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14 février 2019 4 14 /02 /février /2019 00:01

Zélik Sabkowski naît le 5 septembre 1896 à Paris (4e arr.) où son père Samuel Sabkowski est marchand forain ; il utilisera le prénom de Félix. Il est également le fils de Malvina Deitcher, ses deux parents, des juifs originaires de Pologne et ayant acquis peu avant sa naissance la nationalité française, vivent rue Saint-Paul, dans le quartier du Marais.

Résidant alors avec sa mère à Drancy (Seine, act. Seine-Saint-Denis), rue Danton, Félix Sabkowski est mobilisé par anticipation en avril 1915, avec la classe 1916, du fait de la première guerre mondiale. Il travaillait alors dans la confection.

Intoxiqué au gaz en octobre 1918 dans l’Aisne, Félix Sabkowski est décoré de la Croix de guerre pour son activité pendant le conflit. Il semble cependant avoir du mal à supporter la prolongation de son service sous les drapeaux après l’armistice. Le 23 mars 1919, il est noté comme « manquant aux appels » puis déclaré « déserteur » six jours plus tard, avant d’être rayé des contrôles de la désertion le surlendemain.

Traduit devant le conseil de guerre, il est condamné le 11 juin 1919 à un an de prison avec sursis pour « faux et usage de faux en matière de feuille de route » ainsi que pour « désertion à l’intérieur en temps de guerre ». Cependant, il obtiendra un certificat de bonne conduite au moment de sa démobilisation, le 23 septembre 1919.

Revenu à la vie civile, Félix Sabkowski devient marchand forain, vivant d’abord à Paris puis à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne), de nouveau dans le 19e arrondissement de Paris puis enfin à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne).

Il se marie en janvier 1921 à Paris (4e arr.) avec Jeanne Gabrielle Salmon ; le couple participe en août 1929 à un concours du plus beau bébé.

Remobilisé dans un régiment de génie en 1939, Félix Sabkowski est renvoyé dans ses foyers le 2 mars 1940.

Il participa à lutte contre l’occupation allemande de la France et fut décoré de la médaille de la Résistance.

Félix Sabkowski meurt le 4 novembre 1953 à Paris (12e arr.). Il résidait toujours rue du Lac à Saint-Mandé et fut inhumé au cimetière parisien de Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Son frère Salomon était mort en 1899 dans des circonstances qualifiées de « crime antisémite » par la presse. Un autre de ses frères, Jacques, fut déporté pendant la deuxième guerre mondiale dans un camp allemand, à Aurigny (îles anglo-normandes).

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12 février 2019 2 12 /02 /février /2019 00:01

Salomon Sabkowski naît le 12 avril 1888 à Paris (4e arr.). Ses parents sont des juifs originaires de Pologne, Samuel Sabkowski et Malvina Deitcher, marchands ambulants. Ils vivent rue Saint-Paul, dans le quartier du Marais.

Âgé de 11 ans, Salomon Sabkowski, qui accompagnait son père dans une tournée commerciale à Bayeux (Calvados), meurt dans des conditions non éclaircies, mais qualifiées par plusieurs organes de presse de « crime antisémite. »

Le registre d’état-civil mentionne qu’il a été retrouvé décédé sur la rivière d’Aure, à Bayeux, au lieudit Le Moulin à tan, le 16 août 1899.

Ayant rencontré son père à Montmartre (Paris, 18e arr.), où il vendait du nougat la nuit, le journaliste Jacques Prolo (pseudonyme de Jean Pausader) raconte son « effroyable aventure » dans le quotidien anarchiste de Louis Noir, Le Journal du peuple. D’autres journaux reproduisent l’article, par exemple L'Égalité de Roubaix-Tourcoing ou L'Univers israélite.

En août 1899, Salomon accompagne son père qui profite d’une fête à Bayeux pour y vendre des jouets. Dans la soirée, le père est verbalement agressé et traité de « sale youpin ». Il poursuit cependant son commerce mais, vers une heure et demie du matin, Salomon étant harassé, il le couche, enveloppé dans son pardessus, sur une table sous la tente dressée dans la cour de l’auberge Lecot, rue aux Pommes.

Reparti vendre ses objets sur la place où les danses continuaient, Samuel Sabkowski revint vers trois heures ; il ne retrouva pas son fils. Il fait de vaines recherches, personne n’ayant vu le gamin sortir de l’auberge. Le matin, il s’adressa au bureau de police. Après avoir ouvert les vannes d’un moulin à tan, proche de l’hôtellerie, on découvrit le cadavre. Si le rédacteur estime qu’une enquête s’imposait, le commissaire fut d’un avis différent. Il fit inhumer le corps de l’enfant sans procéder à l’autopsie. Au père, qui s’étonnait, il répondit : « Estimez-vous bien heureux d’avoir retrouvé votre fils. »

Jacques Prolo remarque pourtant que le contexte aurait nécessité une investigation, mentionnant les menaces qu’avait reçues le père e la proximité de bandes racistes à Caen, préfecture du Calvados.

Le Journal du peuple et les organes de presse qui reprennent l’article posent la question : « est-ce un crime antisémite ? »

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 00:01

Samuel Sabkowski naît le 10 mai 1859 à Pinchew (probablement act. Pińczów), en Pologne russe. Il est le fils de Klinen ou Calmann Sabkowski et de son épouse, Samuel Seldé. Comme une importante partie de la communauté juive polonaise, il émigre et s’installe en France. Il est de petite taille (1 m. 62).

En avril 1886 à Paris (11e arr.), Samuel Sabkowski, qui vit boulevard Beaumarchais, se marie avec Malvina Deitcher, également d’origine juive et native de Rajmich, en Pologne russe. Ils auront sept enfants.

Ayant acquis la nationalité française décret du 28 août 1895, Samuel Sabkowski se voit affecter de manière rétroactive pour son service militaire à la classe 1879 ; il est rattaché au 26e régiment d’infanterie territoriale de Paris.

Pauvre, Samuel Sabkowski exerce une activité de marchand forain ou colporteur. En 1899, il se confie à Jean Pausader (alias Jacques Prolo), journaliste dans le quotidien anarchiste de Louis Noir, Le Journal du peuple. Plusieurs journaux, dont L'Égalité de Roubaix-Tourcoing ou L'Univers israélite, reproduiront l’article.

Jacques Prolo indique qu’il a rencontré Samuel Sabkowski à Montmartre (Paris, 18e arr.) et le qualifie de « un pauvre diable qui gagne misérablement sa vie en offrant des cubes de nougat aux bohêmes et à la vadrouille noctambule ».

En août 1899, il se rend à une fête à Bayeux, Calvados, pour y vendre des jouets. Il est accompagné de son fils aîné, Salomon, âgé de 11 ans. L’après-midi, il est agressé verbalement se faisant traiter de « sale youpin ». Il poursuit cependant son commerce et couche son fils, vers une heure et demie du matin, dans une tente au milieu de la cour d’une auberge, située rue aux Pommes.

Lorsque lui-même revient vers trois heures, raconte Jacques Prolo, son fils a disparu. On le retrouvera au matin, dans le canal d’une rivière traversant Bayeux, l’Aure. La police refuse d’ouvrir une enquête, le commissaire répondant à la demande du père : « Estimez-vous bien heureux d’avoir retrouvé votre fils. »

Au vu de l’agitation organisée par certains organes racistes, comme celui de Drumont, et après les menaces qui avaient visé le père, Jacques Prolo s’indigne de l’absence d’investigation policière et s’interroge : « est-ce un crime antisémite ? »

Hospitalisé à l’Hôtel-Dieu, sur l’île de la Cité à Paris (4e arr.), Samuel Sabkowski meurt le 16 janvier 1904. Il résidait alors rue Saint-Paul et était âgé de 44 ans.

Un de ses fils, Zélik dit Félix (1896-1953), marchand forain, devint résistant pendant la deuxième guerre mondiale. Un autre fils, Jacob dit Jacques (1891-1971), commerçant, fut militant radical-socialiste à Joinville-le-Pont, déporté pendant la deuxième guerre mondiale et militant au sein de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes.

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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 00:01

Joseph Gustave Busseuil naît le 21 avril 1858 à Saint-Maurice (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils d’Henriette Marie Busseuil, couturière, dont le mariage en novembre 1858 avec Jules Gobert apportera à Gustave une légitimation et le nom de Gobert.

Il poursuit l’activité de son père, décédé en août 1880, et de sa mère comme restaurateur et marchand de vins à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), commune limitrophe de Saint-Maurice. Ils sont installés rue des Corbeaux (act. avenue des Canadiens), en bordure du Bois de Vincennes et près du champ de courses de chevaux.

La fréquentation de l’hippodrome se faisait principalement depuis la garde de chemin de fer de Joinville, mais l’accès au bois était malcommode car il fallait traverser les voies. Avec quatre autres commerçants (Bégat, Bisson, Derocq et Jouvet), Gobert est à l’initiative en novembre 1889 d’une pétition pour réclamer un passage souterrain.

Gobert se marie en février 1884 à Coulommiers (Seine-et-Marne) avec Adèle Lise Leauté ; ils auront une fille la même année.

En avril 1890, Gobert organise dans son établissement un « banquet gras » à l’occasion du vendredi saint pour les libres-penseurs et anticléricaux de la ville, dont le publiciste Henry Vaudémont, le conseiller municipal Alphonse Demeestère ou le député Jules Ferdinand Baulard. Ce repas est l’occasion de la fondation d’une une société de libre-pensée à Joinville, branche du groupe La Raison, historiquement basé à Bry-sur-Marne. La cotisation est de 4 francs par an et le président est Henry Vaudémont, connu comme journaliste et polémiste sous le pseudonyme de Gringoire.

Avec notamment les cafés Tilly et Bossu ou l’hôtel Demeestère, l’établissement de Gobert est l’un de ceux qui diffusent régulièrement les invitations aux manifestations et banquets organisés par les radicaux-socialistes dans la commune.

L’historien Basile Nivelet mentionne le nom de J. Gobert comme membre du conseil municipal de Joinville en 1892. Cependant, le Bulletin municipal officiel de Paris confirme que c’est bien son oncle Stéphane Gobert qui est réélu cette année-là.

Son activité rencontre cependant des difficultés économiques, puisqu’il est déclaré en faillite en septembre 1897. Cet incident provoquera son départ de Joinville et sera suivi de son divorce en septembre 1899.

Gustave Gobert, devenu représentant de commerce,  se remarie à Paris (12e arr.) en mars 1904 avec Mathilde Victorine Jacquard. Un jugement prononcera leur séparation de biens en août 1907. Il vit alors à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis) et est employé de commerce.

La presse nationale relate début juillet 1914 le « singulier accident » dont est victime Gustave Gobert, alors représentant de commerce et âgé de 56 ans, résidant rue de la Forge, à Noisy-le-Sec (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il se trouvait hier sur la plate-forme d'un tramway électrique se dirigeant vers la place Saint-Augustin à Paris (8e arr.), depuis le cours de Vincennes (12e arr.). Au moment où le véhicule passait rue Bolivar (19e arr.), il reçut en pleine figure une petite balle de caoutchouc durci, lancée par des gamins, selon le commissaire chargé de l’enquête. Gobert s’étant évanoui, on fit arrêter le tramway et des agents le conduisirent à l’hôpital ophtalmologique du docteur de Rothschild où l’on constata qu’il avait l'œil gauche crevé.

La date de décès de Gustave Gobert n’est pas connue.

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20 décembre 2018 4 20 /12 /décembre /2018 00:01

Stéphane Gobert naît le 2 mai 1843 à Saudrupt (Meuse). Il est le fils de Louise Testique et de son époux Henri Gobert, fileur.

Stéphane Gobert est tailleur de limes à Paris en 1866, un métier lié à la corporation des taillandiers, définitivement disparu en France (et sans doute en Europe de l’ouest) en 2005. En 1741, Philémon Louis Savary des Bruslons, chanoine de l'église royale de Saint-Maur-des-Fossés, édite le Dictionnaire du commerce, ouvrage posthume de son frère Jacques, inspecteur général des manufactures, qui décrit les modalités de production : « La trempe des limes se fait avec une composition de suie de cheminée bien sèche & bien dure qu'on bat & qu'on détrempe avec de l'urine & du vinaigre ; à quoi l'on ajoute du sel commun, en sorte que le tout se réduise en consistance de moutarde. Après que les limes ont été taillées, & qu'on les a frottées de vinaigre & de sel pour en ôter la graisse qu'on avait mis dessus pour les tailler, on les couvre de cette composition, & les ayant mises plusieurs ensemble en un paquet dans de la terre glaise, on les met au feu, d'où quand elles ont pris une couleur de cerise, ce que l'on voit par le moyen d'une petite verge du même acier qu'on appelle esprouvette, on les retire & et on les jette dans de l'eau de fontaine ou de puits toute la plus froide qu'il se puisse. »

En août 1866, Stéphane Gobert épouse Zima Florentine Moignard, fille de cultivateurs de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et descendante d’un notable de la commune pendant la période révolutionnaire, Jacques Moignard. Le couple s’installe à Joinville, rue des Corbeaux (act. avenue des Canadiens), en bordure du Bois de Vincennes.

Lors des élections municipales de mai 1878, Stéphane Gobert participe à une liste républicaine qui bat le maire sortant bonapartiste, Louis Ferdinand Rousseau, et ne laisse qu’un seul siège aux royalistes orléanistes. Gabriel Pinson est élu maire.

En septembre 1879, contrairement à la majorité du conseil municipal, Gobert refuse de voter un blâme contre un de leurs collègues, Alphonse Demeestère, qui avait lancé une collecte en faveur d’un ancien communard, Adolphe Morandy.

En janvier 1881, un groupe de conseillers municipaux de Joinville (Demeestère, Diot, Berné, Vaudey, Bessault et Gobert) publie, dans le quotidien Le Mot d’ordre, une lettre Aux électeurs républicains démocrates de Joinville-le-Pont. Regrettant qu’aucune réunion électorale ne soit prévue, ni par le conseil municipal sortant, ni à l’initiative des électeurs, ils décident de ne pas se présenter tout en assurant avoir exercé leur « mandat avec honnêteté, indépendance et patriotisme. »

C’est de nouveau aux côtés de Gabriel Pinson que Stéphane Gobert se présente de nouveau pour des élections municipales en mai 1888 ; la liste du maire s’oppose à une liste radicale-socialiste conduite par Alphonse Demeestère avec plusieurs conseillers sortants. Les républicains modérés l’emportent avec 18 sièges contre 3 aux radicaux. Gobert est élu dès le premier tour avec 347 voix sur environ 775 électeurs inscrits et plus de 425 votants. Lors de l’élection municipale complémentaire qui suit la mort de Gabriel Pinson en juillet 1888, Gobert soutient la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien, avec « un groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », élu conseiller municipal, et vote en faveur d’Eugène Voisin, qui devient maire.

À partir de 1890, Gobert se rapproche des radicaux et du député Jules Ferdinand Baulard. En octobre 1891, il participe à la première réunion de compte-rendu de mandat organisée à Joinville sous la présidence Baulard.

Au cours du scrutin municipal de 1892, les radicaux rejoignent la liste d’Eugène Voisin qui emporte 22 des 23 sièges à pourvoir, contre un à une liste classée à droite, conduite par Bocquentin et le Dr Barborin. Gobert est réélu dès le premier tour, la liste Voisin ayant près de 70% des suffrages. Il siège dans la commission scolaire et celles des fêtes, du marché, du chauffage ainsi que de la bibliothèque.

L’historien Basile Nivelet mentionne J. Gobert comme élu en 1892 ; cependant, le Bulletin municipal officiel de Paris confirme que c’est bien Stéphane Gobert qui est réélu cette année-là.

Pour les élections municipales suivantes, en mai 1896, la liste Eugène Voisin, sur laquelle figure toujours Gobert, est réélue sans concurrents avec une moyenne de 800 voix pour 918 électeurs inscrits. Son rôle politique s’accentue : il est électeur sénatorial en juin 1897 et délégué de la commune à la Ligue Paris-Banlieue en décembre de la même année.

La liste Eugène Voisin est à nouveau intégralement réélue dès le premier tour en mai 1900, malgré la présence de candidats d’un comité électoral socialiste-révolutionnaire. Gobert obtient 639 suffrages pour 1 096 inscrits.

S’engageant de nouveau pour les élections législatives de mai 1902 en faveur d’Adolphe Maujan, successeur de Jules Ferdinand Baulard, Gobert est délégué du groupe radical-socialiste de Joinville au sein du comité d’union et d’action républicaines de la 2e circonscription de Sceaux.

Avec 10 de ses collègues, contre 5 et une abstention, Gobert vote contre l’autorisation des Sœurs enseignantes de la Providence cours d’une séance du conseil municipal en juin 1902.

Conjointement avec un autre élu municipal, Théodore Létang, Gobert avait été président de la Fanfare municipale de Joinville en 1889.

Stéphane Gobert meurt à son domicile, 7, rue des Corbeaux, le 4 juin 1903 Joinville, à l’âge de 60 ans. Il avait eu trois enfants. Son neveu, Constant Gobert, fils de son frère Jules, sera également conseiller municipal de Joinville-le-Pont (1912-1930).

 

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18 décembre 2018 2 18 /12 /décembre /2018 00:01

Eugène Louis Thybaut naît le 19 septembre 1834 à Lille, Nord. Il est le fils de Flore Stéphanie Baudin et d’Eugène Antoine Jacques Thybaut, typographe.

Établi à Paris (8e arr.) en tant que tailleur sur cristaux et lunetier, Eugène Thybaut a un premier fils de sa relation avec Marguerite Dory en mars 1855 puis en décembre 1858 une fille avec Élisabeth Bouche alors qu’il réside à Paris (3e arr.) et elle à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il se marie, dans le même arrondissement, en mai 1866 avec Stéphanie Baudrot, débitante de tabac à Paris, originaire de Gevrey-Chambertin (Côte-d'Or). Ils auront ensemble deux filles en 1869 et 1873.

Devenu buraliste dans les années 1880, avant de reprendre son métier dans la taille de verre, Thybaut s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue Gille, dans le quartier récemment construit de Palissy sur la rive gauche de la Marne. Peut-être a-t-il des relations avec la Société des lunetiers, coopérative dont plusieurs coopérateurs et employés sont joinvillais, comme Francois Blaize (1824-1900), conseiller municipal ; Pierre Jules Tireau (1827-1900), militant radical-socialiste ; Eugène Videpied (1834-1900), également militant radical-socialiste ou Maurice Poitevin (1894-1916), petit-fils de Thybaut.

En avril 1888, Thybaut participe au comité électoral républicain radical-socialiste qui met en place une liste concurrente à celle de la municipalité sortante, conduite par le Gabriel Pinson, républicain. Thybaut fait partie de la commission chargée de sélectionner les candidats qui, outre les radicaux-socialistes, comprend également au moins deux représentants d’une organisation socialiste, le Groupe études sociales (parti ouvrier) de Joinville-le-Pont, Boguet et Charton. La constitution de du comité était appuyée par Jules Ferdinand Baulard, ancien conseiller municipal de Joinville, qui avait abandonné son mandat car il refusait le cumul après son élection comme conseiller général du canton de Charenton en 1886.

La liste de gauche est conduite aux élections municipales de mai 1888 par Alphonse Demeestère, conseiller sortant, et Thybaut y figure en neuvième position. Trois radicaux-socialistes sont élus au second tour (Diot, Demeestère et Vaudey) tandis que la liste modérée emporte les 18 autres sièges. Thybaut, présenté comme propriétaire, n’est pas élu.

En octobre 1892, Thybaut participe, notamment avec Tireau, à une réunion de soutien à Jules Ferdinand Baulard, devenu député radical de la 2e circonscription de l’arrondissement Sceaux en septembre 1889.. Organisée dans une école de Joinville, elle se conclut par une quête a été faite au profit des grévistes des verreries de Carmaux.

Eugène Louis Thybaut meurt le 18 janvier 1920 à Joinville. Il était âgé de 85 ans et marié depuis 54 ans. Sa fille cadette, Léonie, avait épouse Henri Poitevin (1865-1939), artiste peintre, conseiller municipal de Joinville (1908-1929).

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16 décembre 2018 7 16 /12 /décembre /2018 00:01

Suite de la biographie de Gustave Charton

En janvier 1897, Gustave Charton s’inquiète, dans une lettre publiée dans l’hebdomadaire Voix des communes du sort des ouvriers de l’usine métallurgique du Bi-Métal à Joinville : « Il se produit en ce moment à la compagnie du Bi-Métal de Joinville (connue par la dernière grève et la déplorable catastrophe toute récente, où plusieurs personnes ont trouvé la mort), des faits absolument scandaleux. Les ouvriers employés dans cette usine gagnent de 0 fr. 35 à 0 fr. 40 de l’heure environ, et ne travaillent que la moitié de l’année à peu près, ainsi qu’en font foi quelques lettres qui sont en ma possession. C’est, il faut l’avouer, un assez maigre salaire et l’on se demande comment ces malheureux peuvent s’arranger pour vivre avec si peu de rétribution ; mais là ne s’arrête pas l’infamie capitaliste qui règne en souveraine maîtresse dans cette usine ; en effet, lorsque les ouvriers atteignent la soixantaine, et que la somme de travail produit commence à diminuer, on les jette à la porte comme des malpropres, ces termes sont tirés de la lettre criante de souffrance que m’adresse l’un de ces malheureux.  J’en connais qui depuis 15 et 20 ans travaillent sans discontinuer dans cette usine, et qui viennent de subir le sort accordé à tous ceux qui ont le malheur de voir leurs cheveux blanchir, et dont le travail ne concorde plus avec celui de l’ouvrier en pleine force l’âge. Et voilà ! On emploie des ouvriers, on les use, et lorsque la vieillesse les écrase de sa griffe, on les jette sur le pavé, sans se soucier de savoir s’ils n’ont plus qu’à choisir entre ces trois moyens de vivre : la mendicité, la prison ou l’hôpital. »

Le directeur de la Voix des communes, Gabriel Meynet, ancien maire d’Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne), commente longuement l’article : « Charton qui, on le sait, est l’honnêteté et la droiture mêmes, en m’apportant l’article qu’on vient de lire, a tenu à me montrer les témoignages écrits des pauvres diables, mis brutalement à la porte, en plein hiver, comme on jette à la borne de vieilles savates hors d’usage. Ces serfs de l’usine où ils ont travaillé, à peine rétribué environ 1 fr. 75 par jour si l’on tient compte des chômages forcés dus sans doute à l’intermittence des commandes, sont plus mal traités que les esclaves antiques. Ceux-ci vieux, brisés, usés, avaient jusqu’au jour où ils crevaient dans quelques coins, la pâtée et un gîte. Ceux-là, comme dit Charton, ont pour perspective la mendicité, le vagabondage, l’hôpital, la prison.  On ne leur reprochera pas, j’aime à la croire, leur manque de prévoyance. Le pain de la vieillesse, eh, fichtre ! Comment le mettre de côté, quand celui du jour est à peine suffisant pour sa journée ? La bête humaine, dans sa nudité native est parfois singulièrement résistante. Arriver ainsi à la soixantaine, la dépasser et n’être pas si complètement déjetée qu’elle ne puisse dans son métier s’employer utilement ? Que M. le directeur n’aille pas s’imaginer que, de propos délibéré, je m’en prends à lui personnellement et à ses actionnaires de ces tristes conditions. (…) Toutefois, il me permettra de faire appel aux sentiments de solidarité, d’humanité qui sommeillent dans le cœur humain et qui, sous la pression des évènements terribles, en jaillissent en de splendides réveils. Il n’a pas oublié la lamentable catastrophe que rappelait Charton, il se souvient de ces morts et de ces vivants enfoncés sous les décombres, que fouillaient les ouvriers de l’usine au risque d’être écrasés par la chute d’un mur croulant. Ne fut-il pas lui-même parmi ceux que l’irréfléchi dévouement de ces hommes arracha à la mort ? N’en est-il pas parmi ceux qu’il vient de balayer qui ont contribué à ce magnifique sauvetage ? (…)

Le mois suivant, toujours dans le même journal, Charton dénonce des incidents avec un prêtre et la famille pendant la maladie de Robert, libre-penseur joinvillais.

De nouveau, en 1899, Charton vit à Joinville. Il est domicilié 8, rue du Pont, dans le même immeuble qu’un autre socialiste-révolutionnaire, Henri Martinet (1865-1932), ouvrier menuisier, syndicaliste, coopérateur, militant socialiste puis communiste et conseiller municipal de Champigny-sur-Marne (1908-1925).

Jean Gustave Charton meurt le 5 février 1900 à Joinville. Son décès est déclaré à l’état-civil par son fils Fernand Alfred Charton, 23 ans, sous-officier au 153e régiment de ligne en garnison à Toul et par Alexandre Isidore Hénocq, 42 ans, militant du POSR à Joinville.

Ses obsèques rassemblent une assistance nombreuse de militants républicains, socialistes révolutionnaires comme radicaux-socialistes, avec notamment le député radical Jules Ferdinand Baulard, le maire de Joinville Eugène Voisin ou Adolphe Aureau, ancien maire de Saint-Maur. La presse radicale commente son décès. Pour Voix des communes, « Charton était un bon et ferme républicain, un libre-penseur convaincu, qui appartenait depuis un certain nombre d’années au parti ouvrier socialiste révolutionnaire, il comptait beaucoup d’amis parmi les groupes de la démocratie, qui avaient été à même d’apprécier sa loyauté, sa bonne foi, en même temps que la bonté de son cœur et sa courtoisie habituelle ». Le quotidien Le Radical voit en lui un « camarade de combat. »

Une des filles de Charton, Clarisse, épouse en octobre 1901 Alphonse Doret, petit-fils d’Alphonse Demeestère, ancien dirigeant des radicaux de la circonscription. Le mariage est célébré par le maire de Joinville Eugène Voisin tandis que le député Jules Ferdinand Baulard prononce un discours.

Un atelier de l'usine Bi-Métal, Joinville

 

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14 décembre 2018 5 14 /12 /décembre /2018 00:01

Suite de la biographie de Gustave Charton

Au cours de l'année 1887, Charton est le fondateur et secrétaire d’un Groupe d’études sociales et d’action politique de Joinville-Gravelle (un quartier de Saint-Maurice) ; il s’agit de la plus ancienne structure socialiste connue à Joinville. Le groupe a pour devise : « l’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes ». Les réunions mensuelles ont lieu au café Bausse, Grande-Rue à Saint-Maurice. L’hebdomadaire radical Voix des communes salue la création du groupe.

Lors des élections municipales de mai 1888, Gustave Charton est candidat sur la liste du comité électoral républicain radical-socialiste, conduite par Alphonse Demeestère, conseiller sortant, et qui comprend également un autre socialiste-révolutionnaire, le tourneur et syndicaliste Jean-Baptiste Boguet (1853-1897). Une réunion publique, avec 300 électeurs présents selon l’hebdomadaire radical, adopte et la liste des candidats le 2 mai.

La liste républicaine modérée du maire sortant, Gabriel Pinson, obtient 17 élus dès le premier tour, et un autre au second ; les radicaux sont trois à rentrer dans le conseil au deuxième tour, Diot, Demeestère et Vaudey. Charton et Boguet sont battus.

Le scrutin législatif partiel du 27 janvier 1889, voit le républicain Édouard Jacques, président du conseil général de la Seine, s’opposer au général Boulanger, qui remporte l’élection. Charton fait partie d’un groupe de Joinvillais ayant souscrit pour soutenir la candidature d’Édouard Jacques dans le journal La Lanterne.

Comme feue son épouse, Gustave Charton est un libre-penseur. Il participe au groupe anticlérical de la libre-pensée de Saint-Maur-des-Fossés en 1887, et est délégué par lui au congrès national en octobre 1891. Il est toujours affilié en 1899.

Ayant déménagé à Saint-Maur en 1892, il réside d’abord rue de La Varenne puis, en 1896, rue Bourdignon, dans le quartier du Parc. Charton milite au sein du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane (POSR). Il est candidat en mars 1896 lors d’élections municipales partielles, dans la 3e section électorale communale, qui couvre le quartier du Vieux Saint-Maur. Charton est élu au second tour avec trois autres socialistes-révolutionnaires.

Son mandat dure peu, puisqu’il est remis en jeu lors des élections municipales générales de mai 1896. Le réaménagement du sectionnement communal en trois secteurs au lieu de quatre fait que Charton se présente cette fois dans la 2e section (Saint-Maur Le Parc). Sa liste arrive en seconde position, derrière la liste républicaine progressiste (droite) mais devant les radicaux-socialistes. Les conservateurs emportent au second tour les huit sièges de la section et ont la majorité au conseil municipal avec 19 élus face à 8 radicaux.

A suivre

 

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12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 00:01

Jean Gustave Charton naît le 1er octobre 1835 à Bordeaux (Gironde). Il est le fils de Marie Combes et de son époux Pierre Charton, teinturier. Il va exercer le même métier que son père.

Pendant la Commune de Paris (mars-mai 1871), Gustave Charton est à Paris. Il se présenta lui-même comme « clairon au 228e fédéré ».

Lors des procès qui suivent la fin de l’insurrection, le rôle de Charton est évoqué. Maguiabal, chef de bureau au ministère de l'instruction publique, déclare le 18 août 1871 qu'il a été arrêté le 13 avril par ordre du délégué de la Commune à ce ministère et d'un nommé Charton.

C’est dans le même ministère que Charton rencontre le peintre Gustave Courbet. Ce dernier le fit citer lors de son procès le 14 août 1871. Absent à l’audience pour cause d’indisposition subite, Charton transmit une lettre dans laquelle il rend hommage aux bons sentiments de Courbet, et rappelle les efforts qu'il a faits pour sauver le journaliste Gustave Chaudey. Dans son courrier, Charton ajoute que selon lui, Courbet n'a accepté des fonctions de la Culture que pour se rendre utile au monde des arts.

Si Charton n’est pas mis en cause personnellement, c’est peut-être par prudence qu’il s’éloigne de la capitale et va exercer son métier de teinturier à Corbeil (Seine-et-Oise, act. Corbeil-Essonnes, Essonne). Il est d’abord associé en 1872 à un italien d’origine, Antoine Molinaro, rue Saint-Spire, avant de monter sa propre teinturerie rue des Fossés.

En septembre 1872, Gustave Charton épouse à Paris (11e arr.) une autre teinturière, Alphonsine Léontine Girod, originaire de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils auront six enfants. Au moment de son mariage, les parents de Charton résident à Santiago du Chili. À partir de 1882, Charton se présente comme rentier ; il semble conserver la propriété de sa teinturerie.

Après le décès de sa femme à Joinville-le-Pont en mars 1885, Charton vient habiter cette commune. Deux de ses filles y sont élevées par une belle-sœur. Il réside en 1887 au 11, rue du Canal, en limite de la commune de Saint-Maurice.

A suivre

 

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8 décembre 2018 6 08 /12 /décembre /2018 00:01

Edmond Octave Gabriel Martin Chapuis naît le 24 février 1841 à Poiré-sous-Bourbon (act. Poiré-sur-Vie, Vendée). Il est le fils de Nathalie Mélanie Gabrièle Armand et de Désiré Henry Chapuis.

Établi à Paris (1er arr.), passage Véro-Dodat, Edmond Chapuis est employé de commerce. Il épouse en octobre 1876 dans l’arrondissement Marie Anne Sonner, confectionneuse, fille d’un berger alsacien.

Devenu propriétaire, Chapuis et sa femme s’installent à Joinville-le-Pont, où ils résident en 1890 avenue Gille (quartier de Palissy).

Lors des élections municipales partielles de mars 1890 à Joinville, où 5 sièges sont à pourvoir, deux listes se présentent. Une liste de concentration est patronnée par l’adjoint au maire, Honoré Jullien et l’autre est constituée à l’initiative du comité radical de la commune, sous l’impulsion du journaliste Henry Vaudémont. La liste de concentration a deux élus, la liste radicale en a trois, dont Chapuis, qui l’emporte dès le premier tour. Il est un des deux résidents du quartier de Palissy à intégrer le conseil, la rive gauche de la Marne, en forte croissance démographique, étant jusqu’ici peu représentée.

Le maire, ses adjoints et les radicaux-socialistes font liste commune lors des élections municipales générales de mai 1892. Ils remportent 22 des 23 sièges à pourvoir face à une liste conservatrice Bocquentin-Barborin. Au premier tour, Chapuis obtient 283 voix pour 639 suffrages exprimés (44,3%) sur 644 votants. Il est élu au second tour.

Avant le renouvellement du conseil en mai 1896, Henry Vaudémont porte une appréciation critique sur Chapuis et Imbault, un de ses collègues : il « vont passer l’hiver à Nice ou en Algérie et l’été aux bains de mer ». Cependant, Chapuis est réélu comme tous ses colistiers, la liste du maire Eugène Voisin se présentant sans opposition.

S’il est régulièrement désigné comme délégué sénatorial, ce qui atteste d’une certaine influence politique, Chapuis ne semble pas jouer de rôle notable dans la vie locale.

Il n’est pas candidat en mai 1900.

Edmond Chapuis meurt le 12 novembre 1902 à Joinville, dans son domicile de l’avenue Palissy. Il était âgé de 61 ans.

 

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