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4 juillet 2020 6 04 /07 /juillet /2020 00:01

Suite de la biographie d’Ernest Jouin

L’évêque d’Angers ayant accepté le départ d’Ernest Jouin pour Paris, il devient en 1875 vicaire de Saint-Étienne-du-Mont, église paroissiale de la montagne Sainte-Geneviève (5e arr.). C’est un quartier estudiantin, avec la Sorbonne, l’école Polytechnique, la faculté de droit ou le collège de France, ainsi que cinq collèges ou lycées. Deux années plus tard, il est chapelain de la basilique Sainte-Geneviève, toute voisine, où il se charge de prédication, tout en reprenant des études théologiques, qui lui permettront, en septembre 1879, d’obtenir le grade de maître en théologie et le diplôme de docteur, délivré à l’abbaye de Flavigny. La basilique devait être désacralisée et redevenir le Panthéon en 1880.

Atteint d’une pleurésie, l’abbé Jouin était en ce qui le concerne parti en convalescence à Arcachon (Gironde), où il assume quelques fonctions au sein de l’église Saint-Ferdinand pendant un séjour de 18 mois. De retour à Paris début 1882, L’abbé Jouin est nommé curé de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en juillet.

Il prend la succession de l’abbé Georges Moreau (1842-1897), prêtre et essayiste, qui allait ensuite, en tant qu’aumônier en prison acquérir une certaine réputation en affichant son opposition à la peine de mort et aux mauvais traitements dont étaient victimes les prisonniers. Le nouveau curé rejoint une paroisse récente, puisque créée en 1860. Il n’a probablement pas de vicaire, mais un de ses anciens élèves du patronage d’Angers, l’abbé Joseph Sauvêtre, vient le rejoindre, sans fonction officielle. Il restera son ami pendant toute sa vie et sera son biographe.

À Joinville-le-Pont, Ernest Jouin a affaire à plusieurs élus républicains et radicaux, comme le maire, Gabriel Pinson, le restaurateur Honoré Jullien ou Jules-Ferdinand Baulard, ancien ouvrier devenu industriel, un temps communard et ardent défenseur de la cause laïque. Conseiller municipal de Joinville depuis 1881, ce dernier devint conseiller général de Charenton en 1884, puis député en 1889. Les relations virent à la confrontation.

Le nouveau curé hérite d’un conflit, provoqué par un contrôle, en 1881, des comptes du conseil de fabrique qui gère les fonds de la paroisse par le secrétaire général de la mairie, Fontaine. Les élus municipaux trouvaient que les recettes des pompes funèbres, perçues par le prêtre, responsable de la morgue municipale, étaient maigres. L’audit établit qu’il manquait à l’appel 1 200 francs. Le curé répondit qu’il avait mis cette somme dans sa poche, « ainsi que ça se fait toujours ». Il refusa de reverser les fonds ; l’archevêque de Paris assura qu’il n’avait fait que « suivre un usage ancien commun aux paroisses suburbaines ». En conséquence de ce refus, la municipalité décida de supprimer l’indemnité de logement versée au prêtre, qui ne disposait pas d’un presbytère. Dans un souci d’apaisement, l’archevêque nomma, en juin 1882, l'abbé Moreau aumônier de l'hôpital militaire Beaujon à Paris.

Plutôt que de chercher la conciliation, l’abbé Jouin va se lancer dans un combat juridique épique, transformant son bureau en un cabinet de conseil. L’affaire des recettes des pompes funèbres sera clôturée par une lettre du ministère de l’intérieur et des cultes de mars 1884 : « il y a lieu de prendre acte de l’aveu de M. l’Archevêque qui reconnaît qu’une bonne comptabilité ne saurait admettre cet usage ». Cependant, l’administration conclut : « mais la restitution des sommes perçues soulèverait de nombreuses difficultés ». Par contre, plusieurs questions connexes occuperont les tribunaux parisiens.

À la demande du conseil municipal, le ministre décide de dissoudre en février 1885 le conseil de fabrique qui, outre le curé et le maire, membres de droit, comprend des deux délégués du préfet et trois personnes nommées par l’archevêque. Un nouveau conseil doit être composé et le préfet nomme sur proposition du maire, deux francs-maçons notoires, Jules Ferdinand Baulard et Honoré Jullien, tandis que l’archevêque tarde à nommer ses remplaçants. Ayant à faire approuver le budget, le curé convoque, en avril, le maire et les membres de l’ancien conseil révoqué. Mais le maire, Gabriel Pinson, vient avec les nouveaux désignés. La séance se termine par des cris et des échauffourées, qui l’amènent à porter plainte pour avoir été jeté à terre. Lors du premier procès en juillet 1885, Jules Ferdinand Baulard indiquera que les membres révoqués les ont traités de « canailles, libres-penseurs, francs-maçons, buveurs d'absinthe et de vermouth » tandis que l’abbé Jouin assure que le maire a qualifié ses supporteurs de misérables et de voleurs.

Un des fabriciens est condamné en première instance à six jours de prison, peine commuée en appel en novembre en 16 francs d’amende. Après cassation en janvier, ils écopent tous de 25 francs d’amende en février 1886. En dernière instance, le conseil d’État confirme les peines, la révocation des membres du conseil et la qualification de « rébellion contre la loi » de leur attitude.

Pendant les péripéties judiciaires, l’abbé Jouin avait diffusé une Lettre aux paroissiens, tandis que le conseil municipal répliquait en diffusant le courrier du préfet révoquant le conseil de fabrique, dont les anciens membres publiaient une Lettre à la population dénonçant des « cabales montées par M. le maire à tous les carrefours de la commune » et « un parti prix haineux. »

À côté de son combat contre les autorités municipales, l’abbé Jouin obtient l’installation, en novembre 1883, d’une communauté de Servantes des pauvres, venues d’Angers, sous la conduite de mère Agnès (Modeste Bondu). Les trois premières sœurs, en plus de leur fonction de garde-malades, auraient obtenu des conversions : « des agnostiques, une protestante, des juifs, un franc-maçon » selon le biographe d’Ernest Jouin.

Il est également proche des sœurs Céleste et Caroline Amiel, issues d’une famille qui a compté plusieurs conseillers municipaux et un célèbre peintre portraitiste. Elles font don à la paroisse d’une maison, devenue le presbytère.

Manifestement inquiet de la tournure prise par l’affrontement politique entre le curé et les élus, l’archevêque tente de convaincre l’abbé Jouin de demander son déplacement. Il finit par décider de le nommer vicaire de l’église Saint-Augustin à Paris en juillet 1886. Une pétition, diffusée en particulier par les sœurs Servantes des pauvres et les demoiselles Amiel et qui aurait eu 900 signatures, avait demandé son maintien.

Commentant, en 1917, son départ de Joinville, l’abbé Jouin l’interpréta ainsi : « Je fus chassé par une municipalité franc-maçonne pour avoir fondé les sœurs Servantes des pauvres. »

À suivre

Le cardinal Dubois et Ernest Jouin en 1928

 

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21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 00:01

Yves Marie Le Page naît le 25 janvier 1844 à Brest (Finistère). Il est le fils de Marie Félicité Le Page, lingère, et de Pierre Ovide Bonheur, fusilier au 1er régiment d’infanterie marine. Ses parents ne sont pas mariés, mais ils procèdent à sa reconnaissance en novembre 1844 à Brest. Ensuite, Yves Marie utilisera le patronyme de Bonheur. Il vit avec sa mère à Landerneau (Finistère).

Il sert pendant plusieurs années, au moins entre 1867 et 1870, dans la marine de guerre, comme matelot chef de pièce dans l’artillerie de marine en 1867. Il est sur le bateau Le Jura en 1868. Devenu quartier-maître, il embarque sur le Rochambeau, cuirassé à coque en fer, construit à New-York, qui, avec 115 mètres, est le plus long navire jamais construit en bois. Enfin, il est second maître sur la frégate Thémis en 1870. En 1902, au moins six sommes qui lui étaient dues par la marine au titre de son activité militaire étaient non réclamées.

Le premier mariage de Bonheur a lieu en novembre 1867 à Landerneau (Finistère) pendant son service militaire à Landerneau. Il épouse Anne Marie Perrine Piton. Elle meurt l’année suivante, juste après avoir donné naissance à un fils, qui décède lui-même à 11 ans, toujours à Landerneau où il vivait chez sa grand-mère maternelle.

Sans doute sur les conseils de son oncle Louis Benoit Bonheur, garde-cimetière au Père-Lachaise, Yves Marie Bonheur vient à Paris après la guerre franco-prussienne et se fait embaucher également dans l’administration parisienne des cimetières. Il continuera d’exercer cette fonction jusqu’en juillet 1890. Il vit dans le 20e arrondissement, rue du Repos, (adjacente au cimetière du Père-Lachaise) puis en 1875 à Choisy-le-Roi (Seine, act. Val-de-Marne), route de Choisy (qui dessert le cimetière parisien de cette ville). Il épouse en juillet  1875 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) Léonie Catherine Thime, fille d’un cordonnier, libre-penseur et militant radical-socialiste, Eugin Thime (1830-1904). Ils vivent de nouveau rue du Repos.

Après sa retraite, Yves Marie Bonheur devient employé d’octroi en 1892 à Joinville-le-Pont. Il vit route de Brie (act. avenue Galliéni) dans le quartier de Polangis. Il a eu sept enfants avec sa seconde épouse.

Yves Marie Bonheur meurt le 8 janvier 1893 à Joinville. Il était âgé de 48 ans. La très longue nécrologie que lui consacre l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes constitue, outre l’état-civil ou les données sur son activité militaire et professionnelle, la principale source d’information sur les engagements publics de Bonheur.

La notice est incluse dans la rubrique régulière intitulée Bulletin maçonnique et de libre-pensée, rédigée par Henry Vaudémont. Les obsèques de Bonheur, dont le lieu n’est pas précisé, eurent probablement lieu à Joinville. Elles furent organisées « suivant ses principes et en dehors de toute pompe mystique, d’une façon purement laïque ».

Henry Vaudémont, président du groupe La Raison du canton de Charenton, conseiller municipal de Joinville-le-Pont, a retracé la vie de cet « humble et digne », citant Proudhon : « Dieu, c’est le mal. »

Émile Pasquier, secrétaire-général de la Fédération française de la Libre-Pensée ainsi que de l'Union des républicains radicaux socialistes de Sceaux, a fait une allocution en tant que secrétaire du député Jules Ferdinand Baulard, radical-socialiste, « Bonheur, ce travailleur modeste, ce libre-penseur convaincu, avait su de bonne heure se débarrasser de tous ces vieux préjugés qui sont la négation de la dignité humaine. »

Brisson-Joly, ancien conseiller général de la Seine et animateur de la Fédération française de la libre-pensée a formulé des considérations qui « n’ont certes pas été du goût de tout le monde. Mais nul n’a eu la goujaterie de désapprouver bruyamment ». Vaudémont remarque que « C’est un grand, un immense progrès au point de vue moral. La tolérance s’acclimate décidément chez nous. Et les gens qui, au nom de leur liberté, réclament le droit de croire en dieu, commencent à nous reconnaître, à nous, le droit de ne pas y croire. »

Le cuirassé Rochambeau

 

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17 juin 2020 3 17 /06 /juin /2020 00:01

Louis Jules Debeuré naît le 7 janvier 1831 à Triconville (Meuse). Il est le fils de Marguerite Anne Julie Devraine et de son époux Nicolas Debeuré, tisserand.

Il est cordonnier à Paris, où il épouse en avril 1854 (6e arr.) Marie Anne Justine Bousquet. Au cours des années 1860, il devient doreur sur métaux et vit dans le 11e arrondissement de Paris, dans le quartier de la Folie-Méricourt. Il installa sa société de dorure au mercure dans le même quartier, rue de Nemours.

Au début des années 1880, Debeuré est propriétaire d’une maison de campagne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), route de la Brie (act. av. Galliéni), dans le quartier de Palissy. Il va s’impliquer dans la vie locale.

Il est d’abord membre de la fanfare locale mais il s’en retire, en octobre 1884, pour consacrer tout son temps à la société d’escrime et de tir Les Volontaires de Joinville et Champigny, fondée le même mois. Dans le contexte de la défaite encore récente de la France face aux troupes prussiennes et allemandes en 1870, de nombreuses sociétés de ce type voient le jour. Celle de Joinville et Champigny démarre avec une centaine d’adhérents. Elle en compte 163 en 1866, dont 38 tireurs actifs.

L’objectif de ces organismes de tir, de gymnastique et d'exercices militaires est patriotique. Mais, dans un contexte où la montée de forces populistes est sensible, le conseiller général du département de la Seine, Faillet, qui fait approuver en novembre 1887 une subvention pour Les Volontaires de Joinville et de Champigny précise : « Quoique nous ne soyons pas boulangistes, nous sommes disposés à venir en aide à toutes les sociétés de cette nature qui ont pour objet la défense de la France démocratique. »

Si le démarrage de la société fut rapide, la vie associative va s’avérer très compliquée. En 1885, le propriétaire du stand, le cafetier Vingdlet, se brouille avec Debeuré. L’assemblée générale de fin d’année est agitée, avec la démission du porte-drapeau après une pétition de 32 signataires. Le journaliste radical-socialiste Henry Vaudémont essaie « de donner de l’entrain à la société ». Mais il témoigne en juin 1888 : « J’essuyai presque autant de déboires que Debeuré lui-même, ce qui n’est pas peu dire. »

Lors des élections municipales de mai 1888 à Joinville, Debeuré est candidat sur la liste du républicain modéré Gabriel Pinson, maire sortant. La lise emporte dès le premier tour 17 des 21 sièges à pourvoir, et en récupère un de plus au second tour, tandis que les radicaux-socialistes en obtiennent trois, derrière Alphonse Demeestère. Avec 283 voix, Debeuré est le dernier des élus du premier tour.

Un mois après le scrutin, le maire réélu meurt. La désignation d’Eugène Voisin pour le remplacer est l’occasion d’un rapprochement entre la majorité municipale et les radicaux. Debeuré, libre-penseur affirmé, comptait de nombreux amis parmi ces derniers. Il est désigné, en décembre, comme membre du bureau de bienfaisance, en charge du fonctionnement du fourneau.

Louis Jules Debeuré meurt le 5 janvier 1890 à Joinville, dans sa maison de campagne. Il était âgé de 59 ans et vivait de ses rentes depuis 1888. Il avait semble-t-il eu deux enfants, dont une fille morte très tôt.

Debeuré est inhumé au Père-Lachaise, en présence de beaucoup de joinvillais et de commerçants du quartier de la Folie-Méricourt. Le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, l’adjoint au maire de Joinville, Honoré Jullien et l’ancien conseiller général et militant de la libre-pensée Brisson-Joly prononcèrent des discours au cimetière parisien du Père-Lachaise, où il eut des obsèques civiles. Henry Vaudémont, ancien vice-président de la société de tir, malade, fit lire un message.

Route de la Brie, Joinville-le-Pont

 

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25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 01:01

Pierre Louis Perre naît le 29 janvier 1847 à Lyon. Il est le fils de Catherine Baume et de son époux, Pierre Michel Perre, sculpteur. Il fait des études à l’École impériale des Beaux-Arts de la ville où il obtient, en 1862, un prix dans la discipline « Principes et bosse » dont le professeur est le peintre Pierre Bonirote.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Perre est mobilisé dans l’armée française. Il a adopté le prénom de Pétrus.

Ayant ouvert une bijouterie en or rue du Temple à Paris (3e arr.), il s’y marie en octobre 1873 avec Angéline Hugon, originaire de Franche-Comté. Après la naissance de deux enfants, la famille s’installe rue du Parc-Royal (4e arr.) où il exploite une bijouterie jusqu’environ 1887.

Après avoir été marbrier, Perre devient constructeur de bateaux de plaisance à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), où il s’établit sur le quai de la Marne pendant les années 1890. Il est un des introducteur de cette activité qui fut, jusqu’à la première guerre mondiale, florissante sur les bords de Marne.

Le premier engagement public de Perre se situe dans le cadre sportif. Il est le secrétaire des courses de la Société de la voile de Nogent-Joinville, présidée par P. Meurgey, qui s’est reconstituée en 1896 après une mise en sommeil (elle avait été fondée en 1888). Le siège du club est situé à côté de l’atelier de Perre, qui en assure la gestion. Des régates sont organisées les dimanches matin et on compte 13 voiliers en 1900. Abandonnant le secrétariat en 1901, Perre continue de siéger au conseil d’administration au moment où la Société lance une course pour yachts à moteur entre Joinville et Neuilly-sur-Marne.

Vers 1903, Perre cède son activité nautique à son fils Armand, qui connaîtra trois ans après des difficultés économiques. Pour sa part, Pétrus Perre se lance en politique en étant candidat pour les élections municipales de mai 1904 sur la liste conduite par le maire sortant Eugène Voisin, qui est soutenue par le comité radical-socialiste local. Elle se présente face à une liste conservatrice, composée de quatre conseillers municipaux sortants qui ont rompu avec le maire, et  une liste socialiste-révolutionnaire. Alors qu’il s’était jusqu’ici montré assez prudent sur le plan politique, Voisin accepte cette fois de faire campagne pour le programme radical-socialiste et contre le nationalisme et le cléricalisme de ses adversaires. La liste Voisin obtient au total des deux tours 22 des 23 sièges à pourvoir, n’en laissant qu’un seul ses opposants de droite. Au premier tour Perre recueille 573 voix soit 51,2% des 1 119 suffrages exprimés pour 1 363 inscrits. Il est élu.

L’ancien député Jules Ferdinand Baulard, qui a contribué à implanter le radicalisme dans l’Est parisien, est satisfait du résultat. Il considère que sa formation et ses amis, qui avaient « été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser » va être en mesure de « décrasser notre commune ».

En mai 1908, pour les élections municipales suivantes, tous les élus sortants qui se représentent sont membres du comité radical-socialiste. La liste du maire fait face à une liste socialiste SFIO et une liste socialiste évolutionniste, composée d’anciens socialistes et de personnalités plus libérales. La liste Eugène Voisin conserve 21 des 23 sièges, dont six sont pourvus au premier tour et Perre en fait partie. Perre a eu 648 votes pour 1 319 inscrits.

Il participe, en juin 1909 à une rencontre avec le sous-secrétaire d’État à l’intérieur, Adolphe Maujan, par ailleurs député de la circonscription et également radical, pour discuter de la règlementation applicable à la construction des bateaux destinés au canotage que le gouvernement entend réglementer, eu égard au grand nombre d’accidents et de noyades. Les sports nautiques et le tourisme des bords de Marne sont une activité économique majeure à Joinville.

L’inondation centennale de la Marne de janvier 1910, qui recouvre une grande partie des terrains riverains et oblige à l’arrêt des activités économiques ainsi qu’aux relogements de centaines de familles dans la commune, touche un tiers du territoire municipal et 53 rues sur 89. Perre, qui a déménagé avenue de l’Étoile, à proximité de son ancien atelier, a organisé tout seul le service de sauvetage dans son quartier. Lorsque l’eau commence  se retirer, dans la troisième semaine de février, Perre participe à l’organisation des désinfections.

Du fait de cet engagement, sa santé se dégrade et Perre est absent de la réunion de compte-rendu de mandat du conseil municipal tenue à la fin du même mois. Dans les graves crises qui secouent le groupe radical-socialiste et la municipalité, Perre reste solidaire du maire, Eugène Voisin, malade, et de la majorité sortante mais ne peut plus participer aux activités publiques.

Il n’est probablement pas candidat au renouvellement de son mandat lors des élections municipales de mai 1912, qui voient la défaite des radicaux face à une coalition de dissidents, de libéraux, de conservateurs et de socialistes SFIO. Perre déménage avec sa femme et son fils pour aller habiter à Puteaux, avenue de la République. Il y meurt le 3 décembre 1913, à l’âge de 66 ans et est inhumé au cimetière Montparnasse

Ses obsèques civiles, des délégations du comité radical-socialiste, de la société des Vétérans de la guerre de 1870, et de la libre-pensée de Joinville sont présentes, conduites par Jacob Kauff, autre constructeur de bateaux, le futur maire Georges Briolay et le chimiste Louis Rey. Par contre, signe des tensions persistantes, le nouveau conseil municipal élu en 1912 n’est pas représenté.

Pétrus Perre avait obtenu plusieurs récompenses pour son dévouement, une première fois en août 1887 pour avoir porté secours en 1886 à des personnes en danger de se noyer puis, une médaille de bronze en janvier 1911 pour son comportement lors de l’inondation de l’année précédente. Il reçut également les palmes d’officier d’académie et une médaille d'argent en janvier 1912, à l’occasion de l’inauguration de l’agrandissement de la mairie de Joinville. il allait recevoir la médaille commémorative d’ancien combattant de 1870 lorsque sa mort est survenue.

Joinville sous les eaux en 1870

 

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21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 00:01

En novembre 1890, Louis Rey s’amusait beaucoup qu’un tribunal eût fixé une valeur marchande à l'eau de Lourdes. Il racontait l’histoire suivante au critique dramatique et journaliste Francisque Sarcey, chroniquer du quotidien XIXe siècle : « Un de mes amis, m'écrit M. Louis Rey, propriétaire de bagares qui chargent sur le port les marchandises qu'on transbordera, à Pauillac et à Royan, sur les grands navires qui vont au Brésil, avait commission d'un moine franciscain d'embarquer des fûts remplis de l'eau miraculée, pour les transporter et les transborder sur un navire dans le port de Pauillac. Il arriva que pendant la manœuvre un des précieux fûts subit un accident : il fut défoncé, et l'eau de Lourdes se répandit dans la Garonne. Le mal, après tout, était réparable. Le chef de manœuvre avait offert de puiser dans la Garonne, à la même place, de quoi remplir un autre fût ; sans doute, la vertu miraculeuse de l'eau eût été quelque peu diluée, mais il en serait toujours bien resté quelque chose. Et puis, vous savez, il n'y a que la foi qui sauve. Le moine qui assistait au chargement fut inflexible. C'était de l'eau de Lourdes qu'il voulait, de l'eau sans mélange; il refusa avec horreur l'idée de l'étendre avec de l'eau puisée dans la Garonne. Il exigea des dommages-intérêts. On plaida. Savez-vous à combien fut estimée la barrique défoncée, contenant et contenu ? A trois cents francs que mon ami paya, enchanté d'avoir acquis, fût-ce à ses dépens, la preuve que l'eau de Lourdes était une marchandise comme une autre, un peu plus chère même que beaucoup d'autres. Car à cent francs, on a du bordeaux très passable. »

Francisque Sarcey faisait remarquer que, quelques années plus tôt, sous la période de l'ordre moral (1873-1876), « il nous en coûtait à nous-mêmes, au XIXe Siècle, 6 000 francs pour avoir pris la liberté de nous moquer des bons pères de Lourdes et de leurs bouchons. »

Anticlérical affirmé, Louis Rey était également franc-maçon. Certains de ses adversaires réactionnaires tentaient de le mettre en cause pour cela, par exemple en publiant une liste des francs-maçons de Joinville dans un journal conservateur, l’Écho républicain. Dans son propre hebdomadaire, Voix des communes, Rey répondit qu’il s’agissait de « braves gens » et que « en ce qui concerne Joinville, il y manque une soixantaine de nos frères ». Le quotidien d’extrême-droite La Libre parole fait de même en mai 1912.

Dans la commune, Rey avait mis en place une Union fraternelle, qui regroupait les francs-maçons appartenant à différentes loges autour d’un banquet annuel et d’un bulletin hebdomadaire. En octobre 1909, l’Union fraternelle adhère au programme du Parti radical et radical-socialiste, adopté au congrès de Nantes. Elle exprime sa sympathie pour Francisco Ferrer (1859-1909), pédagogue et anarchiste espagnol, fusillé après sa participation à l’insurrection de Barcelone au cours de l’été 1909.

Dans un climat politique local très tendu, la franc-maçonnerie est une cible. En mai 1911, Rey témoigne dans Voix des communes : « On avait sur le marché exposé un mannequin couvert d’emblèmes maçonniques qu’on devait ensuite brûler. C’est de l’intolérance. La peur du commissaire a empêché l’autodafé du bonhomme de paille. »

L'anarchiste et fondateur de "l'école moderne", Francisco Ferrer (Wikipédia)

 

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13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 01:01

Eugène Tilly nait le 4 décembre 1851 à Saint-Mihiel (Meuse). Il est le fils de Marie Vincent et de son époux François Eugène Tilly, entrepreneur de travaux publics.

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), il exerce en 1879 la profession de cuisinier, probablement dans l’hôtel du quai Beaubourg exploité par Alphonse Demeestère, conseiller municipal de la commune et futur fondateur du groupe radical-socialiste local. Il épouse en octobre de cette année Émilie Guiard, employée de commerce, dont la famille réside dans la commune voisine de Saint-Maur-des-Fossés.

Se mettant à son compte, il acquiert le Café du Gaz, un hôtel meublé donnant sur la place du Marché, à l’angle des rues de Créteil et de Paris à Joinville. Le café est un lieu de retrouvailles pour les libres-penseurs de la commune et les radicaux-socialistes. Ainsi, il organise en 1888, 1891 et 1892, des « banquets gras » le Vendredi-Saint.

Pour l’élection municipale complémentaire organisée suite au décès du maire républicain, Gabriel Pinson, Tilly fait partie du « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », lancé par Ludovic Alexandre Cambier, qui soutient la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien. Gosset est élu, étant seul candidat, avec 75% des suffrages exprimés ; cependant, un autre radical-socialiste, Bleunard, qualifié de « rouge » dans la presse locale, bien que non candidat, obtient 25% des voix.

En janvier 1889, Tilly soutient la candidature d’Édouard Jacques, président du conseil général de la Seine lors de la législative partielle face au général Boulanger, populiste, qui remporte l’élection.

Il accueille un banquet cantonal radical-socialiste en juin 1890 et souscrit avec 260 autres personnes à Joinville « Pour les affamés de Carmaux » en septembre 1895.

En novembre 1897, Eugène Tilly vend son commerce et s’installe à Saint-Maur-des-Fossés où, après la mort en janvier 1898 de son épouse, il se remarie avec la sœur de cette dernière en juin 1899 à Saint-Maur. Antoinette Louise Guiard, qui fut plumassière, travaillait ensuite au café du Gaz de Tilly à Joinville. Pour ce remariage, les nouveaux époux obtiennent une dispense de parenté, signée du président de la République, sans doute Émile Loubet, Félix Faure étant mort en février.

Eugène Tilly meurt le 21 avril 1921 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était âgé de 69 ans.

Le Café du Gaz à Joinville

 

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 01:01

Ludovic Alexandre Cambier naît le 30 mai 1841 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Virginie Louise Janny Morel et d’Antoine Joseph Cambier, architecte.

Son père fut conseiller municipal républicain de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) de 1874 à 1875, date de son décès. Lui-même s’installe dans cette ville, sans doute peu après la disparition de son père.

À l’instar de ce dernier, Ludovic Alexandre Cambier exerce la profession d’architecte vérificateur des travaux publics. Il épouse, en octobre 1872, Joséphine Marie Flippes, native du Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime).

Engagé dans la vie politique locale, Cambier prend part à la campagne pour les élections législatives de décembre 1885. L’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes le présente ainsi « Cambier, le rempart de l’opportunisme et le cimetière des bocks ! »

Le 11 avril 1888, Cambier est élu membre d’un comité chargé de présenter les candidatures pour les élections municipales de mai ; il est confirmé dans ce rôle le 25 avril. La liste comprend des radicaux-socialistes et des socialistes-révolutionnaires. En opposition au maire sortant, Gabriel Pinson, républicain modéré, la liste de gauche obtint trois sièges au second tour (Diot, Demeestère et Vaudey) et Pinson fut réélu.

Le décès du maire, en juin de la même année, provoque une élection partielle en juillet pour laquelle Cambier patronne, au nom d’un « groupe d’électeurs de la commune attachés aux institutions républicaines », la candidature d’Amédée Gosset, mécanicien. Ce dernier est élu, étant seul candidat officiel avec (75%) ; cependant, un autre radical-socialiste, qualifié de « rouge » dans la presse locale, bien que non candidat, obtient 25% des voix.

En janvier 1889, Cambier soutient la candidature d’Édouard Jacques, président du conseil général de la Seine lors de la législative partielle face au général Boulanger, populiste, qui remporte l’élection.

Il participe de nouveau à la campagne législative de septembre 1889 qui voit, après l’abandon du scrutin départemental, la victoire de Jules Ferdinand Baulard, ancien conseiller municipal de Joinville et conseiller général du canton de Charenton, radical-socialiste, dans la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux.

Ludovic Alexandre Cambier meurt le 1er avril 1890 à Joinville, dans l’hôtel-restaurant tenu par Eugène Tilly, rue de Paris, un des points de ralliement des libres-penseurs. Il était toujours domicilié avenue Molette. Âgé de 48 ans, il avait eu cinq fils dont deux morts en bas âge. Son fils aîné, Antoine Cambier (1874-1939) a été chef de service à la préfecture de Paris, officier d’administration dans les services de santé de l’armée, responsable associatif à Joinville-le-Pont et chevalier de la Légion d’honneur.

Voix des communes raconte l’enterrement de Ludovic Alexandre Cambier : « Ce pauvre Cambier, mort subitement le 1er avril a été enterré civilement le jeudi 3. Une foule d’amis avaient tenus à accompagner à sa dernière demeure ce brave cœur, auquel on n’eût jamais reproché d’avoir manqué de franchise. »

 

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16 mai 2019 4 16 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

L’influence d’Alphonse Demeestère est attestée par plusieurs témoignages.

Gaston Meynet, qui fut maire radical-socialiste d’Alfortville (Seine, act. Val-de-Marne) considère que Demeestère était « l’honneur et l’orgueil » de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux. Selon Meynet, « nul n’apporta jamais, dans la vie privée et dans la vie publique, plus de simplicité, de dignité, de bonté et de désintéressement que ce militant intègre, dévoué de la République et des réformes sociales (…) passionné de justice et de solidarité. Il était l’âme de l’Union des radicaux-socialistes du canton de Charenton, dont il avait été un des fondateurs, et dont il fut, pas sa puissance d’attraction, le président perpétuel ». Meynet décrit ses convictions : il était républicain, socialiste, libre-penseur. Il estime qu’il « fut le chef vénéré et incontesté de notre grande famille démocratique de la deuxième circonscription. »

Henry Vaudémont, journaliste et militant radical, critique à son égard au début des années 1880 devint ensuite un de ses plus proches compagnons. « Demeestère ne fut point un médiocre, loin de là. Il fut un modeste, ce qui est fort différent. Jamais, en effet, Demeestère n’eut d’autre ambition que de défendre ses idées et son parti. Ses idées on les connaît : ce sont les grandes idées démocratiques d’incessant et rapide progrès, l’expérience scientifique opposée à la révélation divine, le droit humain proclamé et opposé triomphalement à cette immense et infâme fumisterie qui a nom droit divin. Son parti, c’est le parti radical-socialiste ; il en était dès 1848 : il en resta jusqu’à sa mort, toujours à l’avant-garde, toujours sur la brèche. (…) Demeestère, en ces temps-là [trois ans de lutte contre le césarisme] marchait non seulement avec nous, mais en tête de nous tous, président de l’Union des radicaux-socialistes de la circonscription de Charenton, il multipliait les convocations, faisant lui-même fonction de secrétaire et de trésorier pour avancer l’argent des affiches et de la location des salles. Et pour rien au monde, il n’aurait manqué une de ces réunions où sa haute stature, sa barbe et ses cheveux blancs lui donnaient une autorité dont les plus stupidement buttés subissaient l’influence malgré eux. »

Vaudémont continuait : « Pendant que ce vieillard multipliait ses efforts grâce auxquels la banlieue dut de garder un coin de terre non souillé par les pitres à la Laguerre et à la Mermeix [responsables boulangistes], combien se pelotonnaient tranquillement sous leurs couvertures se disant : faut-il être bête pour s’occuper de politique par le temps qui court. De quelque côté que ça tourne, je saurai bien toujours me retourner ! »

« Demeestère était un de ces hommes tout d’une pièce, qui ne changent point, ne reculent jamais d’une semelle et ne se déplacent que pour marcher de l’avant. Tel il était à 20 ans, tel il était à 60, libre-penseur, athée, partisan de tous les progrès et toujours sur la brèche, pour aider à la conquête d’une liberté ou lutter contre un danger menaçant cette République, qui lui était aussi chère que la vie. Ce n’était pas que ses moyens fussent puissants : Demeestère n’avait point une instruction transcendante ; mais il avait beaucoup lu et du d’Helvétius, du Diderot, du Voltaire, du Jean-Jacques Rousseau, du Voney, du P-L. Courier, du Michelet, du Louis Blanc de préférence au Paul de Kock. »

« Il n’était pas riche non plus. (…) Cependant, s’il fallait de l’argent pour publier une circulaire, pour des affiches et convoquer une réunion publique, Demeestère se trouvait toujours là, à point nommé. Il rédigeait et envoyait les convocations personnelles, arrêtait la salle, disposait tout et ouvrait la séance. Il était là le premier et partait le dernier. Je l’ai vu, car j’étais à ses côtés, revenir de Charenton à Joinville à 1h du matin, avec Thime, le bottier, et moi, par un pied de neige. Demeestère avait alors 70 ans (…) Il fut (…) un de ces divisionnaires auxquels on doit une bonne part de la victoire. »

Fin.

Le pont de Joinville en 1885

 

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14 mai 2019 2 14 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

Au cours des élections municipales de mai 1892, Demeestère est de nouveau candidat, sur la liste du maire Eugène Voisin qui a le soutien des radicaux-socialistes. Face à une liste de droite, conduite par Barborin et Bocquentin, Demeestère n’arrive au premier tour qu’au 25e rang des candidats alors qu’il y a 23 sièges à pourvoir, avec 249 voix pour 639 suffrages exprimés (39%) et 644 votants. Il est cependant élu au second tour, du fait du retrait de la liste conservatrice.

Henry Vaudémont explique la contre-performance de Demeestère par « les petits papiers anonymes », alors qu’il considère qu’il est « l’un des plus travailleurs du conseil. »

En juillet 1893, toujours en compagnie de Vaudémont, Demeestère adhère au Congrès des conseillers municipaux socialistes qui se tient à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Pourtant, la division entre les socialistes et les radicaux commence à devenir nette, et la présence de radicaux à ce congrès étonne. En août, il prend la présidence du comité qui soutient la réélection de Baulard au poste de député.

Alphonse Demeestère meurt le 5 février 1894 à Joinville-le-Pont, à l’âge de 77 ans. Il siégeait depuis 14 ans au conseil municipal. Il est incinéré lors de funérailles civiles au cimetière du Père-Lachaise à Paris, en présence d’un grand nombre d’amis, de citoyens du canton, de libres-penseurs et de radicaux. Ces cendres furent ramenées au cimetière de Joinville.

Pour lui rendre hommage, Théodore Brisson-Joly, qui fut conseiller municipal de Paris, conseiller général de la Seine et conseiller d’arrondissement, propose en novembre 1894 de baptiser une rue de Joinville et de Champigny, la rue des Ormes-Grande-Allée, du nom de Demeestère. L’idée est reprise par Vaudémont, qui fait signer une pétition auprès de 79 personnes, mais le conseil municipal ne donne pas suite.

L’enterrement de la veuve de Demeestère, Philiberte Jojot, décédée le 21 août 1902, sera l’occasion d’un dernier hommage public au couple, qui avait été marié plus d’une cinquantaine d’année. Un de ses petits-fils, Henri Doret, fut secrétaire général de la mairie de Joinville-le-Pont, puis, après sa retraite, conseiller municipal radical-socialiste de Joinville-le-Pont (1929-1930).

À suivre.

Eugène Voisin

 

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12 mai 2019 7 12 /05 /mai /2019 01:01

Suite de la biographie d’Alphonse Demeestère.

En janvier 1891, Alphonse Demeestère annonce sa démission du poste de président de l’Union des radicaux-socialistes du canton de Charenton, qu’il exerçait depuis cinq ans. Il invoque son âge, 74 ans, en précisant que si ce travail n’est pas au-dessus de ses forces à cette date, il craint qu’elles ne le trahissent. Il soutient également que « dans l’intérêt du groupe et aussi au point de vue démocratique que la présidence ne s’éternise pas dans les mêmes mains. »

À sa demande, la lettre de démission est publiée dans le journal Voix des communes. J. Menu, de Saint-Maurice, est élu président : il rend hommage, en mars, à son prédécesseur : le « sympathique citoyen Demeestère, qui jouit, vous le savez, de l’estime et de la considération de tout le monde sans exception, parce que le citoyen Demeestère, par son esprit conciliant, son aménité parfaite, a su inspirer à nos adversaires le respect de ses convictions franchement républicaines ». Dans ses remerciements, Demeestère, souligne « la progression rapide de l’influence politique de notre groupe » qu’il attribue à l’union et à la discipline.

S’il a quitté sa fonction exécutive, Demeestère reste très présent, aussi bien au conseil municipal que dans le comité radical de Joinville ou l’union cantonale. Il anime ainsi, avec Vaudémont, une campagne pour la création d’un omnibus desservant les quartiers de Polangis et Palissy depuis la gare. En septembre 1891, il préside la réunion de compte-rendu de mandat du député, Baulard.

Surtout, il est fier d’organiser le 17 octobre une réunion où le conseil municipal rend compte de son mandat en séance publique. Il explique que « jamais pareille chose en s’était produite depuis que la vieille branche de Saint-Maur » et y voit une rupture avec la tradition « monarchiso-orléaniste » de la commune. Demeestère fait un exposé de la situation financière de la commune : « Quoiqu’il arrive, le conseil aura la satisfaction, à l’expiration de son mandat, de laisser la commune dans une situation nette et dégagée des vieilles dettes qui l’obéraient et la contraignaient à ne rien entreprendre. »

Au sein de l’union radicale-socialiste, Demeestère plaide pour une réforme de l’impôt, qui devrait, selon lui, devenir progressif.

Conformément à ses convictions de libre-penseur, Demeestère prend position en faveur de la crémation et soutient une souscription lancée en avril 1892 par Vaudémont et le Dr Bitterlin pour construire un four crématoire intercommunal à Saint-Maur.

En 1891, 1892 et 1893, Demeestère participe aux « banquets gras », anticléricaux, organisés le vendredi-saint au restaurant chez Tilly, 40, rue de Paris à Joinville. Il participe au Congrès national de la libre-pensée en novembre 1892.

À suivre.

Le quai Beaubourg

 

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