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22 mai 2023 1 22 /05 /mai /2023 01:01

Début de la biographie de Joseph Routier

Charles Marie Joseph Timoléon Routier de Bullemont naît le 4 mars 1825 à Tailly (Somme). Il est le fils de Lucie Jenny Joseph Vassel et de son époux Alexandre Annibal Routier de Bullemont. La famille de son père est d’une petite noblesse de Picardie, lui-même étant propriétaire terrien.

La famille sera fort nombreuse, puisqu’elle a compté au moins 15 enfants nés vivants. Ils déménagent fréquemment, d’abord dans la Somme, puis à Paris en 1830 et en Belgique à partir de 1834, dans différentes provinces : d’abord celle de Liège, à Fallais, dans la commune de Braives puis en Flandre, à Anvers en 1840. Les parents s’installeront ensuite dans le Luxembourg belge, où ils procèderont à différents essais agricoles, avant de revenir s’installer en France, dans la Meuse, après la fin de la guerre franco-prussienne.

Pour sa part, Joseph Routier de Bullemont est employé, en 1846, au sein des cristalleries du Val-Saint-Lambert, installées près de Liège, sur le site de l’ancienne abbaye de Seraing.

Il quitte la Belgique pour s’installer, début 1848, à Paris. Il s’inscrit probablement à l’université et prend part à la révolution de 1848, qui renverse, en février, le régime du roi Louis-Philippe.

Son frère aîné, Lucien Routier de Bullemont (1822-1904), employé à la préfecture de police de Paris, est adhérent depuis février 1848 à la Société républicaine centrale, présidée par le dirigeant socialiste Louis-Auguste Blanqui. Il en devient un des orateurs. Cependant, en février 1850, il collabore avec le nouveau préfet de police, Auguste Carlier, pour lequel il rédige une circulaire aux commissaires de police titrée « Le socialisme, c'est la barbarie ».

Pour sa part, Joseph Timoléon Routier de Bullemont assurera être resté fidèle à ses convictions républicaines. Lors de la deuxième phase de la révolution, en juin 1848, il est membre de la Garde mobile, et domicilié dans la caserne de la Grande-Rue-Verte (Paris 8, act. rue de Penthièvre). La classe ouvrière parisienne s’est soulevée contre la suppression des mesures sociales prises par le gouvernement provisoire, et une partie des gardes territoriaux s’est solidarisée avec les insurgés. Il est inculpé pour sa participation à l’insurrection de Juin 1848. Le 30 juillet, la 3e Commission, qui siège en tant que conseil de guerre, décide de le remettre en liberté.

Selon les archives militaires françaises, il est recensé en 1849 pour le service militaire, ayant été omis sur le tableau de recensement de sa classe, en 1845.

Il s’oppose au coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, pour se maintenir au pouvoir. Après avoir participé à une assemblée républicaine, rue d’Assas, il est incarcéré à la prison de Mazas, dans la capitale. La résistance, menée par les républicains et soutenue notamment par Victor Schœlcher et Victor Hugo, est un échec. Son frère Lucien lui rend visite dans sa cellule ; il lui conseille de choisir de s’exiler en Amérique pour sortir de prison. Libéré en janvier 1852 sur cette promesse, il obtient du futur empereur Napoléon III l’autorisation de passer neuf mois en Belgique auprès de sa famille avant de traverser l’Atlantique, suite à l’intercession en sa faveur de Léonide Borel d’Hauterive auprès du président de la République, le prince Napoléon. Celle-ci, née Jadin, musicienne, est issue d’une famille d’artistes proches des familles royales depuis plus d’un siècle. Elle est la sœur de Charlotte Louise Jadin, mariée depuis août 1848 à Lucien Routier de Bullemont, frère de Joseph Timoléon. Son mari est un avocat, également historien et éditeur de l’Annuaire de la noblesse.

En attendant son départ pour l’Amérique, Joseph Timoléon Routier de Bullemont épouse Claire Augustine Suleau en août 1852, à Paris (9e arr.). Peut-être est-elle liée à Élysée, vicomte de Suleau (1793-1871), conseiller d’État, préfet, directeur de l’administration des domaines et administrateur de sociétés, sénateur sous le second empire. Cependant, c’est avec Léonide que Joseph Timoléon embarque au Havre (Seine-Inférieure, act. Seine-Maritime) le 8 novembre 1852. Ils voyagent jusqu’à San Francisco, via le Cap Horn, un itinéraire de plus de six mois.

Selon le témoignage de Léonide en 1898, un juge ou un officiel, dont elle ne se rappelle plus la fonction exacte, les aurait mariés juste après leur arrivée le 31 mai 1853. À ce moment-là, ils ont tous les deux des époux en France. La femme légitime de Joseph Timoléon, Claire Augustine, meurt à Paris moins d’un mois plus tard, le 22 juin.

À suivre

Joseph Routier

 

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14 mai 2023 7 14 /05 /mai /2023 01:01

Le premier artiste connu dans la famille Jadin est Nicolas Emmanuel (1704-1758), hautboïste. Il transmet la pratique de son instrument à son fils, François (1731-1790), également bassoniste. Ce dernier est installé à Versailles avec son épouse Marie Marguerite Raiffer. Il intègre l’Ordinaire de la musique du Roi.

Quatre de ses enfants seront des musiciens célèbres. Adrien Paul (né en 1762) fut musicien des Gardes du corps du Roi.

Louis Emmanuel Jadin (1768-1853), sans doute le plus fameux de la fratrie, a été compositeur, violoniste, claveciniste, pianiste, pédagogue et chevalier de la Légion d'honneur. Figurant parmi les pages de la musique du roi Louis XVI, il sut s’adapter à la Révolution, composant des hymnes patriotiques comme Ennemis des tyrans, Citoyens, levez-vous, ou le Chant de l'esclave affranchi, représenté au théâtre de l'Opéra en 1794. Il s’adapta au régime impérial napoléonien, en donnant un Hommage à Marie-Louise. La Restauration ne le surprit guère, lui donnant l’occasion de présenter la Fête du roi, encore à l’Opéra, en 1817. Le Larousse du XIXe siècle, estime qu’il avait alors gagné « une place d'honneur dans le Dictionnaire des girouettes ». Il avait également été professeur au Conservatoire, chef d'orchestre.

Le troisième frère, Georges Jadin (né en 1773), fut professeur de chant à Paris et auteur de romances.

Le dernier, Hyacinthe Jadin (1776-1802) s’affirma comme compositeur, claveciniste et pianiste. Nommé professeur au Conservatoire lors de sa fondation, il était particulièrement remarqué mais mourut d’une maladie de poitrine à 25 ans.

Les enfants de Louis Emmanuel et Marie Marguerite jouèrent eux aussi un rôle sur la place culturelle française. Adolphe Jadin (1794-1867), fut capitaine de cavalerie pendant 30 ans, journaliste, chansonnier, librettiste et auteur dramatique, compositeur de musique. On lui doit notamment La Demoiselle en loterie, Le Lundi des ouvriers, L'Amour et l'homéopathie (1836), Le Carnaval et les arrêts (1841), Quoniam (1851). Il fut souvent joué dans plusieurs théâtres parisiens : Feydeau, Vaudeville, Nouveautés. Il écrivait dans le Journal des enfants, le Journal des Demoiselles et la Quotidienne. Il avait épousé Annette Molière.

Son frère, Louis Godefroy Jadin (1805-1882) fut un artiste peintre, graveur et aquarelliste. Il a été chevalier de la Légion d’honneur.

Deux des filles d’Adolphe et Annette Jadin eurent également une activité remarquée. Léonide Jadin (1816-1898) fut musicienne, compositrice de romance et professeure de piano. Elle épousa André Borel d’Hauterive, avocat, journaliste et écrivain, éditeur notamment de l’Annuaire de la noblesse. On publiera sur ce site sa biographie sous son deuxième nom d’épouse, Léonide Routier de Bullemont.

Sa sœur, Louise Charlotte Jadin (1821-1902), épousa un autre Routier de Bullemont, frère du précédent, Lucien, qui fut notamment secrétaire général de la préfecture de police de Paris.

Louis Emmanuel Jadin

 

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10 mai 2023 3 10 /05 /mai /2023 01:01

Louis Carpin naît le 27 janvier 1861 à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), au domicile de son grand-père maternel, rue des Bordeaux. Il est le fils de Julie Virginie Charlotte Boissenot et de son époux, Anthelme Carpin, négociant en vin et ancien commissaire de police dans l’Ain, la Sarthe et la Haute-Vienne. La famille de son père possède des domaines agricoles, notamment viticoles à Virignin (Ain).

La famille émigre aux États-Unis en 1876, « pour essayer de reconquérir la fortune que lui avait fait perdre la guerre de 1870 », d’abord en Floride, puis, après que différents sites ont été examinés, elle rejoint le Piedmont de Caroline du Sud, près de Greenville. Le père acquier un domaine boisé à cinq kilomètres au nord-ouest de la ville, qu’il transforme en exploitation viticole à la française tout en utilisant des cépages locaux. Louis, qui a alors 15 ans, aide son père dans la propriété, baptisée Mammoth. Cependant, Louis tombe malade de fièvre typhoïde et sa mère, qui craint pour sa vie, rentre avec lui en France. Il son hébergé par un de ses frères aînés, Charles, boulevard de Reuilly à Paris (12e arr.).

Ce dernier, comptable dans une librairie, assure la subsistance de la famille. Pour éviter que sa mère se retrouve sans ressource, Louis, après son rétablissement, s’engage en mars 1879 pour cinq ans dans l’armée, ce qui permet à son frère d’être dispensé de ses obligations militaires. Il sert dans le 123e de Ligne, à Valenciennes (Nord). Devenu caporal, puis sergent fourrier, Louis Carpin finira sa période sous les drapeaux en tant que secrétaire copiste à la préfecture du département Nord, dans le bureau chargé du recrutement. Il est démobilisé en septembre 1883.

En 1881, son frère Charles, qui avait perdu son emploi de comptable du fait de la faillite de la librairie qui le salariait, est embauché comme secrétaire de commissariat à la préfecture de police de Paris. Louis fait de même, dès sa sortie du régiment, en novembre 1883. Il est affecté à Paris, dans le quartier de la Porte Saint-Martin (10e arr.), comme secrétaire suppléant. Il est titularisé en décembre 1884 et affecté dans sa commune natale, Charenton-le-Pont. Il raconte y avoir été félicité par le secrétaire général de la préfecture pour son « attitude et initiative à l’occasion d’une manifestation organisée par Louise Michel, tombée actuellement dans l’oubli, et pour cause… ». Il mentionnait l’écrivaine, militante anarchiste et oratrice du mouvement ouvrier. Nommé, un an plus tard au commissariat du quartier Vivienne, toujours secrétaire, il est de nouveau apprécié pour son rôle au cours de l’incendie de l’Opéra-Comique, qui fit 84 morts en mai 1887.

Le mois précédent, à Anzin (Nord) en avril 1886, Louis Carpin épousait Noémie Céline Victorine Farez, fille d’un vétérinaire, dont la famille exploitait une sucrerie et avait joué un rôle significatif du côté républicain pendant la révolution française de 1789. Il avait probablement rencontré son épouse, native de Valenciennes, lors de son séjour dans le Nord à l’armée.

Promu officier de paix en août 1889, Louis Carpin sert d’abord dans le 19e puis le 12e arrondissement, où il doit surveiller les grèves des terrassiers et des conducteurs de la compagnie des Omnibus (ancêtre de la RATP).

Nommé commissaire du quartier de la Monnaie (6e arr.), en septembre 1895 ; il écrit : « je n’y suis resté que dix mois parce qu’il n’y avait rien à faire », si ce n’est la surveillance de bâtiments officiels. Il revient alors Porte-Saint-Martin, où son équipe assure la surveillance de la salle Rivoli-Vauxhall, qui accueille des rencontres de révolutionnaires, notamment espagnols. Mais il se mobilise aussi pour empêcher une manifestation royaliste en saisissant des photos du duc d’Orléans, ce que la justice considèrera comme illégal.

Son poste suivant est celui du quartier le plus chargé de France, selon ses dires, celui de Clignancourt (18e arr.), qu’il rejoint en juin 1898. Après la séparation de l’Église catholique et de l’État, en 1905, il doit procéder à l’inventaire des lieux de culte qui deviennent propriété des pouvoirs publics, notamment Notre-Dame de Clignancourt, Saint-Pierre de Montmartre et la basilique du Sacré-Cœur.

Dans le même poste, Carpin eut à procéder en 1909 à l’arrestation de Detollenaere, dit Delaunay, voleur et assassin de deux policiers. L’homme se suicida quand il entrait dans son repaire.

Après avoir assumé pendant 14 ans la responsabilité de ce commissariat, une durée inhabituellement longue, il est nommé en septembre 1912 dans le quartier du Faubourg-Montmartre (9e arr.), situé rue de la Folie-Méricourt.

Le 16 mars 1914, il procède à l’interrogatoire d’Henriette Caillaux, qui vient de tirer dans son bureau sur le directeur du Figaro, Gaston Calmette, lequel mourra ensuite de ses blessures. Elle se disait exaspérée par l’intense campagne de presse lancée par le quotidien contre son mari, Joseph Caillaux, ancien président du conseil et président du parti radical. Alors ministre des finances, il préparait l’introduction de l’impôt sur le revenu dans le droit français, et le journal, comme l’opinion de droite, contestait ce projet, y compris en attaquant Joseph Caillaux sur sa vie privée, notamment qu’il avait eues avec sa future épouse, alors qu’ils étaient encore mariés à d’autres personnes. La meurtrière avait déclaré « Il n’y a pas de justice… je la fais moi-même. »

Lors du procès de Mme Caillaux devant la Cour d'assises de la Seine, Louis Carpin fut amené à témoigner le 20 juillet 1914. Répondant à la question sur l'attitude de Mme Caillaux le soir du drame, il assura « Mme Caillaux fut d'abord très calme, elle devint nerveuse un peu plus tard ». Interrogé ensuite sur son opinion concernant la sincérité de Mme Caillaux qui avait dit qu'elle ne croyait pas avoir tué M. Calmette, il assura « Cette déclaration me parut sincère et spontanée ». La déposition de Carpin, jointe à d’autres témoignages, contribua à écarter la préméditation, ce qui permit de faire acquitter Henriette Caillaux, le jury retenant la thèse d’un crime passionnel.

Peu après le début de la première guerre mondiale, en septembre 1914, Carpin mit à disposition du sous-préfet de Senlis (Oise) une propriété qu’il avait dans cette ville pour y installer ses bureaux et accueillir des officiers et sous-officiers blessés. La sous-préfecture venait d’être détruite par les bombardements allemands lors de la première bataille de la Marne.

Louis Carpin prit sa retraite de la police en septembre 1917. Le quotidien Le Gaulois assura alors qu’il « détient le record pour le nombre des affaires traitées et plus particulièrement pour les affaires sensationnelles ». La Presse écrivit : « il sut toujours exercer avec équité ses délicates fonctions. »

Ayant quitté l’administration, Carpin devint inspecteur chargé d’enquête de la compagnie d’assurances Foncière Transport, fondée en 1879. Il résidait alors rue Baudin à Paris (9e arr.). En 1927, il s’installe à Saint-Maur-des-Fossés, boulevard des Corneilles. Il était toujours actif dans cette fonction en 1931, à ses 70 ans. Selon Police Magazine, qui lui consacre un long article en juin 1933, il était président du déjeuner trimestriel des commissaires de police en retraite de la Ville de Paris et du département de la Seine.

Louis Carpin meurt le 21 février 1941 à Saint-Maur-des-Fossés. Il était veuf et âgé de 80 ans. Son fils était décédé quatre ans plus tôt, tandis que son gendre, Eugène Lucien Dupuis, fut également commissaire de police à Paris.

Titulaire de nombreuses décorations, Louis Carpin avait été fait officier de l’Ordre du Cambodge en mars 1899, officier de l’instruction publique en février 1903 et chevalier du Mérite agricole en décembre la même année pour sa « contribution à la répression des fraudes sur les denrées alimentaires ». Il était décoré de la médaille de bronze de la Mutualité en mars 1907, avait reçu celle du Courage et du dévouement en juillet 1909. Enfin, il était devenu chevalier de la Légion d’honneur en décembre 1925, après avoir multiplié les démarches pour ce faire.

Portrait de Louis Carpin, Police magazine, juin 1933

 

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 01:01

Anthelme Carpin naît le 15 juillet 1827 à Virignin (Ain). Il est le fils de Marie Moisset et de son époux Jean (dit Anthelme) Carpin, cultivateur. La famille exploite dans le village un domaine important, le mas du Cry, acquis en juin 1821 par Anthelme Carpin, père de Jean. Ils exploitent également des terres dans le village voisin de Lassignieux.

Lieutenant, probablement dans Légion étrangère, c’est peut-être lui qui, désigné dans la presse sous son seul patronyme en tant que cultivateur-légionnaire résidant à Virignin, fait partie des douze membres du conseil municipal de Belley, la ville voisine, qui n'ont pas voulu accepter la prorogation de leurs pouvoirs décidée par une loi. Ce texte se situe dans le contexte de la fin de la seconde République.

En janvier 1853, Anthelme Carpin est initié à Paris dans la franc-maçonnerie au sein de la loge l’Amitié, rattachée à l’Orient de Paris.

Devenu commissaire de police, il est nommé en janvier 1855 à Culoz (Ain), il épouse Julie Virginie Charlotte Boissenot à Charenton-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne) en octobre la même année. L’année suivante, il officie à Oyonnax, dans le même département. Il le quitte pour un poste à Mamers (Sarthe) en 1857 avant d’être muté un an plus tard à Bellac (Haute-Vienne).

Démissionnaire en novembre 1858, Anthelme Carpin et sa famille s’installent à Charenton, d’abord avec les beaux-parents, rue des Bordeaux, puis rue de la Cité-de-Conflans, dans le quartier de Bercy qui sera partiellement rattaché à la ville de Paris en 1860. Il devient négociant en vins. Il s’implique probablement aussi dans l’exploitation familiale de Virignin.

Selon le témoignage d’un de ses fils, Louis, il émigre en 1876 aux États-Unis via la Floride, « pour essayer de reconquérir la fortune que lui avait fait perdre la guerre de 1870 », accompagné de son épouse et d’au moins un de ses fils. Après avoir étudié plusieurs terroirs, il s’installe à Greenville, en Caroline du Sud, dans la zone du Piedmont pour y développer une activité viticole. Décidé à créer une exploitation sur un mode français, il acquiert une quarantaine d’hectares dans une zone de collines boisées, à cinq kilomètres au nord-ouest de la ville, utilisant des cépages locaux. Sa propriété prend le nom de Mammoth ; c’est le domaine viticole le plus étendu de l’État. À la fin de la décennie, il produit environ 180hl d’un vin qu’il baptise Bordeaux. Il considère qu’il produit plus que dans les terres qu’il cultivait en France. Son épouse était retournée en France, soigner son fils Louis, malade de typhoïde.

À la fin des années 1880, une année très humide puis l’essor du mouvement préconisant la prohibition de l’alcool vont réduire la prospérité du vignoble de Greenville, jusque là florissant. En décembre 1886, une publication de Caroline du Sud, The Southern Cultivator and Industrial Journal, consacre un reportage à « l’immense vignoble » de Carpin. Début 1887, la Cour suprême de Caroline du Sud déboute M. Bouland, avec lequel il s’était associé en 1881, et qui réclamait une part plus importante des revenus de la terre.

En avril 1887, Anthelme Carpin est présenté, lors du mariage d’un de ses enfants à Paris, comme propriétaire et viticulteur à Greenville. Mais il rentre en France quelques mois plus tard et meurt le 23 mars 1888 à Paris (10e arr.) où il était hospitalisé. Il était âgé de 60 ans, veuf depuis deux ans et résidait rue d’Enghien dans le même arrondissement ; il est désigné comme vigneron. Père de six enfants, il voit deux de ses garçons devenir eux aussi commissaires de police, l’un avant son décès, l’autre peu après.

À Greenville, une voie publique porte le nom de Carpin Drive.

Propriété Mammoth à Greenville, Caroline du Sud, États-Unis

 

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4 mai 2023 4 04 /05 /mai /2023 01:01

Marie Antoine Élysée Dermigny naît le 24 novembre 1829 à Noyon (Oise). Il est le fils de Marie Anne Basilide Lagant et de son époux, Marie François Dermigny, directeur des messageries (service postal).

En 1864, Dermigny vit à Paris, passage du Bois-de-Boulogne (act. Passage Brady, 10e arr.). Il est employé à la préfecture de police. Il épouse en mars à Paris (9e arr.) Sophie Céphise Duret, originaire de l’Aisne, autre département de Picardie, dont le frère, Charles Émile, est commissaire de police du quartier Rochechouart, dont il est secrétaire. Parmi leurs témoins, on compte un autre commissaire et un officier d’infanterie, mais aussi un négociant et un homme de lettres.

Ils vivent rue de l'Échiquier (10e arr.) et passage du Jeu de Boules (11e arr.) puis rue Patrel (10e arr.). Entre 1866 et 1875, Dermigny participe à plusieurs souscriptions en faveur de personnes inondées.

En 1872, Dermigny est désigné comme officier de paix, grade le plus élevé après celui de commissaire à la Préfecture de police. Il exerce la fonction dans le quartier de la Chaussée-d'Antin en 1874. Des sources de presse ultérieures (1888) mentionnent que, vers la fin de la décennie, Dermigny aurait eu une altercation avec un de ses subordonnés, ce qui fait qu’il aurait été « en disgrâce » et envoyé dans la banlieue.

Il est effectivement affecté à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), mais avec une promotion en tant que commissaire de police. Il y est en août 1879.

Le commissariat de Joinville compte alors onze sergents de ville, un brigadier et un secrétaire. Sa circonscription inclut, outre le chef-lieu, les communes de Bry-sur-Marne, Champigny, Nogent-sur-Marne et Saint-Maur-des-Fossés, avec la particularité que les trois dernières sont nettement plus peuplées.

En août 1883, Dermigny est nommé commissaire de police du quartier de Charonne à Paris (20e arr.), situé rue d’Avron.

Il est un des acteurs d’un fait divers, qui suscite de nombreux articles dans les journaux parisiens, en octobre 1888.

En conflit avec un de ses employés, l’inspecteur Jégou, il obtient sa mutation, mais le soupçonne d’avoir « fait contre lui des rapports diffamatoires » à M. Lozé, préfet de police. Quand Jégou vient au bureau de M. Dermigny pour toucher ses appointements du mois de septembre, un vif incident éclate entre les deux hommes. L’inspecteur déposa plainte, accusant le commissaire de l’avoir frappé.

Les quotidiens eurent une lecture différente de l’évènement. Le Gaulois évoque sobrement La colère du commissaire, tandis que L'Intransigeant parle de Scandale dans un commissariat et traite Dermigny de « fou furieux ». Pour La France et Le Parti ouvrier, qui titrent Brutalités d’un commissaire de police et signalent qu’il a pris comme avocat Me Alexandre Millerand, alors député de la Seine, de tendance radicale et futur président de la République, écrivent que « La démission de ce singulier magistrat s’impose ».

Le XIXe Siècle évoque Les suites d'une tripotée, assurant que M. Jégou avait « un œil au beurre noir ». Le Petit quotidien assure qu’il n'en était pas « à son coup d’essai » tandis que La Presse le traite de récidiviste. Par contre, Le Figaro relativise : « la scène de pugilat dont on a parlé se réduit donc à bien peu de chose. »

De fait, bien que le préfet ait entendu son adversaire, M. Dermigny ne semble pas avoir été sanctionné et reste à son poste.

En décembre 1889, il passe, dans les mêmes fonctions, au quartier de Javel (15e arrondissement). Il prend sa retraite à ce poste en mars 1894, à l’âge de 64 ans.

Marie Antoine Élysée Dermigny meurt le 31 mars 1903 à Montreuil (Seine, act. Seine-Saint-Denis) où il résidait rue Alexis-Lepère. Il était âgé de 73 ans, veuf et père d’une fille, Marguerite Marie Émilie, qui épousa aussi un commissaire de police, Henri François Fouquet.

Rue de Paris, à Joinville-le-Pont

 

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2 mai 2023 2 02 /05 /mai /2023 01:01

François Auguste Douçot naît le 31 mars 1836 à Voillans (Doubs). Il est le fils de Françoise Hème et de son époux Pierre Joseph Douçot, instituteur. Ses parents ne sont pas mariés, mais ils le deviendront, toujours à Voillans, en avril 1841.

En 1864, Douçot est embauché à la préfecture de police de Paris. Il est inspecteur de police en septembre 1869 quand il épouse à Paris (20e arr.), où il réside rue Delaitre, Apolline Hermance Millot, fille d’un sergent de ville.

Il est ensuite secrétaire de commissariat puis est nommé, en octobre 1880 commissaire de police à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, act. Hauts-de-Seine). Il remplace en juillet 1883 Marie Antoine Élysée Dermigny dans la même fonction à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne).

Il doit conduire en mars 1884 une enquête suite au sac et à l'incendie de la sacristie de l'église de Saint-Charles-Borromée, la paroisse de cette commune. Les dégâts sont assez importants, mais ils n’empêchent pas la reprise du culte, assuré par l’abbé Jouin. Une bande de pilleurs d’églises est mise en cause.

Douçot est muté en mars 1886 en tant que commissaire de police du quartier de la Chapelle à Paris (18e arr.). Il est propriétaire d’un appartement la rue du Cher (20e arr.), dont il est exproprié pour l’agrandissement de la voie en janvier 1893.

François Auguste Douçot meurt le 14 février 1893 à Paris (18e arr.). Il est inhumé au cimetière parisien de Saint-Ouen (Seine, act. Hauts-de-Seine). Les journaux qui publient sa nécrologie précisent qu’il « n'avait plus que deux ans de service à accomplir avant d'avoir droit à sa retraite » et signalent qu’il est mort d'une congestion pulmonaire, « maladie dont il souffrait depuis assez longtemps ». Il était âgé de 56 ans.

L'église de Joinville-le-Pont

 

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 02:01

Paul Jean Marie Bénit naît le 10 mars 1856 à Belleville (Seine, act. Paris). Il est le fils de Marguerite Charre et de son époux Alexandre Modeste Bénit, alors bronzier, plus tard marchand de journaux. Ils vivent rue des Jardins Saint-Paul à Paris (4e arr.), dans le quartier du Marais. Sa mère meurt quand il a quatre ans.

En décembre 1878 à Paris (15e arr.), Paul Jean Bénit épouse Émelie Julienne Zoé Blanchet, couturière. Ils vivent passage des Fourneaux dans cet arrondissement. Ils habitent en 1891 rue d’Angoulême (11e arr.) puis, à compter de 1896, à Joinville-le-Pont (Seine, act. Val-de-Marne), avenue de Joinville.

Paul Jean Bénit travaille en tant qu’opticien. En 1878, il est employé à la Société des lunetiers (SL). La SL est l’ancêtre du groupe Essilor, fondée en tant que coopérative en 1849 avant d’évoluer progressivement vers une structure de société plus classique. Il est voisin en 1901 à Joinville d’un autre opticien de la SL, Eugène Duhamel. En 1926, Bénit est toujours mentionné comme travaillant à la Société des lunetiers.

Une dizaine de personnalités de Joinville ont été associés à la Société des lunetiers : François Blaize, une des fondateurs et conseiller municipal ; Eugène Videpied, Pierre Jules et Stéphane Albert Tireau, ainsi qu’Eugène Thybaut, militants radicaux-socialistes ; Maurice Poitevin, tué lors de la première guerre mondiale ; Émile Cornu et Eugène Duhamel. Plus tard, Bernard Maitenaz, également joinvillais, sera aussi un des piliers d’Essilor, qui héritera d’une unité industrielle dans la commune, provenant de son autre ancêtre, SILOR.

Au mois d’août 1880, Bénit souscrit avec 81 autres personnes de la Société des lunetiers pour l'érection d'une statue d’Alexandre-Auguste, avocat et républicain progressiste, ministre de l'Intérieur du gouvernement provisoire institué lors de la révolution de février 1848, qui proclame la Deuxième République. Il fit notamment adopter le suffrage universel masculin.

La famille quitte Joinville, d’abord pour le boulevard Voltaire à Paris (11e arr.) en 1906 puis pour Saint-Maur-des-Fossés, commune limitrophe de Joinville en 1909. Ils résident avenue de Marinville et hébergent en 1926 les deux enfants de leur fils aîné, Paul Louis, devenu opticien, comme le cadet, Gaston Henri. Leur petit-fils, Roger Paul (fils de Paul Louis) le sera lui aussi.

Paul Jean Bénit meurt le 13 juin 1937 à Saint-Maur. Il était âgé de 81 ans.

 

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29 mars 2023 3 29 /03 /mars /2023 02:01

Anne Clotilde Cécile Suzanne Lebrun naît le 17 septembre 1877 à Sancerre (Cher). Elle est la fille d’un employé, Paul Lebrun, et de son épouse, Marie Aragon. Elle passe son enfance chez ses grands-parents maternels à Vinon dans le même département.

Elle épouse à Vinon en avril 1903 l’écrivain et publiciste Paul Edmond Alexandre Mathieu. Son mari signe ses ouvrages et articles du nom de Paul de Garros et elle-même fait usage du nom de Suzanne de Garros. Ils vivent à Garches (Seine-et-Oise, act. Hauts-de-Seine) d’abord boulevard Michel-Brézin puis avenue de Lorraine et boulevard de la Station.

Paul de Garros (1867-1923) est un journaliste et surtout un romancier populaire. Suzanne de Garros collabore à son œuvre abondante.

Après la mort de son mari, elle va travailler avec un autre écrivain, Henri de Montfort, homme de presse et futur résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, pour publier des romans qui mentionnent deux noms d’auteurs : ce dernier et, à titre posthume, son époux. Pour l’universitaire Ellen Constans, Suzanne de Garros fait partie des « ouvrières des lettres », qui sont souvent femme ou fille de feuilletonistes assez connus.

À la fin des années 1920, Suzanne de Garros commence à signer des romans populaires de son propre nom. Le Fardeau du Mensonge, paru en 1935, connaîtra un certain succès ; il est présenté comme un « roman très bien charpenté, dramatique et d'une haute portée morale ». Le quotidien L'Ouest-Éclair, qui publie le livre en feuilleton, estime qu’il s’agit d’une « analyse délicate et fouillée de la jeune fille d'aujourd'hui. »

Elle publiera une demi-douzaine d’œuvres sous sa signature, en feuilleton ou en volume et adhère en 1928 à la Société des gens de lettres.

Toujours avec Henri de Montfort, qui est également historien et collabore avec les associations baltes et polonaises en France, Suzanne de Garros crée en 1929 une Agence littéraire polono-française.

En 1929, Suzanne de Garros, qui réside alors à Paris, place de Clichy, est grièvement blessées par un véhicule automobile près de son domicile.

Suzanne de Garros adapte ensuite des œuvres écrites en anglais par Stacy Aumonier, Sheila Kaye-Smith et Albert Dorrington. Elles paraissent en feuilleton dans le Journal des débats.

Elle meurt le 8 mars 1952 à Neuilly-en-Sancerre. Elle était âgée de 74 ans

 

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27 mars 2023 1 27 /03 /mars /2023 02:01

Paul Edmond Alexandre Mathieu naît le 12 mars 1867 à Châteauneuf-sur-Cher au château de Rousson. Il est le fils d’Edmond Mathieu, propriétaire, et de son épouse, Éléonore Quignon.

Il utilise le nom de « de Garros », affirmant ainsi une appartenance à la noblesse. L’Annuaire de la noblesse de France (1923) le classe dans cette catégorie. L’origine de la famille de Garros se situe dans le Sud-Ouest de la France (Lot-et-Garonne et Gers).

Paul de Garros épouse en avril 1903 à Vinon (Cher) Anne Clotilde Cécile Suzanne Lebrun. Elle prendra ensuite le pseudonyme de Suzanne de Garros. Ils vivent à Garches (Seine-et-Oise, act. Hauts-de-Seine) d’abord boulevard Michel-Brézin puis avenue de Lorraine et boulevard de la Station.

La collaboration de Paul de Garros avec de nombreux journaux porte principalement sur le placement de romans, contes ou nouvelles qui sont publiés en feuilleton. Il travaille notamment avec Le Soleil du Dimanche, L'Intransigeant, Le Petit Parisien, La Lanterne, La Nouvelle Revue internationale, Journal des débats, L'Estafette, L'Univers, L'Événement, Le Peuple français, La Liberté, Le Petit Moniteur, La Libre parole, Le Siècle. Les quotidiens Le Figaro et La Croix accueillent aussi ses textes. On trouve également des publications dans la presse de province ou d’outre-mer : La Dépêche coloniale, La Dépêche du Berry, Le Journal du Cher, L’Ouest éclair (Rennes), Le Centre (Montluçon), L’Express du Midi (Toulouse), Le Petit marseillais.

À partir de 1907 et au moins jusqu’en 1909, Paul de Garros est le propriétaire et le directeur de l’hebdomadaire Le Courrier du Berry, fondé en 1891 sous le titre Le Petit Saint-Amandois et publié à Saint-Amand (Cher). Le journal est présenté comme « républicain libéral ». Il se définit comme un « journal régional absolument, indépendant ». Pour cette fonction, de Garros élit domicile à Vinon, commune où réside en 1906 sa mère.

Paul de Garros publie de très nombreux romans à partir de 1892 ; on en compte une trentaine selon sa nécrologie, parmi plus de 70 titres, incluant des nouvelles courtes. Il s’agit de littérature, cultivant un genre sentimental.

La plupart de ses œuvres sont signées Paul de Garros, mais il utilise également les pseudonymes de Gilles Rosmont et R. Duclos-Brétigny. Ce dernier pseudonyme lui sert notamment pour trois ouvrages illustrés, parus pendant la première guerre mondiale, dans la collection Gauloise des éditions Prima à Paris. Elle est destinée à « distraire le poilu. »

Ses œuvres paraissent habituellement en feuilleton dans la presse. Elles sont publiées en volume dans des collections populaires à petit prix comme Le Livre de Poche et Les Romans célèbres de drame et d'amour des éditions Jules Tallandier ou Le Roman du dimanche des éditions J. Ferenczi.

Pour Dorian Bell, de l’université Stanford, La Revanche de l’honneur est un roman antisémite. Il a paru, en 1897 dans le journal La Libre Parole, dirigé par Édouard Drumont.

Si les textes de Paul de Garros n’ont pas fait l’objet de réédition au format papier au cours du XXIe siècle, plusieurs publications sous la forme de livre audio ou de livre numérique ont été réalisées. Le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France met en ligne des livres de Paul de Garros.

Paul de Garros, était membre de la Société des gens de lettres, et est élu à deux reprises à son comité de direction. Il obtient plusieurs distinctions littéraires, notamment le prix du Louvre, délivré par la Société des gens de lettres en 1897, le prix Taylor, attribué également par la même institution en 1904 ainsi que deux fois le prix Montyon décerné par l'Académie française d’abord en 1912 puis à titre posthume en 1926.

Il meurt à Garches le 14 janvier 1923 à l'âge de cinquante-cinq ans.

Son épouse, Suzanne de Garros, publiera également plusieurs romans, dont Le Fardeau du mensonge. Elle coopère à l’édition des œuvres de son époux avec l’historien, homme de presse et futur résistant à l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale, Henri de Montfort. Ce dernier signe plusieurs ouvrages de son nom et de celui de Paul de Garros, ils sont publiés après la disparation de celui-ci.

 

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17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 00:01

Louis Édouard Burgard naît le 11 janvier 1888 à Troyes (Aube). Il est le fils de Sophie Mathern et de son mari Louis Napoléon Burgard, employé de la compagnie des Chemins de fer de l’Est. Ils résident rue Traversière. Ses parents sont originaires d’Alsace, ayant quitté le pays suite à l’occupation allemande de 1870. Ils sont germanophones et profondément catholiques.

Inscrit au Petit-Séminaire de Troyes, Édouard Burgard se classe chaque année en première ou deuxième place des élèves et est reçu, avec mention, au baccalauréat en juillet 1905. Il avait obtenu en 1904 un accessit en version latine au concours général de l’institut catholique de Paris.

Le 30 juin 1907, Édouard Burgard est ordonné prêtre dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes par Mgr Sébastien Herscher, évêque de Langres. Il devient professeur au Collège Urbain IV, établissement catholique privé de Troyes.

D’octobre 1909 à septembre 1911, il fait son service militaire au sein du 37e régiment d'infanterie. Il devient caporal en avril 1910 puis sous-officier, comme sergent, en septembre la même année.

Édouard Burgard s’implique dans le mouvement catholique progressiste La Jeune République, fondé après la dissolution du Sillon, dans la fidélité aux idées de Marc Sangnier. Il signe, en septembre 1912 dans l’hebdomadaire de la formation politique un article intitulé Élections d’autrefois où il entend « calmer un peu les irréductibles de l’Action française », parti royaliste et antisémite. Il illustre la corruption des mœurs politiques sous la Restauration.

Il livrera plusieurs articles, de février à juin 1914, consacrés à la situation de l’Alsace, en utilisant le pseudonyme d’Édouard Oberlé. Parlant de la région d’origine de sa famille, il estime qu’elle « remplirait, dans la liberté, ce qui semble bien être sa mission providentielle, sa vocation : rapprocher et réunir deux grands peuples, deux races, deux génies ». Il considère qu’elle « se vengera du pangermanisme en semant la Liberté ! » Il qualifie la politique allemande comme une « oppression économique de l’Alsace-Lorraine. »

Poète, il a obtenu au premier semestre 1914 une lyre d’or au concours du Palinod pour À l’Alsace éternelle.

Son frère cadet, Raymond, lui est manifestement lié. Il suit également ses études secondaires au Petit-Séminaire (transféré à Saint-Dizier, après la séparation de l’église et de l’État en 1905) et est également, à compter de 1914, engagé dans La Jeune République.

Les deux frères se rendent à l’enterrement de leur grand-père paternel, François Michel Burgard, cultivateur, âgé de 83 ans, décédé le 22 juillet 1914 à Niederlauterbach où il était né, dans le nord de l’Alsace. Ils sont toujours en Allemagne le 1er août, quand fut publié l’ordre français fixant le premier jour de la mobilisation générale au 2 août.

Comme ce fut le cas en France à la même date pour les sujets Allemands et Autrichiens, les Français présents sur le territoire de l’empire n’ont plus le droit de le quitter et sont internés dans des camps. C’est le cas de Raymond, qui sera conduit à Holzminden, dans le Brunswick. Par contre, Édouard put, non sans difficulté selon les témoignages, regagner la frontière et rentrer en France.

Immédiatement, il fut réincorporé à son ancien régiment, le 37e d’infanterie qui est alors divisé, lui-même étant incorporé au 237e. Il est envoyé sur la frontière lorraine, toujours comme sergent. Le 25 août 1914, il participe à la contre-attaque initiée par le général Édouard de Castelnau. Il est déclaré disparu.

Il a été tué dans des circonstances racontées par un officier, non nommé, dont la lettre est publiée par la Revue catholique de Troyes (1915/04/24) : « Arrivés à 600 mètres de la lisière ouest du bois, nous sommes tombés sous un feu intense de mitrailleuses. Burgard, qui se trouvait en serre-file, la section placée à ma gauche, s’est détaché pour venir m’offrir ses bons offices. Ceci était le résultat de conversations antérieures au cours desquelles je luis avais dit : « Le jour où ça chauffera, bien qu’en temps ordinaire je ne sois pas pratiquant, je compte sur vous pour me mettre en règle avec ma conscience ». Esclave du devoir, mon brave sergent s’est donc rapproché de moi. Je me trouvais en ce moment à genoux, face au bois. Burgard se mit face à moi, me couvrant, pour ainsi dire de son corps. Il commença la conversation. (…) Je ne lui avais pas encore répondu qu’il ouvrit les bras, ouvrit de grands yeux que je revois encore, et, tombant sur moi, il eut la force de me dire : Ils m’assassinent ! Il avait reçu, par derrière, à travers son sac, une balle qui était allée droit au cœur. Il n’a pas souffert. Je suis convaincu que, dans la circonstance, il m’avait peut-être sauvé la vie puisque j’étais sur la trajectoire. (…) Voilà ce que, encore tout contristé, je puis vous dire sur les derniers moments du fidèle et loyal soldat que nous avons le devoir de pleurer. »

La missive est reprise par différents organes de presse, comme La Croix, Courrier breton, La Grande guerre du XXe siècle.

Le date de son décès diffère selon les sources : son livret militaire et le Journal officiel mentionnent le 10 octobre 1914 ; ce dernier organe précisant, pour l’attribution de la Médaille militaire, qu’il est « mort glorieusement pour la France au combat de Champenoux » qui ont lieu à cette date. Cependant, un jugement du tribunal civil de Troyes, rendu le 11 septembre 1917, précise que cette date est celle de la découverte de son corps et fixe la mort au jour de sa disparition, le 25 août 1914. C’est cette même date qui était déjà, antérieurement à la décisions judiciaire, mentionnée dans la presse et par sa famille.

Le lieu du trépas est lui aussi variable dans les mentions qui en sont faites, qui le situent toutes dans le département de Meurthe-et-Moselle. En accord cette fois avec les sources militaires, le jugement le fixe à Champenoux. Cependant, le témoignage de l’officier parle de la ferme Saint-Libaire, dans la commune de Serres. La famille cite le village limitrophe de Courbesseaux, situé à huit kilomètres de Champenoux. Il est probable que cette commune fut celui où le corps fut transporté et la mort constatée, les combats du 25 août s’étant déroulés principalement autour de Courbesseaux. Le décès eut donc probablement lieu dans cette commune ou dans celle de Serres.

À titre posthume, Édouard Burgard a été décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze et, en avril 1921, de la Médaille militaire. Il est mentionné dans le Livre d'or du clergé et des congrégations. Son nom est sur le monument aux morts de la ville de Troyes.

Le quotidien La Croix considère qu’il s’agit d’une « Belle figure de prêtre soldat ». En septembre 1918 dans Nos annales de guerre, publié par La Jeune République, son frère Raymond, libéré et transféré en Suisse, lui rend hommage : « Il fut prêtre, Alsacien et démocrate. Et il fut fout cela passionnément, car une âme ardente se cachait sous son masque tranquille et parfois un peu sévère. C’est pour ce triple idéal, d'ailleurs, qu’il mourût. Il fut frappé d’une balle au moment où il protégeait de son corps son capitaine, afin de pouvoir entendre sa confession, et il tomba dans cette guerre où nos soldats veulent conquérir, à la pointe de leurs baïonnettes, et la liberté du monde et cette Alsace qu’il chérissait d’un amour filial. Tempérament fortement trempé et d’un parfait équilibre, esprit largement ouvert et très cultivé, heureux de vivre, parce que vivre c’est agir, il avait devant lui une vie pleine de promesses. »

En juin 1973, la Société académique de l'Aube, consultée pour proposer Des noms pour les rues de Troyes mentionna « Les frères Burgard : l'un, Raymond, résistant, a été exécuté à la hache à Cologne en 1944 ; le second, Edouard, sergent, a été tué en Lorraine en 1914 ». la ville ne retint que celui de Raymond pour le nommage d’une de ses voies.

Édouard Burgard (arch.)

 

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