suite à ce que Gripon qualifie de « insinuations malveillantes » alors qu’il avait présenté une attestation d’honorabilité signée de 846 personnes. L’hebdomadaire radical Voix des communes considère que « le vaincu aurait dû se retirer ». Gripon fait appel à une sorte de jury d’honneur, composée de Louis Parisot, conseiller général de la Seine (Courbevoie) et de Paul Guelpa, dirigeant du parti radical. Les deux hommes concluent à l’absence de responsabilité dans les insinuations malveillantes qui auraient motivé l’enquête préfectorale. Gripon publie une lettre de Gripon dans laquelle il écrit : « Je fus dévalisé ! Je pensais qu’en m’en prenant à celui qui profitait de mes dépouilles, je découvrirais les coupables, mais je me trompais. Le Dr Vallat est bien innocent. (…) Nous chercherons ailleurs les responsabilités. »

Bien que le Dr Vallat ne se représente pas aux élections municipales de mai 1908 à Joinville, Gripon décide d’être candidat indépendant face à la liste du maire sortant, le radical-socialiste Eugène Voisin, à une liste du comité socialiste évolutionniste (anciens socialistes et libéraux) et à quelques socialistes unifiés (SFIO). Les radicaux-socialistes emportent 21 sièges, les évolutionnistes en ont un et Gripon est élu. Il a recueilli 526 voix au second tour pour 1 188 suffrages exprimés (44,3%) sur 1 319 inscrits. Il en avait obtenu 493 au premier tour.

Au conseil municipal, Gripon va adopter une position très critique vis-à-vis du maire et de Louis Rey, un des principaux animateurs du radical-socialisme dans la commune et teneur de la rubrique locale dans Voix des communes. En juillet, Gripon accuse le maire Voisin d’avoir payé ses employés avec des bons du bureau de bienfaisance ; la préfecture, saisie de l’accusation après que Gripon ait refusé de se soumettre à un jury d’honneur, lave la majorité municipale des accusations.

Tout au long de l’année 1908, la polémique est entretenue dans les journaux locaux, notamment Voix des communes, l’Écho républicain (libéral) et L’Indépendant, publié par Eugène Hainsselin, ancien syndicaliste et un des animateurs du comité évolutionniste. Louis Rey traite Gripon de misérable, petit homme, fou et morphinomane ; un autre conseiller radical, Léon Roux, qui l’avait défendu dans sa tentative de devenir médecin scolaire, estime qu’il est de ceux qu’il ne salue plus.

L’attitude agressive de Gripon lors du vote sur le compte administratif en octobre 1908 et l’agitation encouragée par Hainsselin, mais contestée dans les rangs de la droite, provoquent une bagarres entre nationalistes à la fin d’une séance du conseil municipal. À la fin du même mois, quand le bureau de bienfaisance tente de réorganiser le service médical de l’état-civil dans la commune, quatre médecins sur six refusent de collaborer avec Gripon pour « fautes graves entachant l’honneur. »

La vie privée de Gripon est également fort agitée. Gripon avait placardé des affiches pendant la campagne électorale de 1908 où il figurait en bon père de familles tenant ses enfants dans les bras en photo. Mais en avril 1909, une décision de justice lui a enlevé la garde de ses enfants, et la sentence est exécutée par le commissaire de police publiquement, un jour de marché, devant un attroupement de personnes. Le jugement faisait suite à une enquête judiciaire qui établissait que ses enfants étaient battus, mal traités et mal nourris. Gripon prétend que, s’il a perdu son procès, c’est en son absence alors qu’il procédait à un accouchement.

En juillet la même année, Gripon quitte Joinville pour s’installer rue d'Angoulême à Paris (8e arr.) et exercer dans le 11e arrondissement. Après un scrutin partiel la provoqué par la démission de cinq dissidents et qui voit la défaite de la majorité municipale, Gripon revient siéger et se solidarise des sept opposants au maire radical-socialiste. Cependant, Gripon avait mis en cause dans une réunion avant ce vote, comme faisant partie des cinq élus municipaux ayant quitté la commune. Il n’est pas réélu lors des municipales de 1912.

Cette même année, ses deux fils aînés vont être victimes d’un drame qui marque l’opinion publique. Se baignant en août dans l’anse de Piégu, près de Val-André, dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d’Armor) avec quatre de leurs parents, Jean (16 ans) et Jacques (13 ans) sont entraînés vers le large et meurent noyés sous les yeux de leur mère.

Jean Baptiste Gripon, qui continuait d’exercer comme médecin à Paris, meurt le 11 septembre 1920 à Paris (11e arr.). Il était malade et âgé de 56 ans.

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8 octobre 2017 7 08 /10 /octobre /2017 01:01

Victor Jules Moignard naît le 10 avril 1818 à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (Seine, act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne). Il est le fils de Julie Laurence Rousseau et de Jacques Cyr Moignard, journalier. Il est également le petit-fils de Jacques Moignard (1752-1813), cultivateur, et membre du conseil municipal de la même commune en tant que notable en 1793.

Pendant sa vie, Victor Moignard va exercer de nombreuses activités professionnelles. Ainsi, il est cultivateur en 1840, épicier l’année suivante, carrier en 1845 et 1847, période où il quitte Joinville pour le village voisin de Saint-Maurice. On le retrouve entrepreneur en 1865 à Paris, associé à une entreprise de démolition engagée dans les travaux de percement des grandes artères haussmanniennes dans le 12e arr. Mais, la société est dissoute dès février 1866 par un jugement qui la déclare nulle, « faute d'accomplissement des formalités légales ». Il se lance ensuite dans le commerce du vin, boulevard de la Villette, à Paris. Mais cette nouvelle aventure tournera court, avec une faillite prononcée en juillet 1877.

Moignard va se replier à nouveau sur ses terres d’origine, Joinville et Saint-Maurice, où il dispose de propriétés. Mais il gardera cependant une évidente aigreur de ses mésaventures vinicoles. Ainsi, en 1880, il fait inscrire dans le bail qu’il consent à un débitant de boissons d'un immeuble de Joinville qu’il avait « interdiction de se fournir chez Dussaussois et Classens », grossistes en vin à Bercy. Lesdits fournisseurs lui intentèrent un procès, plaidé en septembre de cette année, mais furent déboutés ; la presse qui s’esbaudissait des « antipathies de M. Moignard » y vit « une petite cause où l'on rencontrerait tous les éléments d'un vaudeville, s'il n'y manquait quelques couplets. »

Marié en juin 1840 à Joinville avec une blanchisseuse, Félicité Gousset, il aura quatre enfants d’elle avant son décès à Paris en juillet 1868. Il vivra ensuite sur la fin de sa vie à Joinville avec Jeanne Girard, qu’il ne semble pas avoir épousée.

En novembre 1874, Victor Moignard prend part à la constitution d’une liste républicaine qui s’oppose au maire bonapartiste sortant, Auguste Courtin. Trois de ses colistiers, Antoine Cambier, Louis Benoit et le maître de forges Alphonse Pilté sont élus, tandis que les quatre autres promoteurs sont battus, Victor Moignard, le négociant Pouzet, l’architecte Valéry et Alphonse Demeestère, futur pilier du radical-socialisme local. Auguste Courtin, propriétaire du château de Polangis, est réélu maire.

Victor Jules Moignard meurt le 9 octobre 1895 à Joinville, où il résidait toujours rue de Paris, dans le centre-ville. Il était âgé de 77 ans.

Rue de Paris et Rue de Creteil

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 01:01

Louis Désiré Goujet naît le 23 octobre 1825 à Paris (8e arr.). Il est le fils de Marie Nicole Lequart et de son époux Jean Baptiste Goujet.

Exerçant la profession de négociant, résidant rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris (11e arr.), il semble disposer d’une situation solide et épouse, en juillet 1852 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Adélaïde Emélie Gabrielle Lemaire, fille d’un autre négociant Jean Émile Lemaire, ancien adjoint au maire de la commune.

C’est également à Joinville-le-Pont, où il réside dans le quartier du centre sur la rive droite de la Marne, que Louis Désiré Goujet va exercer des fonctions politiques à partir de 1881. Il est élu en mai membre du conseil municipal sur une liste républicaine, Gabriel Pinson étant maire. Il est notamment désigné membre de la commission municipale scolaire instituée par l'article 5 de la loi du 28 mars 1882, et qui a pour objet de surveiller et encourager la fréquentation des écoles.

En mai 1884, Goujet est réélu, dès le 1er tour comme 16 autres de ses collègues, conseiller municipal avec 312 voix, toujours sur la liste républicaine de Gabriel Pinson, complétée au second tour par quelques radicaux plus avancés (Alphonse Demeestère, Henri Diot). Des concurrents, qualifiés de réactionnaires par les radicaux, avaient obtenu en moyenne 56 voix au premier tour. Le début du mandat est marqué par un conflit entre la municipalité d’une part, le curé et le conseil de fabrique de l’autre ; plusieurs francs-maçons et anticléricaux s’affichent ouvertement dans la majorité municipale.

L’hebdomadaire radical Voix des communes signale, en janvier 1888 que Goujet, qui aurait joué « un rôle très effacé », avait présenté sa démission à une date non précisée.

Louis Désiré Goujet, a probablement une résidence secondaire à Joinville, car il a son domicile à Paris, quai aux Fleurs (4e arr.). Il fait un don significatif à la Société nationale d'assistance pour les aveugles travailleurs, basée à l’Hospice national des Quinze-Vingts. Il meurt le 13 février 1920 à Paris (4e arr.). Il était âgé de 94 ans.

Avec son épouse Adélaïde Emélie Gabrielle, ils avaient eu deux filles et un fils, Paul Louis Goujet (1853-1919), commandant dans l’infanterie, chevalier de la Légion d’honneur.

écoles Joinville

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30 septembre 2017 6 30 /09 /septembre /2017 01:01

Henri Émile Boulard naît le 1er octobre 1873 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Rachel Kahn et de son époux, Ernest Boulard, monteur en bronze.  Il est le second de leurs sept enfants.

Exerçant la même profession que son père en tant que monteur en bronze, Henri Boulard s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où il épouse, en novembre 1893 Marie Joséphine Brigandat. Ils résident dans le quartier de Palissy, avenue des Platanes. Ils ne semblent pas avoir eu d’enfants.

Sans doute est-ce Henri Boulard qui prend des responsabilités au sein de la section socialiste SFIO de Joinville, les quelques mentions dans le quotidien L’Humanité ne donnant pas son prénom. D’autres Boulard résident dans la commune au début du siècle, dont son oncle Louis Alphonse Boulard ou un Joseph Marie Albert Boulard qui ne lui est pas apparenté, cependant ces deux derniers semblent ne plus vivre à Joinville vers 1912.

Boulard est candidat au premier tour des élections municipales de mai 1912. La liste socialiste fusionne avec une liste radical-socialiste dissidente et avec une liste libérale, ce qui va permettre à la coalition d’emporter l’ensemble des 23 sièges face à la majorité radical-socialiste sortante ; sept socialistes sont élus, pour la première participation de la SFIO dans l’assemblée locale. La liste est conduite par Émile Lebègue et Boulard figurait en dix-huitième position des candidats validés par la commission des candidatures de la Fédération SFIO de la Seine.

Fin juin 1912, Boulard est nommé membre de la commission exécutive de la section socialiste de Joinville, dont Grandhomme est le secrétaire. il ne figure plus dans le bureau mis en place en janvier 1913 avec Émile Graillat comme secrétaire.

Henri Émile Boulard serait mort en 1921, à l’âge de 47 ans.

Une rue de Palissy au 19e siècle

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