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9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 00:01

Louis Antoine Soyez naît le 13 octobre 1841 à Brie-Comte-Robert, Seine-et-Marne. Il est le vils de Françoise Anastasie Boulet et de son époux Jean Louis Soyez, vigneron.

Ses parents sont en 1869 blanchisseurs à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne). Lui-même est mécanicien dans la commune voisine de Joinville-le-Pont où il épouse, en septembre 1869, Victorine Julie Robberechts.

Lors des élections municipales de janvier 1878, Louis Soyez est élu au sein du conseil municipal qui voit la victoire des républicains conduits par Gabriel Pinson sur les monarchistes de l’ancien maire, Louis Ferdinand Rousseau.

En octobre de la même année, veuf depuis l’année précédente, Louis Soyez, qui est devenu fabricant d’objets en plumes, se remarie à Joinville avec Adrienne Anaïs Ricq. Ils vivent rue du Canal. Plusieurs plumassiers sont répertoriés dans les communes environnantes et à Joinville, dont Jean Louis Frédéric Bardin auquel Soyez est lié.

Il quitte Joinville peu après et réside, auprès de ses parents, à Saint-Maur, rue du Pont-de-Créteil. En 1879, une élection partielle remplace trois démissionnaires du conseil municipal de Joinville, dont probablement Soyez, qui n’est plus mentionné dans les activités communales.

Louis Soyez meurt le 17 février 1888 à Saint-Maur, à l’âge de 46 ans. Il était de nouveau veuf et père de trois enfants.

Encyclopédie Diderot et d'Alembert, Différents ouvrages du plumassier.

 

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3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 00:01

Suite de la biographie de Laurent Nicolas Pinson

Pinson n’ira pas tout-à-fait au bout de son mandat commencé en 1837. Il démissionne et s’en explique dans une lettre du 6 février : un « riche propriétaire, membre du conseil » est « venu jeter le trouble » dans la commune et le conseil municipal. Le grammairien Charles-Pierre Chapsal, propriétaire du château de Polangis, avait demandé sa radiation et celle de son adjoint, Pierre Bainville (également démissionnaire), devant le tribunal de la Seine le 8 janvier. Pinson estime ne pas avoir les moyens de mener la lutte sur le plan légal. Chapsal, élu conseiller municipal en 1840, considérait les deux édiles comme incapables.

Les élections de février 1843 placent en tête Hippolyte Pinson. Il est nommé adjoint en juillet, tandis que Chapsal, qui n’était pas soumis à réélection, est désigné comme maire, avec une fortune de 50 000 fr.

Ayant abandonné le commerce de bois pour la restauration, avant 1836, Laurent Nicolas Pinson semble avoir vu son patrimoine s’éroder. Ainsi, il n’est sur la liste des électeurs censitaires de 1843 qu’en tant que personne qualifiée et figure l’an suivant sur la liste supplémentaire.

C’est probablement lui le Pinson, ancien marchand de bois, à Joinville-le-Pont, qui fait faillite en novembre 1844.

Laurent Nicolas Pinson meurt le 11 mai 1867 à Joinville. Il était veuf, père de 5 enfants et âgé de 78 ans. Son frère Hippolyte Pinson, était toujours adjoint au maire, et il s’agissait alors d’Auguste Courtin, fils adoptif de Chapsal.

Son petit-fils, Gabriel Pinson, sera maire de Joinville de 1878 à 1888. Quant à son petit-neveu, Albert Louis Bocquentin, il siégea comme conseiller municipal de 1890 à 1892. Ainsi, l'ancêtre Laurent François Pinson et ses descendants occupèrent-ils des fonctions communales presque sans interruption pendant un siècle.

C’est dans l’église de Joinville, financée par la famille Chapsal et inaugurée sept ans avant, que les obsèques de Pinson furent organisées.

Fin

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1 mars 2019 5 01 /03 /mars /2019 00:01

Suite de la biographie de Laurent Nicolas Pinson

Une ordonnance du 19 août 1831 décide le changement de nom de la commune. Dernier maire de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, Laurent Nicolas Pinson devient aussitôt le premier magistrat de Joinville-le-Pont.

Lors des premières élections, au suffrage censitaire, le 30 septembre 1831, le conseil municipal est renouvelé par moitié. Laurent Nicolas Pinson est élu, en compagnie notamment de deux anciens maires, Jean Mathurin Lemaire et Jean Joseph Robin.

Six ans plus tard, en mai 1837, il est réélu en obtenant 32 voix pour 46 votants sur 61 inscrits. Il est renouvelé dans son mandat de maire et affiche, cette fois, une fortune, en baisse, de 2 000 fr.

En 1838, Leblanc de Ferrière donne une description du village de 600 habitants dont Pinson est le maire. Il donne « à la garde nationale une belle compagnie de 100 grenadiers, incorporés au 3e bataillon de la 4e légion de la banlieue ». Le pont, encore appelé pont de Saint-Maur (qui deviendra vite pont de Joinville) est un ouvrage de pierres, « nouvellement rebâti, et digne de remarque par la beauté et la solidité de sa construction. Il a vingt-une arches, 600 mètres de longueur et 12 mètres de largeur. »

« Le séjour de Joinville est aussi salubre qu'agréable. Les rues sont pavées et en bon état d'entretien. Les loyers y sont chers et très-recherchés par les habitants de Paris, pendant la belle saison. On s'y procure aisément toutes les nécessités de la vie, mais à un prix aussi élevé que dans la capitale, le vin et quelques légumes exceptés.

« La situation du village est charmante. Une vue magnifique sur le cours de la Marne et sur la riche plaine qu'elle arrose ; des promenades et des sites sans cesse variés, de beaux jardins, le bois de Vincennes et le canal de Saint-Maur, tout contribue à faire de Joinville un lieu de plaisir et de rendez-vous pour les environs et pour Paris; aussi compte-t-on dans ce village un grand nombre de restaurateurs et de marchands de vin. Les mœurs des habitants se ressentent de cette fréquentation ; ils sont, en général, doux, prévenants et paisibles, industrieux d'ailleurs, et se livrant au travail avec ardeur.

« L'ordre public est maintenu par une brigade de gendarmerie. L'église de Saint-Maur-des-Fossés sert de paroisse à Joinville, qui n'a pas encore d'édifice consacré au culte religieux. Le cimetière aussi est commun aux deux villages ; il est situé hors de l'enceinte de l'un et de l'autre, entouré d'un beau mur, tenu avec le soin convenable, et décoré de quelques monuments qui méritent d'être remarqués.

« Les secours à l'indigence sont administrés d'une manière qui mérite les plus grands éloges ; ils sont répartis avec justice, et l'on ne souffre pas que le mendiant de profession abuse de la charité publique.

« L'instruction a plus d'un établissement, dans ce village. Il compte une école primaire pour les garçons, deux écoles semblables pour les filles, et un pensionnat de jeunes garçons tenu par M. Molette: Le territoire de la commune comprend environ 1,000 arpents ; il est cultivé avec intelligence, et l'agriculture y fait de grands progrès dans toutes ses branches. Il produit des céréales de toute espèce, une grande quantité de pommes de terre et de très-bons fourrages. On compte 250 arpents de bois propre au chauffage.

« Joinville possède une fabrique de sucre de betteraves, mise en mouvement par une machine à vapeur. M. Manon en est le propriétaire. M. Couteau a établi une belle fabrique de cuirs et de toiles vernis, qui occupe cinquante ouvriers. Joinville fait en outre un commerce assez considérable de bois de chauffage et de charpente.

« Ce village communique facilement avec Paris, tant par les Omnibus et leurs correspondances, qui vont jusqu'à Saint-Maur, que par les autres voitures publiques, si fréquentes sur la route de Lagny, Coulommiers, Provins, etc. »

A suivre

La délibération prenant acte du changement de nom de la commune

 

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27 février 2019 3 27 /02 /février /2019 00:01

Début de la biographie de Laurent Nicolas Pinson

Laurent Nicolas Pinson naît le 8 novembre 1788 à Pont-de-Saint-Maur, village de la paroisse de Saint-Maur-des-Fossés, qui deviendra Joinville-le-Pont (act. Val-de-Marne). Il est le fils de Jeanne Marguerite Mathieu et de son mari, Laurent François Pinson, marchand de bois.

Officier municipal (soit adjoint au maire) pendant la période révolutionnaire, de 1791 à l’an 3 (1795), Laurent François Pinson devint le maire de la commune de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, créée en 1790 à partir de l’ancien village du Pont-de-Saint-Maur. Il conserva son poste pendant le Premier Empire puis au début de la Restauration, jusqu’à sa mort en fonction le 27 décembre 1814. Il était chevalier de la Légion d’honneur.

En juillet 1810, toujours à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, Laurent Nicolas Pinson épouse Marie Claudine Martine Coquot, originaire de la Marne.

Laurent Nicolas Pinson succéda, selon ses propres déclarations, à son père au sein du conseil municipal dès 1815. Cependant, les archives ne mentionnent pas sa présence à cette date et ne conservent qu’une proposition pour cette fonction en 1818, faite par le maire Jean Joseph Robin, mais elle ne semble pas avoir été suivie de sa nomination effective. Peut-être est-il nommé en 1819, quand l’adjoint au maire René Neveu démissionne. Sous le régime de la Restauration, les membres du conseil sont désignés par arrêté préfectoral.

Il devient lui-même adjoint au maire en septembre 1821 quand Claude Pierre Jacmart, alors adjoint, est nommé maire en remplacement de Jean Joseph Robin, démissionnaire pour raisons de santé.

Au moment de la publication de l’arrêté qui l’installe dans sa fonction, la fortune de Pinson, toujours marchand de bois, est estimée à 1 000 francs ; c’est un montant inférieur à celle de son prédécesseur, Jacmart (3 000 fr.) et encore plus à celle de l’ancien maire, Robin (6 000 fr.). Il est rejoint au sein de l’assemblée communale, à partir de 1827, par son frère, Hippolyte Pinson.

Après la Révolution de juillet 1830, la municipalité, qui reste en place, engage une démarche auprès du nouveau roi Louis-Philippe pour obtenir le changement de nom du village, qui reste trop marqué à son goût par la scission de 1790 d’avec Saint-Maur-des-Fossés. Pour réussir, les joinvillais proposent le nom de François, prince de Joinville, fils du souverain. Cette démarche est qualifiée par des historiens comme Georges Poisson et Jean Tulard de « pure flagornerie ». Elle est contestée par la commune voisine de Saint-Maur qui n’avait pas renoncé au rêve d’un retour dans le même giron.

Cependant, elle semble plaire au roi des Français, puisque Louis-Philippe accorde, le 13 septembre 1830, une audience à la députation de la commune et de la garde nationale du Pont-de-Saint-Maur, présidée par le maire. En leur nom, Jacmart « demande que leur commune porte désormais le nom de SAR le prince de Joinville ». Le nouveau monarque leur répond : « Je reçois votre adresse avec beaucoup de plaisir. J’en ai toujours beaucoup à recevoir les députations qui m’apportent l’expression de sentiments si agréables pour moi. Maintenir les institutions et assurer à tous les citoyens le libre exercice de leurs droits, sera le but constant de mes efforts. Je compte sur le concours de la garde nationale. »

Quelques jours avant cette cérémonie, le 1er septembre, Claude Pierre Jacmart venait de démissionner de son poste. Laurent Nicolas Pinson échange son poste d’adjoint contre celui de maire. Il est officiellement installé le 27 septembre. À ce moment, son patrimoine s’est augmenté, puisqu’il fait état d’une fortune de 3 000 fr.

A suivre

 

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25 février 2019 1 25 /02 /février /2019 00:01

Alexis Aristide Picard nait le 5 mars 1841 à Ivry, Seine (act. Ivry-sur-Seine, Val-de-Marne). Il est le fils de Virginie Véronique Weber et de son mari Armand Aristide Picard, marchand de bois qui résident quai de la Gare dans la commune.

L’oncle d’Alexis, Gabriel Noël Picard (1800-1873), également marchand de bois, fut conseiller municipal (1834) puis adjoint au maire (1834) et enfin maire d’Ivry (1836), fonction qu’il occupa jusqu’au 31 décembre 1859, la ville de Paris annexant le territoire où se situait sa maison début 1860. Conseiller général de la Seine depuis 1849, il devint de droit conseiller municipal de Paris. Il était officier de la Légion d’honneur.

C’est le père d’Alexis et frère de Gabriel Noël Picard, Armand Aristide Picard (1809-1902) qui prit la succession à la mairie et fut le maire d’Ivry de 1860 à 1869.

Leur frère cadet, Laurent Alexis Picard (1814-1900), avocat à la cour d'appel, a également exercé un mandat politique en tant que conseiller général de l’Oise. De tendance conservatrice, mais républicain, il était chevalier de la Légion d’honneur.

Devenu luis aussi marchand de bois, Alexis Picard réside quai de la Gare à Ivry (jusqu’en 1860) puis à Paris, où il est toujours mentionné en 1876. Cependant, il dispose également d’une résidence à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où, en septembre 1870, il est élu conseiller municipal trois semaines après la proclamation de la troisième République.

La commune, qui comptait 2 086 habitants au recensement de 1866, est le lieu de la bataille de Champigny avec sa voisine Champigny-sur-Marne du 30 novembre au 3 décembre 1870, pendant la guerre franco-prussienne. Elle occasionne d’importantes destructions, dont celle du pont de Joinville, et de nombreux morts, principalement militaires. Pour fuir les combats, la population tout entière émigre à Paris. Le conseil municipal continue cependant de fonctionner. Pour se réunir, il loue un local d’abord, en septembre 104, rue du Bac à Paris (7e arr.) puis en novembre 105, boulevard Voltaire (11e arr.), qui deviennent ainsi la mairie provisoire de Joinville.

Les Joinvillais rentrent chez eux dans le courant du premier trimestre 1871. La municipalité reprend possession de la mairie, qui a subi d’importantes dégradations, et y tient son premier conseil municipal le 1er avril 1871, pendant la Commune de Paris.

Comme le maire sortant, Auguste Courtin, conservateur, Alexis Picard est réélu lors du nouveau scrutin municipal de juillet 1871. Toujours avec Auguste Courtin, Alexis Picard est reconduit en novembre 1874. La majorité sortante conservatrice avait alors face à elle une liste républicaine, qui obtient au moins trois élus (Benoit, Cambier et Pilté).

En septembre 1876, Louis Ferdinand Rousseau, alors adjoint remplace comme maire, Courtin, qui quitte la commune. Le nouveau premier magistrat, bonapartiste, est battu lors des élections municipales générales de janvier 1878 et Picard cesse son activité politique publique.

Il s’était marié, en mars 1863 à Paris (3e arr.) avec Hélène Adelphine Payen. Il disparaît de son domicile de Joinville le 4 juin 1879 et son absence est juridiquement constatée en avril 1887. Il est mentionné comme vivant lors du décès de son épouse en août 1905 à Paris (12e arr.) et comme mort lors de la disparition de son fils aîné en avril 1928.

Peut-être faut-il l’assimiler à Adolphe Aristide Picard, inscrit sur les listes électorales de Coolgardie (Australie occidentale) entre 1906 et 1912 puis, dans le même territoire à Dampier en 1916 et 1917 et de nouveau à Coolgardie entre 1922 et 1925.

Son enfant Adolphe Aristide Picard (1864-1928), négociant en bois, fonda en 1908 la Société sucrière de Santo-Eduardo, dans l’État de Rio-de-Janeiro au Brésil. Il fut fait chevalier de la Légion d'Honneur.

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22 février 2019 5 22 /02 /février /2019 00:01

Henry Vrain Charles François Lange naît le 8 mars 1896 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Clotilde Lange et de son époux Vrain Émile Léon Henri Louis Lange, ingénieur civil.

Mobilisé pendant la première guerre mondiale, Henry Lange est décoré de la Croix de guerre 1914-1918, de la Médaille militaire et de la Croix de guerre belge. En 1921, il est maréchal des logis de réserve au 33e régiment d'artillerie.

Installé à Angers, Maine-et-Loire, Henry Lange va travailler comme économe à l’hôpital, avec un statut de fonctionnaire. En mai 1921, il épouse dans cette ville Yvonne Élisabeth Marguerite Le Lagatdée.

En juin 1941, pendant la deuxième guerre mondiale, Henry Lange est contacté par Maurice Tardat, précurseur de la Résistance angevine, qui le recrute pour le réseau de renseignement de la Confrérie Notre-Dame (CND-Castille). Il y est agent de renseignement P1. Il sera homologué au titre des Forces françaises libres et des Forces françaises combattantes.

Fondée en 1940, la Confrérie Notre-Dame est un réseau de renseignements relié au Bureau central de renseignements et d'action (BCRA). Elle est dirigée par le colonel Rémy (Gilbert Renault).

Henry Lange meurt le 12 mai 1984 à Angers. Il était âgé de 88 ans. Il avait eu un enfant. Il a été décoré chevalier de la Légion d’honneur.

Henry Lange, photo CND-Castille

 

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18 février 2019 1 18 /02 /février /2019 00:01

Victor Eugène Bluche naît le 11 décembre 1885 à Bérou-la-Mulotière (Eure-et-Loir). Il est le fils de Marie Eugénie Fransioli et de son époux Gédéon Jullien Bluche, ouvrier d’usine.

Devenu tréfileur à l’usine Bi-Métal de Joinville-le-Pont, Victor Bluche s’est installé avec sa mère dans la commune avant 1905. Il effectue son service militaire entre 1906 et 1908.

Ayant repris son travail, il prend une part active à la grande grève des ouvriers de l’établissement métallurgique. Le 19 janvier 1910, la majorité des quelques 240 ouvriers se mettent en grève avec l’appui de l'Union syndicale des ouvriers sur métaux. Le syndicat est affilié à la Confédération générale du travail (Cgt), fondée en 1895 et unifiée en 1902 avec la fédération des bourses du travail ; la Cgt a adopté en 1906 la charte d’Amiens, qui reste la base idéologique du syndicalisme français.

Leurs demandes consistent en une revalorisation des salaires. Le conflit, particulièrement long, deviendra très violent, illustrant la rudesse des rapports sociaux au début du vingtième siècle. Il aura des échos à la Chambre des députés comme dans toute la presse.

Le langage de la presse de l’époque est fleuri. Le quotidien socialiste L’Humanité, fondé par Jean Jaurès en 1905, donne la parole au syndicaliste-révolutionnaire Gaspard Ingweiller (1876-1960, résidant à Paris). C’est lui qui dirige la grève joinvillaise, en tant que secrétaire de l’Union des métaux : « Les métallurgistes s'étant aperçus qu'un foyer de jaunisse [des non-grévistes embauchés par la direction] existait à l'usine de Canalisation électrique de Joinville-le-Pont, décidèrent d'accord avec les autres organisations en grève, de prendre de vigoureuses mesures de prophylaxie pour éteindre le foyer infectieux, considérant qu'il vaut mieux prévenir que guérir. »

Les syndicalistes se félicitent que, après trois semaines, « aucune défection se soit produite ». Des « cuisines communistes » fonctionnent pour fournir les repas aux grévistes et à leurs familles. Les enfants des métallurgistes en lutte sont pris en charge par d’autres militants afin d’écarter « le souci moral occasionné dans les luttes ouvrières par la présence des enfants. »

L’usine qui fabrique notamment des fils téléphoniques, est sous les eaux au cours de l’inondation historique  de la Marne qui recouvre tous les terrains bas pendant tout le mois de février. Début mars, les eaux s’étant retirées, la direction voulut procéder au graissage des machines qui avaient été submergées. Une vingtaine de mécaniciens parisiens est recrutée par les contremaîtres vendredi 18 mars ; ils arrivent accompagnés matin et soir par une escorte de policiers entre la gare du chemin de fer et l’usine. Mais l'entrée des ateliers est barrée par des grévistes embusqués qui leur interdisent l'accès de l'usine, tirant même des coups de revolver ; dix grévistes seront arrêtés.

La direction décide alors de faire appel au « Syndicat des jaunes », un mouvement anti-gréviste fondé en 1899 et soutenu par des groupes d’extrême droite. Le lundi 21 mars, ils sont une quarantaine, toujours accueilli par des protestations des grévistes. La tension monte encore. Des menaces de mort ont été adressées au directeur et des fils télégraphiques et téléphoniques ont été coupés à Saint-Maurice et dans le Bois de Vincennes.

Un des ouvriers nouvellement embauché est surpris emportant des pièces de cuivre dans une toile dissimulée sous son veston. La police procède à une fouille à l’entrée de la gare parmi les ouvriers qui regagnaient Paris : elle trouve sur six d’entre eux une moyenne de vingt kilos de métal ; ils sont eux aussi envoyés en prison. Le lendemain, un autre est encore convaincu de vol. La direction de l'usine décide alors de congédier tout le personnel nouvellement embauché et de fermer les ateliers.

Six grévistes du Bi-Métal comparaissaient, le 12 avril, devant le tribunal correctionnel, pour entrave à la liberté du travail, outrages aux agents et port d'arme prohibée ; le 27 mars, ils avaient attaqué à coups de pierres el de bâtons des travailleurs non-grévistes. Victor Bluche, qui est présenté comme un meneur, est condamné à trois mois de prison pour « entrave à la liberté du travail et violences aux agents » par le tribunal correctionnel de la Seine. Gaston Florence reçoit la même peine, tandis que son futur beau-frère François Lucchi et Jean Elipoura, (dit Lepicoura) se voient infliger deux mois de prison et Catherine Gutbrod (née Thomé), quinze jours.

Le 18 avril, l’usine rouvre après pratiquement trois mois d’arrêt, et la plupart des ouvriers reprennent le travail. Mais les incidents se poursuivent, avec notamment le sabotage de lignes téléphoniques. Au total, 25 personnes impliquées dans le conflit auront été arrêtés. Des bagarres se produisent encore le 5 mai, lors d’un meeting organisé dans la vaste salle de la coopérative de Gravelle à Saint-Maurice.

Un « comité révolutionnaire secret de la région de Joinville » dont le syndicaliste révolutionnaire Émile Pouget (1860-1931), fondateur du Père Peinard puis rédacteur en chef du journal de la Cgt, La Voix du peuple, vante l’action dans son ouvrage Le sabotage paru la même année revendique la coupure de 795 lignes téléphoniques et télégraphiques du lors d’actions conduites entre le 8 et le 28 juillet 1910 pour « protester contre l'arrestation arbitraire du camarade Ingweiller, secrétaire de l'Union syndicale des ouvriers sur métaux, les poursuites scandaleuses engagées contre le comité de grève du Bi-Métal et les condamnations prononcées le 25 juillet 1910. »

Pendant la première guerre mondiale, Victor Bluche est d’abord mobilisé au 82e régiment d’infanterie. Malade, il est hospitalisé plusieurs mois à partir de février 1915 puis, en octobre de la même année, affecté à l’autre usine du groupe Bi-Métal, celle d’Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne). Il est rebasculé dans les rangs combattants en juillet 1917 et finalement démobilisé fin mars 1919.

En octobre 1918, Victor Bluche s’était marié avec Marie Jeanne Lucchi à Joinville.

À partir de 1926, il est devenu conducteur de machine à vapeur au sein de l’usine des eaux de la ville de Paris, située sur le territoire de Joinville. Il est victime en 1935 d’un accident de travail et se voit attribuer une pension. Il obtient aussi, en février 1937, la Médaille d’honneur communale et est alors employé au sein de la direction générale des travaux de Paris.

Victor Eugène Bluche meurt le 29 novembre 1937 à Joinville, peut-être des suites de son accident. Il était âgé de 51 ans et avait deux filles mineures.

Atelier de l'usine Bi-Métal

 

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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 00:01

Jacob Sabkowski naît le 27 janvier 1891 à Paris (4e arr.) ; il utilisera le prénom de Jacques. Il est le fils de Malvina Deitcher, couturière et de son époux, Samuel Sabkowski, marchand forain. Tous deux juifs et originaires de Pologne, alors sous contrôle russe, ils obtiendront en 1895 et 1896 la nationalité française. En 1904, il fait sa Bar Mitzvah au temple de la rue des Tournelles, dans le quartier du Marais.

Devenu comptable, Jacques Sabkowski épouse en janvier 1912 à Paris (4e arr.) Louise Agnès Jamet, repasseuse, venant d’Indre-et-Loire.

Appelé au service militaire en octobre 1912, il est hospitalisé à plusieurs reprises et finalement réformé en août 1913 pour une tuberculose contractée au cours du service. Remobilisé pendant la première guerre mondiale en août 1916, il obtint une pension d’invalidité en octobre 1919, qui fut revalorisé en 1960.

Divorcé en octobre 1917, Jacques Sabkowski se remaria à une date inconnue avec Mathilde Alphonsine Peiffert.

Après-guerre, il quitte Paris et s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il y exploite, rue de Paris, en 1922 un commerce de lingerie, mercerie et articles de nouveautés, qu’il vend en 1924.

Lors de la fondation de la section de Joinville de la Ligue de la République, le 19 février 1923, Jacques Sabkowski en devient le secrétaire aux côtés de Félix Caperon, Charles Augros et Léon Berthet. La Ligue de la République rassemble des radicaux-socialistes, des socialistes indépendants et des socialistes SFIO. Le 21 février, elle lance un appel à faire triompher le bloc de gauche, pour faire échec à la réaction.

Des listes de groupement des gauches, de format variable, seront présentes à toutes les élections entre 1925 et 1935.

Jacques Sabkowski est lui-même candidat en mai 1929 lors des élections municipales qui voient la victoire de la Liste des gauches républicaines, conduite par Georges Briolay. Cependant, si la liste remporte 22 des 27 sièges à pourvoir, Sabkowski n’est pas élu. Il recueille, au premier tour de scrutin, 701 voix pour 1 715 votants (40,9%) sur 2 491 électeurs inscrits.

En 1930, Sabkowski participe à une souscription en faveur des victimes des inondations du Midi.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Jacques Sabkowski est arrêté et déporté. En tant que conjoint d'aryenne, il est dirigé le 11 octobre 1943 lors du convoi n° 641 vers le camp d'Aurigny, dans les îles anglo-normandes occupées. Il s’en évade le 17 août 1944 et rejoint le port de Boulogne.

En avril 1948, Jacques Sabkowski est désigné comme membre suppléant de la Commission départementale de la Seine de contrôle des prisonniers, déportés et internés. Il y représente la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes.

Jacques Sabkowski meurt le 20 novembre 1971 à Nice (Alpes-Maritimes). Il était âgé de 80 ans. Son patronyme est inscrit sur le sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah à Paris.

Plaque sur le site du camp d'Aurigny, photo Andrée Stephan, Wikipédia.

 

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30 janvier 2019 3 30 /01 /janvier /2019 16:59

Henri Alexandre Émile Graillat naît le 21 juillet 1881 à Paris (12e arr.). Il est le fils de Marie Joséphine Tourot, deuxième épouse de Laurent Vincent Graillat, tonnelier, communard, militant socialiste-révolutionnaire et conseiller municipal de Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne).

Résidant à Bois-Colombes (Seine, act. Hauts-de-Seine) Il épouse en juillet 1905 à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis) Louise Desouche. Il vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue du Bac. Comptable, Émile Graillat va exercer dans la grande distribution. Il est chef comptable à la Samaritaine (Paris) en 1911.

À l’instar de son père, Émile Graillat va s’engager en politique. En avril 1902, il accompagne à Champigny Renier, candidat du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire à l’élection législative, dans une réunion où il porte la contradiction au candidat conservateur de la Patrie française.

Il est possible qu’il ait été candidat aux élections municipales de 1912 à Joinville, mais il n’est pas élu ; la liste socialiste SFIO fusionne au second tour avec une liste libérale et une liste radicale dissidente, et la liste unifiée remporte le scrutin face aux radicaux-socialistes officiels. Il y a sept élus socialistes (Georges Laruelle, Émile Lebègue, André Flambard, Julien Périn, Henri Lacroix, Petit, Georges Scornet). Après ce succès, le bureau de la section locale est renouvelé en juin et confié aux non-élus, avec Fernand Grandhomme comme secrétaire. Graillat est membre de la commission de contrôle. En janvier 1913, Émile Graillat devient secrétaire de la section de Joinville en remplacement de Grandhomme (qui devient trésorier), et est également délégué à l’Union des sections de la 2e circonscription de Sceaux. Il quitte cette fonction en mai de la même année, Alphonse Mibord étant élu à sa place.

Mobilisé pendant la guerre, Graillat est sous-officier et reçoit en janvier 1919 une citation pour son comportement ; il est décoré de la croix de guerre. La presse radicale assure qu’il fut bon soldat, a fait toute la campagne, et est revenu à peu près indemne.

Il rejoint après-guerre Paris-France, société qui exploite la chaîne des magasins de nouveautés Aux Dames de France où il travaille en 1921. Il y est trésorier et secrétaire de l’Association mutuelle de retraites de la société.

Lors des élections municipales de novembre 1919, comme plusieurs anciens socialistes SFIO (Périn) se présente sur la liste conduite la Henri Vel-Durand (radical dissident) qui comprend également les radicaux officiels. Il a l’étiquette de socialiste indépendant, face à la liste de gauche officielle conduite par Laruelle (SFIO) et à une liste libérale (Beauvais). La liste d’union républicaine et sociale est élue intégralement au second tour, face aux seuls socialistes. Graillat obtient au 1er tour  760 voix sur 1 694 suffrages exprimés (44,8%) pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. Il est élu au second tour avec 964 voix sur 1 518 suffrages exprimés (63,5%) pour 1 537 votants.

En décembre 1922, trois tribunes anonymes mettent en cause sa famille dans le journal radical Voix des communes. Sa fille Simonne est critiquée pour être « entrée à la mairie par surprise » et pris la « place d’une veuve de guerre ». Son épouse Louise est attaquée : « Mme Graillat dirige la cantine des écoles de Polangis, elle emportait sa petite cantine garnie ; elle semble commander le conseil municipal, défiante, autoritaire, colporte partout que son mari sera bientôt maire de Joinville. »

En mars 1923, Graillat prend part à la formation d’une section de la Ligue de la République à Joinville ; elle est présidée par René Caperon, socialiste indépendant, et rassemble également des radicaux-socialistes et des socialistes proches de la SFIO (mais la section n’est pas encore reconstituée, après le passage de la totalité des adhérents au Pcf en 1920). Graillat est délégué au comité central.

Après les élections municipales de 1925, qui ont vu la défaite du cartel des gauches dans la commune, Henri Graillat rejoint de nouveau la SFIO et souscrit à plusieurs reprises en 1928 à des souscriptions pour le parti lancées par le quotidien Le Populaire.

Président de l’Amicale des anciens élèves de l’école de Saint-Maur, Émile Graillat est trésorier de la caisse des écoles de Joinville depuis au moins 1922. Récompensé en 1921 et 1924 pour son activité de mutualiste, honoré pour son poste de chef de service à Paris-France en 1936, il est décoré des palmes académiques pour son rôle à la caisse des écoles (officier d’académie en 1922, officier de l’instruction publique en 1940).

Émile Graillat est victime d’un accident à Nogent-sur-Marne où il est renversé à bicyclette au carrefour de Beauté par une voiture. Âgé de 59 ans, il meut le 26 août 1940 Paris (12e arr.), à l’hôpital Saint-Antoine). Peut-être du fait de ses antécédents militaires, le nom d’Henri Graillat figure sur le monument aux morts de Joinville au titre de la guerre 1939-1945. Il résidait avenue du Bac à Joinville.

Son fils, René Graillat, engagé dans l’action sociale professionnelle, sera résistant et membre de la délégation spéciale chargée d'administrer provisoirement la commune de Champigny-sur-Marne à la Libération en 1944 où il fait donc fonction de conseiller municipal.

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28 janvier 2019 1 28 /01 /janvier /2019 00:01

Louise Desouche naît le 10 avril 1877 à Villefranche (act. Villefranche-sur-Saône, Rhône). Elle est la fille de Françoise Larue et de son époux Antoine Louis Desouche, employé (probablement de chemin de fer), vivant au hameau des Roches.

Vivant alors à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis) rue du Progrès puis rue de Lagny ; Louise Desouche donne naissance à un fils, René Henri, à Paris (12e arr.) en mai 1900. Son compagnon, Henri Graillat, comptable, reconnaîtra l’enfant en juin 1903 à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne), où ils ne résident ni l’un, ni l’autre. Ils se marient en juin 1905 à Montreuil.

Ils vont vivre d’abord à Bois-Colombes (Seine, act. Hauts-de-Seine), avenue Baudard avant de rejoindre les bords de Marne, se rapprochant du père d’Henri, Laurent Graillat, militant socialiste-révolutionnaire, syndicaliste et conseiller municipal de Saint-Maur-des-Fossés. Ils sont en 1910 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue du Bac.

Militant en politique dès leur arrivée à Joinville, au sein de la SFIO, Henri Graillat est mobilisé pendant la première guerre mondiale tandis que leur fils s’engage dans l’armée à l’âge de17 ans en juin 1917.

Après le conflit, Henri Graillat est élu conseiller municipal sur une liste rassemblant de radicaux dissidents, les radicaux-socialistes officiels et des socialistes indépendants, conduite par Henri Vel-Durand. Elle l’emporte face aux socialistes SFIO et à des libéraux.

De son côté, Louise, qui conserve habituellement son nom patronymique de Desouche, va jouer un rôle public significatif.

En 1918, elle est membre du comité d’une des principales associations humanitaires de la commune, la section joinvillais de la société de l’Allaitement maternel, qu’elle avait rejointe en 1913. Elle coopère probablement également au siège national de la société, à Paris.

Dans le sillage de son mari, Louise Desouche semble s’intéresser à la politique. L’hebdomadaire radical Voix des communes s’en prend à elle en Aveyron 1922 dans une « tribune libre » non signée, assurant que Mme Graillat « semble commander le conseil municipal, défiante, autoritaire, colporte partout que son mari sera bientôt maire de Joinville. »

Le même journal, ménageant son mari, critique sa fille, embauchée par complaisance, selon lui, à la mairie.

Bien qu’ayant emménagé, en 1929, à Saint-Maur, rue Pinet, Louise Desouche devient en 1932 présidente de la section, qui s’est depuis élargie à la commune de Saint-Maurice. Son rôle lui vaut d’être décorée du mérite social en 1938.

Les époux Graillat résident de nouveau à Joinville, rue de la Paix. Après le décès accidentel d’Henri Graillat en septembre 1940, Louise Desouche reste vivre à Joinville et continue son activité associative. Peu avant la fin de la guerre, en juin 1944, elle organise un goûter de « parrainage des vieux » avec les deux paroisses catholiques de Joinville et une institution créée par le régime de Vichy, le Secours national, présidé à Joinville par un conseiller municipal, Rieux.

Son fils René Graillat participe lui à un mouvement de résistance et aux combats pour la libération de Champigny en août 1944 ; il devient conseiller municipal de cette commune.

Louise Desouche meurt le 17 octobre 1971 à Joinville, à l’âge de 94 ans.

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