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22 septembre 2022 4 22 /09 /septembre /2022 05:01

Suite de la biographie de Georges Émile Briolay

Au cours de l’année 1911, le climat politique continue à se tendre à Joinville-le-Pont, alors que le maire, Eugène Voisin, malade, est souvent absent et a annoncé qu’il ne se représenterait pas aux futures élections municipales de 1912. Les deux adjoints, « Villain et Briolay remplacent du mieux qu’ils peuvent le maire » selon l’hebdomadaire radical Voix des communes.

C’est le cas en particulier lors de d’une réunion de compte-rendu de mandat du conseil municipal, qui se tient en février 1911 avec 300 participants. Le plus souvent, c’est Georges Briolay qui répond aux interpellations du public, sur les associations, la voirie, les services publics. Lorsque le représentant des Républicains libéraux (droite), l’avocat Louis Gallas lui demande « si le conseil est homogène », Briolay répond qu’il n’en sait rien ; tous les conseillers municipaux sauf un « font ou ont fait partie du comité radical-socialiste ; s’il y a des dissidents, c’est à eux de le dire ». Un ordre du jour de défiance est proposé par les socialistes unifiés de la SFIO et soutenu par les libéraux ; il reçoit le soutien de 30 des 300 citoyens présents. Pour Voix des communes, « Briolay a supporté tout le poids de ce débat avec bonhomie. »

La crise s’intensifie en mars lorsqu’un conseiller radical, Louis Rey, dénonce des incidents dans l’école de Polangis, que l’on qualifierait sans doute un siècle plus tard de harcèlement. C’est Briolay qui avait reçu cette plainte en mairie. Le scandale éclate dans l’opinion publique Le curé chasse de l’église où elle faisait le catéchisme la mère de famille qui a dénoncé la situation. Le 21 mars, le conseil municipal évoque la situation dans un tumulte et cinq conseillers municipaux quittent la séance. Rey remarque que les protestataires reprochent « non pas les faits, mais la divulgation des faits » et maintient : « elle était nécessaire, les scandales ont cessé ». Le comité radical-socialiste de Joinville estimera ensuite que « l’école laïque doit être à l’abri de toute critique et que sa défense est l’orgueil du Parti radical-socialiste. »

Cependant, les opposants démissionnent de leur mandat municipal et il faut organiser en mai 1911 des élections partielles pour pourvoir sept postes vacants, soit plus du tiers du conseil. Les six démissionnaires se représentent, accompagnés sur une liste de protestation par un de leurs sympathisants. Parmi eux, on compte Henri Vel-Durand et Achille Mermet, tous deux radicaux et futurs maries de la ville. Le comité radical-socialiste officiel ne présente pas de liste, mais son président et plusieurs de ses membres figurent sur celle présentée par René Martin, président de l’Union des commerçants de Joinville. Ils échouent et les dissidents remportent les sept sièges avec le soutien aussi bien des libéraux que des socialistes.

La presse radicale fait état du désarroi du comité radical-socialiste, dont le bureau démissionne. Briolay est élu président en juin 1911 après une séance d’audition des ex-démissionnaires dont l’exclusion est demandée par plusieurs adhérents qui critiquent une « campagne équivoque haineuse, de mensonge » avec des attaques contre Briolay et Rey. Le bureau renouvelé met en place une procédure de parrainage pour l’admission de nouveaux membres dans le comité.

Un des derniers actes du long passage d’Eugène Voisin à la mairie de Joinville (45 ans, dont 24 comme maire) est l’inauguration de l’agrandissement de la mairie ; son état de santé fait que ce sont ses adjoints qui le représentent.

Lors des élections municipales de mai 1912 à Joinville, quatre listes s’alignent : Georges Briolay conduit celle des de la majorité sortante, avec dix des 23 conseillers en poste et le soutien du comité radical-socialiste. Avec environ 27% des suffrages exprimés, elle est devancée par les radicaux dissidents (environ 31%), et suivie par les socialistes SFIO (22%) et les libéraux (19%). Ces trois groupements ont passé un accord de fusion en vue du second tour sur une base proportionnelle à leur score : la coalition permet donc de faire élire 10 radicaux dissidents, 7 socialistes et 6 libéraux. Par contre, les radicaux-socialistes sont battus et n’ont pas d’élu.

En août 1912, Briolay signe en tant ancien adjoint au maire et président du comité radical-socialiste, une Lettre ouverte à Hainsselin, Beauvais et Arnaud, trois des élus de la nouvelle majorité municipale, le premier ancien socialiste, le deuxième libéral et le troisième ex-radical. Il reconnaît que « le Parti radical-socialiste à Joinville a été battu, bien battu » mais l’attribue « à une coalition honteuse ». Briolay reproche à Hainsselin de s’être fait élire pour promouvoir ses intérêts personnels ; il attaque les insinuations qu’aurait faites Beauvais sur son train de vie ; enfin il s’indigne de ce qu’Arnaud le mette en cause pour avoir « emprunté » un instrument de musique, qu’il assure avoir « acheté il y a 21 ans ». Par contre, Briolay revendique sa responsabilité dans l’échec d’Henri Vel-Durand lors de l’élection cantonale de juin 1912 : « Si vous m’accusiez de m’être employé à faire ramasser une veste à Vel-Durand à l’élection au conseil général, ne cherchez pas. Oui, c’est moi le coupable. Je le reconnais. J’avoue : c’est la récompense de sa trahison à la cause radicale-socialiste. »

En juin 1913, avec Louis Rey auquel il reste manifestement très lié, Briolay participe à une souscription pour les victimes du scandale de Couffouleux : un instituteur de la commune de Peux-et-Couffouleux, dans l’Aveyron, avait essuyé des tirs de carabine, parce qu’il utilisait un manuel d’histoire laïque, ce que contestait le curé et les deux-tiers des parents de cette petite école de campagne.

L’adjoint au maire et conseiller d’arrondissement, Henri Vel-Durand, est exclu en juillet 1913 du parti radical-socialiste de la Seine, pour avoir combattu le comité de Joinville et l’ancienne municipalité.

Le congrès des Fédération des Comités républicains radicaux et radicaux-socialistes de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux, qui couvre alors une grande partie de l’actuel Val-de-Marne, se tient en janvier 1914 à Joinville-le-Pont, au restaurant Jullien, dans l’île Fanac. Le journal Le Radical note que c’est « incontestablement une des circonscriptions de la Seine où le Parti radical et radical-socialiste a pu s'organiser le plus fortement ». Près de 1 200 personnes y participent, pour désigner le candidat unique du Parti aux prochaines élections législatives. Adolphe Chéron est désigné à l’unanimité.

À suivre

Georges Émile Briolay dans la mairie de Joinville-le-Pont

 

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20 septembre 2022 2 20 /09 /septembre /2022 05:01

Suite de la biographie de Georges Émile Briolay

Bien qu’ayant cédé en novembre 1907 la présidence du comité radical-socialiste de Joinville à Albert Gallas, Georges Émile Briolay est en première ligne pour défendre la liste de la majorité, toujours conduite par le maire sortant Eugène Voisin lors des élections municipales de mai 1908. Il assure ne vouloir « ni nationalisme, ni internationalisme » et défend l’anticléricalisme traditionnel des radicaux joinvillais, par exemple lorsque la croix qui figurait à l’entrée du cimetière communal est démontée, en octobre 1907, au nom de la « neutralisation du cimetière ». Il propose cependant de « la céder gratis pour la chapelle Sainte-Anne », qui vient d’être élevée avenue Oudinot, dans le quartier de Polangis.

Affirmant ses convictions, face aux attaques de ses opposants de droite comme de gauche, Briolay, qui écrit régulièrement dans la rubrique locale de l’hebdomadaire Voix des communes, assure en février 1908 : « Je suis et resterai un libre-penseur radical-socialiste ». Il rappelle aux dissidents que, en 1904, tous les candidats avaient signé le programme politique de la liste. Lors de l’élaboration de ce texte, la question religieuse n’avait pas été adoptée, au grand regret de Briolay qui assure avoir cédé car « des conseillers anticléricaux acharnés avaient des enfants ayant fait leur première communion » dans l’église catholique. Cependant, Briolay assure avoir une nature conciliante : « J’ai vécu 14 ou 16 ans dans la même maison que l’ancien curé, je lui ai rendu quelques services, entre autres éteindre un début d’incendie dans son logement et un autre dans le sous-sol de l’église. »

Le programme de la liste radicale assure vouloir une « gestion sage et une administration prudente des finances de la commune ». La future municipalité entend « réaliser des économies, encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité ». Elle affirme son opposition à de nouveaux impôts, et s’engage à faire un compte-rendu de mandat annuel.

Les candidats radicaux obtiennent en mai 1908 48,0% des votes des électeurs de Joinville au premier tour, devant la liste du Comité socialiste indépendant, dit évolutionniste, qui a 20,7% et regroupe des dissidents radicaux ainsi que des personnalités plus libérales ou socialistes, et 11,4% pour les socialistes SFIO. Six radicaux sont élus dès ce tour. Au second tour, la liste SFIO se retire et quinze radicaux ainsi qu’un évolutionniste et un indépendant complètent le conseil municipal. Briolay est élu au deuxième tour, avec 512 voix pour 1 189 suffrages exprimés (43,1%) sur 1 613 inscrits.

Eugène Voisin est réélu maire pour un sixième mandat. La défaite, inattendue, de son premier adjoint, Honoré Jullien, fait que, derrière Paul Villain, Briolay est appelé pour devenir second adjoint au maire ; il est élu par 20 voix sur 23. Parmi les nouveaux élus figure Louis Rey, un chimiste, franc-maçon, activiste radical-socialiste, redoutable polémiste, qui tient la rubrique joinvillaise de Voix des communes ; Briolay en est très proche. Il est de nouveau électeur sénatorial en décembre 1908. Son épouse, Denise Briolay, est membre de conseil d’administration de la Société de l’Allaitement maternel, principale organisation humanitaire de la commune.

Bien que la victoire électorale de 1908 ait été large, la vieillesse du maire, Eugène Voisin, et la durée de son administration font que les tensions vont se multiplier. L’évolution du contexte politique national, avec la montée des socialistes et l’aboutissement en 1905 du principal combat des radicaux, la séparation de l’église et de l’État, renforce les dissensions. En mars, Leteuil dénonce, par affiches, un « Scandale à la caisse des écoles ». L’affaire se dégonflera rapidement, mais elle entretient un climat d’affrontements verbaux et par voie de presse.

Après avoir visité en octobre 1909 l’exposition nationale industrielle de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, act. Hauts-de-Seine), Briolay et Rey plaident pour organiser une manifestation de ce type à Joinville en 1910. Malgré le soutien des commerçants, le projet fera long feu.

Une crise, démarrée en 1909, prend de l’ampleur en janvier 1910 : le chemin de Brétigny, dans le quartier de Palissy, est la voie d’accès au port fluvial utilisée par un entrepreneur pour évacuer les résidus de ses chantiers. Le charroi dégrade considérablement la voirie, le transporteur refusant de prendre la réfection du revêtement, et la mairie estimant que ce n’est pas à elle de le faire. Le mécontentement est exploité par les opposants de tous bords au cours de plusieurs réunions publiques et dans la presse comme par affiches.

À la même période, la Marne provoque d’importantes inondations qui recouvrent deux-tiers des quartiers de Polangis et Palissy ainsi que les quais de Marne, la rue du Canal ou la villa Schaken. 53 rues sur 89 ont été atteintes et les usines Pathé (cinéma) ou Bi-Métal sont à l’arrêt, cette dernière vivant en outre une grève dure. Plusieurs centaines de pavillons sont évacués, les habitants ont été abrités dans les hôtels et les préaux des écoles. Selon le journal Voix des communes « Briolay a coopéré au sauvetage des enfants », ce qui lui vaudra une médaille. Chaque conseiller est désigné pour veiller sur une partie de la ville. . Un service de bateau est organisé dans les rues inondées.

Fin février, quand les eaux refluent, la boutique de tapisserie de Briolay est un des lieux de réception des demandes d’indemnisation. Au sein d’un comité intercommunal des inondés, Leteuil, qui s’estime personnellement lésé, tente de mettre en cause la distribution en octobre 1910, mais il est blâmé par les autres membres du comité.

En mars 1909, l’ancien député radical ayant été élu au sénat, avait été remplacé à la chambre des députés par un autre radical, Amédée Chenal. Lors des élections législatives générales de mai 1910, Chenal ne se représente pas ; c’est Adolphe Chéron qui se présente avec l’investiture de la rue de Valois, mais il est battu par le maire de Champigny, Albert Thomas, socialiste SFIO.  C’est la première défaite des radicaux-socialistes dans cette circonscription depuis le rétablissement du scrutin majoritaire en 1889 ; le comité exécutif du parti avait apporté son soutien au socialiste, arrivé en tête au premier tour, contrairement aux groupes locaux, qui avaient encouragé le maintien d’un candidat radical en l’absence de risque réactionnaire. Le journal radical Voix des communes relève des réactions de commerçants joinvillais : « Nous voilà débarrassés des radicaux ! », « les démissions pleuvent chez le président [du comité radical-socialiste] Gallas, c’est la débandade ». Le correspondant de ce journal, Louis Rey, confirme l’existence d’une crise, tout en la relativisant : « Le comité radical et radical-socialiste s’est réuni le 14 mai sous la présidence de Gallas, 35 présents sur 80 adhérents, quatre démissions dues à la mauvaise humeur suite à la position du comité exécutif, dont trois élus de 1908. L’un d’eux a déjà retiré sa démission. »

Appelé à siéger comme juré dans la cour d’assises du département de la Seine en octobre 1910, Briolay signe avec les membres du jury un appel au président de la République pour introduire des « circonstances très atténuantes » qui permettent de réduire la peine en deçà des minimums prévus par la loi. Il était membre actif de la Ligue des droits de l’Homme, sensibles à ces questions.

À suivre

Georges Émile Briolay (au fond à gauche) avec Adolphe Chéron

 

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18 septembre 2022 7 18 /09 /septembre /2022 05:01

Début de la biographie de Georges Émile Briolay

Georges Émile Briolay naît le 22 août 1863 à Maisons-Alfort (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Marie Adrienne Picault, journalière, et de son mari Jacques René Briolay, charretier, tous deux originaires de la Sarthe. La famille s’installe à Joinville-le-Pont, commune voisine de Maisons-Alfort, en 1873

Il est dispensé d’effectuer son service militaire au titre de l’article 17 de la loi du 27 août 1872, probablement parce qu’un de ses frères est alors militaire. Devenu ébéniste et résidant en 1884 à Saint-Maurice, autre village voisin, il a deux enfants avec Denise Antonine Eugénie Monfaucon, journalière, originaire de l’Oise. Ils reviennent à Joinville, rue du Pont, dans le centre-ville. En octobre 1886, ils se marient à Acy-en-Multien, dans le département de naissance de l’épouse.

La première activité publique de Briolay dont la trace ait été conservée est sa participation au Bal de la fanfare de Joinville au profit des pauvres en avril 1888. On y relève notamment la présence de Jules Ferdinand Baulard, alors conseiller général et futur député, et d’Eugène Voisin, à ce moment adjoint au maire mais qui deviendra peu après maire de Joinville peu après ; tous deux seront des personnalités radicales-socialistes.

C’est à partir de 1900 que son engagement va devenir significatif. Cette année-là il est membre fondateur de la section de Joinville des Vétérans de terre et de mer, qui conserve la mémoire de la guerre franco-allemande de 1870-1871 et fournit des aides sociales aux anciens combattants. Il en est le trésorier et exerce toujours cette fonction en 1934.

La même année, il prend part à la constitution de la section de Joinville de la Ligue des droits de l’Homme, qu’il va présider de 1912 à 1929.

On le retrouve en novembre 1902 lors de la création du groupe local de l’Association philotechnique, mouvement d’éducation populaire actif dans la commune.

Enfin, Briolay est une des personnes qui contribuent en 1902 à la transformation de l’ancien comité radical-socialiste communal, qui existait depuis 1885, en instance locale du parti radical-socialiste, formé en 1901. Il assurera la fonction de président dudit comité du début à 1907 puis entre 1915 et 1933.

Le maire de la commune, Eugène Voisin, avait été élu, en mai 1888, adjoint au maire sur une liste républicaine opposée à celle du comité radical-socialiste. Cependant, quand il avait succédé deux mois plus tard à Gabriel Pinson, il s’était rapproché des radicaux et avait, ensuite, été soutenu par eux avant de lui aussi rejoindre le comité.

En mai 1904, les élections municipales à Joinville voient s’affronter trois listes : une liste classée à droite, avec plusieurs anciens élus s’étant détachés de la municipalité, une liste socialiste-révolutionnaire incomplète et la liste conduite par Eugène Voisin. Cette dernière « affiche très clairement le programme radical-socialiste » avec « une réprobation énergique du nationalisme et du cléricalisme », selon l’hebdomadaire radical Voix des communes. Les candidats radicaux, parmi lesquels Briolay, assurent de leur « fidélité au vieux programme républicain ». Au premier tour, les partisans de Voisin recueillent une moyenne de 50,2% des votes et ont 15 élus sur 23 sièges à pourvoir, la droite obtenant 31,9% et les socialistes 14,9%. Au second tour, 4 autres radicaux sont élus, avec un candidat de droite.

Élu dès le premier tour, Briolay avait récolté 561 voix pour 1 119 votants (50,1%) et 1 363 inscrits. L’ancien député radical, Jules Ferdinand Baulard, qui vit à Joinville, se félicité du résultat : « Je souhaite que nous puissions décrasser notre commune dont nous avons été considérés pendant longtemps comme des anarchistes qui voulaient tout bouleverser ; c’est une satisfaction que nos efforts et nos idées ont gain de cause. »

À l’occasion d’une conférence publique organisée dans la mairie par le député de la circonscription, le radical Maujan, en novembre 1905, Briolay préside la séance. Il fait adopter un ordre du jour « l'encourageant à persévérer dans la voie des réformes démocratiques et sociales ». Il contribue activement à sa campagne de réélection en avril et mai 1906 en tant que vice-président du Comité central d'union et d'action républicaines de la deuxième circonscription de Sceaux. Il est désigné comme électeur sénatorial en avril 1907 et fait partie de ceux qui félicitent Maujan quand il devient, en août cette même année, sous-secrétaire d’État à l’intérieur.

Lorsqu’un élu radical de 1904, Théophile Leteuil, entre en dissidence et met sur pied en janvier 1908 avec un socialiste lui aussi en rupture de ban, Eugène Hainsselin, un comité socialiste évolutionniste, Briolay engage une polémique dans la presse locale décrivant ainsi leur relation : « Leteuil, mon ennemi politique, Théophile, mon ami particulier. »

À suivre

Signature de Georges Émile Briolay

 

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 00:01

Amédée Léon Roux naît le 24 novembre 1848 à Paris (11e arr.). Il est le fils de Lucille Mutelle et de son époux, Jean François Gustave Roux.

Il vit à Paris (10e arr.), d’abord rue du Chemin-Vert puis, en 1874, passage des Trois-Couronnes. Il épouse, en juillet de cette année-là, Marie Joséphine Job, mécanicienne. Lui-même est monteur en bronze. Il devient ensuite fabricant d’appareils à gaz, avec un atelier dans le même arrondissement, rue de Bondy (act. rue René-Boulanger).

Il acquiert une résidence à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), dans le quartier de Palissy, avenue Hugedé, sans doute à la faveur de la commercialisation des terrains de ladite rue par le promoteur immobilier Louis Hugedé dans les années 1870. Ils en font leur domicile permanent après 1900.

Peut-être faut-il assimiler Amédée Léon Roux avec « A. Roux », directeur en 1885 de la société de la libre-pensée La Raison, basée à Champigny-sur-Marne et qui sera ensuite active à Joinville, avec le député radical-socialiste Jules Ferdinand Baulard, l’aubergiste Alphonse Demeestère ou le journaliste Henry Vaudémont. Roux est toujours membre de La Raison en 1889 mais n’en est plus le directeur. Léon Roux est membre de la franc-maçonnerie.

Il est également possible que Roux soit, en septembre 1891, un des assesseurs de la réunion de compte-rendu du mandat de parlementaire de Baulard à Joinville.

En mai 1904, Léon Roux, qui se présente comme industriel, est candidat aux élections municipales de Joinville sur la liste conduite par le maire sortant, Eugène Voisin. Soutenue par le comité radical-socialiste communal, elle fait face à une liste de droite et à une autre de tendance socialiste-révolutionnaire. Avec 562 pour 1 119 suffrages exprimés (50,2%) sur 1 363 inscrits, Roux est élu dès le premier tour. La liste Voisin remporte 22 des 23 sièges à pourvoir, et il est reconduit dans sa fonction. Signe de son rôle politique, Roux est désigné comme électeur sénatorial en janvier 1905.

Toujours avec Eugène Voisin et le soutien du comité radical-socialiste, Roux sollicite le renouvellement de son mandat en mai 1908. La liste met en avant sa « gestion sage » et son « administration prudente des finances de la commune ». Elle entend « encourager les œuvres laïques d’instruction, d’éducation, d’assistance et de solidarité », dit son opposition à de nouveaux impôts et entend faire un compte-rendu de mandat annuel. Face à une liste dite socialiste évolutionniste, qui regroupe des personnalités libérales avec des radicaux dissidents et certains socialiste, ainsi qu’une liste socialiste SFIO, les candidats de la municipalité sortante remportent 21 des 23 sièges, en laissant un à un indépendant, l’autre à un évolutionniste. Roux est réélu au second tour, avec 610 voix pour 1 188 votants (51,3%). Voisin est toujours maire. La campagne a été tendue, et Roux a notamment polémiqué avec le docteur Gripon, élu de manière isolée expliquant dans l’hebdomadaire radical Voix des communes : « Je vous ai défendu jadis, car je vous croyais digne d’estime. Votre conduite en période électorale et maintenant vous démasquent. Vous êtes de ceux que je ne salue plus ». Gripon avait été mis en cause pour son comportement et se plaignait qu’on l’ait écarté d’un poste de médecin dans les écoles.

De nouveau délégué sénatorial en décembre 1908, Roux se mobilise pendant les grandes inondations de la Marne au premier trimestre 1910, en participant à l’organisation de la loterie en faveur des inondés.

Lors de la séance de compte-rendu  mandat de février 1911, Roux fait partie des cinq élus qui, l’hiver, habitent Paris, et quittent la salle à 11 heures du soir pour aller prendre leur train. Dans un contexte très tendu entre la municipalité et une partie de la population, ce départ est accompagné des cris de « Démission ! Démission ! » lancés par les socialistes SFIO, les évolutionnistes et les libéraux.

Roux prend un part active à la vie municipale, toujours fidèle au maire et à la majorité des radicaux-socialistes, tandis que plusieurs d’entre eux s’en séparent, dans la perspective du départ d’Eugène Voisin, malade et vieillissant. Avec le chimiste Rey et l’adjoint Briolay, Roux est une des principales cibles des dissidents.

Lors des élections municipales de mai 1912, Roux est probablement candidat sur la liste conduite par Georges Briolay. Elle est battue par la fusion, au second tour, de ses trois concurrentes, les radicaux dissidents, les socialistes SFIO et les libéraux et conservateurs. Au cours de la campagne, la presse libérale reprochait à Roux de diriger, en compagnie de Briolay et Rey, le parti radical à Joinville. Un radical dissident, Achille Mermet, devient maire.

Battu, Roux poursuit cependant son activité sociale. Après avoir été administrateur de la caisse des écoles, il entre au conseil de l’Association philotechnique, importante société d’éducation populaire. Pendant la guerre, il s’associe à Briolay pour acheter du charbon, destiné à ravitailler la  population joinvillaise à meilleur marché. Roux redistribue en décembre 1916 aux familles de prisonniers les bénéfices tirés de la vente du stock.

Après-guerre, le scrutin municipal organisé en novembre 1919 voit la constitution d’une liste d’union républicaine et sociale, où se retrouve la municipalité radicale dissidente sortante, derrière l’adjoint Henri Vel-Durand, des socialistes indépendants et les radicaux-socialistes avec notamment Briolay et Roux. Face à liste de droite et à des socialistes SFIO, l’union centriste emporte au second tour les 23 sièges à pourvoir. Léon Roux est élu avec 949 voix pour 1 537 suffrages exprimés (61,2%) sur 2 491 inscrits.

Avec Vel-Durand maire, Julien Périn, socialiste indépendant et Chéri Arnaud sont élus adjoints. Ce dernier est remplacé en 1921 par Stephen Durande puis, lorsque le maire fait démettre Julien Périn, Léon Roux le remplace comme adjoint en septembre 1923.

En février 1923, Roux a pris part, en tant que vice-président, à la constitution de la section de Joinville de la Ligue de la République, qui groupe tous les partis de gauche « pour faire échec à la réaction ». Elle est présidée par un socialiste indépendant, René Caperon, ouvrier des PTT, mais ce dernier s’en séparera pour se rapprocher de Vel-Durand à la faveur des élections municipales de mai 1925.

Roux reste par contre fidèle au groupement des gauches qui s’esquisse derrière Briolay ; cependant, c’est Vel-Durand qui emporte le scrutin et Roux n’est pas réélu.

Amédée Léon Roux meurt le 13 mai 1932 à Joinville. Il était âgé de 83 ans et ne semble pas avoir eu d’enfant. Par contre, il avait adopté Maurice Charles Kiehl (1911-2000). Roux était décoré des Palmes académiques, comme officier d’académie en 1906 puis comme officier de l’instruction publique en 1912 pour son rôle à la caisse des écoles. Il avait également obtenu en janvier 1911 la médaille d’honneur de la Société pour l’encouragement au bien.

Caricature du Cartel des gauches de 1924

 

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26 novembre 2021 5 26 /11 /novembre /2021 00:01

Joseph Brégeot naît le 17 juin 1828 à Dompaire (Vosges). Il est le fils de Marie Catherine Laumont et de son mari, Jean-Baptiste Brégeot. Son père est, comme son grand-père paternel, instituteur ; il deviendra ensuite vigneron.

Comme eux, Joseph Brégeot devient instituteur en 1847 à Saint-Vallier (Vosges). Il fait la promotion auprès de ses collègues enseignants du quotidien La Réforme, journal fondé par Alexandre Ledru-Rollin qui défend des idées républicaines et sociales. Parmi ses collaborateurs, on a compté Étienne Arago, dramaturge et parlementaire républicain, qui fut maire de Paris en 1870, l’antimonarchiste Godefroy Cavaignac, l’historien socialiste Louis Blanc, membre du gouvernement provisoire de 1848, le philosophe Pierre-Joseph Proudhon, le fondateur de l’Internationale communiste Karl Marx, le ministre républicain qui supprima l’esclavage, Victor Schœlcher et le théoricien anarchiste Michel Bakounine.

L’attitude de Brégeot au cours des élections municipales de Saint-Vallier, est dénoncée par le sous-préfet de Mirecourt en janvier 1850 : « Il a amené presque toute la commune à voter pour les candidats de la liste la plus avancée ». Le même fonctionnaire mentionne une plainte du curé de Bouxières, village voisin qui l’accuse d’être rouge et d’utiliser la couleur rousse de ses cheveux pour illustrer ses convictions. Il propose : « Une suspension [...] le fera réfléchir [...] il a été réprimandé par le conseil supérieur dans sa séance du 14 août dernier. »

Après cette sanction, Joseph Brégeot quitte son poste et devient instituteur dans le village de Madécourt en 1853. En 1855, il est en poste à Nonville, dans le sud du département. Dans cette commune, il épouse Marie Augustine Galice, originaire de ce village. Il est ensuite muté en 1859 à Monthureux-sur-Saône, commune voisine et chef-lieu de canton. Il continue d’affirmer de défendre des positions radicales, socialistes et athées. Il est de ce fait de nouveau sujet à des ennuis avec l’administration, qui l’amènent à quitter les Vosges et l’enseignement. Installé à Paris vers 1864, il est employé de commerce en 1882 puis comptable en 1893.

Joseph Brégeot meurt le 24 février 1893 à Paris (4e arr.). Il résidait passage Saint-Paul. Âgé de 64 ans, il était père de deux enfants.

Ses obsèques civiles ont lieu au cimetière du Père-Lachaise où il est incinéré. Elles rassemblent un grand nombre de personnes, du fait de la personnalité de son fils Marie Henri Brégeot, di Henry Vaudémont, qui joue un important rôle dans la presse française ainsi que dans la vie politique et sociale de la 2e circonscription de l’arrondissement de Sceaux (Seine), au sud-est parisien. Des allocutions sont prononcées par Jules Ferdinand Baulard, député radical-socialiste et par Brisson-Joly, ancien conseiller général et personnalité de la franc-maçonnerie. On note aussi la présence du maire de Joinville-le-Pont, Eugène Voisin, commune dont son fils est conseiller municipal, ainsi que celle du secrétaire de la Fédération Française de la Libre-Pensée, au bureau de laquelle siège également son fils. Les intervenants célèbrent « le vieux républicain, le libre-penseur convaincu. »

L’école de Saint-Vallier

 

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3 juillet 2021 6 03 /07 /juillet /2021 00:01

Joseph Aristide Camus naît le 25 octobre 1852 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Rosalie Désirée Majeur et de son mari Alexandre Jacques Camus, toiseur vérificateur (métreur).

Ayant débuté comme métreur vérificateur également, Aristide Camus s’installe à son compte en tant qu’architecte en 1888. Il est membre de la Société nationale des architectes de France.

À l’instar de ses parents, Aristide Camus est libre-penseur. Comme son père, il est également franc-maçon.

Sur le plan politique, il est candidat lors des élections municipales de mai 1888 à Joinville-le-Pont. il figure, en cinquième position, sur la liste du conseiller sortant, Alphonse Demeestère, soutenue par le comité électoral républicain radical-socialiste. Elle s’oppose à celle du maire, républicain modéré, Gabriel Pinson. C’est cependant ce dernier qui l’emporte nettement, avec dix-huit des vingt-et-un sièges à pourvoir. Au premier tour, Camus obtient 190 voix pour environ 550 suffrages exprimés (35%) ; il est un des quatre candidats radicaux à se représenter au second tour, obtenant 204 votes sur environ 425 exprimés (48%) ; il est le seul d’entre eux à ne pas être élu.

L’hebdomadaire radical Voix des communes commente ainsi son échec : « Camus l’architecte, comme candidat, possédait des qualités indéniables. Il était compétent pour apprécier les travaux commencés (…). Cette compétence, il eut été le seul à l’exercer dans le conseil actuel. Nul d’ailleurs ne le récusait. On lui reprochait seulement tout bas – bien bas – de n’avoir pas assez dissimulé qu’il n’a point gardé la fleur dont les jeunes filles de bonne famille achètent la perte parfois si cher. Entre nous, cela n’avait rien à voir avec les affaires et Camus était un candidat modèle ».

La mort du maire, Gabriel Pinson, un mois après sa réélection, amène un rapprochement des radicaux-socialistes avec le nouveau maire, Eugène Voisin. Ils soutiennent, en commun, la candidature d’Édouard Jacques pour une élection législative partielle en janvier 1889 contre le général Boulanger, populiste. C’est cependant ce dernier qui l’emporte. Pour lutter contre le mouvement boulangiste, un comité communal anti-plébiscitaire est fondé en mars 1889 à Joinville. Camus est un des trois fondateurs avec Demeestère, le futur député Jules Ferdinand Baulard, l’ancien conseiller municipal Vaudey, le lunetier Eugène Videpied et le journaliste Henry Vaudémont, avec lequel il restera très lié.

Toujours avec Demeestère, Vaudey et Vaudémont, Camus s’associe à l’appel de l’Union des radicaux-socialistes du canton de Charenton en faveur de la candidature de Baulard pour les élections législatives en septembre 1889. Il est un des organisateurs du banquet, réuni en novembre cette même année, pour fêter la victoire de leur ami.

Le militant boulangiste Henry Buguet, bookmaker et ancien conseiller municipal de Joinville, s’estime insulté par Vaudémont et le provoque en duel ; ce dernier demande à Camus d’être un de ses témoins. Camus sollicite un arbitrage, qui est rendu par le capitaine Benini, chef de la section d’escrime à l’école de gymnastique de Joinville-le-Pont. Ce dernier estime que la demande de Buguet est incorrecte et Vaudémont renonce à poursuivre les injures de Buguet, qu’il considère comme un homme de peu de valeur.

En mars 1890, Demeestère et Vaudémont, qui en sont le président et le secrétaire, chargent Camus de percevoir les cotisations pour l’Union des radicaux-socialistes du canton à Joinville.

Espérant toujours rentrer au conseil municipal, Camus accepte de figurer sur une liste lancée à l’initiative du maire adjoint, Honoré Jullien lors d’une élection municipale partielle en mars 1890. Vaudémont se présente sur une liste concurrente et dit de Camus, qu’il voulait avoir avec lui, qu’il est son « aimable frère-lâcheur ». Vaudémont est élu, sa liste emportant trois des cinq sièges, tandis que Camus est une nouvelle fois battu.

Malgré ses échecs, Camus continue de suivre de près la vie municipale. Ainsi, c’est lui qui préside la réunion publique de compte-rendu de mandat de trois conseillers municipaux radicaux-socialistes, Demeestère, Diot et Vaudémont en novembre 1890. Après avoir demandé de « reboucher la porte du jardin du curé », les électeurs présents « les engagent à persévérer dans la voie des réformes démocratiques et sociales. »

En août 1893, Camus est le représentant de Joinville au sein de la commission exécutive de l’Union des radicaux-socialistes de la 2e circonscription de Sceaux. Elle soutient la candidature de Baulard à sa réélection.

Comme plusieurs centaines de joinvillais, Camus souscrit en septembre 1895 « Pour les affamés de Carmaux », les ouvriers verriers en grève.

Aristide Camus meurt le 17 janvier 1897 à Joinville. Il était âgé de 44 ans et résidait impasse Georges Rousseau (act. impasse Jules Rousseau) après avoir vécu rue de l’Église et rue de Paris, dans le centre de la commune. Il ne semble pas avoir été marié, mais avait une compagne, Maria Rousseau. L’hebdomadaire de son ami Vaudémont (mort six mois plus tôt) lui rend hommage en assurant qu’il « était très connu et aimé à Joinville (…) Camus était libre-penseur et il est mort fidèle à ses convictions. »

La Marne à Joinville, 1888

 

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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 00:01

Suite de la biographie de Nicolas Chéret

Les préoccupations de Nicolas Chéret sont également sociales. Il reçoit en octobre 1885 une médaille d'argent « pour actes de courage et de dévouement signalés pendant le mois d'août » 1885. La Société nationale d'encouragement au bien lui accorde en 1885 une médaille. En la lui remettant, l’architecte Louis Hugédé, président de la section de la Croix-Rouge à Joinville, parle de « Nombreux sauvetages, nombreux services dans des incendies et autres circonstances périlleuses, dévouement continu aux malades et aux pauvres, soit en s'installant au chevet des malades, soit en leur fournissant les moyens d'adoucir leur position; a adopté l'aîné de onze enfants appartenant à une famille pauvre de la localité et dont la mère venait de mourir, l'a élevé, lui a fait faire ses devoirs religieux et, depuis cinq ans, lui prodigue des soins paternels. Dans un incendie, afin d'alimenter constamment les pompes, il est resté trois heures, les pieds dans l'eau glacée de la rivière. »

Sur le plan philosophique, Nicolas Chéret s’affirme comme un libre-penseur. Il est proche des autres militants de cette école de pensée dans la commune : le futur député Jules Ferdinand Baulard, le principal responsable radical-socialiste de la circonscription, Alphonse Demeestère ou le journaliste Henry Vaudémont. Comme ce dernier et bon nombre d’élus, Chéret est également franc-maçon.

Lors des élections municipales de mai 1884, Nicolas Chéret est candidat. Le maire sortant Gabriel Pinson, républicain modéré, est réélu tandis que des radicaux-socialistes, qui avaient quitté le conseil précédent, reviennent au sein de la municipalité. Chéret est le mieux élu des 21 conseillers, avec 399 voix sur environ 500 votants. À côté d’Eugène Voisin, il devient deuxième adjoint au maire.

En mars 1887, Chéret est le porteur d’une protestation, signée par trois cents personnes, contre la délibération du Conseil municipal de Paris qui supprime sur tous les champs de courses toute espèce de paris, ce qui concerne notamment l’hippodrome de Vincennes. Appartenant à la ville de Paris, cet hippodrome est situé dans le Bois de Vincennes, sur le territoire de la commune Joinville. Il apporte une importante clientèle aux commerces de la commune. Chéret souligne que, outre l’importance économique des courses, les sociétés gestionnaires accordent une subvention pour les pauvres secourus par le bureau de bienfaisance de Joinville.

Les élections municipales de juin 1888 voient un affrontement entre le maire, Gabriel Pinson, qui présente une liste de républicains modérés, et plusieurs de ses anciens colistiers de 1884, soutenus par le comité radical-socialiste, derrière Alphonse Demeestère. Les soutiens du maire obtiennent 18 sièges, contre trois radicaux. Nicolas Chéret, élu avec Pinson, est reconduit dans son poste de deuxième adjoint au maire. Il obtient dès le premier tour 360 voix, au troisième rang, pour environ 550 votants.

La mort de Pinson entraîne son remplacement en juillet 1888 par Eugène Voisin. Chéret devient premier adjoint ; le restaurateur Honoré Jullien devient deuxième adjoint. La municipalité se rapproche des radicaux, qui lui apportent un soutien.

À l’occasion d’une élection législative partielle dans tout le département de la Seine, début 1889, Chéret est, comme le maire Voisin et le conseiller général Baulard, membre d’un groupe de Joinvillais ayant souscrit pour soutenir la candidature d’Édouard Jacques, qui est soutenu par la plupart des formations républicaines, contre le général Boulanger, candidat populiste, qui l’emporte.

Nicolas Chéret meurt le 10 février 1890 à Joinville, en cours de mandat d’adjoint au maire. Il résidait rue des Cliquettes (act. rue Émile-Moutier) et était âgé de 63 ans. Il n’a pas eu d’enfant.

Son inhumation est l’objet d’une polémique dans la commune. Marie Henri Brégeot, alias Henry Vaudémont et qui signe alors du pseudonyme de Gringoire rend compte de la cérémonie dans l’hebdomadaire radical-socialiste Voix des communes « Notre pauvre F.°. [frère] Chéret, après avoir résisté à dix-huit mois de maladie, est mort à la suite d’une administration des sacrements exécutée selon la sacrée formule. Cinq cents personnes environ lui ont fait cortège jeudi [13/02/1890]. Parmi celles-ci figuraient au moins deux cents libres-penseurs, dont la conduite, pleine de réserve et de dignité, peut être recommandée comme modèle aux adorateurs du Dieu de charité. M. [Eugène] Voisin, maire, prononça quelques paroles d’adieu sur le caveau provisoire de son premier adjoint. M. [Louis] Hugédé, hygiéniste, appela ensuite la miséricorde divine sur le pêcheur repenti que fut le défunt. Les libres-penseurs se turent. Ce n’est peut-être pas eux qui regrettent le moins sincèrement celui à qui Hugédé espère qu’il sera beaucoup pardonné. »

Fin

Joinville, Marne et île Fanac

 

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17 mars 2021 3 17 /03 /mars /2021 00:01

Début de la biographie de Nicolas Chéret

Nicolas Gustave Chéret naît le 4 avril 1836 à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il est le fils de Louise Joséphine Gautier et de son mari Louis Auguste Alphonse Chéret, bouchers dans la commune.

Le début de l’activité professionnelle de Nicolas Chéret connaît quelques difficultés. Il a repris la boucherie familiale de Joinville, après le décès de son père en 1855. Il est condamné, en décembre 1857, à six jours de prison et 50 francs d'amende pour « mise en vente de viande corrompue. »

Une partie des propriétés familiales est expropriée, en décembre 1855, pour permettre la création de la ligne du chemin de fer de l’Est qui va relier Joinville à la gare de La bastille, à Paris.

En avril 1858, Nicolas Chéret se marie avec Sophie Euphémie Desvaux dans la commune de Batignolles (act. Paris, 17e arr.).

L’ascendance familiale de Nicolas Chéret est fortement impliquée dans la vie civique. Son grand-oncle paternel, Louis Amédée Rouette, boulanger, fut conseiller municipal de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur puis de Joinville-le-Pont – le nouveau nom de la commune – de 1818 à 1848. Son cousin Amédée Louis Rouette, boulanger puis meunier et menuisier, a été aussi conseiller municipal de Joinville-le-Pont (1869-1878).

Un de ses arrière-grands-pères maternels, Pierre Nicolas Gautier, a été officier municipal de la commune de Saint-Maur en 1791. Il devint maire en 1792 et soutint, au cours de son mandat, la protestation de son conseil contre la séparation de La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, qui deviendra Joinville. En 1794, alors que Saint-Maur avait été brièvement renommé Vivant-sur-Marne, Pierre Nicolas Gautier, marchand de vin, était présenté comme un ardent républicain.

Le deuxième de ses arrière-grands-pères maternels, Nicolas Gadau, fut agent national à Saint-Maur en 1794, c’est-à-dire en charge de la surveillance politique de la vie locale au sein de l’assemblée cantonale qui remplace la municipalité communale.

Son grand-père maternel, Nicolas Pierre Gautier, voiturier puis marchand de vin, fut adjoint au maire de Saint-Maur sous le régime de la monarchie de Juillet, en 1832 ; il conserva la fonction sous la seconde République puis au début du second Empire, jusqu’en 1854.

Quant à son père, Alphonse Chéret, il avait été élu, en juin 1840, conseiller municipal de Joinville-le-Pont, au suffrage censitaire.

Dans la continuité de ses ancêtres, Nicolas Chéret va s’engager dans une activité politique. Alors que la commune est occupée par des troupes allemandes, wurtembergeoises et bavaroises, suite à la défaite après la guerre de 1870-1871, il est élu conseiller municipal en juillet 1871. Le maire est le conservateur Auguste Courtin. Le village, qui avait été évacué pendant le siège de Paris, est également marqué par les bombardements qu’il a subis et la destruction du pont de Joinville, principal axe de la commune.

Au cours du scrutin suivant, en novembre 1874, Chéret est réélu. Courtin cède, en cours de mandat, la place de maire à son premier adjoint, Louis Ferdinand Rousseau, chef d’institution (directeur d’école) et lui aussi conservateur, de tendance bonapartiste.

Les élections municipales de janvier 1878 voient la défaite des candidats bonapartistes, parmi lesquels figurait le maire sortant, face aux républicains qui élisent Gabriel Pinson, également issu d’une longue tradition politique familiale. Si le quotidien Le Siècle donne Chéret parmi les élus républicains, il semble que ce soit une erreur, les archives départementales ne le citant pas au sein des 21 membres du conseil qui sont identifiés.

À suivre

Combats des zouaves français à Joinville en 1870

 

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10 juillet 2020 5 10 /07 /juillet /2020 00:01

Suite de la biographie d’Ernest Jouin

En reprenant, en 1920, la publication de la Revue internationale des sociétés secrètes (RISS), Mgr Ernest Jouin utilise le terme « judéo-maçonnerie ». Il participa, en 1928, au congrès de la Ligue anti-judéo-maçonnique.

Il publie notamment, en 1920, les Protocoles des sages de Sion, un faux qui sert de prétexte à la littérature antisémite pendant la période hitlérienne comme postérieurement. Ernest Jouin ne nie pas qu’il pourrait s’agir d’un faux, mais se contente d’affirmer que leur contenu est vrai : « La véracité des Protocoles nous dispense de tout autre argument touchant leur authenticité, elle en est l'irréfragable témoin. »

En avril 1924 le pape Pie XI lui confia le titre, honorifique, de protonotaire apostolique.

Une partie des écrits de Mgr Jouin furent réunis en quatre volumes entre 1920 et 1929 sous le titre Le Péril judéo-maçonnique. La RISS étant devenue après-guerre, une revue de référence des milieux catholiques intransigeants ou d’extrême droite, elle souleva l’intérêt des publications de gauche ou de la Ligue internationale contre l’antisémitisme.

Selon l’historien Stéphane François le savoir-faire issu de la RISS sera utilisé pendant la deuxième guerre mondiale, notamment par le Service des sociétés secrètes de Bernard Fäy, le Service de police de Jean Marquès-Rivière ou le Centre d’action et de documentation d’Henri Coston.

Sa postérité aliment également les théories complotistes. Ainsi, Ernest Jouin considérait l'assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d'Autriche lors de l'attentat de Sarajevo le 28 juin 1914, un des évènements à l’origine de la première guerre mondiale, comme le fruit d’un complot préparé par des loges de francs-maçons. Il dénonça également une tentative d'infiltration maçonnique au Vatican dans l’entourage du pape Léon XIII.

Ernest Jouin meurt le 27 juin 1932 à Paris (8e arr.). Il était âgé de 87 ans, était entré dans les ordres depuis 70 ans et prêtre depuis 64 ans. Son hagiographe, le chanoine Sauvêtre, proposa en 1957 de le béatifier mais le processus n’alla pas plus loin.

Si l’ancien prêtre Joinvillais exerça une influence conséquente sur les extrémistes de l’époque, il reste encore aujourd’hui une référence pour certains complotistes ou pour des publications racistes, qui aiment à reproduire ses nombreux écrits.

Un Cercle Ernest Jouin fonctionna à partir de mars 1934. Il a pour président Jacques de Boistel, collaborateur de la RISS. En 1935, il s’entretient avec le président portugais Salazar de la dissolution de la franc-maçonnerie récemment promulguée par son gouvernement. Il publie, en janvier 1943, La Judéo-maçonnerie et les événements contemporains.

La RISS parut jusqu’en 1939. Une partie de ses contenus est rééditée à diverses reprises. Au début du 21e siècle, la diffusion des œuvres de l’abbé Jouin reste significative tandis que l’influence de la RISS est toujours notable sur les thèses complotistes contemporaines. Elle a été rééditée par les éditions Saint-Rémi.

Fin

 

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8 juillet 2020 3 08 /07 /juillet /2020 00:01

Suite de la biographie d’Ernest Jouin

Si est Ernest Jouin est resté dans les mémoires, c’est pour avoir fondé en 1912 une revue antimaçonnique, la Revue internationale des sociétés secrètes (RISS), qu’il a dirigée jusqu’à son décès en juin 1932.

Son engagement dans la lutte contre les francs-maçons serait, selon Joseph Sauvêtre, consécutif à une discussion, en 1909, avec Jean-Baptiste Bidegain, ancien dignitaire du Grand-Orient de France, qui était devenu un farouche opposant à la franc-maçonnerie et exhortait Jouin à la « détruire » en composant « un roman dans le genre populaire du Juif errant », faisant allusion au livre d’Eugène Sue qui attaquait vivement les jésuites.

Pour pouvoir faire la lumière sur le « péril maçonnique », l’abbé décida de se constituer une importante bibliothèque. Il estima plus intéressant, plutôt que de faire œuvre romanesque, de publier une revue scientifique, s’appuyant sur sa documentation.

La RISS, fut d’abord mensuelle puis bimensuelle. Fondée dans le but de continuer le combat antimaçonnique, elle accueille 1928 à 1933 un deuxième volume rose, s’intéressant à l’occultisme et aux sociétés secrètes. Chaque numéro était volumineux, avec 250 à 300 pages. Le tirage, très faible, n’empêcha pas une forte influence dans certains milieux catholiques et d’extrême-droite.

Le quotidien antisémite La Libre Parole d’Édouard Drumont et le journal royaliste L’Action française, de Charles Maurras, saluèrent cette parution. La Croix souhaita également « bon succès » à la revue. Le journal catholique soutint en octobre 1913 les positions de la RISS quant à la soi-disant véracité de crimes rituels imputés aux Juifs.

En 1913, Ernest Jouin fondait également la Ligue Franc-catholique, dont la RISS devenait l’organe de presse. Il entend regrouper « les défenseurs de la Foi contre la collusion des Juifs et des Maçons, cette formidable armée lancée par l'Enfer contre le Christ et les siens ». Il tenta de monter une fédération avec d’autres mouvements aux buts comparables, l’Association antimaçonnique de France, de l'abbé Tourmentin et Ligue française antimaçonnique du commandant de Fraville, mais échoua dans cette construction.

Pendant la première guerre mondiale, l’abbé Jouin installa, en partie à ses frais, un hôpital provisoire dans sa paroisse, dénommé ambulance 139. Près de 1 300 soldats blessés y furent accueillis.

Si la parution de la RISS est interrompue par la guerre, Jouin poursuivait son offensive idéologique, construisant en particulier une relation entre juifs, protestants et francs-maçons. Il publie en 1917 un opuscule, traitant en parallèle Le Quatrocentenaire de Luther et le bicentenaire de la franc-maçonnerie, et un autre, la même année sur Lourdes, la guerre et Bernadette, consacré à Bernadette Soubirous.

Le pape Benoît XV l'élève, à l’occasion du jubilé cinquantenaire de son entrée en religion en mars 1918, à la dignité de la prélat romain, ce qui l’autorise à se faire appeler Monseigneur, bien qu’il n’ait pas été nommé évêque. Pendant ces noces d'or, le RP Hébert des Frères Prêcheurs, se félicitait des œuvres sociales de l’abbé Jouin et notamment du « patronage Saint-Augustin, prospère après vingt-huit ans d'existence et auquel l'acquisition d'une maison de vacances à par Chaville, donnait, encore, un nouveau développement ». Il concluait : « Personne n'est moins mondain que ce curé d'une paroisse mondaine. »

A suivre

 

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