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14 janvier 2023 6 14 /01 /janvier /2023 00:01

Suite de la biographie de Roger Benenson

Député et conseiller général de Provins, Roger Benenson est le directeur politique de L'Information, hebdomadaire communiste de Seine-et-Marne. Après la signature du Pacte germano-soviétique, le 23 août 1939, son journal est interdit. Lui-même est mobilisé dans l’armée le 6 septembre, au sein du 15e régiment de génie. Il est démobilisé, après la cessation des combats, le 16 juillet 1940 à Saint-Girons (Ariège).

Ayant obtenu une permission pour siéger à la Chambre en janvier 1940, Benenson, contrairement à quatre autre députés communistes, s’associe à l’hommage rendu aux soldats français. Avec trois autres dissidents, dont André Parsal, élu de la circonscription de la Seine où il s’était lui-même présenté en 1928. Le 11 janvier, Benenson est, avec Honel (Seine), Langumier (Seine), Le Corre (Seine-et-Oise), Parsal (Seine) et Dewez (Nord) l’un des six signataires d’une lettre adressée à Édouard Herriot, président de la Chambre des députés : « Nous affirmons hautement notre attachement à la France et à sa défense et notre attachement indéfectible à la cause des revendications des masses laborieuses sur le terrain de la liberté et de la démocratie. Mobilisés depuis le début de la guerre nous nous sommes inclinés devant la discipline, avons accompli intégralement notre devoir de soldats. Nous sommes aujourd'hui en mesure de déclarer que nous ne pouvons que nous élever contre une politique qui a abouti à l'attaque contre la Finlande et à une menace contre la liberté du pays de France menacé par Hitler. »

Malgré cette prise de position, considérée comme trop tardive, la déchéance du mandat de Benenson est prononcée par le parlement. Au cours de la discussion au Sénat, Marx Dormoy avait évoqué la situation des députés mobilisés : « Vous voyez des croix de bois avec cette inscription Mort pour la France et exclu du Parlement français ? »

En mars 1940, il est en outre déchu de son mandat de conseiller général de Provins.

Avec plusieurs anciens sénateurs, députés et maires communistes, Benenson signe une Lettre aux ouvriers communistes, publiée dans Le Matin (1941/09/06). Le premier signataire est Marcel Gitton, ex-secrétaire du parti communiste français, ancien député de la Seine. La lettre explique que « Durant de longues années, nous avons milité dans les rangs du Parti communiste. Nous avons partagé votre foi, vos espérances. Nous avons rompu avec le Parti communiste, considérant que sa dépendance directe de Moscou, la soumission totale de certains de ses dirigeants à l'Internationale dont l'activité était exclusivement dictée par les intérêts et la politique d'alliances si mouvante et parfois équivoque de l'URSS, lui ont enlevé, à un moment capital pour l'avenir de la classe ouvrière, de notre pays, toute possibilité de jugement impartial et indépendant. En un instant, il a renié son action de plusieurs années, s'est séparé de la nation et a brisé ses liens essentiels avec les masses populaires. Il est de nouveau retombé dans une politique sectaire et aventuriste que nous ne pourrions admettre parce que fatale pour les travailleurs qu'il avait mission de défendre et d'émanciper ». Appelant leurs lecteurs à les rejoindre, ils appellent à « bâtir la France de demain. Pour le travail et le pain, Pour la paix et la fraternité des peuples. »

Ce sera la dernière intervention publique de Benenson car, avant même la parution du texte, le 4 septembre 1941, le préfet de Seine-et-Marne a prononcé son internement administratif, le considérant comme « dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique ». Il est d’abord interné au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Inférieure, act. Loire-Atlantique) puis dans celui de Voves (Eure-et-Loir). Il est ensuite déporté à partir de Compiègne le 21 mai 1944 dans un convoi comprenant 2 004 hommes, dont plus de 60% disparurent. Il arrive au camp de concentration de Neuengamme (Hambourg, Allemagne) le 24 mai. Benenson porte le matricule 30 446. Il est ultérieurement transféré au camp annexe de Drütte (Salzgitter, Basse-Saxe, Allemagne), créé pour fournir de la main-d’œuvre à la fonderie de Brunswick pour sa production d’obus.

Roger Benenson meurt le 5 mars 1945 à Drütte. Selon Maitron et Pennetier, il était devenu aveugle et mourut d'épuisement. Âgé de 44 ans, il avait eu deux enfants.

Roger Benenson avait, comme ses collègues qui avaient pris leurs distances avec la  politique soviétique, été exclu du parti communiste. Marcel Cachin, dirigeant du PCF, qui prononce le discours d’ouverture de la nouvelle Assemblée nationale en qualité de doyen d'âge en 1946, « omit » de nommer Roger Benenson, parmi les députés morts pour la France. Ses obsèques eurent lieu à Provins en mai 1949.

La mention Mort en déportation est apposée sur son acte de décès par arrêté du secrétaire d'État à la défense, chargé des anciens combattants, en date du 4 septembre 2007.

Fin

Tombe de Roger Benenson, Provins

 

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