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9 juin 2023 5 09 /06 /juin /2023 01:01

Marie Émilie Nathalie de Virieu Pupetière naît le 25 décembre 1786 à Paris, dans le quartier de Saint-Sulpice (act. 6e arr.). Les archives reconstituées de l’état-civil de Paris mentionnent les années 1784 et 1787, toujours à la même date, mais les autres sources permettent de confirmer qu’il s’agit bien de 1786. Selon les sources généalogistes (Base Perfit), elle est une ludovicienne, c’est-à-dire une descendante du roi de France Louis IX (Saint-Louis).

Elle est la fille d’Élisabeth Digeon de Monteton et de son époux François Henri comte de Virieu et seigneur de Pupetière.

Son père François-Henri, marquis de Virieu, né en 1754 à Grenoble fut militaire, député de la Noblesse aux états généraux de 1789, fut président de l'Assemblée constituante en 1790. Puis il combattit avec les troupes royalistes. Il mourut lors des combats devant Lyon en octobre 1793.

François-Henri de Virieu

La mère d’Émilie, était fille d’un comte, négociant protestant de Bordeaux, sa ville de naissance en 1760. Elle fut, lors des deux dernières années de vie de celle-ci, dame de compagnie de Madame Sophie, fille de Louis XV et de Marie Leszczyńska (1734-1782). Sous la révolution française, en 1793, elle partit se réfugier en Suisse avec ses deux filles, Stéphanie et Émilie, tandis que leur jeune frère Aymon était confié à sa nourrice à Lyon. Elle eut là-bas une vie miséreuse selon l’historien républicain Louis Blanc (Histoire de la révolution française, 1869), devenant ravaudeuse. Mais lorsqu’elle revint en France, en 1804, elle récupéra une part de sa fortune et put racheter les terres de Pupetière, de Montrevel et du Grand-Lemps (Isère), où elles ’installa et mourut en 1837.

Élisabeth de Virieu

Émilie de Virieu Pupetière épouse, en messidor an 13 (juillet 1805), sans doute à Creys-et-Pusignieu (act. Creys-Mépieu, Isère) Adelphe Édouard Henri Pourroy de Lauberivière, vicomte de Quinsonnas. Cependant, le mariage n’est pas enregistré dans l’état-civil communal. Né en 1774, il est lui aussi, par sa mère, Catherine Claudine de Chaponay, descendant de Saint-Louis. Originaires d’Aragon, d’où ils furent chassés au 16e siècle, les Quinsonnas viennent via le Béarn et font souche en Dauphiné au début du 17e siècle.

Selon Théophile de Lamathière, l’auteur du Panthéon de la Légion d'honneur, « C’est à l’estime dont a toujours joui cette famille illustre, qu’on doit attribuer ce fait rare, que son château de Mérieu a été défendu et gardé pendant la Révolution par des gens du village, et que la plus grande partie des biens de la famille ne furent pas vendus [comme biens nationaux]. » Adelphe de Quinsonas était chevalier de l’ordre de Malte. Agriculteur, il a pris en charge des œuvres de bienfaisance et a fondé à Morestel (Isère) une communauté de sœurs qui élèvent les enfants et soignent les malades.

Émilie, vicomtesse de Quinsonnas, vit en région parisienne à la fin du premier Empire. Elle possède une résidence à La Branche-du-Pont-de-Saint-Maur (act. Joinville-le-Pont, Val-de-Marne). En mai 1812, elle commence à faire distribuer des soupes à la Rumford aux indigents de la commune. Inventée par Benjamin Thompson, un américain qui était resté fidèle à la couronne d’Angleterre pendant la guerre d’indépendance et s’était ensuite réfugié en Bavière, la soupe est confectionnée à partir d'orge perlé, de pois, de légumes assaisonnés de bière et de vinaigre. La vicomtesse continue, conjointement avec le comte de Sussy, Jean-Baptiste Collin, alors ministre des Manufactures et du Commerce à faire livrer du pain chaque semaine pour les pauvres des bords de Marne.

Son engagement est aussi politique, contrairement à son mari, qui se consacre aux domaines caritatif et agricole uniquement. Émilie de Quinsonnas est liée à Sosthènes de La Rochefoucauld, un homme politique ultraroyaliste, aide de camp du comte d'Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X. Quand La Rochefoucauld entre clandestinement à Paris, en mars 1814, il regroupe des partisans du retour des Bourbons et ils impriment des proclamations en cachette. Parmi les militants légitimistes, trois femmes, la marquise Eugène de Montesquiou, la comtesse Achille du Cayla et la vicomtesse de Quinsonnas. Pour La Rochefoucauld « Mme de Quinsonnas, qu’il suffit de nommer pour peindre le dévouement le plus éprouvé, imagina, en se retirant à pied à minuit, d’en placer un exemplaire entre les planches qui ferment chaque boutique. »

Son parti poursuit une activité sous le règne du roi Louis XVIII, auxquels ils reprochent sa modération. La Rochefoucauld poursuit, jusqu’en 1823 au moins, des échanges épistolaires avec la vicomtesse de Quinsonnas, qui s’est installée au château de Mérieu à Creys.

Elle entretient aussi des relations avec l’écrivain romantique Alphonse de Lamartine (1790-1869), compagnon de jeunesse de son frère Aymon et qui professe aussi, dans les années 1820, des opinions royalistes – il ralliera le camp républicain en 1848. Il lui écrira au sujet d’Émilie : « Elle m'aimait à cause de toi, et je le lui rendais à cause de toi »

Émilie de Quinsonnas meurt le 12 février 1832 dans son château de Mérieu, à Creys-et-Pusignieu. Elle était âgée de 45 ans et mère de cinq enfants. L’un d’eux, Octavien servit dans l’armée russe, notamment dans les guerres contre les Turcs et en Géorgie. Rentré en France en 1822, il fut nommé pair de France. Il créa des établissements de bienfaisance, d’abrod à Moscou, avec un refuge pour les Français ou étrangers malheureux. Sur les terres familiales, il fonda des écoles gratuites pour les enfants des deux sexes et des lits pour les vieillards pauvres à Crémieu (Isère). En Seine-et-Marne, on lui doit une école gratuite pour les garçons à Brie-Comte-Robert.

Blason des Quinsonnas

 

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