Début de la biographie de Charles-Pierre Chapsal
La date de naissance de Charles-Pierre Chapsal est imprécise, l’état-civil de Paris ayant été en grande partie détruit. Les sources situent sa naissance en 1787 ou 1788 à Paris mais la date de 1787 est la plus généralement admise. Il est le fils Marie Prudhomme et de son époux Pierre Chapsal.
L’identité de son père n’est pas précisée dans les notices biographiques et la défaillance de l’état-civil parisien ne permet pas à ce jour de le retrouver. Il s’agit peut-être du lieutenant d’infanterie Pierre Chapsal, engagé dans la Garde municipale, né en juin 1769 à Paris, qui fut blessé et fait prisonnier lors des combats des troupes napoléoniennes en Espagne à Bailén (Andalousie) ; il quitta l’armée en 1812.
Après avoir été employé à l’hôtel de ville de la capitale, selon certaines sources, Chapsal est en 1808 maître d'études au collège Louis-le-Grand à Paris (5e arr.). Il est aussi secrétaire de Charles-Pierre Girault-Duvivier, grammairien et auteur d’une Grammaire des grammaires parue en 1811.
Âgé de 20 ans, Chapsal rédige un Nouveau dictionnaire grammatical puis, l’an suivant, un essai sur les Principes d'éloquence de Marmontel, consacré à Jean-François Marmontel (1723-1799), encyclopédiste proche de Voltaire.
Les travaux de Chapsal intéressèrent François Noël (1755-1841), ancien professeur de Louis-le-Grand et inspecteur général de l'Instruction publique après avoir été commissaire général de police et préfet sous le Consulat. Noël et Chapsal s’associèrent pour produire ensuite de nombreux ouvrages. Selon le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle (Larousse), « Le nom de Chapsal est en second en tête du livre, bien qu'il soit avéré aujourd'hui qu'il en est le principal auteur; mais, encore peu connu, il dut abriter son obscurité derrière le nom de Noël célèbre déjà par ses ouvrages, et auquel son titre d'inspecteur général de l'Université donnait une grande influence dans les conseils de l'enseignement. »
Après des Leçons anglaises de littérature et de morale en 1817, qui connurent un certain succès, le grand-œuvre des deux auteurs furent la Nouvelle grammaire française, éditée en 1823 et qui connut une diffusion considérable, avec des rééditions très fréquentes jusqu’à la fin du 19e siècle.
Les deux auteurs produisirent ensuite des déclinaisons de leurs travaux comme un Nouveau Dictionnaire de la langue française en 1826, des Leçons d'analyse grammaticale en 1827 et la même année des Leçons d'analyse logique. Ils cosignèrent en 1829 un Traité des participes et firent la même année un Abrégé de grammaire française. En 1830, ils produisirent un Cours d'études des belles-lettres, de la mythologie, de l'histoire et de la géographie.
En effet, Chapsal était professeur de belles-lettres, d'histoire et de géographie. Il fit partie, en 1821, des fondateurs de la Société de géographie, l'une des plus anciennes sociétés savantes françaises et la première institution de ce type en matière géographique au monde. Elle était présidée par Pierre-Simon de Laplace et comptait également parmi ses membres Champollion, Cuvier, Dumont d'Urville, von Humboldt ou Monge.
L’œuvre principale de Charles Pierre Chapsal et François Noël, la Nouvelle grammaire française, a connu 80 éditions en France de 1823 à 1889, a été édité également au Québec et en Belgique ainsi qu’une traduction américaine en 1878.
Après le décès de François Noël en 1841, Chapsal devint le seul titulaire des droits d’auteurs, qui continuaient à être importants. Il publia encore quelques ouvrages grammaticaux, comme des Modèles de littérature française en 1841 ; une Syntaxe française en 1842 et en 1850, avec Ambroise Rendu, une Méthode pour faire l'application des principes de la grammaire.
Pour le Dictionnaire de Larousse, la Grammaire de Chapsal est disposée avec méthode et rédigée clairement, « donnant tant bien que mal, mais toujours avec une assurance magistrale, la raison des choses à côté de la formule naïve ». Pour l’historien Georges Bousquié, l’ouvrage avait, « à défaut de science et de critique sérieuse, l'habileté et le goût de la simplicité ». De ce fait, il aurait eu « l'utilité de vulgariser l'analyse et de donner une vive impulsion à l'étude du français. »
Les contrefaçons furent nombreuses, en France et à l'étranger, Chapsal engageant plusieurs actions en justice en France comme en Belgique.
En 1838, les grammairiens Charles Martin, Louis-Nicolas Bescherelle et Edouard Braconnier font paraître une Réfutation complète de la grammaire de MM. Noël & Chapsal. Ils veulent démontrer que « les règles si difficiles de MM. Noël et Chapsal sont entièrement fausses, parce qu’elles sont contraires au génie de notre langue ». Mais, en septembre de cette même année, Chapsal obtient le retrait du livre qu’il estimait diffamatoire. Un autre grammairien, M. Gillard essaie de leur faire concurrence avec son propre manuel, considérant « la grammaire de MM. Noël et Chapsal, jugée désormais fort incomplète et même inexacte dans beaucoup de règles ». M. Bonneau édite un libelle, Récréations grammaticales, dans lequel il attribue à Chapsal « 190 barbarismes, fautes de français ou règles fausses ». La dispute des grammairiens porte par exemple sur ce cas : Chapsal recommande de dire « Ce cheval est méchant, n'y touchez pas ! », tandis que Bonneau veut « ne le touchez pas. »
A suivre

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