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27 mai 2022 5 27 /05 /mai /2022 00:01

Suite de la biographie de François Decrombecque

Après la mort de Vel-Durand, c’est son premier adjoint, le serrurier Stephen Durande, qui est élu maire. Il prend la tête de la liste de concentration républicaine lors des élections municipales de mai 1929, faisant toujours face à des candidatures du parti communiste et du cartel des gauches, conduite par Georges Briolay, tapissier. Au second tour, ce dernier emporte 22 des 27 sièges à pourvoir, en laissant cinq aux sortants, dont Decrombecque alors que Durande est battu. Decrombecque avait obtenu au premier tour 928 voix pour 2 126 suffrages exprimés (43,7%) sur 2 969 inscrits. Briolay devient maire avec une municipalité mêlant radicaux-socialistes, socialistes SFIO et indépendants.

Bien que dans l’opposition, il est désigné comme membres du conseil d'administration de l'Office public d'habitations à bon marché de Joinville-le-Pont lors de la constitution de cet établissement public en avril 1931. Il est également élu administrateur de la société de secours mutuels de sapeurs-pompiers de Joinville en octobre 1933 et en devient vice-président en novembre 1934.

En 1934, il associe la mairie à l’organisation du Grand prix de Joinville à la marche. Lors d’élections municipales complémentaires à Joinville en octobre 1934, une liste d’union entre les radicaux-socialistes et la droite emporte les dix sièges à pourvoir. Cette stratégie, soutenue par le député Adolphe Chéron (radical indépendant) et par certains de ses partisans comme Liou, est cependant contestée par la majorité des militants de droite dans la commune.

En mars 1935, le Comité d’union républicaine et d’action sociale, fondé en 1912, se transforme en Union des républicains de Joinville. En avril, il décide « de rompre l’union précédemment établie avec les radicaux pour faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». Il assure qu’il a pris cette décision en « se souvenant des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons. »

En tant que conseil municipal, Decrombecque est signataire du programme de l’Union des républicains pour les élections municipales de mai 1935 : « diminution des charges écrasantes qui pèsent sur les travailleurs et les consommateurs, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales et des questions intéressant l’enfance et l’hygiène ». Les candidats se présentent comme des « Hommes d’ordre et d’action. »

Le scrutin se déroule avec quatre listes présentes au premier tour : celle du maire, Briolay, associant radicaux-socialistes et socialistes indépendants, celle du parti communiste et celle du parti socialiste SFIO en plus de celle de l’Union des républicains sur laquelle se présente Decrombecque et qui compte neuf sortants.

Le résultat du premier tour place en tête l’Union des républicains avec 32,6% des suffrages exprimés, devant le Groupement des gauches républicaines (26,8%), les communistes (23,5%) et les socialistes SFIO (12,3%). Decrombecque obtient 952 voix pour 2 856 suffrages exprimés (33,3%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits.

Au second tour, la droite et les radicaux-socialistes maintiennent leurs listes, tandis communistes et socialistes fusionnent. Avec une assez faible avance, l’Union des républicains (40%) remporte 25 sièges pour deux communistes (39%) tandis que les radicaux-socialistes sont écartés (20%). Decrombecque est réélu avec 1 180 voix pour 2 899 suffrages exprimés (40,7%) sur 2 924 votants. Il devient syndic du conseil, une position qui le rattache à l’exécutif, et il est chargé des fêtes et sports. Léon Lesestre (droite, proche du Parti social français) est élu maire. Dans une déclaration post-électorale, les élus de droite se félicitent de ce que « Les Joinvillais, dans le seul but de barrer la route aux communistes, ont apporté leurs suffrages en masse à la liste d’ordre de l’Union républicaine. Ils ont montré leur réprobation pour la turbulence et de la démagogie. »

Decrombecque est désigné comme électeur sénatorial en octobre 1935 puis de nouveau en mars 1938, toujours sur proposition du comité d’Union républicaine.

En décembre 1938, Decrombecque fait partie des personnes qui reconstituent une association, l’Espérance sportive de Joinville. H. Chabot en est le président et Decrombecque un des vice-présidents, avec un autre adjoint au maire, René Kirbühler. La nouvelle structure, qui adopte les couleurs verte et blanche pour son maillot, devient l’organisatrice du Grand-Prix international de marche, dont la 15e édition se tient en mai 1939. Il est administrateur de la société de secours mutuels la Mutualité scolaire de Joinville-le-Pont et continue d’être très engagé au sein de la Fédération française d’athlétisme. Son épouse est militante au sein de la société de l’Allaitement maternel, une des principales associations sociales laïques à Joinville.

À suivre

François Decrombecque en 1934

 

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11 mai 2022 3 11 /05 /mai /2022 00:01

Louis Villiers-Moriamé naît le 5 septembre 1877 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Élisa Gabrielle Moriamé et de son époux Pierre Charles Joseph Villiers-Moriamé, de vaisseau, détaché à l’école normale militaire de gymnastique de Joinville, établie dans le Bois de Vincennes. Ils vivent dans le quartier du Centre, rue de Paris.

Ayant repris ses fonctions maritimes, Pierre Villiers-Moriamé, qui est chevalier de la Légion d’honneur, est basé à Cherbourg (Manche). En mars 1889, il emmène une escadre de quatre torpilleurs au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), commandant lui-même le torpilleur 110. Sur le trajet retour, son bateau disparaît corps et biens, avec quatorze membres de l’équipage. Le type de vaisseau était réputé pour son manque de stabilité, un accident comparable s’étant produit deux ans auparavant sur un autre torpilleur à Toulon. Le bateau venait de subir une importante réparation, avec le changement de sa chaudière. Sa veuve se voit attribuer un bureau de tabac à Paris ; elle est mère de six enfants, dont Louis est l’aîné. Les quatre garçons seront militaires.

Probablement dispensé de service militaire, en tant que fils aîné d’une veuve, Louis Villiers-Moriamé s’engage cependant en octobre 1895 pour trois ans et est affecté au 2e régiment d’artillerie de marine (RAM). Il est nommé brigadier en octobre 1896 puis maréchal des logis en mars 1898. Après avoir servi à partir d’avril 1900 dans le 1er RAM, il rejoint, comme élève officier, l’école militaire de l’artillerie et du génie en avril 1901. Il en sort sous-lieutenant en mars 1902 et commence une carrière dans les troupes d’outre-mer en rejoignant le 2e régiment d’artillerie coloniale. Il séjourne principalement à Dakar (Sénégal), mais aussi en Guinée et en Côte-d’Ivoire, ne faisant que de brefs retour en France par exemple en octobre 1910 où il est inspecteur d’armes à la manufacture de Saint-Étienne (Loire). Nommé lieutenant en avril 1904, il accède au grade de capitaine en juin 1911.

En août 1908, Louis Villiers-Moriamé s’est marié à Vauville (Manche) avec Anne Henry Receveur. Son épouse vit principalement à Cherbourg (Manche) où naissent sept de leurs huit enfants.

Le capitaine Villiers-Moriamé commence la première guerre mondiale dans les troupes coloniales, au 2e puis au 3e RAM, avant d’être affecté en avril 1917 au 269e régiment d’artillerie où il est blessé en juillet 1917 par éclat d’obus. Il est cité alors à l’ordre de la division : « Officier d’une superbe bravoure. Le 24/06/1917, sa batterie étant soumise à un intense bombardement de gros calibre et des hommes ayant été ensevelis dans une sape, a dirigé les travaux de déblaiement sous un feu violent, montrant un absolu mépris du danger, maintenant le calme et la discipline par son bel exemple. Blessé le 01/07/1917 à son poste de commandement, a conservé son commandement, évacué sur ordre. Il est de nouveau cité, à l’ordre du régiment, en novembre 1917 « Officier plein d’entrain et de sang-froid, pendant tout la durée des opérations du 28 octobre au 05 novembre, s’est fait remarquer par sa vigilance et par la précision de son tir. »

Après avoir été affecté en février 1918 au 101e régiment d’artillerie lourde (RAL) puis au 331e, il devient chef d’escadron en juillet la même année et est nommé en août au 330e RAL. Après la fin du conflit, Villiers-Moriamé a en charge le service automobile du 3e RAC à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il prend sa retraite de l’armée fin 1925 et réside dans la Manche.

En 1937-1938, le président de la section de Cherbourg du Parti social français s’appelle Villiers-Moriamé, mais il est peu probable que ce soit Louis, son statut d’ancien militaire n’étant pas mentionné. Présidé par le colonel de la Rocque, le PSF est un mouvement d’extrême-droite ; cependant, pendant l’occupation allemande, plusieurs de ses dirigeants, dont son président, s’engagent dans la Résistance.

Pendant la deuxième guerre mondiale, la famille de Louis Villiers-Moriamé doit, sur ordre des autorités allemandes qui occupent le port, quitter Cherbourg. Elle s’installe dans le sud du département de la Manche, à Agneaux. Louis Villiers-Moriamé, comme ses trois fils en vie, s’engage dans la résistance à l’occupation allemande.

Sous le pseudonyme de Delarue, Louis Villiers-Moriamé, rejoint le réseau Centurie, service de renseignement français, créé en 1940 par le colonel Rémy. Il prend la direction des groupes d'action du sud du département. Fin 1943, une réunion importante se tient à son domicile afin de coordonner les groupes Action de Centurie avec ceux du réseau Brutus. C'est une étape vers la constitution des Forces françaises de l'intérieur (FFI) dans le département.

Avec ses groupes, Louis Villiers-Moriamé coordonne au premier semestre 1944, des sabotages et attaques contre l’armée allemande, en prévision du débarquement allié. Le 28 juillet 1944, Villiers-Moriamé se rend à Neuilly-la-Forêt (Calvados, act. Isigny-sur-Mer) au siège du Service de renseignements de l'armée américaine où il est interrogé sur l'activité et l'importance des troupes allemandes en retraite.

Louis Villiers-Moriamé meurt le 28 février 1960 à Clamart (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il était âgé de 82 ans.

Fait chevalier de la Légion d’honneur en octobre 1917, Louis Villiers-Moriamé devient officier de cet ordre en 1930. Il était décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent et étoile de bronze et avait reçu des médailles pour ses services coloniaux de Guinée (1904) et de l’Afrique occidentale française (1905). En octobre 1945, la médaille de la Résistance française lui avait été décernée.

Louis Villiers-Moriamé (arch. fam.)

 

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25 avril 2022 1 25 /04 /avril /2022 00:01

Gaston Émile Moutenot naît le 12 septembre 1902 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Marthe Marie Eugénie Aluitte et de son époux Georges Moutenot, représentant de commerce, originaire des Vosges. Ils vivent rue de la Présentation.

Devenu secrétaire administratif, Gaston Moutenot épouse en juin 1925 à Paris (20e arr.) une violoniste, Marcelle Vandenhandenhuyse. Ils divorcent en avril 1928.

Retourné vivre dans le même arrondissement chez ses parents, rue des Pyrénées, Gaston Moutenot est en 1931 inspecteur de la Société des transports en commun de la région parisienne (TCRP). Il se remarie en mars 1932, toujours dans le 20e, avec une institutrice normande, originaire de Carentan (Manche), Lucienne Héloïse Augustine Morisset.

Il est attentif aux questions sociales, souscrivant en mai 1934 en faveur des familles des mineurs victimes des catastrophes du Fief de Lambrechies, en Belgique.

En 1939, la famille s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Ils vivent rue Aristide-Briand, à proximité de la gare, dans le centre-ville.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Gaston Moutenot s’engage, en 1942, dans la résistance à l’occupation allemande. Il participe à des actes de sabotage en Normandie.

À la fin de la guerre, Moutenot représente le Mouvement de libération nationale (MLN) au sein du comité local de Libération de Joinville, conjointement avec Maréchal. Le MLN regroupe en 1944 plusieurs mouvements, dont Combat (issu lui-même d’un premier MLN, fondé en 1940 par Henri Frenay), les Mouvements unis de la Résistance, Défense de la France, Résistance et Lorraine. Outre des partis politiques (PCF, SFIO, radicaux-socialistes), le syndicat CGT, l’association d’anciens combattants ARAC, le comité local de Libération comprend aussi des représentants du Front national (proche des communistes) et de l’Organisation civile et militaire (OCM).

Lors des premières élections municipales de la quatrième République, en avril 1945, Moutenot et Maréchal sont élus sur la liste d’Union résistante et démocratique (URD) conduite par Robert Deloche, qui faisait office de maire en tant que président de la délégation spéciale mise en place sur proposition du comité local de Libération et qui remplaçait l’ancienne municipalité destituée. Elle est élue avec une moyenne de 3 979 voix pour 6 447 suffrages exprimés (61,7%) sur 6 621 votants et 7 811 inscrits. Le conseil est composé de 7 communistes, 6 socialistes SFIO, 5 radicaux et 9 indépendants de gauche, parmi lesquels il faut sans doute compter Moutenot.

Lucienne Moutenot étant devenue enseignante dans l‘école Jean-Charcot du centre-ville, le couple Moutenot vit dans un appartement de fonction, place Eugène-Voisin.

Lors des élections municipales d’octobre 1947, Gaston Moutenot figure peut-être sur la liste du Mouvement républicain populaire (MRP, démocrate-chrétien). L’élection se déroule à la proportionnelle, mais le MRP n’obtient pas d’élu, le RPF (gaulliste) ayant 13 sièges, tout comme l’union communiste et radicale, les socialistes SFIO faisant la balance en faveur du communiste Robert Deloche avec un élu. Moutenot est membre du comité directeur de la section de Joinville du MRP en mars 1950.

Le renouvellement du conseil municipal en avril 1953 voit Moutenot à la tête de la liste MRP, qui dispose de deux sièges sur 27 avec une moyenne de 620 voix pour 6 748 suffrages exprimés (9,2%) sur 6 979 votants et 8 482 inscrits. Les communistes et leurs alliés ont dix élus, le RPF en a six et le RGR (divers-droite) autant, les socialistes SFIO en ont trois. L’alliance RGR-RPF-MRP permet l’élection de Georges Defert (RGR) en tant que maire, tandis que Moutenot devient adjoint au maire.

Au cours des élections au conseil général de la Seine, en mai 1953, Gaston Moutenot figure sur la liste MRP conduite par Henri Melchior, conseiller général sortant et conseiller municipal Champigny, ancien responsable du MRP à Joinville. Il n’est pas élu.

En novembre 1953, Moutenot présente sa démission de sa fonction d’adjoint et du conseil municipal. Il annonce son départ en province, son épouse ayant été mise à la retraite en juillet. Il est remplacé dans les deux fonctions par Raymond Baugé.

Gaston Émile Moutenot meurt le 25 mars 1976 à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne). Il était âgé de 73 ans. En octobre 1949, il avait été décoré de la Médaille de bronze de la Reconnaissance française pour faits de résistance. Il avait obtenu une autre récompense en 1960.

Un bus sur le pont de Joinville

 

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 00:01

René Hippolyte Richard-Cugnet naît le 27 avril 1893 à Paris (3e arr.). Il est le fils d’Adèle Blanc-Garin, plumassière et de son mari, Maurice Hyppolite Richard-Cugnet, doreur. Ils vivent rue du Temple. La famille s’installe en 1897 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue Jamin.

Alors comptable, René Richard-Cugnet est mobilisé pour son service militaire en novembre 1913 au sein du 30e régiment d’artillerie. Il y est toujours au début de la première guerre mondiale en août 1914, puis est affecté au 35e régiment d’artillerie en décembre 1915 où il est nommé brigadier. Il est blessé en octobre 1916 au cours d’un ravitaillement. Il est cité à l’ordre de la division car il a, malgré son état, « tenu à continuer son service. »

Nommé maréchal des logis en juillet 1917, il devient officier en tant qu’aspirant en août 1918 puis est nommé sous-lieutenant en mars 1919. Démobilisé en août la même année, il devient, dans la réserve, lieutenant en février 1924.

Après le conflit mondial, René Richard-Cugnet reprend l’activité de dorure, argenture et bronzage sur métaux de son père, rue du Temple à Paris puis, tout en conservant la boutique à cette adresse, en 1929, rue de l’Atlas avec un deuxième établissement à Saint-Ouen (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Il constitue une société, les Établissements Richard et Lhomer, en avril 1929 avec Gaston Lhomer, domicilié à Mayenne (Mayenne).

Dans sa commune, René Richard-Cugnet prend également, en matière politique, la succession de son père. Ce dernier était conseiller municipal, d’abord radical-socialiste (1904-1908) puis radical dissident (1911-1919). René Richard-Cugnet est candidat en novembre 1919 aux élections municipales de Joinville sur la liste d’Henri Vel-Durand, adjoint au maire sortant, qui a le soutien des radicaux dissidents, de socialistes indépendants et des radicaux-socialistes. Elle fait face à une liste libérale et conservatrice et à une autre, soutenue par le parti socialiste SFIO. Elle est en tête au premier tour et emporte facilement au second les 23 sièges à pourvoir devant les socialistes, après le retrait de la droite. René Richard-Cugnet est élu conseiller municipal. Il avait obtenu au premier tour 775 voix pour 1 694 suffrages exprimés (45,7%) sur 1 715 votants et 2 491 inscrits. Au second tour, il recueille 963 voix pour 1 518 suffrages exprimés (63,4%) sur 1 537 votants. Henri Vel-Durand, greffier, est élu maire.

Pendant le mandat, René Richard-Cugnet, se range aux côtés des radicaux dissidents de la majorité, contre les radicaux-socialistes et certains socialistes indépendants, par exemple dans le choix des électeurs sénatoriaux en mars 1925.

Il est de nouveau candidat, en mai 1925, pour l’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux en 1925. La liste du maire sortant obtient 1 080 voix en moyenne, soit 47,5% des suffrages exprimés ; tous les candidats sont élus au second tour. Elle avait devancé, au premier tour, la liste du cartel des gauches de Georges Briolay (28,4%), et celle du parti communiste (21,1%).

Après sa réélection, Richard-Cugnet veut que le conseil municipal revienne sur une décision qu’il avait pourtant prise à l’unanimité moins deux voix, celle d’assimiler les employés communaux à ceux de la préfecture. Richard-Cugnet obtient que le conseil municipal refuse d’inscrire la dépense à son budget en août 1925. L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes voit dans ce conseil une « pétaudière » et assure que « Richard-Cugnet a toujours observé la même attitude lorsqu’il s’agit d’améliorer le bien-être des travailleurs ». Cependant, le même journal assure que « le lendemain plusieurs élus, y compris Beauvais qui votait par correspondance, rectifient leur vote » ; Beauvais était le représentant le plus en vue du courant libéral. Finalement, c’est en juin 1927 que, par neuf voix contre cinq (dont celle de Richard-Cugnet), le personnel municipal sera aligné sur les règles statutaires des fonctionnaires du conseil général de la Seine.

Au cours du conseil municipal d’octobre 1925, Richard-Cugnet fait adopter un vœu création de deux lignes de chemins de fer métropolitains traversant le Bois de Vincennes par les routes nationales 21 et 24, desservant d’une part Montreuil, Vincennes, Saint-Mandé, Joinville, Saint-Maur, Champigny et d’autre part Nogent, Fontenay, Le Perreux, Bry. Le financement doit être assuré par la vente de terrains dans le Bois de Vincennes.

Lors d’une séance de juin 1926, Richard-Cugnet est le seul élu à s’opposer à la réfection de la couverture de l’église Saint-Charles-Borromée, propriété municipale. Mais il est rejoint par deux autres conseillers lors du deuxième vote sur ce sujet en novembre la même année. Au cours de cette séance, il parvient de nouveau à ce que le projet sur le statut du personnel soit renvoyé et fait adopter un vœu pour unifier les conditions de circulation sur les tramways 108, 109 et 110, qui traversent la ville. Il est aussi l’initiateur d’un vœu pour la modification des horaires des écoles ; il propose la fin des cours à midi (au lieu de 11h45) et d’instaurer un repos hebdomadaire le samedi après-midi au lieu du jeudi matin.

Avec la majorité des élus, mais pas le maire, Richard-Cugnet s’oppose en janvier 1928 à la création d’un poste de professeur de dessin pour les écoles.

Sur le plan politique, il est de nouveau désigné, par la majorité de droite, électeur sénatorial en janvier 1927. Après le décès d’Henri Vel-Durand, son premier adjoint, Stephen Durande, serrurier, est élu maire en octobre 1928.

Lors des élections municipales de mai 1929, Richard-Cugnet est présent sur la liste de concentration républicaine conduite par Durande. La liste arrive en tête, avec une moyenne de 42,6% contre 35,9% à la Concentration des gauches (radical-socialiste, socialiste SFIO et indépendants) et 16% aux communistes. Richard-Cugnet a 928 suffrages exprimés pour 2 126 exprimés (43,7%) sur 2 969 inscrits. Au second tour, malgré le maintien de l’extrême-gauche, la droite recule en pourcentage, avec 41,6% et n’obtient que cinq sièges tandis que les gauches radicales et socialistes en ont 22 avec 45,9%. Richard-Cugnet n’est pas réélu et le radical-socialiste Georges Briolay devient maire.

En octobre 1928, René Richard-Cugnet a épousé à Joinville Yvonne Marie Poux. Ils déménagent en 1933 pour la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés, où ils vivent dans le quartier de La Varenne-Saint-Hilaire, avenue du Nord. Il rapatrie également son activité de doreur argenteur dans la même ville, rue Raspail. En mars 1935, il est condamné par la 8e chambre du tribunal correctionnel de la Seine à une amende de cent francs pour tromperie sur la qualité de la marchandise.

Au cours de la deuxième guerre mondiale, René Richard-Cugnet est rappelé en août 1939 puis démobilisé un an plus tard. Il s’engage dans la résistance à l’occupation allemande. Il est, avant la Libération, le commandant du troisième groupe des Forces françaises de l’intérieur, qui couvre la commune de Saint-Maur et comprend quatre compagnies : la 7e (capitaine Mme Moncade), la 8e (commandant Faucon), la 9e (commandant Vlaminck) et la 10e (commandant Monville). Son groupe appartient au 1er régiment du Secteur Est FFI du département de la Seine (lieutenant-colonel Serge L'Hermitte dit Bourgoin).

René Hippolyte Richard-Cugnet meurt le 1er décembre 1971 à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines). Il était âgé de 78 ans, père d’un enfant et est inhumé à Joinville. Il était décoré de la Croix de guerre 1914-1918 et avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en octobre 1950.

Tombe Richard-Cugnet au cimetière de Joinville-le-Pont

 

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20 mars 2022 7 20 /03 /mars /2022 00:01

André Firmin Élisée Lemaire naît le 16 octobre 1896 à Saint-Rémy-en-l’Eau (Oise). Il est le fils de Marie Eveline Poiret, giletière couturière, et de son époux Ernest Léon Eugène Lemaire, garde particulier du château.

Du fait de la première guerre mondiale, André Lemaire, alors marchand beurre et œufs à Saint-Rémy, est mobilisé pour ses obligations militaires de façon anticipée. Il est incorporé en avril 1915 au 2e bataillon de canonniers, où il est nommé brigadier en novembre 1916. Malade en septembre 1918, il est évacué pour un mois et demi, passe au 5e régiment de génie en décembre et est alors nommé maréchal des logis. À la fin de son service militaire en mai 1919, il est affecté aux chemins de fer du Nord, compagnie dans laquelle il travaille désormais.

Son comportement pendant le conflit lui vaut une citation à l’ordre du régiment en juin 1918 : « très bon brigadier, très brave, assure d’une façon parfaite les fonctions de brigadier de tir et fait preuve à maintes reprises durant les combats d’intelligence, de calme et de volonté. »

En octobre 1921 à Saint-Rémy, André Lemaire épouse Madeleine Lucie Dégroux, couturière giletière, originaire de Saint-Quentin (Aisne) et veuve d’un soldat mort à la guerre. Ils s’installent en 1924 à Joinville-le-Pont, dans le quartier de Palissy, quai Moisson (act. quai Gabriel-Péri). Ils reprennent une activité de crémier. Ce commerce lui vaudra des soucis avec la justice, puisqu’il est condamné, en février 1926 par la 10e chambre du tribunal civil de la Seine, à 500 francs d’amende pour tentative de tromperie sur la qualité de la marchandise. André Lemaire sera, en outre, condamné en janvier 1934 par la 10e chambre du tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne) pour blessure involontaire le mois précédent.

Après la deuxième guerre mondiale, André Lemaire est nommé le 26 septembre 1944 membre de la délégation spéciale qui administre la commune de Joinville sur proposition du Comité local de Libération. Il fait ainsi fonction de conseiller municipal. Le conseil municipal en place pendant la période d’occupation a été chassé le 25 août 1944, quand le Comité de Libération a occupé la mairie, sous la direction de Robert Deloche (communiste).

Au cours des élections municipales d’avril 1945, André Lemaire figure sur la liste d’Union républicaine et résistante, conduite par Deloche, avec l’étiquette du Front National (FN, mouvement de résistance). Il est élu en tant qu’apparenté (indépendants de gauche).

Lors des élections municipales de novembre 1947, André Lemaire est de nouveau candidat aux côtés de Deloche. La liste de ce dernier obtient une moyenne de 3 017 voix pour 6 974 suffrages exprimés (43,3%) sur 7 073 votants et 8 376 inscrits et a 11 sièges, dont celui de Lemaire. Elle est légèrement devancée, en suffrages, par la liste du mouvement gaulliste RPF (44%) qui bénéficie d’autant d’élus cependant. C’est le seul socialiste SFIO, qui a recueilli 6,5% des votes, qui permet à Deloche de conserver son poste de maire.

En août 1950, Lemaire, en tant qu’ancien conseiller à la Libération, fait partie des organisateurs de l’anniversaire de celle-ci.

Après la démission de Deloche, mis en cause par le parti communiste pour son comportement personnel, le conseil municipal élit Amélie Trayaud comme maire en février 1953. Elle cesse son mandat en avril. Lors des élections municipales, la coalition des listes de droite et du centre permet à Georges Defert (RGR, droite) de devenir maire. Lemaire n’est pas réélu.

André Lemaire meurt le 22 mai 1964 à Créteil (Seine, act. Val-de-Marne). Il était âgé de 67 ans, résidait probablement toujours à Joinville et était père de deux enfants. Il avait été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze pour son comportement pendant la première guerre mondiale.

La plage de Joinville-le-Pont

 

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22 février 2022 2 22 /02 /février /2022 00:01

Louis Gaston Marie Léon Richard naît le 15 janvier 1896 à Paris (20e arr.) Il est le fils de Léontine Geneviève Philomène Letertre et de son époux, Louis Marie Richard, employé de chemin de fer. Ils résident rue de Pixérécourt.

Devenu comme son père cheminot, Louis Richard s’engage dans l’armée pour quatre ans au cours de la première guerre mondiale. Il est affecté au 135e régiment d’infanterie. En juillet 1917, il est intoxiqué par les gaz dans le bois d’Avocourt (Meuse), au cours de la bataille de Verdun. À partir de mai 1919, il est affecté spécial à la quatrième section de chemin de fer. Il est démobilisé en septembre 1919. Pour son comportement, il a été cité à l’ordre du régiment en novembre 1918.

Alors domicilié avec ses parents rue Compans à Paris (19e arr.), Louis Richard épouse quelques jours après la fin de sa période militaire, en octobre 1919 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Germaine Louise Letertre, fille d’un maréchal-ferrant et d’une restauratrice de la commune. Ils s’installent dans le quartier de Polangis à Joinville, avenue Oudinot. Louis Richard est employé par les chemins de fer de la Ceinture de Paris puis par la compagnie Paris-Orléans. Après la fusion des réseaux, il sera salarié de la SNCF, Société nationale des chemins de fer français.

Il est adhérent du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie, organisation fondatrice de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). En mars 1926, il publie une annonce dans le mensuel syndical L'Employé, indiquant : « Famille catholique prendrait enfant deux ou trois ans en garde. »

Au cours des années 1920, c’est probablement Louis Richard qui, désigné sous son seul nom, est impliqué dans la vie politique de Joinville. Richard est désigné, en janvier 1927 comme électeur sénatorial sur la liste du maire, Henri Vel-Durand (radical dissident, divers droite). Lors des élections municipales partielles qui suivent le décès de ce dernier, en septembre et octobre 1928, Richard est candidat, avec Émile Lecuirot et Thévenin, sur la liste étiquetée Union nationale (droite), qui s’oppose à l’Union de gauche (radical-socialiste, socialiste SFIO et socialiste indépendant), dirigée par Georges Briolay et à un liste communiste, sous la houlette de Roger Bénenson, qui comprend une candidate (Mme Martin), laquelle sera déclarée inéligible. La liste des gauches emporte les trois sièges au second tour. Richard recueille 581 voix pour 1 667 suffrages exprimés (34,9%) sur 1 677 votants et 2 995 inscrits ; il n’est pas élu.

Lors des élections municipales générales de mai 1929, s’il n’est pas candidat, un bulletin est cependant exprimé sur le nom de « Louis Richard ». Richard est membre, en novembre 1932, du Comité d’union républicaine et d’action sociale, structure fondée en 1912 à Joinville et qui rassemble la plupart des membres des formations de droite républicaines dans la commune. Il participe à la transformation de cette organisation en Union des républicains en mars 1935 et siège toujours dans son bureau. À cette occasion, la droite rompt son alliance électorale avec les radicaux-socialistes qui contrôlent la mairie depuis 1929, sous l’argument « des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons ». Elle décide de présenter aux élections municipales de mai 1935 une liste « composée en totalité d’éléments modérés et nationaux ». L’Union des républicains fait « appel à la séparation de l’administration municipale et de la politique ». Son programme comprend la « diminution des charges écrasantes, l’atténuation des dépenses publiques, la simplification des rouages administratifs, l’application des lois sociales ». Richard fait partie des signataires.

Après la victoire de l’Union des républicains aux élections municipales de Joinville, où elle remporte 25 des 27 sièges à pourvoir, contre deux aux communistes, Léon Lesestre est élu maire. L. Richard publie un communiqué, dans l’hebdomadaire Union régionale, au nom du comité des Jeunesses patriotes : « C’est avec satisfaction que les Jeunesses patriotes et les membres du Front national de Joinville enregistrent la victoire de la liste nationale sur celle du maire sortant. À cet effet, les JP se félicitent de l’active campagne de propagande qu’ils menèrent et qui réussit à faire élire la grande majorité des nationaux et en même temps de nombreux membres de la ligue. Plus que jamais, nous encourageons nos nombreux camarades et amis à poursuivre une incessante propagande et à faire triompher le programme de Révolution nationale. »

Active depuis 1933 à Joinville la Ligue des Jeunesses patriotes, mouvement d’extrême-droite présidé par Pierre Taittinger, considère Lesestre comme « un ami ». Le dirigeant local est Jean Tallet qui, avant le scrutin, avait publié une prise de position dans le même journal : « Le devoir des JP, des membres du Front national et des nationaux est de barrer la route au Front commun et faire bloc sur la liste d’Union républicaine. »

Au cours de la deuxième guerre mondiale, selon sa fiche signalétique militaire transmise à la SNCF en mai 1966, Louis Richard est un « agent occasionnel des Forces françaises combattantes du premier octobre 1943 au 30 septembre 1944 ». Il est précisé qu’il s’agit de « services non validés comme service militaire actif. »

Louis Richard meurt le 10 juillet 1971 à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), commune voisine de Joinville où il était toujours domicilié. Il était âgé de 75 ans et père de deux enfants. En mai 1952, il avait été décoré de la Médaille militaire.

Ancienne gare ferroviaire de Joinville-le-Pont

 

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9 janvier 2022 7 09 /01 /janvier /2022 00:01

Victor Paul Armand naît le 19 décembre 1900 à Ableiges (Seine-et-Oise, act. Val-d’Oise). Sur les tables de l’état-civil, « Armand » semble être son patronyme. Il est reconnu en septembre 1902, dans le même village, par Suzanne Marie Faivre et se dénomme désormais Victor Paul Armand Faivre.

Sa mère était également née de parents non dénommés en septembre 1881 au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime), avant d’être reconnue par Victor Faivre, dessinateur pour vitraux et Armandine Fleurida Hochard en juillet 1902. Ce sont eux qui élèvent Armand Faivre en 1901. En mai 1922, elle est ambulancière de la ville de Paris et épouse Ernest Bouche, conducteur automobile.

Devançant l’appel de sa classe, Armand Faivre, qui est alors chauffeur mécanicien, s’engage, à 17 ans, dans l’armée « pour la durée de la guerre ». Il est affecté au 91e puis en mars au 283e régiment d’artillerie lourde. Il reste dans l’armée pour son service militaire et est nommé brigadier en août 1919 puis maréchal des logis en novembre la même année. Le conseil de guerre du gouvernement militaire de Paris le condamne, en février 1921, à cinq ans de prison avec sursis pour « vols militaires », pour lesquels des circonstances atténuantes sont admises. Il est démobilisé en mars et cassé de son grade en avril.

Après une amnistie en janvier 1925, Armand Faivre retrouvera ses galons dans la réserve : brigadier en novembre 1937 puis maréchal des logis en octobre 1938.

Installé avec sa mère après-guerre à Paris (6e arr.), rue de Sèvres, Armand Faivre va ensuite résider dans le Nord à Tourcoing, Anzin puis Valenciennes de 1922 à 1926. Revenu en région parisienne, désormais employé de commerce, il emménage en 1928 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), rue de Créteil (act. rue du Maréchal Leclerc). En 1931, il vit avec Anaïse, native de Bruay, et un fils, prénommé Bernard, né en 1930 à Paris (14e arr.).

Il s’implique dans la vie politique dans sa nouvelle commune et prend part, en février 1935, à la transformation de l’ancien Comité d’union des républicains et d’action sociale, fondé en 1912, en une Union des républicains. Groupement uniquement municipal, il édicte, une incompatibilité entre les fonctions de membre du bureau et de conseiller municipal, qui sera cependant rapidement abandonnée. René Kirbuhler en est le président tandis que Faivre et Lucien Lavoipierre, couvreur, sont vice-présidents.

Avant les élections municipales, l’Union des républicains de Joinville décide, en avril 1935 de rompre son accord avec les radicaux-socialistes, qui dirigent la mairie avec Georges Briolay en « se souvenant des fusillades du 6 février [1934], des scandales Stavisky et autres dans lesquels figurent des députés, des magistrats, d’anciens ministres, tous radicaux et maçons ». Elle annonce « faire une liste composée en totalité d’éléments modérés et nationaux. »

Pour le scrutin, qui se tient en mai 1935, l’Union des républicains appelle à « la séparation de l’administration municipale et de la politique ». Elle affiche à son programme, dont Faivre est cosignataire, la « diminution des charges écrasantes, atténuation des dépenses publiques, simplification des rouages administratifs, application des lois sociales. »

Armand Faivre est candidat, en seizième position, sur la liste de l’Union des républicains, qui arrive en tête, devant le groupement des gauches (radicaux-socialistes et socialistes indépendants), les communistes et les socialistes SFIO. Il obtient 911 voix pour 2 856 suffrages exprimés (31,9%) sur 2 923 votants et 3 433 inscrits. Au second tour, les communistes et socialistes ont fusionné, tandis que les radicaux se maintiennent. L’Union des républicains invite les électeurs à « barrer la route aux communistes », assurant être « la liste d’ordre » et montrant sa « réprobation pour la turbulence et de la démagogie ». Elle devance de peu l’union de gauche, mais emporte 25 des 27 sièges à pourvoir. Avec 1 139 voix pour 2 899 suffrages exprimés (39,3%) sur 2 924 votants, Faivre est élu. Le conservateur Léon Lesestre devient maire, Kirbuhler étant adjoint.

Au sein du conseil municipal, Faivre joue un rôle actif. Il est délégué au conseil de discipline des communes du département de la Seine. En octobre 1935, il fait partie d’une commission d’enquête municipale chargée d’étudier ce que la presse conservatrice appelle le « scandale des HBM », à savoir la garantie accordée par la précédente assemblée pour la construction d’une résidence d’habitations à bon marché, la cité Égalité, dans le quartier de Palissy, dont la société constructrice a fait faillite. Par divers recours, qui échouent, la majorité municipale tente d’éviter de supporter cette dette.

En prévision des élections législatives de 1936, Faivre constitue un Comité de conciliation républicaine et de progrès social pour le travail et la paix, dont il prend la présidence en mars de cette année. Le comité accorde son investiture à Adolphe Chéron, ancien ministre, candidat radical indépendant, qui sera battu par le communiste André Parsal.

Au cours de la séance du conseil municipal d’août 1937, Faivre, avec un autre élu libéral, Paul Hainsselin, se joint aux deux conseillers communistes pour voter contre la passation d’un marché pour le chauffage du groupe scolaire public Jules-Ferry, dans le quartier de Polangis. Une année plus tard, il est seul à s’opposer à une surtaxe sur le matériel funéraire.

Au début de la deuxième guerre mondiale, Armand Faivre est mobilisé au 321e dépôt d’artillerie coloniale. Il fréquente, en avril 1940, les cours de l'école militaire d'artillerie et est nommé officier en mai avec le grade d'aspirant. Lors des combats de juin, il est cité à l’ordre du régiment en tant « qu’officier de liaison d’artillerie d’un caractère décidé » ayant « permis, par les renseignements précis qu’il a fournis, le déclenchement de tirs opportuns et efficaces devant le front de deux bataillons qui venaient d’être attaqués. »

Il est fait prisonnier le 9 juin 1940 à La Muette (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) et est interné à l’oflag XIII à Nuremberg (Bavière, Allemagne). Les Allemands le libèrent le 3 décembre 1941 et il est démobilisé, à son retour en France le 8 du même mois.

Appliquant une loi de novembre 1940, la préfecture de la Seine nomme, le 20 février 1942, un nouveau conseil municipal remplaçant l’assemblée de 1935. Sur les 27 élus, les deux communistes avaient été révoqués, onze ne sont pas maintenus et quatorze conservent leur siège, dont Faivre. Ils sont rejoints par six autres personnes nommées. Faivre est présenté comme « employé de commerce (prisonnier de guerre) » ; le maire, Lesestre, est reconduit.

Peut-être rejoint-il la résistance à l’occupation allemande, contrairement au bureau municipal. Il existe un enregistrement au nom de Faivre (Armand) au Service historique de la défense parmi les Dossiers administratifs de résistants (GR 16 P 214883), mais il ne comporte pas de date ni de lieu de naissance et n’a donné lieu à aucune homologation au titre d’une unité combattante.

Le comité local de libération prend la mairie le 25 août 1944 et chasse l’ancienne équipe municipale. Un arrêté préfectoral du 26 septembre 1944 nomme une délégation spéciale pour gérer la commune. Armand Faivre est le seul des membres désignés en 1942 à figurer dans cette assemblée, qui fait fonction de conseil municipal. Il retrouve Robert Deloche, élu communiste de 1935, révoqué, qui devient maire et le radical indépendant François Decrombecque, qui fait office d’adjoint et n’avait pas été reconduit en 1942. Les membres de la délégation spéciale ont été proposés par le comité local de libération.

Armand Faivre meurt le 24 septembre 1973 à Créteil (Val-de-Marne). Il était âgé de 72 ans et résidait probablement toujours à Joinville. Il avait été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze et, en août 1936, de la Croix du combattant volontaire.

Rue de Créteil à Joinville

 

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20 décembre 2021 1 20 /12 /décembre /2021 00:01

Émile Vincent naît le 6 décembre 1899 à Saint-Symphorien-de-Marmagne (Saône-et-Loire). Il est le fils de Françoise Demouron et de son époux Jean Marie Vincent, cultivateurs au village de La Bresse de Martigny. En 1906, la famille exploite une ferme à Saint-Firmin (Saône-et-Loire).

Après le décès du père, la famille s’installe à Montchanin-les-Mines (act. Montchanin, Saône-et-Loire). Émile Vincent y est charretier en 1918.

Il est appelé, de manière anticipée, pour remplir ses obligations militaires pendant la première guerre mondiale. En avril 1918, il intègre le 28e bataillon de chasseurs à pied. Après la fin du conflit, il poursuit son service militaire au sein de sections d’infirmiers militaires. Il est envoyé au Maroc, alors protectorat français, en mars 1920 jusqu’en février 1921. Il stationne ensuite dans l’armée d’occupation française des Pays Rhénans en Allemagne jusqu’en avril. Il est démobilisé en juin, en tant que soutien de famille.

Revenu à la vie civile, Émile Vincent épouse Marie Laure Cannet en septembre 1922 à Montchanin. Il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) et devient contrôleur dans la société des Transports en commun de la région parisienne (TCRP, ancêtre de la RATP). La famille vit en 1923 à Joinville, dans le quartier du Centre, rue de Créteil (act. boulevard du maréchal Leclerc). L’année suivante, ils résident dans le quartier de Polangis, avenue de l’Île (act. avenue Jean-d’Estienne-d’Orves).

Du fait d’une déficience abdominale, Émile Vincent est réformé en août 1934 et dégagé de ses obligations militaires. Il est cependant rappelé, au cours de la deuxième guerre mondiale, en mai 1940, puis démobilisé, après la défaite, en août la même année.

À la fin de la guerre, Émile Vincent s’engage militairement dans la résistance à l’occupation allemande et rejoint les Forces françaises de l’intérieur le 18 août 1944. Il combat jusqu’à la Libération, le 25 août puis est intégré dans les forces armées jusqu’au 25 septembre 1944, où il est démobilisé.

Le comité local de Libération de la commune de Joinville-le-Pont le propose pour faire partie de la délégation spéciale chargée d'administrer provisoirement la commune. Après avis du Comité parisien de la Libération, le préfet le nomme par arrêté du 26 septembre 1944. Il fait ainsi fonction de conseiller municipal. La délégation est présidée par Robert Deloche, communiste, et comprend également des socialistes, des radicaux et des représentants de mouvements de résistance.

Le mandat de la délégation spéciale prend fin avec l’élection le 29 avril 1945, d’un nouveau conseil municipal, dont Robert Deloche sera élu maire. Émile Vincent n’y siège pas ; il poursuit son activité au sein de la Régie autonome des transports parisiens (RATP).

Émile Vincent meurt le 29 novembre 1967 à Sainte-Hélène (Saône-et-Loire). Il était âgé de 66 ans et semble ne pas avoir eu d’enfant. Son épouse meurt à la même date. Peut-être ont-ils été victimes d’un accident tous les deux.

Il est possible, mais peu probable, qu’Émile Vincent ait pu être le Vincent, responsable des Jeunesses communistes à Joinville-le-Pont entre 1921 et 1924, dont l’activité est mentionnée par le quartier L’Humanité. C’est plutôt Louis Vincent (1905-1964), serrurier puis mécanicien, qui semble avoir exercé cette fonction. Ils ne sont pas apparentés.

Tramway sur le pont de Joinville

 

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21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 00:01

Victor Amédée Adrien Placide naît le 9 janvier 1901 à Barfleur (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime). Il est le fils d’Adrienne Alice Aurélie Placide et de Victor Jean Hochet ; le mariage de ses parents en mai 1902 fait qu’il adopte le nom Hochet. La famille vit ensuite à Hillion (Côtes-du-Nord, act. Côtes-d’Armor) en 1906 puis à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

Résidant alors à Thouars (Deux-Sèvres), Victor Hochet fait son service militaire à partir d’avril 1921 dans le 8e bataillon de génie puis est envoyé au Levant, probablement en Syrie et au Liban, en décembre 1921 avec le 43e bataillon de génie. Il est nommé caporal en avril 1922, rentre du Levant en décembre de la même année et est démobilisé en avril 1923.

Après son retour à la vie civile, il s’installe à Paris en 1924 puis, en novembre 1925 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Polangis, avenue du Bac (act. av. Guy-Môquet). Il est dessinateur et sera ensuite directeur d’une usine de béton armé. Il épouse en mars 1926 à Joinville Marguerite Andrée Mégret, fille de vignerons de l’Indre.

Dans sa commune, Victor Hochet est membre de la section socialiste SFIO en 1927. Il participe très régulièrement à des souscriptions lancées par le quotidien du parti, Le Populaire.

Lors du congrès de la Fédération de la Seine du parti socialiste, en juin 1930, Victor Hochet est candidat au conseil fédéral sur une liste de ceux qui approuvent le rapport moral de la direction sortante, conduite par Jean Zyromski (courant Bataille socialiste). Il est en compagnie de plusieurs autres adhérents joinvillais, Claude Noizat, Georges Roger et Julien Cérignan.

Lors d’élections municipales partielles organisées en octobre 1934 à Joinville suite à plusieurs démissions, Victor Hochet est candidat sur la liste SFIO conduite par Robert Derivière. Elle est devancée par deux listes de centre-droit et, de quelques voix, par la liste communiste et se retire avant le second tour. Hochet obtient 405 voix pour 2 297 suffrages exprimés (17,6%). Il y avait 2 360 votants sur 3 225 inscrits.

Il est de nouveau candidat en mai 1935 au cours des élections municipales générales, toujours derrière Robert Derivière. La liste socialiste est encore en quatrième position, avec cette fois une moyenne de 12,3% des suffrages exprimés, derrière la droite de l’Union des républicains (32,6%), les radicaux-socialistes du Groupement des gauches républicaines (26,7%) et les communistes (23,3%). Hochet obtient 361 voix pour 2 856 exprimées (12,6%). Il y avait 2 923 votants parmi les 3 433 inscrits. En vue du second tour, les socialistes et les communistes fusionnent, faisant appel à une personnalité non présente au premier tour, le professeur André Blocher, responsable local d’une association d’anciens combattants (ARAC) et secrétaire de section de la Ligue des droits de l'homme. De ce fait, la gauche socialiste et communiste, avec 36,6%, se rapproche de la liste de droite, qui est à 39,8%, tandis que les radicaux reculent, à 19,5%. Au sein de la coalition de gauche, les scores des socialistes sont bien inférieurs à ceux des communistes, qui ont seuls deux élus, contre 25 de droite. Hochet a 991 voix soit 34,2% des 2 899 votes valables pour 2 924 bulletins déposés.

Au début de la deuxième guerre mondiale, Victor Hochet est mobilisé dans un dépôt du génie. Il s’engage ensuite dans la résistance à l’occupation allemande. Il sera homologué en tant que membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI) à la Libération.

Son statut de résistant fait qu’il est nommé, le 27 septembre 1944, membre de la délégation spéciale installée par le préfet suite à la prise de la mairie par le Comité local de Libération. Le maire est le communiste Robert Deloche, secondé par des adjoints radicaux et socialiste.

À l’issue des premières élections municipales après-guerre, en mai 1945, le nouveau conseil municipal se compose de 7 communistes, 6 socialistes (dont Hochet), 5 radicaux-socialistes et 9 indépendants de gauche. Robert Deloche est élu maire. La liste qu’il emmenait, dite d’Union républicaine et démocratique, avait recueilli une moyenne de 3 979 voix, soit 61,7% des 6 447 suffrages exprimés. On comptait 6 621 votants parmi les 7 811 inscrits, dont pour la première fois les femmes. Les formations de droite n’eurent pas d’élu.

Deux ans plus tard, en octobre 1947, la liste du Rassemblement du peuple français (RPF, gaulliste, droite) arrive en tête, avec 3 066 voix (44%) en devançant de peu l’alliance des communistes et des radicaux, dont les socialistes se sont désolidarisés, qui recueille 3 017 voix (43,2%), mais les deux formations ont le même nombre d’élu, 13. La majorité dépend donc de l’unique élu SFIO, dont la liste avait engrangé 452 votes (6,5%). Les démocrates-chrétiens du MRP, avec 404 suffrages (5,8%) n’ont pas de siège.

L’élu socialiste, Léon Berthet, fait pencher la décision en faveur de Robert Deloche et est désigné maire adjoint. Il démissionne en octobre 1951, remplacé par Pierre Allaire, lequel se retire à son tour en janvier 1952, amenant un retour de Victor Hochet dans l’assemblée locale ; il la quittera à son tour peu avant les élections suivantes, en mars 1953, laissant Georges Chauffour terminer le mandat, avec un nouveau maire, la communiste Amélie Trayaud, qui a remplacé Robert Deloche, exclu du parti communiste.

Les élections municipales d’avril 1953 voient cependant la liste des communistes arriver en tête, avec une moyenne de 2 405 voix soit 35,6% des 6 748 suffrages exprimés et a 10 élus ; deux listes de droite se partagent également 12 sièges, tandis que la SFIO, alliée à certains radicaux-socialistes, avec 827 voix (12,3%) en a 3 (Berthet, Depoutot et Lobrot). Ce sont les deux élus du Mouvement républicain populaire (MRP) qui permettent à Georges Defert d’accéder à la mairie.

C’est de nouveau la démission d’un élu, le radical Auguste Lobrot, qui conduit en octobre à un retour de Victor Hochet au sein de l’assemblée communale en octobre 1958. Il y restera peu, car, malade, il présente sa démission dès janvier 1959.

Victor Adrien Amédée Hochet meurt le 1er avril 1985 à Créteil. Il était âgé de 84 ans et résidait vraisemblablement toujours à Joinville-le-Pont. Il n’avait pas eu d’enfant.

La célébration de la Libération à Joinville-le-Pont

 

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17 octobre 2021 7 17 /10 /octobre /2021 00:01

Mohamed Lakhdar-Toumi est né le 12 avril 1914 à Tiaret (département d’Oran) en Algérie. Il milite aux Jeunesses communistes (JC). Il s’installe à Paris en 1936 et habite 11, rue Joseph de Maistre. Rectificateur de profession, il est inscrit au syndicat des métaux en 1937 et reste militant des JC. Fin 1940, il se rapproche de deux membres du PCF et en juin 1941, il intègre l’organisation spéciale du Parti chargée d’organiser des sabotages contre l’occupant. L’usine Lavalette de Saint-Ouen où il est ouvrier consacre la majorité de sa production à l’Allemagne nazie. Avec deux de ses collègues, il en détruit le transformateur. Pour éviter les représailles, il entre dans la clandestinité, puis intègre les Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Paris rive droite. Le 1er août 1942, il participe au service d’ordre de la « manifestation patriotique » de la rue Daguerre.

Le 30 janvier 1943, Mohamed Lakhdar-Toumi est arrêté par la Gestapo à Joinville-le-Pont, torturé, emprisonné à Fresnes, avant d’être mais déporté, le 12 juillet de la même année, au camp de concentration de Natzweiller-Struthof (aujourd’hui en Alsace, mais alors annexé au Reich). Envoyé à Dachau, le 5 septembre 1944, il en sera l’un des rares rescapés.

À la Libération, on lui octroie le statut de sergent des Forces françaises de l’intérieur. Il repart en Algérie et participe au soulèvement du 1er novembre 1954. Arrêté par les militaires, il sera interné jusqu’en 1961. Dans l’Algérie indépendante, il devient syndicaliste au sein de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).

Mohamed Lakhdar-Toumi serait décédé en Algérie le 30 août 1987, à l’âge de 73 ans.

Le souvenir de Mohamed Lakhdar Toumi est évoqué dans la série Frères d'armes réalisée par Rachid Bouchareb, pour France Télévisions et diffusée en avril 2015. Son nom est inclus dans une liste de 318 noms proposés par le comité scientifique dirigé par l’historien Pascal Blanchard, diffusée le 10 mars 2021, suite à la demande président de la République, Emmanuel Macron, en date du 4 décembre 2020 « aider notamment les maires à renouveler les noms des rues ou des bâtiments publics et qu’une plus juste représentation de l’histoire française soit visible dans l’espace public. »

 

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