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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Les travaux d’extension de la gare Montparnasse avaient provoqué l’expropriation du logement loué par Hainsselin, 47, rue du Château à Paris (14e arr.) en juin 1899. Il s’installe alors à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où il renoue avec une action politique publique. En février 1906, il participe dans la commune voisine de Champigny à une réunion de soutien au candidat du parti socialiste SFIO pour l’élection législative, Pédron. Hainsselin, qui s’affiche comme conseiller prud'homme, est chargé de développer le programme du parti, créé l’année précédente.

Mais Hainsselin s’écarte rapidement de la SFIO, dirigée localement par Émile Lebègue, reprochant à ses membres « de banqueter à la table de M. Maujan », le député radical de la 2e circonscription de l’arrondissement Sceaux. Il constitue, fin 1907 avec Théophile Leteuil, un comité socialiste indépendant. Il obtient un certain succès, puisque qu’il réunit 400 participants le 21 novembre, suscitant l’étonnement devant l’attelage des « deux fondateurs, l’un radical, l’autre révolutionnaire » dans l’hebdomadaire Voix des communes. La présidence est confiée à un entrepreneur de mécanique, Félix Valbonnet.

Hainsselin provoque aussi la création d’un éphémère comité d’action sociale en mars 1908 tandis que Leteuil monte un « comité ouvrier », en réalité animé par les cadres de l’usine Pathé-Cinéma, principal employeur de la ville. Le responsable nationaliste Nectoux propose au comité d’action sociale 12 places sur les 23 de la liste qu’il voulait constituer pour les élections municipales de mai, ce qui provoque une crise au comité socialiste indépendant et une tension entre Hainsselin et Leteuil. Ils constituent finalement une liste socialiste évolutionniste, conduite par François Provin, serrurier, et comprenant notamment René Martin, Leteuil, Valbonnet et Hainsselin.

Dans le cadre de la campagne, Hainsselin s’illustre, selon ses adversaires radicaux : « Il possède la science infuse, il excelle dans tous les genres, c’est un artiste complet » Il est présenté comme « Un don Quichotte haineux avec pour rossinante un vélo ». Il a lancé en 1907 un journal, L’Indépendant, dont il est à la fois le rédacteur, le gérant et même le dessinateur sous le pseudonyme de Croque-Bille. Diffusé à environ 200 exemplaires, centré sur Joinville, le journal s’ouvre ensuite aux communes voisines de Saint-Maur, Nogent, Champigny et Créteil. Il cesse de paraître en mars 1909.

Avec 604 voix en moyenne (65%) au premier tour des élections municipales de mai 1908, les radicaux-socialistes obtiennent 6 élus au premier tour et 15 au second ; les évolutionnistes, qui n’ont que 17 candidats, recueillent 500 voix en moyenne (28%) et ont un élu au second tour, Provin ; les 5 socialistes SFIO candidats ont 252 voix en moyenne (5%). Un isolé est également élu. Hainsselin obtient 441 voix au premier tour et 432 au second ; il n’est pas élu.

Le comité socialiste évolutionniste présente un candidat lors de l’élection au conseil d’arrondissement pour le canton de Saint-Maur en juin 1908, René Martin, fabricant de spiritueux, qui est battu par Henri Vel-Durand, radical-socialiste. Hainsselin démissionne en juillet 1908 du comité évolutionniste, suite à l’entrée de l’ancien président du comité d’action sociale, Vernière, cadre de la maison Pathé, avec lequel il se réconcilie cependant quelques jours après. En octobre, sur le pont de Joinville, Hainsselin accuse Georges Briolay, adjoint au maire, de « vivre des fonds communaux » et reçoit une gifle de sa part. Début 1909, Hainsselin, de concert avec les socialistes SFIO, les évolutionnistes et les libéraux, utilise le mécontentement des riverains du chemin de Brétigny, qui dessert le port de Joinville, pour mener une opération de déstabilisation de la municipalité radicale-socialiste.

À suivre.

 

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8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Les conseils de prud'hommes, instances discrètes jusqu’au début de la troisième République, étaient devenues en 1882 un enjeu électoral au sein du mouvement ouvrier. Le parti possibiliste de la Fédération des travailleurs socialistes de France (FTSF) voulut les investir pour appliquer les principes socialistes sur la rémunération du travail manuel. Il a pour concurrent des blanquistes et la Fédération des chambres syndicales indépendantes. En décembre 1890, sur 69 prud'hommes ouvriers parisiens, il y avait 47 possibilistes, 21 socialistes indépendants et un blanquiste-boulangiste. Le développement du syndicalisme va changer la donne. En 1896, en tant que responsable syndical, Hainsselin fait campagne pour Tavernier, candidat dans la quatrième catégorie du bâtiment. En novembre 1899, il se porte lui-même candidat, en compagnie de Chariot, charpentier. Il est élu pour trois ans le 3 décembre par 425 voix sur 657 suffrages exprimés pour 1 241 inscrits.

Lorsqu’il se représente en 1902, Hainsselin est en butte à des accusations de Morice, ouvrier charpentier, qui obtient, le 8 novembre, le soutien des chambres syndicales des scieurs à la mécanique et des charpentiers. Mais, dans des réunions à Paris, au Pré-Saint-Gervais et à Saint-Denis (Seine, act. Seine-Saint-Denis), Hainsselin réussit à retourner les scieurs en sa faveur. Arrivé en tête au premier tour, avec 228 voix sur 541 votants pour 1 130 inscrits, Hainsselin devance Morice (209 voix) et Gardery (Solidarité des ouvriers charpentiers, 102 voix). Il l’emporte au second tour en décembre grâce à 255 votes sur 532 et est élu pour six ans. La chambre syndicale des charpentiers précise que, si elle combattait la candidature Hainsselin, « c'était l'homme qui était visé et non le syndicat. »

Les relations d'Hainsselin avec ses mandants se détériorent de nouveau. Le 10 juillet 1904, sur rapport d’une commission d'enquête au sujet de la Société coopérative des scieurs découpeurs du département de la Seine, l'assemblée générale décide « de radier de la chambre syndicale le nommé Hainsselin » et « lui retire la confiance de la corporation ». Devant ce qu’elle considère comme des « faits scandaleux », elle « le somme de donner sa démission de conseiller prud'homme. »

En décembre 1905, Hainsselin soutient victorieusement la candidature de son ancien concurrent Gardery face à celle de Chariot, soutenue officiellement pas les deux syndicats de charpentiers et de scieurs. Tirant avantage de son expérience, Hainsselin va régulièrement présider le conseil de prud’hommes en alternance avec la partie patronale. En mai 1907, un Comité de vigilance unique du bâtiment est constitué, pour dénoncer le « clan spécial » qui a participé à l'élection d'Hainsselin, comprenant, outre Gardery, cinq autres conseillers Riom, Tréfaut, Bazetoux, Dartois et Dubief ainsi que d’autres militants, Durr, Pichon, Mathieu, Guellob et Carrière.

En décembre 1908, se déclarant représentant, Hainsselin sollicite le renouvellement de son poste aux élections prud'homales, mais cette fois chez les employés de commerce et non plus dans le bâtiment. Avec 99 voix pour 345 votants et 663 inscrits, Hainsselin est cependant distancé, arrivant en 4e position pour deux sièges à pourvoir et se retire avant le second tour. Il se plaint d’une « campagne de mensonges et de calomnies », à cause de sa décoration (il est officier de l’instruction publique). Selon lui, « tout citoyen décoré est pour les sectaires du syndicalisme un traître et un vendu. »

À suivre.

 

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6 décembre 2017 3 06 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Continuant son activité d’ouvrier scieur, Hainsselin est victime d'un accident de travail qui a nécessité l'amputation de trois doigts et a provoqué une incapacité de travail de neuf semaines. Il fait appel en mars 1898 à la solidarité des libres-penseurs, arguant qu’il doit subvenir à l'existence de ses trois enfants en bas âge. Il reçoit une aide prise sur la trésorerie de la Fédération et une souscription est lancée à son profit. Dans un article sur les accidents du travail après la loi française du 9 avril 1898, Paul Dramas (Le Mouvement socialiste, 1899/06/15) remarque que « les professions qui ont le plus de victimes ne sont pas celles où le développement mécanique est le plus grand. Il est certain qu'il y a moins de victimes chez les mécaniciens ou les tourneurs que chez les couvreurs ou les charretiers ». Cependant, il remarque qu’il y a une exception, celle des scieurs à la mécanique, dont il écrit, citant Hainsselin, que « 90% sont mutilés. »

Hainsselin, en tant que secrétaire général de la chambre syndicale des scieurs, découpeurs et mouluriers à la mécanique, intervient devant 1 500 ouvriers ébénistes, boulevard de Picpus, à Paris, en octobre 1898, pour soutenir leurs revendications et préconiser la grève générale de l’ameublement. En mai 1899, il est un des orateurs d’un meeting de protestation au Cirque-d’Hiver de Paris contre l'ajournement de la loi sur les accidents du travail, présidé par le député de la Guadeloupe, Hégésippe Légitimas. Parmi les intervenants, on note Marcel Sembat et Aristide Briand. En juin, il interrompt une réunion professionnelle pour emmener les participants à une manifestation pro-dreyfusarde à Longchamp (ouest de Paris) « Contre les Césarions de tout poil » et « Pour le triomphe de la République. »

Il est nommé en novembre 1899 membre de la commission mixte de patrons et d'ouvriers de sa profession, chargée de donner un avis sur le taux des salaires et durée normale de la journée de travail à Paris. C’est le début d’un long parcours dans les instances du paritarisme social français.

Quinze cents charpentiers travaillant sur les chantiers de l'Exposition universelle de Paris au Champ-de-Mars et à l’esplanade des Invalides se mettent en le 26 juin 1900. Hainsselin, qui vient d’être élu conseiller prudhomme, joue un rôle actif dans la négociation pour trouver une solution au conflit. Les ouvriers demandent que le caractère périlleux de leur travail soit reconnu et que le prix de l'heure de travail passe de 90 centimes à 1 franc. Les charpentiers jugent que leur rôle « est exceptionnellement dangereux. En effet, nous travaillons sur des pavillons qui dépassent l'élévation ordinaire des édifices; Le travail du bas n'est pas moins dangereux, car, l'exécution des pavillons étant en retard, on travaille à la fois au haut et au bas. À chaque instant, les ouvriers du rez-de-chaussée reçoivent des matériaux et des outils qui tombent de la partie supérieure ». Une sentence arbitrale rendue le 29 janvier donnant satisfaction aux revendications, la grève prend fin le même jour sur proposition de Chariot, secrétaire de la chambre syndicale des charpentiers, Baumann et Hainsselin. Les 1 200 charpentiers présents à l’assemblée générale votent la fin du conflit à l'unanimité.

Présenté en mars comme candidat au conseil supérieur du travail pour les industries du bois et bâtiment par sa chambre syndicale, Hainsselin est devancé lors du scrutin en mai par plusieurs candidats et se retire. Le 12 juin 1900, il est suspendu de ses fonctions de secrétaire de la chambre syndicale, décision confirmée par l’assemblée générale extraordinaire du 30 juin qui le remplace par Alexandre Pinson.

À suivre.

 

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Revenu à Paris en 1897, Hainsselin est secrétaire d’un comité de défense de la Verrerie ouvrière d’Albi (Tarn).

Il s’installe avec sa famille rue du Château (14e arr.). Son engagement public prend alors deux formes principales : la libre-pensée et le syndicalisme.

Membre de l’Union des libres-penseurs du 14e, Hainsselin est élu au conseil central de la Fédération française de la libre-pensée en mars 1897. En juin, il est désigné comme gérant du bulletin fédéral. À partir de ce moment, il se présentera régulièrement comme publiciste. La fonction amène Hainsselin à gérer de nombreux conflits : en août avec le journaliste Lucien Brunswick qui lui envoie par huissier une sommation d'insertion, en octobre où il a une altercation avec Chatelard lors de la commission de rédaction. Hainsselin participe à des délégations, donne en décembre une conférence sur le rôle des religions à Paris (17e arr.) et présente le rapport financier au congrès annuel ce même mois.

Condamné à une amende dans le procès que lui faisait Brunswick en janvier 1898, Hainsselin est relaxé en appel en décembre. Il donne une conférence sur le Théâtre social à Paris (2e arr.) en avril et est réélu parmi les 25 membres du conseil central dont il devient secrétaire général ; il cède sa fonction de gérant du Bulletin de la libre-pensée à Lachaume. Il adresse sa démission dès le mois de juin, se plaignant de ne pas avoir accès au registre des inscriptions des groupes et adhérents fédérés qui resterait dans les mains de la trésorière Julie Pasquier qui, se croyant prise à partie, quitte à son tour sa fonction également ; le conseil refuse les deux démissions. Cependant, Hainsselin, suite à un nouveau conflit avec son successeur à la gestion du bulletin, Lachaume, renouvelle son retrait et est remplacé en août par Paul Dobelle. En septembre, Hainsselin, absent, est à nouveau mis en cause au conseil central pour n’avoir pas remis des sommes qui lui auraient été confiées. Il n’est pas réélu en 1899.

À suivre.

 

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2 décembre 2017 6 02 /12 /décembre /2017 00:01

Suite de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Louis Gentil Hainsselin naît le 21 avril 1866 à Paris (7e arr.). Sa mère, Louise Adelphine Durant, est papetière tandis que son père, Eugène Médéric Hainsselin est cordonnier. Lui-même fera usage du prénom d’Eugène.

Commençant à travailler à 16 ans, devenu menuisier, Eugène Hainsselin se spécialise dans la scierie mécanique et travaille d’abord dans l’atelier de son père, devenu entrepreneur. Il épouse en novembre 1889 à Paris (15e arr.), où il réside avec ses parents avenue Bosquet, Anna Archambaudière, couturière.

La famille s’installe rue des Entrepreneurs dans le même arrondissement. Elle déménage à Versailles (Seine-et-Oise, act. Yvelines), où elle vit en 1892 rue de la Patte-d’Oie puis en 1893 rue de Vergennes.

Dans la ville-préfecture de Seine-et-Oise, Hainsselin débute son activité publique en rejoignant le comité socialiste des travailleurs Versaillais, fondé en octobre 1890. La structure avait organisé en novembre 1891 une réunion publique consacrée notamment au thème « Socialisme chrétien et socialisme révolutionnaire et athée » avec Henri Galiment, professeur de sociologie, qui attire un nombre important de défenseurs de l'ordre social-chrétien et se déroule courtoisement. Le groupe attaque l’alliance entre les opportunistes et les radicaux dans le département. Hainsselin en est un des animateurs avec Émile Hébert, le fondateur, Dehais et Émile Favrais, ouvrier boulanger. Il organise à l’automne 1893 un banquet fraternel d’anniversaire du groupe et contribue à la naissance, en novembre de la même année, d’une structure sœur dans le canton de Palaiseau.

Devenu Union socialiste des trois cantons du Versailles, le groupe réagit de manière très vive, en juin 1895, à une polémique lancée par Hainsselin au sujet du désistement de Favrais en faveur du républicain très modéré Paul Rameau, qui est élu député au second tour du scrutin législatif en 1893. Lors d’une réunion extraordinaire le 8 juin 1895, à laquelle Hainsselin a transmis ses arguments par lettre, les socialistes mettent en opposition « la parfaite loyauté et la parfaite intégrité des citoyens Hébert et Favrais » et au contraire « les insultes et calomnies » d’Hainsselin, qu’elle considère comme « indigne du parti socialiste. »

En septembre 1895, Hainsselin se présente comme secrétaire du groupe socialiste indépendant de Versailles et des environs pour plaider en faveur des mineurs grévistes de Carmaux (Tarn), notamment lors d’une réunion organisée à Paris (15e arr.) par les socialistes de la Creuse ou à l’occasion d’une souscription du journal La Petite République.

À suivre.

 

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30 novembre 2017 4 30 /11 /novembre /2017 00:01

Début de la biographie d’Eugène Hainsselin.

Nous allons consacrer plusieurs articles à Louis Gentil Hainsselin, dit Eugène Hainsselin (1866-1933).

Ouvrier scieur à la mécanique, travaillant dès son adolescence, il aura des responsabilités nationales dans le milieu associatif, régionales en matière syndicale et locales sur le plan politique à Versailles et Joinville-le-Pont, où il sera brièvement conseiller municipal de Joinville (1912). Malgré une éducation limitée, il se fait publiciste, représentant de commerce et architecte.

Mais sa véritable carrière se déroulera dans le domaine judiciaire. Élu conseiller prud’homme en 1899 sur une liste syndicale ouvrière, il prend goût au droit et est nommé en 1909 juge de paix, d’abord dans l’Inde coloniale française puis en métropole.

Libre-penseur, militant socialiste, participant à la naissance de la SFIO, créateur de groupes locaux, Hainsselin est un polémiste manifestement rétif à la discipline des organisations. Partout où il entre il est, peu de temps après, en conflit ouvert avec ses camarades.

Redouté par ses alliés, détesté par ses adversaires, ambitieux mais souvent confus dans son expression, Hainsselin sut manifestement s’attirer quelques amitiés qui lui permirent de faire une belle carrière et de la finir couvert de décorations.

À suivre.

 

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6 septembre 2017 3 06 /09 /septembre /2017 01:01

François Alfred Gassion naît le 8 décembre 1863 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il est le fils de Marie Catherine Coinchelin et de son mari, Charles Louis Alfred Gassion, cheminot, chef de train.

Venu en région parisienne, Alfred Gassion devient lui aussi employé au chemin de fer de l'Est. Il participe le 8 juillet 1887 à la manifestation, organisée par la Ligue des patriotes, de Paul Déroulède pour protester contre l’envoi à Clermont-Ferrand du meneur populiste, le général Boulanger. Le rassemblement se fait à la gare de Lyon pour empêcher le départ du train, l’objectif étant de se rendre ensuite à l'Élysée. Arthur Gragnon, préfet de police, fait bloquer les manifestants place de la Bastille. Il fait procéder à vingt-et-une arrestations, dont huit sont envoyés au Dépôt sous la prévention de rébellion et d'outrage aux agents ; ils sont âgés de 16 à 26 ans et Alfred Gassion figure parmi eux.

Le journal L’Intransigeant écrit que « De l’enquête ouverte sur la manifestation de la gare de Lyon, il résulte que les dégâts matériels sont insignifiants : quelques, vitres brisées, deux boiseries défoncées et trois ou quatre, banquettes démolies, voilà tout ». Il considère que « les agents se sont rués comme des bêtes féroces sur de paisibles citoyens » et que l’incrimination de « rébellion et outrages aux agents » est un « fallacieux prétexte. »

Jugé par la dixième chambre du tribunal correctionnel de la Seine le 12 juillet, Alfred Gassion est condamné pour outrages et violences à la deuxième plus lourde peine, soit deux mois de prison et 16 francs d'amende.

Devenu comptable, Alfred Gassion s’engage dans la franc-maçonnerie. En 1888, il est membre de la loge La Ruche libre (Paris) et « garant d'amitié » de loge Le Globe (Vincennes). Le congrès maçonnique du 3 juin 1888 à Paris adopte à une très large majorité un ordre du jour antiboulangiste : « Considérant que la Franc-Maçonnerie ne peut, sans manquer à ses traditions démocratiques, rester indifférent devant l'agitation plébiscitaire et césarienne tentée sur le nom d'un homme; Jettent le cri d'alarme et font appel à tous les maçons de France pour protester contre la propagande boulangiste et pour défendre contre toutes ses attaques la cause de la Liberté et de la République ». La Ruche libre participait au congrès.

Installé à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), Gassion organise en août 1888 une cérémonie pour le mariage de sa sœur Antoinette avec Edouard Martin, qui se tient au temple maçonnique, de Vincennes (Seine, act. Val-de-Marne) et rassemble dans une tenue blanche extraordinaire les deux loges La Ruche libre et Le Globe. La fanfare municipale de Vincennes apporte son concours à la fête, qui se conclut par une conférence de Louis Amiable, grand ordonnateur du grand collège des rites et ancien membre du conseil de l'ordre du Grand Orient de France, également maire du 5e arrondissement de Paris.

S’il semble s’être éloigné des boulangistes, Gassion préside cependant une réunion qu’ils organisent à Joinville-le-Pont le 24 avril 1890 autour de leur candidat aux élections cantonales, Wattier. Les boulangistes veulent faire adopter un ordre du jour présentant les boulangistes comme seuls révisionnistes de bonne foi. Combattu par le journaliste Henry Vaudémont, il est, selon ce dernier, repoussé par 28 voix contre 37. Cependant, les boulangistes le déclarent adopté malgré les protestations du président Gassion.

Le propre mariage d’Alfred Gassion, en septembre 1891, sera également une manifestation maçonnique. Il épouse Marie Catherine Blanche Carrère à la mairie du 11e arrondissement de Paris. Le député radical Jules Ferdinand Baulard est présent, de même que le Dr Laffont, conseiller général de Charenton-le-Pont, également radical-socialiste, et Henry Vaudémont, président du groupe de libre-pensée La Raison, dont Gassion est secrétaire. Une confirmation du mariage est organisée au temple de la loge Le Globe à Vincennes ; Gassion en est également le secrétaire.

Après son mariage, Alfred Gassion s’installe à Paris tout en continuant de participer à l’activité du mouvement de libres-penseurs La Raison, basé à Joinville.

Il s’installe ensuite avant 1900 à Nanterre (Seine, act. Hauts-de-Seine), où naîtront ses trois enfants. Lui-même devient expert en matière de transports et est décoré, en janvier 1904 des Palmes académiques en tant qu’officier d’académie.

En matière politique, Gassion est en 1903 secrétaire général du comité de défense républicaine à Nanterre.

François Alfred Gassion meurt le 20 octobre 1925, à l’âge de 61 ans. Son décès est transcrit à Nanterre, où il vivait 33, rue Sadi-Carnot. Son épouse y réside toujours, en compagnie d’un de ses fils, en septembre 1961.

Médaille de la loge maçonnique de Vincennes Le Globe

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4 septembre 2017 1 04 /09 /septembre /2017 01:01

Victor Louis Desjardins naît le 18 octobre 1839 à Saint-Quentin (Aisne). Il est le fils de Caroline Mention et de son époux Joseph Desjardins, courtier.

Devenu architecte vérificateur, il s’installe à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où il vit en 1885. Il est proche de Jean Gustave Charton, ancien communard, militant socialiste-révolutionnaire.

Resté célibataire, Victor Desjardins meurt le 14 janvier 1888 à Joinville, à l’âge de 48 ans. N’ayant pu assister à son inhumation, le journaliste Henry Vaudémont fit paraître un long hommage dans l’hebdomadaire radical Voix des communes, signé de son pseudonyme Gringoire : « Notre ami Desjardins est mort (…) Ce que fut Desjardins : un honnête homme dans toute l’acception du terme, travailleur, doux, bon, serviable, ferme en ses principes, et, sans jactance, constant dans ses opinions comme dans ses affections, n’abandonnant aucun droit, n’esquivant aucun devoir. (…) S’il ne fit de mal à personne, ce n’était point par la crainte du diable ou des gendarmes, c’était par simple sentiment du devoir. »

Voix des Communes, journal radical

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4 juin 2017 7 04 /06 /juin /2017 01:01

Hippolyte Alexandre Lesage naît le 20 février 1823 à Paris (ancien 8e arr., actuel 11e arr.). Son père est tourneur en cuivre et – comme certains de ses frères – il exercera la même profession, notamment pour la fabrication de roulettes, avant de devenir rentier.

Il épouse en 1852 la fille d’un cultivateur de Joinville, Marie Adélaïde Rousseau, dont la famille développera ensuite une école privée (Le Parangon) et donnera plusieurs élus, dont un maire (Ferdinand Rousseau). Une fille naît de ce premier mariage. Après la mort de sa première épouse en 1877, Hippolyte Lesage partagera la vie d’une femme beaucoup plus jeune que lui, Marie Amélie Delage, qui lui donne un premier fils en 1884, avant qu’il ne l’épouse en 1888. Lors de son second mariage, il avait 65 ans et sa femme seulement 27. Lors de la naissance de son quatrième enfant en 1899, il a 74 ans.

Lié à Joinville depuis son premier mariage, Hippolyte Lesage réside cependant au moins l’hiver à Paris jusque la fin des années 1880.

Il est élu conseiller municipal de Joinville en 1881, aux côtés de Gabriel Pinson, républicain. Il intègre en 1882 la commission municipale scolaire chargée de mettre en œuvre l’instruction obligatoire. Il est réélu en 1884 mais démissionne en cours de mandat. Il s’installe à Nanteuil-sur-Marne (Seine-et-Marne) en 1889.

Revenu à Joinville en 1890, il s’intéresse de nouveau à la vie publique puisqu’il est assesseur, en octobre 1891, de la première réunion organisée dans la ville pour que les élus rendent compte de leur mandat ; elle est présidée par le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard.

En mai 1892, il redevient conseiller municipal sur la liste du maire radical-socialiste Eugène Voisin. Il est élu dès le premier tour avec 397 voix sur 639 suffrages exprimés (62%). Ses colistiers remportent 22 des 23 sièges à pourvoir, face à une liste libérale qui n’a qu’un élu. Lesage devient membre d’un nombre important de commissions : bibliothèque, chemins, travaux et éclairage, finances, chauffage, octroi.

Peut-être est-ce lui le Lesage qui participe, en 1895, avec de nombreux citoyens de la commune, à une souscription « Pour les affamés de Carmaux » en faveur des grévistes des verreries, lancée notamment par une militante coopératrice Victoria Vaudémont et un radical-socialiste, Pierre Jules Tireau.

En mai 1896, Hippolyte Lesage est réélu sur la liste d’Eugène Voisin, qui n’a pas d’opposition. Il est à nouveau renvoyé au conseil municipal en mai 1900, toujours sur la liste du maire.

Hippolyte Lesage meurt à Joinville le 10 août 1900, à l’âge de 76 ans. Lors de ses funérailles civiles, Eugène Voisin, maire de Joinville avec lequel il a siégé quinze ans dans l’assemblée communale, soulignera qu’il était un républicain et un libre-penseur.

Il avait été décoré des palmes académiques en tant qu’officier d’académie en 1899. Son fils Léon jouera également un rôle associatif et politique significatif après-guerre à Joinville.

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29 mai 2017 1 29 /05 /mai /2017 01:01

Antoine Roche naît le 1823 à Urzy (Nièvre). Il est le fils d’ouvriers, François Roche et Anne Page. Lui-même devient apprenti-forgeron à 11 ans. il acquerra une certaine aisance puis deviendra chauffeur de machines mécaniques.

Installé dans les Côtes-du-Nord à Plémet (act. Les Moulins, Côtes-d’Armor), il épouse Marie Rosalie Florentine Cuq et aura quatre enfants.

Il arrive à Joinville-le-Pont avant 1876, où il s’établit comme marchand de vins, résidant rue du Viaduc, dans le quartier populaire du Canal.

En 1881, il est élu conseiller municipal de la commune. Le maire est Gabriel Pinson, républicain. En septembre 1882, il est nommé membre de la commission municipale scolaire, alors que lesdites commissions viennent d’être instituées par la loi du 28 mars 1882, relative à l'obligation de l'instruction primaire, instaurée l’année précédente, pour surveiller et encourager la fréquentation des écoles.

Son décès le 28 janvier 1886 à Joinville à 62 ans, après une longue maladie, est salué par Eugin Thime, bottier et animateur du groupe local de la libre-pensée. Au cimetière, une collecte est faite au profit de la caisse des écoles municipale.

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