Julie Marie Guyot naît le 17 juillet 1845 à Pantin (Seine, act. Seine-Saint-Denis). Elle est la fille de Marie Geneviève Ozanne (ou Auzanne) et de son mari Louis Alphonse Guyot. Ses parents sont jardiniers. Ils résident alors place de l’Église.
En janvier 1866, la famille vit à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne). Julie Marie épouse alors Émile Jean Baptiste Mousseaux, entrepreneur de menuiserie, qui vit dans la commune avec ses parents.
Julie Mousseaux exerce la profession de blanchisseuse ; elle donne naissance à un premier garçon deux mois après leurs noces, puis à cinq autres bébés jusqu’en mai 1874, soit un tous les dix-huit mois en moyenne.
Considérant sans doute que six enfants constituent un nombre suffisant, elle va cependant vivre d’autres grossesses auxquelles elle veut mettre fin par avortement. Pour cela, elle fait appel aux services d’Amélie Damassine Roche, née Blessel, sage-femme à Joinville-le-Pont. Le 13 novembre 1881, enceinte de quatre à cinq mois, ce qu’elle avait caché à sa famille, Julie Mousseaux réclame de nouveau son intervention. Pour rappel, l’avortement était à l’époque un crime aux yeux de la loi, jugé en cour d’assises ; 15 personnes sont condamnées en France pour de tels faits en 1870 et 18 en 1890.
Dans d’horribles souffrances, selon les comptes-rendus de presse, elle fait une fausse couche le 13 au soir puis, malgré la venue d’un médecin le lendemain, meurt tôt le 15 novembre. La sage-femme Roche est arrêtée et jugée, le 28 avril 1882, par la cour d’assises de la Seine. Au moins une dizaine de journaux parisiens consacrent des articles importants à ce fait divers, incluant des condamnations généralement très nettes du rôle de la sage-femme.
La retranscription des débats de l’audience faite par le quotidien juridique La Loi le 29 avril mentionne la discussion de Julie Mousseaux avec le docteur Thourasse de Saint-Maur-des-Fossés, qui l’a examinée le 14 novembre. « Lors de votre fausse couche antérieure, lui dit le médecin, on a prétendu que vous vous étiez fait avorter par la femme Roche. — « Non, répondit-elle ». Puis, après avoir hésité, elle répondit : « Oui, c’est vrai ». Pour cette fois, ajouta le médecin qu’avez-vous fait ? Ne vous a-t-on pas introduit quelque instrument ? Et la malade a répondu : « Eh bien oui, et puis après ? »
Cependant, donnant acte du fait que les constations médicales sont peu claires, et ayant entendu la sage-femme assurer que la mort fait suite à une péritonite, le jury acquitte la prévenue.
L’acte de décès mentionne une résidence des Mousseaux à Joinville-le-Pont, chemin de Tourangin, une voie inconnue des cartes et recensements.
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