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28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

C’est par arrêté préfectoral du 17 juin 1882 que l'abbé Moreau quitte sa fonction de curé de Joinville-le-Pont et devient aumônier de l'hôpital militaire Beaujon, à Paris : il bénéficie d’un en traitement de 2 000 francs en tant que fonctionnaire.

Moins d’un an et demi plus tard, il devient, le 12 octobre 1883, aumônier de la prison de la Grande-Roquette, dans le quartier du Père-Lachaise toujours à Paris, sur la proposition de l'archevêque de Paris. Il prend la suite de l’abbé Abraham Crozes (1806-1888) qui officia 43 années comme aumônier de prison et, pendant 22 ans, accompagna à l’échafaud 51 condamnés à mort, avec une réputation d’humaniste. Emprisonné pendant la Commune de Paris, il fut libéré par un capitaine communard, baptisé Révol. L’abbé Crozes fut l’un des fondateurs des Sociétés ouvrières de Saint François Xavier. On évalua à cinquante mille le nombre des petits et grands criminels à qui il prodigua l'assistance de son ministère.

L'abbé Moreau fait ses débuts devant la guillotine lors de l'exécution de Campi, un criminel qui mourut sans avoir voulu dévoiler sa véritable identité et fut donc enterré sous ce surnom. Accompagnant un autre condamné, Gamahut il remarquera que « tous les criminels sont spiritualistes. »

Georges Moreau publia, à partir de sa propre histoire et surtout des documents que lui confia l’abbé Crozes, des Souvenirs de la petite et de la grande Roquette en juillet 1884. Il inclut un dictionnaire d’argot, une des premières sources sur le parler populaire du peuple parisien. On y retrouve des lettres, des poèmes et textes de guillotinés, par exemple de La Pommerais, les confidences de Troppmann ou le compte-rendu des derniers instants d’un prêtre exécuté, Verger.

La publication répondait à la pensée constante de l’abbé Crozes, qui voulait susciter de la commisération sur les déchus et de plaider en quelque sorte les circonstances atténuantes devant la postérité, après avoir sauvé bien des têtes et avoir obtenu la commutation des peines pour un grand nombre.

L’écho de ces Souvenirs fut rapide et large. Mais l’opinion de la presse fut loin d’être unanime. Le quotidien catholique conservateur L'Univers proteste « contre l'oubli total des sentiments de convenance que suppose une publicité semblable donnée » aux documents inclus dans le livre. Il considère une page d’un journal de détenu « comme étant un outrage à la plus vulgaire décence. »

Le Figaro s’offusque que l'abbé Moreau ait obtenu du président de la République a grâce de criminels mais tient le livre pour « le plus curieux qui ait été écrit depuis longtemps ». Le quotidien de droite estime qu’en publiant l'histoire de la guillotine en deux volumes « Il a perdu deux excellentes occasions de se taire. »

Le journal littéraire et conservateur Le Gaulois assure que le seul nom de La Roquette éveille « un effroyable spectacle de crimes et d'assassinats commis en pleine civilisation, qui peut cependant; approfondi par le philosophe, servir d'utile enseignement. »

La Nouvelle revue, publication républicaine, remarque que les deux tomes de l’ouvrage « révèlent plus d'une erreur et d'une lacune dans l'administration de la justice criminelle en France et signalent plus d'une réforme indispensable. Il faut lire notamment les curieuses lettres d'un déporté à la Nouvelle-Calédonie; elles fournissent sur notre colonie pénitentiaire de précieux renseignements, que l'on chercherait en vain dans les rapports officiels, et qui font comprendre les dangers de la transportation à outrance. On se convaincra, en les lisant, que la Nouvelle-Calédonie est peut-être un excellent pénitencier, mais qu'elle ne deviendra jamais une véritable colonie. »

Pour le Journal des débats comme pour plusieurs de ses confrères, ce sont les prétentions littéraires de Georges Moreau qui choquent : « Si indulgent que l’on soit pour les petits écarts de la, vanité humaine, on doit regretter, que l’aumônier de la Roquette ait appelé tous les assassins illustres à rehausser l’éclat de sa propre apothéose. »

La Revue du Midi regrette que l'abbé Moreau parle avec une certaine légèreté des institutions d'autrefois : « Autant j'excuse les amateurs de vieilles porcelaines, autant je m’insurge quand ceux auxquels un peuple confie ses destinées gaspillent leur temps à recoudre de vieilles lois. »

Ce sont probablement les critiques contenues dans le livre qui vont susciter l’hostilité d’une partie du personnel. Accusé d’avoir transmis des lettres de prisonniers à des personnes du dehors, ce qui est défendu par les règlements, il est conduit à la démission après avoir été menacé de révocation et quitte ses fonctions le 1er janvier 1885.

Peu de jours avant, l'abbé Moreau assiste à une séance publique du Sénat pour discuter la proposition de d'Agénor Bardoux (arrière-grand-père du président Valéry Giscard d'Estaing) sur la non-publicité des exécutions capitales, étape pour lui avant l’abrogation de la peine de mort, où les arguments de son livre sont reprises.

Plusieurs conférences sur la peine de mort, tenues par le pasteur Hirsch en 1885, prennent précisément le livre de l'abbé Moreau comme point de départ. Dans les années 1960, la revue jésuite Études citera encore l’abbé Moreau : « Donner la mort à un homme, c'est le supprimer, ce n'est pas le punir ».

À suivre

 

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26 mai 2018 6 26 /05 /mai /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

L’œuvre littéraire de Georges Moreau commence pendant son séjour à la tête de la paroisse de Joinville-le-Pont. Orateur reconnu, il va devenir un essayiste écouté, et critiqué. Il se consacre aux changements importants que vit l’église de France alors que Jules Ferry, au gouvernement, modifie considérablement son rôle institutionnel.

L’abbé Moreau publie en mars 1880 un essai sur L'Église de France et les réformes nécessaires. Édité sans nom d’auteur, il intéresse et intrigue. Le Figaro relève que « les opinions hardies de cet ouvrage ont causé une vive émotion » au sein du « haut personnel ecclésiastique » ; il estime que « l'auteur (…) a l'ait preuve véritable de talent et de caractère ». Un autre quotidien, La Presse, estime qu’il fait preuve de « largeur et indépendance » et que « par les idées qu'il exprime, il est légion ». Dans ce livre, Moreau défend le clergé des paroisses contre le zèle excessif du clergé régulier. Il s’affirme comme républicain.

Le second livre de Georges Moreau, paru en décembre 1880 avec sa signature, porte sur les décrets du 28 et du 29 mars 1880 par lesquels Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique, ordonne aux Jésuites de quitter l'enseignement et dissout la Compagnie de Jésus. Intitulé Les décrets du 29 mars. Premier épisode : l’interpellation du 16 mars, il aurait dû avoir une suite, annoncée sous le titre Les Cent jours de l'opportunisme. Mais l’abbé Moreau est réprimandé par l'archevêché de Paris pour le premier opus, à cause, dit le quotidien Le Gaulois, « de ses articles trop ardents pour la République ». Les bénéfices de cette publication devaient être reversés à l'œuvre du Denier des Expulsés. La revue Polybiblion estime que l’ouvrage contient des « commentaires modérés et justes » et relève la préface où l'abbé Moreau assure : « On sent que l’Église de France n'est pas ce qu'elle doit être, qu’elle a besoin d’être réformée, d’être réorganisée sur des bases plus démocratiques ».

Le quotidien L’Univers rapporte l’analyse de Moreau selon laquelle cette législation serait « l'œuvre de la peur et de l'ambition » du gouvernement Freycinet devant la majorité radicale de la Chambre des députés. Mais ce journal conservateur émet « quelques réserves », estimant n pas croire que les réformes demandées « soient aussi urgentes et aussi universellement désirées qu'il le donne à entendre » et contestant le droit aux ministres et députés, qu’il estime « si hostiles à l'Église » de travailler à ces réformes. Il critique également l’approche historique de l’abbé Moreau, qui oppose « le souffle libéral de 1790 » au « despotisme révolutionnaire de 1792 ». Au contraire, L’Univers considère que « la parenté est étroite entre 1790 et 1792. »

En 1881, Georges Moreau s’intéresse au budget des cultes en publiant La question cléricale. Il inclut une préface d’Émile de Marcère, ancien ministre, républicain libéral et conservateur, fondateur de l’Association antimaçonnique de France. Moreau, selon le quotidien XIXe siècle, « réfute, avec autant de logique que d'esprit les discours prononcés à la tribune par les adversaires du budget des cultes », traitant de la « question cléricale » soulevée par le radical Gambetta, « avec une remarquable élévation d'esprit et une autorité qui s'impose. »

Toujours en 1881, l’abbé Moreau fait éditer son Discours sur la charité chrétienne, prononcé à l’église Saint Eugène, au profit de l’orphelinat de Saint Ouen.

Le quotidien Le Gaulois classe, en septembre 1882, l’abbé Moreau parmi les « candidats perpétuels à l’épiscopat ». Remarquant que « le talent ne lui manque pas, ni le savoir-faire », il estime que cependant son tempérament l'emporte sur sa fidélité à la hiérarchie, et l’éloigne ainsi des « grandeurs épiscopales qu'il eût méritées s'il ne les eut trop aimées. »

À suivre

 

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24 mai 2018 4 24 /05 /mai /2018 01:01

Suite de la biographie de Georges Moreau

En août 1878, l'abbé Moreau est nommé curé titulaire de la paroisse Saint-Charles-Borromée de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), succédant à l'abbé Auguste Blanchar, devenu curé de Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant à Paris. Ce sera le seul poste dans une paroisse qu’occupera Georges Moreau.

Pendant son ministère, il se préoccupe de la vie de sa paroisse et écrit en 1879 une « Note adressée à MM. les conseillers municipaux de Joinville-le-Pont, sur la question du presbytère à bâtir dans cette commune ». Le maire est alors Gabriel Pinson, républicain, qui siège depuis un an et est fils et petit-fils d’anciens maires de la commune. Joinville est une paroisse autonome depuis 1860, avec l’ouverture de l’église Saint Charles Borromée ; avant, les catholiques étaient rattachés à la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur-des-Fossés ; l'abbé Moreau est le quatrième titulaire de la cure.

Outre son activité paroissiale, Georges Moreau va débuter une activité d’essayiste. Il est apprécié même de certains des radicaux-socialistes francs-maçons qui sont bien implantés au conseil municipal. Ainsi, l’hebdomadaire radical Voix des communes écrit : « L’abbé Moreau n’est pas un curé ordinaire. Il n’a rien de la punaise de sacristie, il est franc, loyal, bon enfant, républicain avoué et pas bégueule pour deux sous. »

Cependant, il va entrer en conflit avec la municipalité après un contrôle, en 1881, des comptes du conseil de fabrique qui gère les fonds de la paroisse par le secrétaire général de la mairie, Fontaine. Les élus trouvaient que les recettes des pompes funèbres, perçues par le prêtre qui gérait la morgue municipale, étaient maigres. Le contrôle établit qu’il manquait à l’appel 1 200 francs. Le curé répondit franchement qu’il avait mis cette somme dans sa poche, « ainsi que ça se fait toujours ». Il refuse de reverser les fonds ; l’archevêque de Paris assure qu’il n’a fait que « suivre un usage ancien commun aux paroisses suburbaines. »

Pour éviter une aggravation du conflit, le préfet, sur proposition de l’archevêque, nomme, en juin 1882, l'abbé Moreau aumônier de l'hôpital militaire Beaujon. C’est le successeur de Moreau à Joinville, l’abbé Ernest Jouin, qui aura à gérer la fin de la bataille juridique entre le conseil de fabrique et la municipalité – en l’envenimant nettement, car Jouin est un adversaire résolu de la franc-maçonnerie. Le ministère de l’intérieur et des cultes clôturera l’affaire par une lettre de mars 1884 : « il y a lieu de prendre acte de l’aveu de M. l’Archevêque qui reconnaît qu’une bonne comptabilité ne saurait admettre cet usage ». Cependant, l’administration conclut : « mais la restitution des sommes perçues soulèverait de nombreuses difficultés ».

À suivre

 

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20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 01:01

Auguste Blanchar naît le 10 novembre 1834 à Paris (6e arr.). Il est le fils de Valentine Thomas et de son mari Jean Blanchar. Il vit ensuite à Ménilmontant, alors commune indépendante. Après avoir été ordonné prêtre, il devient vicaire à Charonne, à Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant, annexée au 20e arrondissement de Paris en 1860 puis à Saint-Eustache.

Fin décembre 1876, l’abbé Blanchar est nommé curé de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Il y reste peu, puisqu’il est nommé curé de Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant en septembre 1878. Il est réputé pour « une bonhomie pleine de charme » selon le quotidien L’Univers.

Tout en restant à son poste, l’abbé Blanchar devient en janvier 1893 nommé chanoine titulaire de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il est alors souvent chargé de prêches : pour le carême à Saint-Jean-Baptiste de Grenelle en 1894, à Vitry en 1895 et à Notre-Dame de Paris en 1896 ; pour l’avent à Saint-Laurent en 1896 et Saint-Denis de la Chapelle en 1898.

C’est le l’abbé Blanchar qui célèbre à Notre-Dame Paris en janvier 1895 le service funèbre à la mémoire de Mgr Sibour, archevêque de Paris, assassiné le 3 janvier 1857. C’est toujours luis qui chante, le 8 septembre 1895 à Saint-Denis de la Chapelle, la messe de commémoration du séjour de Jeanne d'Arc à la Chapelle.

Quittant sa cure, l'abbé Blanchar est nommé chanoine pénitencier de Notre-Dame de Paris, c’est-à-dire chargé du ministère de la prédication, de l'audition des confessions et de l'injonction des pénitents.

Auguste Blanchar meurt le 26 juillet 1900 à Paris (4e arr.) à son domicile du 14, rue Chanoinesse. Il était âgé de 65 ans et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise au côté de sa mère.

La tombe de l'abbé Blanchar au cimetière du Père-Lachaise

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18 mai 2018 5 18 /05 /mai /2018 01:01

Marie Joseph Juhel naît le 26 mai 1823 à Paris (2e arr.). Il est le fils de Marie Françoise Bresson et de son mari, Jean Charles Juhel.

Il est ordonné prêtre le 17 juin 1848 à Paris, une semaine avant le début de l’insurrection ouvrière qui marque la fin de la révolution. L’abbé Juhel va servir dans des églises parisiennes : vicaire à Saint-Laurent en 1849, second vicaire à Saint-Marcel, puis premier vicaire à la Villette le 20 octobre 1857.

Prenant la succession de Jean Pierre Fayon, le père Juhel devient le second curé de Saint-Charles de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) le 19 décembre 1864. Il a administré la paroisse pendant la guerre de 1870, qui voit l’évacuation des habitants et des services municipaux, repliés à Paris, la destruction du pont qui reliait les deux rives de la Marne puis l’occupation par les troupes allemandes, l’abbé Juhel.

Il va contribuer à la décoration de l’église, recevant par exemple un chemin de croix en porcelaine, offert en 1868 par Didière Gille, veuve de Jean-Marie Gille, fabricant de porcelaines et créateur du quartier de Palissy sur la rive gauche de la Marne.

De grandes inondations ont lieu en mars 1876, sans doute parmi les plus importantes avec celles de 1910. Elles touchent 160 maisons, dont 37 sont évacuées et 300 personnes, soit plus du dixième de la population municipale de 2 900 habitants, doivent être secourues. Sur l’île Fanac, l’eau atteint le toit des bâtiments et seule surnage la cime des arbres.

L’abbé Juhel démissionne pour raisons de santé le 1er janvier 1877. Il est nommé aumônier de l’orphelinat Saint Charles, rue de Vaugirard à Paris. Il y meurt le 20 août 1883, âgé de 60 ans.

Il a déposé une collection de lettres, datant du 17e au 19e siècle, conservées au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.

L'église Saint-Charles

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16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 01:01

Jean Pierre Fayon naît le 5 janvier 1807 à Montrouge (Seine, act. Hauts-de-Seine) dans un famille modeste. Sa mère est Héloïse Sophie Vauquelin et son père, Antoine Fayon, ouvrier journalier, ne sait pas signer.

Il est ordonné prêtre à Paris en 1833 et exerce d’abord dans la capitale. Il donne des conférences de l’avent en 1847 aux Blancs-Manteaux puis à Saint-Leu. Il aurait été vicaire, à Saint-Eustache et peut-être à Villetaneuse et Pierrefitte. Il est aumônier de la Maison centrale d'éducation correctionnelle (prison de La Roquette). Alors second vicaire des Batignolles, il est nommé premier vicaire de Saint-Nicolas-des-Champs en 1854.

En 1858 l’abbé Fayon quitte la capitale pour être affecté comme curé à Gennevilliers (Seine, act. Seine-Saint-Denis).

Deux ans plus tard, Jean Pierre Fayon devient le premier curé de la paroisse Saint-Charles, qui couvre le territoire de la commune de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). En l’an 10 (1802) La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur, qui deviendra Joinville-le-Pont en 1831, était la seule des 77 communes du département de la Seine à n’avoir pas de titre paroissial, malgré une tentative inaboutie de changer de statut l’antique chapelle Saint-Léonard, qui tombait d’ailleurs en ruine. Les habitants restent donc rattachés à la paroisse Saint-Nicolas de Saint-Maur.

C’est Charles Chapsal (1787-1858), riche grammairien et maire de Joinville, puis sa veuve qui financent en grande partie l’édification de l’église, nommée ensuite Saint-Charles-Borromée pour lui rendre hommage. Le maire qui a succédé à Chapsal, mort en fonctions, est Auguste Courtin, son fils adoptif et héritier. La paroisse est officiellement créée par décret impérial du 22 août 1860, Joinville ayant alors une population de 1 750 habitants.

Quittant Joinville pour retourner dans le Nord-Ouest du département, l'abbé Fayon devient curé de Saint-Ouen en décembre 1864. Il l’est toujours en mai 1873, quand le journal Le Figaro le choisit comme caissier pour gérer les fonds qu’il a recueilli pour les victimes des inondations de la Seine, soit 1 760 francs pour onze familles. Mais depuis plusieurs années, il avait demandé à l'archevêché une cure moins importante, évoquant sa fatigue.

Il obtient satisfaction en juin de la même année, et rejoint Le Bourget. Son arrivée est fêtée par une grande procession. Mais il démissionne rapidement et est remplacé en février 1874 ; étant nommé aumônier de l'Hôtel-Dieu de Saint-Denis. Toujours à Saint-Denis, il devient aumônier des carmélites en juillet 1876.

Étant déjà chanoine honoraire de Nancy, l'abbé Fayon est nommé en septembre 1877 chanoine honoraire du second ordre au chapitre de Saint-Denis.

Prenant sa retraite pour raison de santé en février 1882, l'abbé Fayon s’installe à Sens (Yonne) où il réside chemin de l’Esplanade. Il y meurt le 18 avril 1882 à l’âge de 75 ans.

Deux ouvrages signés par Jean Pierre Fayon sont signalés en 1872 : 50 cours d'instructions religieuses à l'usage des enfants de première communion et de persévérance ainsi que Instructions pour une retraite de première communion.

L'église Saint-Charles

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 01:01

Paul Eugène Henry Jodelay naît le 5 avril 1884 à Malakoff (Seine, act. Hauts-de-Seine). Il est  fils d’Alix Jeanne Charlot, couturière, et de son époux Eugène Jean Baptiste Paul Jodelay, piqueur des ponts et chaussées.

Embauché en décembre 1899 par la préfecture de la Seine, à l’âge de 15 ans, Paul Jodelay y travaille comme commis dessinateur au service des chemins de fer métropolitains. Il est en 1920 au Service de la voie publique, du nettoiement, de l'éclairage et des plantations puis en 1921 au service d'Architecture. Il réussit le concours de conducteur des travaux de Paris en 1927, affecté au bureau de la comptabilité de la direction des services d'Architecture et des Promenades.

Ayant effectué un service militaire en 1903-1904, Paul Jodelay est lieutenant de réserve en 1934. Son frère, Jean Isidore, a été tué pendant la première guerre mondiale.

Installé avec ses parents dans le Bois de Vincennes à la Ferme de la Faisanderie de Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en 1902, Jodelay dispose d’un logement personnel dans la commune, rue de Paris, en 1909. Il se marie en avril de cette année à Paris (19e arr.) avec Rachel Amélie Massé, puis est veuf dès novembre 1911. Il se remarie avec Lucie Isabelle Guillaume.

Le club cycliste Joinville Sportif confie en avril 1924 le poste de secrétaire général à Jodelay, en remplacement de René Henri Graillat. Ses deux frères, Eugène et Henri, seront eux-aussi administrateurs du club. Il est vice-président en 1929 et réélu à ce poste en octobre. Il en est le président en 1933.

C’est sans doute son père Eugène Jodelay (mais ce peut également être Paul) qui est candidat lors des élections municipales de novembre 1919 sur la liste libérale du Bloc indépendant conduite par Jules Beauvais, conseiller municipal. La liste n’a pas d’élu et se retire au second tour, qui voit la victoire d’Henri Vel-Durand, élu maire.

Lors des élections municipales partielles d’octobre 1934, Paul Jodelay est candidat sur la liste des républicains indépendants, proche de la majorité municipale de cartel des gauches, et menée par Antoine Liou. Elle s’oppose à une liste de concentration républicaine, plus marquée à droite, et à deux listes communiste et socialiste. Jodelay recueille 602 voix sur 2 297 suffrages exprimés (26,2%) pour 2 360 votants et 3 225 inscrits. La liste n’a pas d’élu et se retire au second tour devant celle de concentration républicaine.

L’année suivante, avec les élections municipales générales de mai 1935, Jodelay rejoint la liste de l’Union des républicains, dont Frédéric Bautsch est le promoteur. Face à la municipalité sortante de centre-gauche, dirigée par Georges Briolay, et aux listes communiste et socialiste, l’Union des républicains, nettement marquée à droite, est en tête au premier tour. Jodelay obtient 937 voix sur 2 856 suffrages exprimés (32,8%) pour 2 923 votants et 3 433 inscrits. Elle emporte au second tour, marqué par l’union des candidatures de gauche, 25 des 27 sièges à pourvoir, les communistes en ayant deux. Jodelay est élu après avoir enregistré 1 171 voix sur 2 899 suffrages exprimés (40,4%) pour 2 924 votants. Emile Lesestre est élu maire.

Paul Eugène Jodelay décède le 6 décembre 1936 à Joinville. Il était âgé de 52 ans et veuf de sa deuxième épouse depuis mars 1934. Il vivait dans le quartier de Palissy, avenue Galliéni. Son fils Roger Eugène Paul (né en 1913), orphelin, obtient un secours du conseil municipal de Paris 1937. Sergent pendant la deuxième guerre mondiale, il est fait prisonnier et détenu au camp de Charleville dans les Ardennes françaises. C’est probablement lui qui, ingénieur chimiste, rejoint en 1958 l’Association des anciens de la météorologie militaire. Est-ce lui le Roger Jodelay, décorateur de cinéma sur plusieurs films (La Communication, de Domingue Rollin ou Topaze, de Marcel Pagnol) et productions télévisuelles (Vieille France d’André Michel  ou Les Enquêtes du commissaire Maigret) ?

Paul Jodelay était titulaire de plusieurs décorations : médaille d’honneur communale en décembre 1927, chevalier du Nichan el-Anouar au titre de l’exposition coloniale en mai 1933, médaille d'argent de l’éducation physique en septembre 1934.

Le bureau de Joinville Sportif en 1933

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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 01:01

Eugène Jean Baptiste Jodelay naît le 16 février 1853 à Paris (10e arr.). Il est le fils d’Appoline Mottu, couturière, et de son époux, Félix Alexandre Jodelay, jardinier, originaire de l’Indre.

Devenu piqueur des ponts et chaussées pour la mairie de Paris (agent technique, surveillant de travaux), Jodelay épouse en mai 1876 à Paris (1er arr.) Marguerite Orlhac, lingère ; elle décède en janvier 1880, après avoir donné naissance à une fille. Jodelay se remarie, en avril 1881 à Paris (7e arr.) avec une cousine germaine, Alix Jeanne Charlot, couturière. Elle met au monde 12 enfants entre février 1882 et avril 1896, dont trois fois des jumeaux.

Travaillant d’abord au service de la Voie publique il passe à celui des Promenades et plantations en 1886, devient agent comptable du dépôt de matériaux de la rue des Bernardins en 1890, à la direction des services d'Architecture en 1901 et prend sa retraite en 1903 en qualité d’adjoint technique principal des Promenades et plantations.

Si son salaire est celui d’un contremaître de la fonction publique, Jodelay semble avoir des difficultés à loger sa grande famille. Il réclame et obtient plusieurs secours entre 1899 et 1901. Les Jodelay déménagent fréquemment, puisqu’on leur connaît douze adresses entre 1876 et 1902, dans les arrondissements du sud de Paris, à Malakoff (Seine, act. Hauts-de-Seine), à Saint-Mandé (Seine, act. Val-de-Marne) puis à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) où ils se fixent dans la Ferme de la Faisanderie, au sein du Bois de Vincennes. Eugène Jodelay y élève ses enfants après le décès de sa femme en 1909 ; son frère, Jules Alexandre, également ancien piqueur des ponts et chaussées pour la mairie de Paris, réside avec lui.

Parallèlement à son activité d’employé, Jodelay est également un inventeur. Il est félicité et récompensé par le conseil municipal de Paris en mai 1894 pour avoir mis au point un nouveau collier de joints de tuyaux d'arrosage à la lance, invention dont il laisse le bénéfice à la Ville, ne voulant en tirer aucun profit personnel. C’est le fournisseur de la commune, Dalifol et Cie, qui prend, en son propre nom, un brevet d’invention. Il fonde en 1895 la société Laurens, Jodelay et Tournel, qui exploite un système d'arrosage antiseptique (brevet d’avril 1894) et un procédé de mélange automatique de liquides avec de l'eau sous pression (brevet de juillet 1894). Les brevets sont protégés dans de nombreux pays (États-Unis, Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Espagne). Ils font l’objet de commentaires favorables lors du premier congrès d’assainissement et de salubrité, tenu à Paris en 1897.

Pendant la première guerre mondiale, Jodelay devient vice-président du Comité d’action agricole, mis en place à l’initiative de Chavignot, ingénieur et propriétaire du domaine de Polangis à Joinville. Formé en avril 1917, le comité attribue des parcelles de 300 à 400 m² aux habitants de la commune souhaitant mettre en place des jardins potagers. Toutes les demandes ont pu être satisfaites et environ 200 jardins sont établis dont 198 sur les terres de Chavignot. Ils couvrent 6,16 ha, plus 5,58 ha attribués aux soldats soit au total près de 12 hectares. En juillet la même année, le ministre de l’agriculture, Fernand David, vient visiter les jardins et leur fait attribuer du fumier de l’armée.

Eugène Jodelay participe à la distribution des lots et prodigue des conseils notamment dans l’hebdomadaire la Gazette de l’Est, où il tient une rubrique régulière. Il était, depuis juillet 1911, chevalier du mérite agricole.

C’est sans doute Eugène Jodelay (mais ce peut également être son fils Paul) qui est candidat lors des élections municipales de novembre 1919 sur la liste libérale du Bloc indépendant conduite par Jules Beauvais, conseiller municipal. La liste s’oppose à celle d’Henri Vel-Durand, radical dissident, qui rassemble des radicaux-socialistes et des socialistes indépendants, et à celle de parti socialiste SFIO. Au premier tour, Jodelay a 431 voix sur 1 694 suffrages exprimés (25,4%) pour 1 715 votants et 2 491 inscrits. La liste n’a pas d’élu et se retire au second tour, qui voit la victoire d’Henri Vel-Durand, élu maire.

Eugène Jodelay meurt le 13 février 1927 à Joinville. Il était âgé de 73 ans. Parmi ses 13 enfants les 4 garçons auront un rôle public.

L’aîné de ses fils, Paul (1884-1936), préside le club Joinville Sportif, se présente à plusieurs reprises lors d’élections municipales et est élu en 1935. Son deuxième garçon, Jean Isidore (1891-1914), comptable, meurt au début de la première guerre mondiale le 10 décembre 1914 à Zillebeke, en Flandre-Occidentale (Belgique).

Ses deux derniers fils, les jumeaux Henri Marcel (1896-1969) et Eugène André (1896-1968) seront tous deux également administrateurs de Joinville Sportif. Le premier est, comme son père, un inventeur, faisant breveter en avril 1930 un moteur à explosion à propulsion circulaire. Le second est fonctionnaire au ministère des affaires sociales, au secrétariat général de la main-d’œuvre.

La Ferme de la Faisanderie en 1912

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10 mai 2018 4 10 /05 /mai /2018 01:01

Antoine Honoré Boireau naît le 10 janvier 1872 à La Motte-Saint-Jean (Saône-et-Loire). Il est le de fils Jeanne Benoîte Frangy et de son époux, Pierre Boireau, meunier au village du Sarroux. Leur milieu est modeste car le père comme ses témoins, vignerons, ne savent pas signer.

Devenu boulanger Antoine Boireau vit à Paris d’abord rue de Charonne puis rue des Fossés-Saint-Marcel, où il se marie en août 1898 avec Marthe Amélie Marcelline Dumont. Ils résideront ensuite boulevard Arago, rue Saint-Sabin et rue Daval.

Du fait du décès de son père et de l’incorporation de son frère aîné, Boireau n’avait fait qu’un service militaire de moins d’un an en 1893-1894. Pendant la première guerre mondiale, il est mobilisé mais placé en sursis d’appel comme boulanger et continue d’exercer son métier à Paris.

Installé quai de la Marne à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) après-guerre, ayant cessé son activité commerçante, Antoine Boireau est candidat aux élections municipales de mai 1925 sur la liste d’Union républicaine pour la défense des intérêts communaux, conduite par le maire sortant, Henri Vel-Durand, radical dissident. La liste s’oppose au cartel des gauches et aux communistes. Au premier tour, elle obtient 1 078 voix en moyenne, soit 47,5% des 2 275  suffrages exprimés pour 2 310 votants sur 2 761 inscrits. Les 27 candidats sont élus second tour.

Siégeant de manière régulière au conseil municipal et s’occupant des affaires de son quartier, Boireau ne se représente pas en 1929.

Antoine Honoré Boireau meurt le 9 mars 1934 à Joinville alors qu’il se rendait aux obsèques de Charles Provin, adjoint au maire. Il était âgé de 62 ans et avait un fils et une fille. Il était apparenté à Adolphe Boireau, également résident de Joinville ; c’est probablement ce dernier qui avait contribué à créer des jardins potagers dans le quartier de Polangis pendant la première guerre mondiale, dans le cadre d’un comité d’action agricole.

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8 mai 2018 2 08 /05 /mai /2018 01:01

Adolphe Boireau nait le 2 juillet 1878 à Gagny (Seine-et-Oise, act. Seine-Saint-Denis). Il est le fils d’Émilie Waqua et d’Antoine Boireau, champignonniste d’abord à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, act. Val-de-Marne) puis à Gagny.

De santé faible et de petite taille, exerçant le métier de charcutier, Boireau fait un service militaire en 1901-1902. Il s’installe ensuite à Saint-Maur, une partie de sa famille vivant toujours dans cette commune et dans celle voisine de Joinville-le-Pont. Il épouse en juillet 1905 à Saint-Maur Berthe Forest, blanchisseuse. Ils s’installent à Joinville avant 1914, avenue du Parc dans le quartier de Polangis.

Mobilisé pendant la première guerre mondiale, Boireau est blessé le 30 mai 1916 à Chattancourt, Meuse, village qui commande l’accès à la colline du Mort-Homme, dans le secteur de Verdun. Victime d’un éclat d’obus qui le touche à l’arcade sourcilière gauche et à l’avant-bras droit, soigné pendant deux mois, il reprend un service armé et est cité à l’ordre du régiment en juin 1917 : « bon soldat, courageux et dévoué, a continué à assurer la liaison entre sa section et la compagnie pendant un fort bombardement ». Il est décoré de la croix de guerre.

C’est probablement Adolphe Boireau qui contribue à créer des jardins potagers dans le quartier de Polangis pendant la première guerre mondiale, dans le cadre d’un comité d’action agricole, initié par Chavignot, ingénieur et propriétaire du domaine de Polangis ainsi que Eugène Jodelay, agriculteur, directeur de la Ferme de la Faisanderie dans le Bois de Vincennes. Ces jardins vont permettre à une centaine de famille de produire de quoi se nourrir pendant la période de la guerre.

Adolphe Boireau était apparenté à Antoine Boireau (1872-1934), boulanger, conseiller municipal de Joinville-le-Pont (1925-1929).

La date de décès d’Adolphe Boireau n’est pas connue. Il avait une fille et son épouse résidait toujours à Joinville en janvier 1957, au moment de sa mort.

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