Suite de la biographie de Georges Émile Briolay
Au cours de l’année 1911, le climat politique continue à se tendre à Joinville-le-Pont, alors que le maire, Eugène Voisin, malade, est souvent absent et a annoncé qu’il ne se représenterait pas aux futures élections municipales de 1912. Les deux adjoints, « Villain et Briolay remplacent du mieux qu’ils peuvent le maire » selon l’hebdomadaire radical Voix des communes.
C’est le cas en particulier lors de d’une réunion de compte-rendu de mandat du conseil municipal, qui se tient en février 1911 avec 300 participants. Le plus souvent, c’est Georges Briolay qui répond aux interpellations du public, sur les associations, la voirie, les services publics. Lorsque le représentant des Républicains libéraux (droite), l’avocat Louis Gallas lui demande « si le conseil est homogène », Briolay répond qu’il n’en sait rien ; tous les conseillers municipaux sauf un « font ou ont fait partie du comité radical-socialiste ; s’il y a des dissidents, c’est à eux de le dire ». Un ordre du jour de défiance est proposé par les socialistes unifiés de la SFIO et soutenu par les libéraux ; il reçoit le soutien de 30 des 300 citoyens présents. Pour Voix des communes, « Briolay a supporté tout le poids de ce débat avec bonhomie. »
La crise s’intensifie en mars lorsqu’un conseiller radical, Louis Rey, dénonce des incidents dans l’école de Polangis, que l’on qualifierait sans doute un siècle plus tard de harcèlement. C’est Briolay qui avait reçu cette plainte en mairie. Le scandale éclate dans l’opinion publique Le curé chasse de l’église où elle faisait le catéchisme la mère de famille qui a dénoncé la situation. Le 21 mars, le conseil municipal évoque la situation dans un tumulte et cinq conseillers municipaux quittent la séance. Rey remarque que les protestataires reprochent « non pas les faits, mais la divulgation des faits » et maintient : « elle était nécessaire, les scandales ont cessé ». Le comité radical-socialiste de Joinville estimera ensuite que « l’école laïque doit être à l’abri de toute critique et que sa défense est l’orgueil du Parti radical-socialiste. »
Cependant, les opposants démissionnent de leur mandat municipal et il faut organiser en mai 1911 des élections partielles pour pourvoir sept postes vacants, soit plus du tiers du conseil. Les six démissionnaires se représentent, accompagnés sur une liste de protestation par un de leurs sympathisants. Parmi eux, on compte Henri Vel-Durand et Achille Mermet, tous deux radicaux et futurs maries de la ville. Le comité radical-socialiste officiel ne présente pas de liste, mais son président et plusieurs de ses membres figurent sur celle présentée par René Martin, président de l’Union des commerçants de Joinville. Ils échouent et les dissidents remportent les sept sièges avec le soutien aussi bien des libéraux que des socialistes.
La presse radicale fait état du désarroi du comité radical-socialiste, dont le bureau démissionne. Briolay est élu président en juin 1911 après une séance d’audition des ex-démissionnaires dont l’exclusion est demandée par plusieurs adhérents qui critiquent une « campagne équivoque haineuse, de mensonge » avec des attaques contre Briolay et Rey. Le bureau renouvelé met en place une procédure de parrainage pour l’admission de nouveaux membres dans le comité.
Un des derniers actes du long passage d’Eugène Voisin à la mairie de Joinville (45 ans, dont 24 comme maire) est l’inauguration de l’agrandissement de la mairie ; son état de santé fait que ce sont ses adjoints qui le représentent.
Lors des élections municipales de mai 1912 à Joinville, quatre listes s’alignent : Georges Briolay conduit celle des de la majorité sortante, avec dix des 23 conseillers en poste et le soutien du comité radical-socialiste. Avec environ 27% des suffrages exprimés, elle est devancée par les radicaux dissidents (environ 31%), et suivie par les socialistes SFIO (22%) et les libéraux (19%). Ces trois groupements ont passé un accord de fusion en vue du second tour sur une base proportionnelle à leur score : la coalition permet donc de faire élire 10 radicaux dissidents, 7 socialistes et 6 libéraux. Par contre, les radicaux-socialistes sont battus et n’ont pas d’élu.
En août 1912, Briolay signe en tant ancien adjoint au maire et président du comité radical-socialiste, une Lettre ouverte à Hainsselin, Beauvais et Arnaud, trois des élus de la nouvelle majorité municipale, le premier ancien socialiste, le deuxième libéral et le troisième ex-radical. Il reconnaît que « le Parti radical-socialiste à Joinville a été battu, bien battu » mais l’attribue « à une coalition honteuse ». Briolay reproche à Hainsselin de s’être fait élire pour promouvoir ses intérêts personnels ; il attaque les insinuations qu’aurait faites Beauvais sur son train de vie ; enfin il s’indigne de ce qu’Arnaud le mette en cause pour avoir « emprunté » un instrument de musique, qu’il assure avoir « acheté il y a 21 ans ». Par contre, Briolay revendique sa responsabilité dans l’échec d’Henri Vel-Durand lors de l’élection cantonale de juin 1912 : « Si vous m’accusiez de m’être employé à faire ramasser une veste à Vel-Durand à l’élection au conseil général, ne cherchez pas. Oui, c’est moi le coupable. Je le reconnais. J’avoue : c’est la récompense de sa trahison à la cause radicale-socialiste. »
En juin 1913, avec Louis Rey auquel il reste manifestement très lié, Briolay participe à une souscription pour les victimes du scandale de Couffouleux : un instituteur de la commune de Peux-et-Couffouleux, dans l’Aveyron, avait essuyé des tirs de carabine, parce qu’il utilisait un manuel d’histoire laïque, ce que contestait le curé et les deux-tiers des parents de cette petite école de campagne.
L’adjoint au maire et conseiller d’arrondissement, Henri Vel-Durand, est exclu en juillet 1913 du parti radical-socialiste de la Seine, pour avoir combattu le comité de Joinville et l’ancienne municipalité.
Le congrès des Fédération des Comités républicains radicaux et radicaux-socialistes de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux, qui couvre alors une grande partie de l’actuel Val-de-Marne, se tient en janvier 1914 à Joinville-le-Pont, au restaurant Jullien, dans l’île Fanac. Le journal Le Radical note que c’est « incontestablement une des circonscriptions de la Seine où le Parti radical et radical-socialiste a pu s'organiser le plus fortement ». Près de 1 200 personnes y participent, pour désigner le candidat unique du Parti aux prochaines élections législatives. Adolphe Chéron est désigné à l’unanimité.
À suivre
Georges Émile Briolay dans la mairie de Joinville-le-Pont
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